Séance 1 : Introduction aux théories et aux paradigmes

Documents pareils
Problématique / Problématiser / Problématisation / Problème

Consolidation de fondamentaux

Master européen en traduction spécialisée. Syllabus - USAL

«Une bonne thèse répond à une question très précise!» : comment l enseigner?

Chapitre 2 : Abstraction et Virtualisation

Projet : Ecole Compétences Entreprise ECONOMIE TECHNICIEN/TECHNICIENNE EN COMPTABILITE

Gestion des données énergétiques GDE (EDM)

Cloud Computing. Une feuille de route pour la France

La pratique du coaching en France. Baromètre 2010

Formation à la systémique pour consultants et personnels RH

La Carpa, outil d auto-régulation de la profession d avocat et de lutte contre le blanchiment d argent

ÊTRE ADOLESCENT, VIVRE, AIMER, SÉDUIRE À L ÈRE DU NUMÉRIQUE. ADOPTONS LE

Ce que nous rencontrons dans les établissements privés : 1-Le réseau basique :

Règlement du concours 400 Coups «Selfie»

Baromètre Bretagne Culture Diversité

Le coaching centré sur la solution

MANUEL D UTILISATION DE LA SALLE DES MARCHES APPEL D OFFRES OUVERT ACCES ENTREPRISES. Version 8.2

LE CADRE COMMUN DE REFERENCE LA CONVERGENCE DES DROITS 3 e forum franco-allemand

UE 4 Comptabilité et Audit. Le programme

La vie privée à l ère du numérique : approches philosophiques et informatiques

GRILLE D ANALYSE D UNE SEQUENCE D APPRENTISSAGE

Section 1. Actions de formation organisées ou agréées par l administration en vue de la préparation aux concours et examens professionnels

La diffusion des technologies de l information et de la communication dans la société française

TPE/PME : comment me situer et justifier de mon statut?

à moyen Risque moyen Risq à élevé Risque élevé Risq e Risque faible à moyen Risq Risque moyen à élevé Risq

Soutenance. Les enjeux de l attention. Elvire Fotso Fabien Lainé 30/06/10

V 8.2. Vous allez utiliser les services en ligne de la plate forme de dématérialisation de la Salle des Marchés achatpublic.com.

Le coaching d entreprise. Réalisé par: Tarik KELLAF

concevoir, mettre en œuvre et maintenir un réseau informatique

FINANCEMENT DE «PARTENAIRE PILOTE»

«Est-ce que mon enfant est à risques?» Sécurité sur la rue

La Tête à Toto par Henri Bokilo

Rapport sommaire Chaîne d approvisionnement des solutions de réseaux (CASR) Webinaire sur la consultation avec les fournisseurs Division des Réseaux

LES 11 COMPÉTENCES CLÉ DU COACH SELON LE RÉFÉRENTIEL ICF OBJECTIFS CERTIFICATION PRINCIPES ET ORIENTATIONS

GLSE301 - TP séance 7 : Travail collaboratif à distance

FICHE METIER. «Opérateur de prises de vue» Opérateur de prises de vue vidéo. Cadreur. Pointeur vidéo APPELLATION(S) DU METIER DEFINITION DU METIER

DESJARDINS SÉCURITÉ FINANCIÈRE, COMPAGNIE D ASSURANCE VIE, est partie à une entente avec la Ville aux fins de gérer le régime de retraite établi;

Méthodes de recherches et rédaction des mémoires

L érotisme des problèmes

LICENCE PROFESSIONNELLE ASSURANCE BANQUE - FINANCE

TP Service HTTP Serveur Apache Linux Debian

Master Etudes françaises et francophones

La virtualisation, si simple!

Qu est-ce qu une problématique?

T.D. N 1. 2 : Déterminer les deux côtés du cours de USD/EUR pour une marge sur le cours d équilibre, de : 21 : 4%; 22 : 320 points.

Organisation des enseignements au semestre 7

L AUDIT DE L ETHIQUE DES AFFAIRES,

Votre santé, notre quotidien 2014/

Adapté avec la permission du Ministère de l Éducation, Nouveau Brunswick

FICHE N 8 Photodiversité, d une banque d images à un portail d activités en ligne Anne-Marie Michaud, académie de Versailles

Séquence 4. Comment expliquer la localisation des séismes et des volcans à la surface du globe?

Contenu. N Pages. Formavision: Une approche pratique de la formation 2. Objectifs de la séance 3

Rappel sur les bases de données

Métriques, classements et politique scientifique des Etablissements

MANDAT DU COMITÉ DE PLACEMENT DU FONDS DE PENSION BANQUE DU CANADA

Programme de formation de certification au Coaching PCM

C NoVi Festival 2015 Règlement du concours

ATELIER PARISIEN D URBANISME. Le parc de bureaux parisien et son potentiel de transformation

Plates-formes de téléformation et modèles pédagogiques

Processus de validation des coûts à l appui de l attestation par l DPF

La recherche en soins infirmiers

Les outils de communication essentiels pour démarrer. Animé par : Virginie ROCHAT, Gérante - EBULLISTIK Aurélien PASQUIER, Dirigeant - SCENARII

Évaluation et implémentation des langages

N 2564 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE LOI

SCIENCES DE L ÉDUCATION

Une discipline scolaire

Types de REA produites dans le cadre de la séquence pédagogique

TABLE DES MATIERES. Section 1 : Retrait Section 2 : Renonciation Section 3 : Nullité

Conseil d administration. Du 1 Avril 2011

Systèmes de recommandation de produits Projet CADI Composants Avancés pour la DIstribution

La DRH face aux défis du numérique. Enquête Solucom 2014

Le jeu «Si le monde était un village» Source : Afric Impact

Photos et Droit à l image

RETOUR SUR LA RÉFORME DES ALLOCATIONS D INSERTION

PUBLICITÉ ET CRÉDIT À LA CONSOMMATION. Les modifications apportées par la Loi du 1 er juillet 2010

Avis sur la 1 ère révision du schéma d'aménagement et de gestion des eaux «Nappes profondes de Gironde»

MASTER 2 INFORMATION, COMMUNICATION PARCOURS COMMUNICATIONS NUMÉRIQUES ET ORGANISATIONS

Introduction à la méthodologie de la recherche

Notoriété et perception de l IAE

CHARTE D UTILISATION DES MATERIELS, DE L INTERNET, DES RESEAUX ET DES SERVICES MULTIMEDIAS DANS LE CADRE EDUCATIF DE L ETABLISSEMENT SCOLAIRE

Roland VANDERMEEREN, Conseiller d Etat honoraire, avocat au barreau de Paris (cabinet Gide Loyrette Nouel)

InFlow (Information Flow) : un modèle d application pour la maîtrise de l information appliquée

Ministère délégué à la Sécurité sociale, aux Personnes âgées, aux Personnes handicapées et à la Famille Dossier de presse

LE PLAISIR D APPRENDRE POUR APPRENDRE

Ordonnance sur l engagement d entreprises de sécurité privées par la Confédération

LE PROBLÈME DE RECHERCHE ET LA PROBLÉMATIQUE

Des compétences numériques à la littératie numérique

LE DISCOURS RAPPORTÉ

Conférence. 4 février Daniel Allgöwer, enseignant au CPNV

Formation Conseil - Recrutement

ANNEXE 1 RECOMMANDATIONS DEONTOLOGIQUES APPLICABLES AUX SERVICES SMS+ / MMS+

Organiser, plannifier

MATH ELEMENTS DU CALCUL DES PROBABILITES

Microsoft Excel : tables de données

CECOP. Centre d études et de connaissances sur l opinion publique LES FRANCAIS ET LEUR RETRAITE. Une enquête CECOP/CSA pour Le Cercle des épargnants

Morphosyntaxe de l'interrogation en conversation spontanée : modélisation et évaluations

La formation hybride : une continuité naturelle de formations en présentiel qui utilisent les technopédagogies?

Appel à projets. Numérique éducatif DOSSIER DE CANDIDATURE. Création d un Cours en ligne ouvert et massif (CLOM, en anglais MOOC)

MASTER PROFESSIONNEL

S T A T U T S. l'association des Conseils en Brevets dans l'industrie Suisse (ACBIS) (du 23 novembre 1974 dans la version du 4 mai 2012)

Transcription:

Séance 1 : Introduction aux théories et aux paradigmes 1. Définition du terme «théorie» 1.1 Votre point de vue Proposez une définition générale. Donnez un exemple de théorie. Expliquez son intérêt, son apport.

1.2 Une définition Avoir un raisonnement théorique, abstrait, conceptuel, c est faire des liens entre des observations très diverses entre lesquelles il semble n y avoir aucun rapport. Pour passer de la théorie aux observations sur le terrain et vice-versa, il faut adopter, soit un raisonnement inductif, soit un raisonnement déductif. La démarche inductive signifie que l on commence par observer des faits particuliers puis que l on passe du particulier au général. On «extrapole». La démarche déductive consiste à partir de considérations qui s appliquent assez largement.on passe du général au particulier. Voir la formation des hypothèses.

Une démarche à dominante empirique met l accent sur l induction. L observation tient une place centrale. Une démarche à dominante théorique met l accent sur la déduction. La conceptualisation joue le rôle majeur. Mais le tout est-il si simple? Des désaccords persistent entre les points de vue... Ces désaccords constituent une caractéristique importante de la science en «train de se faire».

1.3 Trois points de vue Pour Karl Popper, la théorie représente un savoir objectif. La vérification des hypothèses constitue le moyen de s assurer du lien entre théorie et réalité. Le positivisme. Pour Paul Feyerabend, le monde n existe pas en dehors de la perception humaine qui est forcément subjective. Une théorie se compose d ensembles plus ou moins cohérents d énoncés idéologiques. Le relativisme. Pour Michel Foucault, la théorie repose à la fois sur l observation et sur les intérêts sociaux. Les théories et idées qui s imposent dans une société sont la plupart du temps en phase avec les intérêts dominants (rapports savoir - pouvoir).

2. Définition du terme «paradigme» 2.1 La définition de Thomas Kuhn Un paradigme correspond à une vision de la société, une façon de voir le monde («la paire de lunettes»). Un paradigme regroupe des chercheurs, des chercheuses qui partagent : (1) une même définition de leur objet de recherche, (2) des problématiques voisines, (3) des démarches méthodologiques proches, (4) un lieu partagé, réel ou virtuel. Un paradigme regroupe souvent plusieurs théories développées parfois par des écoles à différentes époques.

Une idée, voire une théorie considérée comme étant scientifique doit être considérée comme légitime au sein de la communauté des chercheurs. Un chercheur qui fait des recherches au sein d un paradigme est reconnu par ses pairs. Ses idées doivent être largement compatibles avec les idées développées antérieurement. Il y a alors développement cumulatif des sciences. Mais les idées, les théories s affrontent les unes les autres. Il est d ailleurs rare qu en sciences humaines et sociales, un paradigme s impose à long terme. La connaissance scientifique progresse à travers les controverses et peut-être grâce à elles.

2.2 Les paradigmes et les études en communication (1) une même définition de l objet de recherche : la communication, la culture, l information, un média, c est quoi? (2) des problématiques voisines : l importance de partager un questionnement. Exemples : Quel est l impact des films violents sur les enfants? Quelle influence la pornographie a-t-elle sur les jeunes? Comment peut-on voir que les rituels communicationnels sont liés à des structures sociales? Comment les places respectives des femmes et des hommes dans les émissions télévisées témoignent-elles de la structure du patriarcat?

Quelle place les adolescents accordent-ils aux ordinateurs et à Internet dans leur vie? Quels usages les gens font-ils de leurs téléphones mobiles pendant leurs périodes de travail? (3) des démarches méthodologiques proches : approches quantitative ou/et qualitative, étude de documents, analyses d entretiens, etc. Exemples : travail sur le contenus informationnels et culturels, travail sur les échanges d information au sein des réseaux sociaux, travail sur la réception d émissions télévisées, etc. (4) un lieu partagé, réel ou virtuel : une ville (Francfort, Palo Alto par exemple), l entreprise ou l université, etc.