Exercices sur la sélection naturelle : corrigé

Documents pareils
Séquence 6. Mais ces espèces pour autant ne sont pas identiques et parfois d ailleurs ne se ressemblent pas vraiment.

CHAPITRE 3 LA SYNTHESE DES PROTEINES

1 les caractères des êtres humains.

DECLARATION DES PERFORMANCES N 1

Thème sélection génétique des plantes hybridation et génie génétique

ALGORITHME GENETIQUE ET MODELE DE SIMULATION POUR L'ORDONNANCEMENT D'UN ATELIER DISCONTINU DE CHIMIE

Exercices Alternatifs. Une fonction continue mais dérivable nulle part

Exercices Alternatifs. Une fonction continue mais dérivable nulle part

ÉVALUATION DU TYPE DE DOMMAGE CAUSÉ PAR LA PUNAISE PENTATOMIDE VERTE, ACROSTERNUM HILARE (SAY) SELON LE DÉVELOPPEMENT DES FRUITS

Les tests génétiques à des fins médicales

Exercices de génétique classique partie II

Les dangers de l électricité

Univers Vivant Révision. Notions STE

INFORMATION GÉNÉTIQUE et REPRODUCTION SEXUÉE

La reconnaissez- vous?

Bijsluiter FR versie Collier Propoxur Halsband B. NOTICE 1/5

Quand la peur nous prend, qu est-ce qu elle nous prend? Vivre la crainte, l inquiétude, la panique, l affolement ou la terreur; la peur est

Parasites externes du chat et du chien

PEUT- ON SE PASSER DE LA NOTION DE FINALITÉ?

MONITOR 480 Insecticide Liquide À USAGE RESTREINT

SOCIETE NATIONALE DES CHEMINS DE FER BELGES SPECIFICATION TECHNIQUE

Circulaire relative au monitoring dioxine des produits à risque destinés à l alimentation animale

Génétique et génomique Pierre Martin

Chapitre 2 - Complexité des relations entre génotype et phénotype

Nicolas DEPRUGNEY Julien CARTON 1 SA TPE 1 S. Les Phéromones de la Fourmi

Feuille d exercices 2 : Espaces probabilisés

CHAPITRE 8 PRODUCTION ALIMENTAIRE ET ENVIRONNEMENT

AGRÉGATION DE SCIENCES DE LA VIE - SCIENCES DE LA TERRE ET DE L UNIVERS

Une nouvelle technique d'analyse : La spectrophotométrie

Autorité cantonale de la transparence et de la protection des données ATPrD Kantonale Behörde für Öffentlichkeit und Datenschutz ÖDSB

FICHE N 8 Photodiversité, d une banque d images à un portail d activités en ligne Anne-Marie Michaud, académie de Versailles

La lutte intégrée contre les ravageurs de sol en grandes cultures. Geneviève Labrie

Loi fédérale sur la transplantation d organes, de tissus et de cellules

LUTTE ANTI-VECTORIELLE EN ETABLISSEMENT DE SANTE

Les futures techniques de lutte contre les punaises de lit Taz Stuart

PPMS. Ce recueil de tableaux vous guidera dans la conception et dans la présentation du PPMS de l établissement. Plan Particulier de Mise en Sureté

EVALUATION DU RISQUE CHIMIQUE

Fiche technique n 1 : le logement construction des boxes.

REGLEMENT INTERIEUR DU RESTAURANT SCOLAIRE DE MATIGNON ANNEE 2014/2015

TEST ELISA (ENZYME-LINKED IMMUNOSORBENT ASSEY)

Fiche pédagogique : ma famille et moi

Résumé du suivi phytosanitaire du canola au Centre-du-Québec de 2009 à 2011

SAVAIS-TU QUE DANS MA COUR D ÉCOLE...

NOCOSPRAY CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES UN FONCTIONNEMENT TRÈS SIMPLE DE MULTIPLES OPTIONS PERMETTANT DE S ADAPTER À CHAQUE SITUATION

Transfusions sanguines, greffes et transplantations

Exo7. Probabilité conditionnelle. Exercices : Martine Quinio

Le VIH et votre foie

[REGLEMENT DU REGIME D INDEMNITE DE FIN DE CARRIERE]

Epidémiologie appliquée aux sciences vétérinaires DES DAOA DES - DEA

COMMISSION EUROPÉENNE. Bruxelles, le 19-VII-2006 C(2006)3217 final

Le digital et l assurance Antoine Denoix AXA France. 17 février 2015 / FANAF / Madagascar

Chapitre II La régulation de la glycémie

L ANALYSE EN COMPOSANTES PRINCIPALES (A.C.P.) Pierre-Louis GONZALEZ

Permet plus de souplesse au niveau du raisonnement de la lutte contre les organismes nuisibles

Guide des auxiliaires indispensables : Aphelinus mali, punaises prédatrices et acariens prédateurs

L axe 5 du Cancéropole Nord Ouest

Niveau d assurance de stérilité (NAS) Hôpital Neuchâtelois Sylvie Schneider Novembre 2007

Dr E. CHEVRET UE Aperçu général sur l architecture et les fonctions cellulaires

Mettre la puce à l oreille mais pas de poux! français. Guide anti-poux

REFERENTIEL DE CERTIFICATION APPLICABLE AUX SEMENCES :

Comment retrouver le fichier "bingo" sauvegardé dans l'ordinateur? Socle commun

TABLE DES MATIERES MENTIONS LEGALES INTRODUCTION CHAPITRE 1 : INSTALLATION DE L ALGORITHME CHAPITRE 2 : EXECUTION & OPTIMISATION DU BACKTEST

Résistance du virus de l hépatite C aux nouveaux traitements anti-viraux

C ÉTAIT IL Y A TRÈS LONGTEMPS QUAND LE COCHON D INDE N AVAIT PAS ENCORE SES POILS.

MABioVis. Bio-informatique et la

BACCALAURÉAT TECHNOLOGIQUE

Résultats du monitoring de la grippe aviaire au cours de l année 2014

Dernière mise à jour du 18 juin Remplace la version du 17 février 2012 dans son intégralité.

IMAGINEZ UNE NOUVELLE FACON DE PEINDRE!

JEU VIDEO : UN NOUVEAU COMPAGNON par Colette KELLER-DIDIER

EN QUÊTE DU MONDE. Les nids de fourmis rousses. Présentation de la vidéo... 2 Générique... 2 description... 2 Principaux thèmes abordés...

Le droit de préemption en matière immobilière

Décrets, arrêtés, circulaires

Assurance des véhicules de location

Les puces en élevage de chèvres des Pyrénées (et autres élevages caprins)

HACCP et sécurité sanitaire des aliments

Nouveau Barème W.B.F. de points de victoire 4 à 48 donnes

Surligne les phrases si elles sont justes :

Estimation et tests statistiques, TD 5. Solutions

CORRIGES Plan de la séance

Objectifs, enjeux et problématique

MODE D EMPLOI Boitier de programmation SKY

Les méthodes de luttes : De la protection «systématique» à la Protection Intégrée (P.B.I.)

Les débuts de la génétique

Les renseignements suivants sont destinés uniquement aux personnes qui ont reçu un diagnostic de cancer

NOTES SUR DEUX NOUVEAUX ACARIENS COMMENSAUX DE CHIROPTERES (SARCOPTIFORMES : ROSENSTEINIIDAE) A. FAIN.

Compétitivité des produits laitiers locaux: vers une standardisation du «fènè», un lait spontanément fermenté au Mali

Tuberculose bovine. Situation actuelle

LES MODES D ADAPTATION ET DE COMPENSATION DU HANDICAP : Les personnes handicapées motrices à domicile (enquête HID 1999)

Bac Blanc Terminale ES - Février 2011 Épreuve de Mathématiques (durée 3 heures)

Stabilitéet variabilitédes génomes au cours de la reproduction sexuée

C. Magdo, Altis Semiconductor (Corbeil-Essonne) > NOTE D APPLICATION N 2

Gènes Diffusion - EPIC 2010

De la physico-chimie à la radiobiologie: nouveaux acquis (I)

Connaître vos revenus et vos dépenses

Table des matières. Télécharger MetaTrader 4. Première connexion à MetaTrader 4. Se connecter à MetaTrader 4. Modifier la langue

Transcription:

1 Exercices sur la sélection naturelle : corrigé 1/ Lisez le document suivant : a/ Quelle relation semble exister entre la couleur des phalènes et leur milieu de vie? En milieu rural, la phalène est de couleur claire. En milieu industriel, la phalène est de couleur foncée. Le type d environnement semble donc bien influencer le phénotype des phalènes. b/ Comment pouvez-vous expliquer cette variation (2 sous-espèces) en vous basant sur la théorie de Darwin? En milieu rural, l écorce des arbres sur lesquels se posent les phalènes est de couleur claire. Dans ces conditions, les phalènes exprimant l allèle «couleur foncée», résultat d une mutation survenue au hasard, sont désavantagées dans leur lutte pour la survie car les prédateurs les repèrent beaucoup plus facilement sur les arbres que les phalènes de couleur claire. Les phalènes foncées sont donc davantage mangées par les oiseaux que les phalènes claires. Dans ces conditions, les phalènes claires ont donc plus de descendants que les phalènes foncées, et elles transmettent l allèle «couleur claire» à ceux-ci : l allèle couleur claire se répand dans la population. Les phalènes claires sont alors plus fréquentes que les phalènes foncées dans celle-ci. Par contre, si le milieu s industrialise, le tronc des arbres s assombrit à cause de la pollution. Dans ces nouvelles conditions, exprimer l allèle «couleur sombre» devient un avantage : les phalènes sombres sont moins visibles sur les troncs noirs que les phalènes claires. Elles survivent donc davantage, parce qu elles échappent mieux aux prédateurs, et ont plus de descendants que les phalènes claires. L allèle «couleur sombre» se répand dans la

2 population. Peu à peu, la population de phalènes devient essentiellement constituée de phalènes sombres. 2/ De nombreux insecticides ont été utilisés contre les moustiques. Dans les régions où l utilisation d un même insecticide a été poursuivie pendant une ou plusieurs années, on a constaté des changements dans son efficacité. Document 1 : Evolution de l efficacité des insecticides contre les moustiques Le DDT est un insecticide qui agit sur le système nerveux des insectes. Très efficace au début de son utilisation dans la lutte contre l anophèle (vecteur du paludisme), le pou (vecteur du typhus) et les mouches (dont certaines sont des vecteurs de la dysenterie), une recrudescence de ces maladies a été constatée moins de 10 ans après. Pour comprendre cette inefficacité, des études en laboratoire ont été réalisées sur des moustiques capturés dans le milieu naturel. Le taux de mortalité des moustiques Anopheles culcifacies, soumis à une dose standard de DDT, a été évalué. Chaque point correspond au pourcentage de mortalité dans un échantillon de moustiques prélevé au moment indiqué. Remarque : Des observations semblables ont été faites après utilisation d autres insecticides notamment des composés organophosphorés (esters d alcools divers et d acide phosphorique) Document 2 : Mortalité de trois populations X, Y et Z d une même espèce de moustiques soumises à l action d un insecticide organophosphoré Une étude est réalisée chez des moustiques Culex quinquifasciatus exposés à des doses croissantes d un autre insecticide organophosphoré : le NRCD 167 ou perméthrine. Le taux de mortalité de 3 populations de moustiques de génotypes différents est évalué. La population Y résulte d un croisement entre les populations X et Z.

3 Document 3 L estérase est une enzyme catalysant l hydrolyse (= destruction) de certaines liaisons chimiques dans les insecticides organophosphorés, faisant ainsi perdre sa toxicité à l insecticide. Les cellules de la paroi du tube digestif et celles de la peau des moustiques possèdent de telles estérases. On a constaté que les cellules de la paroi du tube digestif des larves de la population Z (doc.2) ont une concentration en estérase plus de 250 fois supérieure à celle de la population X. Chez l espèce de moustique Culex quinquifasciatus, on a isolé et séquencé le gène qui code pour l enzyme estérase. Les moustiques de la population X possèdent, sur une paire de chromosomes déterminée, deux allèles de ce gène. Ceux de la population Z possèdent sur chaque chromosome de la paire jusqu à 250 copies du même allèle, situées les unes à la suite des autres. Dans un milieu sans insecticide, les moustiques de la souche Z ont, en moyenne, moins de descendants que ceux de la souche X. a/ Observez et interprétez le graphique du document 1. On observeque letaux de mortalité des populations de moustiques Anopheles culcifacies diminue au cours du temps après la pulvérisation régulière de doses standards de DDT. 16 mois après le début des épandages de DDT, on constate que le taux de mortalité des moustiques est de 25 %, ce qui signifie que 25 % de la population de moustiques est «sensible au DDT». Par conséquent, 75 % de la population de moustiques est de phénotype «résistant à l insecticide» Conclusion: L exposition de populations de moustiques à des doses régulières de DDT (ou d insecticide organophosphoré) entraîne une diminution de la fréquence du phénotype

4 «sensible à l insecticide» et une augmentation de la fréquence du phénotype «résistant à l insecticide». b/ Quelles informations retirez-vous du graphique du document 2? Les 3 populations de moustiques d une même espèce, exposées à des doses croissantes d un insecticide organophosphoré, ont des sensibilités différentes : - la population X est très sensible, car le taux de mortalité augmente rapidement pour des concentrations très faibles en insecticide (autour de 0,001 ppm) ; - la population Y a une sensibilité moyenne : le taux de mortalité augmente rapidement pour des concentrations en insecticide comprises entre 0,01 et 0,1 ppm ; - la population Z peut résister à de très fortes doses d insecticide : le taux de mortalité augmente pour des concentrations comprises entre 0,1 et 1 ppm (soit 100 à 1000 fois plus élevées que pour la population X). Or, la population Y est le résultat du croisement entre la population X et la population Z. Comme cette population Y a une sensibilité à l insecticide intermédiaire entre les sensibilités des populations X et Z, cela suggère que la résistance à l insecticide est déterminée génétiquement. c/ Grâce au document 3, expliquez ce qui est responsable de la résistance des moustiques au DDT. Justifiez aussi la différence de sensibilité au DDT observée entre les 3 populations du document 2. La résistance à l insecticide est due à un gène : le gène codant l estérase. La population Z est très résistante à l insecticide parce que les cellules de la paroi du tube digestif et de la peau de ces moustiques ont une concentration en estérase 250 fois plus grande que celle observée dans les cellules des moustiques de la population X. Cette concentration élevée en estérase dans les cellules de la population Z s explique par la présence de 250 copies du même allèle le long de la paire de chromosomes concernée (soit au total 500 copies du gène!). La population X ne possède dans son génome que 2 exemplaires du gène codant l estérase (un sur chaque chromosome de la paire concernée), alors que la population Z possède,elle, 250 copies de ce gène par chromosome. Cette différence dans le nombre de copies du gène explique la différence de sensibilité de ces deux populations au DDT. Comme la population Y est issue du croisement entre les populations X et Z, ces individus possèdent un chromosome issu de chacun des parents, soit un chromosome portant une seule copie du gène et un chromosome portant 250 copies du gène. Les individus de la population Y ont donc un nombre intermédiaire de copies du gène de l estérase, et produisent donc une quantité intermédiaire d estérase. d/ Décrivez par quel mécanisme les populations de moustiques changent lors de l'utilisation du DDT. Une mutation, survenue au hasard, provoque la duplication (= augmentation du nombre de copies) du gène de l'estérase au sein du génome de certains moustiques. Ces moustiques produisent alors davantage d'estérase, ce qui leur confère une résistance au DDT. En conditions normales, ces moustiques porteurs de plusieurs copies du gène de l'estérase ont moins de descendants que les autres : ils présentent un désavantage sélectif.

Par contre, en présence de DDT, la production augmentée d estérase leur procure un avantage sélectif. Ils sont alors favorisés dans leur lutte pour la survie et ils ont davantage de descendants que les moustiques sensibles. Les moustiques résistants transmettent leur caractéristique de résistance (= nombreuses copies du gène de l'estérase) à leur descendance. Progressivement, les moustiques résistants deviennent donc de plus en plus fréquents dans la population. 5