Colombie: 123 familles retournent sur leurs terres de Las Pavas



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La Via Campesina Operative International Secretariat Jalan Mampang Prapatan XIV no. 5 Jakarta Selatan 12790, Jakarta, Indonesia Tel +62 21 7991890 Fax +62 21 7993426 viacampesina@viacampesina.org Contact for Global Campaign for Agrarian Reform: Faustino.torrez@gmail.com Tel: +504 235 9915 //+504 232 2198 paña Global por la Reforma Agraria Campagne globale pour la Réforme Agraire FIAN International Secretariat P.O. Box 10 22 43 D 69012 Heidelberg - Germany Tel + 49 6221 65300 30 Fax +49 6221 830545 contact@fian.org RÉSEAU D URGENCE 1101ACOL 24.02. 2011 Colombie: 123 familles retournent sur leurs terres de Las Pavas Ils réclament que leur droit à une alimentation adéquate ainsi que les droits s y rattachant soient garantis pendant et après leur retour. Le 14 juillet 2009, 123 familles dans la zone rurale de Las Pavas, dans le canton de Buenos Aires (juridiction municipale d El Peñón région Sud du département Bolivar), ont été expulsées de force, à la demande d une société de production d huile de palme, par des agents de la police nationale et de la brigade mobile anti-émeute de la police. La communauté a déposé des recours, en vain, auprès de différentes entités juridiques et a lancé de nombreux appels pacifiques réclamant : la révocation des actes administratifs ordonnant leur expulsion, la régularisation de la possession des terres qu ils occupent depuis 1997, ainsi que, de manière générale, la protection de leurs droits fondamentaux, et notamment de leur droit à l alimentation. La non-action de l'etat face à ces demandes démontre à nouveau le manque de protection dont souffre cette communauté, prolonge l illégalité de leur expulsion et maintient la communauté dans une situation qui les empêche de subvenir dignement à leurs besoins. Cette situation a conduit la communauté à décider de retourner sur leurs terres. Nous lançons un appel à l action au vu des menaces et harcèlements dont font l objet les chefs de la communauté, de cette campagne ayant pour but de les discréditer, et de l absence d autosuffisance alimentaire dont souffre cette communauté, qui se trouve dans une situation de faim. Contexte En 1997, les familles paysannes, qui formeront plus tard l Association des Paysans de Buenos Aires (ASOCAB en sigles en espagnol), occupaient le territoire connu sous le nom de Las Pavas. Ces terres, appartenant à l origine au présumé trafiquant de drogue Jesús Emilio Fernández Escobar, étaient inoccupées depuis 1992. Les familles y menaient une occupation pacifique et ont cultivé la terre jusqu en 2003 lorsqu un groupe de paramilitaires les ont forcé à quitter ces terres. Dépourvu de tout autre moyen de subsistance et malgré la crainte régnant dans la région, les familles ont décidé de revenir progressivement réoccuper les terres, en 2006. Ainsi, ils pourraient continuer à produire des denrées alimentaires, bien que cela soit très risqué et sans aucune garantie. La même année, la

ASOCAB introduit une demande administrative devant les autorités compétentes réclamant la confiscation des terres au motif que le propriétaire ne les utilise pas, tel que la loi le stipule. Fin 2006, le propriétaire des terres, mis au courant de la procédure administrative initiée par la ASOCAB, a à nouveau surgi sur les terres, accompagné d hommes armés et a expulsé les familles. En mars 2007, après l expulsion, le propriétaire a vendu les terres au consortium El Labrador (composé de deux entreprises, Aportes San Isidrio and CI Tequendama S.A., la dernière étant une filiale du groupe DAABON) qui se dédie à la culture d huile de palme dans la région. Lorsque les procédures administratives ont commencé, les 123 familles, pleines d espoir quant aux mesures que l Etat prendraient, décidèrent de retourner sur les terres. En juillet 2009, ils ont une nouvelle fois été expulsés, cette fois par le consortium El Labrador, malgré le fait que la loi Colombienne interdise l expulsion des paysans de terres qui font l objet d une procédure administrative de confiscation. En février 2010, la procédure administrative fût déclarée invalide illégalement. Une nouvelle procédure a été lancée mais, celle-ci fut classée sans suite en phase préliminaire, au motif que les terres, après l expulsion forcée, avaient été exploitées économiquement par le consortium El Labrador, qui n était pas au courant des droits acquis par les paysans et de la protection prévue pour eux par la législation nationale et internationale relative aux expulsions forcées. Parallèlement, en 2009, ASOCAB a également présenté un recours devant la Cour constitutionnelle. A l examen depuis plus de 18 mois, le recours n a toujours pas fait l objet d une décision malgré les violations de droits humains que subissent les familles de manière persistante. Depuis juillet 2009, les familles, qui sont été privées de leurs moyens de subsistance, ont reçu de l aide alimentaire, mais de manière sporadique. Face à la dégradation de la situation alimentaire des familles, causé par le manque d accès aux moyens de subsistance, la communauté a annoncé que la seule option qui garantisse leur survie était d exercer leur droit de retour sur les terres. Cette décision a reçu l appui de plusieurs organisations nationales et internationales. Suite à l annonce de leur retour imminent (y compris via la radio), le 18 février 2011, dix hommes armés, portant des uniformes utilisés exclusivement par l armée, accompagnés d un paramilitaire et de deux civils, qui ont refusé de s identifier, se sont rendus à la maison du chef de la communauté, ELUID ALVEAR. Ces hommes ont affirmé détenir un mandat d arrêt mais se sont refusés à le montrer. Heureusement, Eluid Alvear n était pas chez lui. Cet acte grave d intimidation est un exemple supplémentaire pouvant s ajouter à la liste des actions commises visant à criminaliser, discréditer et harceler les membres de la communauté. De plus, ce même leader a été menacé de perdre son emploi, qu il exerçait dans la fonction publique à titre d enseignant, par des personnes proches de la communauté. En outre, la communauté a remarqué la présence de personnes étrangères à la communauté qui surveillent constamment les dirigeants de l association, dont un paramilitaire qui, selon elle, représente le consortium. Un incendie a été déclenché par des inconnus dans la salle communale qui servait de siège de l association. Ultérieurement, dans un communiqué de presse, le consortium a accusé la communauté d essayer d envahir illégalement et clandestinement l Hacienda Las Pavas. Mandat du Réseau d urgence :

La Colombie est un Etat partie au PIDESC et d autres traités relatifs aux droits humains. Tant que la Colombie ne garantit pas l intégrité physique des membres de la communauté contre les attaques de tiers, et ne protège pas la réalisation de leur droit à l alimentation, le pays est en violation de ses obligations internationales. Vos actions sont importantes! ACTION Veuillez envoyer le modèle de lettre en espagnol par email, fax ou courrier aux adresses mentionnées ci-dessous. Fin de l action : le 24 avril 2011. Merci d informer FIAN de toute réponse que vous recevez à votre lettre. Vous pouvez également envoyer votre lettre en ligne à http://www.fian.org/cases/lettercampaigns/colombia-return-of-asocab-to-their-lands-in-las-pavas Télécharger l action urgente en pdf à http://www.fian.org/news/news/new-urgent-action-incolombia-123-families-return-to-the-las-pavas-land/pdf --------------------- Adresses: Juan Manuel Santos Presidente de la República de Colombia Carrera 7 n.6-54 Bogotá Colombia Fax: +57 1 337 5890 secretaria.privada@presidencia.gov.co Copies à: Sr. Argelino Garzón Vicepresidente de la República Carrera 8a No.7-57 Bogotá - Colombia Fax: +57 1 444 2158 contactovicepresidencia@presidencia.gov.co Sr. Diego Andrés Molano Aponte Director Acción Social Calle 7 No. 6-54. Bogotá Colombia Merci pour votre participation. Fax + 571 2844120 director@accionsocial.gov.co Dr. Juan Camilo Restrepo Ministro de Agricultura Av. Jiménez Nr. 7-65 Bogotá - Colombia Fax:+57 1 3341199 despachoministro@minagricultura.gov.co Sr. Volmar Pérez Defensor de Derechos Humanos Calle 55 No. 10 46 Bogotá Colombia Fax: + 57 1 6915388 Ext: 2246 cundinamarca@defensoria.org.co ASOCAB Sra. Vanessa Estrada o Sr. Misael Payares Asocab2009@hotmail.com jivaesma@gmail.com calvo682@hotmail.com

Traduction de la lettre type Cher Monsieur le Président, J ai appris que 123 familles ont été expulsées de force le 14 juillet 2009 par des agents de la Police Nationale et de la brigade mobile anti-émeute. A l heure actuelle, ces familles ont décidé de retourner sur ces terres connues sous le nom de Las Pavas, situées dans le canton de Buenos Aires (juridiction municipale d El Peñón - région Sud du département de Bolivar). Les familles considèrent que c est la seule manière de garantir leur accès aux moyens de subsistance qui leur ont été pris lors de l expulsion. Ces familles paysannes déplacées, qui forment l Organisation Paysanne de Buenos Aires (ASOCAB), ont occupé pour la première fois les terres de Las Pavas en 1997. Avant l occupation, ce terrain appartenait au présumé trafiquant de drogue Jesús Emilio Escobar Fernández et était abandonné depuis 1992. Depuis lors, les familles ont occupé le terrain de façon pacifique et ont cultivé la terre garantissant leur propre survie. Leur occupation pacifique des terres a été interrompue à plusieurs reprises par des groupes paramilitaires armés agissant pour les intimider et procéder à leur expulsion. En 2006, ASOCAB a introduit une plainte administrative demandant la confiscation des terres abandonnées et qui n étaient pas utilisées par leur propriétaire. Alors que ce processus était en cours, en 2007, le propriétaire a vendu le terrain en question au consortium El Labrador. En janvier 2009, ces sociétés ont fait appel à la police afin d expulser ces familles et d assurer leur possession de la terre. L expulsion forcée eu lieu le 14 juillet 2009. La communauté a lancé un recours juridique pour demander que: l ordonnance d expulsion soit révoquée, leur possession de la terre qu ils occupent depuis 1997 soit réglementée, et que leurs droits soient protégés de manière générale, y compris leur droit à l alimentation. L inefficacité desdites actions démontre le manque de protection dont souffre la communauté même après avoir placé leur confiance dans des moyens pacifiques et institutionnels pour revendiquer leurs droits. Par cette situation, l Etat Colombien viole ses obligations internationales en vertu de la Charte des Droits de l Homme. L absence continue de protection par les autorités de l Etat et les circonstances indignes dans lesquelles les familles sont condamnées de vivre, ainsi qu une situation nutritionnelle et alimentaire alarmante, a conduit la communauté a retourner à Las Pavas. Il est extrêmement important que l Etat Colombien garantisse que ledit retour se déroule paisiblement et en sécurité, leur garantissant la vie et leur intégrité physique, ainsi que leur droit à l alimentation : ce genre de risque est imminent compte tenu des menaces, de la discréditation et du harcèlement dont les dirigeants de la communauté ont été victimes, ainsi que leur grave situation alimentaire. L Etat Colombien a ratifié le Pacte International relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et le Pacte International relatif aux droits civils et politiques, ainsi que les instruments du Système Interaméricain de protection des Droits de l Homme. En vertu de ces instruments, l Etat doit respecter, protéger et garantir le droit à une alimentation adéquate et d autres droits propres aux personnes résidant sur son territoire, y compris les familles membres d ASOCAB. Sur base de ces obligations internationales, je demande que votre gouvernement :

1. Ordonne aux forces armées de s abstenir de recourir à la force sans discernement contre les familles durant le processus de retour et de protéger les 123 familles de toute utilisation de la force contre eux par des tiers ou au nom d autres parties intéressées par lesdites terres, assurant leur retour paisible. 2. Prenne des mesures pour faciliter l accès des familles à une alimentation adéquate pendant et après leur retour. Je demande surtout que la priorité soit donnée aux familles usant de la terre pour se nourrir et que l aide alimentaire ne soit considérée que comme moyen subsidiaire ou complémentaire lorsque les familles ne peuvent pas récolter suffisamment de nourriture pour se nourrir eux même. Ces mesures seraient alors conformes à l Observation Générale No. 12 du Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies. 3. Ordonne qu une enquête soit menée quant au harcèlement des membres de la communauté et prenne des mesures pour y mettre fin. 4. Prenne des mesures nécessaires pour réglementer la propriété des terres d ASOCAB. 5. Garantisse l accès de la communauté à des mécanismes juridiques efficaces qui leur permette d obtenir la restitution de leurs droits et tout particulièrement une indemnisation pour les dommages subis en raison des déplacements. 6. Etablisse un système de suivi sur la situation de la communauté et évite que des expulsions se produisent à nouveau ou que des actions privées ou de l Etat empêchent la communauté d exercer son droit à l alimentation et les droits corrélatifs. Par soucis de transparence, je vous informe que, outre les autorités nationales mentionnées dans la liste Cc (en copie), les autorités compétentes du Conseil des Droits de l Homme aux Nations Unies et du Système Interaméricain pour les Droits de l Homme ont également été mises au courant de la situation. Je vous remercie pour votre temps et votre attention et vous prie de me tenir informé de toute mesure prise qui, selon mes informations, sont en lien avec les politiques agricoles et de restitution qui étaient l un des principaux slogans de votre gouvernement. Cordialement, Cc : Vice-Président de la République, Ministre de l agriculture, Directeur de l Action Sociale des Droits de l Homme, Défenseur des Droits Humains.

Lettre en espagnole à envoyer Apreciado Señor Presidente, He recibido noticias que las 123 familias que fueron desalojadas forzosamente el 14 de julio de 2009, por miembros de la del Policía Nacional y del Escuadrón Móvil Antidisturbios, han decidido retornar al predio rural conocido como Las Pavas, ubicado en el corregimiento de Buenos Aires, jurisdicción del municipio de El Peñón, al sur del departamento de Bolívar. Esto porque consideran que es la única medida que les queda para asegurarse el acceso a los medios de subsistencia de los que fueron privados como consecuencia del desalojo. Estas familias campesinas desplazadas, que conforman la Asociación de Campesinos de Buenos Aires (ASOCAB) entraron a ocupar en 1997 la finca Las Pavas cuyas tierras, antes ocupadas por el presunto narcotraficante Jesús Emilio Escobar Fernández, se encontraban abandonadas desde 1992. Desde entonces las familias ejercieron actos de posesión pacífica y explotación agrícola de las tierras, mediante la cual garantizaban su supervivencia. La posesión pacífica de las tierras por parte de estas familias se vió interrumpida varias veces debido a acciones intimidatorias y desplazamiento forzado causado por grupos paramilitares. En el 2006 ASOCAB inició trámites solicitando que se declarase la extinción de dominio sobre una extensión de tierra que se encontraba abandonada y sin ser explotada por parte de su propietario. Al mismo tiempo que se adelantaban estos trámites, en el 2007 el propietario del predio vendió las tierras en cuestión al Consorcio El Labrador. En enero de 2009, estas empresas solicitaron una acción policial de desalojo en contra de las familias y a favor de la posesión por ellos detentada. El desalojo forzoso se hizo efectivo el 14 de julio del 2009. La comunidad ha interpuesto sin éxito, recursos administrativos y judiciales solicitando que se revoquen las órdenes de desalojo, se regularice la posesión del predio que ocuparon desde 1997 y para buscar protección a sus derechos en general, incluyendo su derecho a la alimentación. La ineficacia de dichas acciones evidencia la desprotección de la que es víctima comunidad que ha confiado en los medios pacíficos e institucionales para exigir sus derechos. Esta situación coloca al estado colombiano en incumplimiento de sus obligaciones internacionales bajo la carta de derechos humanos. La continua falta de protección de parte de las autoridades estatales y las condiciones indignas de subsistencia que padecen, incluyendo una preocupante situación alimentaria, ha llevado a la comunidad a decidir retornar a Las Pavas. Es de suma importancia que el Estado colombiano asegure que dicho retorno se realice de manera pacífica, segura, garantizando la vida e integridad física, así como su derechos a alimentarse: acciones en este sentido son inminentes, considerando tanto las amenazas, la campaña de desprestigio y los actos de hostigamiento de los cuales han venido siendo víctimas líderes de la comunidad, como su grave situación alimentaria en que se encuentran. El estado Colombiano ha ratificado el Pacto de Derechos Económicos, Sociales y Culturales y el Pacto de Derechos Civiles y Políticos, así como los instrumentos del Sistema Interamericano de Derechos Humanos. Bajo estos instrumentos está obligado a respetar, proteger y garantizar el derecho a la

alimentación y otros derechos de todos los habitantes de su territorio, incluyendo los de las familias miembros de ASOCAB. Con base en estas obligaciones internacionales le solicito que: 1. Instruya a las fuerzas del orden y seguridad, para que se abstengan del uso indiscriminado de la fuerza contra las familias durante el proceso de retorno y para que protejan a las 123 familias de cualquier uso de la fuerza en su contra a manos de terceros o en nombre de las otras partes interesadas en dicho predio, asegurando un retorno pacífico. 2. Adopte medidas para facilitar que las familias tengan acceso a alimentación adecuada durante y después del proceso. Especialmente le solicito dar prioridad al uso que las familias puedan dar a las tierras para alimentarse y sólo considerar la asistencia alimentaria como una medida subsidiaria o complementaria durante el tiempo en que ellas no pueden recoger cosechas suficientes para el sustento de sus familias. Medidas de esta naturaleza estarían en consonancia con la observación General No. 12 del Comité DESC de la ONU. 3. Ordene Iniciar una investigación de los actos de hostigamiento contra miembros de la comunidad y adoptar medidas para el cese de los actos de hostigamiento. 4. Adopte las medidas necesarias para que se regularice la propiedad de la tierra por parte de ASOCAB. 5. Garantizar el acceso de la comunidad a mecanismos jurídicos efectivos que les permitan obtener la restitución de sus derechos y en especial la indemnización por los daños que han sufrido a causa del desplazamiento. 6. Establecer un sistema para dar seguimiento a la situación de la comunidad y evitar que se produzcan nuevos desalojos o acciones u omisiones estatales o privadas que impidan a la comunidad ejercer su derecho a alimentarse y derechos correlativos. En aras a la trasparencia, le comunico que además de las autoridades nacionales mencionadas en la lista de cc, las autoridades competentes del Sistema de Derechos Humanos de Naciones Unidas y del Sistema Interamericano de Derechos Humanos han sido puestas al tanto de la situación. Agradezco su atención a la presente y le solicito que me tenga informado sobre las medidas adoptadas, que según la información que poseo, están en línea con las políticas agrarias y de restitución que han sido uno de los lemas principales de su Gobierno. Atentamente, CC: Vicepresidente de la República, Ministro de Agricultura, Responsable de Derechos Humanos de Acción Social, Defensoría de Derechos Humanos.