Poussés vers. Genève FOCUS P7 INCONTOURNABLE P16. Le Journal N 475 Décembre 2011 UN MILLIONS D'ÉTOILES : ALLLUMER UNE BOUGIE EN SIGNE DE SOLIDARITÉ



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Transcription:

Genève Le Journal N 475 Décembre 2011 Thema Poussés vers l invisibilité On appelle les uns «NEM» (nous préférons dire «personnes frappées d une décision de non-entrée en matière») et les autres «déboutés» de l asile. Leur «vocation» : disparaître du paysage. En attendant, il faut bien, Constitution fédérale oblige, les nourrir et les loger, aussi mal que ce soit. C est ce qu on appelle l aide d urgence. Suite en page 3 Jacek Piotr Pulawski FOCUS P7 Solidarité P8 Coopération P11 INCONTOURNABLE P16 Hommage au pôle réfugiés Soutenez les situations urgentes du service social de Caritas «Nous étions devenus des «peaux noirs - masques blancs»» UN MILLIONS D'ÉTOILES : ALLLUMER UNE BOUGIE EN SIGNE DE SOLIDARITÉ

Caritas Genève Le Journal N 475 Décembre 2011 P2 Thema P3 Poussés vers l invisibilité. focus P7 Hommage au pôle réfugiés. Solidarité P8 Soutenez les situations urgentes du service social de Caritas. portrait P10 Chanter la précarité, le pari audacieux de Caritas Genève. Coopération P11 «Nous étions devenus des «peaux noirs - masques blancs»». Réseau P13 Changer notre regard sur la migration. AGENDA P14 Les rendez-vous à ne pas manquer ces prochaines semaines. opinion P15 Le respect, cette valeur indispensable. incontournable P16 Un million d'étoiles. Mimosa du bohneur. Repas de soutien. EDITO La dignité des travailleurs sociaux La dignité n est-ce pas un sujet bateau? «On en parle dans toutes nos émissions de société, mais on ne sait pas trop quel sens lui donner» me confiait une amie journaliste récemment. Ma réponse fut inspirée de notre quotidien à Caritas, à l écoute des personnes en difficulté : on ne peut définir ce terme dans le vide, mais toute personne qui est privée de dignité prend conscience que quelque chose d essentiel est atteint en elle. Si l on observe comment ce terme s est imposé dans le vocabulaire des droits humains, on remarque qu il est d un usage récent. Pendant longtemps le mot de dignité a été réservé pour désigner le mérite attaché à une fonction : on parlait volontiers de la dignité liée au titre de magistrat ou de prêtre. La Renaissance investit progressivement ce mot d un sens majeur proche de la manière dont nous l entendons aujourd hui, on le remarque dans les écrits de Pic de la Mirandole, Kant ou Rousseau, notamment. La Déclaration des droits de l Homme et du citoyen de 1789 utilisait cependant encore le mot dignité dans son ancienne acception 1. Ce n est qu avec la Déclaration des droits humains de 1948 que la dignité humaine fut érigée en principe fondamental de toute réflexion éthique : «Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits», souligne l article premier de ce grand texte fondateur. Il aura fallu un désastre humain allant au-delà de tout ce qui pouvait être imaginé pour provoquer un sursaut de conscience à l échelle planétaire. Ainsi pouvait être affirmée avec force l exigence d une même reconnaissance de dignité pour toutes et tous, quelle que soit son origine, sa race ou sa croyance. Dans chaque édition de notre petit journal Caritas, la quête humaine de dignité a toute sa place. Le présent numéro tire la sonnette d alarme autour du sort réservé aux requérants d asile frappés d une décision de non-entrée en matière (NEM) ou déboutés et tenus de quitter la Suisse. Que deviennentils? Quels sont les enjeux du débat sur l aide d urgence qui les concerne? Que révèlent ces nouvelles pratiques dans un contexte social de plus en plus tendu et où les allègements budgétaires priment sur la réflexion éthique? Que faisons-nous de notre humanité commune lorsque nous banalisons chaque nouveau recul en matière de droits humains? De tels questionnements sont d autant plus importants que tout est fait pour rendre les situations humaines qui les suscitent invisibles à nos yeux. Or n est-ce pas le sens de notre dignité qui se détermine à travers la manière dont nous faisons face à de tels enjeux? Dominique Froidevaux / Directeur de Caritas Genève Caritas participe au lancement de la pétition pour le retrait de la loi genevoise anti-mendicité. Renseignements et pétition prochainement disponibles sur notre site internet : www.caritas-ge.ch 1 Article 6 : «Tous les citoyens étant égaux à ses yeux, sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents.» Impressum Rédacteur responsable : Dominique Froidevaux. Rédacteurs : Vera Lauf, Niels Bohr, Camille Kunz, Michel Bavarel et Caridad Clemente. Publicité : Gilbert Rigotti Design : Gabrielle Barnhill, Karim Abbas. Impression : Atar Roto Presse SA. Tirage : 9'213 ex. CCP 12-2726-2 Fondé en 1954 par Mgr Paul Bouvier. Votre don est important

THEMA Caritas Genève Le Journal N 475 Décembre 2011 P3 Poussés vers l invisibilité suite de la page 1 Jeudi 13 octobre 2011, entre 16 et 17h. Une poignée de militants guettent l arrivée des députés à la porte de l Hôtel de Ville. Ils leur remettent un «kit d aide d urgence» : un bandeau, des boules Quies et un sparadrap à coller sur la bouche. Une manière, paradoxale, de les inciter à ouvrir les yeux et les oreilles sur un groupe humain ignoré et, dans l immédiat, à prendre en considération une pétition intitulée : «Aide d urgence : Genève doit faire mieux». La pétition 1685, munie de 1'519 signatures, a été déposée le 27 mars 2009 au Grand Conseil par la Coordination asile dont font partie, entre autres, Caritas-Genève, le Centre social protestant, l aumônerie œcuménique (AGORA) ou la Ligue des droits de l homme. Elle se fonde sur l observation d un an d exclusion de l aide sociale de tous les déboutés de l asile, réduits à une «aide d urgence» minimaliste (alors qu auparavant seuls les «NEM» étaient soumis à ce régime). «De nombreux problèmes sont apparus. Ceux-ci touchent, en particulier, les cas vulnérables (mineurs, familles, femmes seules, malades, etc.). Exemple : par le jeu d un barème dégressif, les membres d une famille de cinq personnes ne reçoivent que 6 francs par jour. Autre exemple : des personnes souffrant de troubles psychiques voient leur santé se dégrader Une pétition nationale pour un réexamen global du régime de l aide d urgence Le 18 octobre dernier, Amnesty International, Solidarités sans frontières, l'organisation suisse d'aide aux réfugiés et l'observatoire suisse du droit d'asile et des étrangers ont remis à Madame Simonetta Sommaruga une pétition munie de plus de 20'000 signatures récoltées dans toute la Suisse. La pétition demande d'alléger le régime de l'aide d'urgence auquel sont soumis les requérants d'asile déboutés ou frappés d'une décision de non-entrée en matière et de repenser complètement tout le système actuel jugé indigne. Les femmes seules ou enceinte, les mineur-e-s non accompagné-e-s, les familles avec enfants et les personnes malades ou ayant subi des traumatismes ne devraient en aucun cas être exclu-e-s de l aide sociale. La Conseillère fédérale et les directeurs et diretrices des polices cantonales sont aussi priés de développer des alternatives à un durcissement de l aide d urgence jugé cher et inefficace. V.L. Jacek Piotr Pulawski - Les personnes soumises au régime de l'aide d'urgence sont constamment mises sous pression, intimidées, voire même humiliées. encore parce que leur cadre de vie provoque l insécurité et un sentiment d abandon», est-il souligné. La loi fédérale n impose pas l exclusion de l aide sociale de tous les «NEM» et déboutés, mais indique qu ils «peuvent» en être exclus. Le canton est donc libre de «faire mieux». Et donc de les maintenir à l aide sociale. C est ce que demande la pétition. QUELLE LIMITE À LA DIGNITÉ HUMAINE? La Commission des droits de l homme du Grand Conseil a consacré, au printemps 2009, quatre séances à l examen de cette pétition, procédant à l audition de représentants des pétitionnaires et d experts (mais d aucun «NEM» ou débouté). La discussion a surtout porté sur les enfants qui pourraient se sentir discriminés par rapport à leurs camarades. Ou sur une question quasi philosophique : à quel niveau doit-on fixer la limite de la «dignité humaine» évoquée dans la Constitution fédérale? Au final, pour la majorité de la Commission, les problèmes des enfants sont résolus d une manière ou d une autre, le système en vigueur à Genève fonctionne bien et la situation en Suisse est excellente, par comparaison avec celle des pays avoisinants. Ce point est traité en séance plénière le 14 octobre, au lendemain de la manifestation ROMAR SUR S.A. Roger Revillet Spécialiste vie 3e pilier Etudes & conseils personnalisés en matière de prévoyance assortie d avantages fiscaux Gestion & analyse de portefeuilles toutes assurances 14 ch. des sports 1203 Genève 022 308 68 09 romarsursa@romar-sa.ch IMPRIMERIE R I PA R I Sàrl TOUS TRAVAUX D IMPRIMERIE IMPRESSIONS NUMÉRIQUES ET POUR VOS FAIRE-PART... Ch. du Pont 5 1258 Perly-Certoux Tél. 022 77123 23 Fax 022 7714112 E-mail: imp.ripari@bluewin.ch Passez donc nous voir! ANTONIO PASSASEO MENUISERIE Chemin des Léchères 6 1217 Meyrin T 022/785 08 91

THEMA Caritas Genève Le Journal N 475 Décembre 2011 P4 devant l Hôtel de Ville. La majorité de droite vote le dépôt de la pétition sur le bureau du Grand Conseil, ce qui signifie un classement sans suite. Genève ne fera pas mieux. Voilà en ce qui concerne le canton le plus récent épisode de la saga de l aide d urgence. Comme c est la Confédération qui joue le rôle moteur, son origine se trouve sur la scène fédérale. On la découvre dans un rapport, rendu en mars 2000, d un «Groupe de travail sur le financement de l asile», mis sur pied par la conseillère d État zurichoise Rita Fuhrer (UDC) et Jean-Daniel Gerber, alors directeur de l Office des réfugiés. DISPARITION VOLONTAIRE Le rapport «Fuhrer-Gerber» préconise de réserver l aide sociale aux requérants dont la demande a été écartée mais qui collaborent à leur propre départ. Et de la refuser aux autres, rejetés dans l anonymat, ce qui devrait les inciter à disparaître volontairement dans la clandestinité, en Suisse ou, mieux encore, au-delà des frontières. L application survient curieusement non pas dans le cadre de la loi sur l asile, mais par le biais d un programme d allégement budgétaire : en décembre 2003, il est décidé de supprimer l aide sociale à tous les requérants frappés d une non-entrée en matière (NEM). But : réaliser des économies. Autres objectifs : pousser au départ ceux qui se trouvent sur notre territoire et dissuader les candidats potentiels de venir en Suisse. Plus tard, le Conseil fédéral proposera d élargir la suppression de l aide sociale aux requérants déboutés en fin de procédure. Ces dispositions seront entérinées par un vote du peuple suisse qui, le 24 septembre 2006, approuvera, par 67,8 % des voix, une ixième révision de la loi sur l asile. Seulement, l article 12 de la Constitution fédérale stipule que «quiconque est dans une situation de détresse et n est pas en mesure de subvenir à son entretien a le droit d être aidé et assisté et de recevoir les moyens indispensables pour mener une existence conforme à la dignité humaine». Un droit qui devrait s appliquer d abord aux «NEM» puis, dès 2008, aux déboutés. TRIBUNAL FÉDÉRAL VERSUS CHRISTOPHE BLOCHER Cette disposition embarrasse et certains cantons n accordent pas d aide aux «NEM» qui ne collaborent pas à leur départ. Le Conseil des États adopte, le 17 mars 2005, un article stipulant que si la personne concernée refuse de partir, l aide d urgence peut-être limitée ou refusée. Le lendemain tombe une décision du Tribunal fédéral qui, par trois voix contre deux, juge qu une absence de coopération ne saurait justifier une atteinte au droit fondamental à des conditions minimales d existence. Cet arrêt ne porte pas sur le vote du Conseil des États, mais sur un recours formulé par un Africain à qui le canton de Soleure a retiré toute assistance. Cependant, il fait jurisprudence. Mécontent, le conseiller fédéral Christophe Blocher veut modifier la Constitution. «Nous ne pouvons pas entretenir des milliers de personnes qui refusent de quitter le sol suisse alors qu elles sont en situation illégale», déclare-t-il. En vain. Retour à Genève, puisque l aide d urgence incombe aux cantons. En 2004, le Conseil d État a pris un arrêté prévoyant un hébergement dans un abri Ce que fait Caritas Genève souterrain de la Protection civile et des prestations nourriture, articles d hygiène, etc. en nature, sauf pour les familles et les cas vulnérables. On transfère bientôt les «NEM» (encore seuls concernés) dans des baraquements militaires situés au bord de la piste de Le Service juridique offre une permanence hebdomadaire sans rendezvous et totalement gratuite pour les questions qui relèvent de l asile. Les requérants d asiles déboutés ainsi que les requérants d asile qui ont reçu une décision de non-entrée en matière (NEM) et qui sont soumis au régime de l aide d urgence sont les bienvenus à cette permanence. Les juristes s efforcent d aider ces personnes à faire valoir leurs droits, notamment par le dépôt de demandes de réexamen de leur situation en cas de faits nouveaux. Ils font également valoir les situations particulières dans lesquelles une dérogation au régime de l aide d urgence peut être faite, pour les personnes particulièrement vulnérables (malades, femmes seules avec enfants ). De telles dérogations, sont prévues par la loi fédérale, mais sans mandataire, les personnes vulnérables ne sont généralement pas en mesure de défendre les droits (solutions de logement adaptées, bons d achat/ argent à la place des plats précuits distribués) attachés à leur situation particulière. Les juristes de Caritas contribuent ainsi au respect de l Etat de droit en Suisse. A travers la coordination Asile genevoise, Caritas Genève participe aussi à rendre la population attentive à la problématique de l aide d urgence et à exercer une pression sur les élus en dénonçant ce régime indigne. Le Service de l Action sociale dispense une aide ponctuelle à toute personne qui demande un rendez-vous à sa permanence. Il est difficile de déterminer quel nombre parmi les consultants est concerné par l aide d urgence, les personnes qui s adressent aux assistants sociaux ne mentionnant souvent pas le fait qu elles sont à l aide d urgence ou qu elles y ont renoncé par peur d être repérées. Ces personnes sont donc considérées comme des personnes sans statut légal sans distinction particulière. Pour elles, le Service de l Action social offre des consultations brèves renouvelables périodiquement. Les collaborateurs offrent une écoute et un dépannage ponctuel pour des vêtements (bons pour le Vestiaire social) et éventuellement des bons pour les colis du cœur lorsque la possibilité de cuisiner existe. L institution redirige aussi vers les réseaux d hébergement d urgence où des repas chauds sont distribués ou vers les Unités de soins mobiles si un problème de santé est évoqué. V.L. Veolia Transport Suisse, l ambassadeur de vos sourires Autocars et Minibus 18, Route du Bois de Bay 1242 Satigny, Suisse tél. +41 (0)22 756 90 00 Fax +41 (0)22 756 90 10 www.veolia-transport.ch VEO_09_01_ANN.SATIGNY_124x46_NB.indd 1 9.3.2009 15:53:06

THEMA Caritas Genève Le Journal N 475 Décembre 2011 P5 Cointrin, mais, l hiver venu, l eau gèle dans les douches, les WC et la cuisine et ils doivent être évacués. On finira par les loger dans le foyer du Lagnon (voir ci-contre pour la situation actuelle). CHOISIR CE QU ON MANGE En 2005, un groupe se réunit chaque semaine, durant des mois, dans le temple de la Fusterie pour «prier et résister» face au sort réservé aux personnes frappées d une nonentrée en matière. Le 30 juin 2006, à la suite d une plainte, le Tribunal administratif rend un arrêt concluant que le dispositif genevois d aide d urgence ne repose pas sur une base légale suffisante. Il s agit donc de légiférer. Le Conseil d État élabore le PL (projet de loi) 9907, contesté par les Églises, des œuvres d entraide et des députés. L opposition vise surtout une assistance accordée seulement en nature. C est particulièrement inapproprié pour la nourriture. Se trouver, durant des mois, sinon des années, privé de toute possibilité de choisir ce qu on mange est insupportable. À l issue d une bataille ardue, on obtient de modestes avancées. Les prestations ne seront fournies qu «en principe» et non plus «exclusivement» en nature. Les personnes vulnérables toucheront 10 francs par jour pour leur nourriture et il en ira de même pour les autres au bout de 12 mois à l aide d urgence. Cela pour autant qu elles se comportent bien. Par ailleurs, elles auront la possibilité d effectuer des travaux d utilité communautaire et de recevoir, en contrepartie, la somme faramineuse de 50 francs par mois, «au maximum»... On a vu le sort qui a été réservé Se trouver, durant des mois, sinon des années, privé de toute possibilité de choisir ce qu'on mange est insupportable. par la majorité du Grand Conseil genevois à la dernière tentative d améliorer la situation. UNE PRESSION QUI VA À FIN CONTRAIRE Selon les autorités, si ce régime d aide d urgence est trop pesant, il est facile d en sortir : il suffit de rentrer volontairement dans son pays. C est ce que font une petite partie des «NEM», avec l incitation d une «aide au retour». D autres partent pour un mystérieux ailleurs. Et il y a ceux qui restent. Certains parce qu ils ont des raisons de craindre des persécutions, même si les dangers qu ils courent chez eux n ont pas été reconnus en Suisse. D autres parce qu ils perdraient la face en rentrant : un retour les mains vides est un échec quand votre famille a consenti des sacrifices pour payer votre voyage et a mis son espoir en vous. Jouent encore des mécanismes psychologiques. Ainsi, la pression exercée par l autorité pour faire partir les personnes peut agir à fin contraire : l unique liberté qu il leur reste est celle de résister à l injonction. Ou l inconfort des conditions de vie que l on pensait dissuasif plonge l individu dans un tel marasme qu il devient incapable de prendre une décision. Quelques-uns sont expulsés après un séjour dans une prison administrative (voir le film «Vol spécial» tourné à Frambois). Ce n est guère possible pour les familles, mais les célibataires effectuent des vaet-vient entre l aide d urgence et des solutions précaires. Avant de disparaître dans l anonymat et l invisibilité, comme le suggère le rapport Fuhrer-Gerber. Une invisibilité «construite», pour citer le titre d un récent ouvrage dont l auteur écrit ceci : «Il y a là un but politique, mais aussi une atteinte grave à l éthique des droits humains». Michel Bavarel Une aide à la survie et une incitation au départ «L aide d urgence est à la fois une aide à la survie et une incitation au départ», relève Nicole Andreetta, aumônier à l AGORA. Les personnes qui sollicitent cette aide sont contraintes de se rendre régulièrement une ou plusieurs fois par semaine, tous les quinze jours, chaque mois à l Office cantonal de la population pour faire tamponner ce qu elles appellent leur «papier blanc». Et là, elles sont souvent poussées à collaborer à leur retour dans leur pays. Nicole Andreetta accompagne surtout des familles, parfois depuis des années à l aide d urgence. Elle remarque que les femmes avec un ou des enfants supportent moins mal cette situation que les célibataires. «Un enfant donne de l énergie. S il va à l école, les horaires structurent la journée. On fête son anniversaire, c est un moment de joie. Les mamans s entraident. Elles sont à l affût de tout ce qui peut diminuer la différence avec les autres enfants». Par contre, certains pères de famille déboutés à qui l on a ôté l autorisation de travailler risquent de sombrer. Autre aumônier, Pierre Dürrenmatt se rend dans les bâtiments I et J du foyer des Tattes où sont logés, à quatre par chambre, plusieurs centaines d hommes, surtout des jeunes, à l aide d urgence. Ils entrent et sortent à leur guise, mais ne peuvent pas recevoir de visites, interdites par un vigile. Un intendant de l Hospice général leur distribue des barquettes de nourriture sous vide, mais la plupart y renoncent. Il offre aussi la possibilité d effectuer un travail rémunéré (50 francs par mois) en privilégiant ceux qui perdent pied. Seul loisir organisé par l AGORA une matinée de football par semaine. Des hommes frappés d une non-entrée en matière ou en attente d une décision «Dublin» sont logés dans deux dortoirs d un abri de la Protection civile. Comme au point de départ, en 2004 M.B. 2 chemin de l Épargne case postale 224 CH 1213 Petit-Lancy 2 tél. 022 879 09 09 fax 022 879 09 00 info@bosson-pillet.ch www.bosson-pillet.ch Études Devis Réalisations Chauffages centraux Entretien Surveillance Dépannage 24/24 Gestion d énergie 34 Bd Carl-Vogt CP 135 1211 Genève 8 Téléphone 022 708 03 03 BOCCARD PARCS et JARDINS SA Imagine et réalise votre jardin 6, ch. de la Croix-en-Champagne La Petite Grave 1236 Cartigny Tél. 022 798 43 43 - Fax 022 791 05 52

THEMA Caritas Genève Le Journal N 475 Décembre 2011 P6 L aide d urgence en question(s) Margarita Sanchez-Mazas, professeure à l Université de Genève, est l auteure de l ouvrage «La construction de l invisibilité», une étude sur la suppression de l aide sociale dans le domaine de l asile. A l occasion de la sortie du livre, elle répond à nos questions. Quelles sont les conséquences de la suppression de l aide sociale pour les NEM dès 2004 et les déboutés de l asile depuis 2008? Il faut voir la mesure de suppression de l aide sociale et la mise en œuvre de l aide d urgence dans le cadre d une politique d asile dissuasive. L aide d urgence ne vient pas remplacer l aide sociale comme aide, elle devient un instrument sensé faciliter les «départs volontaires». Il s agit de décourager les personnes de rester en rendant leurs conditions de vies intenables et en exerçant une pression sur elles : seul 1/3 des personnes concernées y ont eu recours pendant la période couverte par notre étude. Cette situation de survie matérielle a des conséquences destructrices au niveau psychique. En outre, les effets vont à l encontre de ceux escomptés : les personnes concernées veulent encore moins rentrer. Cette situation a également des effets négatifs sur les professionnels en charge de dispenser l aide d urgence. Tout le monde se retrouve dans une impasse. Un nombre considérable de requérants NEM ou déboutés sort du système de l aide d urgence et disparait des statistiques officielles. Vous dites qu ils deviennent «invisibles». Qu entendez-vous par là? Ils deviennent des clandestins. Les requérants qui disparaissent restent en Suisse. Notre étude montre que ceux qui sont d abord passés par le système de l aide d urgence et qui ont vécu l humiliation ont beaucoup de peine à se débrouiller sur le marché du travail clandestin. Ils n ont généralement pas de réseau en Suisse et se retrouvent dans des situations de forte dépendance à l égard de tiers. La prise en charge de l aide d urgence est effectuée par les cantons selon des modalités différentes. Quels problèmes se posent avec ce traitement inégal? Les requérants sont attribués aux cantons de manière aléatoire. Même si la même logique sous-tend l aide d urgence dans tous les cantons, les traitements accordés sont différents. Ils dépendent du rapport de force politique, de l importance du réseau associatif ou des traditions d accueil du canton. Les différences peuvent paraître insignifiantes, mais le fait d être fouillé à l entrée du centre d hébergement ou non, de recevoir un bon d achat, un repas préparé ou 10 francs change une situation. Le système en lui-même limite les améliorations, car les autorités veulent éviter que des conditions plus favorables dans un canton n exercent un effet d attraction. A Genève, l accès aux soins est meilleur et des requérants attribués à d autres cantons viennent s y faire soigner. Pourquoi les coûts devraient être supportés par un seul canton? En même temps, l éthique médicale va à l encontre du refus de soins. Le personnel soignant est ainsi placé face à un dilemme. L aide d urgence est destinée à des situations transitoires, mais concerne souvent des requérants en séjour prolongé. Cette aide est-elle adéquate pour une longue durée? A Genève, le problème de l octroi de l aide d urgence sur la durée est un aspect qui a été contesté et certains progrès ont eu lieu. Après un an, le requérant touche désormais 10 francs par jour à l aide d urgence, contre des repas précuits avant. Mais un an, c est déjà long. Et l aide d urgence peut durer des années. Dans d autres cantons, on rapporte des cas de personnes qui n ont pas pu manger de repas chaud pendant des mois, voire des années. Chacun peut s imaginer ce que cela signifie. Cette politique dissuasive, sensée susciter des départs volontaires, ne fonctionne pas. Quels sont les obstacles au retour? Il faut garder à l esprit que l asile concerne de vraies situations de menace contre la vie ou l intégrité. Les personnes NEM le sont fréquemment devenues pour absence de papiers, alors que leur histoire peut comporter une persécution. Plusieurs personnes qui ont participé à l étude avaient de bonnes raisons de ne pas rentrer. D autres personnes ne sont pas directement menacées par un Etat mais ont tout perdu. Partir ne signifie alors plus rentrer chez soi. Enfin, la honte de perdre la face en rentrant les mains vides alors que la famille s est souvent endettée pour le voyage vers l Europe est également un obstacle fort. Perdre la reconnaissance du pays d origine, en rentrant comme en zombie, alors qu on a déjà perdu toute reconnaissance en Suisse, est inimaginable. Pourtant, ces obstacles au retour ne sont pas théorisés, ce ne sont que des perspectives comptables qui sont prises en compte. Interviewée par Vera Lauf Département d assurance externe hautement spécialisé de Caritas Genève, au tarif gratuit. Madame M. R., directrice adjointe à Caritas Genève: «En travaillant avec Walser Consulting, nous économisons du temps, des primes et sommes couverts face aux risques difficiles.» Gardons l œil ouvert... Walser Consulting AG www.walser.ch ANDRÉ VIDONNE BOUCHERIE DU PALAIS SA Rue Blavignac 5 1227 Carouge T 022/309 43 60

FOCUS Caritas Genève Le Journal N 475 Décembre 2011 P7 Hommage au pôle réfugiés Décembre 2010, la décision de l Etat tombe : dans six mois, Caritas doit cesser son activité d accompagnement des réfugiés ; elle sera désormais assumée par l Hospice général. Une douzaine de collaborateurs et collaboratrices de Caritas ont été directement touchés par cette décision. L institution tient ici à saluer leur travail. Caritas Genève a été fondée pour les réfugiés en 1942. En 2001, Caritas Genève conjointement avec la Croix Rouge était chargée par le canton d accompagner les réfugiés statutaires. «Nous avons investi beaucoup de temps et de travail pour mettre en place des programmes spécifiques à l intégration professionnelle des réfugiés. Chaque personne recevait une écoute et un soutien individuel. On faisait du sur-mesure.» Nous explique Christian Deguilhen, coordinateur du pôle réfugié à Caritas. Depuis le 1er janvier 2009, Caritas Genève assumait seule, sur délégation du Département de la solidarité et de l emploi (DES), la responsabilité de dispenser l'aide sociale aux réfugiés reconnus (permis B et F réfugiés), soit des prestations concernant l'hébergement, l'entretien, la prise en charge médicale, la formation et les mesures d'intégration. En 2010, le pôle réfugié s occupaient de 532 personnes (143 de plus qu en 2009). Mais voilà, à la fin 2010, le DSE signifie à Caritas Genève que cette tâche serait désormais assumée, dès le 1er août 2011, par l Hospice général. Caritas a d abord remis en cause cette décision de l Etat devant les tribunaux. «Cette décision est légale, car la convention était reconduite de six mois en six mois. Nous avons fait recours parce que nous n avions pas été consultés et qu à travers nous l avis des réfugiés n avait pas été pris en compte», indique Dominique Froidevaux, Directeur de Caritas Genève. A la suite de quoi, plusieurs rencontres ont eu lieu, notamment avec le conseiller d Etat François Longchamp, et Caritas a retiré son recours. Deux questions se posaient alors : quelles seront les conséquences du changement pour les réfugiés et quel avenir allait-on pouvoir offrir aux 12 collaborateurs concernés par la décision? Une expertise de qualité L'accompagnement des réfugiés requiert des compétences particulières que le pôle réfugié de Caritas avait développées depuis de nombreuses années. Le travail effectué par Caritas est basé sur l'écoute, la construction de la confiance, ce qui suppose une flexibilité et une disponibilité telles qu'un cadre associatif peut le permettre. Les professionnels du pôle réfugiés ont acquis des connaissances sur les pays d'origine, les parcours de l'exil, le vécu traumatique et son accompagnement, les passerelles à développer pour faciliter l'intégration des réfugiés reconnus, selon les recommandations des politiques fédérales en la matière. Le service juridique s'occupait (s occupe toujours) des procédures de regroupement familial, indispensable à l'intégration des réfugiés. Des bénévoles apportaient un soutien apprécié à l'intégration scolaire et sociale des réfugiés, au développement de cours d'informatique et de recherches d'emploi. Qu'allait-t-il advenir de cette expertise et de ces soutiens? Caritas, sans relâche, a insisté pour que les collaboratrices et les collaborateurs du pôle réfugié soient, pour celles et ceux qui le désiraient, engagés à l Hospice Général. Au final, ce sont trois d entre eux qui ont pu obtenir une place à l Etat. «Heureusement, presque tout le monde est assuré aujourd hui d un nouvel avenir professionnel, que ce soit à l Hospice général ou ailleurs.» se réjouit Maryse Nater, responsable du Service de l Action sociale. Concernant, l avenir des réfugiés transférées à l Hospice général, c est encore trop tôt pour faire un bilan. Caritas espère simplement que le travail effectué jusqu ici sera poursuivi par l Etat. C est avec tristesse que Caritas Genève laisse derrière elle cette activité qui faisait pleinement partie de son histoire. Mais plus que tout, elle remercie toutes celles et ceux qui ont fait la force du pôle réfugiés, de leur ténacité et de leur professionnalisme qui a tenu bon jusqu au bout. Camille Kunz Rue du 31-Décembre 45 Case postale 6173 1211 Genève 6 Tél. 022 737 33 17 Fax 022 737 33 27 cerutti-san@bluewin.ch

SOLIDARITé Caritas Genève Le Journal N 475 Décembre 2011 P8 Vos dons sont intégralement reversés pour les cas présentés 77/11 - Un camp de ski sans soucis Depuis son divorce, Madame F. vit seule avec ses trois enfants. Elle travaille à plein temps comme coiffeuse. Grâce à une gestion rigoureuse de son budget et à la pension alimentaire versée par le père de ses enfants, elle assume les dépenses quotidiennes. Mais en début d année 2012, ses deux enfants aînés vont partir en camp de ski avec l école. Une partie des frais de camp va être prise en charge par l école, mais elle va devoir faire face au diverses «petites dépenses» nécessaires à l équipement des enfants : les deux enfants partant la même semaine cela l oblige à acheter plusieurs éléments à double, tel un deuxième sac de couchage etc. Pour que Mme F. ne doive pas assumer tous ces frais au risque de déséquilibrer son budget, nous sollicitons votre générosité pour une aide de CHF 400.- pour couvrir le montant des divers achats liés à cette semaine de sport d hiver. Votre aide contribuera à soulager cette mère de famille et à permettre à ses deux enfants de profiter pleinement de la joie que cette semaine à la montagne leur procure. Nous vous souhaitons d hors et déjà de belles fêtes de fin d année et nous vous remercions de votre soutien. Christine Egger 78/11 - Un toit pour Marie-Louise et sa fille Marie-Louise est une jeune mère qui élève seule sa fille de trois ans. Le père de sa fille a refusé de reconnaitre l'enfant. C'est grâce au soutien de notre service juridique que le tribunal a établi un jugement de paternité. Toutefois, en dépit de cette décision judiciaire, il refuse de verser l argent pour l entretien de sa fille. Notre consultante et sa fille vivent dans une situation précaire. Marie-Louise est étudiante et fait des ménages en parallèle à mi-temps pour subvenir aux besoins essentiels. Évacuée de son appartement, Marie-Louise vient de trouver un studio mais le propriétaire exige un mois de caution. C est pour payer cette caution qui s'élève à CHF 850.- que nous faisons aujourd hui appel à vous. Vu son maigre revenu, Marie- Louise peut payer le loyer mensuel, mais il lui est impossible de payer cette somme en plus. D avance, nous vous remercions pour votre aide qui permettra à Marie-Louise et sa fille de retrouver un toit. Betty Kiemba 79/11 - Judith Judith vit depuis quelque temps dans un appartement qu elle sous-loue. Elle paye régulièrement son loyer au locataire titulaire du bail, mais celui-ci n'a pas reversé les trois derniers loyers à la régie. Un courrier est heureusement arrivé dans sa boite aux lettres et elle a ainsi été informée de cette situation. Nous avons alors aidé Judith à contacter la Régie et nous avons réussi à faire passer le bail à son nom. Comme l'ancien locataire lui louait plus cher, il était en tort et n a pas pu s y opposer. Mais il faut maintenant payer au plus vite les trois mois de retard que le locataire principal refuse de verser. Le petit salaire de Judith ne suffit pas pour payer l intégralité de la somme. Elle peut en payer une partie et nous souhaitons lui remettre le reste soit CHF 1'000.-. Un grand merci pour votre aide! Christian Deguilhen 80/11 - Reconstruire une vie sans dettes Depuis trois ans, Julie et Nicolas rencontrent des difficultés à gérer leur budget. Une succession d évènements les a entraînés dans la spirale des dettes. Actuellement, Nicolas a retrouvé une stabilité professionnelle et son épouse travaille à temps partiel tout en s occupant de leurs deux enfants en bas âge. Ils sont venus nous consulter pour un plan d assainissement de leurs dettes. Nous nous permettons de vous solliciter pour une aide de CHF 1'000.- qui leur permettrait de régler une dette menaçante qui mettrait en péril le plan de désendettement prévu si elle n est pas réglée rapidement. Merci d avance de votre générosité. Fabienne Graells 81/11 - Un frigo vide Josette est la maman de Camille, 11 ans, et vit avec un revenu plus que modeste. Vers le 15 du mois, il n y a plus rien dans le frigo et Josette nous appelle complètement désespérée. Nous la dépannons avec quelques bons de notre épicerie, mais il faudrait un peu plus pour remettre Josette sur de bons rails et éviter la hantise du frigo vide. Nous aimerions disposer de CHF 1000.- pour rétablir l équilibre dans un budget trop serré et malmené. Pouvonsnous compter sur votre aide? Josette et Camille vous remercient d avance. Merci et joyeux Noël! Isabelle Reusse 82/11 - Faire face à la maladie Rémy est marié et il a deux enfants de 5 et 7 ans. Depuis 4 mois, il est soigné pour un cancer. Depuis l annonce de sa maladie, sa vie a été complètement bouleversée. Il se bat contre la maladie, mais aussi pour ne pas s endetter malgré la diminution des revenus familiaux depuis qu il est à l assurance perte de gains. A l approche des fêtes de fin d année, il souhaiterait passer quelques Maréchal s adapte à vos besoins Gare des Eaux-vives 2, av. de Chamonix tél. 022/849.08.49 Gare d Annemasse 17, place de la Gare tél. 50/84.32.20 Hôtel International et Terminus A proximité de la gare et son Restaurant «La Véranda» Rue des Alpes 20, tél. 022 906 97 77 Terrasse et jardin - Cuisine internationale - Famille Cottier Nouveau: pizzas italiennes

SOLIDARITé Caritas Genève Le Journal N 475 Décembre 2011 P9 jours à la montagne en famille, mais son budget ne le permet pas. Nous souhaiterions lui remettre une somme de CHF 600.- pour qu il puisse réaliser ce rêve. Merci de tout cœur pour votre soutien. Ghislaine Savoy 83/11 - Factures en retard Madame F. a perdu son emploi il y quelques mois. Comme elle n a pas cotisé suffisamment, elle n a pas droit au chômage. Avec deux enfants adolescents à charge, le seul salaire de son mari suffit à peine pour faire vivre la famille. Madame a reçu une promesse d embauche pour un emploi qui devrait débuter en janvier, mais en attendant, la famille a pris du retard dans le paiement de plusieurs factures, notamment pour l assurance maladie. Une aide ponctuelle pour cette famille serait d une grande aide, car ils font tout leur possible pour ne pas s endetter, malgré leur budget très serré. Pourriez-vous les aider à réunir CHF 800.- pour régler leurs arriérés à l assurance maladie et enlever ce poids de leurs épaules pour Noël? Un grand merci! Ursula Arancibia-Jost 84/11 - Femme divorcée avec deux enfants Madame V., divorcée et mère de deux enfants âgés de 8 et 12 ans, aurait besoin d un coup de pouce pour payer l arriéré de ses cotisations d assurance maladie. Depuis son divorce, Madame vit chez une amie qui lui a laissé son appartement pendant qu elle-même séjourne à l étranger. Le loyer de l appartement de son amie est trop élevé par rapport à son salaire, mais comme malgré ses nombreuses recherches, Madame V. n a pas trouvé à se loger ailleurs, elle n a pas d autre solution que de rester encore quelque temps dans ce logement. De son exmari, elle ne reçoit aucune aide financière. Cette situation a conduit Madame V. à être en retard de paiement de cinq mois envers son assurance maladie. Pour rembourser cette somme de CHF 1'000.-, nous sollicitons votre soutien. Nous vous serions extrêmement reconnaissants si vous pouviez aider cette mère de famille. D avance merci. José Morais 85/11 - Cambriolage Madame R., 77 ans, vit seule et de manière tout à fait autonome. Au mois d octobre elle s'est fait renversée par une voiture en traversant la route. Elle n'a heureusement pas été victime de graves blessures, mais le choc a nécessité une hospitalisation d'une semaine. En rentrant chez elle, Madame R. a eu un deuxième choc : son appartement avait été cambriolé durant son absence! Et au-delà des objets qui lui ont été volés, de sa télévision à ses bijoux en passant par quelques économies, le plus dur a été de trouver l'appartement sans dessus-dessous, toutes ses affaires ayant été fouillées, quelques meubles étant même cassés! Madame a rangé comme elle l'a pu. Elle a aussi dû faire face à des frais imprévus pour refaire ses papiers d'identité, payer le serrurier etc. Madame R. a pour revenus sa rente AVS ainsi qu'une petite rente deuxième pilier. Aussi, après ces dépenses, c'est inquiète que Madame R. voit arriver les fêtes de fin d année. CHF 500.- lui permettaient de remplacer sa télévision et sa radio et de passer de belles fêtes de fin d'année. Un grand merci pour votre générosité! Katia Hechmati 86/11 - Des vacances de Noël en famille Gérard est père de 4 enfants et divorcé depuis 5 ans. N'ayant pas un logement suffisamment grand pour les accueillir au quotidien, c'est son ex-femme qui a la garde, mais il bénéficie d'un large droit de visite, notamment durant les vacances scolaires. Employé dans un hôtel, Gérard travaille dur pour un petit salaire. Après payement de la pension alimentaire, il ne lui reste que le minimum vital pour les dépenses courantes, mais il a tout de même réussi à ne jamais s'endetter. Dernièrement, il a reçu une facture de CHF 1'216.35.- de l'administration fiscale. Gérard est imposé à la source, mais son employeur a fait une erreur dans le calcul du barème et il n a donc payé suffisamment. Les fêtes de fin d'année approchent et Gérard a prévu de les passer avec ses enfants et de prendre congé, mais cette facture inattendue pourrait l obliger à travailler pour rembourser la somme due. Pourriez-vous l aider à payer cette somme afin que Gérard et ses enfants puissent passer ces vacances de Noël ensemble? Un grand merci d avance! Miguel Kessler 75/11 - Jeune couple en difficulté Christophe et Valentine sont parents de 2 jeunes enfants. Christophe est malade et il bénéficie d une rente de l assurance invalidité depuis bientôt 2 ans. Valentine travaille à temps partiel en tant qu aidesoignante à domicile. Elle a un excellent contact avec les personnes âgées qu elle soigne et elle est épanouie dans son travail. Avec leurs petits revenus, les fins de mois sont difficiles, mais ils s accrochent pour offrir la meilleure vie possible à leurs enfants. Le jeune couple gère parfaitement leur modeste budget, ils n ont ni dettes ni poursuites. Seulement, à chaque début d année, il y a des frais supplémentaires qui viennent s ajouter aux paiements courants. L assurance ménage pour l année prochaine vient d arriver, le budget familial est déjà très serré, comment faire? Il leur est impossible d inclure dans le budget cette dépense extraordinaire. Pour cette raison, nous faisons appel à votre générosité et vous demandons une aide financière de CHF 450.-. Votre soutien aiderait énormément cette famille qui a juste besoin d un petit coup de pouce pour bien commencer la nouvelle année. D avance, ils vous disent un grand merci! Sandra Fraga La plus importante fabrique d ascenseurs de Suisse Romande 130 employés plus de 6 000 installations de service Ascenseurs Menétrey SA 1680 ROMONT Tél. 026 651 90 70 E-mail: amr@menetrey-lift.ch Rte de la Condémine 10 Fax 026 651 90 77 Site: www.menetrey-lift.ch Case postale 107

portrait Caritas Genève Le Journal N 475 Décembre 2011 P10 Chanter la précarité, le pari audacieux de Caritas Genève Caritas Melodies, la campagne inédite de Caritas, aborde la précarité sur le ton du film musical. Rencontre avec les deux réalisateurs des films visibles sur le www.caritas-melodies.ch. Quelles ont été les étapes préliminaires avant l écriture des scénarios? Graf + Irlé : Nous nous sommes immergés dans le travail quotidien de Caritas pendant plus d un mois. Nous avons pu suivre des entretiens dans les différentes étapes de la prise en charge sociale faite par les professionnels de l institution. Deux choses nous ont étonnés. La première c est le nombre de personnes qui viennent à l Accueil pour demander de l aide. On a à faire à une population très hétérogène avec un niveau social qui varie énormément. Ensuite, nous avons été stupéfaits de voir le professionnalisme et l humanisme des assistant-es sociaux et des juristes de Caritas. Un travail sur-mesure, une écoute et une valorisation des personnes en difficulté d une grande qualité Pourquoi trois films? Comment sont nés les trois personnages? Graf + Irlé : Le caractère sériel d une campagne permet de retenir l attention des spectateurs sur une période plus étendue, et surtout d avoir une vision plus complète du sujet. Nous avons choisi les personnages en fonction des problématiques que Caritas voulait mettre en avant. Il se trouve aussi que cela permettait d adresser les films à travers différentes catégories d âge. C était important pour nous de faire comprendre à la population que tout le monde peut se retrouver un jour dans une situation difficile. Pourquoi avoir choisi des acteurs plutôt que des personnes se trouvant réellement dans une situation précaire? Graf + Irlé : Le projet a tout de suite été imaginé sous la forme d une fiction. Cela nous permettait de romancer la réalité. C est le métier des acteurs de refléter sans fard la réalité qu on leur demande d interpréter. Aussi, le ton n est pas documentaire, et des fortes qualités dramatiques étaient nécessaires pour ce travail particulier en chanson et en mise en scène. Isabelle Caillat, actrice connue en Suisse romande, interprète le rôle de l assistante sociale. Pourquoi ce choix? Graf + Irlé : Nous avons déjà travaillé avec Isabelle, et nous la savions capable de devenir une figure de Caritas pour les genevois, que l on retrouve dans chaque épisode, sans lasser, et avec intensité. Elle s est ensuite révélée être une excellente chanteuse! Comment l idée du film musical vous est-elle apparue? Graf + Irlé : En regardant les vidéos d autres institutions qui travaillent dans le domaine social ou humanitaire, la technique de la culpabilisation revenait systématiquement, à travers un film au ton triste et larmoyant. Pour Caritas, nous avons voulu en prendre le contre-pied. En cherchant dans le registre cinématographique, le film musical s est révélé être idéal pour parler de choses difficiles de manière gaie et surprenante. Nous avons également utilisé la technique du flash-back. C était important que le spectateur ait accès à l historique des personnages. Ainsi, il peut se rendre compte des éléments déclencheurs qui ont poussé les trois protagonistes dans une situation précaire. En quoi votre regard sur la précarité a-t-il changé avec ce projet? Graf + Irlé : Nous avons appris beaucoup sur la variété des tâches de Caritas, bien au-delà de l aide matérielle directe. Pour nous, Caritas c était une aide qui visait l extrême pauvreté. On en avait une vision un peu clichée : s occuper des SDF, offrir la soupe populaire, etc. Quelle surprise, quand on a vu la diversité et la qualité du travail de Caritas! Aussi, elle nous a ouvert les yeux sur la précarité locale, celle qui peut concerner nos voisins et nos proches, mais que l on ne voit pas car elle n a pas de signes extérieurs évidents. Quels sont les avantages de la web-vidéo? Graf + Irlé : Elle permet notamment d atteindre une audience que Caritas atteint plus difficilement avec les médias traditionnels, mais surtout d engager le spectateur avec émotion dans le monde de Caritas, et c est là le grand défi des annonceurs aujourd hui dans un paysage publicitaire saturé de toutes parts. Nous sommes convaincus qu un spectateur engagé de Caritas vaut plus que 100 passants qui regardent une affiche dans la rue. Et ce qui est génial avec la web-vidéo, c est que cela reste. Les gens pourront encore la visionner dans plusieurs années. Interviewés par Camille Kunz Genève Nyon Lausanne Montreux www.comptoir-immo.ch Serge Basterra Agent général Tout simplement. Contactez-nous. Helvetia Assurances Agence générale de Genève T 058 280 69 53, www.helvetia.ch Implenia Development SA www.implenia-development.com

COOPéRATION Caritas Genève Le Journal N 475 Décembre 2011 P11 «Nous étions devenus des «peaux noirs - masques blancs»» Justin Kahamaile avait lancé l initiative de Genève pour la Paix des Grands-Lacs en 2003. Un réseau d échange, de concertation et de dialogue qui a tenu bon malgré les nombreux défis et difficultés de l exercice. Il avait un rêve que sa disparition prématurée ne lui a pas permis d accomplir. Aujourd hui ce rêve est devenu réalité : le livre de témoignages «Dépasser la haine, construire la paix» a enfin pu voir le jour grâce à la persévérance de la Cotmec et d Eirene Suisse et des acteurs impliqués. Cet ouvrage donne la parole aux «justes» qui ont su résister à la violence dans cette région, rester solidaires et sauver des vies au risque de perdre la leur. Nous avons profité du séjour en Suisse de deux d entre eux, Jean-Pierre Karibigi (frère de Justin) et Laurien Ntezimana, pour les interviewer. Vous dites que la haine se construit, qu on ne naît pas avec. Comment autant de personnes ont-elles pu sombrer dans la haine dans la région des Grands- Lacs africains? LN : Avant la colonisation belge, au Rwanda, les populations vivaient en harmonie malgré leurs différences, les clans transversaux (mixtes Hutus- Tutsis) étaient la référence identitaire de chaque Rwandais. De ce fait, les personnes de différentes ethnies s entraidaient, se respectaient, se mariaient entre elles et parlaient la même langue, formant un véritable «Nous». L arrivée des colons, qui n ont pas su voir la subtilité et l harmonie entre clans, ethnies et la complexité de la société rwandaise, a complètement bouleversé le subtil équilibre existant. Ils ont ainsi commencé à diviser les rwandais sur la base de critères ethniques, s appuyant sur les Tutsis minoritaires mais dont le Roi est issu, pour faciliter leurs affaires. Ceci a favorisé la cristallisation des différences, transformant ce «Nous» en un «Moi» égoïste et se méfiant des autres. Les rwandais n ont pas su rester leur «quant-à-soi» (être) et sont tombés dans le jeu des colonisateurs, soit celui de l accumulation de biens, de pouvoir, du savoir et du valoir (avoir), provoquant une véritable déculturation de la société. La révolution de 1959 issue des velléités d indépendance des Tutsis a été le point de départ des conflits. Dès lors, un véritable système de haine a été instauré, en tuant toute solidarité qui les maintenaient unis, ce qui a provoqué la déshumanisation de l homme rwandais et qui a finalement mené jusqu au génocide de 1994. JP : Les gens de Grands-Lacs ont perdu leur âme. En effet, les colons ont dépouillés les Rwandais de leur culture, de leur religion et de tous leurs repères, créant une énorme instabilité et une société coupée de ses Jean-Pierre Karibigi racines. Les niveaux économiques et politiques ont également été conditionnés en conséquence. D abord, la religion a joué un rôle très important. Avant l arrivant des colons, la croyance des populations des Grands-Lacs en un Dieu unique Imana rassembleur donnait lieu à une cohérence forte. Mais l arrivée du Dieu chrétien des colons a provoqué la confusion, l église des missionnaires a fait «Tabula Rasa» de la religion traditionnelle et a tout enlevé, même l interdiction de tuer, qui était un garde-fou fondamental. Quand j étais petit, ma mère ne connaissait pas les médicaments et me guérissait avec de plantes. On était en très bonne santé, ma mère avait de plantes pour tout. Au niveau économique, la solidarité régnait. Il était par exemple honteux de ne pas donner à manger aux enfants des voisins qui avaient faim. Au niveau politique régnait non pas la démocratie mais un système monarchique, avec un contrat citoyen et une justice basée sur les droits de l homme. Le Roi, descendant de Dieu et garant des traditions rwandaises, veillait à la redistribution de la richesse, créant une harmonie. Au point que dans les périodes de famines, les familles abandonnaient leurs enfants à proxi- Caritas Genève soutient des projets de paix dans la région des Grands-Lacs. Entre 2009 et 2011, elle a financé quatre projets pour un montant global de CHF 52'340.- F.DESJACQUES &CieSA ENTREPRISE DU BÂTIMENT 7, avenue de l Aurore 1225 Chêne-Bourg 0223486167 Honorez vos hôtes. Genecand traiteur sa 55 av. de la Praille 1227 Carouge t. 022 329 31 96 f. 022 320 31 64 www.genecand.ch Le bonheur est dans la cuisine Rue Eugène-Marziano 23 CH-1227 ACACIAS Tél. 022 308 45 10 www.tekcuisines.ch Cuisines SA

COOPéRATION Caritas Genève Le Journal N 475 Décembre 2011 P12 Micro-projet : Application de la Thérapie Sociale par l AMI au Rwanda L Association rwandaise Modeste et Innocent (AMI) travaille depuis plus de dix ans à la réconciliation et à la reconstruction du tissu social au Rwanda à l aide de diverses méthodes. En 2009, l AMI s est formée à la thérapie sociale et a contribué à l encadrement et au suivi de la formation à cette méthode de 25 leaders en provenance de tout le pays. En vue de gérer les conflits et de prévenir les violences collectives, elle offre un cadre pour stimuler des transformations chez des gens qui d ordinaire, ne veulent pas se rencontrer et encore moins dialoguer. L AMI a mis en pratique cette approche en 2010 de manière suivie dans deux cadres distincts: la restitution des biens pillés durant le génocide (avec des groupes de rescapés et d'ex-prisonniers) et la réduction de la méfiance entre les rescapés du génocide et les ex-prisonniers (libérés des prisons après avoir avoué le crime du génocide et demandé officiellement pardon). Les résultats sont vraiment satisfaisants. Des espaces de rapprochement et de dialogue franc ont été créés, lesquels réunissent les victimes du génocide avec leurs bourreaux d hier ; dans le cadre de la restitution des biens pillés ou détruits pendant le génocide, les protagonistes se mettent ensemble pour discuter d un mode de payement moins générateur de conflits. L AMI projette de se lancer dans une seconde phase de formation plus approfondie avec différentes institutions. En attendant de trouver les financements nécessaires, l AMI souhaite consolider le travail mené jusqu ici, assurer des résultats durables par un accompagnement approprié et étendre la pratique à d autres publics cibles motivés. Ainsi, il est notamment prévu d élargir le travail des 8 groupes engagés à 50 nouveaux rescapés et 100 ex-prisonniers et de créer 4 nouveaux groupes dans de nouveaux secteurs, de sensibiliser la population afin d obtenir son soutien et recruter les nouveaux participants, d organiser des formations et de stimuler les échanges entre groupes. D autres activités seront également menées avec une centaine de personnes afin de résoudre des conflits issus de Gacaca et rétablir la confiance et le dialogue entre parties opposées. Ce pays a besoin de stabilité pour ne pas sombrer à nouveau dans la violence. Avec CHF 50.- vous soutenez la formation d une personne et contribuez à la réconciliation et à la propagation de la paix dans la région. Merci de votre soutien. Merci beaucoup de votre soutien! mité du palais pour que le roi les trouve et qu ils soient nourris. Mais en 1931, quand le Roi Musinga refusa de se faire baptiser, il fut destitué, déporté et remplacé par son fils croyant. Ce fut un choc très déstabilisateur pour les rwandais. Avec la colonisation on a laissé de côté notre culture, notre tradition pour embrasser une culture étrangère. Avec l arrivée des colons s est mis en place un système de construction des élites, d accumulation exagérée des richesses et d aliénation au modernisme. Le contrat citoyen s est complètement détérioré. Nous ne croyions plus en nous-mêmes, nous étions devenus des «peaux noirs - masques blancs». On nous éduquait à l école pour former l élite de demain, pour dominer l autre, il fallait accaparer les richesses et le pouvoir. Ce système basé sur l égoïsme suscitait des jalousies, a provoqué la misère et la pauvreté, notamment du fait de l occupation scandaleuse des terres par les élites. C est d ailleurs toujours le cas actuellement, et c est encore pire au Congo! Comment construire la paix dans ces conditions? LN : Il n y a malheureusement pas d outils tout prêts pour dépasser la haine. Il faut travailler avec la jeunesse, autrement. L arracher de l encadrement qu elle subit pour qu elle ne tombe pas dans le piège de la haine. Nous ne naissons pas avec la haine, nous la développons, par jalousie. Il faut travailler sur l Etre plutôt que sur l Avoir. Au sein de l association Modeste et Innocent fondée sur mon initiative en 2000, par l initiation à la «bonne puissance» 1 nous travaillons à la promotion «d Ubuntu», qui désigne l essence de toute créature et de l être humain, soit «bonté et gratuité», bonté étant l intérieur et gratuité étant l extérieur comme les deux faces d une même monnaie. Cette spiritualité en action et non confessionnelle a pour but de diminuer l ego et de s éveiller à l Unité. C est le travail que nous menons avec les jeunes, mais aussi avec des rescapés du génocide, ensemble avec tutsis et hutus. Plus récemment aussi, grâce à la pratique de la Thérapie Sociale 2, nous travaillons à libérer la parole et la peur. Les personnes osent se parler, expriment ce qu elles ont vécu, elles se sentent écoutées et surtout montrent leur vision des faits. Elles arrivent ainsi à s accorder le pardon. Grâce à cette libération de la parole et au pardon, nous sortons de la haine, ce qui est le point de départ pour bâtir la paix. Interviewés par Niels Bohr et Caridad Clemente 1 Voir le texte «La bonne puissance à l œuvre dans l histoire du Rwanda», de Laurien NTEZIMANA, Mai 2009. 2 Voir le micro-projet présenté dans l encadré «Application de la Thérapie Sociale au Rwanda par l AMI». Pour Noël, offrez du rêve, offrez du sens, offrez équitable! 53, rue de Carouge, 1205 Genève 022 708 04 34 capindigo@caritas-ge.ch www.capindigo.ch lu 13h30-18h30, ma-ve 9h30-18h30, sa 9h00-17h00 Ferblanterie Isolation Entretien toiture Couverture SIMON BORGA TOITURES SA Etanchéité 17, rue François-Dussaud, CP 1105-1211 Genève 26 Tél. 022 7974787 - Fax 022 7974726

RéSEAU Caritas Genève Le Journal N 475 Décembre 2011 P13 Lutte contre la catastrophe alimentaire : Petits succès, grandes défaites Le monde distribue la nourriture, mais n arrive pas à prendre des mesures efficaces pour lutter contre la faim. Pourtant, partout sur la planète, les gens touchés par la faim entreprennent d améliorer durablement leur situation, aidés en cela par de nombreuses organisations d entraide. [ ] Mais les causes structurelles de la crise alimentaire, elles, ne changent pas. Il y a vingt-cinq ans, les reportages sur les famines en Afrique étaient encore susceptibles de choquer. Aujourd hui, les médias donnent des informations régulières de catastrophes liées à la famine partout dans le monde, et cela ne heurte plus personne. Les réels efforts de la communauté internationale pour maîtriser la tragédie humaine sont à peine visibles. Tout se passe comme si le milliard de personnes souffrant de la faim sur la planète étaient devenu un dégât collatéral des effets de la globalisation. En fait, la lutte contre l extrême pauvreté et la faim est l'une des priorités dans les objectifs du Millénaire pour le développement de l ONU, édictés en 2000, et censés être la référence mondiale des efforts de développement: la communauté internationale s est alors engagée à réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim, qui s élevait à quelque 830 millions de personnes, d'ici 2015. Pourtant, alors que dans les domaines de l éducation et de la santé, les pays en voie de développement peuvent faire état de réels succès, le nombre de personnes souffrant de la faim n a pas diminué, il a augmenté au contraire de presque 100 millions de personnes. Il y a plusieurs raisons à cet échec. La première en est que les causes de la famine sont structurelles : par conséquent, pour mener une lutte efficace contre la faim, il faudrait s attaquer à ces causes. [ ] Parallèlement, des entreprises mondialisées, en étroite collaboration avec les élites des pays concernés, continuent de s approprier sans scrupule les revenus des matières premières, et d'extorquer pour des sommes dérisoires d immenses régions fertiles des pays pauvres pour y cultiver des plantes destinées à l agro-carburant ou à la nourriture du bétail. Les petits paysans sont déplacés sur des terres arides dont ils arrivent à peine à tirer de quoi survivre. Ce n est pas un hasard si la moitié des personnes qui ont faim sont des familles de petits paysans. Quelques succès : une goutte d eau dans l océan Il existe tout de même quelques (petits) succès. Partout dans le monde, des groupes locaux s engagent, aux côtés d organisations d entraide, pour tenter d améliorer petit à petit les conditions de vie économiques, sociales et écologiques. [ ] Avec des moyens simples et des idées innovantes, ces groupes arrivent à créer des impulsions de développement locales. Ce genre d initiatives visant à vaincre la pauvreté et la faim, dont l énumération pourrait continuer longtemps, sont impressionnantes et encourageantes. Elles apportent de l espoir et permettent aux personnes concernées de prendre leur propre vie en main. Mais au fond, elles ne sont qu une goutte d eau dans l océan et elles ne peuvent masquer la réalité: la crise humanitaire des régions souffrant de famine en Afrique et en Asie ne fait que s aggraver. Bien sûr, les organisations onusiennes (Programme Alimentaire Mondial, Organisation des Nations Unies pour l alimentation et l agriculture FAO) essaient de fournir aux réfugiés de la famine de quoi traverser les situations de crise. [ ]. Mais pour combattre efficacement la famine, il faut en faire beaucoup plus: il faut, par exemple, mettre l accent sur la formation qui permettrait aux personnes défavorisées d acquérir des méthodes d agriculture durable et d optimiser leurs possibilités. Il faut, par exemple, améliorer la situation des femmes et des jeunes filles elles représentent les 70% des affamés de la terre pour qu elles n aient plus besoin de se contenter des restes que les hommes et les fils ont bien voulu leur laisser. Il faut des systèmes de sécurité sociale permettant aux petits paysans de rester à la campagne et ouvrant une perspective aux personnes âgées. C est à ce prix-là que l on combattra efficacement la famine: les pays pauvres doivent conserver leurs richesses naturelles, matières premières, biodiversité, terres et savoir-faire, pour leur propre développement. C est ce que les pays industrialisés ont toujours fait. Mais cela impliquerait de réformer les règles du jeu des relations économiques internationales et de l industrie financière et de les restructurer pour qu elles promeuvent le développement. Il n est donc pas étonnant que l objectif du millénaire qui consiste à réduire la faim de moitié ait si peu de succès. Geert van Dok, responsable service politique du développement, Caritas Suisse MENUISERIE AGENCEMENTS P. HAGMANN 6, ch. des Carpières - 1219 Le Lignon Tél. 022 796 06 32 - Fax 022 796 08 62 ENTREPRISE MONTEFUSCO Parquets - Revêtements de sol - Nettoyages Boulevard D Yvoy 1-1205 Genève Tél.: 022 3204444 - Fax: 022 3212202 Natel: 079 624 34 05

AGENDa Caritas Genève Le Journal N 475 Décembre 2011 P14 Les rendez-vous à ne pas manquer ces prochaines semaines événements Samedi 17 décembre, dès 16h Un million d'étoiles Fort du succès des précédentes éditions, le réseau Caritas en Suisse reconduit sa campagne «Un million d étoiles» le samedi 17 décembre prochain. A cette occasion, Caritas Genève vous invite dès 16 h à venir allumer une bougie dans les Rues basses (place du Molard), à Carouge (place de l'octroi), ainsi que sur le parvis de la basilique Notre-Dame. Plus d'informations sur www.caritas-ge.ch Samedi 28 janvier, 8h30 à 17h30 Mimosa du bohneur Comme chaque année, Caritas-Jeunesse organise la vente du mimosa afin de récolter des fonds pour permettre aux enfants issus de familles défavorisées du canton de Genève de partir en camps de vacances. Pour mener à bien cette action, Caritas-Jeunesse recherche des bénévoles. Renseignements et inscriptions auprès d'elodie Dederding, par tél. au 022 708 04 13 ou par email à elodie. dederding@caritas-ge.ch Plus d'informations sur www.caritas-jeunesse.ch ACCOMPAGNEMENT Accompagnement de personnes âgées, malades ou en fin de vie Cette formation longue s'adresse à toute personne engagée dans un accompagnement ou désireuse de le faire, que ce soit dans un contexte familial ou bénévole, mais également aux personnes qui, pour ellesmêmes, souhaitent approfondir cette problématique. Dates: de février à mai 2012, les mardis soir, de 18h à 21h Prix de la session : CHF 300.- Renseignements : I. Nielsen et M. Margot, tél. 022 708 04 47 Groupe de parole pour personnes traversant un deuil Ce groupe de partage et d'accompagnement s'adresse principalement aux personnes qui vivent une période difficile lors de la perte d'un conjoint, d'un enfant ou d'un proche. Date: une fois par mois, les lundis de 17 h 30 à 19 h 30. Renseignements : I. Nielsen, tél. 022 708 04 47 Perte d un enfant pendant la grossesse ou à la naissance Ces rencontres permettent aux participants de partager leur vécu en toute confidentialité, dans un cadre bienveillant propice à la confiance et à l écoute mutuelle. Dates: de février à mai une fois par mois. Participation financière libre. Renseignements : M. Hofstetter (tél. 022 784 01 69) et D. Durafour (tél. 079 242 78 28) Se libérer des blessures du passé, cheminer vers le pardon Parcours de dix rencontres en petit groupe qui s adresse à toute personne souhaitant revenir sur une situation ou relation restée douloureuse. Dates : de janvier à mai, les jeudis soirs de 18h à 20h30 Prix : CHF 200.- Renseignements : I. Nielsen, tél. 022 708 04 47 Camps de vacances Caritas-Jeunesse organise chaque année et à chaque période de vacances scolaires genevoises des camps de vacances pour les enfants et jeunes de 4 à 18 ans. Nous proposons des séjours avec des activités variées telles que ski, vélo, voile, équitation, informatique, visites de villes ou de régions, afin que chaque participant trouve un séjour dans lequel il se plaira. Tous les camps regroupent des participants d'une même tranche d'âge par exemple 4 à 6 ans ou 16 à 18 ans. Programme des camps : www.caritas-jeunesse.ch ou 022 708 04 04 infos Dominique Froidevaux, directeur de Caritas Genève, a signé la préface du livre «Dépasser la haine, construire la paix» Un livre courageux et nécessaire, destiné à faire connaître des témoignages de paix de la région des Grands Lacs africains. Ce projet a été rêvé et conçu par un artisan de la réconciliation, Justin Kahamaile, décédé à ce jour. Au cœur des drames de cette région, il a fondé l Initiative de Genève pour la paix des Grands Lacs en rassemblant des acteurs de paix de tous bords et en les invitant à raconter leur action en faveur du vivre ensemble. Editions d en bas Editions Couleurs Livres Editions Charles Léopold Mayer COTMEC Eirene Suisse Ce livre est en vente dans la plupart des librairies genevoises / Prix : CHF 35.- INSTALLATIONS THERMIQUES 14, chemin Pré-Fleuri Tél. 022 884 52 00 1228 PLAN-LES-OUATES Fax 022 884 52 99

Opinion Caritas Genève Le Journal N 475 Décembre 2011 P15 Le respect, cette valeur indispensable Martine Brunschwig Graf nous livre son regard sur la dignité humaine, selon elle fondamentalement reliée au respect de l autre. «L'humanité n'est pas un état à subir. C'est une dignité à conquérir.» Cette phrase de Vercors me paraît résumer au mieux ce qui m interpelle lorsque l on me demande de m exprimer, comme c est le cas dans ce billet d opinion, sur la dignité humaine. Vercors s interrogeait sur la qualité d homme. Ses interrogations s inscrivaient dans un contexte particulièrement troublé, au sortir de la seconde guerre mondiale, de ses errements et de ses atrocités. Ce n est certes pas, hélas, le seul génocide de l histoire. Mais ce qui s est perpétré alors à l égard des Juifs, de façon massive et déterminée, mais aussi à l égard des Tziganes, des homosexuels ou des personnes handicapées mentales constitue la négation même de la dignité humaine. Ce ne sont pas des ennemis que l on éliminait mais des personnes à qui l on commençait par refuser la qualité d homme avant d organiser leur élimination. La dignité humaine, refusée aux uns, était-elle présente chez les autres? Certes non. Refuser la qualité d être humain à son prochain constitue une façon inconsciente mais bien réelle de renoncer à son propre statut et à la dignité qui devrait lui être attachée. Dans le cas des nazis et de ceux qui leur ont prêté assistance, le pire est sans doute la renonciation à toute liberté de penser et d agir, la perte totale d autonomie, le prétexte omniprésent des ordres reçus de plus haut. On ne peut reconnaître et respecter la dignité de l autre sans se respecter soi-même. On ne comprendra jamais tout à fait ce qui peut pousser des femmes et des hommes à se laisser entraîner dans un tel engrenage au point de perdre tout libre arbitre. Mais on peut retenir de cela au moins une chose : on ne peut reconnaître et respecter la dignité de l autre sans se respecter soi-même. C est bien de respect qu il s agit, et non de tolérance. J ai pour ma part toujours refusé d élever la tolérance au rang des valeurs. Tolérer signifie supporter ce que l on ne peut éviter. Il me paraît que les rapports entre humains ne peuvent s inscrire dans l idée que l autre est potentiellement quelqu un qui nous insupporte mais qu il nous faut subir au nom d obligations morales. Reconnaître l autre en tant qu humain implique qu on le respecte, qu il nous plaise ou nous déplaise. Le respect ne se négocie pas, il ne constitue pas une concession que l on fait à l autre mais une valeur à laquelle nous souscrivons en tant qu humains. Les débats que nous avons en Suisse autour de la présence des étrangers, et particulièrement de celles et ceux qui viennent y chercher refuge pour des raisons diverses devraient s inscrire dans cette volonté de rechercher, dans l élaboration des lois et surtout dans leur application, la voie du respect et de la dignité de chacun. Ce n est pas toujours simple, c est vrai. Les abus existent, qui entraînent méfiance et durcissement de la législation. Mais tout ne se réduit pas aux abus. Nous ne sommes pas dispensés de nous préoccuper de la façon dont nous traitons celles et ceux qui ne pourront séjourner que temporairement chez nous. Plus nous favorisons leur autonomie, plus nous les encourageons à se prendre en charge, plus ils seront à même, le moment venu, de reprendre leur propre route avec le sentiment d être respectables et respectés. Les problèmes d immigration sont loin d être simples à résoudre. C est la raison pour laquelle le respect et la dignité humaine doivent être d autant plus présentes dans la façon d y faire face. Par respect pour nous-mêmes! Martine Brunschwig Graf, conseillère nationale lunetterie - instruments - lentilles de contact Dépannage Entreprise de bâtiment votre opticien de confiance COURS DE RIVE 15 - GENEVE 022 735 29 11 Installations Sanitaires et Industrielles 022 827 10 10 44, route de Saint-Julien - 1227 Carouge www.aschneider.ch - assa@aschneider.ch A. STANCHERIS SA 5, rue de Carouge, 1205 Genève Tél. 022 3209560 www.stancheris.ch

incontournable Samedi 17 décembre Samedi 28 janvier Mimosa du Bonheur La vente annuelle du Mimosa est une action de solidarité et d'entraide conduite chaque année en Suisse romande. Son but? Récolter de l'argent pour apporter une aide financière ponctuelle à des enfants et des adolescents provenant de familles qui ont des difficultés sociales et financières. Un million d étoiles Depuis six ans, Caritas organise une grande action de solidarité et de sensibilisation le week-end avant Noël. Cette manifestation consiste à illuminer de nombreux espaces publics à l aide de milliers de bougies dans toute la Suisse. A Genève, le succès a également été au rendez-vous! En 2010, la population genevoise s'est chaleureusement associée à cette manifestation en allumant 3 000 bougies en signe de solidarité envers les plus démunis. Par cette action gratuite et hautement symbolique, Caritas permet à chacun d exprimer sa volonté de bâtir une Suisse solidaire, dont la force se mesure au bien-être des plus faibles. A cette occasion, Caritas Genève vous invite cordialement le samedi 17 décembre dès 16 h à Pour mener à bien cette action, Caritas-Jeunesse cherche encore des bénévoles pour ses 25 stands. Renseignements et inscriptions : Elodie Dederding tél. 022 708 04 13 ou par mail : elodie.dederding@caritas-ge.ch Toute l'équipe de Caritas Genève vous souhaite un joyeux Noël et vous remercie pour votre précieux soutien. venir allumer une bougie sur la place du Molard et sur la place de l Octroi (Carouge), ainsi que sur le parvis de la Basilique Notre Dame. JAB 1200 Genève 2 / Prix de l abonnement 12. / Envois non distribués à retourner à : Caritas Genève Case postale 75 1211 Genève 4 Jeudi 22 mars 2012 Repas de soutien - Journées Caritas Caritas Genève a le plaisir de vous convier à son repas de soutien le jeudi 2 mars 2012, organisé dans le cadre des journées Caritas. Au programme de cette belle soirée : repas gourmand, reprises de tubes de variété par le groupe VoxSet, tombola prestige et convivialité. Les fonds récoltés à l occasion de cette soirée seront intégralement reversés en faveur de l action sociale de Caritas Genève. Programme de la soirée 19h Apéritif de bienvenue / 20h Repas / le groupe VoxSet reprendra des tubes de variété connus a capella entre les plats 22h Champagne en musique + tombola / Minuit Fin de soirée Prix de la soirée CHF 150.- par personne - Inscription : 022 /708 04 72 ou 022/ 708 04 54 - info@caritas-ge.ch