Tableau de bord des émissions de gaz à effet de serre et de l énergie en Picardie



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Transcription:

Tableau de bord des émissions de gaz à effet de serre et de l énergie en Picardie Synthèse Régionale Edition 2010 Chiffres 2007

Sommaire Le bilan global des émissions de gaz à effet de serre en Picardie... 6 Les émissions de GES des bâtiments... 9 Les logements... 9 Les bâtiments tertiaires... 11 Les émissions de GES du transport... 13 La mobilité des personnes... 13 Le transport de marchandises... 16 Les émissions de GES de l agriculture... 17 Les émissions de GES de l industrie... 19 Les émissions de GES des déchets et des eaux usées... 21 Les émissions associées aux changements d usage des sols et à la forêt (UTCF) 23 Les enjeux énergétiques en Picardie... 24 La consommation d énergie en Picardie... 24 La production d énergie en Picardie... 25 2

Un tableau de bord des émissions de gaz à effet de serre et de l énergie en Picardie Les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont responsables du changement climatique L effet de serre est un phénomène naturel qui désigne le renvoi vers la surface terrestre d une partie de l énergie qu elle émet en raison de la présence dans l atmosphère de certains gaz (les principaux sont la vapeur d eau, le dioxyde de carbone, le méthane, le protoxyde d azote et certains gaz fluorés). Figure 1 : Schéma explicatif de l effet de serre (Source : http://effetdeserre.canalblog.com) D après 4 ème rapport du Groupe Intergouvernemental d Experts sur l Evolution du Climat (GIEC) de 2007, les émissions anthropiques de gaz à effet de serre (GES) provoquent une augmentation exceptionnelle de la concentration de GES dans l atmosphère et par conséquent une hausse de la température moyenne : c est le réchauffement climatique. Le GIEC estime par ailleurs que conséquences du changement climatique peuvent affecter de manière importante les équilibres écologiques et la vie humaine sur Terre. Il est urgent d agir! Le réchauffement climatique est d ores et déjà une réalité (la température moyenne globale a augmenté d environ 1 C depuis un siècle) et ses premières conséquences commencent à se faire ressentir (sécheresses, inondations, canicules, hausse du niveau des mers, ). Face aux risques majeurs qui se présentent, l enjeu consiste à atténuer le changement climatique et ses conséquences au cours du prochain siècle. Compte-tenu de la durée de présence des GES dans l atmosphère, cela suppose de réduire le plus rapidement possible les émissions anthropiques de GES : Division par 2 des émissions mondiales de GES d ici à 2050, soit une réduction de 85 % pour les pays développés, Réduction entre 25 % et 40 % des émissions des pays développés d ici à 2020. 3 Les territoires sont en première ligne de la lutte contre le changement climatique Face à ces enjeux et pour prévenir les risques qu ils comportent, il est nécessaire et urgent d agir à toutes les échelles de décision et d intervention. La Convention Cadre des Nations-Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) signée à Rio en 1992 est le cadre international de négociations (comme lors du sommet de Copenhague en décembre 2009) et d engagement à réduire les émissions (le Protocole de Kyoto signé en 1997 et entré en vigueur en 2005 fixe des engagements jusqu en 2012). En France, la loi de Programmation et d Orientation de la Politique Energétique (dite loi POPE) de juillet 2005 fixe comme objectif, pour la France, la division par 4 des émissions de gaz à effet de serre d ici 2050, c est le «facteur 4». Les lois «Grenelle» adoptés en 2009 et 2010 ont confirmé et renforcé cet objectif en s engageant à réaliser l objectif européen du «3 fois 20 1» d ici 2020. Les émissions de GES étant très diffuses, ces engagements reposent sur la mobilisation des territoires locaux qui disposent de leviers d action majeurs : approvisionnement énergétique, habitat, transport, aménagement du territoire, mobilisation de l ensemble des acteurs et de la société, Un observatoire des émissions de GES et de l énergie pour comprendre et pour agir Quelque soit l échelle territoriale, la conception d une politique de lutte contre le changement climatique repose en premier lieu sur un diagnostic de l état initial, un bilan des émissions de gaz à effet de serre qui situe la responsabilité du territoire face au risque climatique et révèle ses leviers d action pour l atténuation. Il est intéressant que le bilan d émissions de GES soit établi dans une optique opérationnelle, c est-à-dire qui permette de construire des politiques et des projets qui répondent à l enjeu de diminution globale des émissions. Un bilan doit permettre de quantifier le niveau des émissions du territoire, mais également de comprendre les déterminants de ces émissions, de hiérarchiser les enjeux selon différents secteurs ou postes d émission afin de pouvoir définir des objectifs et des actions de réduction en lien avec ses potentialités et ses spécificités. C est l ambition de l observatoire régional des émissions de gaz à effet de serre et de l énergie pour la Picardie depuis 2004. 1 Réduire les émissions de GES de 20 %, améliorer l efficacité énergétique de 20 % et augmenter la part de production d énergie d origine renouvelable à 23 %.

Une base de données territorialisée Le tableau de bord régional des émissions de GES et de l énergie est un outil à disposition de la Picardie et de ses territoires. Il s agit principalement d une base de données qui contient les consommations d énergie et les émissions de GES de toutes les communes de la région. Cette troisième édition présente les valeurs pour l année 2007 obtenues à partir d une nouvelle méthodologie permettant d affiner les résultats et leur analyse. Pour chaque commune, ces données sont distinguées par secteur, par postes d émissions et par usages ou typologies significatives (par exemple par motif et par mode pour le transport). La construction d une telle base de données repose sur une modélisation innovante qui suppose des incertitudes et des imprécisions (parfois élevées) mais qui permet d analyser finement les résultats et les mécanismes en jeu. Cela suppose également de définir des règles et des hypothèses méthodologiques particulières. Les principes généraux retenus sont les suivants : Les consommations d énergie et émissions de GES sont calculées à partir de sources de données diverses (statistiques, enquêtes, hypothèses techniques) mais homogènes pour toutes les communes. Les données les plus finement territorialisées sont systématiquement privilégiées afin de révéler les spécificités locales. Les périmètres de comptabilité sont définis selon une règle d affectation des émissions qui vise à révéler les principaux leviers d action avec un critère de responsabilisation. Les émissions énergétiques sont par exemple imputées aux consommateurs (bâtiments, industries) et non pas aux producteurs (centrales électriques ou de production de chaleur). Les périmètres de comptabilité sont construits de manière à interdire tout double compte. Cela permet d une part de ne pas surestimer la part relative d un processus par rapport à un autre et d autre part de garantir l additivité territoriale des résultats (c est-à-dire que le bilan de la région est égal à la somme des bilans de chaque commune). Afin d éviter tout double compte, les facteurs d émissions sont «sans amont», c est-à-dire que seules les émissions de la combustion elle-même sont comptabilisées. Secteur Facteurs d'émission de l'électricité Usage Facteur d émission (geqco 2 / kwh EF) Résidentiel Chauffage 180 Résidentiel Eclairage 116 Résidentiel ECS et Froid 40 Résidentiel Cuisson 82 Résidentiel Electroménager 79 Résidentiel Produits bruns 62 Tertiaire Chauffage 180 Tertiaire Eclairage 80 Tertiaire ECS et Froid alimentaire 40 Tertiaire Cuisson 82 Tertiaire Climatisation 37 Tertiaire Autre 52 Industrie Tous 55 Agriculture Chauffage 180 Agriculture Autre 38 Source : ADEME/EDF, note de cadrage sur le contenu CO 2 du kwh par usage en France, 2005 Facteurs d'émission du chauffage urbain Commune Facteur d émission (geqco 2 / kwh EF) Saint-Quentin 287 Soissons 216 Compiègne 242 Creil 261 Montataire 218 Nogent-sur-Oise 225 Amiens 205 Autres 343 Source : MEEDDM, Arrêté du 15 septembre 2006 relatif au diagnostic de performance énergétique pour les bâtiments existants proposés à la vente en France métropolitaine Facteurs d'émission des combustibles Combustible Facteur d émission (geqco 2 / kwh EF) Charbon 343 Fioul domestique 271 GPL 231 Gaz naturel 206 Bois 0 Source : ADEME, Guide des facteurs d émission v6.1, 2010 Gaz à effet de serre Formule chimique PRG100 Dioxyde de carbone CO 2 1 Méthane CH 4 25 Protoxyde d'azote N 2 O 298 HFC moyen - 1 693 PFC moyen - 7 178 Hexaflurorure de soufre SF 6 22 800 Source : CITEPA, OMINEA 2010 4

Secteur Périmètre Sources de données principales Principaux éléments méthodologiques et hypothèses Bâtiment Résidentiel Consommations d énergie (y compris d électricité) INSEE RGP Traitement : Energies Demain ENERTER Calcul thermique pour chaque logement Bâtiment - Tertiaire Consommations d énergie (y compris d électricité) et fuites de fluides frigorigènes Bases de données, enquêtes et sources diverses (INSEE, Ministères de la Santé, de l Education nationale, Conseil Régional, etc.) Traitement : Energies Demain ENERTER Tertiaire Reconstitution du parc de bâtiment et application de ratios de consommation d énergie Transport mobilité des personnes Déplacements quotidiens et exceptionnels dont l origine et/ou la destination est en Picardie Energies Demain MOBITER Reconstitution de la mobilité (déplacements origine/destination) par mode et par motif. Affectation de la moitié des déplacements au territoire d origine et de la moitié à celui de destination Transport de marchandises Transport de marchandises générées par le fonctionnement du territoire MEEDDM, SoES SiTRAM, Eurostat Traitement Energies Demain Reconstitution des flux de marchandises dont l origine et/ou la destination est en Picardie Affectation de la moitié des déplacements au territoire d origine et de la moitié à celui de destination Agriculture Emissions directes et consommations d énergie (y compris d électricité) des processus de production agricole Ministère de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche Agreste Traitement : Energies Demain AGRITER Prise en compte des enquêtes sur les pratiques culturales. Groupe de travail avec la Chambre Régional d Agriculture Industrie Emissions directes et consommations d énergie (y compris d électricité) des processus de production industrielle (hors production d énergie) SESSI EACEI, MEEDDM irep, Traitement : Energies Demain Désagrégation des résultats régionaux via des ratios par emploi (en fonction des différentes nomenclatures d activité) Corrections diverses (émissions non-énergétiques, présence de réseaux de gaz, ) Déchets et eaux usées Déchets ménagers et assimilés (collectés et/ou traités par le service public) Non prise en compte des émissions «évitées» par la valorisation matière (recyclage) et la valorisation énergétique ADEME, Observatoire des déchets UTCF Croissance forestière et changement d affectation des sols SoES, Corine Land Cover Tableau 1 : Principaux éléments méthodologiques par secteur 5

Le bilan global des émissions de gaz à effet de serre en Picardie Le bilan des émissions de gaz à effet de serre (GES) en Picardie est de 14,1 millions de tonnes équivalent CO 2 par an. D après l inventaire des émissions de GES en France réalisé par le CITEPA en 2007, les émissions directes sur le territoire français se montent à 460,8 millions de tonnes équivalent CO 2. La Picardie contribue donc à environ 3% des émissions françaises (les périmètres de comptabilité n étant pas exactement identiques, cette proportion ne doit être analysée qu en termes d ordre de grandeur). Le Tableau 2 et la Figure 2 détaillent les émissions de la Picardie par secteur. L industrie est le secteur le plus émetteur de GES de la région (29%), devant les transports (25%), le bâtiment (23%) et l agriculture (21%). Les activités productives elles-mêmes représentent donc plus de la moitié des émissions même si pour les bâtiments, les logements émettent deux fois plus que le tertiaire. Figure 2 : Répartition des émissions de GES par secteur en Picardie (Source : Energies Demain) Bâtiment Secteur dont Résidentiel dont Tertiaire Transport dont Mobilité des personnes dont Transport de marchandises Emissions de GES (millions de teqco 2 / an) 3,62 2,39 1,22 4,00 2,25 1,75 Agriculture 3,30 Industrie 4,56 Déchets et eaux usées 0,39 UTCF 2-1,81 Total hors UTCF 15,88 TOTAL 14,07 Tableau 2 : Emissions de GES en Picardie en 2007 par secteur (Source : Energies Demain) Figure 3 : Répartition des émissions de GES par secteur en France (Source : CITEPA/MEEDDM) La comparaison de la structure du bilan pour la Picardie et de l inventaire national (voir Figure 3) doit être réalisée avec précaution. En effet, les périmètres de comptabilité et certaines hypothèses ne sont pas identiques. Le bilan réalisé pour la Picardie prend par exemple en compte un certain nombre d émissions indirectes. Notamment, les émissions de l électricité sont réparties sur les différents secteurs consommateurs (Bâtiment et Industrie principalement) alors que l inventaire réalisé par le CITEPA les compte à part dans le secteur Industrie de l énergie. Les comparaisons du poids relatif de chaque secteur avec l inventaire des émissions en France n est donc pas directement possible. Toutefois, en regardant les grands ordres de grandeur, on constate que la structure du bilan des émissions en Picardie est marquée par la part importante des industries. Les émissions de la Picardie représentent un peu plus de 3% des émissions en France métropolitaine, ce qui correspond à la part de la population picarde. Le ratio d émissions de GES par habitant est donc très proche de la moyenne nationale : environ 7,4 teqco 2 par habitant et par an. 2 Utilisation des Terres, leur Changement et la Forêt, voir p.24 6

Les émissions prises en compte sont celles des 6 gaz référencés par le protocole de Kyoto : dioxyde de carbone (CO 2 ), méthane (CH 4 ), protoxyde d azote (N 2 O), gaz fluorés (HFC, PFC et SF 6 ). Le CO 2 est le principal GES émis par la région (69 % des émissions totales hors UTCF) notamment en raison de la combustion d énergie fossile. Les émissions énergétiques sont en effet presque exclusivement du CO 2. En revanche, pour les émissions non-énergétiques, le protoxyde d azote et le méthane contribuent davantage que le CO 2 aux émissions picardes. Cela s explique par le fort Pouvoir de Réchauffement Global (PRG) de ces gaz (voir encadré ci-contre). Les émissions non-énergétiques proviennent principalement de l agriculture et de l industrie (voir Figure 4). Qu est-ce qu une tonne équivalent CO 2 (teqco 2 )? Les différents GES n ont pas tous le même impact sur l effet de serre. On définit pour chaque gaz son Pouvoir de Réchauffement Global à 100 ans (PRG 100 ou PRG) comme étant le rapport entre l impact de l émission d une tonne de ce gaz sur l effet de serre pendant 100 ans et celui d une tonne de dioxyde de carbone (CO 2 ). On peut ensuite compter les émissions de tous les GES avec une unité de mesure commune : la tonne équivalent CO 2. Il suffit de multiplier les émissions d un gaz exprimées en tonne par son PRG. On obtient alors un montant d émissions qui correspond à la quantité de CO 2 qui aurait eu le même impact sur l effet de serre. Par exemple, sur 100 ans, le méthane (CH 4 ) contribue 25 fois plus que le CO2 à l augmentation de l effet de serre (son PRG 100 vaut 25). Ainsi, 1 tonne de méthane = 1 x 25 = 25 tonnes équivalent CO 2. C est-à-dire qu émettre une tonne de méthane a le même effet qu émettre 25 tonnes de CO 2. Figure 4 : Emissions de GES en Picardie en 2007 par gaz et par secteur (milliers de teqco 2 / an) (Source : Energies Demain) 7

Carte des émissions totales de gaz à effet de serre en Picardie 8

Les émissions de GES des bâtiments Les bâtiments picards émettent chaque année 3,62 millions de tonnes équivalent CO 2, soit 23% des émissions de la Région. Le secteur résidentiel compte pour les deux-tiers des émissions du bâti, les émissions des bâtiments industriels et agricoles sont comptabilisées dans leur secteur respectif mais n y représentent qu une faible part. Le dernier tiers des émissions vient des bâtiments tertiaires. Les logements Nombre de logements 818 218 logements Surface chauffée 64 057 milliers de m² maison (on parle de compacité de la forme du bâtiment). Les pertes thermiques sont donc également moins importantes. Emissions de GES 2 394 milliers de teqco 2 / an Consommation d énergie finale 15 088 GWh Tableau 3 : Synthèse du bilan du secteur résidentiel (Source : ENERTER - Energies Demain) Les 818 218 logements en Picardie émettent chaque année environ 2,4 millions de tonnes équivalent CO 2 (voir Tableau 3). Ces émissions sont principalement dues à la consommation d énergie pour le chauffage des logements (82%) ; l eau chaude sanitaire (ECS) contribue pour 8% aux émissions du secteur, la cuisson pour 5% et les usages spécifiques de l électricité (éclairage, électroménager, électronique de loisirs, ) pour 5%. Cette répartition moyenne, et notamment la part du chauffage, varie en fonction des caractéristiques des logements (date de construction, logement collectif ou individuel, énergie principale, etc.). La qualité thermique des bâtiments et le système de chauffage sont en effet les caractéristiques les plus déterminantes des logements vis-à-vis de leurs consommations d énergie et de leurs émissions de GES. Elles sont fortement liées à la date de construction des logements. Sur la Figure 5, on observe que la consommation unitaire des résidences principales commence à baisser à partir de 1975. Il s agit de la date de la première réglementation thermique des bâtiments adoptée après le premier choc pétrolier. La Figure 5 montre également que les maisons individuelles consomment davantage d énergie (et donc émettent davantage de GES) que les logements collectifs à surface équivalente. Cela s explique par le fait que pour une même surface habitable, les surfaces de façade en contact avec l extérieur sont moins importantes pour un immeuble que pour une Figure 5 : Consommations unitaires d énergie en fonction du type de logement et de la période de construction en Picardie (Source : ENERTER - Energies Demain) Le Tableau 4 détaille la répartition du parc de logements en fonction de ces critères. On peut par exemple y voir que la moitié des logements picards sont des maisons individuelles construites avant 1975. Au total, un peu plus des deux-tiers des logements (67%) ont été construits avant cette date, c est-à-dire sans aucune réglementation thermique applicable. Les logements anciens (et en particulier les maisons) sont également ceux pour lesquels les produits pétroliers (fioul et GPL) sont les plus utilisés. Ils sont donc les plus vulnérables à l augmentation du prix du pétrole et parmi les plus émetteurs de GES (voir Tableau 5). Cette analyse permet par exemple d identifier cette frange du parc comme une des cibles prioritaires des programmes de réhabilitation. 9

Nombre de logements Charbon Fioul GPL Gaz naturel Bois Chauffage urbain Electricité TOTAL Réparti -tion avant 1949 8 294 102 930 14 344 83 960 43 679 64 40 919 294 189 36% 1949-1975 1 834 48 297 5 435 48 159 8 364 76 16 207 128 373 16% Maison individuelle 1975-1990 1 700 25 054 5 418 29 308 12 951 59 47 640 122 129 15% 1990-2000 556 6 994 2 232 11 771 5 074 5 15 608 42 239 5% Après 2000 252 2 856 755 4 610 1 695 2 7 277 17 447 2% avant 1949 1 056 3 579 452 14 950 23 921 20 983 41 962 5% 1949-1975 2 770 7 868 757 54 644 28 16 440 10 431 92 937 11% Logement collectif 1975-1990 630 2 685 423 20 465 9 7 704 15 179 47 096 6% 1990-2000 102 238 180 8 971 1 544 15 830 25 866 3% Après 2000 11 127 99 2 242 0 66 3 435 5 979 1% TOTAL 17 204 200 628 30 093 279 079 71 824 25 881 193 509 818 218 100% Répartition 2% 25% 4% 34% 9% 3% 24% 100% Tableau 4 : Nombre de logements par type de logement, par période de construction et par énergie de chauffage (Source : Energies Demain, ENERTER ) Emissions de GES 3 (teqco 2 / an) Charbon Fioul GPL Gaz naturel Bois Chauffage urbain Electricité TOTAL Réparti -tion avant 1949 80 424 392 337 34 253 347 757 16 449 456 81 781 953 457 40% 1949-1975 18 604 183 384 12 792 201 666 3 466 443 33 991 454 347 19% Maison individuelle 1975-1990 14 724 84 634 12 021 105 219 6 546 223 94 802 318 169 13% 1990-2000 4 247 21 282 4 795 38 358 3 026 27 27 697 99 432 4% après 2000 1 758 7 670 1 483 12 894 1 006 10 11 315 36 135 2% avant 1949 7 265 10 511 949 42 500 6 3 741 28 922 93 894 4% 1949-1975 25 847 25 421 1 909 163 846 12 79 937 16 843 313 816 13% Logement collectif 1975-1990 4 488 5 615 772 37 137 3 21 793 16 137 85 944 4% 1990-2000 683 422 293 15 948 0 1 578 13 159 32 084 1% après 2000 82 235 121 3 329 0 183 2 373 6 322 0% TOTAL 158 122 731 511 69 388 968 655 30 513 108 391 327 019 2 393 599 100% Répartition 7% 31% 3% 40% 1% 5% 14% 100% Tableau 5 : Emissions de GES par type de logement, par période de construction et par énergie de chauffage (Source : Energies Demain, ENERTER ) 3 Les émissions de GES concernent l ensemble des usages (chauffage, ECS, cuisson et électricité spécifique) alors que l énergie indiquée est l énergie principale de chauffage. C est pourquoi les émissions des logements chauffés au bois n apparaissent pas nulles alors que le facteur d émission du bois vaut 0. 10

En ce qui concerne les sources d énergie, 62 % des logements utilisent une énergie fossile pour le chauffage et 24 % l électricité (voir Figure 6). La part de marché relativement importante du bois concerne principalement les logements anciens (73% avant 1975) et des systèmes de chauffage peu performants (poêles, cheminées). Le logement est un secteur vulnérable à la problématique de la raréfaction des énergies fossiles, en particulier pour les catégories de parc pour lesquelles la substitution par une autre source d énergie est difficile : logements équipés d un système de chauffage individuel en immeuble collectif, logements locatifs privés, Figure 6 : Part de marché des énergies de chauffage dans les logements en Picardie (Source : ENERTER - Energies Demain) Les bâtiments tertiaires Les 29 millions de m² de bâtiments tertiaires en Picardie émettent chaque année un peu plus de 1,2 millions de tonnes équivalent CO 2. Le Tableau 6 et la Figure 7 détaillent ces résultats par branche tertiaire. On constate alors de fortes disparités entre les différentes branches du secteur tertiaire : les surfaces commerciales représentent 28% des bâtiments tertiaires de la région et 29% des émissions alors que les bâtiments liés aux activités de transport (gares, bâtiments logistiques hors entrepôts, services associés, ) ne constituent que 3% des surfaces et 5% des émissions. Après le commerce, ce sont les activités d enseignement, de santé et les bureaux-administrations qui émettent le plus. On note qu il s agit de branches avec une forte proportion de bâtiments publics. Branche Surface de bâtiments (milliers de m²) Emissions de GES (teqco 2 / an) Consom -mation d énergi e finale (GWh / an) Administration 1 361 58 583 375 Bureaux 4 196 174 840 1 107 Commerce 8 056 360 885 2 027 Enseignement Recherche Habitat communautaire Hôtellerie Restauration Santé Action sociale Sport Loisirs Culture 5 672 168 675 775 2 049 77 194 400 881 57 345 353 3 888 194 624 904 1 999 77 157 520 Transport 1 007 55 006 293 TOTAL 29 109 1 224 309 6 753 Tableau 6 : Synthèse du bilan du secteur tertiaire (Source : ENERTER Tertiaire - Energies Demain) 11

Figure 7 : Répartition des surfaces de bâtiments et des émissions de GES par branche tertiaire (Source : ENERTER Tertiaire - Energies Demain) Les émissions des différentes branches ne sont pas toutes dues aux mêmes usages. Le chauffage des bâtiments est tout de même le principal responsable des émissions de GES pour l ensemble des branches et des deux-tiers des émissions toutes branches confondues (68%). La Figure 8 montre que les émissions unitaires (par m²) de chauffage peuvent tout de même varier de près de 40% entre l enseignement-recherche et l hôtellerie-restauration. Outre la qualité thermique des bâtiments, cela s explique aussi par des différences d usage (ouvertures fréquentes des portes vers l extérieur, période journalière de chauffe, ). Ces différences d usages impactent encore davantage les émissions associées aux autres usages : la cuisson contribue fortement aux émissions de la restauration (28%), les usages spécifiques de l électricité à celles des bureaux et administrations (éclairage et informatique : environ 10% des émissions), les émissions non-énergétiques liées à la production de froid (fuites de gaz fluorés) à celles de la branche commerce (24%). Ces résultats chiffrés permettent d objectiver ce qui peut sembler intuitif et de mesurer et répartir les efforts à faire dans une perspective de forte réduction des émissions. Figure 8 : Emissions unitaires de GES par branche et par usages (teqco 2 / m² / an) (Source : ENERTER Tertiaire - Energies Demain) 12

Les émissions de GES du transport Les émissions du transport pour la région Picardie sont évaluées à environ 4 millions de tonnes équivalent CO 2, il s agit du deuxième secteur émetteur avec un quart des émissions totales. Au niveau national, le transport est à l origine de 27 % des émissions (Source : inventaire CCNUCC, CITEPA/MEEDDM, décembre 2009). On distingue la mobilité des personnes (56 % des émissions du transport) et le fret (44 % des émissions). La mobilité des personnes Motif Nombre de déplacements annuels (millions) Distance parcourue (milliards de km.voyageurs / an) Emissions de GES (teqco 2 / an) Domicile-Travail 301,57 5,11 740 930 Domicile-Etude 157,89 0,97 67 833 Achats 385,89 1,25 128 067 Loisirs 407,81 2,91 332 487 Autres 967,95 5,24 589 513 Longue distance 7,20 4,29 393 758 TOTAL 2 228,30 19,76 2 252 589 Tableau 7 : Mobilité des personnes et émissions de GES de la Picardie (Source : Energies Demain Mobiter 2007) La mobilité des personnes est à l origine de l émission de 2,25 millions de tonnes équivalent CO 2 pour la Picardie, soit 14% du bilan régional. Le Tableau 7 présente ces résultats en distinguant les différents motifs de déplacement. Le transport est le secteur pour lequel la croissance des émissions de GES est la plus forte au niveau national (+ 15% entre 1990 et 2007, Source : inventaire CCNUCC, CITEPA/MEEDDM). En effet, malgré des véhicules de plus en plus efficaces, l augmentation du nombre de déplacements et de la distance parcourue entraîne une augmentation globale des pressions sur l environnement (effet rebond), dans un contexte où les comportements évoluent rapidement et les besoins continuent d augmenter. Figure 9 : Répartition du nombre de déplacements, de la distance parcourue et des émissions de GES par motif (Source : Energies Demain Mobiter 2007) 13

Motif Mode Véhicule particulier conducteur Véhicule particulier passager Deuxroues motorisés Autres modes motorisés Transport en commun Modes doux Avion Domicile-Travail 70% 7% 6% 0% 6% 11% 0% Domicile-Etude 1% 26% 2% 0% 27% 44% 0% Achats 36% 18% 1% 0% 6% 39% 0% Loisirs 44% 22% 2% 0% 1% 31% 0% Autres 50% 25% 2% 0% 4% 19% 0% Longue distance 39% 43% 0% 3% 14% 0% 1% TOTAL 46% 21% 2% 0% 6% 25% 0% Tableau 8 : Parts modales (% du nombre de déplacement) des déplacements par motifs en Picardie (Source : Energies Demain Mobiter 2007) Le Tableau 8 indique la part des différents modes (en nombre de déplacement) pour chaque motif. On constate que l utilisation de la voiture reste prédominante (67 % des déplacements tous motifs confondus) sauf pour les déplacements scolaires, ce qui s explique aisément par le fait que les personnes concernées ne peuvent pas conduire. Les élèves et étudiants se reportent vers les modes doux pour les petites distances et les transports en commun pour les trajets plus longs (voir Tableau 9). Ces derniers sont d ailleurs très peu utilisés pour les autres motifs hormis pour les déplacements longue distance. La distance moyenne pour les navettes domicile-travail en transport en commun est d ailleurs deux fois plus élevée que pour les déplacements en voiture pour le même type de trajet. Au contraire, les modes doux sont fréquemment choisis pour les déplacements liés aux achats, aux loisirs ou aux études. Cela peut notamment s expliquer par des distances parcourues plus courtes. La situation pour les déplacements longue distance est complètement différente : anecdotique en nombre de déplacements, ils représentent près d un quart de la distance parcourue et 17 % des émissions. Motif Mode Véhicule particulier conducteur Véhicule particulier passager Deuxroues motorisés Autres modes motorisés 4 Transport en commun Modes doux Avion Moyenne tous modes Domicile-Travail 18,2 18,2 10,5 0,0 37,1 0,8 0,0 17,0 Domicile-Etude 14,5 12,3 9,6 0,0 8,3 0,8 0,0 6,1 achats 4,9 4,9 4,5 0,0 3,8 0,8 0,0 3,2 loisirs 10,1 10,1 7,7 0,0 8,2 0,8 0,0 7,1 autres 6,5 6,5 3,8 0,0 7,5 0,8 0,0 5,4 Longue distance 601,6 601,6 0,0 601,6 582,0 0,0 429,7 596,4 Moyenne tout motif 11,0 11,9 6,8 601,6 16,0 0,8 429,7 8,9 Tableau 9 : Distance moyenne (en km) des déplacements par mode et par motif en Picardie (Source : Energies Demain Mobiter 2007) 4 «Autres modes motorisés» désigne principalement les camping-cars, vans, fourgonnettes, 14

L enjeu particulier des déplacements domicile-travail Les déplacements domicile-travail apparaissent comme un enjeu particulier pour la réduction des consommations d énergie et des émissions de GES. En effet, ils sont à l origine d une part significative des émissions (33% pour la Picardie voir Figure 9) alors que le nombre de déplacements concernés est relativement modéré (environ 155 déplacements par habitant et par an, soit 14% du nombre de déplacements). En outre, il s agit généralement de déplacements contraints et réguliers (allers-retours quotidiens) sur lesquels il peut être plus facile d intervenir (covoiturage, offre de modes alternatifs à la voiture, localisation des logements et des activités, ). En Picardie, la part modale de la voiture particulière dépasse actuellement 75% pour les navettes domicile-travail, avec une part relativement faible de covoiturage (7%). La Figure 10 montre qu il s agit du mode le plus émissif. Pour les déplacements domicileétude (également réguliers), cette part n est que de 27%. En milieu rural, l offre de transport en commun est par exemple souvent prévue pour répondre à cette demande spécifique. Les déplacements domicile-travail peuvent donc être une cible prioritaire pour imaginer une politique de mobilité alternative à la voiture, y compris en milieu rural. A court-terme, cela passe notamment par le développement des Plans de Déplacements d Entreprise (PDE) qui sont les outils les plus opérationnels pour étudier et construire des solutions. A plus long terme, l adéquation entre le développement de l offre de logements et d emplois sur un territoire compact (en termes quantitatifs mais aussi et surtout qualitatifs : l offre résidentielle correspond-elle aux niveaux de revenus des emplois du territoire et réciproquement?) est un levier à intégrer le plus tôt possible dans les politiques et stratégies de développement territorial. Figure 10 : Emissions moyennes de GES par km parcouru en Picardie (geqco 2 / km) (Source : Energies Demain Mobiter 2007 à partir des facteurs d émission du Bilan Carbone ) La méthode de comptabilité des émissions utilisée pour le tableau de bord est construite à partir des origines/destinations des déplacements : on affecte la moitié des émissions au territoire d origine et la moitié à celui de destination. L impact direct des infrastructures n apparaît donc pas : les émissions du transit sur les autoroutes ou celles de l aéroport de Beauvais sont réparties aux lieux d origine et de destination finales des déplacements concernés. Il peut néanmoins être intéressant de proposer des compléments afin d évaluer l impact en termes d émissions de gaz à effet de serre des infrastructures de dimension régionale (voir encadrés ci-dessous). L aéroport de Beauvais L aéroport de Beauvais a fait réaliser son propre Bilan-Carbone qui comptabilise les émissions de l ensemble des vols qui décollent ou atterrissent à Beauvais, quelque soit l origine et la destination finale des passagers. On obtient alors le chiffre de 588 milliers de tonnes équivalent CO 2. A titre de comparaison, les émissions du transport aérien de voyageurs comptabilisés dans le bilan régional, soit la moitié des émissions des déplacements dont l origine ou la destination sont en Picardie, sont de 7 585 teqco 2. Le transit : un enjeu régional? Le transport en Picardie ne se limite pas à la mobilité des personnes et des marchandises qui viennent ou qui partent du territoire. Au cœur de l Europe entre Paris, Bruxelles et Londres, la Picardie est aussi une région de passage. A l échelle régionale se pose donc également la question du transit. Les seules données sur le sujet dont dispose l observatoire se limitent à une estimation du transit sur les autoroutes qui traversent la région. Les émissions de gaz à effet de serre correspondantes 5 sont évaluées à environ 465 milliers de tonnes équivalent CO2 par an, soit l équivalent de 10 % des émissions du transport prise en compte dans le bilan régional 6. 5 Contrairement aux émissions de la mobilité associée à la population et aux activités du territoire, les émissions du transit comptabilisées ici correspondent uniquement à la part des déplacements réalisés sur le territoire de la région. 6 Par souci de cohérence méthodologique et pour éviter tout double-compte, les émissions du transit ne sont pas intégrées dans le bilan régional. Elles sont indiquées ici uniquement à titre d information complémentaire à l échelle régionale. 15

Le transport de marchandises Les émissions du transport de marchandises imputées à la Picardie sont évaluées à 1,75 millions de tonnes équivalent CO 2 par an, soit 11% du total des émissions régionales. Les flux de marchandises et les émissions de GES considérés reflètent les besoins, l activité et l offre logistiques du territoire, y compris ses besoins en tant qu origine ou destination finale de produits et matériaux. La tonne.kilomètre (t.km) est une unité de mesure des flux de transport de marchandises. Elle correspond au transport d une tonne sur un kilomètre. Elle permet d additionner et de comparer des flux de marchandises en intégrant à la fois une information sur la distance parcourue et sur la quantité de marchandises transportées. Par exemple, un camion transportant 10 t entre Amiens et Compiègne (environ 95 km) correspond à un flux de 10 t x 95 km = 950 t.km. le fret interne à la région ne représente que 8 % des flux mais contribue à 14 % des émissions. Les flux sortants sont légèrement plus importants que les flux entrants (ce qui peut signifier que la Picardie exporte plus de produits ou qu elle les exporte plus loin qu elle n en importe). L ensemble des échanges de marchandises avec l extérieur de la région occasionne l émission d environ 1,5 millions de teqco 2 / an même si toutes ces émissions n ont pas lieu sur le territoire picard. Figure 11 : Répartition des flux et des émissions de GES du fret en fonction du type de flux (Source : Energies Demain) La Figure 11 montre la répartition des 18,49 millions de tonnes.kilomètre et des 1,75 millions de tonnes équivalent CO 2 du transport de marchandises en fonction du type de flux : En ce qui concerne les parts modales (voir Figure 12), la route reste largement majoritaire avec 64 % des flux, alors que c est l un des modes les plus émetteurs. 93 % des émissions du secteur sont ainsi dues à ce mode. Pour les flux intra-régionaux, la part modale de la route atteint même 99 %. En ce qui concerne le fret international, l aérien est un mode particulièrement émetteur (3 % des émissions) alors qu il ne représente que 0,4 % des flux en tonnes.kilomètre. A l inverse, le mode maritime a des émissions unitaires très faibles : 0,009 teqco2 / t.km, soit 60 fois moins que l aérien. Figure 12 : Répartition des flux et des émissions du fret par mode (Source : Energies Demain) 16

Les émissions de GES de l agriculture La production agricole en Picardie est à l origine de l émission de 3,3 millions de tonnes équivalent CO 2 par an, soit 20% des émissions régionales. Au niveau national, le secteur représente 21 % des émissions (Source : inventaire CCNUCC, CITEPA/MEEDDM, décembre 2009). La Figure 13 détaille ces émissions par grands types de production. On constate que les cultures sont à l origine de 54 % des émissions dont 25 % pour le blé. Le bétail représente quant à lui 46 % des émissions dont 39 % pour les vaches et bovins. Agriculture et cycle du carbone Les résultats donnés ici correspondent au bilan net des émissions et absorptions de GES liés aux cycles agricoles. Conformément aux conventions internationales (GIEC), on considère par exemple que le carbone absorbé par les cultures annuelles (photosynthèse) est réémis à court terme soit par la respiration et la digestion des animaux et des personnes qui les mangent, soit par l oxydation du carbone contenu dans les résidus de culture. En regardant l ensemble du cycle du carbone, l absorption des cultures annuelles est contrebalancée et n apparaît donc pas dans le bilan net. En revanche, les modifications à long terme du stock de carbone dans le sol sont prises en compte dans le secteur UTCF. Figure 13 : Répartition des émissions de l agriculture Picarde par type de production en 2007 (Source : Energies Demain sur données Agreste principalement) Culture Bétail Les émissions de l agriculture se caractérisent par une proportion importante des émissions nonénergétiques. Pour les cultures, les émissions de protoxyde d azote (N 2 O) représentent 75 % des émissions, dont 59 % liées aux fertilisants synthétiques et 16 % aux résidus de culture. La Figure 14 montre que les émissions varient fortement en fonction du type de culture mais que ces variations suivent la répartition des surfaces cultivées. La culture du blé occupe 42 % de la surface et occasionne 47 % des émissions des cultures. Les émissions énergétiques (25 % du total) sont dues à la consommation de carburants pour les engins agricoles. L optimisation des amendements (réduction des apports azotés non indispensables), des rotations de cultures pour fixer l azote dans les sols et des itinéraires agricoles (consommation de carburant) sont les principaux leviers techniques de réduction des émissions. En ce qui concerne le bétail, les émissions nonénergétiques sont aussi les plus importantes (97 % du total). La fermentation entérique représente 58% et les effluents 39%. L optimisation de l alimentation du bétail ou de la gestion des effluents (captage et valorisation du méthane par exemple) sont donc les principaux moyens de réduire les émissions à production équivalente. Les consommations d énergie peuvent également être réduites dans les bâtiments (chauffage, équipements). En revanche, les spécificités entre type de production sont plus prononcées que pour les cultures. Les émissions unitaires (par tête) et l importance relative des différents postes varient fortement entre les vaches laitières, les volailles ou les ovins (voir Figure 15). Les vaches et bovins sont à l origine de 84 % des émissions de l élevage, dont les deux-tiers en raison de la fermentation entérique. Ces écarts soulèvent la question des émissions associées aux habitudes alimentaires et des équilibres économiques entre les différents types de production agricole. 17

Figure 14 : Emissions des cultures picardes par poste (teqco 2 / an) (Source : Energies Demain) Figure 15 : Emissions des élevages picards par postes (teqco 2 / an) (Source : Energies Demain) 18

Les émissions de GES de l industrie Les industries picardes sont les principaux émetteurs de GES de la région avec environ 4,5 millions de teqco 2 par an (hors industries de production d électricité), soit 29 % des émissions régionales. L importance industrielle de la région se retrouve donc également dans le profil de son bilan d émissions de GES. Par comparaison, au niveau national, l industrie manufacturière (hors secteur de l énergie) représente 20 % des émissions de gaz à effet de serre (Source : inventaire CCNUCC, CITEPA/MEEDDM, décembre 2009). Ces émissions varient assez sensiblement en fonction des branches industrielles (voir Figure 16). L agroalimentaire, qui emploie plus de 24 000 personnes est la branche la plus émettrice de la région avec près de 1,8 millions de tonnes équivalent CO 2 émises chaque année. A l opposé, le secteur mécanique automobile est le principal employeur (environ 32 000 emplois) et ne représente que moins de 5% des émissions de l industrie. Figure 16 : Emplois et émissions de GES du secteur industriel picard par branche d activité (Sources : SIRENE et Energies Demain) Ces différences s expliquent avant tout par des différences entre les procédés de production. Les industries diverses ont en moyenne la meilleure intensité d émissions par emploi (3,9 teqco 2 par an et par employé) tandis que l agroalimentaire émet plus de 76 teqco 2 / an / employé. Pour la plupart des branches, les procédés thermiques liés à la fabrication (fours, séchoirs, ) sont les principaux usages consommateurs d énergie 7. Les spécificités de chaque branche se retrouvent également au niveau de la part des émissions non-énergétiques qui atteint près de 50% des émissions pour la branche Chimie Pharmacie contre 0% pour l agroalimentaire. 7 La répartition par usage énergétique proposée est la répartition nationale par branche (source : SESSI EACEI 2009). Elle n a qu une valeur indicative. En moyenne, les émissions non-énergétiques représentent 18 % des émissions industrielles (dont près de la moitié de protoxyde d azote et un tiers de CO 2 ) alors que la combustion d énergie fossile (gaz, produits pétroliers et charbon) est responsable de deux-tiers des émissions (voir Figure 17). 19

Figure 17 : Répartition des émissions de l industrie Picarde par sources (Source : Energies Demain) 20

Les émissions de GES des déchets et des eaux usées Les émissions des déchets ménagers et des eaux usées générés en Picardie émettent 0,40 millions de tonnes équivalent CO 2, soit 2 % du total régional. Au niveau national, ce secteur représente également 2 % des émissions de GES (Source : inventaire CCNUCC, CITEPA/MEEDDM, décembre 2009). Pour ce secteur, ce sont les émissions nonénergétiques qui sont les plus importantes avec 77% des émissions liées aux déchets solides et 100% des émissions liées aux eaux usées, soit 84 % du secteur (voir Figure 18). En ce qui concerne les eaux usées, le taux moyen de raccordement considéré est de 69 %, on peut donc déduire de la Figure 18 que les émissions par habitant sont beaucoup plus élevées pour l assainissement non collectif que pour l assainissement collectif (environ 10 fois plus). La Figure 19 précise la répartition des émissions en fonction du type de déchets. Les ordures ménagères résiduelles contribuent à 84 % des émissions alors qu elles ne représentent que 52 % des tonnages collectés. Figure 18 : Répartition des émissions du secteur des déchets et des eaux usées par postes d émissions (Source : Energies Demain) Figure 19 : Répartition des tonnages collectés et des émissions de GES des déchets solides en Picardie par fraction de déchets (Sources : ADEME Observatoire des déchets et Energies Demain) 21

La valorisation énergétique des déchets L observatoire régional des émissions de gaz à effet de serre imputent les émissions énergétiques aux consommateurs. Afin d éviter tout double-compte, la production d énergie n apparaît pas comme une activité émettrice dans le bilan GES de la région. La valorisation énergétique des déchets n est donc pas prise en compte dans les chiffres ci-dessus. Toutefois, il apparaît indispensable de compléter le bilan territorial par une analyse plus fine des différents modes de traitement qui intègre la valorisation énergétique. En produisant 74 GWh d électricité et 53 GWh de chaleur par an (Source : ADEME - Observatoire des déchets), dont la majorité à l incinérateur de Villers-Saint-Paul mais aussi par valorisation du biogaz, le traitement des déchets en Picardie permet d économiser 21 500 teqco 2 /an. En intégrant ces données, on peut comparer les différents modes de traitement en fonction de leurs émissions de gaz à effet de serre 8. Les histogrammes de la Figure 20 indiquent les effets des différents postes d émission ou d atténuation pour une tonne de déchet traité en Picardie. On constate que le traitement organique (compostage et méthanisation) est le moins émetteur lorsqu il est possible (déchets fermentescibles). Pour l incinération et l enfouissement, l efficacité dépend de ce qui est pris en compte. En intégrant la valorisation énergétique (courbe noire en trait plein), l incinération d une tonne de déchet émet moins que l enfouissement (0,22 teqco 2 contre 0,29). En revanche, en enfouissant les déchets, on peut également séquestrer une certaine quantité de carbone dans le sous-sol (et donc réduire la quantité de carbone c est-à-dire de CO 2 dans l atmosphère) à hauteur de 0,16 teqco 2 par tonne de déchet traité. L enfouissement devient alors en moyenne moins émetteur que l incinération. De grandes incertitudes scientifiques demeurent sur ce processus, c est pourquoi il est préférable de présenter séparément les résultats obtenus (courbe noire en pointillé). Figure 20 : Emissions de GES par tonne de déchet traité en fonction du mode de traitement (Source : Energies Demain) 8 Le recyclage n est pas mentionné ici car la méthodologie de calcul utilisée ne permet pas d évaluer les émissions évitées du fait de l intégration de matériaux recyclés dans le circuit de production économique, ce qui constitue sans doute l effet principal du recyclage. 22

Les émissions associées aux changements d usage des sols et à la forêt (UTCF) La concentration de carbone dans l atmosphère (notamment sous la forme des deux principaux gaz à effet de serre : CO 2 et CH 4 ) est en fait la variable d ajustement de grands équilibres géochimiques entre le carbone contenu dans les océans, la biomasse (le carbone est l un des principaux éléments constitutifs des êtres vivants) et l atmosphère. Toute perturbation anthropique du cycle du carbone est donc à l origine d une variation de la concentration de gaz à effet de serre qui peut être assimilée à une émission ou une absorption de CO 2. On regroupe ces phénomènes dans un secteur appelé «Utilisation des terres, leurs changements et la forêt» (UTCF). Ainsi, la sylviculture constitue un puits d absorption de carbone puisque la croissance ligneuse des arbres «consomme» du carbone atmosphérique grâce au mécanisme de la photosynthèse. En Picardie, la croissance des 320 000 ha de forêt représente un puits d absorption d environ 1,8 millions de tonnes équivalent CO 2 par an (voir Tableau 10). Au même titre que la forêt, les sols sont susceptibles de stocker ou non une certaine quantité de carbone en fonction de leurs usages (une forêt en contient plus qu une prairie qui en contient elle-même davantage qu une terre cultivée ou urbanisée). Le changement d usage des sols entraine donc une modification du carbone qu ils contiennent et peut être à l origine d absorption ou d émissions de GES. L urbanisation de 531 hectares par an est par exemple responsable de l émission de 470 teqco 2 (voir Tableau 10). Les nouvelles prairies (316 ha /an) proviennent essentiellement de la déforestation, ce qui explique l imputation de 1 300 teqco 2 supplémentaires. Au total, le secteur de l UTCF contribue à absorber environ 1,8 millions de teqco 2. Compte-tenu des incertitudes scientifiques plus fortes sur ce secteur que sur les autres, la plupart des travaux de comptabilité d émissions de GES, par exemple dans le cadre d exercices d atténuation des émissions, se font «hors UTCF». Processus Surface concernée (ha) Absorption/émissions de GES (teqco 2 / an) Croissance des forêts 319 211-1 810 263 Nouvelles prairies dont anciennes cultures dont déforestation 316 11 287 1 314-39 1 353 Urbanisation 531 469 Mise en culture 38 127 Autres 99-332 Total 320 194-1 808 684 Tableau 10 : Détails des émissions de l UTCF (Sources : Corine Land Cover et Energies Demain) 23

Les enjeux énergétiques en Picardie A la question du réchauffement climatique vient se superposer l enjeu de la raréfaction des sources d énergie fossiles. Selon l Agence Internationale de l Energie (World Energy Outlook, 2009), le pétrole (34 %), le charbon (27 %) et le gaz naturel (21 %) sont aujourd hui les principales sources d énergie primaire utilisées dans le monde. Le pétrole et dans une moindre mesure les autres énergies fossiles cumulent en effet plusieurs qualités exceptionnelles : multiples usages possibles, rentabilité économique et énergétique, intensité énergétique, facilité à être stocké et transporté, Toutefois, les réserves mondiales de pétrole, de charbon et de gaz sont finies ; leur production et leur utilisation finiront donc par décroître. Le pic de découverte de réserves de pétrole a eu lieu en 1964 et on estime que le pic de production aura probablement lieu au cours des prochaines années. Il est donc nécessaire de prévoir et d anticiper le déclin de la disponibilité du pétrole à court-terme et des autres sources fossiles et fissiles à moyen terme. Cette nécessité coïncide avec celle de l atténuation des émissions de GES et des autres externalités négatives de ces sources d énergie (pollutions et risques divers, tensions géopolitiques, ). La consommation d énergie en Picardie La consommation d énergie finale en Picardie est de 5,08 millions de tonnes équivalent pétrole (tep) en 2007. Cela représente environ 3,1 % de la consommation française (soit sensiblement le même poids qu en termes de population). La répartition de la consommation finale par secteur (voir Figure 21) fait apparaître le poids très important des bâtiments (37%). Le chauffage des bâtiments et notamment des logements est le principal usage de l énergie en Picardie. La part du secteur industriel (34%) est quant à elle nettement plus importante que la moyenne nationale (26%, source : SOeS). Au contraire, les transports ne représentent que 26 % de la consommation d énergie contre 31% au niveau national (Source : SOeS). La différence entre la répartition de la consommation d énergie (Figure 21) et celle des émissions (Figure 2) correspond aux émissions non-énergétiques majoritaires pour l agriculture et les déchets. La plus faible part des bâtiments dans les émissions s expliquent aussi par l usage relativement important de bois (qui n émet pas de GES). La répartition par type d énergie (voir Figure 22 ) fait apparaître l importance des énergies fossiles dans le mix énergétique final : 69% pour les usages directs du charbon, du pétrole et du gaz auxquels il faudrait ajouter la part des énergies fossiles pour la production d électricité et de chaleur dans les réseaux. On constate également la faible part des énergies renouvelables (principalement la biomasse et environ 14% de l électricité d après le SOeS). Figure 21 : Répartition de la consommation d énergie finale par secteur en Picardie en 2007 (Source : Energies Demain) Figure 22 : Répartition de la consommation d énergie finale par type d énergie en Picardie en 2007 (Source : Energies Demain) 24