Tomate sol. Suivi de la fertilisation et de l irrigation

Documents pareils
Fiche Technique. sur l itinéraire de fertilization de la Pomme de terre. (Solanum tuberosum L.) au Cameroon

Rotations dans la culture de pomme de terre : bilans humiques et logiciel de calcul

Contexte : Objectif : Expérimentation :

RESULTATS DE L ESSAI VARIETES D ORGES D HIVER EN AGRICULTURE BIOLOGIQUE CAMPAGNE

10 en agronomie. Domaine. Les engrais minéraux. Livret d autoformation ~ corrigés. technologique et professionnel

Valérie Roy-Fortin, agr. Bio pour tous! - 6 mars 2015

Le ph, c est c compliqué! Gilbert Bilodeau, agr., M.Sc.


La campagne 2004/05 a vu des livraisons globalement stables:

Moyens de production. Engrais

Placettes vers de terre. Protocole Fiche «Description spécifique» Fiche «Observations»

Techniques agronomiques innovantes de la conduite du maïs fourrage

DAIRYMAN aux Pays-Bas

Prélèvement/préparation p des échantillons et analyse des reliquats d azote

NOP: Organic System Plan (OSP) / EOS: Description de l Unité Information et documents requis

Comment utiliser les graines de soja à la cuisine

Association des. Objectifs. convivialité, réunir les habitants autour du jardinage. action sociale, action environnementale,

COMPTE RENDU. Journée semis direct dans le Béarn

Fertiliser le maïs autrement

STRATEGIES DE CONDUITE DE L IRRIGATION DU MAÏS ET DU SORGHO DANS LES SITUATIONS DE RESSOURCE EN EAU RESTRICTIVE

Note récapitulative : culture de Taillis à très Courte Rotation (TtCR) de saules

FICHE TECHNIQUE SUR LA FERTILISATION DE LA PASTEQUE

Traitement des sols fins compactés : contribution à la reconnaissance des conditions défavorables

Demande chimique en oxygène

Semis direct du maïs

4. Conditionnement et conservation de l échantillon

CHOU BIOLOGIQUE. Evaluation d aménagements floristiques sur la répartition intra-parcellaire des auxiliaires

Bien choisir sa variété de maïs ensilage

Présenté par : Dr Asmae Nouira. Novembre Hanoi Journées Scientifiques Inter-Réseaux AUF

Informations techniques sur la culture de l ananas

Partie V Convention d assurance des cultures légumières

ExPost. Aménagements de bas-fonds. septembre Division Évaluation et capitalisation Série Note de Synthèse

FERTILISATION AZOTÉE. DANS LE MAïS-GRAIN

CHAPITRE 8 PRODUCTION ALIMENTAIRE ET ENVIRONNEMENT

1.2. REALISATION DES OPERATIONS DE PRELEVEMENTS ET D ANALYSES

Vivons au Potager UN CAPITAL DE VITALITÉ POUR TOUTE LA FAMILLE POUR UNE MEILLEURE QUALITÉ DE VIE

Les principaux sols de la plaine et des collines du Bas-Rhin

Conseil Spécialisé fruits et légumes

La vie du sol : «Les racines de la fertilité de vos cultures»

Bibliothèque Royale Albert 1er

Les techniques alternatives dans la gestion des eaux pluviales. Jean Yves VIAU Directeur Opérationnel

L agrément des entreprises pour le conseil indépendant à l utilisation de produits phytopharmaceutiques. Ordre du jour

Fiche Technique. Filière Maraichage. Mais doux. Septembre 2008

VI) Exemple d une pépinière de plantes ornementales.

Contacts. Juin 2014 CONSEILS DE SAISON

Produire avec de l'herbe Du sol à l'animal

Annexe 2: Région des Savanes Caractéristiques et bas fonds identifiés

Physique Chimie. Réaliser les tests de reconnaissance des ions Cl -,

CRITERES D EXAMEN DE VARIETES EN VUE DE LEUR ADMISSION AU CATALOGUE POMMES DE TERRE (Solanum tuberosum L.) - 13/12/2013

CREATION DE FORAGE, PUITS, SONDAGE OU OUVRAGE SOUTERRAIN

Le développement durable peut-il se passer d engrais minéraux?

Questionnaire Lycée SALLE DES EAUX DU MONDE

Lombricompost. «Il faut nourrir le sol pour nourrir la plante»

Bulletin d information

Anne Vanasse, agr., Ph.D. Université Laval. Le chapitre 3. Les rédacteurs

Exemple du SATESE MAGE 42

Jean-Marc Schaffner Ateliers SCHAFFNER. Laure Delaporte ConstruirAcier. Jérémy Trouart Union des Métalliers

Pour améliorer la qualité Objectif esthétique pour l eau potable 1 mg/l

Changement de campagne

Guide de la documentation parcellaire

La culture de la fraise à jours neutres

UNEP /UNESCO /UNCH / ECA

Les ouvriers du sol et les pratiques agricoles de conservation

Evaluation de cépages résistants ou tolérants aux principales maladies cryptogamiques de la vigne

THEME 2. LE SPORT CHAP 1. MESURER LA MATIERE: LA MOLE

CONVENTION POUR LE RACCORDEMENT DES INDUSTRIELS DE SAINT-BRIEUC AU RESEAU D'ASSAINISSEMENT. Mesdames, Messieurs,

Quelques éléments de bibliographie :

2. Gestion du sol, fertilisation, nutrition des cultures et cultures de couverture

ATELIER DE RESTITUTION DU 27 NOVEMBRE 2014 ETUDE SECTEUR AGROALIMENTAIRE PROGRAMME EDEC

Semis direct: de l essai à la pratique

CAHIER DES CLAUSES TECHNIQUES PARTICULIERES

DIRECTIVE NITRATES ZONE VULNERABLE 4ème Programme d Actions

La base de données régionale sur les sols. d Alsace. La base de données régionale sur les sols d Alsace

Pour la mise en place d une licence de conseil stratégique au service de l agroécologie

Programme Formations Vivelys

Annexe 3 Captation d énergie

Biostatistiques Biologie- Vétérinaire FUNDP Eric Depiereux, Benoît DeHertogh, Grégoire Vincke

STRATEGIE AGRONOMIQUE

LE MONITORING DE LA BIODIVERSITE EN SUISSE. Hervé LETHIER, EMC2I

Abschlusskonferenz OUI Biomasse / Conférence de clôture OUI Biomasse

UTILISATION DES SÉDIMENTS VALORISÉS : exemple de la plate-forme expérimentale SOLINDUS pour le pré-traitement des produits de dragage

Règlement intérieur Modifié par décision de l Assemblée Générale du 1 ier juillet 2015

Sorgho grain sucrier ensilage L assurance sécheresses

Les potagers Neerstalle

Influence du changement. agronomiques de la vigne

Adaptation Aux changements climatiques. Agriculture et sécurité alimentaire: Cas du Burkina Faso

Les Confitures. Photo : M.Seelow / Cedus. Dossier CEDUS Avec la collaboration de l Université de Reims : Prof Mathlouthi, MC Barbara Rogè.

BREVET DE TECHNICIEN SUPÉRIEUR AGRICOLE SUJET

Comment bien s hydrater pendant l été?

Présentation de l entreprise. Des entreprises d ici. Une offre de services sur mesure. .com

LE POTASSIUM ET LE MAÏS

Maïs grain irrigué. Synthèse variétale 2014

J O U R N E E S G EOT H E R M I E EN R E G I O N C E N T R E

TABLEAU RECAPITULATIF DES CONDITIONS DE REALISATION DE TRAVAUX EN MÉTROPOLE

Une gamme d outils qui s étoffe

ANR ESCAPE Changements environnementaux et sociaux en Afrique : passé, présent et futur.

Thème sélection génétique des plantes hybridation et génie génétique

Sciences de la vie et de la Terre

ICC août 2015 Original: anglais. L'impact du prix du pétrole et du taux de change du dollar américain sur les prix du café

Taillis à courte ou très courte rotation (TTCR) : gestion des pratiques d implantation

Transcription:

Tomate sol Fiche APREL 15-057 Suivi de la fertilisation et de l irrigation 2015 Emeline FEUVRIER, CETA de Saint Martin de Crau Claire GOILLON, APREL Essai rattaché à l action n 04.2015.07:Gestion durable de la fertilisation en cultures légumières en sol et hors sol 1 - Thème de l essai Le nouvel arrêté établissant le référentiel régional de mise en œuvre de l'équilibre de la fertilisation azotée pour la région Provence-Alpes-Côte d'azur entre en vigueur au 1r septembre 2014 sur les zones vulnérables. Il prévoit pour les cultures maraîchères un calcul de la dose prévisionnelle d'azote à apporter sur la base d une équation simplifiée fonction du rendement prévisionnel. Depuis 2013 des suivis de parcelles sur l ensemble des cultures maraîchères sont organisés au sein du réseau APREL. 2 But de l essai En rapport avec les exigences environnementales renforcées par la directive nitrates, la limitation des quantités de fertilisants apportés à une culture s impose. Avec des outils simples, il s agit de : - suivre les besoins en azote de la plante et la disponibilité en azote du sol, - évaluer les quantités totales d azote apportées et le rendement moyen de la culture - vérifier que l arrosage ne donne pas lieu à des lessivages d engrais - proposer des solutions de réduction d intrants azotés Cet essai participe à l actualisation des références de fertilisation en cultures maraichères et doit amener les producteurs à être en adéquation avec la directive nitrates. 3 Facteurs et modalités étudiées Dans le cadre du suivi, une seule modalité est étudiée : la conduite de fertilisation et d irrigation du producteur. 4 Matériel et méthodes 4.1 Site d implantation L essai s est déroulé à Salon de Provence (13), chez un producteur de tomates, courgettes et salades sousabris. Parcelle : Culture sous tunnels froid de 640 m² (L 8m l 80m), orienté nord/sud Précédent : courgette-laitue Culture à froid Données culturales : Espèce Tomate Variété Cardyna (Clause) variété allongée Densité 1.9 tête/m2 (1240 tête ou 620 pied/tunnel) Dispositif 3 rangs doubles Palissage oblique Plantation 10/03/15 Début récolte 27/05/15 Etêtage 01/09/15 Fin récolte fin octobre Type de sol : Une analyse de sol a été réalisée au 14/03/14. Le sol est de texture fine de limon argilo-sableux (23.5%sable fin, 23.2% sable grossier, 21.1%d argile, 16.3% de limon grossier et 15.9% de limon fin). Un prélèvement a été réalisé pour calculer le pourcentage de cailloux du sol : il est de 40%. Une analyse de sol extrait à l eau à également été réalisée sur la parcelle le 12/03/2015 (annexe). La conductivité est de 1.109 ce qui est élevé. Le taux de matière organique est de 3.65% ce qui est très satisfaisant. Les teneurs en éléments minéraux étant élevées, il n y a pas de fumure de fond minérale apportée. 1

Pratiques de fertirrigation : Origine de l eau forage Dispositif d arrosage 2 ligne de goutte à goutte par rang (3 rangs double). Les goutteurs sont espacés de 30cm de débit théorique 2l/heure et réel 1.70l/h (perte de pression). Conduite d arrosage une fois par jour en fonction de l humidité du sol Fumure de fond Avant plantation, 1.2 tonnes d humus de la marque ORGANOR Conduite de fertilisation Engrais simple ou complet apporté au goutte à goutte tous les jours avec des arrêts en cours de culture d un jour (nitrate de potasse, nitrate d ammoniaque, chlorure de potasse, sulfate de potasse, sulfate de magnésie, phosphate mono-ammonique et 15-9-30). 4.2 Observations et mesures - Observation des plantes, suivi cultural tous les 15 jours - Analyse des teneurs en azote dans le jus pétiolaire selon la méthode Pilazo : 1 fois tous les 15 jours - Analyse de l azote disponible dans le sol par Nitratest tous les 15 jours. - Notations du producteur : nombre et durée des arrosages, quantité et type d engrais, EC d apport, rendement 4.3 Traitement statistique Les données obtenues dans le cadre de ce suivi ne permettent pas d analyse statistique 5 - Résultats Suivi cultural Forte attaque d aleurodes observée dans la culture dès la plantation avec présence de fumagine sur 100% des plants fin mai. Cette forte attaque combinée à des régulations chimiques a très fortement pénalisé la vigueur des plantes et entraîné la perte de bouquets en tête. Par la suite, une bonne installation des auxiliaires naturels (Dicyphus et Cyrtopeltis) a permis de réguler la population de ravageurs. En fin de culture, on n observe plus de fumagine et peu d aleurodes sur les plantes. Le rendement final s établit autour de 12 kg/m², rendement jugé faible par le producteur. Irrigation Données : 2 lignes de goutteurs espacés de 30 cm sur 3 rangs soit 1600 goutteurs par serre. Il n y a pas eu de suivi tensiométrique sur cette parcelle. Estimation de l azote apportée par l eau d irrigation : - Volume d eau apporté : Nb de goutteurs/plante * nb plants/m² * débit (L/h) * nb d h d arrosage = volume en L/m² Soit 1.11 goutteur/tête * 2 têtes/m² * 1.7 L/heure * 113 heures d arrosage =426 L/m² - Apport d azote par l eau d irrigation : Concentration de l eau en nitrates (mg/l) * volume d eau (L/m²) = quantité d N-NO3- (mg/m²) /100 Soit 0.6 mg/l (analyse forage 2013)*426 L/100=2.55 unités Fertilisation : Evolution des nitrates dans le sol et apports d azote 2

Les valeurs mesurées dans le sol sont toujours inférieures à la référence Zenit. Le pilotage en fonction de cette mesure n a pas été possible. Evolution des nitrates dans la plante et apports d azote Les valeurs mesurées dans la plante sont très variables mais suivent globalement la courbe de référence Pilazo sauf en fin de culture, où un excès d azote est constaté dans les jus pétiolaires. Les doses d azote apportées par semaine varient de 10 à 30 unités. Ponctuellement, il a été apporté 60 unités sur la semaine 24 pour pallier à une forte consommation observée dans les plantes. Bilan des quantités d azote apportées sur la parcelle : Amendement avant plantation Engrais minéraux en cours de culture, via la fertirrigation Intrant Quantité apportée (en kg/ha) Unités N Unités P Unités K ORGANOR 1200 23 12 24 nitrate d'ammoniaque 820 279 0 0 nitrate de potasse 1487 193 0 684 chlorure de potasse 12 0 0 7 sulfate de potasse 45 0 0 23 15 9 30 275 41 25 83 MAP (12-61) 40 5 24 0 Eau d irrigation 426 L/m² 3 0 0 TOTAL 544 61 820 3

La fertilisation azotée est basée pour moitié sur du Nitrate d ammoniaque. Le nitrate de potasse représente 36% des apports azotés. 6 - Conclusion Par rapport à l an dernier, les apports en engrais ont été réduits : 544 unités d azote apportées contre 746 unités d azote l an dernier. L impasse sur la fumure de fond minérale a permis de réaliser cette baisse. Le rendement est de 12 kg/m² sur la variété CARDYNA, il était de 15 kg/m² en 2014. La perte de rendement est liée essentiellement à la situation sanitaire de cette année. Pour la tomate, l équation simplifiée de la règlementation zone vulnérable nitrates est D =2*Rdt (avec D = Dose totale d azote en kg/ha et Rdt en t/ha) Dans le cas cette exploitation, pour un rendement de 12 kg/m², D = 240 unités. On se trouve donc une nouvelle fois en excès de fertilisation au regard de la réglementation des zones vulnérables. Si l infestation d aleurodes n avait pas affecté la culture et que le rendement avait atteint l objectif de 15 kg/m², la dose réglementaire aurait été de 300 unités d azote et aurait conduit également à un dépassement. Ce suivi montre que la fertilisation azotée pratiquée sur la culture de tomate dans cette situation est en excès. Les apports azotés ne semblent pas efficaces et une grande partie de l azote est sans doute soumis au lessivage dans un sol drainant. Plusieurs pistes d amélioration peuvent être envisagées : - Un travail sur l irrigation doit être poursuivi dans l objectif d éviter les lessivages - Une réduction de la fertilisation en fin de culture comme l indique la grille PILazo permettrait de réduire les quantités totales. Ceci dit, les besoins en azote peuvent varier selon les variétés de tomate cultivées (grappe, vrac, allongée, ancienne) ainsi que selon les calendriers de production. Un ajustement des grilles PILazo et Zenit permettraient de faciliter l interprétation des mesures effectuées sur les cultures. Renseignements complémentaires auprès de : FEUVRIER, Emeline, CETA de Saint Martin de Crau, 0611972968 ceta.stmartin@orange.fr Action A856 Réalisé avec le soutien financier de : 4

Annexes : Analyse de sol extrait à l eau 5