Activité de pré-visite pour le programme Bijoux de traite Objectif général La présente activité a pour objectif premier de préparer vos élèves à la visite Bijoux de traite au usée ccord. Objectifs pédagogiques Au terme de cette activité, l élève Comprendra les mécanismes de base d échanges entre Européens et Autochtones dans la traite des fourrures. Saisira la différence des valeurs que portaient les Autochtones et les Européens sur les biens échangés. Sera capable d identifier certaines des marchandises d échange utilisées dans la traite des fourrures. atériel Pour préparer le matériel nécessaire à la réalisation de cette activité, veuillez vous référer à la section «Préparation du matériel» dans les règlements du Jeu de la traite des fourrures. Préparation Référez-vous à la section «Avant la partie» dans les règlements du Jeu de la traite des fourrures. Déroulement de l activité Référez-vous aux étapes décrites dans les règlements du Jeu de la traite des fourrures. 1
Règlements Préparation du matériel Objectif du jeu Lors de votre visite au usée ccord, vous aurez l occasion de voir plusieurs artefacts qui ont fait l objet d échanges entre les Européens et les Autochtones dans la traite des fourrures. Afin de bien comprendre toute l importance du troc à cette époque voici un jeu de rôle qui permettra à vos élèves de «vivre» une grande foire d échanges en Nouvelle-France vers 1750. Avant la partie 1. Imprimer le document PDF 2. Photocopier et découper les éléments de jeu comme suit: 1 x carte «Récolte des peaux» par équipe d autochtones 1 x carte «Achat des marchandises» par équipe de marchands-voyageurs 1 x carte «Valeur des marchandises» par équipe d autochtones 1 x carte «Valeur des peaux» par équipe de marchands-voyageurs 1 x carte «Ce que je rapporte dans mon village» par équipe d autochtones 1 x carte «Ce que je rapporte à ontréal» par équipe de marchands-voyageurs 3 x page de 9 cartes de peaux de castors, de loutres, d'ours et de chevreuil 3 x page de 9 cartes marchandises (fusils, chaudrons, chemises, couvertures) 5 x page de 9 cartes de peaux de visons et de rats musqués 5 x page de 9 cartes marchandises (bijoux de traite et outils de métal) Note : Vous devrez peut-être ajuster le nombre de copies en fonction de la taille de votre groupe. 3. Se procurer un dé à six faces pour chaque équipe. 4. Se munir d une minuterie (une minuterie pour la cuisson fera très bien l affaire). 2
Préparation de la classe Séparer la classe en deux grands groupes; un groupe d autochtones et un groupe de marchands-voyageurs. Diviser ces deux grands groupes en équipes de 2 à 3 élèves maximum. Il est très important d avoir un nombre égal d équipes d autochtones et d équipes de marchands-voyageurs. Exemple de disposition pour une classe de 30 élèves En route pour la chasse, le colonel Rhodes et Octave le guide série sur la chasse au caribou, ontréal,1866 William Notman l-19357.1 A A A A A But du jeu Pour les Autochtones : Échanger toutes leurs peaux contre le plus grand nombre de marchandises de traite de qualité afin d avoir du prestige. Début de la partie Pour les marchands-voyageurs : Échanger toutes leurs marchandises de traite contre le plus grand nombre de peaux de qualité afin de devenir les plus riches. Étape 1 Introduction 1. Expliquer aux élèves qu ils prendront le rôle soit d autochtones, soit de marchands-voyageurs et que tous ensemble ils découvriront ce qui pouvait bien se passer dans un poste de traite des fourrures lorsque Autochtones et Européens se rencontraient pour faire du troc. 2. Expliquer brièvement le déroulement du jeu. 3. Énoncer clairement le but du jeu. 3
Étape 2 Achat de marchandises et récolte des peaux Chaque équipe doit maintenant déterminer ce qu elle emportera avec elle dans son canot jusqu au poste de traite. Exemple Une équipe d autochtones roule trois fois son dé et obtient 3, 5, et 6. Elle a donc dans son canot trois peaux d ours, cinq peaux de vison et six peaux de rat musqué. Une équipe de marchands-voyageurs roule trois fois son dé et obtient 1,1 et 6. Elle a donc dans son canot deux fusils et six outils de métal. 1. Distribuer à chacune des équipes d autochtones une carte «Récolte des peaux», et à chacune des équipes de marchands-voyageurs une carte «Achat de marchandises», et un dé. 2. Déposer devant les Autochtones toutes les cartes de peaux et devant les marchands-voyageurs toutes les cartes de marchandises. 3. À tour de rôle, chaque équipe lance le dé 3 fois et se réfère à la carte «Récolte des peaux» ou «Achat de marchandises» afin de déterminer quel type et quelle quantité de marchandises ou de peaux ils obtiennent. Au terme des récoltes et des achats chaque équipe est enfin prête pour embarquer dans leur canot et se diriger vers le poste de traite. Afin de bien négocier les échanges, chaque équipe cache ses biens aux équipes adverses. 4. Une fois que toutes les équipes ont complété leurs acquisitions, récupérer les «cartes de peaux» et les cartes de «marchandises» ainsi que les cartes «Récolte des peaux» et «Achat de marchandises». Vous n en aurez plus besoin pour le reste de la partie. Étape 3 La foire d échanges Au poste de traite une grande fête s organise et c est au tour de votre classe de vivre ce grand moment qu est la foire d échange au poste de traite qu on appelait communément la «Grande Rencontre». 1. Afin de vous aider à bien illustrer comment le système de valeur fonctionnait pour les Autochtones et les Européens dans la traite des fourrures, faites un bref résumé aux élèves de la mise en contexte «la notion de valeur dans la traite des fourrures». 2. Lire la mise en contexte «La foire d échanges». Chasse au caribou, le transport des têtes ontréal, QC, 1866 William Notman l-19359 3. Avant de débuter les échanges rappeler aux élèves les directives suivantes : 4
t 1 pièce d or = 1 point de prestige. Donc il faut échanger le plus possible des biens de valeur égale. t On a deux chances pour échanger, donc on peut toujours attendre une meilleure offre si la première ne nous satisfait pas. t Toute marchandise ou peau de départ non échangée ne vaudra aucun point en fin de partie. t Dans ce jeu, ce n est pas la quantité qui est importante mais bien la valeur des biens échangés. Comme dans tout échange chacun veut le meilleur profit! Il faut que les offres faites soient profitables pour les deux parties et, parfois, il faut attendre pour profiter d une meilleure offre. 1er tour d échanges 1. Distribuer à chacune des équipes d autochtones la carte «Valeur des marchandises» et à chacune des équipes de marchands-voyageurs la carte «Valeur des peaux». 2. Régler la minuterie (entre 5 et 10 minutes) et donner le signal de départ. Inconnu tenant des peaux de renard argenté Fort Churchill, an., 1909 Hugh A. Peck 2000.113.6.148 3. Chaque équipe négocie et marchande exclusivement avec l équipe qui est devant elle. 4. Une fois que la sonnerie de la minuterie se fait entendre, toutes les transactions en cours doivent s arrêter. 5. Les équipes qui possèdent encore des marchandises de départ se pré parent à participer à un deuxième tour d échanges ou à une vente aux enchères. Les équipes qui ont complètement liquidé leurs marchandises ou leurs peaux de départ se retirent du jeu. UIPES BRE ÉGAL D ÉQ O N N U TE ES S IL VOUS R 2e tour d échanges 1. Faire décaler les équipes d autochtones d un pupitre afin qu elles se retrouvent en face de nouvelles équipes de marchands-voyageurs. 2. Suivre les mêmes étapes que la première journée d échanges. Vous pouvez répéter aux élèves que chaque marchandise de départ non-échangée ne leur vaudra aucun point en fin de partie. 5
ES INÉGAL D ÉQUIP E R B O N N U S IL VOUS RESTE La vente aux enchères 1. Le groupe (Autochtones ou marchands-voyageurs) qui a un nombre inférieur d équipe est celui qui proposera ses marchandises ou peaux aux enchères en premier. Chasse à l'ours photographie prise pour l'i.c.r., 1907 (?) William Notman & Son VIEW-4268.0 2. Par exemple, si au terme de la première journée d échanges il reste deux équipes de marchands et trois équipes d autochtones, ce sont les équipes de marchands, qui, à tour de rôle, proposent, face visible, toutes leurs marchandises de traite restantes. (Vous pouvez tirer au sort quelle équipe proposera ses marchandises en premier). 3. À l offre faite par la première équipe de marchands, toutes les équipes d autochtones restantes font une offre d échange en déposant face visible toutes leurs cartes de peaux restantes sur la table. Suggestion à l enseignant Une fois la foire d échanges (et/ou la vente aux enchères) terminée, il pourrait être intéressant de faire un arrêt (utiliser le temps de la récréation ou du dîner, par exemple) avant de poursuivre avec la dernière étape du jeu. Cette pause stratégique, vous permettra de créer chez les élèves une attente positive face au retour en classe car c est seulement à ce moment qu ils connaîtront les grands vainqueurs de la partie. 4. La première équipe de marchands choisit l offre la plus avantageuse. Ensuite, l équipe de marchands et l équipe d autochtones qui viennent de conclure ce marché se retirent de la vente aux enchères. 5. C est maintenant au tour de la deuxième équipe de marchands à faire une proposition aux deux équipes d autochtones restantes. 6. On reprend le processus de la vente aux enchères tel que décrit ci-haut jusqu à ce qu il ne reste plus d équipes avec lesquelles échanger. Note : N oubliez pas que compte tenu que la vente aux enchères se déroule avec un nombre inégal d équipe, une des équipes ne pourra nécessairement pas échanger ses marchandises.. 6
Fin de la partie Étape 4 Fin de la foire d échanges et déclaration des gagnants Une fois le deuxième tour d échanges ou la vente aux enchères complétée, chaque équipe procède au bilan de ses échanges. Cette dernière étape est beaucoup plus mathématique et vous pouvez décider de l aborder comme il vous plaît en vous référant aux différentes options proposées ci-dessous. Indiens cris réparant un canot QC (?), vers 1900 A. A. Chesterfield P-1981.189.2 Option 1 Chaque équipe dépose ses acquisitions devant elle et fait elle-même le décompte des points en utilisant la carte «Ce que je rapporte dans mon village» pour les Autochtones et la carte «Ce que je rapporte à ontréal» pour les marchands-voyageurs. Option 2 Chaque équipe inscrit le nombre exact de biens obtenus au terme des échanges sur les cartes «Ce que je rapporte dans mon village» et «Ce que je rapporte à ontréal» et vous faites les multiplications et additions qui s imposent. Option 3 Femmes étirant de la peau d'orignal pour fabriquer des mocassins English River, Ont., vers 1925 P-0000.25.542 Chaque équipe vous remet ses marchandises et vous procédez au calcul des points en utilisant les cartes «Ce que je rapporte...». Déclaration des gagnants Au terme du décompte, l équipe d autochtones qui obtient le plus de points est déclarée la plus prestigieuse, tandis que l équipe de marchands-voyageurs qui cumule le plus de points est déclarée comme étant la plus riche. 7
Étape 5 Conclusion Amérindien faisant du portage Cornelius Krieghoff (1815-1872) 990.757.4 Canots mi'kmaq William George Richardson Hind, 1865-1875 11443 Faites un retour sur la notion de valeur en expliquant que deux équipes ont gagné mais chacune à sa façon. Aucune de ces deux équipes n est plus gagnante que l autre. Les marchands pourraient très bien penser qu ils ont escroqué les autochtones en leur refilant des chemises, des chaudrons et des bijoux de traite contre des fourrures. En effet, aux yeux des Européens ces objets ont peu de valeur car ce sont des objets ni rares ni précieux. ais pour les Autochtones, ce sont des marchandises hautement désirables car ils ne peuvent les fabriquer eux-mêmes et elles facilitent leur vie. Au même titre, les Autochtones peuvent aussi avoir l impression d avoir escroqué les Européens en échangeant ces précieuses marchandises contre de simples fourrures. En effet, pour ces derniers, les fourrures ne sont pas rares, mais pour les Européens, qui n en ont plus sur leur territoire et qui en ont besoin pour faire leurs chapeaux, elles sont très désirables. En bref, pour ces deux peuples, la valeur des choses est différente car leurs besoins sont différents. Pipe-tomahawk 1800-1840 2155 8
ise en contexte «La foire d échanges» Nous sommes en été 1745 dans un poste de traite situé sur les berges d une rivière importante. Le poste fourmille d activités. Traiteurs, missionnaires, militaires, Autochtones, passants et aventuriers de toutes sortes se sont donnés rendez-vous. C est la haute saison au poste : la saison du commerce. Déjà, plusieurs Autochtones ont installé leurs campements aux abords du poste de traite. La plupart d entre eux proviennent des «pays d en haut», les régions plus au nord et à l ouest, où ils ont chassé pendant la dernière année. Ils sont arrivés, les canots chargés de peaux de castors, de chevreuils, de loutres, d ours, de visons et de rats musqués. Ils sont prêts à faire de bonnes affaires en les échangeant contre des marchandises européennes. C est en grand nombre que les marchands-voyageurs 1 venant tout droit de ontréal affluent au poste. Ils apportent avec eux une quantité incroyable de marchandises de traite arrivée au port de ontréal sur de grands voiliers venus directement d Europe. Leurs canots sont remplis de fusils, de chaudrons, de couvertures, de chemises, de bijoux de traite et de divers outils de métal. Ils sont enfin prêts pour rencontrer les chefs autochtones avec qui ils échangeront leurs produits pour des fourures. archands-voyageurs et chefs autochtones se rencontrent. Avant de passer aux choses sérieuses, on se souhaite la bienvenue en s'offrant des cadeaux et en échangeant nourriture et alcool. Afin que les négociations se déroulent bien, on fume tous ensemble le calumet de paix. Bref, on parle, on mange, on boit et on festoie! Ce n est qu une fois les festivités terminées que les négociations commencent. Les Autochtones présentent leurs fourrures et les marchands-voyageurs leurs marchandises de traite. On négocie serré. Chacun veut obtenir les meilleurs produits au meilleur prix possible. Il faut être vaillant pour faire de bonnes affaires. Tous souhaitent écouler leurs produits. Les autochtones ne veulent pas revenir avec des peaux dans leurs villages et les marchandsvoyageurs ne veulent pas revenir avec des marchandises de traite à ontréal. 1. Le marchand-voyageur est le marchand autorisé à faire du négoce avec les trappeurs autochtones et qui dirigeait l expédition. À ne pas confondre avec les voyageurs embauchés comme pagayeurs, porteurs et hommes à tout faire. 9
ise en contexte «La notion de valeur dans la traite des fourrures» La traite des fourrures était une très grande entreprise commerciale qui permettait la rencontre de deux mondes: celui des Européens et celui des Autochtones. Leurs besoins tout comme leurs cultures étaient très différents, et la valeur des biens échangés n'était pas la même pour les deux peuples. Une culture commerciale différente Les Européens ont l'habitude de commercer avec de l argent, de la monnaie. À leurs yeux c est ce qui a le plus de valeur. C est par cette devise qu'ils mesurent la richesse de quelqu un ou d une compagnie. Les Autochtones quant à eux marchandent en échangeant des biens, c est-à-dire en faisant du troc. À l intérieur de ce commerce, ils cherchent à se procurer des ressources naturelles qu ils ne possèdent pas ou des produits finis qu ils n auront pas à se fabriquer. Ils souhaitent aussi se procurer des biens afin de pouvoir être généreux à l égard des membres de leur communauté. Chez les Autochtones, plus on est généreux, plus on est prestigieux. Ainsi, ils privilégient les échanges répondant à leur nécessité de biens et à la générosité qu ils pourront démontrer grâce à leurs nouvelles acquisitions. Des besoins différents Les Européens recherchent des fourrures qu ils pourront vendre en Europe à profit et ainsi amasser de l argent. La peau de castor est particulièrement prisée car ils peuvent la revendre à prix fort aux chapeliers européens qui en feront des chapeaux de feutre de castor. Avant l arrivée des marchandises européennes, les Autochtones devaient fabriquer eux-mêmes tout ce dont ils avaient besoin en utilisant uniquement des ressources naturelles. Ils ne maîtrisaient pas les technologies du travail du fer, du verre ou du tissage de fibres comme la laine et le coton. Dans le commerce de la traite des fourrures, les Autochtones recherchent des biens qu ils n auront plus besoin de produire et des biens d efficacité et de qualité supérieure. 10
Un système de valeur différent Les négociants européens savent qu en leur terre d'origine tout bourgeois se doit de posséder un chapeau de feutre de castor. C est la mode, c est un symbole de réussite sociale et la demande est très forte pour ce produit. Cette fourrure est la plus précieuse car elle pourra être revendue facilement et à prix d or en Europe. Pour eux, la peau de castor a beaucoup de valeur tandis que les marchandises de traite qu ils apportent avec eux en ont très peu. Les Autochtones veulent des marchandises européennes qu ils ne peuvent se procurer qu en commerçant avec eux. Des fusils et des pièges de métal facilitent la chasse des animaux à fourrure. Les vêtements, tissus et couvertures leur évitent d avoir à tanner des peaux. Des outils de métal comme des ciseaux, des haches, des aiguilles, des hameçons et des chaudrons leur donnent accès à des marchandises solides et durables qu ils n ont pas besoin de fabriquer. Des ornements, tels les bijoux de traite et les perles de verre, leur donnent accès à des matériaux, des motifs et des couleurs qu'ils n auraient pu découvrir autrement. Pour eux, ces marchandises ont une grande valeur tandis que les peaux qu ils échangent en ont moins. Un échange équitable Chacun fait de très bonnes affaires. D un côté, les Européens liquident des marchandises de traite qu ils ont en abondance et qui coûtent peu à produire en échange de peaux qui leur rapporteront beaucoup d argent en Europe. De l autre côté, les Autochtones liquident des fourrures qu ils ont en grande quantité, en échange de marchandises qui leur facilitent la vie et qui constituent une marque de prestige au sein de leur communauté. Croix, Charles Arnoldi, Forêts de l'est Autochtone; Iroquois, 1779-1817 1893.1 11