Les aléas dans la basse vallée de la Saâne, remontées de nappes et inondations Laurent TOPIN (Syndicat de bassin versant Saâne, Vienne et Scie)

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Transcription:

Projet Littoraux et Changements Côtiers LiCCo INTERREG IVa Synthèse de l atelier n 3 vallée de la Saâne - 2014 LiCCo- 18 février 2014 Les aléas dans la basse vallée de la Saâne, remontées de nappes et inondations Laurent TOPIN (Syndicat de bassin versant Saâne, Vienne et Scie) La basse vallée de la Saâne a comme particularité d être particulièrement vulnérable vis-à-vis des phénomènes de crues fluviales. Les deux grands évènements qui ont touché le territoire récemment sont les crues de janvier 1995 et décembre 1999. Depuis 1999, il n y a pas eu d autre crue significative. L évènement de 1995 a été recalé, modélisé, expertisé : - Débit maximum de la pointe de crue : 20 mètres cube par seconde ; - Volume total transitant par la basse vallée de la Saâne : deux millions de mètres cube ; - Fréquence de l évènement, période de retour estimé tous les 15 ans (forte fréquence). L évènement de 1999 a quant à lui, bien plus marqué les esprits : - Débit de pointe de 56-57 mètres cubes par seconde - Volume ruisselé de l ordre d un peu moins de 4 millions de mètres cube. C est-à-dire qu il a doublé par rapport à 1995. - Par contre, on a une fréquence d apparition qui est de l ordre de 50 ans de période de retour. Ce n est pas un évènement de type centennal (dont le débit de pointe varie entre 65 et 70 mètres cube par seconde). Ces chiffres permettent de donner un ordre d idée en termes d enjeux et de vulnérabilité de l habitat, liés aux évènements hydrologiques sur la basse vallée de la Saâne. Ainsi, au niveau de Quiberville-sur-Mer, de Sainte-Marguerite-sur-Mer ou de Longueil un peu plus à l amont, on trouve soit de l habitat individuel à usage classique, soit de l habitat de 1

type résidence secondaire d avantage localisé sur la bande littorale. Les activités économiques quant à elles sont de trois grands ordres, et sont liées aux pratiques agricoles. - Le tourisme, centré majoritairement sur le camping localisé dans l axe de la basse vallée de la Saâne. - Les commerces, liés notamment sur la partie Quiberville-sur-Mer à tout ce qui est pêcheurs, hôtellerie, commerces de proximité. Ce sont donc des éléments de vulnérabilité importants. - Les activités agricoles avec plusieurs exploitations situées dans la basse vallée. Les équipements collectifs restent vulnérables face aux évènements naturels. Ainsi, la route départementale qui longe le littoral est inondable. Elle est importante pour la continuité Est- Ouest du territoire. La rue de la mer ou RD 127 est aussi inondable. Aussi, un certain nombre de locaux techniques sont situés en zone inondable, comme les locaux des services techniques de la commune de Quiberville-sur-Mer, les locaux qui abritent la gendarmerie en période estivale, ou les locaux qui sont utilisés par la préfecture pour la gestion de crise (ce qui peut paraître étonnant). La vulnérabilité s exprime aussi en termes de réseau. En l état des connaissances, les réseaux d eau potable n ont pas été affectés par les inondations de 1995 et 1999, par contre, les réseaux d assainissement collectif sont exposés. Des réseaux secs (transformateurs, relais, etc.) ont eux aussi systématiquement été implantés dans la basse vallée. En conclusion, on peut avoir en période de crise, une rupture complète des usages et du fonctionnement de la basse vallée de la Saâne. Autre type de vulnérabilité, ce sont les phénomènes orageux qui concernent la basse vallée et ses coteaux, et qui génèrent des dégâts extrêmement importants comme en mai 2000, où une succession d orages ont provoqué des arrachements de voirie liés au ruissellement, ainsi que des inondations d habitations. En mai 2000, le camping a été de nouveau inondé et les personnes qui y résidaient ont été évacuées d urgence. Face à ce type d'événement, la gestion de crises est particulière complexe car les phénomènes orageux (il tombe près d un mois de pluie en 3-4 heures) ne permettent pas d anticiper l arrivée d évènements de crue puisqu on est alors sur des pas de temps de 4 à 6 heures au lieu de 24. 2

D autres pistes de réflexion - Laurent TOPIN (Syndicat de bassin versant Saâne, Vienne et Scie) 1) Une réflexion à l échelle du bassin versant. Pour poursuivre la réflexion, l approche «basse vallée de la Saâne» doit s envisager en y intégrant une vision beaucoup plus globale, c est-à-dire en intégrant la notion de gestion intégrée au niveau du bassin versant. Pourquoi cette échelle de gestion? Parce que c est celle à laquelle on aborde la question du grand cycle de l eau, notion prégnante de la démarche LiCCo. Ainsi, dans les années 70-80, la notion d hydro-système est développé par les géographes. C est un terme géomorphologique qui s est ensuite élargi pour intégrer tous les milieux naturels et le lien entre l homme, ses activités et les milieux dans une notion d impact positif ou négatif sur le domaine de l eau. C est dans cette approche de gestion intégrée du bassin versant qu un certain nombre d éléments doivent être pris en compte : - La réduction des pollutions ponctuelles (eaux usées, eaux pluviales, industrie artisanale et les élevages) ; - La réduction des pollutions diffuses (division des pesticides, maitrise des transferts, protection et restauration des milieux) ; - La continuité écologique, qui va de la Saâne littorale jusqu à la source du fleuve. - Les prélèvements, mais nous sommes peu concernés ici ; - La qualité des eaux de baignade, afin d éviter les algues vertes (réduction des pollutions d origine agricole). A l échelle du bassin versant, se pose aussi la question de la gouvernance. Ainsi, on a par exemple la directive «Cadre-Eau», avec son programme d action opérationnel et territorial qui cible le type d action apporté par les opérateurs. Pour mieux comprendre, la basse vallée de la Saane fait entre 200 et 250 hectares, alors que le bassin versant de la Saane, c est 300 kilomètres carré. La démarche sur la continuité écologique et morphologique du cours d eau est portée entre autres par l ASA de la Saâne, dont les réflexions visent à supprimer les obstacles au transit sédimentaire (écoulements boueux par exemple), aux déplacements des poissons migrateurs et autres. A différents niveaux, les actions entreprises visent à réduire les transferts vers la mer. 3

2) La gestion des inondations La gestion des inondations comprend une échelle spatiale et une échelle temporelle. D abord c est une approche essentiellement axée sur la réduction de l aléa au niveau du bassin versant, c est-à-dire rendre l inondation moins marquante en termes de hauteur d eau. On travaille à la fois sur le volume et sur le débit, c est très clairement l aménagement structurant qui vise à réduire ces impacts-là. Le problème est qu au jour d aujourd hui, le Schéma D Aménagement et de GEstion du bassin versant de la Saâne a un faible impact sur la diminution des hauteurs d eau dans la basse vallée de la Saâne, il n y aura pas de réduction de la durée de submersion, on sera toujours sur des plages de durée de submersion qui seront comprises entre 7 et 15 jours, tout simplement parce qu on est face à un système de fonctionnement hydraulique qui est un système «Fluvio-maritime» avec une prédominance de la buse estuarienne (l exutoire de la Saâne s effectue par une buse qui passe sous la route). Pour rappel, la buse a une capacité de l ordre de 8 mètres cube quand la mer est basse, 5 mètres cube au maximum quand la mer est haute, voire zéro quand on est sur des coefficients supérieurs à 100. Des actions (Réhabilitation des zones humides et des zones naturelles d'expansion des crues) menées afin de réduire la vitesse de propagation de l onde de crue pourraient quant à elles, être plus intéressantes. L objectif étant de faire en sorte que la crue arrive moins vite dans la basse vallée. Pour conclure, la réduction de l aléa ne peut s envisager à la seule échelle du bassin versant, car elle ne répond pas aux spécificités de la basse vallée de la Saâne. Il y a bien deux fonctionnements hydrauliques différents et donc deux échelles auxquelles on doit envisager les politiques de gestion du risque : - Un fonctionnement hydraulique fluvial jusqu à la limite entre Ouville et Longueil qui permet de se placer dans une logique de prévision pour pouvoir anticiper au mieux l évènement et donc se laisser le temps, dans la basse vallée, de mettre en place les actions de gestion de crise qui permettront de limiter les dégâts. 4

- Puis un fonctionnement hydraulique fluvio-maritime, pour lequel l aménagement du bassin versant n est pas la bonne réponse, puisque la vulnérabilité repose sur la submersion marine et la faiblesse des écoulements à la mer du fait de la présence de buse estuarienne. 5