L armée de terre cuite Chine Raymond Balestra Conseiller Pédagogique Départemental en Arts Visuels
Nécropole Nécropole dédiée à l'empereur Qin Shi Huang (IIIe siècle av. J.-C.), l ensemble archéologique comprend d'une part le tombeau de l empereur et d'autre part, une armée enterrée composée de quelque huit mille statues de guerriers et de chevaux en terre cuite de grandeur nature. L'armée de terre cuite est inscrite au patrimoine mondial de l'humanité de l'unesco. Intérêts historiques et artistiques Le mausolée de Qin Shi Huang est associé à un événement de portée universelle : la première unification du territoire chinois par un état centralisé, créé par un monarque absolu en 221 avant J.-C. Les guerriers et les chevaux de terre cuite, les chars funéraires en bronze sont, par leurs qualités techniques et plastiques exceptionnelles, des œuvres majeures de la sculpture chinoise. Les renseignements que livrent les statues sur les techniques artisanales des potiers et des bronziers sont immenses. L'armée de statues constitue aussi un témoignage unique de l'organisation militaire de la Chine à l'époque des Royaumes combattants (475-221 av. J.-C.) et au cours du bref Empire des Dix Mille Générations (221-210 av. J.-C.) L ensemble des sculptures qui détaille avec précision les uniformes des guerriers, leurs armes et l harnachement des chevaux en offrent un témoignage saisissant. Le témoignage direct des objets retrouvés in situ (lances, épées, haches, hallebardes, arcs, flèches ), les nombreux vestiges culturels déterrés reflètent le haut niveau technique de la poterie, de la construction des chars, de la métallurgie et de la transformation des métaux sous la dynastie Qin. Description L'armée de terre cuite est composée de guerriers de terre cuite grandeur nature avec les corps d'infanterie et de cavalerie en formation de bataille, protégés sur les flancs par des archers, de cavaliers à côté de leurs chevaux et fantassins, d officiers et de dignitaires, de personnages en costumes qui pourraient représenter des fonctionnaires civils, des chars et des chevaux. Fonction Il semblerait que l'armée de statues du mausolée de Qin Shi Huang devait représenter le nombre exact des gardes impériaux. La fonction de cette armée de terre cuite est une fonction de protection du souverain dans l'au-delà. Raymond Balestra Conseiller Pédagogique Départemental en Arts Visuels
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Edification de la nécropole Selon les mémoires de l'historien Sima Qian (145-90 av. J.-C.), l'édification de la nécropole nécessita trente-six ans d'ouvrage impliqua plus de 700 000 ouvriers. Ceux ayant préparé le tombeau et assisté à l'enterrement ont été emmurés vivants dans le mausolée à la fin de la cérémonie afin que les secrets de sa construction ne soient pas divulgués. Les sacrifices humains et animaux (chevaux) à la mort d'un souverain paraissent avoir été fréquents dans la Chine d alors. Certaines fosses contiennent de nombreuses dépouilles. Dans ses Mémoires historiques, écrits un siècle après l'achèvement du mausolée, il décrit celui-ci en ces termes : «Dès le début de son règne, Qin Shi Huang avait fait creuser et arranger la montagne Li. Puis, quand il eut réuni dans ses mains tout l'empire, les travailleurs qui y furent envoyés furent au nombre de plus de sept cent mille ; on creusa le sol jusqu'à l'eau; on y coula du bronze et on y amena le sarcophage; des palais, des (bâtiments pour) toutes les administrations, des ustensiles merveilleux, des joyaux et des objets d'art y furent transportés et enfouis et remplirent (la sépulture). Des artisans reçurent l'ordre de fabriquer des arbalètes et des flèches automatiques ; si quelqu'un avait voulu faire un trou et s'introduire (dans la tombe), elles lui auraient soudain tiré dessus. On fit avec du mercure les cent cours d'eau, le Kiang, le Ho et la vaste mer ; des machines le faisaient couler et se le transmettaient de l'une à l'autre. En haut étaient tous les signes du ciel, en bas toute la disposition géographique. On fabriqua avec de la graisse de phoque des torches qu'on avait calculées ne pouvoir s'éteindre de longtemps. Eul-che (Qin Er Shi) dit : «Il ne faut pas que celles des femmes de l'empereur décédé qui n'ont pas eu de fils soient mises en liberté.» Il ordonna que toutes le suivissent dans la mort ; ceux qui furent mis à mort furent très nombreux. Quand le cercueil eut été descendu, quelqu'un dit que les ouvriers et les artisans qui avaient fabriqué les machines et caché les trésors savaient tout ce qui en était, et que la grande valeur de ce qui était enfoui serait donc divulguée ; quand les funérailles furent terminées et qu'on eut dissimulé et bouché la voie centrale qui menait à la sépulture, on fit tomber la porte à l'entrée extérieure de cette voie, et on enferma tous ceux qui avaient été employés comme ouvriers ou artisans à cacher (les trésors) ; ils ne purent pas ressortir. On planta des herbes et des plantes pour que (la tombe) eût l'aspect d'une montagne.» Se-Ma Ts'ien, Mémoires historiques, Société asiatique, 1905, traduits et annotés par Édouard Chavannes Raymond Balestra Conseiller Pédagogique Départemental en Arts Visuels
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Plastique La qualité technique et artistique exceptionnelle des guerriers, des chevaux en terre cuite, des chars funéraires en bronze et la scénographie gigantesque de l armée de terre cuite, sans équivalent dans le monde en font un chef-d'œuvre de l'histoire de la sculpture chinoise avant le règne de la dynastie des Han. Cette impressionnante armée comprenait des unités de cavalerie et d'infanterie, équipées de chevaux, de chars et d'armes, mais aussi des fonctionnaires, des acrobates, des lutteurs, des concubines. Taille Les personnages mesurent près de 1,80 m à 2 m. Fragments / Assemblages Les différentes parties des corps (tête, bras, jambes, torses, armes) furent produites séparément puis assemblées. Moulage Différents moules ont été créés et utilisés pour une production en série. Différenciation Les personnages sont diffèrent les uns des autres par la taille, l'uniforme et la coiffe. Des ajouts d'argile ont permis d individualiser tous les personnages, visage, vêtements, accessoires Polychromie À l'origine, les soldats étaient peints de couleurs vives qui ont pour la plupart disparu. Les restaurateurs sont maintenant en mesure de stabiliser certains pigments, ce qui permet d'apprécier le travail des artisans et d imaginer l'état originel des sculptures peintes. Des couleurs minérales étaient appliquées après cuisson sur les statues, ce qui, tout en les individualisant davantage, permettait de distinguer par la couleur dominante les différentes unités de cette armée. Une couche de laque brun foncé recouvrait chacun d'eux. Sur ce fond, deux ou trois couches de laque et de pigments colorés étaient ajoutées. Le rouge servait ainsi à peindre les lacets, qui attachaient les plaques de l'armure, ou le ruban de la coiffe. Le vert et le bleu étaient utilisés pour les pantalons. Le rose, le jaune et le violet foncé se retrouvent sur les tuniques. Cuisson Ces statues furent cuites dans des fours à une chaleur d environ 900 C. Composition / Scénographie Une fois terminés, les soldats ont été disposés en ordre militaire dans les fosses, selon le rang et la tâche. On retrouve ainsi des officiers, des fantassins, des fonctionnaires, des arbalétriers, des chevaux Raymond Balestra Conseiller Pédagogique Départemental en Arts Visuels
Fouilles et recherches Jusqu'à présent, près de mille statues ont été exhumées mais la majeure partie du site reste inexplorée. Des opérations de fouilles sont en cours. Les archéologues découvrent de nouvelles pièces tandis que des spécialistes testent les armes pour décrypter les matériaux et les techniques employés pour leur construction. Le tombeau de l empereur Selon les sources historiques, la tombe de l empereur, enfouie sous une pyramide de terre contiendrait, le corps de l'empereur Qin Shi Huang, une reproduction de son empire et les tombes de 48 concubines, enterrées vivantes avec lui. La tombe elle-même n'a pas encore été fouillée. L'État souhaite attendre le développement de nouvelles technologies qui garantiront la préservation du contenu. De plus, les archéologues veulent s'assurer que les trappes équipées d'arbalètes et les pièges sont bien désarmés. Raymond Balestra Conseiller Pédagogique Départemental en Arts Visuels