Comment aider les familles?

Documents pareils
L aide aux aidants. Psychologue clinicienne. Capacité de gériatrie mars 2009

Le référentiel professionnel du Diplôme d Etat d Aide Médico-Psychologique

LES RÉFÉRENTIELS RELATIFS AUX ÉDUCATEURS SPÉCIALISÉS

PROJET VIVRE, HABITER ET TRAVAILLER DANS LYON ET LE GRAND LYON

Diplôme d Etat d infirmier Référentiel de compétences

Définition, finalités et organisation

«Séniors et adaptation du logement»

ANNEXE I REFERENTIEL PROFESSIONNEL AUXILIAIRE DE VIE SOCIALE CONTEXTE DE L INTERVENTION

ANNEXE I REFERENTIEL PROFESSIONNEL AUXILIAIRE DE VIE SOCIALE CONTEXTE DE L INTERVENTION

Stratégie d intervention auprès des élèves présentant des comportements et attitudes scolaires inappropriés

Santé Travail Lille 2014

Le décret du 2 mars 2006 a institué le Diplôme d Etat d Aide Médico-Psychologique de niveau V.

APRES TOUT ACTE DE MALTRAITANCE. 3. Elaboration des recommandations de pratique. 4. Diffusion au personnel des recommandations.

Droits et aides pour les aidants familiaux «Être aidant être soi» Prendre soin de soi c est prendre soin de l autre.

ATELIER 2: Les «bénéfices psychologiques» de l ETP: psychothérapie, thérapie cognitivocomportementale. quels équilibres?

Annexe 2 Les expressions du HCAAM sur la coordination des interventions des professionnels autour du patient

Précarité sociale et recours aux soins dans les établissements de soins du Tarn-et-Garonne

Centre Régional de soins Psychiatriques «Les Marronniers» MSP

Calendrier des formations INTER en 2011

Résidence MBV Les FIGUERES -Capendu-

Des solutions sur mesure, pour une médecine optimale.

L obligation de négocier sur la pénibilité dans les entreprises. Premiers éléments de bilan. Direction générale du travail

troubles comportementaux aigus et/ou cognitifs tous les intervenants de l entreprise Prise en charge immédiate sur le lieu de travail.

L articulation Hôpital de jour Accueil de jour

La psychothérapie. Se poser les bonnes questions

La santé. Les établissements de l entité Mutualité Santé Services

Equipe mobile SMES CH Sainte-Anne (Paris)

TROUBLES ENVAHISSANTS DU COMPORTEMENT (TEC)

LES PROFESSIONNELS DE LA SANTE

Ministère chargé de la santé Diplôme d Etat d infirmier. Portfolio de l étudiant

CAHIER DES CHARGES INFIRMIER-ÈRE DIPLÔMÉ-E

Santé et société. Maltraitance envers les personnes âgées. Une recherche en partenariat. pour répondre au mieux aux besoins du terrain?

Epilepsies : Parents, enseignants, comment accompagner l enfant pour éviter l échec scolaire?

Le Domicile Collectif FTVS ( Foyer de Transition à la Vie Sociale)

RECO. Définition des bonnes pratiques de prévention dans les centres d appels téléphoniques R.470

L ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT EN 15 QUESTIONS - RÉPONSES

2È JOURNÉE NATIONALE DE FORMATION DES PHARMACIENS CANCER ET ACCOMPAGNEMENT DU PHARMACIEN : UN PREMIER PAS VERS LA RÉSILIENCE.

Action sociale. Nos actions dans le domaine du handicap. L Action sociale vous accompagne dans les moments importants de votre vie

La prise en charge d un trouble dépressif récurrent ou persistant

Anne DELCHER Pôle Médecine et Gériatrique de Saint-Nazaire SGOC La Rochelle 7-8 juin 2013

PSYCHOSOMATIQUE, RELAXATION, PSYCHOTHERAPIES A MEDIATION CORPORELLE

La prévention : caractéristique du positionnement de la Mutualité Française sur l ensemble de son offre

GENER'ACTION Formation

Assurance-maladie complémentaire (LCA)

Évaluation et recommandations

QUESTIONNAIRE DE DIAGNOSTIC RAPIDE DES NIVEAUX DE CPO ET TMS EN ETABLISSEMENTS DE SOIN

Le référentiel RIFVEH La sécurité des personnes ayant des incapacités : un enjeu de concertation. Septembre 2008

Page1 LE DROIT AU RESPECT DE LA DIGNITE

MONITEUR-EDUCATEUR ANNEXE I : REFERENTIEL PROFESSIONNEL. Le moniteur-éducateur intervient dans des contextes différents :

Quel avenir pour les équipes mobiles de soins palliatifs?

dans la Loire... I ACCUEILS DE JOUR

Nouveaux rôles infirmiers : une nécessité pour la santé publique et la sécurité des soins, un avenir pour la profession

ACCUEIL DE JOUR ET HEBERGEMENT TEMPORAIRE POUR PERSONNES AGEES EN POITOU-CHARENTES

Le retour au travail après une absence prolongée en

Esprit critique et dérives psychologique

Dr Agnès Caillette-Beaudoin, Medecin-directeur, Calydial (Lyon)

SUPPLEMENT AU DIPLÔME

A - Nomenclature des préjudices de la victime directe

PERSONNEL PROFESSIONNEL DES COMMISSIONS SCOLAIRES FRANCOPHONES. Comité patronal de négociation pour les commissions scolaires francophones

7 octobre 2014 Entretiens Jacques Cartier

Un regard différent, une approche différente

DOSSIER D INSCRIPTION

I. Qu est ce qu un SSIAD?

Pour certains, la maladie est assimilée à une faiblesse (consulter constitue un aveu de défaillance physique).

NOM DE L ETABLISSEMENT : CENTRE DE SOINS DE SUITE ET DE READATATION EN ADDICTOLOGIE «MARIENBRONN»

PRESENTATION DU RAPPORT DU GROUPE DE TRAVAIL DU CONSEIL NATIONAL DE L AIDE AUX VICTIMES SUR LA PRISE EN CHARGE DES VICTIMES EN URGENCE

Information aux patients et à leurs proches. Espace médiation. Lieu d écoute et de dialogue pour les patients et leurs proches

Transformez votre relation au monde!

M2S. Formation Management. formation. Animer son équipe Le management de proximité. Manager ses équipes à distance Nouveau manager

Démence et fin de vie chez la personne âgée

BRANCHE DU NÉGOCE ET PRESTATIONS DE SERVICES

Accompagnement de fin de vie des enfants et adolescents polyhandicapés en établissements et services médico-sociaux

COMPTE-RENDU D ACCREDITATION DE LA CLINIQUE LA LIRONDE. Saint-Clément-de-Rivière Saint-Gély-du-Fesc

GHUPC Projet de transformation du site Hôtel Dieu. Pr S CHAUSSADE, Dr I. FERRAND

Notice d information à remettre à l adhérent Contrat n F 14 D 0373

Bonnes pratiques RÉSEAUX SOCIAUX DES

Des formations pour la prévention du stress et des performances managériales

Migraine et mal de tête : des "casse-tête"

L évaluation et l amélioration de l expérience patient en milieu hospitalier : impact du Comité des usagers

Assises Nationales du Maintien à Domicile juin 2000 La douleur Les soins palliatifs. EXPERIENCE DE SOINS D'UNE EQUIPE A DOMICILE Dr AVEROUS

dernier avis d imposition du foyer ; justificatifs des ressources des 3 derniers mois du foyer ; factures acquittées. Aide unique.

PSYCHOLOGUE AU DOMICILE : PRATIQUES SINGULIERES OU PLURIELLES?

APICIL ALTO Evolution

BILAN DE CARRIERE. La convergence de 2 mondes : Les Ressources Humaines Le développement personnel & l engagement relationnel

Or, la prévention des risques psychosociaux relève de l obligation générale de l employeur de protéger la santé physique et mentale des salariés.

NOTRE HÔPITAL S ENGAGE. Au-delà du soin, vous comprendre. Au-delà du soin, vous comprendre

Démarche de prévention des TMS et outils pour l action

DOMAINE 7 RELATIONS ET RÔLES

PROCEDURE SUR DEMANDE D UN TIERS OU EN CAS DE PERIL IMMINENT

L Association Française des AIDANTS et le Groupe PRO BTP, partenaires pour soutenir les aidants

Prise de pos t on concernant I'audition informelle relat ve au rapport du <<Projet-dialogue sur la santé psych que>>

IDENTIFICATION DE CLIGNOTANTS SOCIAUX AU COURS DE l E4M

La notion de soutien dans le cadre d une équipe belge de soins palliatifs à domicile INTRODUCTION

Instructeur du dossier : Adresse : Téléphone :

Organisation - Organisatie. Avantages - Voordelen. Mutualité socialiste du Centre, Charleroi et Soignies 317

INAUGURATION Du service de Pédiatrie Dossier de presse JEUDI 14 NOVEMBRE 2013

NOM : Prénom : Date de naissance : Ecole : CM2 Palier 2

«Politique des ARS pour les seniors»

2O14 LIVRET D ACCUEIL DES RESIDENTS. EHPAD Les Savarounes, 1 rue du Roc Blanc CHAMALIERES Tel : Fax :

GUIDE PRATIQUE déplacements professionnels temporaires en France et à l étranger

Transcription:

Comment aider les familles? Anne Moreau Psychologue coordinatrice Capam Libr âgé Comment aider les familles? Et si on leur posait la question? En référence à une recherche réalisée au Québec et basée sur la mise en avant des «besoins» des familles, je proposerai diverses pistes de soutien aux familles, existantes ou à mettre en place. Pour commencer, j insisterai sur un préalable indispensable : que la famille accepte l aide et le soutien proposé, qu elle soit demandeuse. 1. ECOUTE - PAROLE - COMMUNICATION Le premier soutien est d être disponible pour ces familles, leur proposer de l aide, un accompagnement. C est le premier pas important. Reconnaître les difficultés de la famille, ne pas les nier Aider les familles à reconnaître leurs limites, les exprimer et apprendre à les respecter 0800 30 330 Rue du Couvent, 106 B - 4020 Liège Page 1

Reconnaître l investissement de la famille, leur donner une place dans l accompagnement réalisé Les familles sont le plus souvent émotionnellement investies à l égard de la personne âgée, et à son écoute, dès lors, il est nécessaire d être à l écoute des familles aussi Mettre des mots sur des gestes et comportements pour respecter l autre, lui permettre de se sentir écouté, entendu Eviter tout jugement de la famille ; à défaut en effet, le risque est grand que celle-ci se referme et que tout soutien devienne impossible 2. INFORMATION Donner des explications et de l information sur les pathologies des personnes âgées, sur leurs besoins Diffuser l information relative aux services d aide à domicile ou tout autre service Favoriser l accès aux démarches existantes au niveau juridique, au niveau administratif et ce, en terme de défense ou encore d amélioration de la «qualité de vie» 3. RESEAU SOCIAL ELARGI Renforcer le réseau social de la famille : insister sur l importance des relations sociales à l extérieur. Il est nécessaire que les membres de la famille conservent des relations sociales autres que les relations avec les parents dont ils s occupent. Elargir le réseau d aidants familiaux vers la famille plus large et/ou les voisins 0800 30 330 Rue du Couvent, 106 B - 4020 Liège Page 2

4. TRAVAIL EN RESEAU AVEC LES FAMILLES Soutenir et développer les initiatives de travail ambulatoire pour les personnes âgées et leur famille Le travail multidisciplinaire s axe sur l entourage aussi et pas uniquement sur les personnes âgées Soutenir les aidants naturels en leur permettant de reconnaître leurs limites par rapport aux moyens à mettre en œuvre pour donner les soins nécessaires, les déculpabiliser de faire appel à de l aide extérieure Mobiliser les compétences des familles Pour terminer, je dirais que si nous évitons de maltraiter les familles, celles-ci éviteront de maltraiter leurs aînés. «Il n existe pas de meilleur exercice pour le cœur que de se pencher pour aider quelqu un à se relever.» John A. Holmes 0800 30 330 Rue du Couvent, 106 B - 4020 Liège Page 3

Dr Liliane Péju Médecin, Chef de Service Court Séjour Gériatrique Consultation Mémoire du CH Alès Les Consultations-mémoire Rôle de diagnostic, d information et de formation, de soutien médico-psycho-social aux professionnels et aux familles, de mise en place du projet de soins et du plan d aide, du suivi en partenariat, dans la recherche. La Consultation du CH Alès : Les patients vivent dans une très grande majorité à leur domicile, seuls ou entourés d un aidant, viennent dans la majorité des cas accompagnés, dès la première consultation. L entretien avec le patient et sa famille: préliminaire à toute investigation neuropsychologique permet : de prendre connaissance de l autobiographie du patient, de ses antécédents, de l historique des troubles, De repérer les éventuels déficits cognitifs, neurologiques, psychiques, de façon globale, informelle, nous guidant ainsi dans la poursuite du bilan, De ressentir le vécu des troubles par le patient et son entourage, De repérer d éventuel dénis, D apprécier le retentissement psychologique de la situation sur les protagonistes. Définition de l aidant : Selon le temps passé, Le type d aide, La proximité géographique, 0800 30 330 Rue du Couvent, 106 B - 4020 Liège Page 4

Le ressenti du patient Celui qui vient consulter avec le patient: conjoint (50%), enfant (fille surtout), ami, professionnel Annonce du diagnostic: diagnostic précis, explicité, relativisé en rapport avec le stade de la maladie du patient,en sachant que celui-ci est devenu implicite pour certains membres de la famille, et même pour le malade lui-même. Diagnostic précoce De plus en plus fréquents, concernent des personnes qui restent autonomes au quotidien. Informer, en positivant, Insister sur le fait qu il y a autant d expression de la maladie que de malades. Consultations de suivi Evaluation de l évolution de la maladie sur le plan mnésique, comportemental, de l autonomie. Temps de parole de l aidant. Evaluation de la nécessité de soutien à domicile. Espace d écoute de l aidant, mais aussi du reste de la famille, face à l onde de choc émotionnelle que crée la maladie dans l entourage du patient. Accompagnement voire psychothérapie, thérapie familiale. Introduction des professionnels : Dualité: plainte d un niveau d aide insuffisant, mais faible utilisation du niveau d aide existant : Paramètres financiers, Méfiance, culpabilité, gène, Manque d information, 0800 30 330 Rue du Couvent, 106 B - 4020 Liège Page 5

Refus du malade. Le fardeau des familles n est pas en rapport avec le statut cognitif du patient, mais avec son comportement. Repérer le seuil de tolérance. «Il se met en danger si n est pas surveillé», la dépendance de l aidant à l égard du malade, dans ce cas, fait de cette situation la plus mal vécue. Ces troubles du comportement génèrent : Des conflits familiaux, Une dépression de l aidant, Des maltraitances, Des décisions d institutionnalisation en urgence, par épuisement de l aidant. Actions Traiter la dépression de l aidant, Renouveler les informations sur la maladie, Favoriser les attitudes de tolérance, Guider face aux troubles du comportement. Accompagner dans la décision d institutionnalisation, sans décider à la place des personnes concernées, en sachant qu il y a bouleversement des projets de vie antérieurs, «nous ne vieilliront pas ensemble», des promesses précédemment faites Insister sur les éléments positifs qu apportera cette décision. 0800 30 330 Rue du Couvent, 106 B - 4020 Liège Page 6

Philippe Guillaumot Responsable du département de Géronto-psychiatrie du Centre Hospitalier des Pyrénées (Pau) RIFVEL France Alors qu il y a une dizaine d années, les débats laissaient penser que «l aide aux aidants» n avait pas encore obtenu sa légitimité, cela ne semble plus le cas aujourd hui. Une responsable de Centre local d information et de coordination d une ville de moyenne importance (Pau) lance une invitation aux partenaires pour partager notre expérience à ce sujet et c est au moins une douzaine de personnes qui répondent, se considérant déjà engagées dans une telle action, dont le contenu et les modalités sont le plus souvent peu ou mal connus des autres. Quels sont les termes représentant les objectifs retrouvés le plus souvent? Lutter contre l isolement, informer (sur quoi?), orienter, parler des difficultés, évaluer le retentissement de l aide, aider à se situer entre le soin et le rôle d aidant, soutien dans les choix difficiles, mesurer et aider à soulager la souffrance par la détente, ou des sorties avec le malade, travailler sur la séparation, sur le déni tant de l aidant que du malade, repérer et dépister les dysfonctionnements, anticiper pour éviter l épuisement, estimer le niveau d urgence au moment de la préadmission en maison de retraite, pérenniser les acquis de l accueil de jour, former les aidants salariés (manutention, hygiène, assistant de vie), prendre en compte la culpabilité de l aidant. Tout un programme! Comment est-il mis en œuvre? Par des groupes de soutien, de discussion (de parole) animés en partenariat social, de libre expression, de détente. Par des réunions d information avec ou sans thème, plus ciblées sur les problématiques du moment, animées ou non par des psychologues. 0800 30 330 Rue du Couvent, 106 B - 4020 Liège Page 7

En mettant en place des prestations d hébergement temporaire, d accueil de jour. En finançant les associations de famille, Par des visites à domicile, En pointant les problèmes économiques du coût des institutions, le manque de lits médicalisés, conventionnés, d unités spécialisées, le manque de personnel (qualitatif et quantitatif). Chercher à repérer et intervenir en amont de l épuisement? Surtout en cas de déni du malade ou des aidants? en impliquant la famille élargie. En créant une maison des aidants? En créant une consultation spécifique de guidance familiale (socio-psychiatrique)? En conceptualisant l existant : quelles sont les problématiques perçues? et les réponses construites? Comment mettre en synergie toute cette richesse de proposition? Pour notre part, Département de Gérontopsychiatrie, nous allons revisiter les contextes qui nous ont permis de construire une certaine forme de réponse, de façon à chercher nos complémentarités. 0800 30 330 Rue du Couvent, 106 B - 4020 Liège Page 8