PUZZLE 5 Publication avant impression le 30 janvier 2008, sous la référence 10.2105/AJPH.2007.110767 La version la plus récente est disponible (en anglais uniquement) sur http://www.ajph.org/cgi/doi/10.2105/ajph.2007.110767 RAPPORT D ACTIVITÉ SUR LE TERRAIN SEXINFO : un service d'envoi de messages de santé sexuelle par SMS pour les jeunes de San Francisco Deborah Levine, M.A., Jacqueline McCright, M.H.P., Loren Dobkin, M.H.P., Andrew J. Woodruff, M.H.P. et Jeffrey D. Klausner, M.D., M.H.P. En réponse à l'augmentation du taux de blennorragie chez les jeunes Afro-Américains de San Francisco, en Californie, l organisme Internet Sexuality Information Services, Inc., en collaboration avec le San Francisco Department of Public Health (Département de santé publique de San Francisco), a conçu SEXINFO, un service d'envoi de messages de santé sexuelle par SMS. SEXINFO est un service d'information et de mise en relation auquel on peut accéder en envoyant, à partir de n'importe quel téléphone cellulaire, le message «SEXINFO» à un numéro à cinq chiffres. Un consortium composé d'organismes communautaires, de groupes religieux et d'organismes de santé a aidé à identifier des services d aiguillage locaux et culturellement adaptés. Nous avons organisé des séances de discussion en groupe, avec des jeunes âgés de 15 à 19 ans, pour évoquer la viabilité du service. Le recours à ce service est plus important que prévu; une première évaluation menée pour déterminer l'impact de SEXINFO sur l'accès croissant aux services de santé sexuelle chez les adolescents à risque a affiché des résultats prometteurs. (Am J Public Health. 2008; 98 : XXX-XXX. DOI : 10.2105/AJPH.2007.110767) La ville californienne de San Francisco connaît une augmentation des cas de blennorragie au sein de la population hétérosexuelle, en particulier chez les jeunes Afro-Américains âgés de 15 à 19 ans. On a enregistré, chez ce groupe, 45 cas de blennorragie de plus en 2005 qu'en 2004, soit une augmentation de plus de 100 pour cent i. En 2005, les Afro-Américaines de San Francisco affichaient un taux de blennorragie qui était 12 fois supérieur au taux constaté chez les femmes caucasiennes, soit une augmentation de 69 pour cent par rapport à 2004 i. Parallèlement à l'augmentation du taux d'infection par des maladies sexuellement transmissibles (MST), l'utilisation du téléphone cellulaire a augmenté chez ces mêmes populations. Une étude de Dobkin et coll. ii a montré que 85 pour cent des jeunes de San Francisco âgés de 12 à 24 ans possèdent un téléphone cellulaire, tandis que le Pew/Internet & American Life Project a conclu que 33 pour cent de tous
les adolescents américains âgés de 12 à 14 ans et 66 pour cent des élèves de la fin du cycle secondaire en possèdent un iii. En réaction à ces tendances, Internet Sexuality Information Services, Inc. (ou ISIS- Inc), en partenariat avec le San Francisco Department of Public Health (SFDPH), a élaboré, en avril 2006, SEXINFO, un service d'envoi de messages de santé sexuelle par SMS. Inspiré par le programme des Brook Centres de Londres iv, SEXINFO fournit des renseignements élémentaires sur la santé et les relations sexuelles, et oriente les jeunes vers les services cliniques et sociaux qui leur sont destinés. Ce service repose sur la participation volontaire des jeunes : ces derniers envoient le mot «SEXINFO» par SMS à un numéro à cinq chiffres. Ils reçoivent alors une liste de codes correspondant à plusieurs situations possibles, par exemple : «Envoie B2 si tu penses ê enceinte»; «Envoie D4 pr en savoir + sur le VIH» ou encore «Envoie F8 si tu n'es pas sûr de vouloir avoir une relation sexuelle.» Aucun diagnostic n'est posé par le biais de ce système; en revanche, tous les messages incluent des renseignements élémentaires sur les MST et le VIH et orientent les jeunes vers des services proposant une consultation en tête à tête. Le système s accompagne d un site Web (http://www.sextextsf.org) où les parents, entre autres, peuvent voir en ligne des exemples de messages. La conception de SEXINFO a coûté 20 000 dollars; les efforts initiaux de marketing et d'évaluation 15 000 dollars, et il faut un budget mensuel de 1 500 dollars pour maintenir ce service. ÉLABORATION ET MISE EN OEUVRE Quatre groupes de discussion ont été organisés par ISIS-Inc et le SFDPH pour que les jeunes discutent de la faisabilité du service et contribuent à son élaboration et à sa promotion. Les participants avaient l'option SMS illimités sur leur téléphone cellulaire et ils ont estimé que SEXINFO restait un service confidentiel et utile tant que c'était eux qui initiaient les messages. Un consortium d'organismes communautaires s est réuni de manière régulière pour apporter des conseils à ISIS-Inc et au SFDPH. Parmi les personnes impliquées, on peut citer le personnel de certaines cliniques au service des jeunes Afro-Américains, de programmes de santé menés dans les écoles secondaires, de services de probation des jeunes ainsi que les membres du clergé d'une large congrégation afroaméricaine. De nouveaux messages ont été élaborés par les éducateurs en matière de santé d ISIS-Inc grâce aux données recueillies à partir des transcriptions des séances des groupes de discussion. Tous les messages étaient conformes à la limite imposée de 160 caractères, espaces compris. 2
ISIS-Inc a travaillé avec des ingénieurs contractuels pour établir SEXINFO, garantir la confidentialité des utilisateurs ainsi que la vitesse et l exactitude du service, et mettre en place des procédures simples d enregistrement des données. ISIS-Inc et le SFDPH ont travaillé avec le programme du SFDPH intitulé Youth United Through Health Education v (les jeunes unis par l éducation à la santé) pour élaborer et évaluer les ressources de promotion de SEXINFO. Affiches, petites cartes d information et publicités pour les abribus ont été placées à des endroits stratégiques dans les quartiers habités par les jeunes Afro-Américains. Des travailleurs d approche ont distribué des prospectus, de la taille d une carte de visite, dans la rue et les écoles. Des bannières publicitaires ciblant les jeunes de 18 à 24 ans ont également défilé pendant deux semaines sur Yahoo! (http://www.yahoo.com). Par ailleurs, un communiqué de presse a été retransmis par plusieurs publications d information, y compris à la télévision et sur les radios locales, ainsi que dans les quotidiens San Francisco Chronicle et USA Today. DISCUSSION ET ÉVALUATION Au cours des 25 premières semaines de mise en service (avril-octobre 2006), plus de 4 500 demandes ont été enregistrées, dont 2 500 ont débouché sur des demandes d information complémentaire et sur un aiguillage vers des services compétents. Les trois messages les plus demandés ont été : (1) «Que faire si ton préservatif s est déchiré»; (2) «En savoir + sur les MST» et (3) «Si tu penses ê enceinte» (cf. Tableau 1). Pour évaluer les caractéristiques démographiques des utilisateurs de SEXINFO qui ont eu accès à des services de santé sexuelle, le SFDPH a mené des enquêtes, en juillet 2006, auprès d un échantillon de patients dans trois cliniques vers lesquelles les utilisateurs de SEXINFO étaient le plus fréquemment orientés. Les membres du personnel d inscription des trois cliniques sélectionnées ont recueilli des données anonymes relatives aux comportements sexuels ainsi qu à la connaissance et à l utilisation de SEXINFO chez 322 patients âgés de 12 à 24 ans. Les résultats ont invariablement révélé des liens encourageants entre les facteurs de risque démographiques pour les MST et la sensibilisation à la campagne. Dans l ensemble, 11 pour cent des personnes interrogées ont déclaré avoir eu connaissance de la campagne SEXINFO. Dans l analyse à une variable, les jeunes Afro-Américains étaient davantage susceptibles de signaler qu ils avaient été sensibilisés que les autres groupes ethniques (16 pour cent contre 9 pour cent, odd-ratio [OR] = 2,02; intervalle de confiance 95 % [IC] = 0,96; 4,23; P = 0,06). Les jeunes vivant dans les zones géographiques ciblées étaient beaucoup plus susceptibles d avoir eu connaissance de la campagne (20 pour cent contre 8 pour cent, OR = 2,88; IC 95 % = 1,39; 5,37; P = 0,004) que les participants plus jeunes entre 12 et 18 ans (23 pour cent contre 6 pour cent, OR = 5,03; IC 95 % = 2,39; 10,58; P 0,001) ou que ceux 3
ayant le fournisseur de téléphonie cellulaire le moins cher (21 pour cent contre 5 pour cent, OR = 5,00; IC 95 % = 2,26; 11,10; P 0,001). Afin d approfondir l évaluation de la portée démographique de la campagne de marketing menée d août à novembre 2006, le personnel travaillant dans le domaine de la santé publique a interrogé 214 jeunes supplémentaires, âgés de 12 à 24 ans, dans dix sites de San Francisco. Dans l ensemble, 44 pour cent des jeunes interrogés se sont rappelé avoir vu des annonces pour SEXINFO. Comme pour l enquête précédente, 93 pour cent des jeunes ayant vu la campagne étaient afroaméricains, 77 pour cent vivaient dans les quartiers ciblés et 90 pour cent possédaient un téléphone cellulaire. Ceux qui avaient vu la campagne étaient plus susceptibles d être préoccupés par la question des MST, et 79 pour cent ont déclaré être extrêmement préoccupés par la question des maladies sexuellement transmissibles (9 ou 10 sur une échelle allant de 1 à 10). Parmi ceux qui ont vu la publicité, près de 10 pour cent ont envoyé un SMS au service SEXINFO. Les jeunes ayant envoyé des SMS étaient d âge similaire (écart-type moyen ± 15,6 ± 1,7 ans) à ceux ayant vu la publicité, mais n ayant pas utilisé le service (15,6 ± 2,6 ans), mais plus jeunes que ceux ayant déclaré n avoir pas du tout vu la publicité (18,1 ± 3,2 ans; P = 0,03). Ceux qui ont vu la publicité ont déclaré que la fonction d envoi de SMS et l accessibilité du programme par téléphone cellulaire avaient attiré leur attention. Prochaines étapes SEXINFO est un moyen de communication innovant permettant de faire passer aux jeunes des éléments d information sur la santé sexuelle et de les orienter vers les services compétents. S appuyant sur les données de l évaluation préliminaire, il se sert de l une des façons privilégiées aujourd hui par les jeunes pour accéder à l information et offre un moyen très spécifique de toucher les jeunes des familles à faible revenu. La prochaine étape consiste à étendre le marketing et à offrir de nouvelles fonctions, ainsi qu à mener une recherche plus rigoureuse sur l efficacité de l initiative à réduire la transmission des maladies. Grâce à de modestes subventions accordées par des fondations privées, les services sont accrus et améliorés. Après une évaluation supplémentaire, SEXINFO pourrait facilement être reproduit dans d autres villes et d autres États ou pourrait devenir un service national pour tous les jeunes Américains. Conclusion L envoi de SMS est un moyen réalisable et culturellement acceptable pour donner aux jeunes à risque des éléments d information sur la santé sexuelle et pour les orienter vers des services liés à la santé sexuelle et à la santé de la reproduction. Les données de l évaluation préliminaire montrent invariablement qu il existe des 4
rapports encourageants entre les facteurs de risque démographiques et géographiques en ce qui concerne les MST et le degré de sensibilisation à la campagne. Tableau 1 : tous les messages du service d'information et d orientation SEXINFO, classés par fréquence de sélection sur une période de 25 semaines, San Francisco, Californie, avril-octobre 2006 Classement Code (message) Nombre de demandes 1 A1 (si ton préservatif s'est 532 déchiré) 2 C3 (pr en savoir + sur les 486 MST) 3 B2 (si tu penses ê 372 enceinte) 4 D4 (pr en savoir + sur le 277 VIH) 5 E9 (si tu as des relations 199 sexuelles) 6 F6 (si ton/ta partenaire te 181 trompe) 7 F8 (si tu n'es pas sûr de 158 vouloir avoir une relation sexuelle) 8 E7 (si tu penses être gay) 110 9 E5 (besoin de parler à qqn 78 maintenant) 10 G11 (si tu n'as nulle part 59 où aller) 11 F10 (si qqn te fait du mal) 44 Remarque : MST = maladie sexuellement transmissible. [PHOTO CAPTION] Exemple de prospectus utilisé pour promouvoir SEXINFO. 5
À propos des auteurs Au moment de l enquête, Deborah Levine travaillait auprès d Internet Sexuality Information Services, Inc. d Oakland, Californie; Jacqueline McCright au San Francisco Department of Public Health, Californie; Loren Dobkin à la School of Public Health de l Université de Californie, Berkeley; Andrew J. Woodruff à la School of Public Health de l Université de Californie, Berkeley, et à ISIS-Inc d Oakland, Californie; Jeffrey D. Klausner au San Francisco Department of Public Health, Californie. Les demandes de reproduction de ce document doivent être adressées à Deborah Levine, Internet Sexuality Information Services, 436 14 th St, Oakland, CA 94612, États-Unis (courriel : deb@isis-inc.org). Ce rapport a été accepté le 31 juillet 2007. Collaborateurs D. Levine est à l origine du concept et de la mise en œuvre du programme; elle a également rédigé le résumé. J. McCright a apporté son aide pour les groupes de discussion, la mise en œuvre et le marketing. L. Dobkin a effectué les enquêtes et a réalisé certaines analyses de données. A.J. Woodruff a corrigé le rapport et a procédé à certaines analyses de données. J.D. Klausner a contribué à la conceptualisation et à l évaluation du projet et a organisé le financement du programme pilote. Remerciements Cette étude a été financée en partie grâce au don de la Fondation Kwan-E à la School of Public Health de l Université de Californie, Berkeley. L évaluation a été financée par le Full Circle Fund ainsi que par la ville et le comté de San Francisco. Nous remercions Alonzo Gallaread et les membres du programme Youth United Through Health Education, le personnel de la section MST du San Francisco Department of Public Health, Reveal Communications, Rubye D. Peeples, Shelley Ball, Raul Cabra, Janet Kornblum, Jacob Moody et les partenaires communautaires du quartier Bayview Hunter s Point de San Francisco. Protection des participants En tant que procédure de santé publique, la présente évaluation n a pas été considérée comme de la recherche. Il n a pas été nécessaire d obtenir au préalable l accord des participants. 6
Références i Sexually Transmitted Disease Prevention and Control Services. Increasing gonorrhea among African American heterosexuals in San Francisco: health advisory, (avis sanitaire disponible uniquement en anglais), 28 mars 2006, San Francisco, Californie, San Francisco Department of Public Health, 2006. ii Dobkin L., Kent C., Klausner J., McCright J., Kohn R., Levine D., Is text messaging key to improving adolescent sexual health?, J Adolesc Health, 2007 : 40 (suppl) 514. Article disponible uniquement en anglais. iii Lenhart A., Madden M., Hitlin P., Teens and Technology: Youth Are Leading the Transition to a Fully Wired and Mobile Nation. Document disponible uniquement en anglais sur http://www.pewinternet.org/ppf/r/162/report_display.asp. Consulté le 11 avril 2007. iv Teenagers to get safe sex texts, BBC News, 10 novembre 2004. Disponible uniquement en anglais sur http://news.bbc.co.uk/1/hi/health/3993963.stm. Consulté le 11 avril 2007. v Moss N., Gallaread A., Siller J., Klausner JD., Street Medicine : collaborating with a faithbased organization to screen at-risk youths for sexually transmitted diseases, Am J Public Health, 2004, 94: 1081-1084. Document disponible uniquement en anglais. 7