Les rêves, moyen ou objet de traitement Jacques Montangero
Plan 1. L analyse de rêves, technique complémentaire en TCC 2. Le traitement des cauchemars récurrents
Une conception cognitive du rêve Rêver c est utiliser des fonctions cognitives : - Mémoire autobiographique et connaissances générales - Formation d images mentales et autres représentations - Organisation d éléments hétérogènes en totalités - Organisation séquentielle (aspect narratif) - Attention particulière du rêveur - Etc.
La perspective cognitive: celle qui éclaire le mieux le rêve Rêver = utiliser la fonction sémiotique (évoquer par un substitut) A l éveil: Peut simuler un monde fictif ou virtuel Simulation automatique quand le monde environnant ne nous intéresse pas (remémorations, anticipations, rêverie) - non intentionnel - à dominance visuelle - déroulement d événements - incomplétude Le rêve, forme extrême de ce type de pensée spontanée à contrôle relâché
Pourquoi les rêves manquent-ils de cohérence et d intelligibilité? Désactivation des fonctions exécutives (mémoire de travail, gestion de l attention, inhibition) Exigences du langage onirique Evénements concrets visualisables comprenant un minimum d éléments Une pensée imagée paresseuse
Les rêves, produits d erreurs et de lacunes? Fonctionnement optimal de l imagerie mentale Inventivité constante: Métaphores originales Bribes de scénarios variés Personnages, lieux, objets inédits Organisation sémantique et séquentielle
Trouver un sens aux rêves Sont en rapport avec les aspirations et les préoccupations du patient insuffisamment traitées pendant le jour La méthode DSR Exemple: Chamois frotte ses bois de cerf 1. Description complétée 2. Recherche des souvenirs sources 3. Reformulation en termes généraux
Utilisation de rêves en TCC Prises de conscience de comportements, situations, modes de penser, schémas Découverte de pensées alternatives facilitée Enrichissement de la connaissance du patient. Alliance thérapeutique renforcée
Patiente insomniaque Rêve 1 Un homme est entré, il veut me violer, dit que c est programmé. Une jeune femme est avec lui. Je lui demande: Tu es donc sa complice? Je prends conscience que je peux contrôler la situation. C est moi qui le déshabille, me mets sur lui pour faire l amour. J en retire du plaisir et de la fierté. La jeune femme: J admire, tu ne paniques pas, tu gères la situation! Reformulation: D abord victime programmée d un mal qui laisse des perturbations physiques et psychiques, j inverse les rôles, je prends le contrôle, ce qui me donne plaisir et fierté.
Patiente insomniaque Rêve 2 Suis avec ma mère et une amie d elle qui ont rendez-vous avec ma patronne avocate. Celle-ci n est pas là, ce qui blesse l amie. Gênée je dis: Il y a sûrement un imprévu indépendant de sa volonté. Après 20 min. ma patronne arrive: Excusez-moi, je voulais terminer ce que je faisais avant de venir. Ma mère tique, je suis très embarrassée.
Schéma d abnégation Je dois tout faire et tout de suite pour les autres, sinon ils se vengeront. Dans le rêve, la patronne est l anti- schéma.
Les cauchemars (classification) Terreurs nocturnes : en stade 4 ; réveil lent et difficile, souvenir vague du contenu Cauchemars : en sommeil paradoxal en général, réveil rapide, contenu précis et assez riche. A. Cauchemars occasionnels, ne perturbant pas l humeur de manière durable pendant la journée B. Cauchemars fréquents, assombrissant l humeur pendant le jour suivant
Traitement des cauchemars Cauchemars A: soupape d évacuation, émotions trop contenues Cauchemars B: peuvent être symptômes d un trouble (p. ex. dépression, stress post-traumatique), indication d une psychothérapie Terreurs nocturnes chez l enfant: Disparition dès 7-8 ans chez la grande majorité Pour diminuer la fréquence et l intensité des cauchemars: Analyse avec la méthode DSR Visualisation ou/et rédaction d un scénario alternatif
Quantité d activité onirique Importance quantitative: de nombreuses heures chaque nuit. (Rappels de rêves dans tous les stades du sommeil) Sommeil paradoxal : dès 1953 / 1958 (Aserinsky; Dement), près de 90% de rappels Stade 2: dès 1962 (Foulkes, etc.), 65% de rappels Impossibilité distinguer stade 2 / SP: 1983 Stades 3 et 4: 1962, 1987 (Cavallero et al.) 0 / 65% 5 minutes après endormissement: 2000 (Stickgold) Défaut d ACTIVITE ONIRIQUE ou de RAPPEL?