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Mai 1915 Septembre 1917 HISTORIQUE DU 223 e RÉGIMENT TERRITORIAL Lieutenant-Colonel de BOUVIÉ Lieutenant-Colonel DAUPHIN de VERNA CAEN IMPRIMERIE A. OLIVIER 34, Rue Demolombe, 34 1920 2 / 6
Citation à l'ordre du 8 e Corps d'armée Lieutenant-Colonel de BOUVIÉ du 223 e Territorial. Chef de corps d'une grande valeur donnant à tous l'exemple de la bravoure et du sang-froid. Le 19 décembre, a dirigé lui-même, sous un violent bombardement, le ravitaillement d'une partie de ses troupes, isolées par une inondation. Le 19 mars 1916. Signé : COLLAS. 3 / 6
HISTORIQUE DU 223 e RÉGIMENT TERRITORIAL Mai 1915 Septembre 1917 < > CONSTITUTION DU RÉGIMENT Le 223 e R. T. est constitué le 15 Mai 1915 à Caen. Le Régiment fait partie de la 101 e Division, Général LASSERRE et de la 201 e Brigade, Général FRAISSE. Le Commandant de BOUVIÉ, plus lard Lieutenant-Colonel, en prend le commandement. CONCENTRATION Le 1 er juin, pour la première fois, le 223 e R. T., en entier, est réuni à Mehun-sur-Yèvre (Cher). OPÉRATIONS ACTIVES Affecté au camp retranché de Paris, le Général ESPINASSE, Commandant la Zone Est, lui remet son drapeau, le 26 août 1915. Le 17 Septembre, le Régiment est envoyé à Mongobert-Soucy et Vivières et placé sous les ordres du Général Commandant la 6 e Armée. Le 2 Octobre, il est à Jarville, le 7, à Vathiménil, Azerailles d'où il s'embarque le 3 Novembre à destination de Commercy. Ses bataillons occupent tour à tour les positions de Croix St-Jean et du pont d'apremont. Le 30 novembre, ce sont les tranchées de Bislée et de Han qu'il est chargé de défendre et d'organiser. Jusqu'au 11 Décembre, le Régiment contribuera, pour une grande part, à l'amélioration des défenses de ce secteur. Le 11 décembre, une crue subite de la Meuse, qui atteint un étiage non encore observé, emporte la passerelle, rompt les amarres du pont, rendant la traversée de la Meuse impossible. Les relèves ne peuvent se faire. La situation des défenseurs de la rive opposée, qui ne peuvent être ravitaillés, est précaire, car l'ennemi bombarde méthodiquement le pont de Bislée. Malgré la crue et le bombardement intense, sous les ordres directs de leur Colonel (le Commandant de BOUVIÉ a été nommé Lieutenant-Colonel) tous, gradés et hommes, rivalisent d'ardeur et de courage. Les unités de réserve s'efforcent de faire quand même la relève des trois Compagnies qui sont en avant et de ravitailler la presqu'île. Le Caporal GATELET Eugène, et 11 hommes sont blessés ; le soldat DULAC, de la 12 e Cie est tué. Malgré le bombardement continu et méthodique, jour et nuit pendant 48 heures, malgré la crue qui s'accentue, le régiment réussit à établir la communication entre les deux rives. 4 / 6
Du 13 au 24, le front de Bislée est bombardé chaque jour. La position de Bois-Carré est particulièrement atteinte. Les pluies continuelles, la neige, et le bombardement détruisent ces tranchées qui deviennent, surtout à Bois-Carré, un chaos de boue. Il n'existe aucun abri. Les soldats, dont l'esprit de résistance est digne de tout éloge, n'ont comme repos que des heures de torpeur au fond de la tranchée ou sous des tôles insuffisantes. Le moral reste excellent. Enfin, le 26 décembre, le Régiment est relevé par le 131 e et dirigé sur Commercy où il va prendre pendant quelques jours un repos bien gagné. Le 28 Janvier, on retrouve de nouveau le Régiment à Kœur-la-Grande où il reprend possession des tranchées de Bislée. Ce secteur, particulièrement bombardé par l'artillerie ennemie, est bouleversé. Jusqu'au 12 février 1916, il va refaire les tranchées. Ce travail périlleux est dirigé par le Lieutenant LAMBLA qui tombe victime de son courage et de son dévouement. Il mérite la citation suivante à l'ordre de l'armée : Ayant prescrit le 6 Février 1916 un travail dangereux sous les vues de l'ennemi, a tenu à le diriger personnellement, donnant ainsi l'exemple du courage et du sang-froid ; a été mortellement blessé au cours de ce travail. Le Sous-Lieutenant GAUSSÈRES est grièvement blessé et cité également à l'ordre de l'armée. Le Régiment perd en outre un certain nombre de tués et de blessés. Le soldat GISS Armand est cité à l'ordre du Régiment. Le 12 Février, après un bombardement violent et général, l'ennemi passe à l'attaque sur le front Courtine. Ses efforts sont vains. Grâce au courage et à la ténacité de ses défenseurs, la position reste intacte. Repoussé avec pertes, l'ennemi regagne ses lignes en désordre, poursuivi lui-même jusque dans ses réseaux. L'attaque a été dure. Les Sous-Lieutenants LAMBERT et SURCOUF sont blessés ainsi qu'un grand nombre de leurs hommes. Le sergent GUIOT Georges tombe bravement en tête de sa section. De nombreuses citations attestent la valeur et le courage des défenseurs. Le Sous-Lieutenant PERSA Armand est cité à l'ordre du 8 e Corps d'armée. Les sergents PIVERT, POULAIN et ANDRÉ sont cités à l'ordre de la Brigade : Le sergent PIVERT, Commandant la 2 e Section de la 1 re Cie du 223 e T. Par son autorité et son action morale, a donné l'exemple à sa section qui a eu, sous un bombardement violent, la plus belle attitude. A contribué puissamment à faire échouer une attaque ennemie, a eu un soldat tué et trois blessés. Le 15 mars, le 223 e T. est relevé par le 279 e et va occuper les positions de Croix Saint-Jean, Mécrin, Rouval, Chonville qu'il gardera jusqu'au 15 Mai, date à laquelle on le retrouve sur les lignes de Bislée où il restera jusqu'au 16 Novembre. De nombreuses récompenses ou citations sont données au Régiment : Les Sous-Lieutenants LAMBERT et GAUSSIÈRES sont faits chevaliers de la Légion d'honneur. La Médaille militaire, comportant l'attribution de la Croix de guerre avec palme est conférée au soldat GISS Armand et au soldat NICOLAS. 5 / 6
Le Sous-Lieutenant POURROT reçut à l'hôpital la Croix de la Légion d'honneur et mourut à Commercy des suites de ses blessures. Le sergent YON est l'objet de la citation suivante au Corps d'armée : Sous-Officier courageux et ardent. Dans la nuit du 21 mai, ayant appris, en rentrant d'une ronde extérieure, qu'une patrouille ennemie rôdait autour des postes d'écoute, a pris l'initiative de se lancer à sa poursuite, l'a attaquée et mise en fuite. A été blessé dans cette action. Le 16 novembre, il cède ses tranchées au 119 e R. I. et va cantonner à Ménancourt, Roviolles et Longeaux. C'est là que le Régiment est reformé en régiment Territorial de Campagne à 2 bataillons. Le 5 Décembre, il passe sous les ordres du Général Commandant la VII e Armée. Le 10 décembre, il est dans les bois de Carspach et d'hindlingen construisant une voie étroite. En février 1917, il se trouve à Coinches, au Camp de Berbain, dans le secteur Robodeau-Bande-Sapt où il est rassemblé le 22 Mars 1917. Le 4 avril, nouvelle transformation. Les Bataillons sont formés chacun à 3 Compagnies. Le 23 juin, le Lieutenant-Colonel DAUPHIN de VERNA prend le Commandement du Régiment en remplacement du Lieutenant-Colonel de BOUVIÉ. En juillet et en août, il est dans les C. R. de Mère-Henri et de Lorraine. Dès le 23 août, de nombreux prélèvements de personnel sont faits sur l'effectif du Régiment à destination d'autres corps ou formations spéciales de la VII e Armée. Le 25 septembre 1917, le Général Commandant en chef prescrit la dissolution du 223 e T. dont les éléments sont répartis entre le 115 e T., le 260 e T. et le 140 e T. Tel a été le rôle glorieux joué par le 223 e R. I. T.,au cours de cette guerre. Partout où le Régiment s'est trouvé, aussi bien dans le camp retranché de Paris qu'aux tranchées de Bislée, dans les bois de Carpasch et d'hindlingen, au milieu des inondations de la Meuse, dans la boue des tranchées, par la pluie, la neige et le froid ; conservant leur calme et leur bonne humeur même sous les bombardements les plus violents, tous, gradés et soldats, ont fait bravement leur devoir. 6 / 6