Une nouvelle étude conclut qu au Canada, un jeune adulte sur sept présente une carence en vitamine C Voici un extrait d une étude canadienne fraîchement publiée préparée par Ahmed El-Sohemy, Ph.D., qui examine la carence en acide ascorbique et son lien avec les marqueurs des maladies chroniques. L étude est publiée dans l American Journal of Epidemiology. Vous pouvez consulter l étude complète à l adresse suivante (en anglais seulement) : http://aje.oxfordjournals.org/cgi/content/full/kwp156 L objectif de cette étude était de déterminer la prévalence de la carence en acide ascorbique (vitamine C) et son association avec les marqueurs de maladies chroniques au sein d une population de jeunes adultes canadiens. Les participants à l étude (692 femmes et 287 hommes âgés de 20 à 29 ans) ont été recrutés sur le campus de l Université de Toronto dans le cadre d une étude transversale intitulée la Toronto Nutrigenomics and Health Study (étude sur la génomique nutritionnelle et la santé à Toronto). Grâce à un questionnaire exhaustif sur la fréquence de consommation de 196 aliments, les participants devaient évaluer leurs rations alimentaires au cours du mois précédent. En fonction des réponses obtenues, on a calculé l apport quotidien total de vitamine C de chaque participant. Les sujets ont fourni un échantillon de sang à jeun après la nuit qui a servi à mesurer les concentrations sanguines d acide ascorbique ainsi que plusieurs autres marqueurs biologiques de maladies chroniques comme l insuline, le glucose, les lipides et la CRP, qui est un marqueur de l inflammation. La tension artérielle, la grandeur, le poids, le tour de taille et l indice de masse corporelle (IMC) des sujets ont également été mesurés. Des points de découpage reconnus internationalement pour les concentrations d acide ascorbique sérique ont été utilisés afin de déterminer les sujets dont les taux de vitamine C étaient insuffisants (<11 µmol/l), sous-optimaux (11-28 µmol/l) ou suffisants (>28 µmol/l).
Les résultats montrent que la carence en vitamine C est fréquente chez les jeunes adultes canadiens, puisque seulement 53 % des participants présentaient des taux suffisants de vitamine C. Un participant sur sept (14 %) présentait une carence et un tiers des participants présentaient des concentrations sous-optimales. Les mesures du tour de taille, de l IMC, de l inflammation et de la tension artérielle étaient déjà beaucoup plus élevées chez les sujets qui présentaient une carence en vitamine C que chez ceux ayant des concentrations sanguines adéquates, malgré leur jeune âge. Un participant sur quatre ne respectait pas l apport nutritionnel recommandé (ANR) pour la vitamine C et ces personnes avaient 3 fois plus de chances de présenter une concentration sanguine déficiente que celles qui respectaient l ANR. L étude contient 3 messages importants : (a) La carence en vitamine C est courante chez les jeunes adultes canadiens. (b) La carence des concentrations sanguines de vitamine C est associée à des marqueurs de maladies chroniques élevés chez les jeunes adultes, ce qui peut avoir des effets néfastes sur la santé à long terme. (c) La carence en vitamine C et ses conséquences sur la santé peuvent être grandement prévenues en respectant l ANR pour la vitamine C (75 mg/jour pour les femmes et 90 mg/jour pour les hommes). Cette étude a été appuyée par le Réseau des aliments et des matériaux d avant-garde, un réseau national de centres d excellence, et a été menée par Ahmed El-Sohemy (chaire de recherche du Canada en génomique nutritionnelle) et Leah Cahill (étudiante au doctorat et diététiste) du département de nutrition, ainsi que par le professeur Paul N. Corey de la Dalla Lana School of Public Health de l Université de Toronto. Intitulée «Vitamin C Deficiency in a Population of Young Canadian Adults» (Carence en vitamine C dans une population de jeunes adultes canadiens), l étude a été publiée dans l American Journal of Epidemiology en juillet 2009. Ahmed El-Sohemy, Ph.D. Ahmed El-Sohemy a obtenu son doctorat en nutrition à l Université de Toronto en 1999 et a reçu une bourse de recherche postdoctorale pour étudier à la Harvard School of Public Health. Il est entré au service de la faculté de l Université de Toronto en 2000 afin de mettre sur pied un programme de recherche en génomique nutritionnelle. L objectif de ses recherches est de cerner les marqueurs biologiques de l exposition alimentaire et d élucider la base génétique déterminant la variabilité de la réaction des éléments nutritifs et des préférences alimentaires. Il a publié plus de 60 articles revus par un comité de lecture et a été invité à donner des douzaines de conférences partout au monde. Il fait siège au comité de rédaction de 4 revues et est examinateur scientifique pour plus de 30 différentes revues scientifiques et médicales et 12 organismes subventionnaires. Il a siégé à des groupes d experts-conseils et à des conseils scientifiques consultatifs de plusieurs organismes et ses recherches ont été financées par les IRSC, le CRSNG, les Producteurs laitiers du Canada, les RCE, la FCI, l ASPC et le FOI. Le Dr El-Sohemy a été chef thématique au sein du Réseau des aliments et des matériaux d avant-garde pour le sujet des composés bioactifs des aliments et leurs effets sur la santé, en plus d avoir présidé le Comité canadien de nutrigénomique de Génome Canada. Les médias canadiens et internationaux lui demandent souvent de donner son avis sur les nouvelles recherches dans le domaine de la nutrition. Il est actuellement professeur agrégé au département de nutrition, en plus de détenir une chaire de recherche du Canada en génomique nutritionnelle.
Perspectives sur les recherches portant sur la carence en vitamine C Dans les pages qui suivent, le Dr El-Sohemy répond à des questions concernant l étude et ses conclusions, de même que les effets d une carence en vitamine C sur la santé. Q: Qu est-ce qui vous a incité à étudier la carence en vitamine C? L objectif initial de notre recherche était d essayer de comprendre pourquoi certaines personnes présentent un taux d acide ascorbique sérique sensiblement différent que d autres personnes alors qu elles consomment la même quantité de vitamine C et ont des régimes alimentaires et des styles de vie semblables. Nous voulions examiner la possibilité que cela soit dû à certaines différences génétiques concernant le métabolisme ou la prise de vitamine C. Nous avons donc recruté de jeunes adultes en santé afin de commencer à analyser nos hypothèses. Une de mes étudiantes au doctorat, Leah Cahill, qui est aussi diététiste, a fait l observation inattendue qu une proportion importante des participants à l étude présentait des taux sanguins d acide ascorbique très faibles. Nous avons alors relié ces valeurs à des marqueurs en matière de santé et avons décidé que cette observation était importante et qu elle méritait d être étudiée. Nous avons récemment fait des observations intéressantes sur les déterminants génétiques de la réponse de l acide ascorbique sérique à la vitamine C qui ont été publiées dans l American Journal of Clinical Nutrition. Q: Les résultats correspondaient-ils à ce que votre équipe de recherche s attendait? Même si nous nous attendions à trouver une carence en vitamine C chez certains de nos sujets, nous avons tout de même été surpris de voir une prévalence d un sujet sur sept présentant une carence et d un sur trois présentant des concentrations sous-optimales. Cela signifie que seulement 53 % des sujets avaient des taux sériques adéquats de vitamine C. Q: Comment vos conclusions se comparent-elles aux enquêtes de santé effectuées au Canada et aux É.-U.? Nous avons conclu que 13 % des femmes et 16 % des hommes âgés de 20 à 29 ans présentaient une carence en acide ascorbique sérique (c.-à-d. < 11 µmol/l). Nos conclusions sont comparables aux données de la 3e National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES III 1988-1994) aux États-Unis, qui avait constaté des taux de carence de 11 % chez les femmes et de 13 % chez les hommes de 18 à 24 ans, et de 12 % chez les femmes et de 17 % chez les hommes de 25 à 44 ans. Il a été constaté que les taux de carence étaient beaucoup plus élevés dans une population à faible revenu du Royaume-Uni. Les données relatives à la carence en acide ascorbique sérique de la dernière NHANES (2003-2004) viennent tout juste d être publiées et il semble que les taux de carence ont diminué. Parmi les sujets de 20 à 39 ans, 8 % des femmes et 11 % des hommes présentaient une carence. La cause en pourrait être l augmentation de l utilisation des suppléments de vitamine C et des préparations multivitaminiques dont la même enquête fait état. À notre connaissance, notre étude est la première à rendre compte de la prévalence d une carence des concentrations d acide ascorbique sérique parmi les jeunes adultes canadiens.
Q: Pourquoi l acide ascorbique continue-t-il à susciter l intérêt des chercheurs? La vitamine C a toujours intéressé les chercheurs parce qu elle est essentielle à la survie humaine et a de nombreuses fonctions. La vitamine C est un puissant antioxydant dont on a prouvé le lien avec l apparition de maladies chroniques comme le diabète, les maladies cardiaques et le cancer. Plusieurs études ont démontré que les personnes ayant une concentration de vitamine C suffisante dans leur sang présentent un risque plus bas de contracter une grande variété de maladies. Le lien inverse avec des concentrations d acide ascorbique sérique a été observé avec le diagnostic de maladies comme les maladies cardiovasculaires et le diabète, mais également avec plusieurs marqueurs de ces maladies chroniques, notamment l homéostasie du glucose, la tension artérielle, le stress oxydatif, l inflammation et des indicateurs de l obésité comme l IMC et le rapport entre la taille et les hanches. Ces études ont été menées sur des sujets adultes plus âgés. Nous démontrons à présent que l association entre des concentrations sanguines insuffisantes de vitamine C et les marqueurs de maladies chroniques est présente même chez des adultes dans la vingtaine. Q: Quelle est la corrélation entre la carence en vitamine C et un IMC, une distribution de la masse corporelle, une hypertension artérielle et d autres marqueurs de maladies chroniques malsains? Jusqu à maintenant, les conséquences pour la santé de taux de vitamine C insuffisants chez les jeunes étaient inconnues. Notre étude montre que cette carence pourrait déjà avoir un effet néfaste sur les jeunes adultes puisque les participants qui avaient une carence en vitamine C présentaient des mesures supérieures de l obésité, de la tension artérielle et d autres marqueurs relatifs à un risque de maladie chronique comparativement aux sujets qui présentaient un taux suffisant. Plusieurs mécanismes biologiques pourraient expliquer cette association inverse entre la vitamine C sérique et le risque de maladie chronique. Par exemple, lorsqu il y a une carence en vitamine C, l organisme est incapable de produire la carnitine dont il a besoin pour l oxydation des acides gras, ce qui pourrait entraîner un IMC et un tour de taille plus importants qu en présence d une quantité suffisante de vitamine C. De plus, les fonctions antioxydantes de la vitamine C ont prouvé qu elles protégeaient contre la peroxydation des lipides et l inflammation qui sont associées à l augmentation de la tension artérielle. De plus, l ingestion de vitamine C peut être un marqueur pour d autres facteurs liés à l alimentation et au mode de vie qui contribuent à un risque accru d obésité, d hypertension artérielle et d autres maladies chroniques. Q: Les résultats ont démontré que 47 % de la population de jeunes adultes canadiens avaient une carence en vitamine C ou des taux sous-optimaux de vitamine C sérique. Quelle est la probabilité que ces carences concernent des cohortes d un âge différent (p. ex. les enfants, les adolescents et les adultes plus vieux)? En fonction d études menées aux É.-U., nous pensons qu il est très probable que les carences en vitamine C s étendent à d autres groupes d âge que notre cohorte de 20 à 29 ans. La prévalence de la carence que nous avons observée est semblable à ce qui a déjà été rapporté dans l enquête NHANES, c est-à-dire des taux de carence chez les adultes plus vieux. Une proportion plus élevée d adolescents âgés de 12 à 17 ans présentait des concentrations suffisantes d acide ascorbique, mais environ 20 à 25 % ne présentaient pas de telles concentrations. Nous ne connaissons pas la prévalence de carence chez les enfants.
Q: Si les taux sous-optimaux de vitamine C sont répandus, existe-t-il aussi des preuves de carences en acide folique et en potassium qu on trouve dans les agrumes? Comme nous n avons pas évalué la carence en acide folique ou en potassium au sein de notre population, nous ne pouvons pas le dire avec certitude. La vitamine C se trouve presque exclusivement dans les fruits, les légumes et les suppléments, alors que le potassium et l acide folique peuvent être obtenus d autres sources. Par exemple, le potassium se trouve également dans les produits laitiers, les viandes et les substituts. Cependant, les données de l enquête National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) 1999-2002 indiquaient que les apports moyens et médians de potassium ne respectaient pas les apports suffisants (AS) en fonction de l âge, et ce, pour tous les groupes d âge des sujets américains. Puisque l apport suffisant de potassium est associé à un risque plus faible de maladie chronique, on devrait continuer à encourager la consommation d une variété d aliments riches en potassium, notamment des fruits, des légumes et des produits laitiers. La carence en acide folique a été une préoccupation importante en matière de santé publique au Canada. Les pains et les céréales en sont maintenant enrichis, ce qui a diminué substantiellement la prévalence des faibles concentrations d acide folique sérique au Canada. Les agrumes et leurs jus contiennent plusieurs autres nutriments importants comme de l eau, des fibres, des vitamines et des minéraux et constituent des choix alimentaires très sains. Q: Quelles sortes de fruits et de jus de fruits ont été observés dans les données alimentaires des participants à l enquête? Même si nous n avons pas publié de données sur les aliments qui avaient contribué à l apport en vitamine C chez les participants, nous avons fait une analyse et avons conclu que les jus d orange, de pamplemousse et de tomate contribuaient principalement à cet apport. Il en va de même pour les suppléments de vitamine C, les préparations multivitaminiques, les oranges, les poivrons, les fraises, le brocoli, les pommes de terre, le chou frisé, ainsi que plusieurs autres fruits et légumes. Une présentation de PepsiCo Canada ULC, 2009. Toutes les marques de commerce sont la propriété de PepsiCo Canada ULC ou sont utilisées sous licence par cette entreprise.