France : en route vers la faillite!



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Transcription:

Après la Grèce, l Espagne et l Italie France : en route vers la faillite! Votre épargne, votre pouvoir d achat et votre patrimoine seront les premières victimes

Découvrez vite dans ce rapport spécial : Quels sont les pays qui menacent la survie de la Zone euro et par conséquent, l avenir de la France? Pourquoi la France risque réellement de faire faillite? Où notre gouvernement va-t-il trouver les milliards qui lui manquent? # 2

Cher Lecteur, «Il y a un État, mais c est un État totalement en faillite.» Tel est le constat dressé par le ministre du Travail, Michel Sapin, début 2013. «C est la raison pour laquelle il a fallu mettre en place des programmes de réduction des déficits et aucune sirène ne doit nous détourner de cet objectif», a-t-il précisé. Sauf que les mesures prises, aussi sévères soient-elles, ne suffiront pas. Les caisses ne sont pas à moitié vides mais totalement vides! «Oui, la France est en faillite», ai-je écrit quelques jours plus tard dans ma lettre d investissement, La Stratégie de Simone Wapler. «Je l ai écrit dans mon livre Pourquoi la France va faire faillite en mai 2012. Rien de ce qui s est passé depuis n a infléchi cette sinistre trajectoire. Cette faillite est probablement pour 2014. La dette qui est l accumulation du déficit n est que de l impôt différé. Cette dette grossit chaque année avec le déficit. Ce déficit est hors de contrôle. L objectif de 3 % du PIB ne sera pas atteint en 2013. Comme durant les trente-huit années précédentes, la France sera incapable de tenir son budget. Depuis 1974, l État notre État ne sait pas vivre selon ses moyens. Cela fait plus de trente-huit ans que cela dure et cela peut donc continuer, pensez-vous. Non. Pour une raison très simple : la charge de la dette (les intérêts sur les prêts en cours) représente 47Mds. C est le plus gros poste de dépense de l État depuis septembre 2012. La charge de la dette est le plus gros poste de dépense alors même que les taux d intérêt sont au plus bas depuis 260 ans. Inutile d avoir fait l ENA pour comprendre ce qui va arriver lorsque les taux vont monter. Pour échapper à la faillite, l État incapable de réduire ses dépenses doit augmenter ses recettes. C est pourquoi nous avons atteint le statut d enfer fiscal. L intensité des flammes va augmenter. La France est trop grosse pour faire faillite. Si la France se retrouve dans la même situation que la Grèce, le Portugal, l Espagne ou l Italie, c en est fini de l euro, du MES, du FESF et autres mascarades. C est tout simplement l effondrement de la pyramide de dette et du système j emprunte pour rembourser ce que je ne peux pas rembourser. Ce système ne tenait que parce que les taux baissaient et que chaque emprunt suivant coûtait moins cher. Il est intenable lorsque les taux montent. # 3 Tout va s accélérer avec la remontée progressive des taux qui se fait déjà sentir dans quelques endroits du monde. Réfléchissez aussi que plus d argent sur les marchés actions (et vous lisez partout que merveilleux, formidable, l argent

afflue à nouveau en Bourse), c est moins d argent sur le marché obligataire. Sauf à l imprimer, bien sûr. Et il est probable qu on ne se gênera pas», avais-je alors écrit aux particuliers qui suivent mes recommandations. Mais avant de nous intéresser à la France en elle-même, j aimerais d abord faire le point avec vous sur la situation de la Zone euro dans son ensemble. Commençons par la Grèce. Ce fut l épicentre de la crise en Europe : nous avons donc tout intérêt à regarder de près ce qu il s y passe pour mieux anticiper ce qui nous attend. Un récent article paru sur le site d information Slate dressait une comparaison éloquente entre la situation en Grèce et ce qu il s est passé pendant la Grande Dépression aux États-Unis. «La Grande Dépression a duré quatre ans aux États-Unis. La Grèce entre dans sa sixième année. Depuis 2008, le pays a perdu plus d un quart de son PIB. [...] Le coût des réformes économiques est stupéfiant. En Grèce, 2013 sera la sixième année de Grande Dépression. Depuis 2008, le pays a perdu plus d un quart de son PIB. Aux États-Unis, la Grande Dépression avait coûté 27 % du PIB mais n avait duré que quatre ans, de 1929 à 1933, et le pays avait retrouvé son niveau de PIB d avant la crise en seulement huit ans. Il l avait même dépassé l année suivante. On imagine mal que ça pourrait se produire en Grèce d ici 2020.» La crise grecque est loin d être terminée et le dangereux environnement politique du pays pourrait bien réduire à néant les efforts actuellement menés pour relancer la machine. La Zone euro a peut-être survécu, mais difficile de se montrer optimiste face à la situation grecque. En Espagne aussi les temps sont durs. Entre chômage, récession et austérité, le pays souffre. Les signes de reprise tardent à se montrer. En Italie, sous le coup de la crise, on observe les jeunes Italiens quitter le pays, comme leurs aïeuls autrefois. Mais il s agit d une émigration bien plus désespérée : certes la crise est particulièrement présente en Italie, mais elle touche toute l Europe. C est le Vieux Continent en tant que tel qui doit se poser des questions. À l aube d une guerre des monnaies où l euro est un jour trop fort, l autre trop faible, nos États sont plus en danger que jamais. De plus nos économies sont tellement imbriquées les unes dans les autres que de nouveaux pays se retrouvent en difficulté. Eh oui, nous avons tendance à l oublier mais il n y a pas que la Grèce, l Espagne et l Italie à qui il va falloir prêter un peu d argent. C est maintenant aussi le cas de Chypre! # 4 Imaginons deux minutes qu en plus, la Grèce ou l Espagne ou l Italie fasse de nouveau frémir les marchés, comment pourrions-nous les rassurer cette fois? Qui viendra pour dire qu il fera «tout ce qui est en son pouvoir» pour nous sortir de ce mauvais pas? Mario Draghi? Encore? Mais que peut-il faire de plus? Imprimer et imprimer encore? Ce n est pas une solution, c est une rustine fatiguée!

L effet boule de neige n est qu une question de temps. Dans une minute, notre rédactrice Cécile Chevré vous expliquera pourquoi le cas de Chypre (le dernier pays demandeur d aide) n est pas à prendre à la légère. La petite île peut-elle être le nouveau point de bascule de la crise en Zone euro? Pourquoi et surtout comment un si petit pays peut-il faire peser une si grande menace? Explications et décryptage avec Cécile. Simone Wapler, Rédactrice de La Stratégie de Simone Wapler Publications Agora # 5

Chypre peut-elle refaire basculer la zone euro dans la crise? Cécile Chevré Nous faisons régulièrement le point sur la situation en Europe à la recherche des points de tensions qui menacent de faire à nouveau dérailler la zone euro. Parmi eux, Chypre En en rediscutant avec Simone Wapler, nous nous sommes rendu compte que le cas chypriote pouvait être beaucoup plus grave que ne le laissent entrevoir ses 0,2 % du PIB global de la zone euro. Voici pourquoi Chypre, c est la Grèce en pire. Comme je vous le disais mardi dernier, les besoins de refinancement de l île s élèvent à 17,5 milliards d euros, soit près de 100 % de son PIB. Avec un fort taux d endettement (87 % de son PIB, ce qui fait d elle un des pays les plus endettés de la zone euro) et une économie en récession (-2,4 % en 2012 et -4,5 % anticipés en 2013), Chypre n a plus accès aux marchés obligataires depuis plus de deux ans et est donc incapable de se financer elle-même. Or nombre des dettes accumulées par le pays doivent arriver à échéance dans les trois ans, dont une première tranche de remboursements de 1,5 milliard d euro due en juin prochain. Pour faire face à ces obligations, Chypre a fait appel en juin dernier aux sauveurs habituels des pays en détresse : l UE, la BCE et le FMI. La Troïka a accepté d aider l île à hauteur de 7 milliards d euros en échange d une réforme en profondeur du système de retraite chypriote ainsi que différentes mesures de privatisation et de réduction des dépenses. Seulement voilà, ces 7 milliards ne sont pas suffisants. Et ce à cause des banques chypriotes, plombées par les dettes souveraines de leur État dont elles sont les principales détentrices et par une crise immobilière semblable à celle que connaît l Espagne. Aujourd hui, les besoins de financement de ces banques sont estimés à 10 milliards d euros. Or les discussions avec la Troïka traînent en longueur. Elles sont même au point mort jusqu aux prochaines élections présidentielles, prévues le 17 février. Le problème, c est que personne ne semble réellement disposer à mettre de nouveau la main à la poche. Même la Russie, dont les liens avec l île sont historiquement et économiquement forts, vient d annoncer qu elle hésitait à lui accorder un nouveau prêt, après celui de 2,5 milliards d euros de 2011. # 6 Le FMI, parce qu il s est fixé comme principe de ne pas aider les pays dont la dette dépassait les 120 % du PIB et qui ne prévoient pas de mesures permettant

de réduire drastiquement cet endettement. Or d après la plupart des estimations, la dette chypriote devrait dépasser les 138 % d ici 2016. Loin, très loin des exigences du FMI. Quant à la Zone euro, sa réticence s explique par deux raisons : 1. La moitié des capitaux déposés dans les banques chypriotes vient de l étranger principalement de la Russie. Recapitaliser directement les banques de l île reviendrait donc à «sauver» des dépôts à l origine disons sujette à caution. Difficile à faire accepter au contribuable européen. 2. Puisque l UE et la Troïka en général se refusent à aider de nouveau les banques chypriotes, la seule solution consisterait à faire accepter des pertes aux principaux créanciers de l île. Or qui sont-ils? Tout d abord les banques chypriotes encore elles. Vu leur état de santé, elles sont incapables de supporter des pertes supplémentaires, qui entraîneraient des faillites en série. Une faillite du système bancaire que la BCE cherche à éviter à tout prix pour éviter une contagion au reste de la zone euro les deux principales banques de l île détiennent une part importante de la dette grecque, et personne ne tient à ce que l incendie reprenne en Grèce. Reste donc les autres créanciers banques européennes, investisseurs institutionnels ceux-là même qui avaient dû accepter une restructuration de la dette grecque il y a quelques mois. Or là encore, ces créanciers espéraient que la BCE n autoriserait plus de telles manœuvres. Accepter de telles pertes, des haircuts, décrédibiliserait en outre Mario Draghi, le président de la BCE, qui a réussi à calmer les marchés obligataires en promettant que le cas grec ne se reproduirait pas, et que les créanciers de la zone euro n auraient pas à encaisser de nouvelles pertes. Pour cela, en août dernier, il a promis qu il ferait tout ce qu il pourrait pour éviter une explosion de la zone euro et a promis une aide financière substantielle (via des rachats d obligations souveraines) aux pays qui le demanderaient en échange de réformes structurelles et d une politique d austérité. Jusqu à présent aucun pays n a fait appel à la BCE mais la simple promesse de Draghi qui revenait à dire que la BCE était prête à imprimer autant que nécessaire pour soutenir la zone euro a suffi à calmer les marchés. Les taux d emprunt des pays du Sud de l Europe étaient alors repartis à la baisse, l euro est en hausse face au dollar, et les investisseurs faisaient leur grand retour sur le Vieux Continent alors que les marchés actions européens flirtaient avec leurs plus-hauts d avant-crise. Tout ceci repose sur l engagement pris par Mario Draghi, sur la confiance que marchés, investisseurs et créanciers lui accordent. # 7 Et c est cette confiance qui est menacée par Chypre. Si la BCE et d UE ne parviennent pas à se mettre d accord sur les solutions à apporter à la crise chypriote, Draghi sera déstabilisé. Si la Troïka laisse le système bancaire de l île faire faillite, la zone euro sera déstabilisée (via les obligations grecques déte-

nues par les banques chypriotes). Si les banques problématiques sont nationalisées, l endettement de Chypre va s envoler, aggravant encore son problème de refinancement. Si la Troïka décide de restructurer la dette détenue par les créanciers autres que les banques de l île, alors Draghi verra sa crédibilité remise en cause. Une restructuration de la dette chypriote annoncerait un peu trop celle de l Espagne, dont les banques ne sont pas dans un meilleur état que celles de Chypre. Autant dire que Chypre, aussi petite qu elle soit, pourrait de nouveau faire s embraser les marchés obligataires et ce d autant plus que, comme je vous l avais signalé mardi dernier, les taux obligataires des pays du Sud de l Europe sont de nouveau en hausse depuis quelques jours alors que les tensions politiques montent en Italie et en Espagne. Qu est-ce que cela signifie pour nous? Les élections italiennes l ont montré : la crise de l euro n est pas terminée et les marchés sont sur des charbons ardents. Les élections allemandes en septembre 2013 risquent, elles aussi, de ranimer les cendres mal éteintes de la crise obligataire. Nous entrons manifestement dans une période à risque. Pour ne pas vous laisser prendre au dépourvu, voici ce qu il nous faudra surveiller dans les semaines qui viennent : - les taux d emprunt dans le sud de l Europe - le résultat des élections allemandes - le dossier chypriote - les survaleurs dans les banques - les derniers chiffres de l économie américaine Mais ce n est pas tout. Il y a une chose contre laquelle vous devez lutter de toutes vos forces. Et c est ce dont vous parlera John Stepek, journaliste du magazine britannique MoneyWeek, dans une minute. Nous sommes allés trop loin sur le chemin de la dette et du crédit. Et nous affronterons bientôt les conséquences de notre mode de vie. Comme vous l explique John ci-dessous, le plus grand danger dans ce contexte est de penser que cette fois, ce sera différent # 8

Les quatre mots les plus dangereux de l investissement John Stepek Les quatre mots les plus dangereux en matière d investissement sont les suivants : «Cette fois, c est différent.» C était l une des nombreuses observations judicieuses des marchés de Sir John Templeton 1. Lorsque les gens commencent à réfléchir sur les raisons qui poussent les marchés à grimper ou baisser éternellement, il est temps de vous positionner dans le sens diamétralement opposé. Je n ai pas encore entendu quelqu un dire «cette fois, c est différent» en ce qui concerne le marché actuel. L avertissement de Templeton est bien trop célèbre pour que quiconque n ose pour le moment la prononcer. Mais il y a néanmoins une autre phrase ou plutôt une expression qui devrait être ajoutée à la liste des phrases suspectes. Lorsque vous entendrez quelqu un prononcer les mots : mur d argent, tsunami de liquidités ou tout autre synonyme faisant référence à la montagne d argent frais imprimé par les banques centrales, il sera temps de prendre vos investissements sous le bras et de courir vers la porte de sortie d urgence. L expression «Mur d argent», un signal classique de capitulation Dans le Financial Times, John Gapper observe le réveil soudain du marché des fusions. Deux transactions majeures ont fait les gros titres aux États-Unis : la première est évidemment celle de Dell reprise pour 24,4 milliards de dollars et la seconde celle de la société Liberty Global qui rachète Virgin Media pour 23,3 milliards de dollars. Un cadre du secteur expliquait à cette occasion : «Une énorme quantité de liquidités disponibles dans les sociétés a été stockée en cash ou parfois même dans des obligations à rendement négatif pour contrer la peur d un krach. Comme la peur recule, un mur de l argent se déverse sur les actifs financiers.» Ce phénomène est souvent appelé «Grande Rotation». En clair, il s agit d un tsunami d argent qui se déverse sur toutes les classes d actifs, des actions aux obligations au fur et à mesure que la peur des investisseurs s apaise. Ce pourrait être une bonne nouvelle, une preuve s il en faut une que la crise se termine Pourtant, il y a une petite chose qui me dit que nous devrions tous nous méfier de ce phénomène. # 9 1 Investisseur milliardaire et pionnier des fonds mutualisés

Ce qui me dérange, c est qu il s agit plutôt d une phrase de capitulation classique. Ce que je veux dire, c est que cette vague d argent déferle en général lorsque les marchés grimpent et que personne ne voit de raisons pour que cela s arrête. C est le signe que les sceptiques ont été vaincus. Et qu ils se joignent à la fête au côté des optimistes. La dernière fois que je me souviens avoir entendu si souvent ce terme, c était en 2007. Qu y a-t-il à retenir de 2007? Eh bien que les marchés ont atteint des sommets alors qu il semblait de plus en plus évident que quelque chose ne tournait pas rond! Les économistes vedettes, les banquiers centraux, les politiciens en charge à l époque ont prétendu que le krach était un accident que personne n avait vu venir. C est probablement le plus gros mensonge de l histoire des crises financières! Beaucoup de gens savaient que les choses allaient dégénérer à l époque. Peu furent aussi convaincus que nous que les marchés allaient dégringoler. Pourtant, si vous discutiez avec les gens qui travaillaient à la City, plus de la moitié savaient que quelque chose de terrible était sur le point de se produire. Les prix de l immobilier à travers le monde étaient encore plus obscènes qu ils ne le sont maintenant. Le prix du pétrole ne cessait de monter. Les banques centrales augmentaient gentiment leurs taux d intérêt. Des actifs ridiculement risqués se vendaient à des rendements minuscules. Puis aux États-Unis, les prix des maisons ont commencé à baisser, et les marchés obligataires ont commencé à monter en tension. Il y avait donc beaucoup de raisons de se sentir nerveux. Mais les marchés boursiers ne cessaient de grimper. Les gens jouaient aux devinettes pour expliquer cette ascension et c est là que l argument du «mur d argent» entra en scène! À l époque, la grande muraille de la trésorerie était stockée dans les fonds souverains (vous vous en souvenez?). Les fonds souverains allaient conquérir le monde, et comme ils étaient gérés par les gouvernements, les prix d acquisition n avaient aucune importance. Bien sûr, en fin de compte des banques occidentales ont fait faillite et les fonds souverains ont utilisé cette masse d argent pour les renflouer (de manière particulièrement rentable, pour être totalement honnête). Le fait est, qu il y a toujours un «mur d argent» quelque part. Comme l article de The Economist paru assez ironiquement en 2007 le souligne : «Quant à l argument du mur d argent, de telles théories ont été entendues auparavant, notamment dans les années 1980 lorsque le Japon a décidé d investir massivement dans l immobilier américain Ces achats furent un désastre pour le pays et un soutien insuffisant pour le secteur immobilier aux États-Unis.» # 10

Un «Mur d argent» est déjà en train d inonder le marché obligataire Ce que beaucoup de personnes ne comprennent pas c est qu un mur d argent se déverse actuellement sur les marchés actions via les marchés obligataires. Les banques centrales impriment de l argent en masse puis achètent des obligations à des investisseurs. C est une somme d argent qui ne devrait pas être disponible normalement. Et d une manière ou d une autre, l argent est en train de se frayer un chemin dans toutes les autres catégories d actifs. Ainsi, la plus grande menace actuellement, c est que la Réserve fédérale ou les banques centrales du monde décident de mettre un terme à l assouplissement quantitatif. La Grande Rotation se gripperait immédiatement alors que les taux d intérêts grimperaient et que les prix des obligations et des actions s effondreraient. Maintenant, je reconnais volontiers qu il est difficile de voir exactement ce qui pourrait décider le patron de la Fed, Ben Bernanke, à renoncer à sa politique d assouplissement. Il voit la planche à billets comme la solution à tous les problèmes, après tout. Mais continuer éternellement n est pas du domaine du possible. Gavyn Davies, du Financial Times, reprend les propos du professeur Jeremy Stein, un des nouveaux gouverneurs de la Fed, qui s inquiète publiquement de l éclatement des bulles de crédit. Ce dernier rappelle que les quantités importantes d obligations à rendement élevé (obligations pourries) émises «suggèrent que les marchés sont dopés au rendement». Il pense donc que la seule solution pour éviter un nouveau krach serait d augmenter les taux d intérêt. «Les changements dans les taux peuvent atteindre des coins de marché qui échappent à la supervision et à la réglementation.» Comment pouvez-vous vous préparer à un relèvement des taux? Commencez d abord par prendre conscience de la gravité de la situation dans laquelle nous nous trouvons! Une fois que les pays commenceront à flancher les uns après les autres il sera trop tard. Simone Wapler en parle très bien dans son analyse sur la situation de la France. La première mesure importante à prendre est de cesser de gober les sondages optimistes relayés dans la presse. C est dangereux pour votre capital, pour votre épargne et votre patrimoine. Cet optimisme de façade ne doit jamais vous faire oublier la gravité de notre situation économique actuelle. Que se cacheil derrière cet écran de fumée? C est ce que vous révèle Eberhardt Unger dès maintenant. # 11

Zone euro : le moral est meilleur que la situation Eberhardt Unger Si l on compare les indicateurs du climat dans la Zone euro, ou même les indices boursiers, avec la situation économique actuelle, on s aperçoit que l écart peut difficilement être plus grand. Excepté en France, les directeurs d achats (PMI février 2013, ligne bleue du graphe ci-dessous) sont généralement optimistes. Cette indication est en règle générale en avance sur le PIB (ligne bleue). Dans les pays de la périphérie sud, comme l Espagne et l Italie, l indice PMI s est nettement détaché de son très bas niveau mais reste, néanmoins, en dessous du seuil des 50 % qui sépare expansion et contraction. # 12

En Allemagne, l indice est déjà passé au-dessus des 50 %. Les cours des actions ont entre-temps atteint leur plus haut d il y a cinq ans. Les cours sont en partie comparables avec les indicateurs du climat. Les marchés anticipent le futur développement économique, généralement, entre six à neuf mois avant. Cependant, actuellement, c est l abondance de liquidité qui oriente les marchés actions. Du coup, ces derniers ne reflètent pas vraiment la future évolution de l économie. Les prévisions économiques pour la Zone euro restent prudentes. Mais est-ce vraiment important de savoir si la Zone euro sera en légère croissance ou en légère récession cette année? Le chômage restera très élevé dans la Zone euro, en particulier dans les pays du sud où son niveau est déjà tellement insupportable qu on ne peut pas écarter de nouveaux troubles sociaux. Ce sont les exportations qui maintiennent l activité économique, mais les voilà maintenant partiellement freinées par un euro devenu plus cher sur les marchés. C est ce qui a poussé François Hollande à demander une gestion des taux de change en vue d affaiblir l euro. La course à la «dévaluation compétitive» pourrait bien être le premier pas vers des mesures protectionnistes généralisées dont on sait, par expérience, qu elles nuisent toujours au développement économique. Conclusion : Ne vous fiez pas uniquement aux indicateurs avancés, qu ils soient de climat, de sentiments, d ambiance, etc. Ils peuvent très vite changer et provoquer un brusque renversement de tendance. Les marchés obligataires, aussi bien que ceux des actions, uniquement supportés par les liquidités abondantes, sont surévalués par rapport aux données fondamentales. Pour aller plus loin, l un de nos meilleurs spécialistes, Yannick Colleu a prévu pour vous un petit florilège des rumeurs et autres manipulations dont nous avons été les victimes en 2012. Puis il passera en revue pour vous tous les enjeux qui nous attendent (dettes des États, or et état de santé des banques) dans les mois qui viennent. # 13

Rumeurs, manipulations et dangers Yannick Colleu, rédacteur de Vos Finances Souvenez-vous : en 2010, le gouvernement grec annonçait qu à l horizon 2012 son déficit budgétaire serait réduit à 2,8 % (le chiffre qui nous sera dévoilé prochainement sera de l ordre de 7 %). Toujours en 2010, la Grèce a reçu un prêt de 30 milliards d euros puis a bénéficié d un plan d aide sur 3 ans de 110 milliards d euros. En 2011, le prêt initialement prévu pour 4,5 ans passait à 7,5 ans. Fin 2011, la Grèce faisait faillite, les investisseurs privés abandonnant 50 % de leurs créances. En février 2012, le plan de sauvetage atteint désormais 130 milliards d euros en échange d une réévaluation du montant des pertes arrêté en 2011 aux dépens des investisseurs privés. Les dirigeants européens arrêtent un pacte budgétaire. Mi-2012 s y ajoute la décision de créer un mécanisme commun de supervision des banques. Dans les faits, à la demande d Angela Merkel qui doit affronter des élections en 2013, les échéances sont repoussées de 2013 à 2014. Mi-2012, le gouvernement espagnol demande 39,5 milliards d euros pour assurer la recapitalisation de son secteur bancaire. Peu après, la Grèce en redemandait. Échéance électorale allemande oblige, les pays européens refusaient de faire appel une fois de plus aux contribuables. Dans les faits c est une nouvelle faillite de la Grèce. Quelques semaines plus tard, c est l annonce du «succès» du programme de rachat de sa dette par la Grèce avec de l argent emprunté à l UE réduisant celle-ci de 20 milliards d euros (dans les faits c est un échec : rachetée à 35 % du nominal, il manque 450 millions d euros). Les Grecs se voient aujourd hui octroyer un nouveau prêt de 34,4 milliards d euros (en attendant 12 milliards d euros prévus en mars 2013). Quelques semaines plus tard, les banques grecques appelaient à l aide et demandent aujourd hui 27,5 milliards d euros. Bilan de 2012 : la Grèce est revenue à la case départ, l Espagne reste empêtrée dans son immobilier, 2 millions de biens immobiliers en vente malgré une baisse des prix de 40 % depuis 2007 ; selon le cabinet espagnol RR de Acuña & Asociados, une baisse supplémentaire de 30 % d ici à 2018 est probable. De l autre côté de la Manche, les dépenses publiques du Royaume-Uni ont explosé, entraînant un nouveau creusement du déficit budgétaire. Celui-ci devrait rester de l ordre de 6 % jusqu en 2014. # 14 Il m est impossible de ne pas vous parler du Japon et de son Premier ministre qui a fait un retour fracassant début 2013 en promettant d user sans retenue de la planche à billets. Enfin, je gardais le meilleur pour la fin : les États-Unis. Ceux-ci seraient en train de retrouver le chemin de la croissance. L immobilier y serait en pleine renaissance. D ailleurs la Réserve fédérale a annoncé qu elle

se porterait désormais acquéreuse de dettes hypothécaires (achat pour 40 milliards de dollars par mois jusqu à ce que le marché de l emploi s améliore!). Le bilan de la Fed approche maintenant 3 000 milliards de dollars soit 20 % du PIB américain ; celui de la BoE pèse 27 % du PIB britannique ; ceux de la BCE et de la BoJ approchent 35 % des PIB de la Zone euro et du Japon. 2012, l année des manipulations révélées Après les manipulations du marché de l argent révélées il y a 2 ans et pour lesquelles le dossier est toujours en «instruction», le petit monde de la finance découvre en 2012 que les taux Libor ont été l objet de manipulations frauduleuses depuis plusieurs années. Comble de l horreur, des documents rendus publics par la Réserve fédérale de New York montreraient que Tim Geithner et Mervyn King connaissaient ces pratiques frauduleuses. Comment imaginer une seule seconde que les plus hauts responsables de la Fed ou de la BCE aient pu ignorer ce qui se passait sur un marché aussi important et au coeur du métier des banques centrales? 2012 : des stocks d or physique virtuels Tout a commencé par les Allemands qui découvraient début 2012 que leur or national était stocké pour 45 % à New York, et pour le reste à Londres (13 %) et Paris (11 %). La Deutsche Bundesbank cédant à la pression médiatique annonçait procéder à un audit et au rapatriement pour expertise d une partie de son stock new-yorkais. Le doute gagnait ensuite l Autriche puis le Mexique. Enfin vint le tour des Néerlandais qui découvraient que 50 % de leur trésor était à New York, 20 % au Canada, 20 % à Londres. Heureusement le reste, c est-àdire 10 %, est dans les murs de la banque centrale batave à Amsterdam! Ceci alimentait la suspicion sur la réalité des stocks d or physique londonien. Je ne trouve pas tout cela très rassurant. Fin novembre après le passage de l ouragan Sandy, le CME annonçait que plusieurs entrepôts ayant été inondés, il serait impossible de procéder aux livraisons. Il n en fallait pas plus pour alimenter encore une fois la rumeur L endettement est général. La marge de manœuvre des gouvernements est devenue nulle. Pour caricaturer la situation je dirais que, face aux options pour tenter de sortir de cette panade, nous avons deux camps. D un côté, celui ayant choisi de tenter de sortir de cette situation par des mesures immédiates d austérité qui pèsent sur la croissance et ont donc des conséquences sociales immédiates. De l autre, il y a le camp des pays ayant choisi de retarder l échéance le plus longtemps possible en jouant sur la monétisation à outrance de leur dette. Ceci retarde de façon illusoire le moment de la souffrance mais l exacerbera par la suite. 2013 difficile pour nos banques # 15 Selon la BRI, les banques françaises conservent à ce jour une exposition à hauteur de 22 % du PIB national (52 % mi-2008), soit environ 40 milliards d eu-

ros, aux pays de l Europe du sud. Le graphique ci-dessous, tiré d un rapport du FMI sur l état du système bancaire français, vous permettra d apprécier cette situation : Dans son dernier Financial System Stability Assessment, le FMI nous met d ailleurs en garde sur la vulnérabilité du secteur bancaire français : «Les banques françaises restent vulnérables à des perturbations prolongées sur les marchés de financement» Il est donc temps de nous intéresser en profondeur à notre pays. Le ministre du Travail a raison. Nous sommes totalement en faillite # 16

Pourquoi la France court a la faillite Simone Wapler 1973 fut le dernier budget en équilibre voté en France. De 1974 (élection de Valéry Giscard d Estaing) à aujourd hui, la dette française est passée de 21,2 % du PIB à 85,8 % du PIB. Le PIB a comptabilisé année par année comme richesse ce qui n était que des dépenses financées par la dette. Petit à petit l État creuse son trou. Cette «richesse négative» est devenue un boulet de 1 818,1 milliards d euros soit 90 % de notre PIB. Un boulet qu il faut traîner, assumer, c est-à-dire rembourser ou pas Quand je dis un boulet, ce n est pas un mot au hasard. Car les intérêts de la dette ou encore la charge de la dette grossissent à chaque déficit. Alors que les taux à 10 ans sont encore historiquement bas (de l ordre de 3 %), rembourser les seuls intérêts absorbe déjà l équivalent de l impôt sur le revenu. L État ne peut s approprier toute la richesse d un pays. Il faut bien qu il reste à ses citoyens de quoi se nourrir, se vêtir, se loger. # 17 Hélas, cette façon de raisonner en ramenant les chiffres par rapport au PIB a

été institutionnalisée, presque sacralisée, par le traité de Maastricht qui fixe par exemple une limite «vertueuse» de déficit à 3 % du PIB. Le déficit devrait cependant se mesurer par rapport aux rentrées fiscales. Les ratios dette/pib ou déficit/pib (déficit au sens de Maastricht) ne rendent donc pas bien compte de la situation des États dans l actuel développement de cette crise et de ce qui est supportable par ses citoyens, c est-à-dire vous et moi. En réalité, les véritables recettes d un État sont uniquement ses recettes fiscales. Année après année, les dépenses de l État excèdent ses recettes fiscales de 20 %. Le vrai déficit, c est donc 20 % comme le démontre très bien Philippe Herlin Pour avoir une idée claire de la situation de la France, il faut donc comparer sa dette à ses recettes fiscales. Plusieurs critères nous permettent alors de dire que la France est insolvable et marche vers la faillite. Le ratio dette/recette fiscale, le premier indicateur d insolvabilité Pour payer ses dettes et rembourser, l État ne peut prendre que sur ses recettes : ce qu il prélève comme impôt sur les entreprises et ses citoyens. En 2012, les recettes fiscales s élevaient à 274,9 Mds. Notre dette est de 1 818,1 Mds. Il faudrait donc à l État plus de six années de recettes pour rembourser la dette nationale, ceci en arrêtant tout service public : plus de justice, de police, d écoles, d armée, de musées, d hôpitaux, de médecins Ni même de fonctionnaires pour faire rentrer les impôts! Notre ratio dette/recette fiscale est donc de 6. Mais ce ratio seul, quoique plus utile que le ratio dette/pib, n est pas une mesure suffisante de notre surendettement. Le creusement du déficit fiscal, le deuxième indicateur d insolvabilité # 18 Régulièrement, jusqu en 2011, tout contribuable recevait en même temps que ses formulaires de déclaration de revenus une note du Ministère des finances intitulée «À quoi servent nos impôts». En 2012, rupture de tradition : cette notice à disparu! Mais, grâce au document «Le budget de l État voté pour 2012 en quelques chiffres», nous avons pu reconstituer les principales entrées et sorties financières de l État.

Voici comment nous pouvons raccorder les informations : Et voici, toujours selon la même source, les recettes : Le poste Union européenne ne ressort plus clairement. Il devrait exploser compte tenu du nombre de pays en situation fragile : l argent des renflouages, il faudra bien le trouver quelque part Par ailleurs, les levées de fonds nécessaires vont nous coûter de plus en plus cher du fait de la perte de notre triple A. la charge de la dette c est-à-dire le seul fait de payer les intérêts est devenue le troisième poste de dépense publique. Cette charge absorbe 16,8 % des recettes et 82 % de nos impôts sur le revenu. 100 de dépenses sont financés par 70 de recettes et 30 de déficit. En effet, le déficit fiscal se monte à (dépenses recettes) / recettes soit (376,2-290,8) / 290,8 soit 85,4 / 290,8 et donc 29,4 % des recettes. Il faut trouver près d un tiers de recettes fiscales supplémentaires. Et lorsque ce sera fait, nous n aurons toujours pas commencé à rembourser le principal. Nous aurons simplement arrêté l hémorragie. Où trouver un tiers de recettes fiscales en plus? # 19

La pression fiscale, le troisième indicateur d insolvabilité Il faudrait que la population française consente à l austérité et accepte une augmentation de la pression fiscale. Ces deux conditions austérité ajoutée à l augmentation de la pression fiscale sont indispensables pour : stabiliser la dette ; commencer à la rembourser. Mais pour tondre un mouton, encore faut-il qu il lui reste de la laine sur le dos. La pression fiscale en France est déjà l une des plus élevées d Europe. Les dépenses publiques de notre pays représentent 54 % du PIB. Ces dépenses publiques sont financées par les impôts. La pression fiscale est donc de 54 %, un triste record mondial! Et les événements des ces derniers mois ne montrent qu une chose : la pression fiscale va s intensifier! Les prévisions de croissance sont mois après mois revues à la baisse et ce sont autant de milliards qu il va bien falloir trouver. La France est le pays le plus taxé au monde ; même les Chinois communistes ne paient pas autant d impôts que nous! Et ce n est pas près de s arranger, bien au contraire surtout si vous faites partie de la classe dite «moyenne», c est-à-dire près de deux ménages sur trois en France. Mais comment résister? Les Français épargnent 16,8 % de leurs revenus le plus haut taux depuis 1983 et cela éveille bien entendu la convoitise de gouvernements (qu ils soient de droite ou de gauche) bien plus dépensiers que leurs administrés. «Ils ont les moyens, qu ils paient!» Voici ce que semblent se dire nos «chères» autorités et elles passent à l acte, si l on en juge par les quelques exemples de ce qui nous attend dans les mois qui viennent Le barème de l impôt sur le revenu ne sera pas indexé sur l inflation. Cette petite phrase anodine cache une mesure déjà adoptée par le précédent gouvernement (et que l actuel gouvernement avait pourtant promis de ne pas appliquer) qui avait entraîné une hausse de 2 % pour les 27 millions de ménages payant l impôt sur les revenus. Comptez 2 % de plus en 2013 et ne faites pas l erreur de croire que seuls «les plus riches» seront concernés : cela commence dès les 11 897 euros de revenu fiscal! Le capital est imposé au même titre que le travail : dividendes, intérêts, plusvalues de cessions d actions, ventes de biens immobiliers désormais, tout cela aussi sera prélevé, entamé, laminé. Jusqu à présent imposé à 19 %, 21 % ou 24 % selon les cas, le capital sera taxé à 30 %, 41 % et 45 %. Et cette foisci, ce sont 3,3 millions de nouveaux foyers qui seront concernés. # 20 Les retraités devraient eux aussi être mis à contribution. L Assemblée nationale a approuvé le budget de la Sécurité sociale pour 2013, qui prévoit notamment une contribution additionnelle de 0,3 % de la part des retraités imposables. Déjà appliquée aux salariés, cette taxe viendra s ajouter à la note fiscale