ASPHALTE RÉALISATION 47 Rénovation contre la montre pour les terrasses parkings de la Porte de Versailles Sur la toiture-terrasse du hall 7 du parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, les travaux de rénovation de l étanchéité du parking doivent répondre à une double contrainte : recréer un système résistant et durable tout en intervenant dans des délais très serrés. Adeline Dionisi Les intervenants Maître d ouvrage Viparis Maître d ouvrage délégué Espace Expansion Maître d œuvre Valode & Pistre architectes Entreprise d étanchéité Smac Produits d étanchéité Membrane Hyrene TS (Axter) Protection du joint de dilatation Dilapark (Smac) La première phase des travaux de rénovation du parking (20 000 m 2 ) a été réalisée en six mois. L utilisation d un finisseur pour le coulage de la couche de roulement en asphalte s est imposée en raison de l importance de la surface concernée. Smac Smac Une étanchéité défaillante, des fuites dans les espaces salons, une isolation inexistante Edifiée il y a plus de 30 ans, la toiture-terrasse parking du hall 7 du parc des expositions de la Porte de Versailles, avait besoin d un sérieux coup de jeune. Près de 25 000 m² et 1 200 places de stationnement étaient concernés par cette opération. Les travaux de réfection ont débuté en juin 21 par une première tranche de 20 000 m², achevée en octobre de la même année. «Cette phase devait impérativement être terminée avant le mois de novembre 21, pour Batimat», insiste Jean- Philippe Fois, conducteur de travaux chez Smac, en charge du chantier. Quant à la deuxième phase, concernant les 5 000 m² restants, elle est en cours. La livraison est prévue pour la fin de l été. Ces contraintes de temps s expliquent par l usage du bâtiment. En effet, les travaux ne doivent pas perturber l organisation des différents salons et l accueil des visiteurs. Deuxième exigence : le nouveau complexe d étanchéité se devait de résister durablement aux sollicitations des véhicules tout en remédiant aux points de faiblesse de la conception initiale. Isolation inversée Travaux préparatoires : arracher le revêtement d étanchéité mixte existant (membrane bitumineuse et asphalte) de type B3A et reprendre une chape de béton allégé. Le choix a été
48 RÉALISATION ASPHALTE ÉTANCHÉITÉ.INFO #34 juin 22 La rénovation du pa complexe au niveau structure. 03 03 & Le revêtement d étanchéité bicouche en bitume élastomère SBS a été posé en indépendance. Les engravures d origine ont été calfeutrées avec un isolant thermique en perlite expansée. 06 1 200 mètres linéaires de joints de dilation ont été réhaussés sur costière béton. Pyc Pyc Pyc Pyc 06 fait de recourir à une isolation thermique inversée. Ainsi, une membrane d étanchéité bicouche élastomère SBS, dont la première couche a été posée en indépendance, est associée à un isolant thermique en polystyrène extrudé de 6 cm d épaisseur et d une couche drainante. L isolation inversée joue ici plusieurs rôles. Thermique tout d abord, le bâtiment ayant vocation à recevoir du public. Ensuite, elle protège la membrane d étanchéité pendant les travaux du projet ainsi qu en phase d exploitation. Elle permet également une meilleure répartition de la charge. Au-dessus, c est une protection lourde en béton armé de 8 cm d épaisseur qui est coulée sur le complexe. Enfin, la couche de roulement en asphalte de 22 mm d épaisseur vient achever l ensemble. «Au total, ce sont 1300 tonnes d asphalte qui seront coulées. Pour la première phase des travaux, nous avons utilisé un finisseur. Avec ce type de grande surface, l usage de la machine est indispensable notamment en raison de la pénibilité de la tâche. De plus, le gain de temps est conséquent», explique Jean-Philippe Fois. Après un mois de coulage quotidien et le temps de déshuilage de l asphalte, le marquage au sol peut être mis en place. Pour les 5000 m 2 restants, la mise en œuvre se fera manuellement. Mise en conformité La dalle de béton de 25 000 m² est compartimentée en une soixantaine de zones de 400 m² chacune. Sur les 1 600 mètres linéaires de joints de dilatation, 600 mètres sont positionnés sous caniveaux. Pour les autres, une mise en conformité était
ASPHALTE RÉALISATION 49 rking du hall 7 a donc remis le des exigences requis pour une telle nécessaire. «Auparavant, ils étaient plats ce qui provoquaient de nombreuses fuites», souligne Jean-Philippe Fois. En effet, en cas de défaillance de l étanchéité, ils constituent une issue naturelle pour les eaux d infiltration. Ils sont aujourd hui rehaussés sur costières béton. La protection des joints est, quant à elle, constituée de profils en aluminium extrudé associés à une membrane d étanchéité spécifique. Autre étape clé du chantier : le traitement des 1 200 mètres linéaires de relevés sur acrotères. «Nous ne pouvions pas utiliser les engravures d origine car nous avons rehaussé le complexe de 9 cm par rapport à l existant», précise le conducteur de travaux. Elles ont donc été calfeutrées avec un isolant thermique en perlite expansée servant de support au nouveau relevé d étanchéité. L ensemble est protégé par un enduit ciment grillagé complété en tête par un béquet béton préfabriqué. La rénovation du parking du hall 7 a donc remis le complexe au niveau des exigences requis pour une telle structure. Les délais serrés ont influé en partie sur le choix des techniques et des matériaux. À ce jour, aucun retard n a été pris dans les travaux. l Des caniveaux entièrement rénovés Smac «Les caniveaux sont posés en indépendance par rapport au reste de la structure», décrit Jean-Philippe Fois, conducteur de travaux chez Smac. D origine, ils ont subi une réfection importante. Si la structure métallique a été conservée, les deux longrines béton existantes ont été remplacées. La première permet la mise à niveau par rapport au nouveau complexe et la deuxième intègre des tubes PVC connectés à la couche drainante pour l évacuation des eaux. Quant aux tôles, certaines ont été reprises par rivetage de la nouvelle tôle. L étanchéité a été traitée par une résine polyuréthane résistante aux hydrocarbures. Une bavette métallique est installée sur le support béton et permet de guider l eau. Elle est recouverte par l étanchéité bicouche et protège l isolant comblant le vide entre la tôle du caniveau et le support béton.
50 RÉALISATION végétalisation ÉTANCHÉITÉ.INFO #34 juin 22 Un maximum de végétalisation a été intégré dans la conception du centre de recherche L Oréal. Avec pour objectifs le confort visuel et thermique mais également des capacités de rétention d eau. 03 La toiture terrasse associe végétalisation et protection gravillonnée. Le complexe d étanchéité multi-usage est commun aux deux zones. 03 La végétalisation semi-intensive de la toiture-terrasse visible par les salariés du centre de recherche et d innovation a été conçue par un paysagiste.
végétalisation RÉALISATION 51 Association de solutions pour la rétention d eau chez L Oréal Le nouveau site de L Oréal à Saint-Ouen a largement privilégié la végétalisation de ses toitures-terrasses. Avec comme objectif d allier l esthétisme aux capacités d un système à retenue temporaire des eaux pluviales. A.D. Les intervenants Maître d ouvrage L Oréal Maîtres d œuvre Serau architectes et GSE Entreprise d étanchéité BECI BTP Produits (Siplast-Icopal) Etanchéité : Paradiene BDS et SR4, Preflex + Graviflex Rétention d eau : Nidaroof Cassettes : Hydropack En octobre 21, cinq cents salariés de L Oréal ont investi les 25 000 m² de locaux du nouveau centre de recherche et d innovation capillaire situé à Saint-Ouen (93). Un bâtiment R+3 certifié HQE dans sa conception et sa réalisation. «Il devrait également l être pour son exploitation à la rentrée», ajoute Philippe Fristot, responsable du pôle «service au bâtiment» du groupe. C est notamment pour répondre aux exigences du label qu un maximum de surfaces du bâtiment a été végétalisé, dont la toiture. «La végétalisation répond parfaitement aux contraintes thermiques et visuelles exigées par la certification», souligne Philippe Fristot. Elle participe également à la rétention temporaire des eaux pluviales. Un atout important comme l explique Gilles Rodrigues, conducteur de travaux de l entreprise BECI BTP, en charge de l étanchéité : «La municipalité impose un débit maximum de 15 litres par seconde d eau rejetée dans le réseau communal.» Cette condition devait être remplie pour obtenir les autorisations de construire sur cette ancienne friche industrielle. «La retenue d eau temporaire a été le fil conducteur de notre mission», souligne Gilles Rodrigues. «C est également pour cette raison que nous avons fait installer deux cuves de 60 m 3 chacune. Elles nous sont utiles pour la rétention d eau mais aussi pour l arrosage de nos toitures vertes», ajoute Philippe Fristot. Plaques à structure nid d abeille Pour répondre à cette contrainte omniprésente, un système adapté à chaque typologie de terrasse a été mis en place. Sur les zones exclusivement techniques (3 400 m² agrémentés d un chemin de circulation en dalles béton de cinq centimètres d épaisseur), ce sont les capacités de stockage des gravillons (50 % du volume d eau) qui ont été utilisées. Une couche de quatre centimètres leste le complexe d étanchéité sur élément porteur en béton. Des TTV entretenues quatre fois par an Tous les trois mois, les terrasses végétalisées du centre de recherche de L Oréal font l objet d un entretien complet. Les végétaux tout d abord avec une vérification de leur prise en terre, l arrachage des mauvaises herbes et l ajout éventuel d engrais. Le complexe d étanchéité ensuite avec contrôle visuel et réparation le cas échéant. Les entrées d eaux pluviales reçoivent une attention particulière avec le nettoyage des fentes des dispositifs spéciaux d entrée d eaux pluviales et des garde-grèves. L objectif est de garantir le bon fonctionnement du système de rétention.
végétalisation RÉALISATION 53 Le contrôle des écoulements s effectue par des entrées d eaux pluviales (EEP) dont les dimensions sont déterminées par le débit maximum autorisé. Un déversoir solidaire assure un rôle de trop-plein. Le système d étanchéité, quant à lui, reste classique avec un lit d isolation de 120 mm d épaisseur en polyuréthane et une membrane d étanchéité bicouche en bitume élastomère SBS posée en indépendance totale par interposition d un écran de désolidarisation (voile de verre). Terrasses multi-usage Sur les 2 500 m² de toits-terrasses mixtes combinant zones végétalisées et zones techniques sur élément porteur en béton, les capacités de rétention ont été optimisées avec l utilisation, sous la protection, de plaques à structure nid d abeille en polypropylène. Outre un indice de vide supérieur à 95 %, elles résistent particulièrement bien à la compression. Le procédé peut donc être employé sur la quasi-totalité des toitures, notamment végétalisées. Il repose directement sur le revêtement d étanchéité bicouche en bitume élastomère anti-racine avec, en interposition, un drain assurant l écoulement vers les EEP. L isolant, quant à lui, est en polyuréthane de 120 mm. Le système, posé en indépendance, est commun aux deux zones. «Dans le cas de ces terrasses dites multi-usage, le choix d un complexe d étanchéité présentant les meilleures performances au regard de sa destination s impose, explique Gilles Rodrigues. Il serait ainsi possible de végétaliser, à terme, l ensemble de ces terrasses.» Deux types de végétalisation ont été installés. Le premier est composé d un substrat de sept centimètres sur tapis pré-cultivé extensif, le deuxième combine sedum et plantations semi-intensives (graminées, bulbeuses ). Cette dernière terrasse, visible par les salariés du groupe L Oréal, a fait l objet d une attention esthétique particulière : «Ce tapis végétal a été réalisé par un paysagiste», précise le conducteur de travaux. Il bénéficie d un système d arrosage automatique, approvisionné par les cuves. Les toits-terrasses végétalisés des cinq locaux techniques (1 900 m²) ont été pensés différemment, notamment en raison de l élément porteur en bacs acier nervurés. La végétalisation est ici composée de cassettes précultivées à réserve d eau. Couplé aux propriétés du substrat, ce système permet de réguler les eaux de pluies sur la toiture par absorption et rétention. «La retenue d eau intégrée aux cassettes a motivé notre choix. Le système de rétention temporaire tel que nous l avons utilisé sur la toiture béton n aurait pas été envisageable en raison de la surcharge de poids rapportée sur la charpente», justifie Gilles Rodrigues. Les eaux de pluies collectées sur ces toitures sont rejetées sur les terrasses multiusage situées en contrebas pour être ensuite prises en charge par le système à retenue temporaire. L isolation est assurée par treize centimètres de laine de roche surfacée au bitume et de classe C de compressibilité. Fixée mécaniquement sur le bac, elle reçoit un revêtement bicouche en bitume élastomère anti-racine soudé en plein. l Sur élément porteur en bacs acier, les cassettes à réserve d eau ont été privilégiées pour ne pas créer de surcharge sur la charpente. Sur les zones exclusivement techniques, ce sont les capacités de stockage des gravillons (50 % du volume d eau) qui ont été utilisées. Un patio végétalisé Au centre du bâtiment, un patio est encadré par de larges fenêtres. Il est composé d une végétation abondante longée par un chemin technique en dalles béton et d un platelage bois. Le complexe d étanchéité de la partie végétalisée est composé d un isolant en polyuréthane de 30 mm associé à une membrane d étanchéité posée en indépendance (bicouche bitume élastomère anti-racine). Ici aussi, la retenue temporaire des eaux pluviales est assurée par des plaques à structure nid d abeille en polypropylène. Les dalles béton (50 X 50 X 5) sont positionnées sur plots à vérins pour assurer une uniformité d altitude. Le platelage en bois exotique (IPE) est également surélevé avec des lambourdes posées sur vérins.