Attaque "chimique": Washington menace la Syrie d'une réponse militaire Par afp, le 7/4/2017 à 03h54
Rex Tillerson accueille le président chinois Xi Jinping lors de son arrivée à l'aéroport de Palm Beach, le 6 avril 2017 en Floride / AFP Les Etats-Unis ont menacé jeudi la Syrie d'une réponse militaire après une attaque chimique présumée, mais la Russie alliée de Damas a mis en garde Washington contre une intervention armée. Signe d'une accélération des évènements, le président Donald Trump a dénoncé une "honte pour l'humanité" après le raid mardi contre la localité de Khan Cheikhoun dans le nord-ouest de la Syrie, qui a fait au moins 86 morts, dont 27 enfants. En arrivant en Floride pour accueillir son homologue chinois Xi Jinping, le président républicain a réclamé que "quelque chose se passe" contre le régime syrien. Son chef de la diplomatie Rex Tillerson a accusé "le régime syrien sous la gouverne du président Bachar al-assad d'être responsable de cette attaque". La chancelière allemande Angela Merkel a, elle aussi, montré du doigt le "régime d'assad". Le secrétaire d'etat a promis "une réponse appropriée à cette attaque aux armes chimiques qui viole toutes les résolutions précédentes des Nations unies (et) les normes internationales".
Des habitants de Khan Cheikhun enterrent des victimes d'une attaque chimique présumée, le 5 avril 2017 dans la province d'idleb, en Syrie / AFP D'après un responsable américain, la Maison Blanche examine des options militaires présentées par le Pentagone et qui, selon les médias, pourraient être mises en oeuvres de façon imminente. Elles comporteraient des frappes afin de clouer au sol l'aviation syrienne. Deux navires de guerres américains armés de missiles Tomahawk croisent en Méditerranée orientale, a précisé un autre responsable de la Défense. - 'Conséquences négatives -
Une vicitime de l'attaque au gaz soignée dans un hôpital dans le nord de la Syrie, le 4 avril 2017 / AFP/Archives Mais à l'issue d'une réunion du Conseil de sécurité de l'onu qui débat depuis deux jours d'une résolution de condamnation de l'attaque, l'ambassadeur russe Vladimir Safronkov a averti les Etats- Unis de "conséquences négatives" en cas d'intervention militaire. Le diplomate russe a dénoncé une "entreprise tragique et douteuse". Indigné par cette attaque "odieuse", un "affront à l'humanité", le président Trump avait menacé dès mercredi de passer à l'action. A l'été 2013, son prédécesseur Barack Obama avait renoncé à frapper le régime syrien après une attaque aux armes chimiques près de Damas qui avait fait plus de 1.400 morts. A l'époque, le magnat de l'immobilier Donald Trump avait exhorté sur Twitter M. Obama à ne pas intervenir en Syrie. Jeudi, Rex Tillerson a en outre plaidé pour le départ du président syrien, après avoir dit le contraire il y a une semaine. Dorénavant aux yeux du patron de la diplomatie américaine, "le rôle d'assad à l'avenir est incertain et avec les actes qu'il a perpétrés, il semblerait qu'il n'ait aucun rôle pour gouverner le peuple syrien".
Le président russe Vladimir Poutine lors d'une rencontre avec son homologue ouzbek Shavkat Mirziyoyev, au Kremlin, le 5 avril 2017 / POOL/AFP Jeudi dernier, lui et l'ambassadrice américaine à l'onu Nikki Haley avaient semblé s'accommoder du maintien au pouvoir du chef de l'etat syrien, avant de hausser le ton cette semaine. L'ancienne secrétaire d'etat démocrate Hillary Clinton, qui avait milité pour une approche plus musclée de l'administration de Barack Obama contre le régime de Damas, s'est dite favorable à des frappes pour "détruire" les bases aériennes syriennes. Perçu comme un isolationniste et hostile à l'interventionnisme de l'amérique au Moyen-Orient, Donald Trump avait reconnu mercredi que l'attaque chimique avait eu "un énorme impact" sur lui et que son "attitude vis-à-vis de la Syrie et d'assad avait nettement changé". L'indignation internationale a pris de l'ampleur après des images d'enfants pris de convulsions sous leur masque à oxygène, de personnes gisant dans les rues et saisies de spasmes, de la mousse sortant de la bouche. Le caractère chimique de l'attaque semble ainsi se préciser, même si les circonstances restent controversées. En Turquie, où de nombreux blessés ont été évacués, les premières analyses "effectuées à partir des éléments prélevés sur les patients laissent penser qu'ils ont été exposés à un agent chimique", selon le ministère de la Santé. Des médecins et des ONG comme Médecins sans frontières (MSF) ont également évoqué l'utilisation d'"agents neurotoxiques", en particulier le gaz sarin.
Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) Le sarin, un puissant neurotoxique / AFP - Gaz invisible - Ce gaz est inodore et invisible. Même s'il n'est pas inhalé, son simple contact avec la peau bloque la transmission de l'influx nerveux et entraîne la mort par arrêt cardio-respiratoire. Le régime syrien a été accusé d'avoir utilisé du gaz sarin le 21 août 2013 dans l'attaque de localités aux mains des rebelles en périphérie de Damas, qui avait fait au moins 1.429 morts, dont 426 enfants, selon les Etats-Unis. Mais le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem a réaffirmé que l'armée de son pays "n'a pas utilisé et n'utilisera jamais" d'armes chimiques contre son peuple, "pas même contre les terroristes", expression du régime pour désigner rebelles et jihadistes. D'après lui, l'aviation a frappé "un entrepôt de munitions appartenant" à des jihadistes et "contenant des substances chimiques". Une explication déjà avancée par l'armée russe mais jugée "fantaisiste" par des experts militaires. afp