«BLSE communautaires : attention aux cystites!» Pr. M.-H. NICOLAS-CHANOINE JBC 2016 BLSE β-lactamase à spectre étendu Une histoire 1
Des Pénicillinases (β-lactamases de classe A) aux BLSEs 1960 1980 1995 TEM-1,-2 SHV-1 dérivées de TEM : BLSE dérivées de SHV: BLSE Mutations dans le site actif permettant l hydrolyse des céphalosporines de 3 ème génération. Hydrolyse inhibée par acide clavulanique et tazobactam IP Madagascar 2014 TAZ BLSE dérivée de TEM Test de synergie «en bouchon de champagne» : double disk synergy test (inoculum CASFM 10 6 UFC/ml :ensemencement par inondation ) (Jarlier et al Rev infect Dis: 1988; 10: 867-78, Garrec et al J Clin Microbiol: 2011; 49:1048-57 2
Histoire des BLSE (classe A) 1985 1995 2000 Dérivées de TEM de SHV PER, VEB, GES, BES. CTX-M CTX-M-1 group (>97% identité) CTX-M-9 group (>98% identité) CTX-M-8 group (98% identité) CTX-M-25 group (98% identité) KLUC : K. cryocrescens, KLUG : K.. georgiana CTX-M-2 group (>94% identité) KLUA : K. ascorbata Origine - l a c t a m a s e d e KLUYVERA RICAI 2007 Bonnet R, AAC 2004 3
BLSE CTX-M-1 (souche productrice S à la ceftazidime) BLSE CTX-M-15 (souche productrice R à la ceftazidime) 4
CTX I AZT CAZ S FEP Klebsiella pneumoniae CTX-M-1 Inoculum 10 7 UFC/ml (ensemencement par écouvillon) CASFM 2011 : rechercher les BLSE, mais ne plus interpréter les résultats bruts (changement des breakpoints) E. coli 1 E. coli 2 Inoculum 10 8 UFC ml CASFM/EUCAST 2013 : rechercher les BLSE, mais ne plus interpréter les résultats bruts 5
Évolution de 1995 à 2013 de la distribution relative (%) des entérobactéries BLSE+ selon l'espèce (APHP) % de l'espèce parmi l'ensemble des EBLSE 70,0 60,0 50,0 40,0 30,0 20,0 10,0 0,0 Klebsiella pneumoniae Escherichia coli Enterobacter aerogenes Enterobacter cloacae 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 année 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Incidence des SARM et BLSE 1,40 1,20 1,16 1,23 1,00 0,80 0,60 0,40 0,20 0,00 0,15 SARM Hôpitaux court séjour BLSE Hôpitaux court séjour 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 0,38 6
0,60 E.coli BLSE : % et incidence pour 1000 JH 60 0,50 50 Densité d'incidence 0,40 0,30 0,20 40 30 20 % E.coli parmi les BLSE 0,10 0,00 Incidence EBLSE incidence E.coli BLSE % Escherichia coli 10 0 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 Année 7
E. coli BLSE multi résistant aux antibiotiques (MDR/BMR) Définition Bactérie ayant acquis de la résistance à au moins 3 familles d antibiotiques habituellement utilisées pour traiter les infections qu elle cause Exemple : Au moins une céphalosporine de 3 ème génération (IV), gentamicine et ciprofloxacine. Au moins une céphalosporine de 3 ème génération (IV), ciprofloxacine et cotrimoxazole. 8
Prévalence des E. coli producteurs de BLSE en France (J. Robert, JAC, 2014, 69: 2706-12) Etude Nationale prospective 2011-2012 (ONERBA) 71 laboratoires dont 14 privés, 90148 isolats cliniques de E. coli : 5,1% BLSE + (D Martin, J. Infect 2015, on line, in press) Etude Nationale retrospéctive de cohorte (ONERBA et BPR network) 499 labo privés avec données centralisées dans 43 labo pilotes 51 463 isolats cliniques urinaires de E. coli 3,3% de E. coli BLSE (MDR) 4,8% chez les hommes, 3% chez les femmes p< 0,001 908 patients en nursing home dont 12,1% BLSE + / 3,3 % en ville p<0,001 14% chez les hommes / 11,7% chez les femmes p=0,5 9
«BLSE communautaires : attention aux cystites!» Escherichia coli : résistant (R) aux antibiotiques? 10
Mise en scène / texte de la SPILF 2014 Prescripteur / Bactériologiste IU (Patient adulte) 1 Cystite simple (femmes <75 ans) 2 Cystite à risque de complications 3 Pyélonéphrite simple, à risque de complications//grave 4 IU masculine Escherichia coli : résistant (R) aux antibiotiques? 1 fosfomycine-trémétanol : (se tenir au courant de R) pivmécillinam BLSE? Soraas et al :PloS One Jan 2014 fluoroquinolones (prise unique): BLSE? / nitrofurantoïne : (toxicité) 2 ECBU : antibiogramme, si impossibilité de différer : nitrofurantoïne Si contre-indication : céfixime ou fluoroquinolones BLSE? Mise en scène / texte de la SPILF 2014 Prescripteur/ Bactériologiste IU (Patient adulte) 1 Cystite simple (femmes <75 ans) 2 Cystite à risque de complications 3 Pyélonéphrite simple, à risque de complications//grave 4 IU masculine Escherichia coli : résistant (R) aux antibiotiques? 3 Fluoroquinolones ou C3G IV BLSE? ou aminoside : 1 injection /j//c3g + aminoside 4 Identique aux pyélonéphrites à risque de complications (C3G IV ou fluoroquinolones BLSE?) 11
Prescripteur E. coli BLSE dans les urines? Combien en France? > 3% (Martin D et al. RICAI 2013, Robert J et al. J Antimicrob Chemother 2014, EARS-NET 2013) Comment prédire la résistance par BLSE? Facteurs de risque de E. coli BLSE? Etudes récentes (2012-2015) Sur les facteurs indépendants liés à une infection urinaire (IU) due à E. coli producteur de BLSE chez des adultes et dont les symptômes ont débuté en dehors de l hôpital ou dans les 48 premières heures d hospitalisation. 1. Kung et al. (Taiwan) J Microbiol Immunol Infect 2015 2. Tham J et al. (Suède) Infect Drug Resist 2013 3. Kim et al. (Corée) Infection 2013 4. Soraas et al. (Norvège) PLoS One 2013 5. Kang et al. (Corée) J Clin Microbiol 2012 6. Nicolas-Chanoine et al. (France) PLoS One 2012 Facteur indépendant commun à 50% des études = consommation d antibiotiques, notamment de fluoroquinolones, dans les mois précédents. En cas de pyélonéphrite (1 étude en Corée), un drainage urinaire multiplie le risque par 4,4. 12
Etudes récentes (2012-2015) Sur les facteurs indépendants liés à une IU due à E. coli producteur de BLSE chez des adultes et dont les symptômes ont débuté en dehors de l hôpital ou dans les 48 premières heures d hospitalisation. 1. Kung et al. (Taiwan) J Microbiol Immunol Infect 2015 2. Tham J et al. (Suède) Infect Drug Resist 2013 3. Kim et al. (Corée) Infection 2013 4. Soraas et al. (Norvège) PLoS One 2013 5. Kang et al. (Corée) J Clin Microbiol 2012 6. Nicolas-Chanoine et al. (France) PLoS One 2012 En Norvège, risque multiplié par 21 si voyage récent en Asie, en Afrique ou au Moyen Orient et par 2,2, si baignade dans des eaux naturelles. En Suède, risque si voyage en Asie ou au Moyen orient et hospitalisation l année précédente. En France, le risque est multiplié par 7,7 si au moins un système invasif dans les derniers six mois et par 15,2 si vie en maison collective. Étude française : tout type d infection (62% urinaires) < 48h et > 48h d hospitalisation à l AP-HP : étude cas-double témoin (Nicolas-Chanoine et al. PLoS One 2012) Multivariate analysis of factors associated with a CTX-M-producing E. coli clinical isolate Independent variable Odds ratio P value (95% CI) Comparison with controls C1 Country of birth outside of Europe 2.4 (1.3-4.5) 0.004 Recurrent urinary tract or chronic skin infections 2.9 (1.3-6.9) 0.01 Hospitalised in the preceding 6 months 2.0 (1.1-3.6) 0.01 Having been or being in ICU during the current hosp. 2.3 (1.1-5.0) 0.03 Antibiotic receipt between admission and inclusion 2.0 (1.0-3.8) 0.04 Comparison with controls C2 Country of birth outside of Europe 3.1 (1.4-6.9) 0.005 Female gender 2.5 (1.2-5.2) 0.02 Functionally dependent before hosp. 7.0 (2.1-23.5) 0.002 Recurrent urinary tract or chronic skin infections 8.7 (1.9-39.7) 0.005 Urine drainage in the preceding 6 months 4.4 (1.6-11.5) 0.003 At least one invasive device between admission and inclusion 4.2 (1.6-10.8) 0.003 Antibiotic receipt between admission and inclusion 3.3 (1.5-7.2) 0.003 13
Epidemiology and risk factors for isolation of Escherichia coli producing CTX-M-type extended-spectrum β-lactamase in a large U.S. Medical Center Hayakawa et al. AAC 2013: étude cas-double contrôle Comparison with controls C2 Odds ratio P value Odds ratio P value French study American study Country of birth outside of Europe 3.1 (1.4 6.9) 0.005 Gender F/M 2.5 (1.2 5.2) 0.02 2.59 (1.30-5.14) 0.007 Functionally dependent before hospitalisation. Recurrent urinary tract or chronic skin infections 7.0 (2.1 23.5) 0.002 2.5 (1.4-4.6) 0.002 8.7 (1.9 39.7) 0.005 3.3 (1.7-6.3) <0.001 Urine drainage in the preceding 6 months 4.4 (1.6 11.5) 0.003 4.1 (2.0 8.2) <0.001 At least one invasive device between admission and inclusion. Antibiotic receipt between admission and inclusion. 4.2 (1.6 10.8) 0.003 3.3 (1.5 7.2) 0.003 Non-home residence 2.5 (1.3-4.8) 0.007 Oxyimino-cephalosporins within 3 mo prior to culture 3.2 (1.4-7.4) 0.007 Ah si seulement il y avait une liste des facteurs de risque des E. coli BLSE prête à l emploi!!! Démographie et mode de vie Etre né(e) hors d Europe (Avoir voyagé récemment dans un pays à forte endémicité à BLSE) Vivre en collectivité Etre fonctionnellement dépendant ATCD médicaux Infections urinaires récurrentes ATCD de drainage urinaire Avoir eu au moins un système invasif dans les 6 derniers mois Avoir été hospitalisé(é) dans les 6 derniers mois Avoir pris très récemment des antibiotiques (fluoroquinolones/c3g) Etre connu(e) porteur(se) au niveau digestif d entérobactérie BLSE (pour les bactériémies Denis al. Int J Infect Dis 2015; 39: 1-6) 14
Ah si seulement il y avait un test rapide pour la détection des E coli BLSE dans les urines!!! https://www.google.fr/#q=test+rapide+de+d%c3%a9tection+des+blse+dans+ les+urines&start=10 E-16 : Évaluation du test βlacta sur ECBU www.sciencedirect.com/science/article/pii/s0399077x14701568 de C Viala - 24 juin 2014 - Le test chromogénique βlacta (Bio- Rad) détection rapide des E-BLSE (15 mn) dans les urines 15 sept. 2014 Publication «Rapid detection of extended-spectrum Beta-lactamase producing Enterobacteriaceae from urine using the ESBL NDP test» Nordmann P. JCM août 2014 «Allo, le labo de microbiologie? Bonjour, vous avez le test pour détecter directement les E. coli BLSE dans les urines?» «Oui. Mais nous ne le faisons que pour les patients à risque d infection urinaire à E. coli BLSE.» «Ah bon. Alors, il faut que je recherche les facteurs risques?» «Oui. Vous avez la liste? Sinon on vous l envoie.» 15
Liste des facteurs de risque remplie Test de détection des entérobactéries BLSE dans les urines A bon entendeur, salut 16