Wiki Rouge - Semi-colonisation de la Chine

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Transcription:

Wiki Rouge - Semi-colonisation de la Chine La Chine ne fut pas à proprement parler colonisée par les puissances occidentales, mais elle a été fortement dominée, militairement, économiquement et politiquement, et une grande partie de son territoire fut grignoté. On peut parler de semi-colonisation de la Chine. Sommaire Epoque moderne : prémisses XVI ème siècle : arrivée des Portuguais XVII ème - XVIII ème : un commerce freiné et déséquilibré XIX ème siècle : domination accrue La guerre de l'opium Les traités inégaux Démembrement du territoire Sentiment anti-occidental et discrédit du pouvoir XX ème siècle : nationalisme et communisme Montée du nationalisme bourgeois et du prolétariat Développement étatique et ouverture maîtrisée Notes et sources Epoque moderne : prémisses XVI ème siècle : arrivée des Portuguais Dès le décollage de la puissance commerciale européenne à l'époque moderne, la Chine, comme le reste de l'asie, voit l'occident tenter de s'imposer avec arrogance. C'est d'abord le Portugal qui est au début du XVI ème siècle la première puissance à atteinde une envergure mondiale. La flotte navale portuguaise contrôle la route qui longe les côtes africaines et indiennes, et de nombreux comptoirs commerciaux sont installés (Goa en Inde, Malacca en Malaisie, Nagasaki au Japon). Comme en Afrique, les portuguais capturent des chinois sur les côtes, souvent des enfants, et les utilisent comme esclaves, un traffic qui durera jusqu'au XVIII ème siècle. Parfois ils n'hésitent pas à construire des forts sur le sol chinois, sans même en avoir obtenu la concession. Ils tentèrent même d'exiger même que le Portugal ait la priorité dans le commerce sur les pays d'asie. Le Portugal n'était toutefois pas en mesure de faire plier l'empire chinois à toutes ses volontés. Les autorités répliqueront à plusieurs reprises lorsque les étrangers se comportent en envahisseurs, en les emprisonnant, les tuant ou les repoussant à la mer. Des compromis furent établis, et les portuguais, après une première tentative infructueuse à Liambo, parvinrent à s'établir dans le Guangdong en 1555, en échange d'une taxe annuelle. Le nouveau comptoir, Macao, allait rapidement prospérer, essentiellement en favorisant les échanges entre le Japon et la Chine. Il allait aussi être un foyer des missionnaires catholiques vers le reste de la Chine. XVII ème - XVIII ème : un commerce freiné et déséquilibré D'autres puissances européennes arrivèrent plus tardivement, l'espagne, les Pays-Bas, la Grande-

Bretagne... L'Empire chinois reste néanmoins plutôt fermé, commercialement et culturellement. Cet immense pays est auto-suffisant, et la grande bureaucratie étatique qui le contrôle a beaucoup à craindre dans les échanges avec l'extérieur. C'est pourquoi l'idéologie tradtionnaliste est invoquée par le pouvoir pour repousser les "inutiles marchandises occidentales". L'administration est l'interlocuteur unique des marchands étrangers, et leur interdit d'apprendre le chinois et de communiquer avec les habitants. En revanche, les classes dominantes européennes, gagnées par l'exotisme, réclament toujours plus de produits chinois (porcelaines, thé, soie...), ce qui créé un fort déséquilibre commercial. L'Etat chinois, qui ne veut pas d'échange libre marchandise contre marchandise, demande d'être payé en or ou argent. Cela peut convenir à l'absolutisme espagnol, qui possède les mines d'amériques du Sud, mais cela pénalise les britanniques. D'où une ambassade de Lord MacCartney en 1793, ou encore de Lord Amherst en 1816, toutes deux vaines. Mais le fait même que les européens eux s'intéressent aux marchandises chinoises va entraîner des boulversements du pays. Par exemple, les britanniques achètent massivement du thé, et beaucoup en Chine vont reconvertir les terres pour se lancer dans ce marché lucratif, en particulier au détriment de cultures vivrières. XIX ème siècle : domination accrue Mais c'est surtout au XIX ème siècle avec la Révolution industrielle que les européens, bénéficiant d'un avantage technologique conséquent, vont user de leur puissance. La guerre de l'opium A partir du XVIII ème siècle, les anglais vont réussir à commercialiser massivement en Chine l'opium produit dans leurs colonies en Inde, notamment en corrompant les fonctionnaires locaux chargés du contrôle. La dépendance et les ravages dans la population augmentent en flèche, et la balance commerciale s'inverse rapidement, les anglais récupérant au passage les lingots d'argent qu'ils avaient cédés. Après une série de prohibitions inefficaces, l'etat chinois parvient en 1839 à mettre un coup d'arrêt au traffic. Presque aussitôt, suite à un lobbying de centaines de compagnies commerciales, le Royaume-Uni déclare la guerre à la Chine, au nom de la liberté de commerce... C'est la première guerre de l'opium. En 1842, la Chine cède et signe le traité de Nankin, premier d'une série de traités inégaux. Peu après, la Chine fait mine de se révolter, et se voit infliger une autre défaire lors de la Seconde guerre de l'opium (1856-1860). Les occidentaux en profiteront pour "ouvrir" davantage le Nord du pays, où le commerce était beaucoup moins effectif qu'au Sud. De nouvelles indeminisations seront exigées (alors que ce sont les dégâts sont surtout en Chine, avec notamment l'incendie du Palais d'eté par les Français et les Anglais), Tianjin (port de Beijing) sera "ouvert", et la "liberté de culte" pour les chrétiens sera réaffirmée. Ce sera aussi le début des coolies chinois exportés vers les colonies françaises ou anglaises. Les traités inégaux

En plus de se faire rembouser les saisies d'opium qu'avaient réalisés les chinois, les anglais obtiennent Hong-Kong, l'ouverture de ports, la droit de co-décider des droits de douane de la Chine, le droit de juger les britanniques par un tribunal anglais en cas de litige en Chine... Mais un tel privilège et une victoire militaire si facile aiguise l'appétit des impérialismes rivaux. Les Etats-Unis décrochent en 1844 les mêmes droits avec les traité de Wangxia. Les Français font de même en 1846 avec le traité de Whanpoa, obtenant de plus le droit de construire des églises et des cimetières. Quelques jours après, ils obtiennent le droit d évangéliser. Suite à l'endettement de l'etat chinois, les impérialistes vont aussi exercer une domination par la dette publique sur le pays, en lui imposant des emprunts à taux élevés. Démembrement du territoire Mais le développement du capitalisme engendre toujours plus de besoins pour les impérialistes de contrôler directement les matières premières et les débouchés. Dans l'arrogance militaire d'alors, cela va se traduire par des annexions du territoire chinois. Déjà à partir de 1843, une grande partie de Shanghai devint concession anglaise, concession états-unienne, ou concession française. Les Japonais vinrent se joindre à la fête après la guerre sino-japonaise de 1894-1895. Puis entre 1856 et 1860, avec la Seconde guerre de l'opium, le Royaume-Uni grignote Kow-Loon au Nord de Hong-Kong, et la Russie tsariste profite de la déroute chinoise pour déplacer sa frontière au delà du fleuve Amour. En 1885, le pays est contraint par la France de céder le Tonkin. Le Japon, nouvellement entré dans le cercle des impérialistes suite à sa Révolution Meiji, lui démembre la Corée en 1895, officiellement en la "rendant indépendante". Sentiment anti-occidental et discrédit du pouvoir S'ensuit un boom des importations (celles d'opium doublent en 25 ans), et des exportations (dominées par les sociétés européennes. L'argent se raréfie en Chine, et l'inflation est galopante, et les impôts explosent. Dans les campagnes, les paysans s'endettent de plus en plus vis à vis des propriétaires fonciers. En ville, de nombreux artisans sont ruinés et poussés au chômage. C'est une véritable saignée du pays, et le pouvoir central est totalement décrédibilisé aux yeux des masses chinoises. Cela mena à de nombreux soulèvements, dont la révolte des Taiping en 1850, et la Révolte des Boxers en 1900. XX ème siècle : nationalisme et communisme Montée du nationalisme bourgeois et du prolétariat L'afflux de capitaux étrangers eut aussi pour effet d'industrialiser la Chine. Mais ce développement n'était pas auto-centré, et une bonne partie de la bourgeoisie, moderniste et anti-impérialiste, avait d'autres projets politiques. Reprenant en cela l'idéal des révolutions bourgeoises occidentales, elle s'opposait au régime féodal et à l'empire déclinant, qu'elle jugeait incapable de défendre les intérêts du pays.

La Révolution de 1911 fut la première tentative de cette bourgeoisie, organisée autour du Kuomintang de Sun Yat-sen. La République fut proclamée dans le Sud, mais ne réussit pas à s'étendre à tout le pays. Le Nord, économiquement et socialement plus arriéré, resta entre les mains de nobles, que l'on nommait seigneurs de la guerre. Cet absence d'etat bourgeois central laissait les mains libres aux occidentaux, qui pouvaient jouer sur les divisions internes et la corruption pour continuer à se partager le pays. Parallèlement, le mouvement ouvrier s'organisait, et il fut d'emblée liée au jeune Parti communiste chinois (PCC). Dans une optique de Front unique anti-impérialiste, les communistes s'allièrent aux nationalistes bourgeois, contre les féodaux et les envahisseurs, notamment japonais. Mais la politique suicidaire du PCC, dictée par les staliniens, conduisit à la tragique défaite de ce qui aurait pu être une révolution socialiste en Chine. Développement étatique et ouverture maîtrisée Par la suite, le PCC changea profondément de nature. Il cessa d'être un parti prolétarien, et abandonna de fait la révolution socialiste. En revanche, il surpassa son traître allié du Kuomintang, en réalisant une révolution nationaliste radicale en 1949. A la fin du XX ème siècle, la Chine s'insère à nouveau dans le marché mondial. Si dans une large mesure cela entraîne immédiatement des formes typiques de l'impérialisme contemporain (multinationales exploitant la main d'oeuvre corvéable à merci), la bureaucratie étatique parvient remarquablement à défendre ses intérêts, notamment en imposant des transferts technologiques, et grâce à ses très forts investissements publics passés et présents. De nombreux débats subsistent parmi les communistes révolutionnaires à propos du degré d'autonomie qu'a atteint la Chine face aux principales puissances mondiales. La Chine est devenue le second PIB mondial, et son importance économique est reconnue par tous. Elle est même une puissance impérialiste de second ordre, notamment en Afrique. Cependant, son PIB par habitant est encore loin derrière celui des pays de la Triade (Europe, Etats-Unis, Japon), et son économie encore très dépendante de l'extérieur (des exportations, ou des capitaux étrangers, comme l'a encore montré la baisse des bourses en 2011 suite aus rapatriements de nombreux investisseurs). Notes et sources Lettres des prisonniers portuguais à Canton, 1534-1536 La Chine, nouvelle superpuissance économique ou développement du sous-développement? Brochure du Cercle Léon Trotsky Les révolutions chinoises, Brochure de la Tendance Claire du NPA Récupérée de «http://wikirouge.net/semi-colonisation_de_la_chine»

Wiki Rouge - Révolte des Boxers La révolte des Boxeurs (connus aussi sous le nom anglais de Boxers), qui ébranla la Chine de 1898 à 1901, fut lancée par une société secrète appelée les Poings de la justice et de la concorde, qui pratiquait ce qu'on appelait alors la boxe chinoise et aujourd'hui le kung-fu. Ce mouvement, initialement opposé aux puissances étrangères qui dépeçaient la Chine et à la cour impériale des Qing qui gouvernaient alors, conduisit, à partir du 20 juin 1900, au siège des légations étrangères présentes à Pékin. Ce siège dura 55 jours et se termina par la défaite des Boxeurs insurgés et la mise sous tutelle de la Chine par huit nations impérialistes (Allemagne, Autriche-Hongrie, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni, Russie). Les grandes puissances européennes arrivèrent en Chine au début du 19e siècle. Elles entendaient l'ouvrir à leurs marchandises et se créer des sphères d'influence. Elles finirent par obliger l'empire chinois à leur céder des ports et des quartiers de Shanghai, où se trouvaient les concessions française, allemande, américaine et britannique. Sommaire Le rejet de la dynastie en place et des grandes puissances occupantes L'impératrice chapeaute le mouvement Les légations étrangères de Pékin assiégées La Chine sous le joug impérialiste Source Le rejet de la dynastie en place et des grandes puissances occupantes La colère de la population chinoise contre cette présence étrangère s'exprima d'abord contre les missionnaires venus convertir la population. Ceux-ci jouaient un rôle d'informateurs des occupants impérialistes, participaient à des opérations d'expropriation de terres, étaient mêlés à des incidents parfois sanglants avec la population. À chaque attaque contre les missionnaires, les puissances impérialistes réclamaient des sanctions et des dédommagements pour les Églises, qui étendaient ainsi leur influence. En 1895, la défaite de la Chine dans une guerre avec le Japon entraîna la perte de Taïwan, de la région de Port-Arthur, de sa suzeraineté sur la Corée, et de lourds dommages de guerre à payer au Japon, ce qui accentua la mainmise des banques étrangères sur la Chine. Entre 1896 et 1898, les puissances impérialistes accélérèrent le partage du territoire, la prise de contrôle des chemins de fer et des ports, instruments du pillage des ressources chinoises. Au sommet de l'état, des intellectuels réformateurs tentèrent d'imposer sans succès une modernisation bourgeoise de la Chine, avec la bénédiction de l'empereur Guangxu. Mais le clan conservateur de l'impératrice douairière Tseu-hi s'y opposa. Avec le soutien du chef de l'armée Yuan Shikai, elle mit l'empereur aux arrêts et fit exécuter les réformateurs. La société du Yìhequan, Poings de la justice et de la concorde, plus tard appelée Yìhetuan, Milice de la justice et de la concorde, entraînait ses adhérents aux arts martiaux et à des pratiques mystiques censées les rendre invulnérables aux balles. Ses membres, les Boxeurs, étaient des ouvriers agricoles auxquels se joignirent des bateliers, des porteurs et des artisans ruinés. En s'opposant de façon radicale à la dynastie régnante des Qing et à l'occupation impérialiste, ils donnaient une forme organisée aux aspirations des

masses chinoises. L'assassinat de deux missionnaires allemands en novembre 1897 dans le Shandong lança le mouvement. Le Shandong était le berceau du kung-fu, mais aussi la région qui avait subi de plein fouet la guerre sino-japonaise et les manœuvres impérialistes qui suivirent, conclues par la mainmise de l'allemagne sur cette région. Les Boxeurs combattirent au grand jour à partir de mars 1898. Haranguant la population avec le mot d'ordre «Renversons les Qing, détruisons les étrangers», ils affrontèrent les armées impérialistes et l'armée chinoise dans ce qui devenait une insurrection paysanne. Il n'était plus seulement question de s'en prendre aux missions, les Boxeurs détruisirent les lignes télégraphiques et les voies ferrées. En 1899, la répression eut pour effet d'élargir leur influence et de leur apporter de nouveaux partisans. Ils allaient bientôt déferler sur Pékin et Tien-tsin. L'impératrice chapeaute le mouvement Devant l'ampleur du mouvement, l'impératrice douairière Tseu-hi voulut l'encadrer, afin de neutraliser son action contre son propre pouvoir. Pour apparaître comme défendant l'intérêt national, elle refusa quelques concessions aux puissances impérialistes. En janvier 1900, un édit de l'impératrice reconnut les sociétés secrètes. En mai, alors que les ambassades impérialistes réclamaient l'interdiction des Boxeurs, la cour les organisait en milices. Deux princes et un général étaient placés à leur tête. Le 2 juin, un périmètre de sécurité étant mis en place autour des légations étrangères, 450 soldats occidentaux arrivèrent à Pékin pour les défendre. Mais à partir du 7 juin les Boxeurs envahirent la capitale. Les insurgés, désormais soutenus par des éléments de l'armée impériale, changèrent leur mot d'ordre qui devint «Soutenons les Qing, détruisons les étrangers». Courant juin, les Boxeurs affrontèrent avec succès un détachement britannique qui tentait de venir en renfort à Pékin. Le 17 juin, les troupes impériales chinoises se joignirent aux Boxeurs pour attaquer les légations. Le 20 juin 1900, l'assassinat d'un baron allemand marquait le début du siège. Le 21, l'impératrice demandait aux ambassadeurs étrangers de quitter Pékin pour Tien-tsin. Devant leur refus, elle ordonna à ses troupes et aux Boxeurs d'attaquer les légations. Les légations étrangères de Pékin assiégées Il y eut des combats pour le contrôle de la gare de Pékin et les Boxeurs lancèrent des assauts contre les concessions, dont certains bâtiments furent entièrement détruits. Mais le 14 août, une armée associant les troupes des huit nations alliées contre la Chine entra à Pékin, après avoir livré plusieurs batailles contre les forces chinoises. Les légations furent libérées. À la suite de quoi, militaires et colons commirent les pires atrocités, pillant, violant et tuant par milliers des Chinois accusés, à tort ou à raison, d'être des Boxeurs. D'octobre 1900 au printemps 1901, il y eut plusieurs dizaines d'expéditions punitives dans l'arrière-pays. Cette terreur entendait prévenir toute autre révolte de la population chinoise. Enfin, le 1er février 1901, les Boxeurs étaient dissous et l'impératrice ordonnait à ses troupes de les massacrer : elle avait à nouveau fait volte-face. La Chine sous le joug impérialiste Le 7 septembre 1901, les huit nations impérialistes imposaient à la Chine un protocole humiliant prévoyant le paiement de 67,5 millions de livres sterling sur trente-neuf ans (en pratique, elle paiera jusqu'en 1930), l'exécution ou le bannissement de certains responsables chinois, l'interdiction d'importer des armes, la destruction des forts défendant Pékin, l'expansion des légations et de nouvelles zones d'occupation militaire. La Chine fut ainsi placée sous la tutelle des nations impérialistes. Des fonctionnaires français contrôlaient les postes tandis que les Britanniques s'occupaient des douanes.

Malgré la défaite, le souvenir de cette lutte mais aussi celui des zigzags de la cour impériale allaient alimenter l'opposition aux forces occupantes et les sentiments antidynastiques de la population. Dix ans plus tard, en 1911, la dynastie tombait et la république était proclamée. Source Un article de Jacques FONTENOY dans le journal Lutte Ouvrière du 18 juin 2010 http://www.lutte-ouvriere-journal.org/?act=artl&num=2185&id=46 Récupérée de «http://wikirouge.net/r%c3%a9volte_des_boxers»

Wiki Rouge - Révolution chinoise (1911) La révolution chinoise de 1911, ou révolution Xinhai, fut une révolution bourgeoise avortée. Dirigée par Sun Yat-sen, elle puisait son inspiration dans les grandes révolutions bourgeoises en France et aux Etats-Unis. Sommaire Contexte Un pays semi-colonisé Un Empire faible et impopulaire Une bourgeoisie moderniste Le mouvement de Sun Yat-sen Evénements Soulèvement Réaction militaire Suites Morcèlement du pays Essor du mouvement communiste Lénine et la révolution chinoise Notes et sources Contexte Un pays semi-colonisé Au XIX ème siècle, la Chine est victime de l'impérialisme européen. Les occidentaux ne colonisent pas directement et entièrement le pays, mais celui se voit imposer des traités inégaux, des missionnaires chrétiens, des territoires concédés à la France, l'angleterre, l'allemagne... En 1885, le pays est contraint par la France de céder le Tonkin. Les européens et les Etats-Unis lui imposent des emprunts à taux élevés. Le Japon, nouvellement entré dans le cercle des impérialistes, lui démembre la Corée en 1895. Le territoire chinois était largement atteint dans son intégrité. Hong Kong ou Taïwan étaient aux mains de puissances européennes, qui jouissaient en outre de "concessions" dans certaines villes (c'està-dire de zones directement administrées par l'etat étranger). Un Empire faible et impopulaire L'Empire chinois est alors un très vieil Etat féodal. Dans l'immense paysannerie du pays, l'accès à la terre est très inégal : 70% se partagent 15% des terres arables, tandis qu'une minorité de seigneurs ou de paysans riches en détient 65%. La morale confucianiste prêche bien entendu la soumission à tout ce qui est plus fort que soi.

Politiquement, cet Empire est faible et impopulaire. Complètement soumis aux appétits des puissances étrangères, il se charge principalement de faire pour eux un travail de police, en réprimant les mouvements contestataires et nationalistes, comme la révolte des Boxers en 1900. De plus, cet Etat est au bord de la banqueroute suite aux décennies de pillages. Une bourgeoisie moderniste Mais l'industrie chinoise se développe rapidement, ce qui donne son essor à la bourgeoisie du pays, principalement dans le Sud littoral, depuis longtemps plus ouvert. Celle-ci est à la fois issue de l'artisanat ancestral (soie, porcelaine, bois, laque) et d'une nouvelle couche formée à l'étranger. Attirée par la modernité, mais désireuse de sortir de la tutelle des grandes puissances, cette bourgeoisie va se tourner vers la politique. L'ennemi principal : la dynastie mandchoue corrompue qui livre le pays aux occidentaux. L'impératrice Ci-Xi était très conservatrice, mais elle était obligée de concéder des modernisations. D'un côté elle mit fin aux «cent jours de Kang» (1898), de l'autre elle proclame quarante édits : réformant les écoles, créant l Université, instaurant un système judiciaire, un réseau postal, un code du commerce modernes, remplaçant les examens confucéens traditionnels par des concours ouverts sur la science Les avancées concédant des formes démocratiques-bourgeoises permettaient en retour un renforcement de la bourgeoisie. En 1909, les assemblées provinciales furent élues au suffrage censitaire, puis furent créées des chambres de commerce... Le mouvement de Sun Yat-sen Le courant moderniste et anti-impérialiste de la bourgeoisie va notamment se regrouper autour de Sun Yat-sen. Ce dernier, médecin à Canton, est un intellectuel qui a fait ses études au Japon et aux États-Unis. Son parti (informel jusqu'en 1911-1912) recrute à l'origine principalement dans la petite et moyenne bourgeoisie (officiers, intellectuels, étudiants, commerçants, entrepreneurs des grandes villes portuaires). Sun Yat-sen popularisait ses idées de façon synthétique, et quelque peu romancée, sous la dénomination de "Trois Principes du Peuple" : démocratie, bien-être, nationalisme. Il rêvait d'une république démocratique, qui assurerait un développement national, nationaliserait les terres et réaliserait une réforme agraire. En revanche il n est absolument pas révolutionnaire et s oppose à la lutte des classes. On trouve également une composante racialiste dans sa politique : c'est la "race Mandchoue" (l'ethnie des derniers emprereurs) qui serait responsable de la barbarie contre le "vrai peuple", la "race Han". Ces idées se répandent rapidement dans la nouvelle bourgeoisie et à l Université, ainsi que dans l émigration chinoise, qui le finance. Sun commença à rassembler des soutiens politiques dans les années 1890, face à l'incapacité de la monarchie mandchoue à mettre en place des réformes démocratiques. Mais il ne chercha pas à construire un mouvement politique de masse : son mouvement se confina essentiellement à des activités conspirationnelles et terroristes (fondation de la société secrète Tongmenghui en août 1905). En 1905, des premier soulèvements échouent. Evénements Soulèvement A l'été 1911 éclatent des émeutes populaires dans le Hunan, le Hubei, le Guangdong et le Sichuan. Il s'agissait d'une lutte contre le gouvernement des Qing qui bradait les droits de la construction des chemins de fer aux impérialistes, sous prétexte de la nationalisation des chemins de fer. Cette lutte, appelée dans le Sichuan le mouvement de la défense des chemins de fer, devenait très acharnée, à tel point qu'elle se transforma au début de septembre en un soulèvement armé populaire.

Le 10 octobre 1911, un soulèvement des partisans de Sun Yat-sen réussit à Wuchang (province de Hubei), appuyée par une insurrection des soldats contre le gouverneur général de la région. Le mouvement, qui rassemble soldats, officiers, étudiants, bourgeois et ouvriers, s étend peu à peu dans les provinces centrales et méridionales de la Chine. Vers la fin de novembre, parmi les 24 provinces et régions que comptait la Chine, 14 se déclarèrent indépendantes. Les provinces du Jiangsu et du Zhejiang forment une armée coalisée révolutionnaire qui prend Nanjing le 2 décembre au bout de rudes combats. La République de Chine est proclamée à Nanjing et Sun Yat-Sen en devient le président provisoire. Le gouvernement qui en est issu est très faible, et très lâche dans son organisation. Le mouvement populaire, inorganisé, le laisse aux mains d'un vieil appareil militaro-bureaucratique, qui refuse de donner la terre aux paysans, et laisse inchangés les rapports de propriété. Sun Yat-Sen tente tous les compromis. Il s'allie à la riche bourgeoisie des assemblées provinciales et des chambres de commerce, devient président de la république le 1 er janvier 1912, et cherche à obtenir la reconnaissance internationale du nouveau régime chinois. Le général Yuan Shikai pousse le jeune empereur à abdiquer le 12 février. Réaction militaire Yuan Shikai est le chef de la principale armée chinoise (l'armée du Beiyang), et cela lui procure un moyen de pression colossal. Il a de plus le soutien tacite des impérialistes, qui le préfèrent de loin à Sun Yat-sen, dont le nationalisme met potentiellement en péril le système semi-colonial. La grande bourgeoisie sur laquelle Sun s'est appuyée n'est pas révolutionnaire, et est prête à s'accomoder d'un statut de bourgeoisie comprador. Sun est donc évincé par la droite, ayant renoncé à s'appuyer sur un mouvement populaire. En mars 1912, il cède la présidence à Yuan Shikai. En mars, une constitution provisoire est déclarée, et en août et septembre, une assemblée de députés créée. Le 25 août 1912, Sun Yat-sen fonde le Kuomintang (littéralement "parti nationaliste") qui est d'emblée une force politique majeure du pays, et remporte notamment les élections à l'assemblée. Mais l'éxécutif est aux mains de la réaction, qui très vite montre son intention de continuité avec l'ancien régime. Il projette notamment d'importants emprunts à l'étranger, ce qui provoque la colère du Kuomintang. Dès la fin de 1912, une répression sournoise est orchestrée contre les militants du parti nationaliste. En novembre 1913, Yuan Shikai déchire brutalement le voile démocratique de l'etat et interdit le Kuomintang ainsi que tout journal d'opposition. Sun Yat-sen fuit au Japon et appelle à une deuxième révolution. En 1914, Yuan Shikai dissout ce qui reste du parlement, nomme des parlementaires à sa solde, des gouverneurs militaires à la place des gouverneurs civils, et remplace la constitution de 1912 par un texte lui accordant plus de pouvoir... La réaction est à son comble lorsque Yuan Shikai s'autoproclame Empereur en 1915. Suites Morcèlement du pays Face à la restauration impériale de Yuan Shikai, des généraux républicains du Sud de la Chine se soulevèrent, et Yuan dut démissionner. Mais l'armée était profondément divisée en zones d'influences des différents potentats. Sun échoua à réunifier le pays, et ne contrôla plus que le Sud, où survit formellement la République de Chine. L'époque des seigneurs de guerre s'ouvrait, et bloquait la Chine pour longtemps dans des survivances de féodalisme. Essor du mouvement communiste

Parallèlement à ces événements, les grandes villes de Chine connurent un fort bouillonnement intellectuel. La révolution de 1911 libère beaucoup d'esprits, notamment dans les Universités. Les ouvrages et courants de pensée occidentaux sont découverts avec passion, et les revues se multiplient. Un certain Chen Du Xiu est alors professeur à l'université de Shanghai et dirige La Jeunesse, journal majeur de l avant-garde de l'époque. Mais ce n'est qu'à partir de 1917, avec le coup de tonnerre de la Révolution d'octobre du lointain voisin russe, et avec l'envoi de délégués bolchéviks, que le marxisme se diffusera en Chine. Chen Du Xiu cofondera le Parti Communiste Chinois en 1921 à Shanghai, et bien qu'à l'origine seulement composé d'intellectuels, ils trouvera très rapidement une forte base sociale dans les concentrations ouvrières naissantes. Les bases étaient posées pour les événements révolutionnaires de 1925-1927. Lénine et la révolution chinoise Lénine s'intéressait de près à ces événements. Même si à cette époque il n'y avait pas de mouvement ouvrier autonome dans l'empire chinois, il soutenait la révolte populaire - même dirigée par des bourgeois - contre les impérialistes occidentaux et japonais. Il soulignait la portée mondiale de cette lutte, qui «apportait l'affranchissement à l'asie, et qui ébranlait la domination de la bourgeoisie européenne». En 1912-1913, Lénine a écrit plusieurs articles politiques sur la Chine : La démocratie et le populisme en Chine, La Chine rénovée, Une grande victoire de la République chinoise, L'éveil de l'asie, L'Europe arriérée et l'asie avancée et La lutte des partis en Chine. Pour sa réflexion personnelle, on peut noter qu'avant l'expérience de la Russie en 1917, il étudiait la capacité des bourgeois libéraux à mener une révolution démocratique, ou pas. Ainsi il écrivait [1] : «Les paysans réussiront-ils, sans la direction du parti du prolétariat, à conserver leur position démocratique contre les libéraux qui n'attendent que le moment opportun pour se jeter à droite? C'est ce que montrera un proche avenir». La Chine rénovée, Pravda, 7 novembre 1912 Et quelques mois plus tard, après la capitulation devant la réaction de Yuan Shikai : «Les révolutions de l'asie ont montré la même absence de caractère, et la même bassesse du libéralisme, la même importance exclusive d'une indépendance des masses démocratiques, la même délimitation précise entre le prolétariat et toute la bourgeoisie.» Les destinées historiques de la doctrine de K. Marx, 1913 Notes et sources Les révolutions chinoises, Tendance CLAIRE du NPA, été 2011 Le centennaire de la révolution de 1911, John Chan, "La tragédie de la révolution chinoise de 1925-1927", [1] 1. Le mouvement social en Chine (III), Bibliothèque internationale de la Gauche communiste Récupérée de «http://wikirouge.net/r%c3%a9volution_chinoise_(1911)»

Wiki Rouge - Révolution chinoise (1925-1927) Le nom de révolution chinoise a désigné les événements de 1925-1927. Le formidable élan révolutionnaire des ouvriers et des paysans de Chine, qui a connu un échec cuisant en majeure partie à cause de la politique du Parti Communiste Chinois inféodé à Staline. Sommaire Contexte Un pays morcelé et dominé Une lutte de classe qui s'accentue Dans l'internationale Communiste Les faits L'alliance avec les nationalistes Radicalisation rapide après 1925 Réaction bourgeoise et suivisme suicidaire Massacre de Shanghai et Terreur blanche Ecrasement final et dictature Analyses Un "front unique" suicidaire Motivation des staliniens de l'ic La direction du PCC Confirmation dans la défaite pour Trotsky Bibliographie Livres Articles Notes Contexte Un pays morcelé et dominé La Chine, république depuis 1911, n'avait pas de gouvernement stable à Pékin. Particulièrement dans les campagnes du Nord, les Seigneurs de la guerre menaient depuis 1916 des mouvements de sécession réactionnaires et semi-féodaux. Basé dans le Sud, à Canton, le parti nationaliste de Sun Yat-sen, le Kuomintang (KMT) voulait un pays unifié. Les Seigneurs de guerre étaient tous achetés par les puissances impérialistes et le KMT se présentait comme la solution de développement national, mais ne proposait au fond qu'une forme plus efficace de co-gestion à la bourgeoisie commerçante, qui jouissait d'un rôle d'intermédiaire vis-à-vis de l'impérialisme occidental - surtout anglais - et japonais. «L attitude du Kuomintang envers l impérialisme fut, dès le début, non pas révolutionnaire mais toute de collaboration; le Kuomintang cherchait à battre les agents de certaines puissances impérialistes pour entamer des marchandages avec ces mêmes puissances ou avec d autres, à des conditions plus avantageuses» [1]

Le représentant du Parti Communiste Chinois au VII ème plenum du comité exécutif de l Internationale (fin 1926) disait du Kuomintang: «Dans le domaine de la politique internationale, il a une attitude passive, au plein sens du terme (...). Il est enclin à ne lutter que contre l impérialisme anglais; quant aux impérialistes japonais, il est prêt dans certaines conditions à admettre un compromis avec eux» La Première guerre mondiale a aussi accéléré la radicalisation des masses : sous la pression, la Chine a participé à la guerre et fait officiellement partie du camp de la victoire. Mais lors des négociations de la Conférence de Versailles de 1919, les concessions coloniales allemandes du Shandong sont données au Japon. Ce qui provoque une vague de protestations étudiantes et ouvrières à travers tout le pays. Les illusions populaires sur la «démocratie» anglo-américaine sont réduites à néant. Quel que soit le vainqueur, l exploitation impérialiste de la Chine allait se poursuivre. La victoire de la classe ouvrière russe ouvre, par contre, une nouvelle perspective pour les masses chinoises. Une lutte de classe qui s'accentue Le pays est dans une situation économique proche de celle de la Russie pré-révolutionnaire, avec encore plus d'arriération. Aux marges des immenses campagnes, une jeune classe ouvrière surexploitée se développe rapidement, principalement à Shanghai, Canton et Hong-Kong. De 1,5 millions d'ouvriers en 1910, la classe passe à 2 millions. Suite aux libertés acquise après la révolution républicaine de 1911, les travailleurs commencent à s'organiser. On compte une centaine de grèves entre 1895 et 1918. Le PCC est fondé le 1er juillet 1921 dans la concession française à Shanghai. En 1922, sous l'impulsion du PCC se tient à Canton le premier congrès national des syndicats chinois, avecc 160 délégués représentant 270 000 travailleurs. Au sein des contradictions du capitalisme mondial, tout tendait à mettre au devant de la scène une implacable lutte de classe. Dans l'internationale Communiste L'Internationale communiste était toute jeune, fondée en 1919 autour des bolchéviks, et son sort est étroitement lié à celui de la révolution chinoise. C'est l'exemple russe qui aide la naissance du Parti Communiste Chinois (PCC) et qui stimule la lutte de classe en Chine, mais c'est aussi la défaite chinoise (qui suit la défaite allemande) qui va favoriser la dégénérescence de l'ic, qui était déjà aux mains des proches de Staline. Le Deuxième congrès de l'ic en 1920 avait établi des principes essentiels sur la question nationale et coloniale : les communistes pouvaient soutenir les mouvements bourgeois de libération nationale, à condition que ceux-ci n'empêchent pas l'organisation des ouvriers et paysans pour la révolution, des revendications petite-bourgeoises comme la répartition des terres pouvaient être défendues, mais sans perdre de vue l'objectif de former des soviets ouvriers et paysans. Ce sont ces principes que va trahir la direction de l'ic, surtout après 1924 (année de la mort de Lénine). Les faits L'alliance avec les nationalistes Face à la montée de l'influence communiste, les autorités répriment sévèrement, notamment lors de la grande grève dans les chemins de fer en 1923. Face aux difficultés, le PCC et l'ic décident en août 1922, suite au Troisième congrès de l'i.c, d'appeler tous les membres du parti à rejoindre le KMT. L'idée était de s'appuyer sur ce mouvement de libération nationale, en retirer une certaine couverture pour les militants communistes, et de permettre de gagner leurs membres les plus progressistes. L'IC s'impliqua à fond dans les conseils organisationnels [2] au KMT, et dans le soutien militaire [3], à tel point que l'on peut dire que c'est l'urss qui a donné vie à "l'armée nationale révolutionnaire" du KMT. En septembre 1923, communistes et nationalistes s'allient

officiellement contre les seigneurs de guerre. De son côté, le KMT avait senti le besoin de cette aide. Sun Yat-sen dut fuir Shanghai en 1922 après une tentative de coup d'etat local, ce qui lui fit comprendre son besoin d'une force d'appui. En 1924, il n'avait que 150 à 200 gardes loyaux à comparer avec les 200 à 300 000 soldats que contrôlaient chacun des seigneurs de la guerre du Nord. Le KMT comportait des éléments franchements hostiles aux communistes. Mais son leader Sun Yat-sen faisait lui-même partie de l'aile gauche du parti, anti-impérialiste et admiratrice de la puissance révolutionnaire démontrée en Russie, grâce à laquelle le front unique avait été rendu possible. Mais le KMT pose bientôt des conditions plus strictes : les communistes ne peuvent pas faire de propagande dans les rangs nationalistes. L'IC, dirigée par Zinoviev (qui est alors allié à Staline contre Trotsky) pousse le PCC à accepter : les accords "Sun-Joffé" sont signés en janvier 1924. Le PCC perd alors rapidement toute visibilité, prônant un "bloc des 4 classes" (paysans, ouvriers, petite-bourgeoisie, bourgeoisie nationaliste). Radicalisation rapide après 1925 A la mort de Sun en 1925, les tensions s'accroissent entre l'aile gauche et l'aile droite, animée principalement par le commandant en chef de la jeune armée Tchang Kaï-chek [4], et la lutte de classe s'aiguise dans le pays. La vague révolutionnaire s'annonce en Chine, et se reflète notamment dans la fulgurante progression du PCC. A sa naissance en 1921 il n'est qu'un tout petit groupe d'intellectuels, il passe d'un millier de militants en 1925 à 60 000 début 1927, et il avait une influence sur des millions d'ouvriers et de paysans. Manifestations, grèves et occupations de terres culminèrent en 1925-1927, avec notamment près de 400 000 ouvriers défilant à Shanghai, Canton et Pékin lors de la grande grève générale du 30 mai 1925. Les ouvriers et les paysans mettaient de plus en plus leurs espoirs dans une révolution sociale qui, balayant les classes possédantes, aurait mis fin à leur oppression séculaire. En 1926, les ouvriers de Canton avaient formé un véritable soviet qui gérait ses propres milices et tribunaux. Le mouvement paysan se heurtait violemment dans le Guangdong aux propriétaires terriens et à l'armée. Ces masses en mouvement étaient non seulement acquises aux idées communistes, mais foncièrement hostiles au KMT, qu'elles percevaient intuitivement et avec raison comme la représentation de la bourgeoisie. Réaction bourgeoise et suivisme suicidaire Le renforcement du poids des communistes provoqua dans le KMT un regroupement de droite dirigé par Tchang Kai-chek. La passivité du PCC lui permit de prendre les devants. Le KMT s'appuya sur la ferveur révolutionnaire pour prendre le pouvoir dans la province du Guangdong. Déjà le 20 mars 1926, sous un faux prétexte, Tchang Kai-chek, frappe les ouvriers : les sièges des syndicats sont dévastés, leurs chefs arrêtés, leurs organisations détruites. Tchang s excuse pour le "malentendu" et le PCC capitule complètement, acceptant d abandonner toute critique envers les positions officielles, de donner la liste de ses militants inscrits au Kuomintang... La rupture était inévitable d'une façon ou d'une autre, mais le PCC se soumettait plus que jamais au KMT. Surtout, le PCC renonçait à ses propres armes de classe : lorsque des paysans confiscaient les terres ou des ouvriers tenaient des piquets de grève, l'appareil communiste dénonçait les "illusions" des masses populaires. Ce suivisme total suscitait bien quelques résistances au sein du parti et en juin 1926 le Comité central du PCC propose "un peu plus d'indépendance" par rapport au KMT, mais il se voit répondre par Borodine (représentant de l'ic) : «Dans la présente période les communistes doivent faire un travail de coolies pour le Kuomintang». Il lui fut même interdit d'organiser des fractions de gauche dans le KMT.

Les funestes conséquences ne tardèrent pas. Puis le KMT entraîna une bonne partie des militants de base dans l'expédition du Nord (1926-1928), tout en demandant l'arrêt des revendications sociales : «Il faut d'abord chasser les impérialistes et unifier le pays.» En juillet 1926, quelques jours après le départ de Canton des régiments acquis au PCC, des bandes de nervis et de gangsters recrutés dans toute la région furent lancés contre les organisations ouvrières; après six jours d affrontements au cours desquels une cinquantaine d ouvriers furent tués, les autorités se manifestèrent pour «rétablir l ordre», c est-à-dire désarmer les ouvrier et leur interdire de manifester, l arbitrage obligatoire fut instauré pour prévenir les grèves, etc. Les conquêtes des prolétaires au cours des années précédentes furent brisés et une véritable loi martiale interdisant les grèves est imposée en décembre. Cela n empêcha pas l IC de déclarer, fin 1926, le KMT «parti sympathisant»... Massacre de Shanghai et Terreur blanche Alors que l'armée révolutionnaire du KMT progressait vers le Nord, durant l'hiver 1926-1927, elle soulevait l'enthousiasme des ouvriers et paysans qui n'en avaient pas encore fait l'expérience. A partir de février 1927, l'armée approchant de Shanghai, le PCC commença à organiser des grèves et soulèvements ouvrier. En mars, l'armée cesse son avancée le temps qu'un soulèvement soit réprimé (probablement suite à un accord avec le général Li de Shanghai, qui deviendra commandant sous Tchang Kai-chek...). Mais les ouvriers l'emportaient néanmoins, et Tchang Kai-chek entra dans la ville le 26 mars, et fit tout pour montrer à la bourgeoisie locale et impérialiste qu'il était capable de restaurer l'ordre. L'Opposition de gauche et Trotsky écrivaient le 3 avril : «Continuer la politique d un parti communiste dépendant, fournir des ouvriers au Kuomintang, c est préparer les conditions de l établissement triomphant d une dictature fasciste en Chine». Ce n'était pas un éclair de génie, c'était l'observation : en Turquie, le leader bourgeois Kemal Pacha venait de faire égorger les communistes et renforçait son régime autoritaire. Il se livra à une répression aveugle, aidé par des bandes recrutées à la va-vite dans le lumpenprolétariat, mais surtout par la passivité du PCC, qui avait rendu les armes. Malgré toute la complaisance du PCC, la "guerre civile chinoise" s'ouvrait lamentablement sur le massacre de Shanghai du 12 avril 1927. Le PCC fit tout pour poursuivre dans la collaboration, reportant ses espoirs sur le "Kuomintang de gauche", la fraction de Wang Jingwei dans le Wuhan, jusqu'à ce que celui-ci trahisse également en juillet. Une fois que la vague contre-révolutionnaire avait eu le temps de frapper tout le pays (on parle de 25 000 morts), l'ic dicta au PCC une aventure gauchiste : des soulèvements paysans connus sous le nom de "moisson d'automne", ainsi que la Commune de Canton. Ecrasement final et dictature La Commune de Canton, qui malgré le reflux amorcé réunit près de 20 000 prolétaires, fut la mise en place d'un soviet révolutionnaire dans la ville pendant 4 jours, après son écrasement, sous le regard désabusé de la majorité des cantonnais. Avec sa défaite et la répression qui s'ensuit, c est toute une période révolutionnaire qui se termine pour le prolétariat chinois. Selon ses propres estimations, le PCC qui au printemps 1927 était composé à 63,8% d ouvriers, en comptait moins de 15% l année suivante et il n avait «pas la moindre cellule saine dans le prolétariat industriel»: les ouvriers l avaient quitté par milliers, et ils ne devaient plus jamais regagner ses rangs; se réfugiant dans les campagnes, se fixant l objectif politique d être «le vrai Kuomintang», ce qui restait du parti communiste chinois cessait définitivement d être une organisation prolétarienne, comme la révolution de 1949 allait l'illustrer. Tchang Kai-chek eut la voie libre pour incarner la réaction, mettant en place une dictature, durant ce que

l'on appela la décennie de Nankin (1927-1937). Analyses Un "front unique" suicidaire Ces événements posent la question de l'indépendance de la classe ouvrière et du front unique. Pourtant, l'internationale Communiste avait déjà théoriquement résolu ces questions. Comme dit avec insistance par Lénine lors du II Congrès : «L'Internationale Communiste doit entrer en relations temporaires et former aussi des unions avec les mouvements révolutionnaires dans les colonies et les pays arriérés, sans toutefois jamais fusionner avec eux, et en conservant toujours le caractère indépendant de mouvement prolétarien même dans sa forme embryonnaire.» [5] Plusieurs années plus tard, en novembre 1937, Trotsky écrivit à Harold Isaacs : «L'entrée en elle-même en 1922 n'était pas un crime, peut-être même pas une erreur, en particulier dans le Sud, selon la présomption que le Kuo-Min-Tang à cette époque comprenait un certain nombre d'ouvriers et que le jeune parti communiste était faible et composé presque entièrement d'intellectuels[...]. La question est de savoir quel était leur intention en entrant et quel a été la politique qui en a découlé?» De fait, ce n'est pas l'alliance de circonstance en soi qui est à condamner, c'est le suivisme absolu, alors que non seulement des occasions révolutionnaires passent, mais que la plus simple analyse de la situation indique le danger de s'interdire de riposter. Motivation des staliniens de l'ic Il est clair que la politique de l'internationale, dictée par Moscou, a constitué une véritable éteignoir, sanglant et démoralisant, pour la révolution chinoise. Les motivations de la direction de l'ic étaient ambivalentes. Les premiers arguments qui furent avancés, notamment par Maring, responsable de l'ic pour la Chine, étaient surtout la répression du mouvement ouvrier et la nécessité de se lier aux masses illusionnées par le nationalisme. Mais il y avait des raisons plus fondamentales. D'une part une erreur théorique de fond : le schéma étapiste selon lequel il fallait d'abord réaliser une révolution bourgeoise, donc dirigée par les bourgeois du KMT avec qui il fallait s'allier à tout prix. De fait c'était contraire aux principes actés par l'ic, et cela revenait à la fausse théorie menchévique. Mais de 1924 à 1927, Staline insista pour dire que la bourgeoisie anticoloniale pourrait être plus révolutionnaire que la bourgeoisie antitsariste russe, et que les enseignements de la révolution russe ne pouvaient être appliqués à la Chine. Or, comme en Russie, la bourgeoisie voulait certes accéder au pouvoir, mais pas au prix d'une mobilisation révolutionnaire des masses. Mais la question chinoise ne soulevait pas grand débat vers 1924, lorsque fut décidée l'entrée des communistes au KMT. Trotsky y était opposé, mais ne se battit pas là dessus avant 1927. Mais la politique de l'ic était aussi due aux motivations propres de la bureaucratie stalinienne en développement. L'IC fonctionnait de plus en plus comme un appareil diplomatique au service de l'urss. Or celle-ci avait conclu des accords militaires, économiques et politiques avec le KMT, ce qui les poussait à imposer la soumission du PCC. Par ailleurs, une grande partie de la bureaucratie stalinienne avait déjà saisi à quel point une révolution prolétarienne pouvait la menacer, par la réactivation de la combativité des masses. Fin 1924, Staline et Boukharine commencèrent à parler ouvertement de construire le "socialisme dans un seul pays", ce qui contribuait à justifier une poltique non révolutionnaire, mais "pragmatique"

(conservatrice). Il y eut des avertissements et des critiques, notamment le 17 mars 1927 une lettre de Nazonov, Forkine et Albrecht, envoyés en mission en Chine, adressée au Comité exécutif de l'ic. La direction stalinienne passa totalement sous silence cette lettre. La direction du PCC L'appareil du PCC était issu de l'intelligentisia petite-bourgeoise qui s'était radicalisée après le mouvement nationaliste du 4 mai 1919, mais celle-ci était très peu formée au marxisme, et n'avait aucune expérience comme celle des bolchéviks. La direction n'admettait pas d'ouvriers, et elle se méfiait avec un certain mépris des mouvements spontanés des ouvriers et paysans. C'est aussi cet état d'esprit qui facilita l'acceptation de ligne de l'ic, en plus de la dépendance matérielle à l'égard de l'etat russe. Confirmation dans la défaite pour Trotsky Ironiquement, ces événements allaient affaiblir l'opposition de gauche en Union soviétique, tout en validant sa plate-forme politique. En effet, si les analyses de l'opposition sur le danger criminel que Staline faisait courir au mouvement ouvrier chinois se sont avérées justes, le fait même de sa défaite renforça la bureaucratie thermidorienne. Comme Trotsky l'expliquera dans la Révolution trahie, la lutte contre la bureaucratie n'est plus une lutte d'idées pour convaincre des camarades égarés, c'est un rapport de force dans lequel les uns (ici l'opposition) ne peuvent s'appuyer que sur les luttes du prolétariat mondial, et les autres sur leur reflux. La perspective d'une révolution socialiste en Chine était donc au coeur des espoirs des bolchéviks authentiques. Et avec raison, car en deux années d'intense activité révolutionnaire du prolétariat chinois, certains travailleurs russes reprennaient espoir dans la lutte politique, ce qui s'exprimait notamment dans le fait que l'opposition recevait de nouvelles marques de sympathie, des soutiens nouveaux, dans les usines, les quartiers ouvriers. En fait, ce sont des directions diamétralement opposées qui apparaissaient clairement aux plus avancés des communistes, et la tension qui était à son comble. Zinoviev, qui avait rejoint l'opposition, mesurait l'importance des luttes de classe en Chine : «Les événements en Chine ont une aussi grosse importance que les événements d Allemagne en octobre 1923. Et si toute l attention de notre parti se porta alors sur l Allemagne, il faut qu il en soit de même maintenant en ce qui concerne la Chine, d autant plus que la situation internationale est devenue pour nous plus compliquée et plus inquiétante.» [6] Alors assez naturellement, la défaite en Chine constitua un revers décisif, si bien qu'à la fin de 1927, Trotsky fut exclu du Parti communiste de l Union Soviétique (PCUS) puis expulsé d URSS. En 1930, Trotsky décrira l'importance de la compréhension de ces événéments en ces termes : «Une étude de la Révolution chinoise est une question très importante et urgente pour tout communiste et tout ouvrier avancé. Il n'est pas possible de parler sérieusement dans aucun pays de la lutte du prolétariat pour le pouvoir sans une étude par l'avant-garde prolétarienne des événements fondamentaux, des forces motrices, des méthodes stratégiques de la Révolution chinoise. Il n'est pas possible de comprendre ce qu'est le jour sans savoir ce qu'est la nuit ; il n'est pas possible de comprendre ce qu'est l'été sans avoir expérimenté l'hiver. De la même façon, il n'est pas possible de comprendre la signification de l'insurrection d'octobre sans une étude des méthodes de la catastrophe chinoise.» [7]

Bibliographie Livres Articles Notes Lucien Bodard, Les grandes murailles, Grasset, 1987 [le roman évoque la révolution à Canton et les massacres à Shanghai] Jean Chesneaux, Le mouvement ouvrier chinois de 1919 à 1927, Ecole des hautes études en sciences sociales, 1999 [Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Revue française de science politique] Harold Robert Isaacs, La tragédie de la révolution chinoise - 1925-1927, Gallimard, 1967 André Malraux, Les Conquérants, Grasset, 1928 [le roman évoque la révolution à Canton - Critique de Trotsky] André Malraux, La Condition humaine, Gallimard, 1933 [le roman se déroule durant les massacres à Shanghai] Alexander Pantsov, The Bolsheviks and the Chinese Revolution 1919-1927, Curzon Press, 2000 [CEFC] Victor Serge, La révolution chinoise, Savelli, 1977 Stephen Anthony Smith, A Road is made - Communism in Shanghai 1920-1927, Curzon Press, 2000 [CEFC] Pierre Souyri, Révolution et contre-révolution en Chine, Christian Bourgeois, 1982 [La Bataille socialiste] Trotsky, L'Internationale Communiste après Lénine - Bilan et perspectives de la révolution chinoise, MIA, 1928 Pierre Broué, La question chinoise dans l'internationale communiste Victor Serge, La lutte des classes dans la révolution chinoise, MIA, fin avril 1927 Shanghai, avril 1927 - Le bain de sang du prolétariat chinois arrose la victoire du stalinisme, Bibliothèque Internationale de la Gauche Communiste Débuts du Parti communiste chinois (Shanghai 1849-1946), Chine informations Chine 1927 : le stalinisme livre le prolétariat à la répression, Courant Communiste International La Chine du XXe siècle en révolutions I 1911-1949, Europe Solidaire Sans Frontières Il y a 80 ans : Staline livrait les communistes chinois à leurs bourreaux et réprimait l'opposition communiste en URSS, Lutte Ouvrière n 2056 La révolution chinoise de 1925-1927, Matière et Révolution La tragédie de la Révolution chinoise de 1925-1927, WSWS 1/3-2/3-3/3 Pour une réévaluation de l'héritage de Trotsky et de sa place dans l'histoire du XXe siècle, WSWS Les révolutions chinoises, Tendance CLAIRE du NPA, été 2011 1. L'Internationale Communiste après Lenine, Bilan et perspectives de la révolution chinoise, Trotsky, 1928 2. Le Komintern envoya son nouveau représentant Mikhail Borodin en tant que conseiller pour le KMT, qui fut restructuré du sommet à la base selon des principes organisationnels bolcheviques. Dix membres dirigeants du PCC furent placés au comité central exécutif du KMT, environ un quart du total de ses membres. Des cadres communistes prirent souvent en charge différents aspects des activités du KMT. 3. L'académie militaire de Whampoa à Guangzhou fut établie avec l'assistance de conseillers soviétiques. Par ailleurs, l'appui du PCC fut vital pour mobiliser les ouvriers et les paysans dans la nouvelle armée. 4. A noter que Tchang Kaï-chek a été formé militairement sur le sol soviétique et a construit son

ascension au sein de l'académie de Huangpu, citée plus haut... 5. Thèses et additions sur les questions nationales et coloniales, II Congrès de l'i.c., Juillet 1920 6. Thèses de Zinoviev pour le Bureau Politique du PC de l URSS le 14 avril 1927 7. Oeuvre de Léon Trotsky, août 1930 Récupérée de «http://wikirouge.net/r%c3%a9volution_chinoise_(1925-1927)»

Wiki Rouge - Décennie de Nankin La décennie de Nankin est le nom que l'on a donné à la période de réaction de 1927-1937 en Chine, durant laquelle Tchang-Kaï-Tchek mit en place une dictature. Elle représente une sanction de la défaite du mouvement ouvrier en 1925-1927, et détermine en majeure partie la Révolution de 1949. Sommaire Lourde défaite du mouvement ouvrier Le régime de Tchang-Kaï-Tchek Bonapartisme de type fasciste Modernisation... de la semi-colonie Crise économique mondiale et faiblesses internes La politique des communistes Repli vers la paysannerie Tournant gauchiste de l'internationale et bases rouges La «Longue Marche» et l'ascension de Mao Suites Notes et sources Lourde défaite du mouvement ouvrier La classe ouvrière organisée fut écrasée en 1927, alors qu'elle avait un formidable potentiel révolutionnaire en 1925-1927. Des dirigeants et militants ouvriers furent assassinés par milliers par les troupes Tchang-Kaï-Tchek et de son parti nationaliste bourgeois, le Kuomintang (KMT). Cette défaite sanglante de la seconde révolution chinoise est la conséquence fatale de la soumission politique et organique du parti communiste chinois (PCC) à ce parti bourgeois, soumission imposée par l Internationale communiste dirigée par la clique Staline-Bouhkarine. Trotsky, qui avec l'opposition de gauche dénonçait le suivisme suicidaire imposé au PCC, prévenait le 3 avril : «Continuer la politique d un parti communiste dépendant, fournir des ouvriers au Kuomintang, c est préparer les conditions de l établissement triomphant d une dictature fasciste en Chine». Seulement 9 jours après, c'était le massacre de Shanghai et effectivement, un régime réactionnaire anti-ouvrier fut instauré. Ce n'était pas une prédiction sortie de nulle part, c'était la conclusion d'une compréhension matérialiste de la situation, appuyée sur d'autres tragiques expériences : Turquie, le leader bourgeois Kemal Pacha venait de faire égorger les communistes et renforçait son régime autoritaire. Le régime de Tchang-Kaï-Tchek Bonapartisme de type fasciste Après la conquête de la majeure partie de la Chine par les troupes nationalistes, Tchang-Kaï-Tchek instaura sa dictature, fondée sur le parti unique (KMT), le culte de la personnalité (Tchang-Kaï-Tchek se fit appeler «le Gemo», le généralissime), l embrigadement de la jeunesse dans les «Chemises bleues» et un recours réactionnaire à la tradition confucianiste. Ce bonapartisme de type fasciste permit d organiser une lutte systématique et efficace contre les communistes et le mouvement ouvrier (constitution de

«syndicats» officiels, intégrés à l État et financés par lui, dont les bureaucrates étaient nécessairement membres du Kuomintang et auxquels les ouvriers des grandes entreprises étaient obligés d adhérer ; il subsistait quelques syndicats clandestins, sans cesse pourchassés et réprimés). Modernisation... de la semi-colonie En même temps, le régime dit «de Nankin», du nom de la ville où le gouvernement de Tchang-Kaï-Tchek était installé, tenta une modernisation économique du pays, réalisant notamment l unification administrative, judiciaire, douanière et monétaire de la Chine. Il y eut également un développement des transports, qui permit un certain désenclavement de la Chine. Des progrès sont également faits dans l'éducation et, dans le but d'unifier la société chinoise, un programme pour promouvoir la langue nationale et limiter ses variations dialectales est lancé. Mais la modernisation restait relative, le pays demeurant arriéré économiquement et toujours rural dans une proportion écrasante (la classe ouvrière ne représentait encore qu 1 % de la population totale du pays). En matière de politique agricole, on n enregistra que très peu de progrès au cours de cette période, hormis la réalisation de quelques travaux hydrauliques. Mais même ces progrès relatifs se firent en faisant appel à des capitaux étrangers : ces investissements doublèrent entre 1911 et 1936. Ces capitaux servirent notamment à développer le réseau ferré et routier, et des compagnies aériennes civiles à capitaux mixtes (allemands surtout) émergèrent. Certes, le gouvernement mène une lutte - diplomatique - contre les formes les plus humiliantes d'impérialisme : il ne renouvèle pas les traités inégaux qui arrivent à échéance, et la Chine retrouve l autonomie de ses ports. Mais si les puissances étrangères restituent les deux tiers des concessions, elles gardent les plus importantes. Le régime de Tchang-Kaï-Tchek, malgré son nationalisme, ne parvenait pas réellement à sortir la Chine du statut de semi-colonie des occidentaux. Crise économique mondiale et faiblesses internes La crise économique mondiale gagna la Chine dès 1931, crise à laquelle vinrent s ajouter des catastrophes naturelles entraînant de graves famines. Un déficit budgétaire chronique, dû aux dépenses improductives du régime (pour l armée en particulier), frappait l économie chinoise. Le gouvernement bureaucratique de Tchang-Kaï-Tchek était d ailleurs corrompu jusqu à l os. La politique des communistes Repli vers la paysannerie Après la défaite de 1927, le PCC, victime de la répression, se réfugia, dans les campagnes, dans une zone de collines peu accessible. Il tenta encore d organiser deux soulèvements militaires (à Nang Chang au Sud de la Chine en août 1927 et lors de l insurrection dite «de la Moisson d Automne» en septembre de la même année), puis il abandonna toute tentative de reprendre contact avec les villes et les 2 millions d'ouvriers. Cessant ainsi définitivement d être un parti ouvrier, il devint un appareil politico-militaire s appuyant sur la paysannerie, bureaucratisé à l extrême, des comités locaux permanents de quelques personnes détenant l essentiel du pouvoir. Tournant gauchiste de l'internationale et bases rouges

Entre 1927 et 1937, la bureaucratie stalinienne de l'internationale imposa depuis Moscou un tournant gauchiste brutal. Dans les circonstances de la Chine, cela se concrétis en implantation de «bases rouges» et de «soviets» à la campagne. À partir de 1928, le PCC mit sur pied une «armée rouge», bientôt forte de 10 000 hommes environ, composée de paysans, d anciens bandits et de déserteurs de l armée nationaliste et avec laquelle il réussit à conquérir quelques zones rurales. Là où il s implanta, il mena une politique progressiste de réformes : ouverture d écoles, lutte contre les traditions paysannes obscurantistes (opium, jeux, pieds bandés, inégalité des sexes ) et surtout réforme agraire (confiscation des terres des grands propriétaires fonciers et redistribution aux petits paysans). Des «soviets» locaux, en réalité des organismes larges entièrement contrôlés par le parti, furent institués. Le 7 novembre 1931 fut même proclamée la République soviétique chinoise, avec Mao comme président ; elle contrôlait environ dix millions de personnes dans les provinces centrales du pays, le Hunan et le Jiangxi ; le parti, quant à lui, compta bientôt jusqu à 300 000 membres. La «Longue Marche» et l'ascension de Mao Mao-Tsé-Toung, ancien bibliothécaire de l Université de Shanghaï, était le seul dirigeant originaire de la campagne il était né dans le Hunan dans une famille de la moyenne paysannerie et avait été à ce titre chargé dès 1923-1924 des affaires paysannes. Dans la nouvelle situation, cela lui donnait déjà un atout pour peser dans la direction du PCC. Mais c'est surtout la «Longue Marche» qui affermit son autorité. Les attaques militaires très violentes lancées par le gouvernement central de Tchang-Kaï-Tchek contre les bases communistes se multipliaient ; ce furent notamment, entre 1931 et l automne 1934, les «cinq campagnes d éradication», menées avec des moyens considérables notamment des avions de chasse, et qui finirent par obliger les communistes à évacuer toutes leurs bases et à fuir ; alors commença la «Longue Marche». 110 000 partirent (90 000 soldats et 20 000 civils environ) ; seuls 10 000 arrivèrent à Yanan, au nord-ouest de la Chine, où ils s arrêtèrent pour implanter une petite base communiste. Pendant le parcours, une bonne moitié des soldats avait déserté, une autre partie avait péri. Car la «Longue Marche», une traversée du pays sur plus de 12 000 kilomètres, avait rencontré de nombreux obstacles : le climat, l hostilité d une partie des populations face à ce qu elles considéraient comme des envahisseurs, les attaques nationalistes de l armée nationale Le parti perdit non seulement ses bases rurales, récupérées par le régime de Tchang-Kaï-Tchek, mais encore la plupart de ses militants, réduits à 40 000 à peine en 1936. Mais la Longue Marche eut deux conséquences importantes : d une part, l autorité de Mao-Tsé-Toung en sortit considérablement affermie, il devint le dirigeant incontesté du parti, le comité central reconnaissait désormais ses thèses : construire avant tout un parti paysan. D autre part, la propagande menée tout au long du chemin contribua à populariser le programme du parti auprès de la paysannerie. Suites Lorsque le Japon envahit la Chine en 1937, le régime de Tchang-Kaï-Tchek apparut extrêmement faible, et une bonne partie de la bourgeoisie prête à capituler. Le PCC, fort de son soutien dans les campagnes, menait lui une résistance efficace et se révéla bientôt être la meilleure force politique nationaliste. La défaite du Japon en même temps que la désintégration du KMT lui ouvrit la voie pour prendre le pouvoir en 1949, même si cette révolution n'avait rien de socialiste. Notes et sources

Les révolutions chinoises, Tendance CLAIRE du NPA, été 2011 Récupérée de «http://wikirouge.net/d%c3%a9cennie_de_nankin»

Wiki Rouge - Révolution chinoise (1949) La révolution chinoise de 1949 fut la prise du pouvoir par le Parti Communiste Chinois (PCC), mais pourrait être caractérisée comme une révolution nationaliste, avec un fort appui de la paysannerie, mais en aucun cas d'une révolution socialiste. Cette révolution est l'aboutissement de ce que l'on a appelé la guerre civile chinoise (1927-1949). Sommaire Contexte La décennie de Nankin (1927-1937) L'impérialisme et la «Guerre Froide» Les événements 1931 - L'invasion japonaise 1936 - L'alliance KMT-PCC 1937- Guerre nationale et victoire commune 1945 - Guerre civile et victoire du PCC Le nouveau régime issu de 1949 Prise de l'appareil d'etat et gages bourgeois Réformes progressistes et réforme agraire Relations internationales Le régime et la bourgeoisie La collectivisation des terres Controverses sur la nature de l'etat L'impasse de la voie maoïste Notes et sources Contexte La décennie de Nankin (1927-1937) Suite à la cuisante défaite du mouvement ouvrier en 1927, les militants du PCC sont pourchassés, et ont

trouvé refuge dans les campagnes. Le Kuomintang (KMT) de Tchang-Kaï-chek instaure une dictature et réussi à rétablir l'ordre bourgeois dans l'essentiel du pays. L'Internationale communiste stalinisée impose à cette époque un tournant gauchiste, et le PCC implante des "bases rouges" dans les campagnes, et proclame même une éphémère république dite «soviétique», même s'il s'agit principalement d'une réforme agraire, sans démocratie. Le PCC change profondément de nature : il perd tout lien avec les deux millions d'ouvriers et devient un appareil politico-militaire qui se créé une certaine popularité dans la paysannerie. Parallèlement, les combats avec l'armée du KMT sont très durs, infligeant de dures épreuves au PCC : c'est la "guerre civile chinoise". C'est notamment avec la Longue Marche que Mao Zedong va s'imposer à la direction du parti, auquel il va faire accepter son révisionnisme consistant à s'appuyer sur une armée paysanne. Les pérégrinations du PCC dans les campagnes chinoises vont d'ailleurs lui permettre de populariser son programme parmi l'immense paysannerie pauvre de Chine. L'impérialisme et la «Guerre Froide» En cette moitié de XX ème siècle, la Chine est un immense pays peuplé d'un demi-milliard d'habitants, avec une civilisation extrêmement ancienne et qui fut longtemps en tête de l'humanité. Mais depuis le XIX ème siècle, l'impérialisme occidental et japonais l'avait dominée et bridée, à tel point que l'on pouvait véritablement parler de semi-colonisation. Une partie de la bourgeoisie avait tenté de défendre le projet de plus d'autonomie, notamment avec le KMT de Sun-Yat-Sen et la révolution de 1911, mais ce fut un semi-échec. Car cela impliquait soulever des masses paysannes et ouvrières que le KMT craignait, d'autant qu'elles étaient influencées par les communistes. La politique capitularde imposée par les staliniens permirent au KMT de s'imposer pour encore plus d'une décennie, mais la fragilité face aux puissances impérialistes était toujours là. De plus, la profonde stagnation économique des années 1930 avivait les tensions entre impérialistes, au point de provoquer la Seconde boucherie mondiale. A cela venait s'ajouter depuis la fin de la Seconde guerre mondiale la «Guerre Froide» qui opposait les puissances occidentales à l'urss et ses alliés. Pourtant, l'union soviétique ne fit rien pour aider le PCC à prendre le pouvoir. La clique stalinienne n'avait d'ailleurs que du mépris pour les militants du PCC qu'elle appellait les «communistes de margarine». Quant aux Etats-Unis, ils avaient jusqu'au bout soutenu et armé les vaincus, Tchang Kaï-chek et son parti, le Kuomintang. La prise du pouvoir par Mao s'appuyait sur une telle mobilisation populaire que l'impérialisme ne tenta pas d'intervenir directement. Les événements 1931 - L'invasion japonaise En 1931, le Japon envahit la Mandchourie, au Nord-Est de la Chine. Malgré le calme relatif qui s'ensuit, les velléités expansionnistes de l'impérialisme japonais ne font aucun doute. Mais face à cela, le Kuomintang fut très peu réactif, et au contraire se coula dans la collaboration. C'est que sa base sociale était une bourgeoisie conservatrice (grands banquiers et grands propriétaires) qui montrait peu d'empressement à se battre. Se contentant depuis déjà longtemps d'un rôle de compradore, elle préférait partager les fruits de l'exploitation des ouvriers et des paysans. C'est pourquoi non seulement, le KMT ne fit quasiment rien contre l'avancée japonaise, mais en plus se concentrait sur la répression de l'ennemi intérieur, le PCC.

1936 - L'alliance KMT-PCC En décembre 1936, Tchang Kaï-chek, qui se reposait dans une résidence proche de la ville de Xian, fut enlevé par un de ses généraux, qui entendait lui imposer ainsi de constituer un front uni avec le PCC contre les Japonais. Finalement une délégation de ce parti, conduite par Chou En-lai, vint négocier et libérer le dictateur. Au delà de l'anecdote, cela correspondait aussi à la nouvelle politique décidée à Moscou de favoriser les "Fronts populaires" avec les bourgeois dans tous les pays. Les armées paysannes du PCC furent intégrées à l'armée de Tchang Kaï-chek. L'accord satisfaisait également les puissances impérialistes rivales du Japon, qui voulaient freiner son expansion dans la région. Jusque-là, le PCC avait dénoncé le régime dictatorial du KMT, désormais il présentait ceux qui hier encore le réprimait comme un bon allié. Comme dans les années 1920, le PCC ressortit sa justification étapiste, et le "bloc des 4 classes" (paysans, ouvriers, petite-bourgeoisie, bourgeoisie nationaliste), parlant de réaliser d'abord une phase «démocratique-bourgeoise» de la révolution. Devenu l'allié du parti des grands propriétaires fonciers, le PCC se mit à limiter les ardeurs de sa base paysanne. Il n'était plus question que de s'en prendre aux propriétaires fonciers collaborant avec l'envahisseur japonais. Le PCC ne prônait plus que le développement d un «capitalisme à caractère progressiste» pour «contribuer à l amélioration des conditions de vie du peuple». Encore Mao n alla-t-il pas jusqu à fusionner purement et simplement ses forces armées avec celles du KMT, comme le voulait Staline. De ce point de vue, il parvint à maintenir une certaine autonomie par rapport à Moscou. Le PCC se plaçait désormais sur le même terrain que son concurrent Kuomintang, celui du nationalisme, avec à peine une nuance réformiste. La différence, par rapport aux milieux corrompus qui entouraient Tchang Kaï-chek, était que les militants du PCC allaient apparaître comme des nationalistes sincères, dont l'engagement contre les troupes japonaises était bien réel, attirant à eux tous ceux qui voulaient se battre contre l'occupant. 1937- Guerre nationale et victoire commune En juillet 1937, le Japon déclenche la guerre pour la conquête totale du pays. Plus généralement les tensions inter-impérialistes sont très fortes et deux ans plus tard, c'est la Deuxième guerre mondiale. Etant donné le différentiel militaire et matériel, à l'étranger peu de monde comptait sur une victoire chinoise. Mais l'énergie des masses paysannes acquises au PCC furent combinée à un soutien matériel de puissances étrangères. En effet, dans le conflit mondial, les Etats-Unis avaient des intérêts opposés au Japon, et soutinrent officieusement le Kuomintang. L'URSS craignait de son côté surtout des avancées japonaises, ce qui l'aurait contraint à une guerre sur deux fronts. L'avancée des troupes japonaises fut d'abord rapide, sur les côtes et même dans quelques régions de la Chine centrale. A l'est du pays, la bourgeoisie collaborationniste mit en place le régime de Wang-Jin-Wei à la botte des envahisseurs. Au cours de cette période, le nombre d adhérents du PCC progressa jusqu à 1,2 millions en 1945, recrutés presque exclusivement dans la paysannerie, qui était soucieuse de défendre sa terre contre l envahisseur japonais et qui haïssait par ailleurs le régime de Tchang-Kaï-Tchek, car celui-ci l avait opprimée et pillée pendant des années pour entretenir son propre parasitisme despote, et lui avait refusé la réforme agraire que le PCC lui promettait au contraire... pour l après-guerre. 1945 - Guerre civile et victoire du PCC En 1945, au terme de huit ans de guerre, le Japon était vaincu, se rendait aux Etats-Unis, et se retirait de Chine. Le KMT se retourna alors contre les communistes, comme à la fin des années 1920. Mais la