Nom du site : Loustalet. Cause de l'intervention : Début de l'opération : Description :

Documents pareils
pour les plus petits

LES ESCALIERS. Les mots de l escalier

Les Cheminements piétons

Rapport au Parlement NORD-PAS-DE-CALAIS. 295 sur 448

DW.AD. Foundations. GLOBALContract

Le bac à graisses PRETRAITEMENT. Schéma de principe. Volume du bac à graisses. Pose

accessibilité des maisons individuelles neuves

Livret de visite ans. l e. âge du EXPOSITION. VILLENEUVE D ascq. Hall de la Bibliothèque Universitaire Centrale Lille 3

CERAMIQUES COMMUNES DU 1er S. : cinq fosses découvertes à Langres (Haute-Marne)

Décrets, arrêtés, circulaires

Travaux de marquage. Novembre 2008

LES MENUISERIES INTÉRIEURES

VOIRIE ACCESSIBLE Véronique IMBAULT Décembre 2011

Nouvel immeuble de bureaux pour la C.U.B - Groupe FAYAT

Accessibilité / voirie et espaces publics DDE

communes du pays de brouilly. Four du hameau de Chardignon Saint-Lager

Outil d autodiagnostic du niveau d accessibilité - Les cabinets médicaux -

Inrap / Les étapes de l archéologie préventive

Envoyez le bon de commande par :

AMENAGEMENT DE LABORATOIRE

QUE FAIRE EN CAS DE DECES?

Murs poutres & planchers

PROGRAMME D HABILETÉS EN FAUTEUIL ROULANT (WSP-F)

Fiche Technique d Évaluation sismique : Construction basse en Maçonnerie Non-armée, Chaînée, ou de Remplissage en Haïti

RAPPORT D'ENQUÊTE D'ACCIDENT DIRECTION RÉGIONALE DE L'ÎLE DE MONTRÉAL-5

- Grille d'autodiagnostic Restaurant

Projet de parc éolien en mer au large de Courseulles-sur-Mer

Cadeaux & Publicité

5.2. EVOLUTION DU TRAIT DE COTE SUR LES PHOTOGRAPHIES AERIENNES DE L'IGN ET LES CARTES ANCIENNES DU SHOM

La réglementation et les obligations qui en découlent

association française du gaz

Placettes vers de terre. Protocole Fiche «Description spécifique» Fiche «Observations»

COLLECTE DES DECHETS MENAGERS : Recommandations techniques applicables lors de la conception de voiries, lotissements et immeubles

Tarif 2015 FRANCE. Prix de vente d'escaliers en promotion

Jean Dubuffet AUTOPORTRAIT II

PIERRE NATURELLE. VOTRE SITE CINERAIRE en. La pierre naturelle est faite pour durer au-delà des hommes

Vieu X. à Vieux. Il y a bien longtemps... Il y a bien long. Il y a bien longtemps... Il y a bien longtemps... bien longtem.

N de com. Finition Description Réference Emballage noir fermeture automatique Solo 1. fermeture automatique avec alarme porte ouverte

CONSEIL. Memo page 2&3. La serrure à mortaiser page 4&5. La serrure en applique pages 6 POSER UNE SERRURE Castorama

Sommaire buses. Buses

ARCHIVES DIPLOMATIQUES PRESERVATION ET CONSERVATION

Eau chaude sanitaire FICHE TECHNIQUE

PROTECTION ANTI-GRÊLE SUR VIGNE ET RAISIN DE TABLE

Installez votre paroi remplie Zenturo et Zenturo Super pour un beau mur décoratif

MISE EN DÉCHARGE. Une entreprise de Bayer et LANXESS

Un métier pas comme les autres. DES SOLUTIONS INDIVIDUELLES DES SOLUTIONS INDIVIDUELLES. 20 Exemples Des solutions individuelles.

- Grille d'autodiagnostic Restaurants

Commune X. Quelles nouvelles exigences pour l accessibilité de la voirie? Les prescriptions techniques de l arrêté du 15 janvier 2007

NOUVELLE GAMME DE MOBILIER LES PRIX MENTIONNES S ENTENDENT HORS TVA 1

CABINES TÉLÉPHONIQUES

CAHIER TECHNIQUE DU JOUEUR DEBUTANT. Billards Américain Pool et Snooker

Commune d Yvorne LA MUNICIPALITÉ REGLEMENT DU CIMETIERE D YVORNE

Diplômes. Expériences professionnelles en Archéologie Préventive

INFORMATIONS RELATIVES A LA GESTION D UN DOSSIER DE SUCCESSION ET QUELQUES NOTIONS DE BASE.

ETUDE D UN BATIMENT EN BETON : LES BUREAUX E.D.F. A TALENCE

SALLE DE BAIN, DOUCHE, PLAN DE TRAVAIL CUISINE, PISCINE... Collage et jointoiement. L Epoxy facile

Mobilier industriel en acier inoxydable

Service départemental d incendie et de secours du Territoire de Belfort

Article. «Monument québécois à la mémoire des héros du Long-Sault» Jacques Folch-Ribas. Vie des Arts, n 50, 1968, p

COMFORTLIFT ONE VOTRE MONTE-ESCALIER DISCRET.

GUIDE POUR PREPARER LES SEANCES DE NATATION

Loïc GOUBET. ABRIS DE JARDIN Bungalows - Garages. Jeux pour enfants

Poser un carrelage mural

Prescriptions techniques et de construction pour les locaux à compteurs

BOOK COACHING DÉCO VOS PRIORITÉS

Prise en main par Guy BIBEYRAN Chevalier médiéval époque XIII / XIV siècle métal 75mm Atelier Maket Référence AM Sculpteur: Benoit Cauchies

Sols urs et plafonds. Sols, murs et plafonds. Jean-Jacques TRAUTWEIN. Techniques du tapissier décorateur J.J TRAUTWEIN

Congrès National en Normandie 26, 27 et 28 mai 2016 Deauville. Offre Partenariale. Prix net de taxe

INSTRUCTIONS DE POSE

LE LAVOIR DE LA MONTAGNE - RAPPORT DE PRESENTATION - DOSSIER PHOTOGRAPHIQUE

INBTP-TECHNOBAT-LECON_011

L athlétisme à l école primaire

RAPPORT D'ENQUÊTE D'ACCIDENT DIRECTION RÉGIONALE ÎLE-DE-MONTRÉAL-1 ACCIDENT MORTEL SURVENU À UN EMPLOYEUR AU 426, RUE GAGNÉ, LASALLE LE 7 JUILLET 2003

Garde-corps. bfu bpa upi. Base: norme sia 358. Les bâtiments doivent répondre à un besoin humain fondamental, celui de se sentir en sécurité.

L EVACUATION DES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP

par Roger DAJOZ. Coleoptera of Madagasca r 9 : Description of a new species of Brachymoschiu m (Coleoptera, Tenebrionidae )

Jean-Marc Schaffner Ateliers SCHAFFNER. Laure Delaporte ConstruirAcier. Jérémy Trouart Union des Métalliers

COMMUNE DE GORGIER. Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs, 1. Préambule

Bureaux de Luxe : Bureaux de Direction

LISTE DES PRIX PORTE-BADGE.BE

Gamme de bureaux temptation four

ENCASTREZ UN EVIER ET POSEZ UN MITIGEUR A DOUCHETTE

Les sols, terreau fertile pour l EDD Fiche activité 3 Que contient un sol?

Les Fiches Conseils. Qu est-ce qui fait la qualité (et donc le prix) d un piano?

Carnet photos. Visite commentée des travaux

LA QUALITE DES CROQUANTES OU NOUGATINES:

ROTOLINE NOTICE DE POSE

Dossier de presse Treppenmeister

4.2 C.C.T.P. GROUPE SCOLAIRE LES GENETS RENOVATION DES SANITAIRES INTERIEURS. Cahier des Clauses Techniques Particulières LOT 2 : PLOMBERIE

Sommaire Table des matières

Monitoring et suivi du comportement des chaussées

L Oyster Perpetual GMT-MASTER II

: un risque a chassé l autre

AGORA 2014 Appel à idées Habiter les toits à Bordeaux Et pour compléter

Guide exposant pour les stands de 9 m2

Les + Tournus. Large gamme : sortie verticale, horizontale, nombreuses dimensions

RAPPORT MISE A L ACCESSIBILITE DE 6 ECOLES PRIMAIRES. Ecole de MIRANGO I

Glendinning propose depuis plus de trente ans des solutions innovantes d une qualité exceptionnelle pour l industrie nautique.

LES MOSAIQUES DU CREDIT AGRICOLE

Transcription:

Nom du site : Loustalet Commune : Pouydesseaux Département : Landes Région : Aquitaine Cause du chantier : Projet autoroutier A65 (Langon-Pau) Cause de l'intervention : fouille Période(s) : Protohistoire Thème(s) : Funéraire Aménageur : A'Lienor Responsable : Christophe Maitay Début de l'opération : 20-04-2009 Fin de l'opération : 10-07-2009 Description : L'opération s'est déroulée au lieu-dit Loustalet, dans la commune de Pouydesseaux, sur la bordure orientale du parc naturel régional des Landes de Gascogne. Le site est implanté à l'extrémité d'un promontoire peu élevé délimité par le ruisseau de Corbleu au sud et par le thalweg du Nautet au nord. Des structures sépulcrales ont été découvertes, aménagées dans le substrat composé de sables jaunes et dans des niveaux correspondant à la phase finale de comblement d'un paléo-thalweg aujourd'hui presque totalement effacé. Résultats : La fouille du site de Loustalet a permis l'étude, sur une surface de 12 150 m², d'une nécropole à incinérations du premier âge du Fer (zone 1) et d'un secteur d'activités médiévales (zone 2). Pratiques et gestes funéraires Dans une grande partie de l'europe tempérée du premier âge du Fer (début du VIIIe-milieu du Ve siècle av. J.-C.), l'incinération est très répandue. Cette pratique, héritée de la fin de l'âge du Bronze, consiste à brûler le corps du défunt sur un bûcher, à recueillir une partie plus ou moins importante de ses ossements dans un récipient en terre cuite ou en métal, et à déposer cette urne, accompagnée ou non de mobilier, le plus souvent dans une fosse creusée à cet effet. La tombe peut ensuite être recouverte d'un tertre de terre, de sable ou de pierres, pouvant atteindre plusieurs dizaines de mètres de diamètre. Plusieurs cimetières des âges du Fer ont pu être étudiés en Aquitaine, et plus particulièrement dans les Landes. Certains, telle la nécropole de Mouliot, à Laglorieuse, ou celle de Treize Pouys, à Sarbazan, ont livré des dizaines de tombes dont les datations s'échelonnent du début du premier âge du Fer aux premiers temps du second. Les structures funéraires : «tombes plates» ou tumulus? Les tombes se présentent sous la forme de fosses circulaires d'environ 1 m de diamètre et dont les profondeurs conservées peuvent varier entre 30 et 50 cm. Chaque fosse comporte un comblement homogène et meuble, constitué par le sable issu du creusement ou par un sédiment brun contenant quelques rares charbons de bois. Lorsque les fosses ont été comblées par le sédiment issu du creusement, il est très difficile, voire impossible, de distinguer la forme et les dimensions exactes de la tombe. Il n'existait, apparemment, aucun système permettant de signaler l'emplacement d'une tombe au sein de la nécropole (aucune trace de poteau isolé ou de construction en bois, ni d'aménagement de pierres). Seule la sépulture S42 était circonscrite par une couronne discontinue de pierres. Les blocs exogènes de calcaire coquillier étaient disposés de chant ou à plat ; répartis en fonction de leur couleur, blanche ou rose, ils participent à une certaine mise en scène de l'espace funéraire. Le dépôt, à peu près au centre du monument, se composait d'une urne, de son couvercle et d'un vase accessoire en terre cuite, d'une lance dont ne subsistent que les parties en fer, et d'une fibule en fer à double ressort orné de disques en bronze. Les observations macroscopiques menées sur le terrain semblent exclure l'hypothèse d'un tertre de sable (étude micromorphologique en cours). La couronne de pierre ne jouerait pas ici un rôle de rétention de la masse du tertre, mais servirait davantage à marquer l'emplacement de la tombe et à séparer symboliquement le monde des vivants de celui des défunts. Quelques fosses, découvertes isolées ou à proximité de tombes, pourraient également revêtir une fonction funéraire. Il s'agit de structures dont la forme et les dimensions sont similaires à celles ayant livré des dépôts funéraires. Leur comblement se compose de sédiments sableux, extrêmement gras et noirs, comportant des charbons de bois et quelques esquilles osseuses, mais aucun artefact. Ces fosses pourraient correspondre à des sépultures particulières, à moins qu'elles n'aient tout simplement servi à recueillir le reste du bûcher. Des lambeaux de sols présentant des fragments de céramiques écrasés en place ont également pu être fouillés. Les dépôts funéraires Les restes incinérés du défunt sont systématiquement recueillis dans un récipient en terre cuite. Dans la plupart des cas, l'urne adopte une forme ovoïde reposant sur un fond aplati (S87-2, S100-2) ou sur un petit pied creux (S42-2, S88-2, S89-2). Elle peut être ornée de cannelures horizontales et jointives (S42-2, S89-2) ou de petites bossettes reparties sur la partie la plus large de la panse (S100-2, S128-1). Dans sept cas sur douze, un plat creux tronconique, également en terre cuite, fait office de couvercle. Celui de la tombe S155 possédait un bord muni de deux perforations pouvant servir à le suspendre. Ces récipients possèdent des fonds plats et des parois rectilignes ou sinueuses, et sont généralement employés comme vases de présentation mais utilisés ici pour recouvrir les urnes. Le dépôt peut être complété par un vase accessoire de forme globulaire (S37-3, S42-3) ou cylindrique (S89-3). Ces petits récipients individuels s'apparentent à des vases à boire et ont pu participer à l'équipement personnel du défunt. L'absence de gobelet en terre cuite dans certaines tombes pose la question de l'utilisation de récipients en matière périssable. Parmi les douze sépultures fouillées, six ont livré du mobilier métallique. Ces mobiliers correspondent principalement à des éléments de parure (fibules, torques, bracelets, brassard) ou à de l'armement (épée à antennes, lances). Deux sépultures ont livré des dépôts exceptionnels par leur richesse et leur état de conservation. La sépulture 89 contenait, outre un triple dépôt de poteries, un amas d'objets métalliques oxydés regroupant une épée à antennes et son fourreau, qui avait été brisé avant enfouissement, une pointe et un talon de lance en fer, tous deux à douille, et plusieurs fibules en fer et alliage cuivreux. Cet assemblage, plutôt masculin, peut être www.inrap.fr, inrap 2010 Page 1 sur 12

assimilé à la panoplie du guerrier celte. La sépulture 155 ne contenait quant à elle que des éléments de parure : un torque orné de cannelures longitudinales et transversales, deux bracelets ornés de cannelures et d'incisions, une boucle de ceinture en alliage cuivreux, au moins deux fibules en fer et alliage cuivreux, ainsi qu'une fusaïole en terre cuite. Si les conditions taphonomiques ont favorisé la bonne conservation des mobiliers céramiques et métalliques (terrain abondamment drainé et contraintes mécaniques très faibles), nous ne disposons en revanche que de peu d'informations sur les objets en matériaux périssables, tels que le bois ou le cuir. Ces éléments sont néanmoins à prendre en compte, notamment pour la poignée de l'épée ou son fourreau. Le mobilier céramique et métallique s'intègre parfaitement dans un contexte chronologique de la phase finale du premier âge du Fer (Hallstatt D2/D3). Si les contenants en terre cuite se rattachent aux faciès aquitains (en particulier au groupe landais défini à la fin des années 1970 par Jean-Pierre Mohen), les objets en alliage cuivreux semblent attester des relations avec les Pyrénées et le sud-est de la France, notamment le Languedoc. La zone 2 D'autres structures ont été mises au jour dans le secteur nord de la fouille. La découverte d'une aire de stockage de matière première, de plusieurs kilogrammes de scories, de battitures et de quelques petits objets indéterminés en fer permet d'avancer l'hypothèse d'une zone d'activités dévolue à la métallurgie du fer. Deux bâtiments sur poteaux de bois pourraient appartenir à cette phase de l'occupation du site. Les tessons de céramique découverts dans ce secteur appartiennent à un contexte du Moyen Âge. Sépulture 87 en cours de fouille. C. Maitay, Inrap. www.inrap.fr, inrap 2010 Page 2 sur 12

Dégagement des trois couvercles des sépultures S87, S88 et S89. Seule la fosse de la sépulture 87, en bas à droite du cliché, apparaît nettement. C. Maitay, Inrap. www.inrap.fr, inrap 2010 Page 3 sur 12

Sépulture 89 en cours de fouille. C. Maitay, Inrap. www.inrap.fr, inrap 2010 Page 4 sur 12

Épée à antennes en fer et alliage cuivreux, phase finale du premier âge du Fer - La Tène A ancienne. S. Defaye, Inrap. www.inrap.fr, inrap 2010 Page 5 sur 12

Urne en terre cuite de la sépulture 110, avant prélèvement. C. Maitay, Inrap. www.inrap.fr, inrap 2010 Page 6 sur 12

Urne en terre cuite de la sépulture 128. S. Salvé, Inrap. www.inrap.fr, inrap 2010 Page 7 sur 12

La sépulture 155 était accompagnée d'une coupe en terre cuite et d'éléments de parure en fer et alliage cuivreux. C. Maitay, Inrap. www.inrap.fr, inrap 2010 Page 8 sur 12

Sépulture 155 en cours de fouille. C. Maitay, Inrap. www.inrap.fr, inrap 2010 Page 9 sur 12

Sépulture 155 en cours de fouille. C. Maitay, Inrap. www.inrap.fr, inrap 2010 Page 10 sur 12

Torque à décor cannelé, alliage cuivreux, phase finale du premier âge du Fer. S. Defaye, Inrap. www.inrap.fr, inrap 2010 Page 11 sur 12

Boucle de ceinture ajourée en alliage cuivreux, phase finale du premier âge du Fer. S. Defaye, Inrap. www.inrap.fr, inrap 2010 Page 12 sur 12