RELATION BANQUE ENTREPRISE - FINANCEMENT DE LA PME



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Transcription:

RELATION BANQUE ENTREPRISE - FINANCEMENT DE LA PME Par A. AIT-AIDER. Directeur Régional de la BNA. L Entreprise, la Banque : voilà deux acteurs centraux de l environnement économique dont le destin est intimement lié. D aucuns, pourtant, considèrent la banque comme un simple élément de l environnement de l entreprise au même titre que l Administration fiscale, la Douane, l Institution judiciaire, les services fonciers, etc. Une telle vision n est pas seulement réductrice ; elle ne reflète absolument pas la réalité des choses et minimise une situation concrète qui n a cessé de s imposer au point qu il est actuellement inconcevable qu une entreprise digne de ce nom se crée ou se développe sans un accompagnement bancaire. A l inverse, on ne peut concevoir une banque sans cette fonction essentielle de pourvoyeur de fonds indispensables à la création et au développement des entreprises. C est là, en fait, la mission première d une banque et, à notre humble avis, les banques nationales n y ont jamais failli. En effet, pour des raisons historiques et compte tenu du modèle de développement choisi par notre pays, les grandes banques nationales, par nécessité puis en fonction de leurs stratégies, se sont créées et développées autour du marché des entreprises. Dans aucun autre pays à structure économique proche de la nôtre, les banques n ont concentré autant de risque dans leurs portefeuilles consacrés, jusqu à récemment, quasiexclusivement aux besoins de leurs clientèles entreprises. Ce n est que depuis 5 ou 6 ans en effet, que de nouveaux produits ont été mis à la disposition d une autre clientèle constituant de nouveaux segments de marché. Certes, ces nouveaux produits que sont le crédit immobilier, le crédit à la consommation, le financement des micro-entreprises et le micro crédit, ont élargi la gamme de financement, ce qui fait que, aux seuls risques entreprises, sont venus se greffer de nouveaux risques rendant impérative la rénovation des instruments de suivi, de surveillance et de maîtrise des engagements de la part des banques.

Mais fondamentalement, c est en fonction des besoins des entreprises, de leurs évolutions et de leurs sollicitations que les services «engagements» des banques ont été structurés, que des chartes de responsabilité et de pouvoirs ont été configurées, que des systèmes d information et de comptabilisation ont été mis au point et que des modèles de gestion et de qualification des hommes ont été développés. C est en somme une partie importante de la banque, toutes capacités financières, managériales et humaines confondues, qui a été orientée au fil des années, pour servir l entreprise algérienne dans tous les moments de son évolution, y compris lorsqu elle a vécu de grandes difficultés. A cet égard, les quelques chiffres qui vont suivre sont, à notre humble avis, assez significatifs des efforts d accompagnement fournis par l ensemble des banques nationales en direction des entreprises, en particulier celles du secteur privé : A la fin 2007, le montant global des crédits octroyés par l ensemble des banques a atteint quelque 2.182 milliards de dinars. 90 % de ce montant ont été consentis par les banques nationales à grand réseau. Les bénéficiaires en sont le secteur public à hauteur de 44 % et le secteur privé à hauteur de 56 %. Il faut retenir que jusqu à fin 2004, ce rapport était totalement inversé : 60 % pour le secteur public et 40 % pour le secteur privé. Près de 90 % de ce montant ont été consentis aux entreprises, autrement dit, seuls les 10 % restant sont revenus aux particuliers sous forme de crédit à la consommation. Il s ensuit bien sûr une modification radicale de la structure des portefeuilles des banques parfaitement illustrés par ces deux indicateurs : - En trois ans, à compter de la fin 2004, les crédits au secteur privé sont passés de 675 milliards de dinars à 1.213 milliards de dinars, soit une progression de 80 %. - Pour la même période, les crédits au secteur public sont passés de 860 milliards de dinars à 968 milliards de dinars, c'est-à-dire une augmentation de seulement 12,5 %. Mais pour ne pas monopoliser la parole, je voudrais, si vous le souhaitez, donner quelques précisions sur les différents types de financement que les entreprises peuvent attendre des banques.

Les crédits ou le financement d un projet par emprunt bancaire sont habituellement identifiés d après leur échéance de remboursement. Ils sont à court terme, à moyen terme et à long terme. Crédits à court terme : Ils sont destinés à couvrir les dépenses liées au cycle d exploitation. Leur remboursement intervient généralement dans l année au moyen des recettes générées par l exploitation. On a recours à ce type de financement pour faire face notamment aux dépenses d exploitations, aux ralentissements saisonniers de l activité, pour combler les déficits de trésorerie résultant des délais de paiement accordés aux clients Les crédits à court terme peuvent revêtir plusieurs formes. Le choix de l une ou de plusieurs d entre elles est fonction de la nature du ou des besoins exprimés par l entreprise. Crédit à moyen terme : Ce type de crédit est accordé pour une durée comprise entre deux et sept ans pouvant comprendre une période de différé. Par ce genre de crédit, on assure le financement des investissements dans le cadre de : Projet de création d une entreprise ; Projet d extension (ex : augmentation des capacités de production, élargissement de la gamme de produits ) ; Renouvellement de l outil de production (ex : amortissement avancé des équipements existants, fréquence élevée des pannes des machines, technologie dépassée, etc.). Crédit à long terme : Ce type de crédit porte sur une période dépassant sept années. C est un financement destiné généralement à l achat et/ou à la réalisation de biens dont les coûts sont très élevés et dont la durée de vie est supérieure à 7 ans (ex : bâtiments industriels, équipements lourds, etc.). Voilà, grosso modo, ce que l on peut dire sur les financements bancaires. Mais on ne peut pas parler de crédit sans évoquer l aspect «garanties». Effectivement, pour se prémunir contre le risque de non remboursement des ses créances, le banquier doit s entourer d un certain nombre de garanties qui vont des sûretés réelles (hypothèques, nantissement de matériel, etc.) jusqu aux garanties financières (nantissement de titres ou de dépôts) en passant par des sûretés personnelles (cautionnement).

Il est vrai que cette exigence du banquier est de nature à décourager les promoteurs dans leur détermination à investir, ces derniers n étant pas tous en mesure d y satisfaire. C est pourquoi, conscients de la nécessité de rendre accessibles au plus grand nombre les financements bancaires, les pouvoirs publics ont mis en place des organismes de garantie. C est ainsi que plusieurs fonds sont d ores et déjà à pied d œuvre. Parmi eux, nous citons la CGCI/PME et le FGAR dont la mission est de garantir auprès des banques, les promoteurs de projets d investissements. La question que l on se pose : est-ce que le financement bancaire est ouvert à tout promoteur de projet d entreprise? La réponse est oui dès lors que, en passant à la phase de concrétisation, on est supposé avoir réuni les principaux pré-requis, à savoir : - La disponibilité de l assiette nécessaire, juridiquement assainie (disponibilité d un titre de propriété). - La viabilité économique et financière du projet mise en exergue par une étude technico-économique. - L existence légale du projet consacrée par les documents appropriés (statuts juridiques, inscription au Registre de commerce, déclaration d existence, éventuellement les agréments nécessaires ) Autre critère d appréciation également pris en compte : les capacités managériales du promoteur et, éventuellement, de ses collaborateurs. Il reste entendu que le financement bancaire demeure un appoint à l effort personnel du promoteur qui doit représenter au minimum 40 % du coût du projet. À qui s adresser pour obtenir le financement d un projet de création d une entreprise? On doit s adresser au directeur d agence de la banque de son choix. C est ce responsable du terrain qui est l interlocuteur direct des usagers de la banque particulièrement les demandeurs de crédit. Il les oriente dans la constitution du dossier à fournir ; il est tenu de recevoir, contre accusé de réception, lesdits dossiers, de les instruire dans un délai acceptable pour :

- Soit les sanctionner à son niveau si les crédits accordés entrent dans le plafond de ses pouvoirs de décision. - Soit les transmettre, revêtus de son avis motivé, à l instance décisionnelle compétente.