Qu est-ce que les CIVE? CI = cultures intermédiaires : des dérobées implantées entre les cultures principales VE = à vocation énergétique : de la biomasse qui peut être valorisée en énergie. Pourquoi les CIVE? Quels objectifs? Les objectifs visés sont : de répondre à la réglementation nitrates en terme de couverture ; de transformer une charge (la CIPAN) en produit ; de produire une culture énergétique ; de ne pas diminuer ou concurrencer la production alimentaire. Les cultures en dérobées présentent plusieurs intérêts agronomiques : piège à nitrates, rôle d engrais vert, coupure sanitaire, diversification de l assolement Elles répondent à plusieurs attentes : complément fourrager, cultures énergétiques, autre marché selon la culture... L implantation d une culture en dérobée n est pas simple. Cela implique de conduire un raisonnement global sur l ensemble des cultures (derrière quelle culture et avant quelle autre) en tenant compte également des conditions de l année (déficit ou non en fourrage, pluviométrie, marché accessible ). La culture en dérobée souffre de moins de marge de manœuvre. En cas d incident il y a peu de possibilités de rattrapage par rapport à une culture principale. Il semble donc intéressant d être en mesure d implanter plusieurs cultures en dérobée et non pas une seule. Les cultures en dérobée apportent aussi une souplesse pour s adapter aux demandes. Comment sont récoltées les CIVE? Pour le moment, la récolte en vert n existe pas : les cultures sont systématiquement ensilées. L ensilage apporte alors un plus pour la méthanisation car la première hydrolyse se fait dans le silo. CIVE ou CIPAN? La directive Nitrates impose un taux de couverture et non des intermédiaires piège à nitrates (CIPAN). Il n y a donc pas d obligation à implanter des CIPAN. Selon le Ministère du Développement Durable, une culture pour être considérée comme CIPAN ne doit pas être récoltée mais détruite. Les CIVE sont à considérer comme une culture à part entière. Implantées en dérobée les surfaces sont considérées comme couvertes, ce indépendamment de leurs destination. Ainsi d autres cultures en dérobées pourraient être envisagées. Il est conseillé aux agriculteurs implantant des cultures intermédiaires de bien enregistrer les travaux faits sur la culture.
N y-a-t-il pas de concurrence alimentaire? Les cultures énergétiques sont très critiquées parce qu elles constituent une concurrence à la production alimentaire. Les CIVE sont des cultures énergétiques utilisées pour la production d énergie (pouvoir méthanogène de la biomasse) mais sont avant tout une culture dérobée avec un objectif de production. En ce sens, elles sont utilisées, au même titre que les CIPAN (cultures se développant entre deux cultures principales et ayant pour but de limiter les fuites de nitrates), pendant des périodes creuses où les parcelles sont habituellement laissées nues, avec tous les inconvénients qu on connaît aujourd hui. De fait, cette production permet le maintien des cultures alimentaires sur l exploitation. Quelles plantes utiliser? L utilisation de CIVE en méthanisation suscite des interrogations liées à de nombreux aspects : modalités d utilisation en codigestion, bilan environnemental Les réflexions sur l utilisation «intelligente» de cultures végétales en codigestion agricole n en sont qu à leurs prémices, dans la mesure où l on ne souhaite pas reproduire le modèle de l Europe du Nord. L utilisation de CIVE ne se limite pas à rechercher la plante de couverture idéale : toutes ont leurs avantages et aussi leurs limites. Les associer semble plus judicieux mais pour cela il faut multiplier les références. Betterave : le tonnage est d autant plus intéressant en méthanisation si on arrive à récupérer les feuilles et à les nettoyer pour éviter la terre. La recherche travaille sur ce point aujourd hui pour adapter la technique au matériel d aujourd hui. Ray Grass : Le ray-grass est un RGI tétraploïde. C est une plante non gelive qui peut présenter l intérêt de réaliser deux coupes, l une en entrée hiver, l autre au printemps. (il est alors possible de semer du blé derrière). Sorgho Le sorgho possède une très grande variabilité génétique 1 et le choix des variétés est à faire en fonction des usages recherchés : - le sorgho grain utilisé en alimentation animale, ou pour la production d'éthanol 2 ; - le sorgho fourrager utilisé en plante entière en tant que fourrage pour le bétail ; - le sorgho sucré sélectionné pour la teneur en sucre de sa tige il peut servir à la production d éthanol, en tant que plante méthanogène ; - le sorgho fibre ou sorgho papetier sélectionné pour la teneur en fibre de sa tige. D autres critères sont à prendre en compte tels que la durée du cycle (plante gélive), le stade de récolte optimum en fonction de l usage (teneur en sucre/amidon, teneur en protéine pour des plantes jeunes). Passé le gel, la plante ne produit plus.
Le sorgho constitue une plante intéressante car elle est relativement résistante à la sécheresse et peu exigeante en azote. Cette plante dispose d un système racinaire profond 3 (plus de 1,70 m de profondeur selon Mr. Sturm, Green Leaf Refinery) Les différents essais réalisés montrent que la date de semis du sorgho est au plus tôt sur juin. Aussi cette plante semble intéressante en tant que CIVE. Les essais réalisés en Lorraine 4 montrent une température minimum de 17 à 18 C pour assurer une bonne levée de la culture. Il faut également un semis superficiel (2 cm 5 ) avec un bon contact solgraine. Quels retours d expérience fin 2011? Différents retours d expériences existent à l Association des Agriculteurs Méthaniseurs de France. Cultures à Bioenergie de la Brie Cinq cultures à vocation énergétiques sont testées par l Earl Quaak en 2011 : le sorgho, le maïs, la betterave, le ray-grass, l avoine. Les implantations sont faites derrière colza, blé, seigle et escourgeon. Pour ce qui est du maïs, des essais ont été faits sur des maïs biomasse, censés avoir un rendement matière supérieur
Essais en Lorraine En Lorraine une double culture seigle ou triticale ensilé en début juin suivi d un sorgho en dérobée produirait potentiellement plus de MS par an : 7/8 T MS de triticale et 6/8 T MS de Sorgho surtout avec les variétés nouvelles spéciales méthanisation, soit une production de matière sèche à l hectare qui peut concurrencer le maïs ensilage.