Évaluation de la semaine de la vaccination Résultats et recommandations Volet quantitatif

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Transcription:

Évaluation de la semaine de la vaccination Résultats et recommandations Volet quantitatif I. Introduction La semaine (européenne) de la vaccination (SEV) est un dispositif organisé chaque année depuis 2005 par l OMS Europe. Cet événement s est mis en place au fur et à mesure dans plusieurs régions OMS et commence à être relayé comme semaine mondiale de la vaccination. En effet en 2012, ce sont plus de 150 pays dans le monde entier qui y ont participé dont plus de 50 pays européens. La France, quant à elle, a débuté son implication dans ce programme dès 2006 dans le cadre d un partenariat DGS (Direction générale de la santé)/inpes. Depuis sa mise en place en France, le nombre de régions françaises participant n a cessé d augmenter, touchant en 2011 et 2012, pour la première fois, la totalité des régions via les agences régionales de santé (ARS). Chaque année le thème de la semaine européenne de la vaccination est national et décidé par le ministère de la santé. L Inpes soutient les ARS afin qu elles puissent organiser la SEV au sein de leur région et départements et mettre en place des actions de proximité. La SEV 2012 s est tenue du 21 au 27 avril 2012 et avait pour thème prioritaire : la vaccination des adolescents et des jeunes adultes. Le but de la semaine européenne de la vaccination est de sensibiliser la population générale sur l importance de la vaccination. Elle a donc pour objectif d informer et de communiquer sur la vaccination et ses enjeux c est-à-dire : rappeler l importance de la vaccination comme prévention essentielle de certaines maladies infectieuses, aider le grand public à mieux comprendre les bénéfices individuels et collectifs de la vaccination, inciter la population à faire vérifier son carnet de santé ou de vaccination et à procéder aux vaccinations et/ou rattrapages recommandés, et enfin, informer les professionnels de santé des actualités et des enjeux du calendrier vaccinal Depuis sa mise en place, très peu d études ont été consacrées à l évaluation de l impact de cette semaine. Ainsi, le département évaluation et expérimentation de la direction des affaires scientifiques à l Inpes a été sollicité pour évaluer ce dispositif. Après six ans d existence, ce sont trois études [deux quantitatives et une qualitative (chacune touchant un public particulier)], qui ont été mises en place suite à la SEV 2012. Nous présenterons ici le volet quantitatif. II. Méthode A. Pour les 15-35 ans La population cible de la SEV 2012 étant les adolescents et les jeunes adultes, nous avons choisis d interroger les 15-35 ans dans le mois qui a suivi la SEV, soit du 10 au 15 mai 2012. Un échantillon national représentatif de cette population résidant en France métropolitaine a été interrogé sur cette période par internet via un access panel d internautes. La représentativité de

l échantillon a été assurée par la méthode des quotas appliquée aux variables: sexe, âge, profession du chef de famille, région et catégorie de l agglomération. Au total, ce sont 2 030 jeunes qui ont été inclus dans notre étude. Nous nous sommes d abord intéressés à leurs opinions, perceptions et connaissances de la vaccination. Puis, ils ont été interrogés sur leur connaissance et leur participation à la SEV. L impact de cette derrière a été mesuré en évaluant le pourcentage d entre eux ayant profité de la SEV pour faire vérifier leur carnet de vaccination, et/ou mettre à jour leurs vaccinations contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP), la rougeole, les oreillons, la rubéole (ROR), contre le virus de l hépatite B (VHB) et contre le méningocoque. Leurs intentions d adopter ces comportements ont également été étudiés. B. Pour les médecins généralistes Les entretiens téléphoniques ont été menés du 14 au 31 mai 2012 soit également dans le mois suivant la SEV auprès d un échantillon national de 803 médecins généralistes représentatifs de médecins généralistes exerçant en libéral, déclarés comme médecins traitants. La représentativité de l échantillon a été assurée par la méthode des quotas appliquées aux variables suivantes : le sexe, l âge, le type de cabinet (individuel, ou en groupe), et la région. Comme pour les 15-35 ans nous nous sommes d abord intéressés à leurs opinions, perceptions et connaissances de la vaccination. Puis, ils ont été interrogés sur leur connaissance et leur participation à la SEV. L impact de cette derrière a été mesurée en évaluant le pourcentage d entre eux ayant profité de la SEV pour aborder le sujet de la vaccination avec leurs patients âgés de 15 à 35 ans, vérifier les carnets de vaccination de leurs patients âgés de 15 à 35 ans, et/ou mettre à jour leurs vaccinations contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP), la rougeole, les oreillons, la rubéole (ROR), contre le virus de l hépatite B (VHB) et contre le méningocoque. Leurs intentions d adopter ces comportements ont également été étudiés. Analyse TCP Tant pour les 15-35 ans que pour les médecins généralistes, et afin de mesurer l impact de la SEV sur l intention de (faire) vérifier les carnets de santé, et de (se faire) vacciner, nous avons choisis des indicateurs de santé construits selon les théories et méthodes psychosociales sur les comportements de santé, et utilisé la Théorie du Comportement Planifié (TCP) (Ajzen, 1991). En effet selon la TCP, un comportement de santé est déterminé par l intention comportementale. Cette dernière est déterminée, elle, par plusieurs déterminants dont l attitude (opinion de la personne par rapport au comportement de santé), l attitude affective (craintes à adopter le comportement), la norme (opinion des proches par rapport au comportement de santé), le contrôle comportemental (opinion de la personne sur sa facilité à adopter le comportement de santé), le regret anticipé (inquiétude ressentie de ne pas adopter le comportement de santé dans un futur proche). Ces déterminants ont été étudiés sur les 15-35 ans et/ou les MG. Pour analyser les résultats donnés, les réponses aux questions ont été transformées en échelle numérique (pas du tout d accord = 1, plutôt pas d accord = 2, plutôt d accord = 3, tout à fait d accord = 4). Une moyenne de l ensemble des réponses obtenues a été calculée sachant qu une moyenne supérieure à trois permet d espérer un changement de comportement. Une comparaison de moyenne a également été réalisée entre les personnes exposées et non exposées (connaissance de l évènement ou pas, participation ou non). Le même procédé a été utilisé avec les médianes.

III. Résumés des résultats et discussion A. Pour les 15-35 ans Notre étude montre que la SEV a une notoriété (36%) et une participation (6%) satisfaisante chez les 15-35 ans du fait de la faible médiatisation de ce dispositif, et que la totalité des régions françaises sont impliquées sur le dispositif que depuis la deuxième année consécutive. Les médias (72%) sont les principaux relais d information suivi des professionnels de santé (30%). Ces derniers ont eu un rôle prépondérant pour vérifier leur carnet de vaccination et les vacciner si besoin (actions phares répertoriée). Parmi les actions ayant eu un impact sur les jeunes, on peut également noter le dispositif mis en place au moment des Journées Défense et Citoyenneté (10% des jeunes âgés de 17 ans) qui permet de sensibiliser tous les jeunes à la vaccination sans discrimination : une action phare à développer. Nos résultats montrent que 25% d entre eux ont fait vérifier leurs vaccinations dans le moins autour de la SEV, et que 1% à 3% de l ensemble des jeunes interrogés ont profité de la SEV pour mettre à jour leur vaccination et/ou se faire vacciner si besoin (3% des vaccinations contre le DTP, 2% contre le ROR et le VHB, et 1% contre le méningocoque ont un lien direct avec la SEV). Même si les jeunes ayant adopté ces comportements sont majoritairement en faveur de la vaccination (95% des participants sont favorables à la vaccination dont 50% pour tous les vaccins), on voit que la SEV à un impact non négligeable et leur donne une occasion (supplémentaire) de mettre à jour leur(s) vaccination(s). En termes d intention d adopter les deux comportements cités ci-dessus, nous avons regardé chez les jeunes les plus en retrait 1 de la vaccination si des évolutions dans leurs comportements pouvaient être observées suivant leur connaissance/participation à la SEV. Les résultats obtenus en appliquant la théorie du comportement planifié (TCP, Ajzen, 1991) nous permettent de mieux appréhender l image que représente la vaccination chez ces jeunes. De façon générale et pour l ensemble des déterminants étudié autour de l intention de faire vérifier son carnet de vaccination et de se faire vacciner si besoin, les résultats des moyennes et des médianes sont tous inférieur à 3. Ainsi, même si quelques différences significatives apparaissent lorsque les jeunes ont eu connaissance de l évènement ou y ont participé, il est difficile d espérer une adoption de ces comportements par ces 15-35 ans, vu que nos résultats restent inférieurs à 3. Aussi, nos résultats montrent que le bénéfice ressenti de la vaccination par les 15-35 ans reste faible et que la crainte des piqûres et des complications est un argument important pour ne pas se faire vacciner auprès des personnes les plus en retrait de la vaccination et déclarant qu il ne sera pas facile pour eux de se faire vacciner (raison donnée par 38% (ROR) à 58% (VHB) d entre eux). Les faibles moyennes et médianes obtenues pour le regret anticipé nous permet également de montrer que le danger de la maladie, de la transmission de la maladie à autrui, n est pas perçu. En effet, même si un vaccin a été prescrit par le médecin, ne pas se faire vacciner au cours de la prochaine consultation médicale ne génère pas d inquiétude. Ces résultats peuvent être mis en regard de l évaluation de leurs connaissances sur le fonctionnement des vaccins et de leurs sûretés, et sur les maladies contre lesquelles ils protègent. Elles sont clairement à améliorer. 1 Personnes déclarant ne pas avoir fait vérifier son carnet de santé au cours des deux derniers mois, ou n étant pas à jour ou non vacciné pour le vaccin étudié

L avantage est que les 15-35 ans sont demandeurs d information sur ce sujet : plus des 2/3 d entre eux déclarent vouloir savoir pourquoi il est important de se faire vacciner contre la rougeole, la diphtérie, la poliomyélite, l hépatite B et/ou le méningocoque. Enfin, concernant le contrôle, nos chiffres pointent le fait que l accès et l accessibilité représentent un frein à la vaccination (près de 50% des personnes non à jour ou non vaccinés pour un des vaccins étudiés considère qu il n est pas facile de se faire vacciner : manque de temps, crainte des effets secondaires, non convaincus par l utilité). Pour l ensemble des 15-35 ans inclus dans notre étude, les deux dispositifs les plus efficaces à mettre en place pour leur permettre d être à jours dans leurs vaccinations seraient qu il soit possible de se faire vacciner sur les lieux de vie qu ils fréquentent régulièrement (travail, université, école) et/ou que le médecin puisse disposer du vaccin au moment de la consultation (21% et 42% respectivement). Ainsi, ces résultats montrent, par l étude de ces déterminants de santé appliquant la Théorie du Comportement Planifié, que la vaccination ne semble pas être un sujet qui préoccupe les jeunes de 15-35 ans, et ne fait pas partie de leurs priorités. Ainsi, pour ces jeunes, en plus de mettre en place une pédagogie autour de la vaccination (informations sur le fonctionnement d un vaccin, sur l intérêt de la vaccination, et sur les maladies graves contre lesquels ils protègent), un des leviers serait de faciliter l accès par une consultation «tout en un» chez un médecin (information, vérification du statut vaccinal et vaccination immédiate si besoin), et/ou qu il soit possible de se faire vacciner sur des lieux fréquentés régulièrement (travail, université, école). B. Pour les médecins généralistes (MG) Notre étude montre que la notoriété de la SEV chez les MG est plutôt bonne puisque près de 60% d entre eux en ont entendu parler. Ce résultat encourageant est en nette augmentation depuis la mise en place de cet évènement. Les principaux canaux d information recensés sont les médias (78%) dont la presse professionnelle (52%). Leur participation à la SEV, quant à elle est constante depuis 2008 et n atteignait encore cette année que 8% de l ensemble des MG interrogés. Malgré des effectifs très faibles, les principales actions auxquelles ils ont pris part sont la discussion privilégiée autour de la vaccination avec leurs patients et/ou leurs confrères (81%), et la vérification du statut vaccinal et/ou la vaccination de leurs patients (81%). En terme de pratiques des MG répertoriées au cours du mois précédent notre étude (et incluant la SEV), ils sont plus des 2/3 à affirmer qu ils ont abordé la vaccination avec leurs patients âgés de 15 à 35 ans et à avoir vérifié leurs carnets de vaccination. Ils sont seulement 61% à les avoir vaccinés. Par ailleurs, ils sont plus nombreux à avoir adopté les comportements autour de la vérification du statut vaccinal et de la vaccination lorsqu ils ont participé à la SEV. Le profil de ces personnes nous renseigne sur le fait que ce sont des MG majoritairement en faveur de la vaccination, ne réalisant jamais d actes particuliers, et actualisant plus d une fois par an leurs connaissances sur la vaccination. Les MG adoptant les comportements prônés par la SEV sont majoritairement des MG en faveur de la vaccination. De ce fait, les changements de comportements que l on voit dans notre étude peuvent être difficilement assimilables aux effets de la SEV, mais seraient plus le reflet d un groupe de personnes pro-vaccinations adoptant déjà les comportements que l on évalue.

Les résultats sur l intention utilisant la théorie du comportement planifié (TCP, Ajzen, 1991) montre que l ensemble des MG ont l intention d adopter les trois comportements mentionnés ci-dessus (toutes les moyennes pour chacun des déterminants étudiés sont supérieures à 3). Cependant, les MG ayant participé à la SEV déclarent avoir plus de facilités à aborder la vaccination avec leurs patients âgés de 15 à 35 ans, à vérifier leur statut vaccinal et à les vacciner si nécessaire. Les difficultés rencontrées pour les MG déclarant qu il ne serait pas facile pour eux de vérifier le carnet vaccinal des jeunes et les vacciner sont dans plus de 90% des cas imputables au patient : la non-priorité de la vaccination pour ces patients (84%), l oubli (de prendre un rendez-vous, de venir avec le vaccin) (75%), la crainte des effets secondaires (69%). Cependant, plus de la moitié des raisons sont également imputables au MG par oubli (41%), manque de temps (21%), méfiance à l égard de certaines vaccinations (5%). Les raisons de non vérification du statut vaccinal sont donc majoritairement imputées aux jeunes, mais aussi à plus de 50% aux MG. Nous avons profité de cette étude pour mieux appréhender leur savoir vis-à-vis de la vaccination c est à dire sur le fait qu ils se considèrent à jour des connaissances sur la vaccination, que ces dernières leurs permettent de répondre sans difficultés aux questions de leurs patients et leurs permettent de les convaincre de se faire vacciner. Plus de 90% d entre eux ont répondu favorablement à chacune de ces questions. Cependant, moins de 40% d entre eux sont tout à fait d accord. Ces chiffres sont le reflet d une connaissance succincte et peu approfondie du sujet. Leur permettre d avoir un accès facile et rapide à des informations fiables, neutres, objectives et actualisées sur la vaccination, serait-il un dispositif à envisager pour les aider dans leurs consultations? Ainsi, cette étude nous montre qu il est temps de redonner à la vaccination une existence dans la «culture santé» des jeunes et des MG. La SEV a ce but. Malheureusement depuis sa création, elle peine à impliquer les MG dans ce dispositif alors qu ils ont un rôle phare à jouer dans la mise en place de toute politique sanitaire, vaccinale ou autre. Aussi, elle souligne l importance de faciliter l accès et l accessibilité à la vaccination tant par un renforcement de la pédagogie autour de la vaccination que par une simplification du parcours vaccinal. Claire Baudon, Christine Jestin, Nathalie Lydié, Béatrice Lamboy, département Évaluation et Expérimentation, Inpes, 2012