Item 16, 17, 20 et 21 : Alimentation de la femme enceinte



Documents pareils
Projet de grossesse : informations, messages de prévention, examens à proposer

Tâche : Comparer l étiquette de produits alimentaires afin de connaître leur valeur nutritive.

Nutrition et santé : suivez le guide

Protéines. Pour des Canadiens actifs. De quelle quantité avez-vous besoin?

Alimentation durant la grossesse et la période d allaitement

L information nutritionnelle sur les étiquettes des aliments

À compter de 2010 les codes du chapitre XVI ne doivent plus être employés au-delà de 2 ans. Créé le 1 er Mars 2011

GRENADE / GARONNE 30 janvier Centrale de Restauration MARTEL Maryse LAFFONT, Diététicienne

L équilibre alimentaire.

MAÎTRISER LA LECTURE DES ÉTIQUETTES NUTRITIONNELLES

Qui sont-ils? Pedro. Tamacha. 9 En quantité, Tamacha mange suffisamment, mais son alimentation n est pas satisfaisante en qualité.

Lundis de la Santé - Brest 12 Décembre Tabac et Grossesse M. COLLET

LE GRAND LIVRE Du. Pr Jean-Jacques Altman Dr Roxane Ducloux Dr Laurence Lévy-Dutel. Prévenir les complications. et surveiller la maladie

Besoins Nutritionnel. Besoins. ANC / Besoin. 3 niveaux : Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes

Le VIH et votre cœur

Le test de dépistage qui a été pratiqué à la

Consommez moins de sodium pour réduire votre pression artérielle. Information sur le sodium alimentaire.

Maternité et activités sportives

Information destinée aux patients et aux proches. Comment s alimenter après une diverticulite? Conseils nutritionnels pour le retour à domicile

GUIDE D INFORMATIONS A LA PREVENTION DE L INSUFFISANCE RENALE

Comment mieux informer les femmes enceintes?

lire les Étiquettes et trouver les sucres cachés

Conférence de Presse 11/09/2013. «Système de Surveillance de la Santé Périnatale au Luxembourg»

Alimentation du nourrisson et de l enfant en bas âge. Réalisation pratique


Allégations relatives à la teneur nutritive

Surpoids et obésité de l adulte : prise en charge médicale de premier recours

epm > nutrition Formation & Conseil

LA SANTÉ VIENT EN MANGEANT ET EN BOUGEANT. Le guide nutrition. pendant et après. la grossesse

Auriol : le service public de la Restauration scolaire

«Bien manger» et «bouger», c est important pour les ados

MARS rapport d analyse. étude de la situation nutritionnelle des enfants vus par Médecins du Monde à Mayotte

ATELIER SANTE PREVENTION N 2 : L ALIMENTATION

L APS ET LE DIABETE. Le diabète se caractérise par un taux de glucose ( sucre ) trop élevé dans le sang : c est l hyperglycémie.

Assemblée Générale ASSOCIATION DES MAIRES RURAUX DU PUY-de-DÔME. La nouvelle règlementation Nutrition pour les cantines scolaires

CLINIMIX AVIS DE LA COMMISSION DE LA TRANSPARENCE

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 19 octobre 2011

Kenwood Limited, New Lane, Havant, Hampshire PO9 2NH, UK /2

Hygiène, sécurité et équilibre alimentaires dans les accueils collectifs de mineurs (ACM)

Du lait... aux petits plats Comment diversifier l alimentation de votre enfant? Conseils pratiques

SANTÉ. E-BOOK équilibre. stop. cholesterol diabete hypertension. Réduire le cholestérol, l hypertension et le diabète SANS MEDICAMENT!

En savoir plus sur le diabète

le guide du végétarien débutant Bases de la nutrition végétarienne, menus, recettes...

Atelier N 2. Consultation de patientes porteuses d une maladie générale

Mairie de SAINT DIDIER SOUS RIVERIE Téléphone : Télécopie : MARCHE PUBLIC DE FOURNITURES COURANTES ET SERVICES

Ma vie Mon plan. Cette brochure appartient à :

Manger et bouger entre 12 et 36 mois

Rentrée 2014 Francine Eichenberger Diététicienne

Tableau récapitulatif : composition nutritionnelle de la spiruline

epm > nutrition Formation & Conseil

Un outil unique pour faire découvrir aux tout-petits le plaisir de cuisiner!

L obésité et le diabète de type 2 en France : un défi pour la prochaine décennie. DANIEL RIGAUD CHU de Dijon

Le test de dépistage qui a été pratiqué à la

Table des matières Introduction Chapitre*1*:*De*la*matière*sérieuse Chapitre*2*:*Clair*comme*de*l eau*de*roche


Alimentation du nourrisson et de l enfant en bas âge. Réalisation pratique

Service d ambulance. Normes. de soins aux patients. et de transport

Livret de Messages Clés

Les gencives et la santé générale. Qu est-ce qu une maladie des gencives? d autres types de problèmes de santé ou en causer de nouveaux.

Boughanmi Hajer. JAOUA Noureddine. Membre du bureau exécutif de l OTEF

Quoi manger et boire avant, pendant et après l activité physique

Le traitement du paludisme d importation de l enfant est une urgence

RÉPERTOIRE RELÈVE SCIENTIFIQUE AU SERVICE DES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES. 2 e édition

Factsheet Qu est-ce que le yogourt?

BASES DE L ENTRAINEMENT PHYSIQUE EN PLONGEE

Pour ou contre le gluten? Qu est-ce que le gluten?

Biométrie foetale. Comité éditorial pédagogique de l'uvmaf. Date de création du document 01/ Support de Cours (Version PDF) -

Qui sont-ils? D où viennent-ils? Où sont-ils?

Femmes, prenez soin de votre cœur! LIVRET DE PREVENTION

Les aliments de l intelligence

Le diabète de type 1 UNSPF. Ségolène Gurnot

MIEUX VAUT PRÉVENIR QUE GUÉRIR...

Le traitement en effet est, au début, une épreuve pour tout le monde : la malade d abord, les parents ensuite et même les thérapeutes.

Logiciels d éducation à la Nutrition et à l activité physique

Les Jeudis de l'europe

Suivi de la grossesse et orientation des femmes enceintes en fonction des situations à risque identifiées

ÉDUCATION Côtes d Armor. Collèges publics. Charte de la restauration collective DIRECTION JEUNESSE PATRIMOINE IMMOBILIER

«Boire est un besoin, mais c est aussi un plaisir, un acte social lors d évènements ou de bons moments»

L HYPERTENSION ET LES MALADIES DU COEUR COMMENT CONTRÔLER VOTRE PRESSION ARTÉRIELLE ET RÉDUIRE VOTRE RISQUE DE

2.1. L'évolution de l alimentation en France

Les nutriments dont notre corps a besoin

RECOMMANDATION NUTRITION

Titre : «CYCLISME ET DIABETE DE TYPE 1» Auteur(s) : Docteur Karim BELAID. Catégorie : Médecine du Sport - Diaporama, 20 vues.

Les graisses dans l alimentation infantile

Information pour les patients dialysés qui prennent du chlorhydrate de sévélamer (RENAGEL)

Charte nutritionnelle

SPECIALITE : RESTAURATION À LIRE ATTENTIVEMENT AVANT DE TRAITER LE SUJET

REHABILITATION DE LA FRICHE INDUSTRIELLE DE L ESTAQUE. Surveillance médico-professionnelle des entreprises intervenantes

La Vache qui rit. CHARTE D ENGAGEMENT VOLONTAIRE DE PROGRÈS NUTRITIONNELS - Résultats -

CANRISK. Questionnaire canadien sur le risque de diabète. Guide de l utilisateur à l intention des pharmaciens

Livret des nouveaux anticoagulants oraux. Ce qu il faut savoir pour bien gérer leur utilisation

Grossesse et HTA. J Potin. Service de Gynécologie-Obstétrique B Centre Olympe de Gouges CHU de Tours

Nutrition de la conception à l enfance : certitudes et perspectives

Le guide pratique d une GROSSESSE en santé

LA QUESTION DE LA PRISE DE POIDS CHEZ LE FUMEUR EN SEVRAGE TABAGIQUE

ANNEE SCOLAIRE EN COURS

Investir dans l avenir

L assurance maternité des femmes chefs d entreprises et des conjointes collaboratrices. Édition 2013

Pourtant, la preuve est faite, de manière scientifique, que le tabagisme passif comporte des risques réels pour la santé.

Transcription:

Item 16, 17, 20 et 21 : Alimentation de la femme enceinte Collège des Enseignants de Nutrition Date de création du document 2010-2011

Table des matières ENC :...2 SPECIFIQUES :... 2 I Rappels physiologiques :...3 II Objectifs :... 4 III Aliments concernés :... 4 IV Repères cliniques :...4 V Situations particulières :...5 VI Mesures de prévention de la toxoplasmose chez les femmes non immunisées :...6 ENC : OBJECTIFS Expliquer les particularités des besoins nutritionnels d une femme enceinte. Savoir diagnostiquer et connaître les principes de prévention et de prise en charge du diabète gestationnel. Expliquer les principaux facteurs de risque et savoir expliquer les éléments de prévention de la prématurité et du retard de croissance intra-utérin. SPECIFIQUES : Repérer les femmes en âge de procréer qui sont à risque de carences nutritionnelles et leur donner des conseils appropriés, voire une supplémentation transitoire si besoin Eviter les carences nutritionnelles (notamment en protéines, fer, vitamine D et calcium) et promouvoir l éviction des conduites à risque au cours de la grossesse Aider les femmes ayant des conduites à risque à interrompre celles-ci Dépister les troubles du comportement alimentaire (compulsions, accès boulimiques) lors d une prise de poids excessive Favoriser l allaitement maternel

I RAPPELS PHYSIOLOGIQUES : La prise de poids physiologique pendant la grossesse est de 9 à 15 kg. Une prise de poids de plus de 15 kg chez une personne de corpulence normale expose à un risque de complications accrus lors de l accouchement. Une prise de poids de 1kg par mois pendant les 2 premiers trimestres et de 500g par semaine au cours du dernier trimestre est considérée comme normale. Les femmes obèses doivent prendre moins de poids pendant leur grossesse (dans l étude EDEN, 4,5 kg en moyenne sans compter le poids du bébé) que les femmes maigres (10 kg en moyenne). L augmentation des besoins énergétiques est de : 150 kcal/j au 2ème trimestre ; 300 kcal/j au 3ème trimestre ; 500 kcal/j en phase d allaitement. Un apport énergétique < 1500 kcal/j entraîne la production de corps cétoniques (délétères pour le développement cérébral du foetus), un retard de croissance intrautérin, et donc un faible poids de naissance. Un faible poids de naissance (< 2500g à terme) est un facteur de risque d obésité, et de syndrome métabolique à l âge adulte. Le tabac altère le développement placentaire et l alcool est toxique pour le cerveau du fœtus (pas de seuil de risque). Le diabète gestationnel favorise l apparition d une macrosomie (poids de naissance supérieur à 4 kg à terme) et de diabète ultérieur chez la mère et son enfant. La fermeture du tube neural survient au cours des 3 premières semaines de gestation et la carence en acide folique (Vit B9) augmente le risque de spina-bifida. Les apports nutritionnels conseillés en vit B9 sont de 300 µg/j chez l adulte (400 chez la femme enceinte ou allaitante) Une carence martiale est fréquemment présente chez la femme enceinte (23% de déplétion des stocks et 4,5% d anémie chez la femme selon l étude SUVIMAX) / 60 à 75% de déficience et 10 à 30% d anémie en fin de grossesse selon l étude du Val de Marne). Les besoins en fer sont de 25-35 mg/j du 4 au 9 ème mois de grossesse. L absorption du fer non héminique (végétal) est 2 fois plus faible que celle du fer héminique (coefficients d absorption respectifs = 10% et 25%). La vitamine D intervient, au-delà du métabolisme phosphocalcique, sur les mécanismes de différentiation cellulaire. Une carence en vitamine D est quasi constante en fin de grossesse. Les femmes atteintes d obésité allaitent moins fréquemment leur enfant alors que l allaitement est un facteur limitant le risque de développer une obésité ultérieure.

II OBJECTIFS : Prévenir les carences en acide folique, fer et vitamine D Aider les femmes à interrompre les prises de toxiques (tabac, alcool, cannabis ) Identifier les femmes à risque de diabète gestationnel (antécédent familial de diabète ou de macrosomie lors d une précédente grossesse, obésité) Dépister les prises de poids excessives (> 15 kg) ou insuffisantes et les troubles du comportement alimentaire sous-jacents Promouvoir l allaitement maternel chez la femmes obèse III ALIMENTS CONCERNÉS : aliments riches en acide folique : levure, foie : > 200µg/100g salade verte, châtaigne, noix, amandes, pâté de foie : 100-200µg/100g légumes verts, maïs, petits pois, pois chiche, melon, fromages fermentés, œufs : 50-100µg/100g agrumes, bananes, kiwis, céréales complètes : 25-50µg/100g IV REPÈRES CLINIQUES : prendre 3 repas par jour fractionnement de l'alimentation quand vomissements au 1er trimestre, reflux gastro oesophagien Calories : arrêt des restrictions (correction des déséquilibres alimentaires) minimum : 1600 kcal/j Protéines : 1g/kg/j (besoins normalement couverts par une alimentation équilibrée) Fer : supplémentation systématique conseillée dès la fin du premier trimestre, notamment chez les femmes à risque de carence (grossesses rapprochées, faible consommation de viande, antécédent de carence martiale) (50mg de fer métal/j). Calcium : > 1000 mg (allaitement : 1300 mg/j)

Vitamine D : une supplémentation systématique est conseillée à la fin du 2ème trimestre (100 000UI per os en 1 fois) Acide folique (Vit B9) : corriger le déséquilibre alimentaire avant la grossesse ; si peu envisageable, supplémentation systématique par 1 cp de 0,4 mg qui doit être prolongé tout au long de la grossesse car la carence en acide folique favorise également la prématurité et le retard de croissance intra-utérin (en cas d antécédent d anomalie de fermeture du tube neural, majorer la supplémentation à 5 mg d acide folique). Alcool : s abstenir de toute consommation. arrêt du tabagisme (actif et passif) la supplémentation en vitamine A est contre-indiquée pendant la grossesse (ne pas dépasser 3000 UI/jour au trimestre, car au delà effet tératogène). De même, la consommation de foie (organe de stockage de la vitamine A) en début de grossesse doit être limitée. Il faut donc se méfier des poly-vitamines (contiennent de la vitamine A). prévention de la listériose : informer systématiquement sur les enjeux des mesures de prévention et fournir les éléments de prévention sur un support écrit laissé à la personne en fin de consultation V SITUATIONS PARTICULIÈRES : en cas de maigreur ou prise insuffisante de poids : supplémenter et fractionner les apports alimentaires sur la journée pas de dosage des paramètres lipidiques pendant la grossesse ; si dyslipidémie antérieure : corriger les déséquilibres alimentaires séronégativité pour la toxoplasmose : éviter le risque de contamination par des mesures spécifiques de prévention comprenant la démarche suivante : information orale sur les enjeux et les précautions à prendre, et délivrance d un support écrit avec tous les éléments

VI MESURES DE PRÉVENTION DE LA TOXOPLASMOSE CHEZ LES FEMMES NON IMMUNISÉES : consommer la viande très cuite (les kystes sont détruits par la chaleur) se laver soigneusement les mains après avoir manipulé de la viande crue bien éplucher et rincer à grande eau les légumes et fruits consommés crus, ainsi que les herbes aromatiques éviter le contact avec les chats et surtout de toucher ce qui a pu être contaminé par leurs déjections ne jardiner qu avec des gants et se laver les mains après