REUNION sur les AMENDEMENTS CALCO MAGNESIENS (INRA/R.COLLET/CFBL) CFBL, USSEL, le 12 janvier 2011 9 h 30 Présents : (cf. feuille jointe d émargement) Compte rendu de réunion : (Diaporamas en pièces jointes) En préambule, Michel MOULIN remercie les participants de leur présence pour cette réunion résolument dédiée à tous les partenaires amont de la filière, vu la thématique abordée. Il présente ses excuses pour avoir omis d inviter notre partenaire de la forêt publique. En Limousin, les travaux sur les amendements ont été stoppés par la tempête de décembre 1999, alors qu ils se sont poursuivis dans l Est de la France avec des résultats encourageants. Sur notre territoire donc, un point sur l acquis des données existantes et sur des techniques plus récentes se devait d être fait. 1) Relations «Station Production» pour l Epicéa commun et le Douglas dans le Limousin (Présentation des travaux des années 80) par C.NYS M. NYS rapporte les travaux de l INRA sur les relations sols nutrition production effectués durant les années 1970 80 pour l Epicéa et le Douglas sur le Limousin et l Ardèche. Les points à noter sont : - l importance des éléments Ca, Mg et K, apport de P205 selon les stations. - la supposée fréquence de toxicité aluminique des sols sur une part du Plateau de Millevaches. - les phénomènes d acidification : o soit naturels, o soit artificiels : intensification de la sylviculture, pluie acides (éléments soufrés et azotés de l air) La fertilité minérale des sols forestiers en Limousin est faible, sauf pour le phosphore des sols podzoliques. La production pour l Epicéa commun chute à partir de 1 000 m d altitude pour l Epicéa commun et à partir de 800 m pour le douglas (HD40 ans). Il y a interaction entre altitude et types de sol. D un point de vue nutrition, la consommation de N, Ca et Mg du Douglas est supérieure à celle de l Epicéa. Le Douglas est une grosse pompe à nutriments et un nitrifiant (acidifiant fort). A la suite de l exposé, M.MONTAGNON fait le constat qu il faut prendre en compte le fait de l érosion dans les pentes, car les méthodes préparatoires au reboisement ont peu évolué en Limousin. (Andainage, voir encore dessouchage ) Il pourrait être vain d amender car tout se retrouverait dans les cours d eau. A. de MONTLIVAULT rappelle sur ce point, les efforts de la profession pour trouver des méthodes de plantation moins traumatisante pour le sol (plantation à la mini pelle, plantation mécanisée CFBL au BRACKE PLANTER ) CR REUNION AMENDEMENTS 2011_01_12 Page 1 sur 5
2) Conséquences attendues des amendements sur les stations forestières en milieux acides par A.LEGOUT A. LEGOUT, après avoir rappelé le fonctionnement de l écosystème et les principaux phénomènes qui contribuent à l acidification des sols, décrit les principes et les finalités de l amendement. L évolution des sols amendés depuis 40 ans montre des points tout à fait positifs par rapport aux parcelles «témoin» non amendées. Ceux ci concernent tant le niveau de fertilité que la durabilité de fertilité des sols. Ils ont un impact sur la croissance des peuplements et sur la biodiversité faunistique et floristique (strate herbacée). L.SAY dit que la coopérative est soucieuse de ces équilibres et interroge l INRA si des essais et études ont été menées sur l exportation des rémanents dans le cadre de la production de bois énergie Il est répondu que dans le cas du résineux lorsqu on passe de 8cm à 4cm fin bout lors des exploitations, on exporte 10 à 15% de plus de biomasse de la parcelle, alors que dans le cas du feuillus, lorsqu on fait du bois énergie sans enlever les feuilles, on multiplie par 2 l exportation, alors qu on augmente de 25 % la biomasse prélevé. Toujours en feuillus, dans le cas où les rameaux sont broyés avec les feuilles, on multiplie par 3 la minéralomasse exportée. Actuellement, à titre de garde fou, il existe le guide de l ADEME et prochainement l INRA disposera de modélisations d exportations de biomasse en forêt. M.GRATIA souligne qu en terme d exportation, l andainage des rémanents a un effet local bien pire sur les parcelles. D.JAY se souvient d une étude menée par Jacques RANGER à BREUIL (58) qui avait démontré que le douglas a un impact sur la nitrification qui est fonction de la durée de sa révolution. En autres, on s aperçoit que pour les durées les plus élevées le douglas trouverait son équilibre et impacterait moins sur ce phénomène. A noter, la préparation d une thèse par M.GRATIA (en collaboration avec J.RANGER) sur les facteurs stationnels influant la nitrification sous douglasiaie. O.BAUBET ajoute que qualité de l eau drainée par les bassins versants est sensée être améliorée. L INRA confirme par les résultats obtenus dans les Vosges où sur granit la réponse à l amendement est super évidente, alors que sur grès, elle l est un peu moins. A la demande de M.MOULIN, l INRA précise qu il n a pas été contacté à l occasion de la révision du schéma français de certification forestière PEFC. CR REUNION AMENDEMENTS 2011_01_12 Page 2 sur 5
3) Cas d études : Des anciens essais de fertilisation et amendement dans le Limousin par C. NYS C. NYS présente l expérience mis en place dès 1971 chez M.BRODIN à Couturas (19) dans une propriété gérée par CFBL. Notons l effet positif du calcium apporté, le seuil de carence n apparaissant qu en 1995 pour le potassium. La teneur en phosphore et en potassium dans le sol ont régressé dans le temps quelque soient les modalités. En terme de croissance, seules les modalités N et Ca ont montré des effets positifs significatifs. Effet du Ca est plus fort et surtout plus précoce. Le gain courant estimé grossièrement s élève à 5m3/ha/an entre 15 et 17 ans après amendement. Les essais menés dès 1960 par l INRA, l AFOCEL ou l ONF dans le Limousin, bien qu un peu plus variable, confirment l effet positif d un amendement calcique et mériteraient d être valorisées et poursuivies D. JAY demande si l on a également étudié et observé l impact des amendements sur la régénération naturelle. C. NYS répond qu on n a pas de références scientifiques, mais on constate une réponse positive. M. de MONTLIVAULT déplore qu on n ait pas également une approche de fertilisation plant par plant. M.COLLET pense que les apports apportés au pied donnent de très bon résultats mais qu il subsiste un risque que le développement racinaire reste trop localisé (répercussion sur la stabilité) Il considère qu il est important avant de bien connaître le statut minéral du sol et de procéder à d'éventuelles corrections sur la totalité de l emprise pour un effet beaucoup plus durable. Il est précisé que des études et essais menés par FCBA (ex AFOCEL) montrent une efficacité remarquable sur la croissance juvénile des Douglas (Il s agit là d apports en P205). Cette technique est pratiquée par CFBL selon les stations rencontrées. JY. GAUTRY demande si à l instar des techniques développées en Suède (plus 1,2 Million de tonnes), il a été envisagé de procéder à l épandage des cendres des chaufferies bois. Contenant des minéraux tels que le K et P, elles pourraient être complétées par des apports de Ca et Mg. C. NYS répond que d un point de vue scientifique, il n y aurait pas de souci, mais que ce n est pas mûr d un point de vue technologique et de normalisation. CR REUNION AMENDEMENTS 2011_01_12 Page 3 sur 5
4) REGESOL : Un logiciel d évaluation des besoins en amendement (et fertilisation) pour les stations forestières par C.NYS. C. NYS présente la carte nationale des régions fortement concernées par les amendements : Landes, Vosges, Ardennes, Sologne, Bretagne et Massif Central. Au travers de l exemple de la Forêt de CHABET dans la Nièvre, il présente le protocole d utilisation du logiciel REGESOL développé par l INRA. A partir de prélèvements de sols, le logiciel calcul l amendement à apporter pour le maintien ou la restauration de la fertilité du sol. Il intègre toutes les données : type de sols notamment au travers de la caractérisation de l humus, fertilité de la station, typologie de peuplement (normes spécifiques à chaque essence et en fonction de l âge). Il prévoit également le retour prévu par les rémanents. La qualité de la sylviculture (mélange, densités, tassement, gestion des rémanents) est un complément essentiel pour maintenir la fertilité des sols. A ce sujet, A.LEGOUT rappelle l étude menée par l INRA sur le tassement des sols à l exploitation. 5) REGESOL et la représentation cartographique (SIG) par A.LEGOUT Ensuite, A. LEGOUT, au travers des travaux réalisés dans les VOSGES suite à la sécheresse de 2003, expose le processus d interprétation cartographique et d extrapolation de l analyse à un massif forestier. Celui ci se réalise à l aide du croisement SIG des différentes couches géologiques, pédologiques, climatiques et peuplements forestiers. Ces travaux on été facilités par l expertise de l ENGREF et l IFN. Le pixel de précision de la couche des peuplements est par exemple de 50mx50m alors qu elle est de 2 à 3 ha sur le reste de la France. En moyenne, quand ces éléments sont présents, il faut compter une analyse de sol pour 30 à 50ha de forêts. La couche SIG final avec les différentes préconisations de l INRA est remise au maître d œuvre qui peut l insérer dans son système. 6) Réalisation pratique d un dossier REGESOL, de l échantillon à l application par R.COLLET. R. COLLET aborde ensuite l aspect opérationnel d amendement en forêt. Il se déroule en 5 phases : contact initial : définition du besoin et de l existant, préparation du travail travail de terrain : relevés analyse : laboratoires + traitement REGESOL rapport détaillé au maitre d ouvrage, mise en place de l amendement (si nécessaire). Les coûts d ingénierie pour un bloc de 600 ha s élève à + ou 9 /ha. L analyse de sol INRA Arras revient à 69.92 HT (tarif 2010) Les différentes techniques d épandage (au sol ou aérien) sont abordées (avantagesinconvénients). Noter l existence de turbines montées sur porteur permettant de traiter sur 30m avec un rendement de 50ha/jour. CR REUNION AMENDEMENTS 2011_01_12 Page 4 sur 5
Pour le traitement aérien fait à l hélicoptère, il nécessite une surface minimum de 100ha avec des frais fixes de 700 HT (coût du déplacement A/R de l engin). Les prix à l hectare varient de 800 /ha pour 50ha à 600 /ha pour plus de 500 ha. (produits inclus) Devant ces coûts, D. JAY s interroge sur la capacité à développer ce genre d opérations dans des territoires où la surface moyenne de propriété est 2ha50 en plus de 6 parcelles (Livradois Forez par exemple. D autre part, les organismes de développement n ont de cesse que de promouvoir la réduction des coûts de reboisement pour relancer l investissement en forêt. L. SAY rappelle que de nombreuses situations sont bloquantes sur le plateau de MILLEVACHES et qu il faut mieux faire investir un propriétaire avec toutes les garanties de réussite, que de le faire investir dans un projet de reboisement qui ne marchera pas. M. MOULIN précise que le traitement au sol réalisé par CFBL à PEYRELEVADE (épandeur agricole) ne représente pas du tout le même investissement par ha, améliorant par la même le retour sur investissement. O.BAUBET rejoint L.SAY, en confirmant que le cas du plateau de MILLEVACHES est un réel problème qui mérite d être remonté, notamment dans le cadre de la révision des orientations régionales forestières. (lobbying) Pour ce cas précis, il estimerait logique que des aides publiques viennent diminuer l autofinancement des producteurs (contribution positive à des critères de gestion durable). C.NYS ajoute qu une étude en Normandie a montré que le coût de l amendement (ingénierie + épandage) représentait en moyenne 9% du coût total de reboisement. La séance de travail est levée à 12h30. Pour CFBL, Michel MOULIN CR REUNION AMENDEMENTS 2011_01_12 Page 5 sur 5