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Transcription:

3 brochure papamamanbebe.net Bien vivre sa grossesse

ii bien vivre sa grossesse Oui, faire un bébé quand on est séropositive, c est possible!

des mamans séropositives vous expliquent 1 Préambule 2 1. Bien préparer sa grossesse lorsqu on se sait séropositive 4 Vouloir un enfant lorsqu on est atteinte du VIH : est-ce légitime? 4 Concevoir un enfant sans contaminer son partenaire 6 Informations générales sur la grossesse avec le VIH 6 Débuter un traitement ou en changer 8 2. Je suis enceinte : qu est-ce-qui se passe maintenant? 13 Une grossesse «presque» normale 13 Comprendre son suivi médical pendant la grossesse 14 Les traitements 16 Le rôle du papa et de l entourage 17 3. Je suis enceinte et je viens d apprendre que je suis séropositive 20 Dépistage du VIH pendant la grossesse 20 Interruption volontaire de grossesse 21 Le projet «Grandes Sœurs» est là pour vous 22 4. L accouchement 26 Choix du mode d accouchement : césarienne ou voie basse? 26 Prophylaxie pendant l accouchement 28 Respect et dignité 30 5. Bébé est là! Bonheur et grands bouleversements à prévoir 32 Allaitement 32 Prise en charge du nouveau-né 33 Suivi de la femme dans le post-partum 33 Suivi pédiatrique des enfants nés de mères séropositives 33 Mon bébé est contaminé 34 Parler de sa maladie à son enfant 34 Conclusion 37

2 bien vivre sa grossesse Préambule Cette brochure a été réalisée par des mamans séropositives du Comité des familles, association multicommunautaire créée et gérée par des familles concernées par le VIH. Elle s adresse aux femmes séropositives qui sont enceintes et à celles qui envisagent de le devenir. Nous sommes plusieurs mamans à avoir eu envie de réaliser cette brochure afin de permettre à d autres femmes séropositives comme nous d envisager leurs grossesses sereinement. Nous souhaitons apporter nos témoignages d espoir à celles qui vont entrer dans l un des moments les plus importants de leur existence et «donner la vie». Vous y trouverez des questions/réponses sur différentes situations et des récits de nos expériences qui vous permettront de mieux comprendre comment nous avons vécu notre grossesse avec le VIH.

des mamans séropositives vous expliquent 3 Si vous souhaitez rencontrer une maman qui est déjà «passée par là», il suffit d écrire à Tina@papamamanbebe.net ou de l appeler au 06 67 67 66 28. Si vous êtes séronégative (vous n avez pas le virus du sida), en couple avec un homme séropositif, il est indispensable de se protéger d une contamination avant ou pendant la grossesse. Vous devez prendre des précautions dans le couple, mais il est tout à fait envisageable de concevoir sans contamination ni de la maman ni de l enfant. Hormis la prévention, il n y a pas de prise en charge spécifique de la grossesse si la femme est séronégative. La transmission du virus ne peut pas se faire directement de l homme à l enfant. Pour en savoir plus, consultez la brochure «Comment faire un bébé : des parents concernés par le VIH vous expliquent», disponible sur simple demande auprès de votre médecin.

4 bien vivre sa grossesse 1. Bien préparer sa grossesse lorsqu on se sait séropositive Vouloir un enfant lorsqu on est atteinte du VIH : est-ce légitime? Avoir des enfants fait partie des aspirations légitimes de nombreux hommes et femmes infectés par le VIH. Données épidémiologiques françaises Au cours de la dernière décennie, des progrès spectaculaires ont été accomplis concernant la prévention de la transmission du VIH de la mère à l enfant et l accès à l assistance médicale à la procréation (AMP) pour les couples touchés par le VIH.

de des mamans séropositives vous expliquent Laura 28 ans, maman d un bébé 3 mois 5 «Il y a cinq ans lorsque les médecins m ont annoncé ma séropositivité, une de mes premières questions a été de savoir si je pourrais un jour avoir un enfant. Ils ont été très rassurants et m ont expliqué qu avec les progrès de la médecine, le risque de transmission du virus entre la mère et l enfant était très faible et qu il n y avait donc aucune raison que je ne puisse pas avoir d enfant. À partir de là, j ai décidé de me battre en essayant de mener une vie ordinaire, en rêvant un jour de fonder une famille. Quelques temps plus tard j ai rencontré mon compagnon, qui lui est séronégatif. Nous avons rapidement abordé la question du désir d enfant. La maladie n a jamais été un obstacle dans notre relation, nous en parlons ouvertement. C est donc tout naturellement que nous avons eu ce projet de faire un bébé. J en ai parlé à mon médecin et à ma gynécologue qui nous ont soutenus et accompagnés dans notre démarche. C était important pour nous d être appuyés et de ne pas nous sentir jugés malgré cette maladie et les risques que cela comporte. Lorsque je suis tombée enceinte, les réactions de mon entourage ont été très positives. Aujourd hui je suis maman d un petit garçon qui se porte à merveille.»

6 bien vivre sa grossesse Avec un bon suivi médical (le plus précoce possible) et une bonne observance du traitement, le risque de transmission mère/enfant est aujourd hui de moins de 1 %. Dans plus de 99 % des cas, les mamans séropositives donnent naissance à des enfants qui ne sont pas touchés par la maladie. Les médecins chercheront en particulier à prévenir la transmission du virus au bébé au cours de trois phases : 1) la grossesse 2) L accouchement 3) les premiers jours de vie du bébé. Concevoir un enfant sans contaminer son partenaire Si vous êtes une femme séropositive en couple avec un homme séronégatif, il est possible aujourd hui de concevoir un enfant sans prendre le risque de contaminer votre partenaire. La brochure Comment faire un bébé : des parents concernés par le VIH vous expliquent est à votre disposition au Comité des familles, si vous souhaitez plus d informations. Informations générales sur la grossesse avec le VIH Vous allez avant tout vivre une grossesse, avec tout ce que cela comporte. Renseignez-vous au préalable sur tout ce que vous devez faire ou ne pas faire pour que celle-ci se déroule bien, toutes les étapes du développement de votre bébé, les rendez-vous médicaux auxquels vous devrez vous soumettre, les petits désagréments et les grandes joies auxquels vous pouvez vous attendre!

des mamans séropositives vous expliquent 7 Etant porteuse du VIH, vous devez également savoir que votre grossesse est considérée comme une grossesse «à risque», mais que : La grossesse n est pas un facteur aggravant l évolution de l infection par le VIH Le risque principal est la transmission du virus de la mère à l enfant Les moyens de prévention sont efficaces, notamment les traitements anti-rétroviraux qui sont indispensables Ces traitements comportent des risques d effets indésirables pour la mère et son enfant, nécessitant un suivi régulier Le suivi régulier de la mère tout au long de la grossesse, et en particulier le contrôle de l observance thérapeutique, sont essentiels pour obtenir et maintenir une charge virale indétectable et prévenir la transmission à l enfant Le suivi régulier de l enfant pendant les premières années de sa vie est nécessaire pour savoir si l enfant est infecté ou non et surveiller l éventuelle toxicité des anti-rétroviraux Prenez rendez-vous avec votre gynécologue ou votre infectiologue pour lui parler de votre projet d enfant. En fonction des informations que vous lui donnerez sur votre état de santé, il saura vous dire si, dans votre cas, une grossesse est déconseillée. Si vous êtes infectée par le VIH mais que vous n avez eu aucun autre problème de santé, et que vous êtes en âge de procréer, il n y a aucune raison pour que vous ne puissiez pas devenir maman.

8 bien vivre sa grossesse Débuter un traitement ou en changer L objectif du traitement est de rendre votre charge virale indétectable au moment de l accouchement, de manière à limiter tout risque de transmission mère/enfant lors de la sortie de votre bébé. Ne perdez jamais de vue cet objectif! Avoir une charge virale indétectable, qu est-ce que c est? C est lorsque la concentration du virus dans le sang est réduite au maximum. On parle alors de moins de 40 copies. Vous êtes déjà sous traitement anti-rétroviral Si vous envisagez une grossesse, parlez-en avec votre médecin afin qu il vous soutienne et qu il mette toutes les chances de votre côté pour que tout se passe bien! Parlez-lui de votre projet d enfant avant d être enceinte, de manière à ce qu il vous conseille sur les moyens de faire un bébé (tout en protégeant votre partenaire s il est séronégatif) et sur un éventuel changement de traitement à prévoir. Certains médicaments (notamment Sustiva ) ne doivent pas être pris avant ou pendant la grossesse! Si vous découvrez que vous êtes enceinte sans avoir eu le temps d en parler à votre médecin, pas de panique! Prenez rendez-vous avec lui au plus tôt. Si le traitement que vous avez est sans danger pour votre enfant, il vous dira qu il n y a pas de raison de le modifier.

de des mamans séropositives vous expliquent Sofi 27 ans, maman d une petite fille 5 mois 9 Changer de traitement pendant une grossesse «J ai été infectée par le VIH en février 2009. On m a mise tout de suite sous anti-rétroviraux : je prenais à l époque Norvir, Prezista et Truvada. Ce traitement me convenait mal car j avais beaucoup d effets indésirables. Lorsque ma charge virale a été indétectable, au bout de 6 mois environ, mon médecin infectiologue de l hôpital m a proposé d en changer. J ai accepté et suis passée à Viramune et Truvada. J avais déjà à l époque un projet d enfant et j ai vérifié que ce traitement était compatible avec une grossesse. C était le cas, et ces médicaments me convenaient très bien. Lorsque je suis tombée enceinte en septembre 2010, j ai pris rendezvous avec mon infectiologue pour lui annoncer ma grossesse. A mon grand étonnement, elle m a dit que je devais changer de traitement : apparemment, les médecins n avaient pas encore assez de recul sur la prise du Truvada pendant la grossesse. Il semblait y avoir des risques pour les tendons des bébés. Elle m a conseillé à la place de prendre du Combivir (AZT), l une des premières molécules données aux patients porteurs du VIH. J étais un peu perdue, car beaucoup de femmes séropositives autour de moi avaient continué le Truvada pendant leur grossesse. J avais entendu également que les premières molécules avaient eu de sérieux effets indésirables chez les patients qui les prenaient. Mon infectiologue fait partie de la «vieille école». Elle m a convaincu que les risques liés au Combivir (anémie en fer pour moi et le bébé, légère modification de la structure des globules rouges) étaient moins importants que ceux liés aux molécules plus nouvelles. Je lui ai fait confiance, et moi et mon bébé nous portons bien. Difficile de savoir s il en aurait été autrement avec un autre traitement.»

10 bien vivre sa grossesse avec Ariane Commencer un traitement une grossesse «Quand j ai appris que j étais enceinte, ça a été un vrai bonheur! Mon médecin m a parlé du fait qu il me faudrait prendre des médicaments, dont l AZT. Je me suis renseignée de mon côté et j ai lu plusieurs rapports qui disaient que l AZT pouvait avoir des effets secondaires chez certains enfants, comme l hyperactivité, des troubles du langage etc. Sachant cela, il aurait été très difficile pour moi sur le plan psychologique de prendre de l AZT. Il était hors de question de prendre le risque que mon enfant fasse partie des 1 % des cas qui rencontrent des complications neurologiques. J ai demandé et insisté pour suivre un traitement sans AZT, malgré les médecins qui insistaient sur l efficacité de ce médicament. Le médecin qui me suit a fini par accepter ma demande, ce qui était pour moi l essentiel. J avais aussi lu dans plusieurs études que les anti-protéases traversaient plus faiblement le placenta, contrairement à l AZT qui le traverse totalement. Mon compagnon et moi avons vu dans ce traitement alternatif une possibilité d éviter des risques neurologiques à notre enfant, et nous avons donc opté pour cette solution. J ai donc suivi pendant toute ma grossesse une bithérapie boostée, avec Kaletra et Invirase. Aujourd hui notre enfant est séronégatif et se porte à merveille.»

des mamans séropositives vous expliquent 11 soi Caroline Débuter un traitement pour se protéger et son bébé «Séropositive, je débute ma première grossesse. Lorsque j ai pris la décision de faire un enfant (par auto-insémination, car mon conjoint est séronégatif), j étais en arrêt thérapeutique depuis deux ans. Ma charge virale avait beaucoup augmenté et mes CD4 baissaient de plus en plus. Les médecins m ont tout de suite prescrit une trithérapie compatible avec une grossesse : Norvir, Telzir, Ziagen et Viread. J ai commencé cette trithérapie il y a 4 mois et ma charge virale est déjà indétectable. Je dois prendre ce traitement pendant toute ma grossesse. Pendant l accouchement, prévu par voie basse, on m administrera du Norvir en intraveineuse.» soi Sandy Débuter un traitement pour se protéger et son bébé «Je connaissais déjà mon statut avant de tomber enceinte, et j étais très contente parce que j avais l assurance qu avec un bon suivi médical, j avais 99 % de chances de faire naître un bébé en bonne santé. J ai été mise sous trithérapie au 4 e mois de grossesse. Dès le 8 e mois, ma charge virale était indétectable. J ai eu la chance de n avoir aucun effet secondaire lié aux médicaments. J allais très bien, et j ai accouché naturellement sans problème d une magnifique petite princesse qui a 10 mois aujourd hui, et qui va très bien. C est vrai que je n ai pas encore fait son test, mais je suis assez confiante. J envisage même de faire un second enfant bientôt.»

12 bien vivre sa grossesse Si au contraire votre traitement est déconseillé pendant la grossesse, il peut être modifié. Il est important d informer au plus vite votre médecin afin qu il vous conseille sur le traitement qui vous conviendra le mieux, à vous et au bébé à venir. Vous n êtes pas encore sous traitement anti-rétroviral Parlez-en à votre médecin, c est lui qui décidera de vous mettre ou non sous traitement au cours de votre grossesse, et à quel moment, en fonction de votre état de santé. En général, si la future maman n a pas une charge virale trop élevée, le traitement débute au 6 e mois de grossesse, mais il est parfois nécessaire de le commencer plus tôt. L objectif reste d avoir une charge virale indétectable (inférieure à 40 copies) au moment de l accouchement. Si vous découvrez que vous êtes enceinte deux mois après la conception du bébé, et que vous ne prenez pas de traitement, pas de panique! Pendant les premiers mois de grossesse, le risque de contamination est très faible. Plus votre charge virale est élevée, plus ce risque de transmission est élevé. Il est important de parler rapidement de votre grossesse à votre infectiologue et à votre gynécologue. Si vous n aviez pas besoin de traitement avant votre grossesse, et que vous avez débuté un traitement pour protéger votre bébé au cours de la gestation, il vous sera tout à fait possible d arrêter le traitement après l accouchement, après avis du médecin. Seul votre médecin sera à même, en fonction de vos analyses médicales, décider de poursuivre ou non le traitement.

des mamans séropositives vous expliquent 2. Je suis enceinte : qu est-ce-qui se passe maintenant? 13 Une grossesse «presque» normale Sur le plan médical, le virus n a aucune incidence sur la grossesse, sauf évidemment qu il faut empêcher qu il soit transmis à l enfant. C est pour cela que la grossesse doit être suivie de prêt. Vous n aurez pas de grossesse difficile parce que vous êtes séropositive. La grossesse n aggrave pas votre état de santé ni l évolution du VIH. Pour certaines femmes, le fait d être enceinte est même vécu comme un événement porteur de bonheur, et peut accroître la volonté de se battre face au VIH. La maternité est vécue par certaines femmes comme l affirmation qu elles sont femmes à part entière, pour elles-mêmes et vis-à-vis de leur communauté d appartenance ou de la société. Chez certaines femmes séropositives, la grossesse peut être plus difficile sur le plan psychologique pour deux raisons principales : la

14 bien vivre sa grossesse peur de contaminer son enfant et la crainte de devoir prendre des médicaments à cause des effets indésirables sur la maman et son bébé. Quoiqu il arrive, ne restez pas seule avec vos inquiétudes. Parlez-en à votre médecin infectiologue, à votre gynécologue, avec une psychologue ou rencontrez d autres parents qui pourront partager leurs expériences. Comprendre son suivi médical pendant la grossesse En résumé : Charge virale basse, ça passe et CD4 haut, bravo! La charge virale représente le taux de virus dans le sang, et les CD4 permettent de mesurer nos défenses immunitaires. Une grossesse avec le VIH étant considérée comme une grossesse «à risque», votre suivi sera plus poussé que si vous n étiez pas infecté. A l hôpital, votre service de médecine interne (maladies infectieuses) travaillera en étroite collaboration avec le service de gynécologie/ de Sofi maman d une petite fille 5 mois «Lorsque je suis tombée enceinte en septembre 2010, j ai tout de suite pris rendez-vous avec ma gynécologue de l hôpital, qui suit les femmes infectées par le VIH au sein du service maladies infectieuses. Je pensais que ce serait elle qui me suivrait. J ai mis deux mois à comprendre que non! Heureusement, j avais anticipé et pris d autres rendez-vous de mon côté pour passer l échographie du 3 e mois. Lorsque j y suis allée, je ne savais toujours pas qui allait s occuper de mon suivi. J avais l impression d être complètement laissée à moi-même.

des mamans séropositives vous expliquent 15 Heureusement, mon médecin infectiologue a pris les choses en main et m a présentée au gynécologue/obstétricien qui s occupe des femmes séropositives au sein de la maternité. J ai alors eu des rendez-vous avec lui tous les mois. Tous les trois mois, je devais également refaire des bilans sanguins complets et voir mon infectiologue. En parallèle, je voyais tous les mois un autre médecin infectiologue du service de médecine interne, qui s occupait des femmes enceintes et faisait le lien avec la maternité. Pendant six longs mois (surtout à la fin!), l hôpital est devenu ma 2 e maison. Je faisais régulièrement des traversées de Paris avec mon énorme dossier médical sous le bras. C est pendant ces longs trajets en métro et ces longues heures d attente dans tous les services de consultation de l hôpital qu on réalise vraiment que porter un enfant en étant séropositive n est pas une mince affaire.» d un Sylvie Enceinte de 5 mois, aujourd hui maman petit garçon de 18 mois «Ma grossesse avec le VIH c est un bonheur! Ma première grossesse date d il y a 14 ans, je n étais pas encore contaminée. Je pensais être plus fatiguée aujourd hui, moins forte, moins solide, mais je me rends compte que finalement tout va bien. Mes bilans sanguins sont parfaits. Mon bébé évolue très bien. On m a donné un traitement adapté pour protéger davantage mon petit. A ma première grossesse, je n étais pas aussi suivie qu aujourd hui et je me sentais moins bien. Et puis je sais qu avec une charge virale indétectable, il y a très peu de risque pour que mon enfant soit contaminé. Tout va vraiment dans le bon sens, je suis heureuse de porter cet enfant et pressée de mener à bien ma grossesse pour voir sa tête! C est un véritable bonheur de se dire que la vie continue, que la vie est belle tout simplement.»

16 bien vivre sa grossesse obstétrique qui vous suivra pour votre grossesse. Objectif : s assurer que vous soyez indétectable au moment de l accouchement, et prévenir la transmission mère/enfant. Votre médecin doit s assurer que vous observez bien le traitement qu il vous a prescrit et vous aider à surmonter les difficultés de votre grossesse. Le cas échéant, il peut vous orienter vers d autres interlocuteurs (services sociaux au sein de l hôpital etc.). Si votre médecin ne répond pas à vos questions et préoccupations, n hésitez pas à demander un autre avis. Rencontrer d autres parents concernés peut permettre d échanger, de communiquer et de trouver des réponses à vos craintes et angoisses. Vous pouvez rencontrer une maman du Comité des familles qui est déjà passée par là. Un psychologue peut vous aider durant la grossesse, pour l arrivée de l enfant et pendant son suivi. Renseignez-vous par ailleurs en cas de besoins spécifiques (problème de papiers, de logement etc.) auprès des structures qui peuvent vous aider. Les traitements Avec un traitement efficace et un suivi médical précoce et de qualité, le risque de contamination mère/enfant est très faible (<1%). Sans traitement, ce risque de transmission s élève à 20 %. Tolérance et toxicité des traitements pour la mère Les traitements sont généralement simples à prendre (deux prises par jour) et en général très bien supportés. Parfois certains traitements peuvent avoir des effets indésirables. Les risques d effets secondaires sont très faibles mais néanmoins ils existent : on peut citer l anémie (en fer notamment), l intolérance aux sucres, des trouble des fonctions rénales etc.

fred 17 Il est important de parler de chaque effet secondaire à votre médecin. Il vous aidera à trouver le traitement qui vous conviendra le mieux (équilibre entre efficacité du traitement et effets indésirables à court, moyen ou long terme) et limitera les effets secondaires constatés. Toxicité des traitements pour l enfant Beaucoup de femmes sont souvent très inquiètes à l idée que le bébé qu elles vont porter pendant 9 mois doive «subir» les traitements anti-rétroviraux qu elles ingèrent. Cette crainte est légitime, toutefois il ne faut pas l exagérer. La très grande majorité des enfants nés de mamans séropositives naissent et restent en parfaite santé. De façon générale, les enfants exposés aux traitements pris par leurs mamans lors de la grossesse et dans leurs premières semaines de vie peuvent présenter de l anémie. Celle-ci disparaît généralement après l arrêt des médicaments. Les traitements peuvent également engendrer certains effets secondaires persistants chez certains enfants. Ce risque est relativement minime et se situe entre 0,3 et 1 %. On parle alors d un dysfonctionnement mitochondrial persistant, ce qui engendre des troubles neurologiques (convulsions, retard cognitif). Aujourd hui, les médecins ne savent pas dire si ces troubles sont entièrement liés aux traitements. Quelles que soient vos questions, n hésitez pas à les poser à votre médecin, qui saura vous répondre ou vous orienter. Le rôle du papa et de l entourage De manière générale, une grossesse est un parcours riche en émotions, qui met souvent les futures mamans à rude épreuve sur le plan psychologique et physique.

18 bien vivre sa grossesse Il est important d avoir confiance en soi et d aborder sereinement sa grossesse. Le soutien du futur papa est primordial. N hésitez pas à lui raconter ce que vous vivez, à le rassurer sur votre suivi médical, à l impliquer dans ce chemin que vous vivez tous les deux. Le soutien de la famille proche et des amis est également très important pour la future maman, qui a besoin de se sentir entourée. Ousmane 35 ans, papa d un bébé de 5 mois «Je vis en couple séro-différent, je suis séronégatif et c est ma compagne qui est séropositive. Nous avons décidé de concevoir notre enfant naturellement, car nous avions connaissance de l avis suisse et ma femme était indétectable depuis plus de six mois. J ai fait un test de dépistage trois mois après le rapport non protégé et je n ai pas été contaminé. Je me suis beaucoup impliqué dans la grossesse de ma femme, en l accompagnant lors de ses visites à l hôpital, aux échographies, pour les prises de sang, chez le gynécologue, à quelques cours de préparation à l accouchement,etc. J étais là, pour l aider en cas de besoin. Je me disais que mon enfant, dans le ventre de sa mère, se portait bien, mais je craignais qu à l accouchement il y ait une erreur de la part des sages-femmes. J avais peur que ma fille soit contaminée à la naissance, par accident. Nous lui avons donné le sirop Retrovir pendant un mois, deux fois par jour. Ce n est qu après cela et les résultats de ses premiers tests que j ai été rassuré. Aujourd hui mon enfant va très bien, mais j aurai toute ma vie des interrogations sur les effets secondaires des anti-rétroviraux qu elle a pris pendant la grossesse de ma femme, et pendant les premières semaines de sa vie. Il y en aura peut-être quand elle sera plus grande, ou d ici à ce qu elle commence à marcher. C est ce qui m inquiète. Mais je ne pense plus au fait qu elle puisse être séropositive, parce qu elle ne l est pas.»

des mamans séropositives vous expliquent 19 27 Sofi ans, jeune maman séropositive «Quand j ai appris que j étais enceinte, je ne l ai pas dit tout de suite, car je voulais attendre l échographie du 3 e mois pour «être sûre». J appréhendais aussi un peu la réaction de mes proches, qui sont la plupart au courant de ma sérologie. Je savais qu en décidant de mettre un enfant au monde, j avais toutes les chances de ne contaminer ni mon partenaire, ni mon bébé. Mais beaucoup de gens autour de moi ne sont pas si bien informés. Et effectivement, le plaisir d annoncer ce qui était pour moi une bonne nouvelle s est trouvé en partie gâché par les réactions de mon entourage. Je sentais qu ils se demandaient si ce n était pas un peu tôt, deux ans après ma contamination, de faire un bébé, et qu ils s interrogeaient sur comment on s y était pris pour concevoir, et si le bébé n allait pas avoir des séquelles. Mais comme c est toujours un sujet tabou, ils n osaient pas me poser directement des questions. C était une situation très gênante. Il y a eu un spot publicitaire de l INPES juste au moment où je suis tombée enceinte, qui passait régulièrement à la télé et qui disait que «les traitements empêchent la transmission du virus (du sida) de la mère à l enfant dans 99 % des cas». Chaque fois que je voyais ce spot, je me disais : «j espère que telle ou telle personne va le voir aussi, ça m évitera de devoir me justifier». Heureusement ma fille est née séronégative. Elle a fait un rhume quelques jours après sa naissance, et une gastro-entérité à un mois, donc deux séjours à l hôpital étant nouveau-née. Je sais que c était viral et pas du tout lié au VIH. Mais j ai senti un malaise chez beaucoup de gens autour de moi, qui pensaient qu elle avait un système immunitaire moins résistant à cause de mon VIH. Heureusement, j ai aussi eu des personnes, et notamment les «grandes sœurs» du Comité des familles, qui m ont soutenue du début à la fin, à toutes les étapes de ma grossesse.»

20 bien vivre sa grossesse 3. Je suis enceinte et je viens d apprendre que je suis séropositive Dépistage du VIH pendant la grossesse Le dépistage du VIH est encouragé à toute consultation ayant trait à la procréation et pour les deux membres du couple, et en premier lieu lors d une grossesse. Chaque femme est libre d accepter ou non ce test de dépistage. Le dépistage des infections virales VHB et VHC et des infections sexuellement transmissibles est encouragé de la même manière.

des mamans séropositives vous expliquent 21 Le dépistage chez la femme enceinte est régi par la loi n 93-121, article 48, du 27 juillet 1993 : «à l occasion du 1er examen prénatal, après information sur les risques de contamination, un test de dépistage de l infection par le VIH est systématiquement proposé à la femme enceinte». Chaque année en France, un tiers des femmes enceintes infectées découvrent leur séropositivité à l occasion de leur grossesse (source : enquête périnatale française (EPF) de l ANRS). Cette proportion n a pas diminué au cours de la dernière décennie. A chaque fois, c est comme si le ciel leur tombait sur la tête. Interruption volontaire de grossesse En France, l IVG est autorisée jusqu à 14 semaines d aménorrhée. Toutefois, réfléchissez! Si votre maladie est détectée à temps, il existe aujourd hui des traitements anti-rétroviraux efficaces qui, s ils sont bien pris, vous permettront d «endormir» le virus et de ne pas contaminer votre enfant. Votre suivi médical sera renforcé : en plus de votre suivi obstétrique, vous devrez notamment voir un infectiologue, qui vous aidera à établir un bilan de santé. Si votre état de santé l impose, il vous proposera une solution thérapeutique qui vous permettra de vivre avec le virus. Ni vous, ni votre bébé à venir n êtes condamnés, même si vous pouvez avoir l impression au moment de l annonce que «le ciel vous tombe sur la tête». Des données déjà anciennes indiquent que la proportion d IVG chez les femmes infectées par le VIH est du même ordre que la population générale. L infection par le VIH ne constitue plus un motif d interruption médicale de grossesse, sauf dans des situations particulières où la vie de la femme est en danger ou lorsqu il n est pas possible de réaliser

22 bien vivre sa grossesse une prévention efficace de la transmission mère-enfant (dépistage trop tardif de la maladie notamment). Le projet «Grandes Sœurs» est là pour vous L annonce d une sérologie positive au VIH pendant une grossesse peut être vécu comme un véritable drame pour des femmes qui, pensant donner la vie, se retrouvent avec un virus potentiellement mortel pour elles et leur bébé, si elles ne s en préoccupent pas. On passe d un événement heureux à un drame en l espace de quelques jours, ce qui peut provoquer un véritable traumatisme. Il est souvent très difficile pour la future maman de retrouver ses repères et de remonter la pente psychologiquement.

des mamans séropositives vous expliquent 23 chirurgien Dr Catherine Crenn-Hébert gynécologue et obstétricien La parole au Docteur Catherine Crenn-Hebert, chirurgien gynécologue et obstétricien à l Hôpital Louis Mourier (Colombes), spécialiste du suivi de la grossesse chez la femme séropositive, aux prémices du Projet «Grandes Sœurs» «Ce serait bien si un jour on pouvait dire à nos patientes qui apprennent leur séropositivité en cours de grossesse : on va vous proposer un suivi médical d une part, un suivi à l hôpital avec une équipe de professionnels. Mais ça ne remplace pas le soutien que pourrait vous apporter des femmes qui sont passées par là. Je crois que ce sera très bien quand on aura un ou des numéro(s) de téléphone à proposer. Voilà ce qu on en attend : le soutien par des femmes, en dehors des professionnels, chacun son job. C est-à-dire qu on peut faire, professionnellement, du mieux possible, on espère. Mais ça ne remplace pas Il faut qu il y ait à côté d autres éléments de la vie, des éléments de la vie sociale, pouvoir tisser des relations avec un groupe de femmes, pouvoir s informer différemment, en dehors de la consultation à l hôpital. Je pense que c est un élément d équilibre très important.» Bouchra 44 ans, l une des «Grandes Sœurs» du projet «Quand on m a annoncé à mon deuxième mois de grossesse que je devais refaire une analyse de sang, on ne m a pas dit que c était pour le VIH, la sérologie du sida. Je m en doutais un petit peu. Ensuite on m a dit : «si c est négatif, on vous appellera, si c est positif, vous trouverez la réponse

24 bien vivre sa grossesse chez votre gynécologue». J ai attendu une quinzaine de jours, j ai appelé mon gynécologue, il m a dit qu il fallait qu il me voit, qu il ne pouvait rien me dire par téléphone. J ai appelé mon conjoint, et j y suis allée. Quand il m a annoncé ça, ça a été un choc. Même mon gynécologue était choqué. En rentrant à la maison, je l ai dit à mon conjoint, et lui ai demandé d aller faire son test. Il l a très bien pris, et son test est sorti négatif, mais il m a très bien soutenue. Comme me l avait expliqué mon médecin, mon conjoint m a dit que le VIH, c était le virus. Parce que je ne savais pas quelle était la différence entre le VIH et le sida. Il m a dit que je n étais pas malade, que la vie continuait, et qu on continuerait nos projets comme prévu. Mais malgré ces soutiens autour de moi à ce moment-là, je ne faisais que broyer du noir. J allais à mon travail, mais je n arrivais pas à travailler. Je ne faisais que regarder des articles sur le VIH sur Internet. J étais bloquée. Je n arrivais plus à dormir. C est sur Internet que j ai connu le Comité des familles, et je voulais rencontrer des gens qui étaient dans la même situation que moi. Il fallait que je vois de mes propres yeux, il ne fallait pas seulement qu on me le dise. Je suis venue pour rencontrer une maman concernée qui m a soutenue tout au long de ma grossesse. Quand j ai vu des mamans dans le même cas que moi, et que pour elles la vie continuait, ça m a soulagée. J ai commencé à prendre un traitement au 6 e mois de grossesse, car ma charge virale était faible. La première fois j appréhendais, par rapport aux effets secondaires, dont on me parlait tout le temps. J ai pris le traitement jusqu à la fin de ma grossesse et tout s est bien passé. J ai accouché d une petite fille en pleine santé. J ai arrêté mon traitement après l accouchement, car je n en avais plus besoin. De «petite sœur», je suis devenue «grande sœur». Aujourd hui, je raconte à mon tour ce qui s est passé pour moi, j aide d autres personnes qui vivent la même chose que ce que j ai vécu. Je sais qu il est important d être soutenue. Je transmets ce qu on m a donné, ce qu on m a appris : que la vie continue et qu on peut s épanouir malgré la maladie.»

des mamans séropositives vous expliquent 25 Yousra a appris sa séropositivité pendant sa grossesse «J ai appris ma séropositivité en cours de grossesse. Je n avais pas trop le choix, j ai tout de suite commencé une trithérapie, pour protéger le bébé. J ai eu beaucoup d effets secondaires, ça a été très difficile. Je n ai pas eu beaucoup de soutien autour de moi. Mais j ai été jusqu au bout. Mon bébé a aujourd hui trois ans. La trithérapie s est bien passée, avec un accouchement par césarienne. Avec le recul, après quatre ans, ça va. Je digère mieux la pilule. Quand je vois sur le site papamamanbebe. net le projet Grandes Sœurs, je me dis que cela aurait été bien si le projet avait existé il y a quelques années, si j avais pu être mise en contact avec une association pour entrer en contact avec une autre personne qui est déjà passée par là. Il faut essayer de faire sortir les gens du noir, pour ne pas qu ils se sentent seuls et qu ils aient des réponses à toutes leurs questions. Et pour savoir qu il y a d autres mamans qui vont bien, qui ont eu des enfants, et des grossesses qui se sont bien passées.»

26 bien vivre sa grossesse 4. L accouchement C est pendant l accouchement que le risque de transmission mère/ enfant est le plus fort, lors de la rupture de la poche des eaux et le passage de l enfant par le vagin (contact avec les sécrétions vaginales et le sang de la maman). Toutefois votre gynécologue/obstétricien, en lien avec votre infectiologue, prendra toutes les précautions pour que vous accouchiez dans de bonnes conditions et pour limiter les risques de transmission lors de la délivrance. Choix du mode d accouchement : césarienne ou voie basse? Lorsque la charge virale est indétectable, l accouchement se fait en général par voie basse. La césarienne est prescrite lorsque la charge virale est détectable ou pour des complications liées à votre grossesse. Les complications ne dépendent pas de votre infection, elles peuvent être diverses : bassin trop petit (dit chirurgical), présentation du bébé par le siège lorsqu elle est associée à un autre facteur, obstacle qui se trouve proche du col de l utérus ou sur le col et empêche le bébé de passer, poussée d herpès vaginal lors de la mise en travail etc. Une césarienne peut également être programmée à l avance s il existe une pathologie maternelle comme l hypertension, un diabète grave

des mamans séropositives vous expliquent 27 en Sofi 27 ans, a accouché d une petite fille juin 2011 «Dès le début de ma grossesse en septembre 2010, on m a dit que je pourrais accoucher par voie basse, sauf indication contraire non liée au VIH, comme un bébé trop gros, un bassin trop petit, une MST au moment de l accouchement etc. Je n avais pas d inquiétude par rapport à ça. Ce qui me posait problème, c était la perfusion d AZT au moment de l accouchement. Mon gynécologue-obstétricien me disait qu elle était obligatoire pour les femmes séropositives pendant toute la durée de l accouchement, mais je ne voulais pas, en cas d accouchement long, que mon bébé reçoive de l AZT pendant 10 ou 15 heures J avais entendu dire par plusieurs médecins spécialisés VIH qu une perfusion de 4 à 5 heures suffisait à éliminer le risque de contamination pendant l accouchement. Je voulais limiter ma perfusion à 5 heures, mais le gynécologue n était pas d accord. A mon septième mois de grossesse, je suis allée voir mon infectiologue, à qui j ai fait part de mon souhait. Elle m a dit que les dernières recommandations du Rapport Yéni préconisait de ne pas donner de perfusion d AZT du tout pendant l accouchement aux femmes indétectables depuis le début de leur grossesse. Ce fut un véritable soulagement. J ai accouché deux mois plus tard, par voie basse, sans perfusion d AZT, et ma fille n a rien.»

28 bien vivre sa grossesse (cas particulier) qui met la vie de la maman et du bébé en danger. Elle est également préconisée en cas de retard de croissance sévère, de souffrance foetale chronique ou aigüe associée à une pathologie maternelle. Prophylaxie pendant l accouchement Lors de l accouchement, une perfusion d AZT est recommandée afin d éliminer toute trace du virus dans les sécrétions maternelles au moment du passage du bébé. L AZT est l une des premières molécules données aux patients séropositifs. Le dosage de la perfusion est adapté à votre poids. Elle est installée pendant toute la durée du travail ou de la césarienne, jusqu à la naissance de l enfant. Depuis le dernier Rapport Yeni (2010), il n est plus recommandé de donner cette perfusion d AZT à la maman lorsque sa charge virale est indétectable depuis le début de la grossesse. raconte Alexandra maman séropositive de 4 enfants séronégatifs, l accouchement de son quatrième «Le 11 août, ma sage-femme est passée me faire le monitoring à la maison, il n y avait rien de particulier. J avais des contractions régulières mais non douloureuses. A 18 heures mon mari Nicolas est rentré et a préféré qu on aille à la maternité pour faire un contrôle. A notre arrivée, j avais des contractions toutes les 10 minutes qui commençaient à être douloureuses. Au bout d une heure et demie de

des mamans séropositives vous expliquent 29 monitoring, l obstétricienne de garde est venue nous voir pour dire qu à 35 semaines d aménorrhée, il était trop tôt pour césariser, et qu il valait mieux attendre la semaine suivante. J avais d ailleurs une césarienne programmée la semaine d après pourquoi? On m a mise en observation dans une chambre à 22 heures, les contractions étaient de plus en plus rapprochées. Une heure après, la sage-femme est revenue me voir pour me dire qu ils allaient finalement me césariser une heure après J étais sous le choc, prise de panique!! Je pense qu elle avait dû regarder mon dossier entre temps, et voir que j étais séropositive. J ai vite rappelé mon mari. Normalement je devais avoir un protocole de 4 heures d AZT mais comme tout s est accéléré, ça n a duré qu 1 h 30. Je n ai pas eu le temps de me faire à l idée que j allais avoir mon bébé, tout a été très vite. C était la panique dans ma tête, je n arrêtais pas de pleurer! L anesthésiste est venu me voir et m a reconnue tout de suite, c est lui qui s était occupé de moi pour mon premier. A 23 heures, on m a amenée au bloc opératoire. L équipe était super sympa et l atmosphère très détendue. L anesthésie s est très bien passée mais quand l obstétricienne est arrivée, je me suis sentie mal, la tête me tournait et j ai vomi. Finalement tout s est bien passé, l équipe a travaillé très rapidement et à 00 h 13, Léa était née! Je n ai pu la voir que 30 secondes car elle était en souffrance fœtale et en détresse respiratoire. Je lui ai fait un bisous et nous avons été séparées jusqu au lendemain. On m a refermée, montée en salle de réveil et je n ai pas arrêté de vomir mais le principal était que ma fille était née. On m a rassurée sur son état de santé. Elle a passé trois jours en réanimation et j ai pu aller la voir dès le lendemain. Ensuite elle a été transférée dans un service de néonatalogie. Aujourd hui tout est rentré dans l ordre, Léa se porte comme un charme et on ne dirait pas du tout qu elle est prématurée et qu elle a eu des soucis.»

30 Respect et dignité Les soignants doivent protéger votre confidentialité et vous traiter comme toute autre femme enceinte. Alexandra maman séropositive de 4 enfants séronégatifs, raconte l accouchement de son quatrième «Je suis séropositive et maman de deux enfants séronégatifs. Je vis avec leur père qui est séronégatif. J ai été diagnostiquée à l âge de 20 ans. Lors de mon premier accouchement, j ai été très bien soignée par le personnel de l hôpital où j étais suivie. A mon deuxième accouchement, les protocoles de soins des mères séropositives avaient changé et je me suis sentie comme une «pestiférée»! Dans la salle de bain trônait une grosse bassine rouge sur laquelle était inscrit «produits infectieux» et qui contenait un liquide biocide chloré Difficile pour les personnes qui me rendaient visite de passer à côté. Mes repas m étaient servis dans des couverts jetables (assiettes, couverts, verres en plastique), alors que toutes les autres mamans étaient servies dans des couverts classiques. Le plateau devait également être nettoyé et ne pas sortir de la chambre. Comme j avais accouché par césarienne, on m avait donné une poche de glace pour soulager ma cicatrice. L aidesoignante me demandait de mettre moi-même cette poche dans la bassine rouge car elle ne voulait pas du tout la toucher, alors qu elle n était même pas au contact des plaies. Je lui ai dit que je refusais de faire ça. Elle ne comprenait même pas que je puisse me sentir humiliée. Cette mauvaise expérience m a profondément blessée et ne m a pas encouragée à révéler ma séropositivité à mon entourage, ni même à mes proches. Le milieu hospitalier et médical est censé être le mieux informé sur le VIH, mais même là, les réactions de rejet et de peur peuvent être violentes!!!»

vivre avec celui que j aime... avec le vih 31

32 5. Bébé est là! Bonheur et grands bouleversements à prévoir Allaitement Le risque de contamination par l allaitement maternel existe, même pour une femme sous traitement efficace. De ce fait, il ne faut pas donner le sein à votre bébé car le virus passe dans le lait. Après avoir pris le traitement pendant la grossesse, ne prenez pas le risque d une contamination en allaitant : Mettez toutes les chances de votre côté et protégez au maximum votre bébé! Pour expliquer à vos proches que vous n allaitez pas, vous pouvez dire que vous n avez pas suffisamment de lait, que l enfant ne prend pas suffisamment ou que vous avez des antibiotiques à prendre et qu il n est donc pas conseillé pour vous d allaiter.

33 Prise en charge du nouveau-né À sa naissance et jusqu à la fin de son premier mois, votre bébé devra prendre du sirop de Retrovir (AZT) pour éviter tout risque de transmission. Le traitement de votre bébé est donné dans la première heure qui suit la naissance par l équipe de pédiatrie. Ensuite c est à vous parents de donner le Retrovir à votre bébé à l aide d une pipette, soit en deux prises toutes les 12 heures, soit en quatre prises toutes les 6 heures, pendant une période de 4 semaines. Certains parents, en accord avec le pédiatre, décident d écourter la durée du traitement préventif pour leur enfant. Suivi de la femme dans le post-partum Les chamboulements hormonaux liés à la grossesse sont fréquents, et les femmes séropositives peuvent y être plus sensibles que les autres femmes. On parle de «baby blues» à la naissance d un bébé. Ce «baby blues» peut prendre des formes diverses, et durer plus longtemps chez certaines, parfois jusqu à la dépression. Si vous êtes sujette et avez déjà fait des épisodes dépressifs, parlezen à votre médecin. Il vous mettra en relation avec le psychologue de l hôpital, qui vous recevra après votre accouchement pour faire un point sur votre état de santé psychologique. Dans tous les cas, si vous vous sentez fragile, n hésitez pas à en parler à un médecin. Suivi pédiatrique des enfants nés de mères séropositives Un premier test de dépistage du VIH est fait à la naissance, en prélevant une partie du placenta de la maman. Un mois plus tard, après l arrêt de

34 la prise du sirop Retrovir, un deuxième prélèvement est effectué. Mais ce n est qu au trois mois de l enfant qu un test de dépistage précoce (PCR) permet de savoir de manière quasi définitive s il est contaminé ou non. Avant ces trois mois en effet, on peut encore estimer qu un test négatif peut être lié à la prise de Retrovir. Deux mois après l arrêt du traitement, le résultat donne une indication quasi-définitive du statut sérologique du bébé. Un deuxième prélèvement à partir du 3 e mois confirme le résultat. L enfant est généralement suivi par un pédiatre spécialisé VIH, souvent dans l hôpital où la maman a accouché. Il est vu en consultation à la naissance, à ses un mois, à ses trois mois, à ses six mois, à ses un an, et jusqu à ses deux ans. A 24 mois, il est censé avoir développé ses propres anti-corps et ne plus avoir ceux de sa maman. Mon bébé est contaminé Aujourd hui en France, grâce aux médicaments, un enfant séropositif peut grandir comme tous les enfants. L espérance de vie d une personne séropositive bien suivie sur le plan médical avec un traitement efficace est proche de celle de la population générale. Parler de sa maladie à son enfant Parler de sa maladie à son enfant reste avant tout un choix personnel. Confrontez vos opinions à d autres parents qui sont déjà passés par là, demandez conseil autour de vous! Cela vous permettra sans doute de faire un choix éclairé.

des mamans séropositives vous expliquent 35 22 Fanny ans, née séropositive «J ai été contaminée à la naissance, il y a 22 ans. Il n existait aucun traitement pour bloquer la transmission de la mère à l enfant. Aujourd hui on parle beaucoup du fait que les enfants ne naissent plus contaminés. Mais il y a toujours quelques enfants qui sont contaminés, notamment par des mères qui ne savaient pas qu elles étaient séropositives. Je voudrais juste dire à ces mamans qui mettent au monde un enfant séropositif que je suis une preuve vivante qu il y a de l espoir, car cela fait 22 ans que je vis avec le sida en moi, et je vis très bien avec. Je voudrais vous soutenir, je vais très bien. C est une relation très particulière que j ai avec ma mère qui me l a transmis, et je ne lui en veux pas du tout, bien au contraire. Je suis fière de ma mère. Parce qu il faut aussi des gens comme nous qui avons la force de nous battre contre cette maladie, pour toutes ces personnes qui sont isolées etc. Je me dis que si j ai attrapé ce virus, ce n est peut-être pas par hasard, c est parce que j ai la force d être là aujourd hui, de pouvoir parler dans les médias, de pouvoir parler dans les écoles. Donc je remercie ma mère de me l avoir transmis!» sommes-nous Tania des parents comme les autres? «Je suis une femme, une maman. La vie m a offert mon fils en cadeau, en même temps que la mort, en 1990. Et j ai partagé avec lui ce poison. Nous avons perdu le papa sur notre route ou plutôt, il a décidé de nous quitter, de quitter la vie, le poids de la contamination étant trop lourd pour lui en

36 bien vivre sa grossesse plus de sa toxicomanie. C était en 1997. Nous vivons avec mon compagnon séronégatif depuis 2005. Le combat a été difficile, et parfois la fatigue de cette lutte pèse lourdement sur nos sourires. Mais nous sommes vivants. Sommes-nous des parents comme les autres? A votre avis? Mon poussin de 18 ans est la chair de ma chair. Et celui qui lui fait mal, je le réduis en cendres. Ça vous va, comme réponse?!» 17 Jeune homme séronégatif ans, né de deux parents séropositifs «Il ne faut pas se dire que les gens qui ont le sida ne peuvent pas faire d enfant. Je fais 1 mètre 85, j ai 17 ans, je fais 100 kilos et du rugby à côté! Après ça dépend des parents, s ils prennent bien leur traitement etc. Pour expliquer l histoire de mon début de vie, c est simple Ma mère est tombée enceinte de mon père, mais elle ne savait pas que mon père était séropositif. Elle l a appris pendant qu elle était enceinte. Moi, coup de bol, j ai fait mes anticorps et je suis passé entre les mailles du filet, je n ai pas eu le virus. Ma mère m a accouché, et on lui a proposé des traitements qu elle a pris directement. Elle me l a annoncé à 6 ans. Moi, je ne l ai pas mal pris. Au début, quand on est petit, on ne sait pas trop ce que c est On croit que c est juste une maladie comme ça qui va partir. En grandissant, on comprend que c est plus grave, et on apprécie 100 fois plus notre vie. Moi je suis content d être ici aujourd hui.»

des mamans séropositives vous expliquent Conclusion de Henriette maman d une petite fille aujourd hui âgée 3 ans 37 Le bonheur d être parent, malgré le VIH «Je pense que tout le monde a droit au bonheur d être parent. Avant d être maman, j étais désespérée et je n avais plus d espoir en la vie. Aujourd hui, j ai une autre vision. Je ne pense plus qu à l avenir de mon enfant, il me donne la force de me battre, de m occuper de lui, de le voir grandir. Je n ai plus de temps pour penser à la maladie. Après l accouchement, j ai pu l embrasser tout de suite avant que les infirmières l emmènent pour le laver. Ce moment est resté indélébile dans ma mémoire et y restera à jamais. Les infirmières l ont déposé à côté de moi, je lui ai donné son premier biberon, et toute la nuit je suis restée éveillée pour contempler le plus grand bonheur qui venait de changer ma vie. C est ma lumière. Je ne me sens plus seule. C est comme un miracle. J ai du mal à y croire, à réaliser que mon plus grand souhait s est enfin réalisé. Les moments que je partage avec lui sont uniques et je les souhaite à tous ceux qui attendent ou désirent avoir un enfant.» Vous pouvez aussi rencontrer des couples qui vous ressemblent au Comité des familles