Objet : Aide d'etat N 106/2009 France Crédit d'impôt pour les œuvres cinématographiques étrangères



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Transcription:

COMMISSION EUROPÉENNE Bruxelles, le 02.07.2009 C (2009)5084 final Objet : Aide d'etat N 106/2009 France Crédit d'impôt pour les œuvres cinématographiques étrangères Monsieur le Ministre, J ai l'honneur de vous informer que la Commission considère que la mesure en objet est compatible avec le marché commun. 1. Procédure (1) Le 24 février 2009, les autorités françaises ont notifié à la Commission leur projet de crédit d impôt pour les dépenses de production en France d œuvres cinématographiques ou audiovisuelles étrangères (ci-après, le «crédit d impôt»). (2) Par courrier en date du 23 mars 2009, la Commission a demandé des informations complémentaires aux autorités françaises. (3) Les autorités françaises y ont répondu le 20 avril 2009. Elles ont également fourni des précisions supplémentaires le 15 mai 2009 et le 18 juin 2009. 2. Description détaillée de la mesure (4) Le crédit d'impôt a été institué par l article 131 de la loi de finances pour 2009 (loi n 2008-1425 du 27 décembre 2008). (5) En plus de l article 131 de la loi de finances pour 2009, la mise en place du crédit d impôt nécessitera deux décrets d application qui en préciseront les modalités de mise en œuvre. Ces décrets d application ne seront publiés qu'après l approbation du régime d'aide par la Commission. Son Excellence Monsieur Bernard KOUCHNER Ministre des Affaires étrangères 37, Quai d'orsay F - 75007 PARIS Commission européenne, B-1049 Bruxelles Europese Commissie, B-1049 Brussel Belgium Telephone: 00 32 (0) 2 299.11.11.

(6) L objectif du crédit d impôt est de favoriser le patrimoine et la culture française ou européenne grâce à la production d œuvres cinématographiques et audiovisuelles qui devront être fortement reliées à ce patrimoine et à cette culture. Ces œuvres seront produites en France par des entreprises de production établies hors de France. (7) Le crédit d impôt aura pour bénéficiaire les entreprises de production (cinéma, audiovisuel, animation), quelle que soit leur nationalité, soumises à l impôt sur les sociétés qui assument des fonctions d entreprises de production exécutive en France, pour des dépenses correspondant à des opérations effectuées en France, pour des œuvres produites par des entreprises de production établies hors de France. (8) Le crédit d impôt sera imputé sur l impôt sur les sociétés dû par l entreprise de production exécutive au titre de l exercice au cours duquel les dépenses ont été exposées. L excédent de ce crédit d impôt constituera au profit de l entreprise de production exécutive une créance sur l Etat d un montant égal. (9) Le crédit d impôt s appliquera aux dépenses engagées à compter du 1er janvier 2009 et jusqu au 31 décembre 2012. Ainsi, dès l autorisation de la Commission européenne, les entreprises de production exécutive pourront bénéficier du crédit d impôt à raison des dépenses engagées à compter du 1er janvier 2009. (10) Les autorités françaises estiment que le montant de l'aide accordée au travers du crédit d'impôt est d'environ 15 millions d'euros par an, soit un montant total de 45 millions d'euros sur trois ans. (11) Les autorités françaises indiquent que le crédit d impôt bénéficie directement à la création d une œuvre culturelle en ce qu'il bénéficie exclusivement à des œuvres de fiction (cinéma ou télévisuelle) et d animation, ces différents genres étant considérés par les autorités françaises comme étant des «produits culturels». (12) En pratique, la finalité culturelle de l aide est garantie selon les autorités françaises par l'adoption par décret de barèmes de points qui permettront de déterminer les œuvres qui seront éligibles en fonction de critères culturels. (13) Les autorités françaises ont en effet établi deux barèmes de points: l'un pour les œuvres d'animation et l'autre pour les œuvres de fiction. Elles y ont défini certains critères relatifs au contenu dramatique de l'œuvre, à la nationalité des créateurs et collaborateurs de création, et aux infrastructures de création. Les autorités françaises attribueront à chaque œuvre un nombre de points en fonction du respect ou non des critères établis par ces barèmes. (14) Pour être éligible au crédit d'impôt, une œuvre devra obtenir un nombre de points supérieur au seuil minimum fixé et remplir au moins un certain nombre de conditions au titre du bloc des critères relatifs au contenu dramatique. 2

(15) Les critères relatifs au contenu dramatique portent spécifiquement sur le contenu culturel de l'œuvre. Il s'agit par exemple du fait qu'un certain nombre de scènes se déroule en France ou dans un pays européen ou francophone, que certains personnages sont français, issus d'un pays francophone ou européen, que le sujet et l'histoire de l'œuvre mettent en valeur le patrimoine artistique français ou une période de l'histoire de France, ou traitent de problématiques politiques, sociales ou culturelles spécifiques à la société française ou aux sociétés européennes. (16) Les dépenses éligibles sont plafonnées à 80% du budget de production. (17) Le crédit d impôt représente 20% des dépenses éligibles dans la limite d un plafond de 4 millions d euros par œuvre. Les dépenses éligibles effectuées en France doivent être d un montant minimum de 1 million d euros, et pour les œuvres de fiction d un minimum de cinq jours de tournage en France. (18) Les dépenses éligibles qui pourront être retenues sont spécifiées à l article 131.III. de la loi de finances pour 2009. Il s'agit : des rémunérations versées aux auteurs, et des charges sociales afférentes ; des rémunérations versées aux artistes-interprètes, et des charges sociales afférentes ; des salaires versés aux personnels de la réalisation et de la production, et des charges sociales afférentes ; des dépenses liées au recours aux industries techniques et autres prestataires de la création cinématographique ou audiovisuelle ; et des dépenses de transport et de restauration. (19) Le crédit d impôt obtenu pour la production d une même œuvre cinématographique ou audiovisuelle ne peut avoir pour effet de porter à plus de 50% du budget de production de l œuvre le montant total des aides publiques accordées. (20) Par ailleurs, le régime d'aide ne prévoit pas le recours à la notion de film difficile et/ ou à petit budget afin d'octroyer des aides ayant une intensité supérieure à 50% du budget de production. (21) Il convient également de noter que les œuvres aidées via le crédit d impôt ne peuvent pas avoir accès aux autres aides au cinéma et à l audiovisuel du Compte de Soutien du Centre National de la Cinématographie. (22) Le régime d'aide ne comporte pas de supplément d aide destiné à des activités spécifiques de production de films. (23) Enfin, les œuvres devront être agréées au regard des critères mentionnés ci-dessus par le Directeur général du Centre National de la Cinématographie. 3

3. Appréciation de la mesure Présence d'une aide (24) L'article 87, paragraphe 1, du traité CE dispose que «sauf dérogations prévues par le présent traité, sont incompatibles avec le marché commun, dans la mesure où elles affectent les échanges entre Etats membres, les aides accordées par les Etats ou au moyen de ressources d'etat sous quelque forme que ce soit qui faussent ou qui menacent de fausser la concurrence en favorisant certaines entreprises ou certaines productions». (25) En l'espèce, le crédit d'impôt implique des ressources d'etat à travers la perte de recettes fiscales qui en résulte. Le crédit d'impôt est en outre imputable aux autorités françaises puisqu'il a été institué par la loi de finances pour 2009. (26) Le crédit d'impôt procure un avantage économique aux entreprises de production qui sont concernées par la mesure puisque celles-ci bénéficieront d'un crédit d'impôt auquel elles n'auraient pas eu droit dans des conditions normales de marché. (27) Le régime d'aide est sélectif par nature dans la mesure où il s'appliquera uniquement aux entreprises de production remplissant les critères de sélectivité mentionnés précédemment. Ces entreprises sont en concurrence avec d'autres entreprises de production d'œuvres cinématographiques ou audiovisuelles, notamment celles qui ne pourront pas bénéficier du crédit d'impôt. Par conséquent, le régime d'aide en question risque de provoquer une distorsion de la concurrence. (28) Le régime d'aide affecte également le commerce entre les Etats membres puisque les œuvres cinématographiques et audiovisuelles qui seront produites par les entreprises de production concernées font l'objet d'échanges entre les Etats membres. L'effet sur le commerce entre les Etats membres résulte également du fait que le crédit d impôt s'applique uniquement à des œuvres produites par des entreprises de production établies hors de France. (29) Dans ces conditions, l'analyse de la Commission est que le crédit d'impôt constitue une aide d État au sens de l article 87, paragraphe 1, du traité, puisque tous les éléments constitutifs de la notion d aide d Etat sont réunis. (30) Il convient donc de vérifier si l'aide pourrait être considérée comme compatible avec le marché commun. Evaluation de la compatibilité de l aide (31) L article 87, paragraphe 3, point d), du traité CE stipule que «Peuvent être considérées comme compatibles avec le marché commun [ ] les aides destinées à promouvoir la culture et la conservation du patrimoine, quand elles n'altèrent pas les conditions des échanges et de la concurrence dans la Communauté dans une mesure contraire à l'intérêt commun». 4

(32) Pour l'application de l'article 87, paragraphe 3, point d), du traité CE aux aides à la production cinématographique et audiovisuelle, la Commission a adopté une Communication concernant certains aspects juridiques liés aux œuvres cinématographiques et autres œuvres audiovisuelles 1 (ci-après la «Communication Cinéma»). (33) La compatibilité de l'aide en question doit donc être examinée au regard des critères fixés par la Communication Cinéma. (34) La Commission doit tout d'abord s'assurer que les conditions d'accès au régime d'aide d'état ne contiennent pas de clauses contraires aux dispositions du traité CE dans des domaines autres que les aides d'état. (35) En l'espèce, compte tenu de la Communication Cinéma, la Commission considère que le régime d'aide en question ne contient pas d'élément susceptible de poser problème au regard du critère de légalité générale. La condition de territorialisation est par ailleurs analysée ci-dessous au paragraphe (42). (36) En outre, l'aide doit être destinée à un produit culturel et chaque État membre doit veiller à ce que le contenu de la production faisant l'objet de l'aide soit culturel, selon des critères nationaux vérifiables. (37) Comme cela a été exposé précédemment, les autorités françaises ont établi dans le cas d'espèce deux barèmes de points. (38) Après un examen détaillé de ces barèmes de points, la Commission estime que la définition des critères prévus au sein du bloc relatif au contenu dramatique ainsi que les conditions minimales requises au titre de ce bloc permettent de s'assurer que l'aide est bien destinée à un produit culturel. (39) La Commission note à cet égard que le régime d'aide notifié par les autorités françaises présente des garanties similaires à celles qui ont été acceptées dans le cadre de la décision de la Commission du 20 décembre 2006 relative au régime d'aide allemand 2. (40) Les autorités françaises ont d'ailleurs fourni des simulations du nombre de points qui auraient été obtenus par différentes œuvres de fiction ou d'animation dans le cadre de ces barèmes de points. La Commission a ainsi pu vérifier que seules les œuvres ayant un réel contenu culturel pouvaient atteindre le seuil de points requis et être éligibles au crédit d'impôt. 1 Communication de la Commission au Conseil, au Parlement Européen, au Comité économique et social et au Comité des régions concernant certains aspects juridiques liés aux œuvres cinématographiques et autres œuvres audiovisuelles (COM(2001)534 final, 26/9/01, JO C 43 p. 6-17, 16/2/02), prolongée en 2004 (JO C 123 p. 1-7, 30/4/04), 2007 (JO C 134 p.5, 16/6/07) et 2009 (JO C 31 p. 1, 7/2/09). 2 Décision de la Commission du 20 décembre 2006, N 695/06, Allemagne, "German Film Fund". 5

(41) La Commission considère donc que les autorités françaises ont défini des critères culturels vérifiables permettant de s'assurer que le contenu de la production qui fera l'objet de l'aide est bien culturel. (42) Par ailleurs, la Communication Cinéma prévoit que le producteur doit avoir la liberté de dépenser au moins 20 % du budget du film dans d'autres États membres, sans que l'aide prévue par le régime soit aucunement réduite de ce fait (condition de territorialisation). (43) En l'espèce, pour le calcul du crédit d impôt, l assiette des dépenses éligibles est plafonnée à 80% du budget de production de l œuvre. Le producteur a donc la liberté de dépenser au moins 20% du budget du film dans d autres Etats membres, sans que l aide prévue par le régime soit aucunement réduite de ce fait. (44) La Communication Cinéma impose également que l'intensité de l'aide soit en principe limitée à 50 % du budget de production. Seuls les films difficiles et à petit budget sont exemptés de cette limite. (45) En l'espèce, l intensité de l aide est limitée à 50% du budget de production. Le crédit d impôt obtenu pour la production d une même œuvre cinématographique ou audiovisuelle ne peut avoir pour effet de porter à plus de 50% du budget de production de l œuvre le montant total des aides publiques accordées. (46) Les autorités françaises ont par ailleurs indiqué qu'elles s'assureront du respect de la règle des 50% par l'examen, dans les dossiers de demande d'agrément provisoire, des devis détaillés des dépenses de production, et dans les dossiers de demande d'agrément définitif, des documents comptables certifiés par un commissaire aux comptes, qui indiqueront notamment le coût définitif de l'œuvre, les dépenses éligibles exposées en France et les moyens de financement de l'œuvre. (47) En outre, le régime d'aide ne prévoit pas le recours à la notion de film difficile et/ ou à petit budget afin d'octroyer des aides ayant une intensité supérieure à 50% du budget de production. (48) Enfin, les suppléments d'aide destinés à des activités spécifiques de production de films (par exemple la post-production) ne sont pas autorisés par la Communication Cinéma. (49) Dans le cas d'espèce, le régime d'aide ne comporte pas de supplément d aide destiné à des activités spécifiques de production de films. (50) Par conséquent, le crédit d'impôt respecte les critères posés par la Communication Cinéma et doit donc être considéré comme compatible avec le marché commun sur le fondement de l'article 87, paragraphe 3, point d) du traité CE. 6

4. Conclusion Compte tenu des éléments développés ci-dessus, la Commission considère donc l aide comme compatible avec le marché commun. Dans le cas où cette lettre contiendrait des éléments confidentiels qui ne doivent pas être divulgués à des tiers, vous êtes invités à en informer la Commission, dans un délai de quinze jours ouvrables à compter de la date de réception de la présente. Si la Commission ne reçoit pas une demande motivée à cet effet dans le délai prescrit, elle considérera que vous êtes d accord avec la communication à des tiers et avec la publication du texte intégral de la lettre, dans la langue faisant foi, sur le site Internet http://ec.europa.eu/community_law/state_aids/index.htm. Cette demande devra être envoyée par lettre recommandée ou par télécopie à : Commission européenne Direction générale de la Concurrence Greffe des aides d'etat B-1049 BRUXELLES Fax : +322 296 12 42 Veuillez croire, Monsieur le Ministre, à l assurance de ma haute considération. Par la Commission Neelie KROES Membre de la Commission 7