Un enjeu de santé publique encore souvent méconnu 12,5 millions de personnes de plus de 65 ans Une population en pleine expansion démographique Problème méconnu: alcoolisation au domicile, pas d arrêt de travail, peu d incidents sur la vois publique Mais: maladies, accidents traumatiques, atteinte de la qualité de la vie
Généralités sur l alcool : de l usage à la dépendance Non usage: 40% des aînés ne consomment jamais d alcool (10% en population générale) Usage simple: pour les aînés, pas plus de 1 à 2 verres par jour, pas plus de 3 verres par occasion (ces seuils sont à réduire en cas de prise de médicaments, de conduite automobile, de réalisation de tâches nécessitant une bonne maîtrise psychomotrice)
Généralités sur l alcool : de l usage à la dépendance Usage à risques: toute consommation supérieure aux seuils définis mais qui n a pas entraîné de dommages physiques, psychiques ou sociaux. Usage nocif ou abus: existence de dommages physiques, psychiques ou sociaux (maladies, chutes, dépression, problèmes relationnels ) 13% des hommes, 8% des femmes de plus de 65 ans
Généralités sur l alcool : de l usage à la dépendance Dépendance: perte de la maîtrise des consommations associée à des souffrances physiques ou psychiques, impossibilité de résister au besoin de consommer, tolérance: nécessité d augmenter les doses pour avoir les mêmes effets, apparition de symptômes psychologiques et/ou physiques lors de l arrêt de la consommation
Qu est-ce que le déni? Difficultés pour aborder sa consommation d alcool et pour envisager l arrêt de celle-ci La réalité de la dépendance est tellement insupportable que la personne est dans l incapacité de l envisager Sentiments de culpabilité, de honte tels, qu il est impossible de «le dire» Peur du jugement
Spécificités chez les personnes âgées Des habitudes de consommation ancrées: issues d une génération où la consommation d alcool était valorisée, banalisée dès l enfance, la bière ou le vin n étaient pas considérés comme de l alcool Consommation quotidienne d alcool chez les 65-75 ans: 65% des hommes, 33% des femmes Dépendance à l alcool: 20 à 25% de la population en institution, 18% des hommes hospitalisés en gériatrie
Spécificités chez les personnes âgées A consommation égale et à poids égal, l alcoolémie d un sujet âgé est plus importante que celle d un sujet plus jeune La consommation d alcool est un facteur supplémentaire de vieillissement
Spécificités chez les personnes âgées Attention à la prise simultanée d un traitement médicamenteux De faibles quantités d alcool peuvent être responsables ou aggraver l ensemble des troubles physiques, psychologiques, cognitifs: cancers, maladies cardiovasculaires, blessures, traumatismes, infections, démences, troubles du sommeil
La dépendance à l alcool chez nos aînés Début précoce: pérennisation de difficultés qui existaient avant l avancée en âge Début tardif: il n y a pas d âge pour commencer à avoir des problèmes avec l alcool! Chez les aînés, 1/3 des personnes dépendantes ont souffert de cette difficulté après l âge de la retraite: passage à la retraite, éloignement de la famille, isolement social, maladie invalidante ou douloureuse, décès du conjoint
Dépression, suicide et consommation d alcool Sur plus de 10 000 suicides par an, 1/3 concernent les plus de 65 ans, surtout les hommes après 85 ans en raison de dépressions non diagnostiquées L alcool est utilisé comme anxiolytique, antidépresseur dans un premier temps, puis il augmente les troubles L alcool facilite un passage à l acte suicidaire
Les signes d alerte «d un problème avec l alcool» Problèmes physiques: chute, traumatismes, fractures, déficits nutritionnels, hypertension, perturbation des triglycérides et du cholestérol, maladies gastro intestinales, énurésie, cardiomyopathies, ostéoporose, cirrhose du foie, troubles cognitifs, démence, encéphalopathie de Wernicke, syndrome de Korsakoff
Les signes d alerte «d un problème avec l alcool» Problèmes psychologiques: troubles du sommeil, asthénie, anxiété, dépression, laisser-aller, troubles de l humeur, du comportement, passages à l acte suicidaires, états confusionnels, plaintes mnésiques
Les signes d alerte «d un problème avec l alcool» Problèmes sociaux: isolement socio-familial, repli sur soi, réduction des activités sociales, défaut de soin, négligence, irritabilité, aggressivité, violence de la personne âgée et/ou de l entourage, problèmes financiers
Ouvrir le dialogue, un véritable acte de soin Il est rare qu une personne âgée aborde spontanément la question même si elle s interroge sur sa consommation En parler, c est lui permettre de saisir la chance d augmenter son espérance de vie et sa qualité de vie Chacun, de sa place, peut aborder le sujet
Des idées reçues: «A son âge, cela ne vaut plus la peine» «Laissez-lui finir ses jours tranquille» «Il a déjà tout perdu, on ne va pas lui retirer l alcool en plus. C est sa seule consolation» «Il a toujours bu, ce n est pas maintenant que ça va changer! C est le dernier plaisir qu il lui reste «Si je lui en parle, il va se mettre en colère»
Des idées reçues: «A son âge, il ne devrait plus boire d alcool du tout.» «Il n y a qu à vider les bouteilles dans l évier et le problème sera réglé!»
Quand aborder la question? Lors d une consultation de suivi en médecine Lors d une entrée en EHPAD, d une demande de service d aide à domicile, d allocation personnalisée d autonomie Lors de la prescription d un nouveau médicament Lors de tout entretien, de tout soin
Comment l aborder? «Qu avez-vous l habitude de boire au cours de la journée ou au cours de la semaine?» (vin, bière, mousseux ) «Pensez-vous que vous consommez du vin par plaisir, par habitude, parce que ça vous aide dans les moments difficiles?»
Comment l aborder? «D après vous, quels seraient les effets positifs et les côtés négatifs qui pourraient être associés à votre consommation?» «Est-ce que votre entourage vous a déjà fait des réflexions sur votre consommation?»
Accompagner la personne âgée dans son projet Envisager de réduire ou arrêter sa consommation n est pas chose évidente Responsabiliser la personne âgée Respecter son rythme Inscrire l accompagnement dans la durée
Faire le lien avec les lieux de soins Les unités de soins hospitalières Les centres de soins, d accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) Les mouvements d entraide (Vie libre, Alcooliques anonymes )
Faire le lien avec les lieux de soins Se rendre avec la personne dans les lieux de soins peut être utile pour: Faire face au sentiment de gêne, voire de honte Faire face à ses difficultés de santé: mobilité, déficit des capacités sensorielles, troubles cognitifs
Faire le lien avec les lieux de soins A ce jour la fréquentation des lieux de soins en addictologie est encore très faible Un réel partenariat reste à tisser entre les services d addictologie, ceux de gériatrie et ceux de psychiatrie afin de mieux faire connaître les particularité de cette patientèle encore peu prise en compte
Vers une démarche de prévention globale Proposer des solutions alternatives à la consommation d alcool Mettre en place des activités donnant du plaisir Favoriser la création ou la poursuite des liens sociaux
Vers une démarche de prévention globale Faciliter l intégration et la qualité de vie des personnes dans les établissements (groupe de paroles ) Mener une réflexion transversale et pluridisciplinaire de l ensemble des personnels soignants et non soignants
En conclusion: Y penser En parler!