Les Carnets de LÉONARD Sous la direction de Edoardo Villata Textes de Edoardo Villata ed Margherita Romagnoli Pour cette édition 2011, Groupe Eyrolles sur licence de E-ducation.it, Florence ISBN : 978-2-212-54886-0
Codex Atlanticus Milan, Biblioteca Ambrosiana. Le nom de ce codex provient de ses pages grand format (65 x 44 cm) en modèle atlas. C est le plus grand recueil de feuillets de Léonard de Vinci connu à ce jour. À la différence des autres manuscrits, Léonard n a pas lui-même rassemblé ni fait relier le Codex Atlanticus, que l on doit, comme l indique l inscription du XVI e siècle en couverture de la reliure originale, au sculpteur et collectionneur Pompeo Leoni («Disegni di machine et / delle arte segreti / et altre cose / di Leonardo da Vinci / raccolti da / Pompeo Leoni» [«Dessins de machines et / des arts secrets / et autres choses / de Léonard de Vinci / rassemblés par / Pompeo Leoni»]). Pompeo Leoni était entré en possession d un grand nombre des écrits et des dessins de Léonard à la fin du XVI e siècle (un recueil d environ 1750 unités). Craignant que ces derniers ne s égarent, il décida de les coller sur les feuilles de gros albums. Il tenta d opérer une classification des matériaux en suivant un ordre thématique, sans abandonner pour autant l idée de voir se constituer une collection de curiosités de référence. Le manuscrit, qui couvre presque toute la production intellectuelle de Léonard (de 1478 à 1519), revêt un caractère principalement technique et scientifique. Les références à l astronomie, à la chimie, à la botanique, à la géographie physique, aux techniques militaires et à l anatomie n y manquent pas. Un nombre considérable de dessins décrivent des machines de guerre, des catapultes, de grandes arbalètes et des exemples de fortification, ainsi que les premières études pour la rénovation urbaine de Milan et les esquisses et ébauches de tableaux comme l Adoration des mages, la Leda et la Bataille d Anghiari. Ce recueil passa entre les mains du comte milanais Galeazzo Arconati, qui le légua ensuite à la Biblioteca Ambrosiana, où il se trouve encore aujourd hui. M. R.
Arbalète géante Codex Atlanticus, f o 149 recto, anciennement f o 53 verso, 65 x 44 cm, plume et encre sur papier. Milan, Biblioteca Ambrosiana. Selon les plans de Léonard (le feuillet date des années 1485), l arbalète géante devait mesurer 42 coudées florentines de largeur, soit environ 24 mètres, et être montée sur un char de 2 coudées de large pour 40 de long. Le personnage de l arbalétrier en mouvement à côté de la machine permet de se rendre compte des proportions. Les détails sur la gauche du feuillet illustrent un double mécanisme de déclenchement, à percussion et à levier. Sur la droite, se trouve la description du système mécanique à vis qui permet de tendre la corde de l arbalète. M. R. 3
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Arbalète à tir rapide Codex Atlanticus, f o 182 recto-b, anciennement f o 64 verso-b, 65 x 44 cm, plume et encre sur papier. Milan, Biblioteca Ambrosiana. Le feuillet, conçu par Léonard de Vinci vers 1485, propose le dessin d une arbalète et une étude sur la rapidité de tir. Cette machine est composée d une roue à quinze rayons, sur chacun desquels se trouve une arbalète à chargement et à tir automatiques. Le mécanisme à manivelle décrit sur la droite peut être actionné par un seul homme. Il permet de faire tourner la roue tout en chargeant une à une les arbalètes. Sur la gauche est représenté un axe en bois sur pivot qui heurte le support de l arme qui lui fait face, déclenchant ainsi le tir de la flèche. M. R. 40
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Arbalète à tir rapide Codex Atlanticus, f o 1070 recto, anciennement f o 387 recto-a, 65 x 44 cm, plume et encre sur papier. Milan, Biblioteca Ambrosiana. L arbalète est un thème récurrent des croquis de Léonard qui tente à chaque fois d introduire des éléments nouveaux pour accroître la puissance, la vitesse ou la précision de tir de cette arme traditionnelle. Ici, les quatre arbalètes sont montées sur une roue et chargées automatiquement. «Les marcheurs», groupe d hommes chargés du mouvement rotatif de la structure, sont soigneusement protégés par un bouclier en bois. Les arbalètes arrivent grâce au mouvement rotatif devant l arbalétrier qui, placé au centre de la roue, se limite à viser. M. R. 42
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Figures géométriques et bisangoli Codex Atlanticus, f o 459 recto, anciennement f o 168 recto-a, 32 x 44 cm environ, plume et encre sur papier. Milan, Biblioteca Ambrosiana. Cette étude s insère dans le thème général de la quadrature des surfaces curvilignes. Elle fait partie des derniers feuillets produits par Léonard, et remonte à 1517-1518 environ. Une série de figures géométriques composées de bisangoli est présentée dans la colonne de droite. L augmentation progressive du nombre de pyramides permet d obtenir des triangles équilatéraux aux côtés de plus en plus longs, qui contiennent un nombre croissant de bisangoli ; la figure ainsi obtenue est également appelée par Léonard «traforato di rosette» ou «stelle bisangolari». Les différentes formes de bisangoli et leur rapport avec l hexagone sont définis dans la colonne de gauche. M. R. 44
Dispositifs hydrauliques pour l approvisionnement en eau d une tour Codex Atlanticus, f o 1069 recto, anciennement f o 386 recto, 65 x 44 cm, plume et encre sur papier. Milan, Biblioteca Ambrosiana. Ce feuillet décrit des installations de pompage complexes, basées sur le mécanisme de la vis sans fin ou d Archimède, qui permettent d amener l eau à des hauteurs élevées. Ce mécanisme se compose d une structure en tubes enroulés autour d un cylindre immergé, dont le mouvement perpétuel est entretenu par une roue hydraulique. Ce mouvement entraîne la rotation d une manivelle qui pousse le cylindre vers le haut. Cette technique, déjà connue des égyptiens de la XXII e dynastie, est ici magistralement illustrée. Une variante a été introduite dans le dessin de Léonard sous la forme d un système en deux temps obtenu grâce à une double vis. Léonard réalise ce feuillet alors qu il est encore assez jeune, peut-être dans ses premières années florentines, vers 1480-1482. M. R. 46
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Étude d un mur de jardin Codex Atlanticus, f o 988 verso a-b, 19 x 29 cm environ, plume et encre sur papier. Milan, Biblioteca Ambrosiana. Ce feuillet date sans doute de l époque milanaise de Léonard de Vinci, alors qu il fréquentait la cour des Sforza. Les dessins, où apparaissent de nombreux entrelacements propres au style lombard, représentent un mur de jardin appartenant probablement à un «pavillon des délices». Il marque les prémices d une réflexion sur les rapports entre nature et architecture, ou plutôt sur un recours à la nature à des fins architecturales. Cette approche initiale portera bientôt ses fruits : pour Léonard dans la décoration de la Sala delle Asse du château des Sforza, pour Bramante dans le presbytère de Sant Ambrogio à Milan, œuvres remontant aux années 1497-1499. Traditionnellement daté de 1490, ce dessin pourrait avoir été réalisé cinq ans plus tard. E. V. 48 L É O N A R D
Études d un château à plan carré et tours saillantes Codex Atlanticus, f o 129 verso, 30 x 23 cm environ, plume et encre sur papier. Milan, Biblioteca Ambrosiana. Cette planche présente des vues depuis plusieurs points d observation d une forteresse et de ses douves. Les murs d enceinte sont plus bas que les murs intérieurs et des tours circulaires assurent un contrôle visuel permanent sur le territoire. Le sujet des tours basses et arrondies (pour une meilleure résistance aux coups de bombarde) est parmi les plus étudiés en matière architecturale à une époque où la pensée de Léonard révèle une certaine maturité. Le feuillet est daté de 1502-1503, période à laquelle Léonard s engagea pleinement dans le domaine militaire. E. V. 50
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