Peut-il y avoir un projet européen qui ramène la confiance dans l Europe à la fois des investisseurs, des entreprises et des citoyens?

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Transcription:

Session 3 Patrick Artus Peut-on rétablir la confiance dans l Europe? Si l Europe est encore attrayante pour les pays d Europe centrale, dans beaucoup de pays de l Union européenne les citoyens sont de plus en plus nombreux à penser que l Europe ne contribue pas à l amélioration de leur situation, et dans plusieurs pays européens le poids des parties «populistes» ou anti-européens s accroît. Peut-il y avoir un projet européen qui ramène la confiance dans l Europe à la fois des investisseurs, des entreprises et des citoyens? La première difficulté est la distinction Union européenne/zone euro. La souveraineté monétaire et la possibilité d utiliser le taux de change rendent en effet la situation très différente pour les pays qui ne sont pas dans l euro. Concentrons-nous donc sur la zone euro. La crise y accroît l hétérogénéité à la fois avec l accélération du processus de spécialisation productive et avec la nécessité de faire disparaitre les déficits extérieurs. Le niveau de vie relatif des pays en difficulté a reculé, ce qui alimente le sentiment antieuropéen dans ces pays. La situation globale de la zone euro s est aussi dégradée avec le freinage du progrès technique et de la croissance potentielle, avec l apparition de taux d endettement publics inquiétants dans beaucoup de pays, avec la segmentation des marchés des capitaux et son effet sur le taux de change de l euro. Les pays du nord de la zone euro et les institutions européennes ne proposent pour l instant que d augmenter le nombre de règles de politique économique : règles budgétaires, règles portant sur la compétitivité, le crédit, les balances courantes, la résolution des crises bancaires. Les pays du sud de la zone euro comprennent que la gestion de la zone euro par les règles ne conduira pas à une amélioration de leur situation. Comment concilier le rejet de la mutualisation des dettes, la volonté d imposer des règles et le rejet majoritaire de «l union de transferts» dans le Nord, avec le besoin de réduction de l hétérogénéité et de soutien à la croissance dans le Sud? La piste la plus prometteuse est probablement, même si les difficultés pratiques sont importantes, celle des «arrangements contractuels» : les pays en difficulté mènent des réformes structurelles, définies précisément pour chaque pays, qui y soutiennent la productivité et la croissance de long terme (marché du travail, éducation, formation, concurrence, réforme de l État), et en contrepartie obtiennent des soutiens (prêts, garanties, possibilité de conserver plus longtemps des déficits publics, investissements européens). Cette politique pourrait effectivement réduire l hétérogénéité de la zone euro et en améliorer la situation globale tout en rassurant les pays du Nord sur l usage des transferts réalisés au profit des pays en difficulté. Faible attractivité de l Europe Le tableau 1 montre le résultat d enquêtes faites dans les pays de l Union européenne sur la perception de l Europe. Tableau 1 : Enquête sur l Europe Question : l Union Européenne rend-elle la qualité de vie meilleure en Europe? Eurobaromètre Total d'accord Total pas d'accord NSP (Automne 13) Belgique 1 1

Bulgarie 3 1 République Tchèque Danemark 6 39 Allemagne 1 Estonie 3 61 36 1 Grèce 7 7 1 Espagne 3 7 France 33 9 Italie 7 6 Chypre 7 Lettonie 3 3 9 Lituanie 6 6 9 Hongrie 6 9 Malte 67 1 1 Pays-Bas 6 39 Autriche 7 3 Pologne 6 7 9 Portugal 3 9 6 Roumanie 37 11 Slovénie 9 6 3 Slovaquie 1 3 Suède 6 Royaume-Uni 36 9 1 Question : l image de l Union européenne est-elle positive, neutre ou négative? Eurobaromètre (Automne 13) Total Positive Total Négative Neutre NSP Belgique 37 6 37 Bulgarie 9 1 3 3 République Tchèque 33 1 Danemark 3 1 7 1 Allemagne 3 3 1 Estonie 3 1 1 3 3 Grèce 16 9 1 Espagne 6 9 3 France 31 33 3 Italie 6 3 3 Chypre 17 9 Lettonie 9 1 6 1 Lituanie 3 1 Hongrie 3 3 Malte 1 1 3 Pays-Bas 31 3 37 Autriche 3 1 Pologne 1 3 Portugal 39 37 Roumanie 3 13 1 3 Slovénie 3 3 Slovaquie 31 1 3 7 Suède 31 7 Royaume-Uni 39 36 3

Sources : Commission européenne, Natixis Le tableau montre les résultats des partis politiques populistes ou anti-européens aux dernières élections. Tableau : % de voix obtenues par les partis populistes ou anti-européens aux dernières élections Pays % de voix Allemagne 9, Autriche 9,7 Belgique 11, Bulgarie 16,3 Chypre 1 Danemark 17, Espagne - Estonie 3, 3,3 France* 19, Grèce,9 Hongrie 19, Lettonie 16 Malte - - Islande 31, Italie** 3 Pays-Bas 1, Pologne 33, Portugal 11,7 République Tchèque 17,1 Roumanie 1 Royaume-Uni Lituanie, Norvège 16,3 Slovaquie 1, Slovénie 1, Suède,7 Sources : sources nationales, élections en Europe, Natixis Il y a clairement érosion de la confiance dans l Europe, ce qui se voit aussi dans les évolutions macroéconomiques : recul de l investissement des entreprises (graphique 1a), investissements directs étrangers nets négatifs (graphique 1b).

Graphique 1a Investissement productif volume ( en % du PIB volume) Graphique 1b Investissement direct net (en % du PIB valeur) 11 1 UE Zone euro 11 1 UE Zone Euro 9 9 - - - -6 - -6 Sources : Datastream, Eurostat, NATIXIS 7 3 6 7 9 1 11 1 13 1 7 Sources : Datastream, BCE, NATIXIS - 3 6 7 9 1 11 1 13 1 - Augmentation de l hétérogénéité entre les pays de la zone euro La situation des pays de l Union Européenne non membres de la zone euro est différente, puisqu ils ont la libre utilisation de la politique monétaire et du taux de change, ce qui change complètement l équilibre. Nous allons donc nous concentrer sur la situation de la zone euro. L hétérogénéité des pays de la zone euro était déjà forte avant la crise comme le montre par exemple l évolution des poids de l industrie dans le PIB (graphique a). Graphique a Valeur ajoutée dans le secteur manufacturier (en % du PIB volume) 6 1 16 1 1 1 6 9 99 1 3 6 7 9 1 11 1 13 1 6 1 16 1 1 1 6 Mais la crise a accru l hétérogénéité de la zone euro : avec l accélération de la concentration de l industrie dans un petit nombre de pays (graphique b) ;

Graphique b Capacité de production manufacturière* (1 en 199:1) Iltalie Pays-Bas Belgique 1 16 1 1 1 9 99 1 3 6 7 9 1 11 1 13 1 1 16 1 1 1 avec la nécessité pour les pays ayant un déficit extérieur de le faire disparaitre (graphique c), puisqu ils ne peuvent plus augmenter leur endettement extérieur, ce qui s est fait essentiellement par la compression de la demande intérieure dans ces pays (graphique d) ; 1 1 - -1-1 Graphique c Balance courante (en % du PIB valeur) Sources : Datastream, Eurostat, FMI, NATIXIS - 9 99 1 3 6 7 9 1 11 1 13 1 1 1 - -1-1 - 1 17 16 1 1 13 1 11 1 Graphique d Demande intérieure (volume, 1 en 199:1) Sources : Datastream, sources nationales, NATIXIS 9 9 99 1 3 6 7 9 1 11 1 13 1 1 17 16 1 1 13 1 11 1 9 avec la perspective est donc celle d une dispersion accrue des niveaux de vie entre les pays de la zone euro (les industries à niveau de salaire élevé se concentrant dans quelques pays, la demande devant rester déprimée pour éviter les déficits extérieurs, graphique e, ce qui alimente le sentiment anti-européen dans les pays en difficulté.

3 3 1 Graphique e PIB par habitant (en milliers d'euros) Sources : IHS Global Insight, NATIXIS 1 1 9 99 1 3 6 7 9 1 11 1 13 1 3 3 1 La situation globale de la zone euro s est, elle aussi, dégradée Si on analyse la zone euro prise dans son ensemble, on voit aussi des signes de dégradation économique : faiblesse des gains de productivité (graphique 3a) et stagnation de la Productivité Globale des Facteurs (du progrès technique, graphique 3b), donc croissance potentielle très faible (de l ordre de,% par an) ; Graphique 3a Zone euro : productivité par tête Graphique 3b Zone euro : productivité globale des facteurs 11 1 1 en 199:1 (G) GA en % (D) 16 1 1 1 9 96 9 9 Sources : Datastream, BCE, NATIXIS 9 9 99 1 3 6 7 9 1 11 1 13 1 3 1-1 - -3 - - 1 1 13 1 11 1 99 9 97 96 1 en 199 (G) % par an (D) Sources : Datastream, OCDE, NATIXIS 9-9 99 1 3 6 7 9 1 11 1 13 3 1-1 - -3 taux d endettement publics atteignant un niveau inquiétant dans beaucoup de pays (graphique ) ;

Graphique Dette publique (en % du PIB valeur) Allemagne France Espagne Italie 19 Pays-Bas Belgique Autriche Portugal 19 17 Grèce 17 1 1 13 13 11 11 9 9 7 7 3 3 1 1 9 99 1 3 6 7 9 1 11 1 13 1 segmentation de marchés des capitaux entre les pays de la zone euro, ce qui explique les écarts entre le coût de financement des entreprises (graphique a), et ce qui explique aussi que l excédent extérieur des pays du Nord de la zone euro (graphique c plus haut) ne se situe plus vis-à-vis des pays du Sud de la zone euro mais vis-à-vis du Reste du Monde (les pays du Nord ne prêtant plus leur excédent d épargne aux pays du Sud mais au Reste du Monde), d où l apparition d un fort excédent extérieur de la zone euro (graphique b) qui entraîne l appréciation et la surévaluation de l euro (graphique c). Graphique a Taux d'intérêt sur les crédits à taux fixe aux entreprises (en %) Graphique b Zone euro : balance courante (en % du PIB valeur) 9 7 Portugal Grèce 9 7 3 3 6 6 1 1 3 1 3 6 7 9 1 11 1 13 1 3 1-1 Sources : Datastream, BCE, NATIXIS - 9 99 1 3 6 7 9 1 11 1 13 1-1 -

Graphique c Zone euro : taux de change 1 1 13 1 11 1 9 7 6 Taux de change effectif* réel (déflaté par les coûts, 1 en 199:1, G) $/ (D) (*) Hausse = appréciation réelle de la monnaie 9 99 1 3 6 7 9 1 11 1 13 1 1,7 1,6 1, 1, 1,3 1, 1,1 1,,9,,7 Comment concilier les positions du «Nord» et du «Sud» de la zone euro? La faible attractivité ne concerne pas seulement les pays du Sud de la zone euro, elle concerne l ensemble de la zone euro : croissance très faible à long terme, poursuite de la dégradation des finances publiques, surévaluation du taux de change. La position pour l instant majoritaire dans les pays du Nord de la zone euro est la suivante : rejet de la mutualisation des dettes ; rejet de «l union de transferts», c est-à-dire du fédéralisme ; mises en place de règles plus multiples que dans le passé qui conditionnent la participation à l euro et évitent le retour des crises : règles budgétaires (amener les déficits publics structurels au voisinage de zéro, graphique 6a), règles portant sur la compétitivité-coût (graphique 6b), l équilibre extérieur (graphique c plus haut), l endettement (graphique 6c), la résolution des crises bancaires. - - -1 Graphique 6a Déficit public structurel (en % du PIB valeur) Allemagne Espagne Pays-Bas Autriche Grèce Sources : Datastream, Prévisions NATIXIS France Italie Belgique Portugal -16-16 9 99 1 3 6 7 9 1 11 1 13 1 - - -1 16 1 1 13 1 11 1 Graphique 6b Coût salarial unitaire (1 en 199:1) Sources : Datastream, Eurostat, NATIXIS 9 9 99 1 3 6 7 9 1 11 1 13 1 16 1 1 13 1 11 1 9

Graphique 6c Dette des ménages + entreprises (en % du PIB valeur) 3 3 1 1 Italie Pays Bas Autriche Portugal Grèce 3 3 1 1 Sources : Datastream, Banques Centrales nationales, NATIXIS 9 99 1 3 6 7 9 1 11 1 13 1 La position pour l instant majoritaire dans les pays du Sud de la zone euro est : qu il faut mettre en place un certain nombre de transferts entre les pays pour limiter l accroissement de l hétérogénéité des niveaux de vie et du chômage (graphique 7) ; Graphique 7 Taux de chômage Allemagne France 3 Espagne Pays-Bas Italie Belgique 3 Autriche Grèce Portugal 1 1 1 1 9 99 1 3 6 7 9 1 11 1 13 1 qu il faut mettre en place des politiques qui vont soutenir la croissance à long terme : investissements européens dans l énergie, le transport, l éducation et la formation, le numérique... ; que la gestion de l Europe par les règles ne résoudra pas les problèmes d hétérogénéité et de croissance potentielle faible. Un certain nombre de règles est nécessaires, mais les règles ne peuvent pas dispenser de politiques de retour à la croissance et de réduction de l hétérogénéité. Synthèse : un compromis intelligent : les «arrangements contractuels» Ce qui précède montre que deux objectifs centraux de la politique économique de la zone euro devraient être : la réduction de l hétérogénéité croissante de revenu, de niveau d emploi, entre les pays ; l augmentation de la croissance potentielle, donc du progrès technique, dans la zone euro.

Une piste prometteuse est celle des «arrangements contractuels» : on définit pour chaque pays un certain nombre de réformes structurelles importantes (marché du travail, éducation, formation, concurrence, réforme de l Etat), ce qui nécessite un vrai travail d analyse profonde des difficultés des pays. Si les réformes nécessaires sont mises en œuvre, le pays bénéficie de prêts, de garanties, d un allongement de la période de réduction de déficit public, d investissements européens accrus, ce qui empêche qu il y ait un effet négatif à court terme des réformes structurelles sur l activité. On sait en effet que : - la formation des salaires est inefficace dans certains pays avec en particulier l absence de réaction des salaires réels aux variations du chômage (tableau 3) : France, Belgique,. Tableau 3 : Corrélations entre le salaire réel par tête (déflaté par le prix de consommation, GA en %) et le taux de chômage (199-Q3 13) Pays Allemagne -,76 France,3 Espagne -,33 Italie -,1 Pays-Bas -,3 Belgique -, Autriche -, Portugal -,6 Grèce -,6 -,3,7 Source : calcul Natixis le système éducatif est inefficace (tableau ) en Grèce, au Portugal, en Italie, en Espagne ; Tableau : Enquête PISA 1 Synthèse de la performance des pays en mathématiques, en compréhension de l écrit et en sciences Pays Score global Allemagne 1 France Espagne 9 Italie 9 Pays-bas 19 Belgique 1 Autriche Portugal Grèce 66 16 9 Sources : OCDE, base de données PISA 1

il y a un besoin important de formation, de requalification de la population active, comme le montre l enquête PIAAC de l OCDE sur les compétences des adultes (tableau ), en France, en Espagne, en Italie ; Tableau : Enquête PIAAC, score global Pays Moyenne Allemagne 7,7 France, Espagne 9,6 Italie, Pays-Bas 3,6 Belgique 77,9 Autriche 76, Portugal - Grèce - 66,3 6, Sources : OCDE, NATIXIS il y a souvent une concurrence insuffisante dans les services protégés de la concurrence étrangère, des professions fermées ; dans beaucoup de pays, une réforme intelligente de l Etat serait nécessaire pour réduire les dépenses publiques (graphique ) et la pression fiscale et améliorer la compétitivité. 7 6 6 3 Graphique Dépenses publiques (en % du PIB valeur) 3 3 9 99 1 3 6 7 9 1 11 1 13 1 7 6 6 3 Les «arrangements contractuels» : amélioreraient la situation globale de la zone euro, et celle des pays en difficulté : hausse de la productivité, retour de flux d investissement du Nord vers le Sud réduisant l excédent extérieur de la zone euro et la surévaluation de l euro ; seraient acceptables pour les pays du Nord de la zone euro puisque les transferts et les investissements vers les pays du Sud seraient conditionnés à la mise en place de politiques structurelles favorables dans le Sud. Il ne faut cependant pas négliger les difficultés : perte de souveraineté des pays du Sud de la zone euro dans la définition des réformes nécessaires ;

nécessité d être capables, au niveau européen, de définir précisément et intelligemment ces réformes, spécifiques à chaque pays et pas issues de «chiffres magiques» comme les règles européennes habituelles (déficit public, balance courante ).