2 0 1 2 LE LANGAGE, PREMIÈRE COMPÉTENCE
UN RÔLE SPÉCIFIQUE L école maternelle joue un rôle spécifique dans l acquisition et l apprentissage du langage. Nécessité de mettre en place des situations stimulantes
UNE PRIORITÉ Cela demeure la priorité de l école maternelle (IO JUIN 2008) : «L objectif essentiel de la Maternelle est l acquisition d un langage ORAL riche, organisé et compréhensible par l autre L enfant devient progressivement élève. Il découvre l univers de l écrit.» Depuis JUIN 2008, le langage est séparé en 2 domaines d activité distincts : S approprier le langage Découvrir l écrit
LANGUE ET LANGAGE Le langage oral est devenu progressivement LA priorité dans les programmes à travers 2 aspects complémentaires : l étude de la langue = étudier sa structure, son fonctionnement le développement et la maitrise du langage = construire l activité d UN sujet pensant. - Attention langue langage
DES CONSTATS Une croyance: Apprentissage du langage, affaire de la famille? Une grande pluralité linguistique des enfants 7 à 10 % des enfants de Petite Section ont un langage déficitaire, parmi eux, 40 % présentent une déficience en lecture-écriture vers l âge de 7 ans et demi. 80 % des prises de paroles sont le fait du maître (Bellack, Hyman, Smith, Kliebard, 1966) Monopole des interventions des «bons parleurs»
COMMENT LES ENFANTS APPRENNENT À PARLER? INTÉRÊTS La manière dont l enfant apprend à parler nous renseigne sur : - le rôle du langage (et non de la langue) dans le développement des dimensions psychique, intellectuelle, culturelle de l individu - le rôle des interactions langagières dans la construction et la compréhension du monde - le rôle de l interprétation dans les interactions - le rôle du récit comme ancrage dans une culture
DES ÉTAPES À RECONNAÎTRE 0-3 mois Produit des cris différents selon les stimulations, gazouillis, jeux vocaux, rires, vocalises. Discrimine les contrastes entre groupes de sons. Préfère la voix de sa mère à celle d'une autre femme, sa langue maternelle à une autre langue. Sensible à la prosodie, reconnaît une syllabe dans des énoncés différents. 4-6 mois Babillage, contrôle de la phonation. Préférence pour le langage adressé au bébé, catégorise les voyelles, premiers échanges communicationnels. 7-9 mois Produit plusieurs syllabes, chantonne. Comprend des mots en contexte, détecte les frontières des groupes de mots (syntagmes). 10-12 mois Production des premiers mots, essaye de nommer les objets montrés par l'adulte. Comprend des mots hors contexte. Détecte les frontières entre les mots. 1 an - 2 ans Discours télégraphique. Comprend les mots familiers. Développement du premier lexique, de 20 mots à 200 mots. 2-3 ans Modifie ses demandes selon l'interlocuteur. Produit 200 à 300 mots. Comprend les demandes directes et les demandes indirectes. 3-4 ans Extension du vocabulaire et phrases courtes. Peut suivre une conversation, comprend des promesses, s'amuse des jeux de langage. 4-5 ans Produit des demandes indirectes et des justifications. Comprend le comparatif, l'identité et la différence. 5-6 ans Produit des énoncés de 5-6 mots, répond au téléphone. Début de lecture logographique. Identifie des rimes, comprend environ 2500 mots. 7-11 ans Utilise la forme passive, produit des inférences, apprend à lire. Comprend les sarcasmes et les métaphores. Et après... Poursuite du développement lexical et sémantique (vocabulaire technique) en compréhension et en production, développement de la production écrite, de la lecture-compréhension, des capacités argumentatives.
QU EST-CE QUE LE LANGAGE? Une activité humaine profondément intellectuelle qui transforme le rapport à soi, au monde, aux autres Le langage est un médiateur de la pensée (Bruner), il aide à conceptualiser Langage intériorisé et images mentales : quand je me parle à moi-même, je pense, je réfléchis, je comprends, je lis, je rêve (pas de trace visible de cette forme de langage) Langage extériorisé : quand je parle, je note, j écris (il existe des traces)
LE LANGAGE UNE TRIPLE DIMENSION Sociale Psychologique Cognitive
LES GRANDS COURANTS THÉORIQUES D ACQUISITION DU LANGAGE 1. La perspective comportementaliste ou behavioriste Ivan PAVLOV 1848-1936 Frédéric SKINNER 1904-1990 PAS de spécificité du langage Apprentissage par imitation Insistance sur les mots
LES GRANDS COURANTS THÉORIQUES D ACQUISITION DU LANGAGE 2. La perspective innéiste ou nativiste (Chomsky 1928-?) -Règles grammaticales universelles -Le développement est inné, lié à un module linguistique du cerveau : le langage ne dépend ni des connaissances ni des situations Fodor : «On n apprend rien.»
LES GRANDS COURANTS THÉORIQUES D ACQUISITION DU LANGAGE 3. La perspective constructiviste ou cognitiste ou génétique (Jean Piaget 1896-1980) Le langage se construit AVANT les interactions sociales Il se situe dans la pensée opératoire qui se structure DANS l action concrète La communication accompagne l action selon les besoins de l enfant
LES GRANDS COURANTS THÉORIQUES D ACQUISITION DU LANGAGE 4. La perspective sociale, socio-constructiviste ou interactionniste (Lev Vygostki 1896-1934, école de Palo Alto, Henri Wallon 1879-1962, Jerome Bruner (1915 -?) le langage comme mode de relation à autrui Le langage comme moyen de d interpréter et réguler la culture et d agir sur la culture Le langage comme moyen de faire des choses avec des mots Le développement est interpersonnel (ZPD)
LANGAGE ET PENSÉE À L ÉCOLE La classe est un lieu unique pour apprendre à parler-penser, comprendre, réfléchir, savoir, questionner, pour parler-penser ensemble et se développer comme des êtres pensants qui savent qu ils pensent, dans quel but, et comment ils pensent (relations de soi à soi, de soi à autrui et d autrui à soi). A l école, ces expériences langagières et intellectuelles se développent autour de 3 axes : a) L expertise du maitre b) Le groupe-classe : un groupe de pairs ET un adulte expert c) Le rôle du langage
La classe : un univers de significations partagées et un lieu d autonomisation de la pensée
DÉTOUR THÉORIQUE DES SITUATIONS DE COMMUNICATION Pour décrire un dialogue antre 2 personnes Ancien modèle canonique EMETTEUR / RECEPTEUR (modèle de Shannon) Notion d interlocuteurs. Celui qui entreprend le dialogue est l ENONCIATEUR ou LOCUTEUR, l autre, celui qui écoute et va répondre est l INTERLOCUTEUR. Fonctionnement : l énonciateur contient une pensée qu il va prêter à celui auquel il s adresse ; il s agit alors de co- énonciation. Un dialogue est donc un accord de pensée à minima avec un thème en commun.
CO-ÉNONCIATION 3 cas généraux de co-énonciation selon Dianon BOILEAU, 1993 : 1. LOCUTEUR et INTERLOCUTEUR disent la même chose il y a CONSENSUALITE avec dialogue 2. LOCUTEUR et INTERLOCUTEUR peuvent parler de la même chose avec des controverses il y a DISCORDANCE avec dialogue 3. LOCUTEUR et INTERLOCUTEUR sont en rupture de pensée il y a MONOLOGUE
CONSÉQUENCES DIRECTES SUR LA CLASSE : Exemple d un corpus de propositions de langage (extrait d Agnès Florin) : «Alors aujourd hui on va parler de Noël» «Parlez moi de vos frères et vos sœurs» «Qu est ce que ça veut dire se marier?» «Parlez moi de l endroit où l on fait sa toilette, comment on s y prend» Le problème???