LA SEDATION Approche de psychologie clinique EMILIE MAZZONETTO SEVERINE ABIGNON 16/04/2015
Les désignations de la sédation Sédation ponctuelle Sédation transitoire Sédation terminale Sédation palliative Sédation profonde Sédation continue Sédation pour détresse Sédation légère Sédation de répit Sédation de détresse terminale Sédation d urgence Et autres terminologies
Diversitédes désignations, pourquoi? Diversité des demandes et des situations des malades: chaque situation est singulière. Différencier chaque sédation car il ne s agit pas des mêmes enjeux: Quelles demandes pour quelles intentions? Diversité des terminologies aussi de par la complexité d analyse de la demande et de mise en pratique de cet acte avec tous les risques que cela peut engendrer.
Les indications de la sédation Acte médical visant à soulager un malade. Présentant une détresse psychologique en relation avec un ensemble de douleurs et symptômes complexes. Confronté à des douleurs ou symptômes réfractaires.
Indications psychologiques de la sédation? Malade vigilant, communicant qui demande un soulagement qu il n obtient pas en dépit des efforts des soignants. Rencontrer un symptôme considéré par le patient comme réfractaire/insupportable (notion subjective). Attention! Le caractère dramatique de la situation du point de vue des témoins (famille, soignant) ne doit pas s imposer au malade qui est le seul à déterminer ce qu il considère comme insupportable.
Les indications qui font débat Les situations de souffrance à dominante existentielles «réfractaires» chez des personnes atteintes de maladie grave lentement évolutive. Les situations de séquelles, sentiment d indignité, perte de la maîtrise du corps, blessures narcissiques, «peur de devenir fou». Les situations de souffrance à dominante psychologique débouchant sur une demande de suicide assisté, d euthanasie ou de sédation. Ensemble large d éprouvés affectifs: peur de/du mourir, de faire souffrir les proches, épuisement, sentiment d exclusion, difficultés de communication.
La sédation, une situation paradoxale La sédation ne doit pas être une réponse au désir d une mort paisible. Soulager à tout prix? =>Peut conduire pour ne pas voir, ne pas entendre à un véritable acharnement à visée sédative pour faire taire aussi bien le symptôme que le sujet. Toujours s intéresser à la demande du sujet, faisons le reconnaitre, en particulier quand celui-ci ne demande rien.
La sédation, une demande équivoque «Endormir l autre»: qui et que cherche-t-on à endormir? La sédation: on peut aussi entendre «cédation», mais que fait-on céder? Ambivalence d une demande de sédation: alternative à l euthanasie? Passage à l acte? Qui demande? Pour qui? Car même quand il y a une demande cela reste complexe. Surtout que, parfois, la demande ne traduit pas ce que l on désire.
La sédation, une pratique banale? Le risque de la banalisation de cette pratique et la dérive possible qui consisterait à en faire la réponse systématique et unilatérale, gage de bonne mort. Toujours réinterroger l indication de cette prescription face à la singularité de chaque situation.
La souffrance La souffrance est parfois tellement inaccessible et résistante à toutes formes d accompagnement qu elle peut être jugée réfractaire. Dans les faits et la réalité, certaines personnes donnent à penser que tous les moyens sont disponibles pour écouter, entendre, comprendre et apaiser la souffrance. Faut-il traiter l intraitable? Peut-on entendre le désir de ne plus vivre d une personne qui se sent déjà morte? Peut-on admettre que la vie de certains patients n ait plus de sens? Peut-on comprendre qu un individu puisse à la fois vouloir être mort et ne pas vouloir mourir? Parfois la souffrance est telle qu il n y a pas d espace psychique pour autre chose que la souffrance.
La souffrance (2) Difficulté de partager les pensées et les représentations de mort: il y a quelque chose d indicible, d incommunicable. Perte du sens de la vie, de l élan vital. La personne peut se vivre comme «bonne à mourir»: cette angoisse de mort massive peut se cristalliser et déboucher sur une demande euthanasique.
Interrogations éthiques Qui demande? Pourquoi? Qui décide? Qui induit le geste? De quelle façon l entourage est-il pris en considération? Le principe «d humanité» est-il alors respecté?
Accompagnement du malade en situation de sédation Informer avec tact et mesure le sujet des objectifs/enjeux/conséquences de la sédation. Assurer une continuité de présence et de soin au malade.
Accompagnement de l entourage Poursuite du soutien car quand le patient est endormi il y a parfois une perte de sens. Importance d informer l entourage de l impossibilité d échanger verbalement avec le patient sédaté. Pour certains la sédation restaure un sens et un apaisement; pour d autres l inconscience s apparente à une mort psychique et relationnelle. Inquiétude, angoisse: n est-il pas mort? N est-t-il pas en train de mourir d un acte euthanasique? Culpabilité: Serions-nous plus ou moins complice d un acte euthanasique? Disponibilitédes membres de l équipe pour l écoute, les explications, l accompagnement clinique et relationnel
Vécu des soignants Vécu d échec. Prescription médicale: prise de position. Responsabilités dans la réalisation. Culpabilité.
Modifications de la relation soignant-soigné Apaisement du malade. Doutes: qu est-ce que j aurais dû faire? Dramatisation du risque vital /Double effet. Angoisse /culpabilité. Renforcement de la dissymétrie soignant-soigné. Besoins de traçabilité, d écoute, d explications, de partage dans les temps de transmissions. Participation au groupe de parole.
L anticipation Anticipation des médecins Anticipation avec le malade Anticipation avec les proches Anticipation des soignants S ils en font la demande, il est possible d aborder, avec les patients, ces possibilités «extrême» de soulagement. ATTENTION quand même à trop anticiper on peut aussi éveiller des angoisses massives jusqu alors refoulées ou contenues. ATTENTION aux dérives de la sédation quand les manifestations symptomatiques sont trop bruyantes.
En bref La sédation ne doit pas être diabolisée mais elle ne doit pas être banalisée non plus. Situations souvent très complexes qui font appel aux représentations et à la subjectivité de chacun. Importance de discuter en équipe l indication de chaque sédation. Il est important que la sédation reste un recours «dans les cas extrêmes» pour des situations exceptionnelles.