CAHIER CROISSANCE URBAINE ET METROPOLISATION FICHE METROPOLE TANGEROISE

CAHIER CROISSANCE URBAINE ET METROPOLISATION FICHE METROPOLE TANGEROISE -Aire géographique : Maghreb -Pays : Maroc -catégorie : entre 500000 et un million d habitants I- TANGER CAPITALE D UNE REGION EN MOUVEMENT -Une place spécifique dans l armature urbaine marocaine Avec 669265 habitants en 2004 (RGPH), 724000 Habitants estimés en 2008, Tanger constitue la septième ville du Maroc, après Casablanca, Rabat-Salé, Fès, Marrakech, Meknès et Agadir. Tanger occupe une place spécifique dans l armature urbaine marocaine, organisée de façon concentrique, autour de l aire métropolitaine Casablanca-Rabat. Elle occupe une place à part dans l armature des villes secondes, qui oppose d une part les villes littorales aux métropoles historiques de l intérieur, Fès et Marrakech, Meknès et Oujda, et d autrepart les villes du nord géographiquement proches de l europe du sud aux villes du sud marocain Agadir et Marrakech (en compétition pour le leadership sur le sud marocain), et de l est marocain Fès et Oujda, d avantage tournées vers le voisin algérien. -Un positionnement géostratégique remarquable Bien que longtemps délaissée par le pouvoir central, Tanger jouit en effet d un positionnement géostratégique remarquable, à la charnière de l Atlantique et de la Méditerranée et commandant le détroit de Gibraltar qui la met au contact immédiat de l Espagne et de l Europe, et la positionne de façon idoine sur la route est-ouest Asie- Amérique via le corridor Méditerranée-Canal de Suez-Mer rouge. -Un renouveau de la péninsule Tingitane et du dynamisme de Tanger C est en grande partie grâce à ce positionnement que la péninsule tingitane a connu récemment un exceptionnel renouveau à travers le projet de Tanger Med devenu réalité début 2008 avec un trafic conteneur en 2008 de un million d EVP et que la seconde tranche prévue pour 2012 devrait porter à terme à huit millions d EVP. Tanger méditerranée est non seulement en piste pour devenir le premier port de transbordement de la méditerranée, mais ce 1

projet est également une formidable locomotive industrielle et commerciale pour la région Tanger-Tétouan, symbolisé notamment par le contrat passé avec Renault, qui va produire prochainement 400000 automobiles par an dans l une des zones franches récemment crée à proximité du port. Mais ce renouveau est également sensible à travers l évolution de la ville de Tanger même qui a vu ces dernières années de nombreuses transformations et embellissements de ses espaces publics et de ses équipements, et qui cultive désormais une image héritée de l histoire, avec son statut de ville franche au vingtième siècle, et sa réputation, notamment grâce aux nombreux écrivains et artistes qui ont fréquenté ou habité cette ville (Paul Bowles, Jean Genet, Matisse, etc ). Elle est considérée aujourd hui comme le deuxième pôle économique du Maroc après Casablanca. II- DE LA COMMUNE A L AGGLOMERATION TANGEROISE, UNE EXTRAORDINAIRE DYNAMIQUE D ETALEMENT URBAIN 1) La commune de Tanger Les principales phases de la croissance urbaine de Tanger. -La phase antérieure à l internationalisation de Tanger (1925) : La ville est encore structurée autour de la Médina dont on estime alors la population à quelque 20000 Habitants. C est à cette époque que commencent à se dessiner les premières croissances extra-muros. 2

-La ville internationale (1925-1956) : Durant cette période, la ville de Tanger aura le statut de ville franche internationale. A la fin du statut international en 1956, la ville compte quelques 150000 habitants, avec une présence notable de ressortissants issus de plusieurs pays (42000) formant une véritable mosaique. -La ville de l indépendance (1956 à nos jours) : Dans les premières années de l indépendance on assiste à une baisse et à une stagnation de la population due notamment au départ d une bonne partie de la communauté étrangère. La reprise démographique intervient à la fin des années soixante, due tant à une forte intervention de l état qu à une accélération de l exode rural. 3

Une population multipliée par 5 en 50 ans. En moins de cinquante ans la population de la commune de Tanger a été multipliée par 5. Elle est passée de 142490 habitants en 1960 à 724000 Habitants estimés en 2008. 1960 : 142490 habitants 1971 : 190180 habitants 1981 : 351300 habitants 1994 : 497147 hab 2004 : 669265 hab. 2008 : estimation 724000 habitants (x 5 en 50 ans, x 2 en 25 ans) Le taux de croissance annuel moyen de la population tangéroise a été de 2,7% par an au cours de la période 1960-1971 et de 6,3% au cours de la période 71-82. Il est encore de 3% pour la période 1994-2004. Une surface urbanisée multipliée par 10 en 25 ans En 1960, les surfaces urbanisées étaient de 647 hectares contre 1108 en 1981 et 11300 hectares en 2007. L extension spatiale des tissus urbains a été respectivement de 0,9% dans la période 1960-1971 puis de 4,5% dans la période 71-82 : La croissance la plus spectaculaire a été enregistrée dans l habitat clandestin : 25% en population et 28,3 en surface et dans l économique planifié respectivement 27,4% et 34,5%. En 1982, l urbanisation se limitait encore à l ancienne municipalité de Tanger, ainsi qu à quelques douars des communes périphériques. Entre 1981 et 2007, la surface urbanisée sera multipliée par plus de 10 fois la surface initiale, passant de 1108 ha à 11300 ha, soit une augmentation de 40 % l an environ. La ville de Tanger va alors enregistrer une dynamique d étalement urbain spectaculaire et sans précédent, avec une dispersion et une extension des fronts de l urbanisation. Dans le même temps la densité urbaine a par ailleurs fortement décru, sous la pression du desserrement résidentiel et de l étalement urbain, passant d une densité moyenne de 31700 hab/km2 en 1981 à 5900 hab/km2 en 2007. 4

Ces densités sont par ailleurs très disparates en fonction des arrondissements pris en compte, au nombre de quatre pour la commune de Tanger. L agglomération de Tanger en 2002 5

L agglomération actuelle : Une morphologie urbaine déséquilibrée Les formes d urbanisation, pour beaucoup non maîtrisées, ont conduit à une macro-forme désquilibrée formée de plusieurs ensembles : - Une partie centrale, bien structurée, composée d une part du tissu urbain traditionnel (médina), avec un tracé vernaculaire, et d autrepart, son prolongement, la ville nouvelle, avec un tracé régulier et des extensions vers l est de la baie avec un plan orthogonal. Cette partie concentre les équipements collectifs, ainsi que les commerces, avec une qualité des espaces publics et du paysage urbain. - La zone périphérique ne forme pas un ensemble homogène. Elle est composée de plusieurs tissus urbains dispersés et contrastés qui offre des paysages de qualité variable. Les contours des différents quartiers, opérations d habitat et lotissements non règlementaires, ont souvent été déterminés par le parcellaire foncier d origine rurale. C est dans cette zone que se concentrent notamment les quartiers d habitat non règlementaires (QHNR), le HNR représentant 31% du parc de logements de la ville. Si la poussée des QHNR au sud de l agglomération a été un phénomène particulièrement préoccupant pour les pouvoirs publics des années soixante dix jusqu au cours des années quatre vingt dix, elle est d avantage contenue aujourd hui, sans être pour autant totalement maîtrisée ni endiguée. -Les extensions urbaines récentes et les grands projets programmés ou en cours modifient les grandes tendances de la morphologie urbaine. Les extensions urbaines règlementaires initialement orientées vers la route de Rabat, en direction du site de l ex-projet de port de transbordement prévu sur la côte atlantique à 10 Km au sud de Tanger, se réalise aujourd hui dans cette direction à la faveur du renforcement du centre de Gueznaya et du développement de sa zone industrielle et de TFZ, mais dans des proportions plus réduites que celle prévue par les documents d urbanisme. Inversement, la réalisation du PTM sur la côte méditerranéenne et les infrastructures qui l accompagnent (autoroute, voie rapide Tanger-Tétouan, pôle de développement à Melloussa) fait bousculer l étalement urbain vers la route de Tétouan, avec l émergence d un corridor industriel le long de la route nationale, dans le prolongement de la zone industrielle Mologha. Actuellement, la frénésie de construction à grande échelle, tant de complexes touristiques, de logements sociaux et d immeubles de bureau, apparaît préoccupante. En effet, les investissements dans les valeurs foncières et immobilières, hautement spéculatives, ne sont pas nécessairement suivis de création d activités et d équipements structurants, notamment en terme de voirie. Des zones immeubles «poussent comme des champignons», selon l expression consacrée, dans des no man s lands qui étaient il y a peu de surfaces agricoles ou boisées quasiment vides d occupation humaine. On notera qu en dépit des orientations du SDAU de 1981 qui visait une urbanisation contenue dans les limites du bassin versant, l urbanisation des années 80 et 90 s est caractérisée par une occupation incontrôlée du territoire, notamment les zones à forte pente, les zones réservées 6

par le document aux infrastructures et aux équipements (zone verte, parc urbain, emprise de la rocade 7), ainsi que l empiétement sur la zone à valeur environnementale. Le second SDAU, lancé en 1995 et homologué en 1998 n a pas pu servir de document d orientation. Ses propositions ont été jugées particulièrement minimalistes et en deça des besoins de l évolution actuelle de la ville. 2) L agglomération actuelle : démographie -L Agglomération de Tanger est constituée aujourd hui par les quatre arrondissements de la ville de Tanger (Tanger Médina, Charf Souani, Charf Moghogha, Béni Makada) et trois communes périphériques : Al Aouama, El Bahraouiyne, Boukhalef - Gueznaya. Elle comptait 722 613 hab. en 2004 (agglomération), soit 2,4 % de la population nationale (29 891 708 habitants) contre 669265 hab. pour la commune urbaine de Tanger et 53348 hab. pour les trois communes périphériques. L agglomération tangéroise a enregistré une croissance urbaine soutenue et inégalement répartie, avec un taux d accroissement annuel moyen de la population de l ordre de 3 % de 1994 à 2004 (le même que Tanger) (à comparer au taux d accroissement annuel du Maroc : 1,4 % de 1994 à 2004) : De 0,9 % dans l arrondissement Charf Souani à 5,2 % dans l arrondissement de Béni Makada, jusqu à 7,2 % dans la commune périphérique d Al Aouama (ou l on trouve beaucoup d habitat non règlementaire). Comme on l a vu précédemment la croissance urbaine présente des caractéristiques contrastées : forte densification à Béni Makada, étalement excessif au sud de l agglomération, écarts de densités selon les arrondissements. Un nouveau SDAU est par ailleurs sur le point d être engagé et couvre le territoire de la ville de Tanger et des trois principales communes périphériques (Barharaouiyne, Al Aouma et Boukhalef). 7

III- DU NOUVEAU BASSIN D EMPLOI A LA REGION TANGER-TETOUAN : UNE METROPOLE MEDITERRANEENNE EMERGENTE La création du port de Tanger Med en 2007 a fait basculer la métropole tangéroise dans une nouvelle échelle avec la création d une véritable aire métropolitaine qui se décline à plusieurs dimensions. 1) Le nouveau bassin d emploi en formation intégrant l agglomération de Tanger, le TPM et ses zones franches industrielles, l agglomération de demain Situé à 35 kilomètres du centre-ville, le complexe portuaire doit devenir à terme le premier port d Afrique et de méditerranée avec une capacité de 8 millions d EVP. Projet pharaonique en soi, Tanger Med a également entraîné une profonde restructuration et un développement considérable des infrastructures de la région. Ont été mis en place ou sont en cours de construction : -Une liaison autoroutière de 61 kilomètres reliant l autoroute du Nord (Rabat-Tanger) au Port. -Une connexion ferroviaire de 45 km connectant Tanger Med au réseau ferroviaire national. -Une autoroute reliant Tanger à Asilah (35 km), représentant le dernier tronçon de l axe Rabat- Tanger -Une transformation de la route reliant Tanger à Tétouan en une voie express. Après la création du port de Tanger Med effective depuis janvier 2007, c est désormais le projet de grande plate-forme industrielle qui constitue la priorité. Ce projet prévoit la création -D une zone franche logistique attenante au port et qui s étend jusqu à Ksar Seghir. 8

-De deux zones industrielles situées dans la commune de Méloussa, dont l une sera affectée au projet Renault dont l usine entraînera l implantation de nombreux sous-traitants. -D une zone franche commerciale située à Fnideq, devant accueillir cinq cent entreprises. -D une zone franche touristique prévoyant des complexes hôteliers et des parcs d attraction. A ces projets directement liés au port de Tanger Med s ajoutent les projets de : -prolongement de la Tanger Free Zone et de la zone industrielle de Gueznaya, à la sortie de Tanger en direction de Rabat. -A Tétouan pour contribuer à un rééquilibrage industriel entre les deux villes du bi-pôle. -A Larache, avec la volonté de tirer profit de la proximité des périmètres irrigués du Loukous. Les experts attendent des retombées du port de Tanger-Méditerranée et des zones franches de l ordre de 150000 emplois. A l échelle de la région Tanger Tétouan le projet de grande plate-forme industrielle (comprenant le port et les zones franches) pourrait conduire à la création de plus de 30000 Emplois. Ces projets industriels sont également accompagnés par des projets de villes nouvelles. Le projet des villes nouvelles a été lancé en 2006 avec la volonté d en créer trois: Gzenaya Al Jadida, Ksar Sghir-Ksar Al Majaz et Chrafat. - La ville nouvelle de Chrafate dont le projet est situé sur la commune de Jouamaa à proximité de la zone franche de Melloussa (30000 Logements prévus, 150000 Habitants, 1500 Ha, premiers logements livrés en 2012). Cette dernière, la plus grande, avec 2.000 hectares prévus, sera située à cheval entre les communes rurales de Aouama et de Jouamaâ, à 15 kilomètres au sud-est de Tanger. Elle sera séparée par une bretelle de route de moins de trente kilomètres du site du complexe portuaire Tanger-Méditerrannée et servira de chef-lieu pour la future usine de Renault à Melloussa. La future ville entend devenir un véritable hub de l industrie automobile et des équipementiers qui lui sont dédiés. C est à ce titre qu elle sera le centre urbain qui hébergera les employés de la future usine Renault (démarrage de la production en 2012), dont elle est située à un jet de pierre. Les investissements prévus pour Chrafate sont à la dimension de l hôte industriel qu elle devra accueillir. Gzenaya al Jadida Sur plus de 1.070 hectares, la future petite ville sera à quelques kilomètres à peine des zones industrielles de Gzenaya et de Tanger Free Zone (sur la commune de Boukhalef) et elle servira, le cas échéant, de résidence et de ville-dortoir pour ces zones. Un premier bloc de viabilisation a été lancé en novembre 2004, il s agit du projet d urbanisation de la ZUN Ibn Batouta, dont le lancement des travaux s est fait en 2007. Ce dernier prévoit la valorisation d une zone mitoyenne de Gzenaya en vue de loger plus de 55.000 personnes. -Le nouveau pôle urbain de Ksar Sghir el Majaz. Ksar Sghir El Majaz est une création administrative directement liée à la construction du nouveau port de Tanger-Med. Elle fera la fusion de deux communes rurales, l une dépendant de Tanger, l autre de Tétouan. Son développement lui permettra de jouer pleinement un rôle de base arrière pour le complexe portuaire. C est le seul noyau urbain à ne pas partir de rien. Des habitats dispersés existent bel et bien, même s ils sont plus de nature touristique (résidences secondaires essentiellement). Avec un port de Tanger Med opérationnel depuis 2007 avec un million d EVP en 2008 (plus que Marseille), la région de Tanger voit actuellement la réalisation des autres investissements. La crise occasionne des retards mais l ensemble des projets devrait voir le jour d ici 2015. 9

La Wilaya de Tanger restructurée en 2003 constitue par ailleurs une échelle pertinente pour appréhender ce nouveau territoire. Elle regroupe désormais depuis 2003 la préfecture de Tanger-Asilah et la province Fahs-Anjra. Ce territoire est également le territoire de compétence de l agence urbaine de Tanger. 2)Le bi-pôle Tanger-Tétouan, moteur de la région Tanger-Tétouan Tanger et Tétouan sont à la tête des réseaux urbains et rayonnent sur l ensemble de la région Tanger-Tétouan. Ces deux villes concentrent l essentiel des activités industrielles de la région, des équipements structurants et des services supérieurs (université, hôpitaux, banques). Distantes d environ 60 km reliée par la nouvelle voie rapide, les villes de Tanger offrent des complémentarités sur les plans économiques et culturels, ce qui est favorable à l émergence d une métropole urbaine «bi-céphale» de 1,4 million d habitants capable de jouer le rôle de locomotive du développement régional (*). (*) les populations communales de Tanger et de Tétouan sont respectivement de 669685 et 320539 habitants en 2004 10

-La région Tanger-Tétouan Après avoir été une région relativement périphérique, la région Tanger-Tétouan est en train de s affirmer, avec ses 2,5 millions d habitants comme une des régions les plus dynamiques du Maroc. La région n en apparaît pas moins comme déséquilibrée entre un nord très urbanisé (Tanger- Tétouan) et le reste du territoire montagneux et rural à l intérieur, avec des centres urbains, Chefchaouen, Larache et Ksar el Kébir relativement peu connectés avec Tanger et Tétouan. La synergie demeure par ailleurs encore faible entre Tanger et Tétouan, même si le port de Tanger med apparaît comme un élément majeur de structuration du bi-pôle. Il est vrai que les deux villes sont très différentes : On a l habitude de dire que Tanger est une île, regardant vers son avant-pays l Espagne, l europe, Gibraltar, mais peu enracinée dans sa région, et dotée d un étroit arrière-pays, le Fahs. A l inverse, Tétouan est une capitale terrienne, beaucoup plus en relation avec sa région et avec le Rif. Mais ces deux villes apparaissent plus complémentaires que rivales et seront à même de jouer un rôle régional majeur, y compris en dehors des frontières de la région, et notamment sur toute la façade méditerranéenne du maroc, dès lors que cette aire métropolitaine rentrera dans une phase d organisation métropolitaine. (*) 11

3) Les défis de la croissance urbaine et de la métropolisation C est donc à une triple échelle qu il convient de centrer l analyse de la croissance urbaine et de la métropolisation de Tanger. 1- Une échelle de l agglomération urbaine 2- Une échelle du bassin d emplois de Tanger à l échelle de la wilaya qui constituera l aire urbaine dans les dix années à venir. 3- Une échelle Tanger-Tétouan qui constitue une échelle pertinente de la métropolisation pour 2020. a) Croissance urbaine et métropolisation, quels outils de mesure? -L échelle de l agglomération urbaine : Quels outils de mesure et de cartographie de l étalement urbain et de la croissance urbaine, quid des définitions en vigueur en France des unités urbaines (1) et des aires urbaines (2)? -L échelle Tanger Med bassin d emplois de Tanger : il est trop tôt pour mesurer l impact de la structuration de ce territoire qui constitue sans doute déjà aujourd hui la véritable aire urbaine de Tanger. -L échelle Tanger-Tétouan : l échelle Tanger-Tétouan est la bonne échelle d analyse du processus de métropolisation. Quatre critères résument les différentes étapes du processus métropolitains : l urbanisation, le développement des infrastructures, les flux de déplacements, enfin la dimension économique, avec une concentration des activités les plus porteuses dans les grandes villes. Ces différentes dimensions nécessitent des outils de mesure performants. b) Croissance urbaine et métropolisation, quelles politiques urbaines, quelle gouvernance? 1-L échelle de l agglomération urbaine : d un plan d investissements à un plan stratégique A l échelle de l agglomération urbaine, les priorités sont la mise à niveau des équipements de la ville et des quartiers périphériques, le renforcement de l agglomération par des politiques audacieuses de renouvellement urbain. C est notamment l objectif du plan de développement urbain 2009-2013 qui prévoit un budget de 2,6 milliards de Dh d investissement dont 1,7 milliard seront affectés à la voirie et aux transports, le reste étant affecté à la mise à niveau des «arrondissements dortoirs» de béni Makada, Charf Souani et Charf Moghogha, à la réhabilitation de la Médina, au traitement des oueds, et à la création de centre de secours et au renouvellement des bouches d incendie. Mais de l avis des observateurs, il manque encore une stratégie d ensemble, dont le SDAU pourrait être un des outils. 2- L échelle du bassin d emplois de Tanger (la wilaya) : la question des déplacements au centre des enjeux du développement territorial A l échelle du bassin d emplois, la priorité est l intégration du projet TANGER MED et des projets industriels et urbains qui l accompagnent. 12

La wilaya est la bonne échelle pour tenir compte du nouveau bassin d emploi en formation dans la zone spéciale de développement de Tanger Med : nouvelles zones d emploi, nouveaux bassins résidentiels (villes nouvelles), et donc nouveaux flux sur lesquels il apparaît nécessaire d anticiper. Il est donc urgent d améliorer l accessibilité locale et les services de proximité, de faciliter les liaisons entre les différents pôles du territoire régional, d anticiper sur les déplacements vers les nouvelles centralités à travers la définition d un système de transport collectif à cette échelle élargie. Avec la création de nouveaux emplois autour de Tanger Med, mais pour une main d œuvre localisée d abord à Tanger, et bientôt dans les villes nouvelles, la problématique des déplacements à l échelle de la wilaya, puis à terme de la péninsule tingitane, pose un enjeu central qui consiste à relier les zones industrielles aux nouveaux bassins d habitat. 3-L échelle Tanger-Tétouan : organiser l aire métropolitaine du bi-pôle Tanger-Tétouan A l échelle Tanger-Tétouan il s agit d organiser la métropolisation à une échelle pertinente du point de vue des fonctions métropolitaines. Il existe à la fois une charte de développement et d aménagement du bipôle Tanger-Tétouan qui prévoit une vingtaine d actions prioritaires, et un corpus d études de l aire métropolitaine du bi-pôle Tanger-tétouan animée par la DAT du ministère de l aménagement du territoire qui a débouché sur un diagnostic et des préconisations constituant une base suffisante pour l action. Comme aux différentes échelles évoquées dans cette note c est notamment le modèle de développement de la région Tanger-tétouan qui interpelle, dans sa capacité à répondre à la demande sociale, notamment en matière de logements d équipements, et de déplacements, tout en préservant les équilibres environnementaux. En bref les conditions d un aménagement durable du territoire. Enfin la question de la gouvernance urbaine pose d abord la question des nombreux acteurs compétents en matière d urbanisme à Tanger et des modes de gouvernance possible pour le «jouer collectif» dans l agglomération de Tanger, compte tenu de la multiplicité des acteurs: municipalité de Tanger, agence urbaine de Tanger, inspection régionale de l Habitat, de l urbanisme et de l aménagement de l espace Tanger-Tétouan, division de l urbanisme de la Wilaya, agence Spéciale Tanger Méditerranée (TMSA), société d aménagement Al Omrane al boughaz. Elle constitue également l une des conditions de l efficacité des politiques d aménagement. 13