Colza associé avec un couvert de légumineuses Résultats Lorrains 2012 2013 Le CETIOM expérimente depuis 5 années la technique des couverts associés. L expérience acquise principalement en région Centre a permis l élaboration de solides références, entre autres, sur la mise en place de la culture, le choix des couverts associés et leur densité de semis. Cette technique a montré son intérêt sur les sols argilo calcaires du Berry où la fourniture en azote du sol à l automne limite naturellement les potentiels ; et ce d autant plus qu elle est couplée à du semis direct permettant de réduire les fortes infestations en géraniums souvent pénalisantes dans ce système. Depuis 2 ans, à l instar des expérimentations menées en région Centre, une plateforme sur les colzas associés est mise en place par l équipe du CETIOM de Nancy à Morville sur Seille (54). L objectif est de s assurer de l adaptation des couverts associés au contexte régional et d évaluer les bénéfices potentiels de cette technique innovante dans un système de culture différent de celui du Berry (sol limono argileux, travail du sol, climat Nord Est, flore variée). Ce document fait état des principaux résultats obtenus sur la plateforme expérimentale lorraine depuis 2 campagnes. Un memento sur la mise en place d un colza associé à l automne avec un couvert de légumineuses gélives est par ailleurs disponible sur http://www.cetiom.fr/espacesregionaux/publications documents/regions nord et est/syntheses dossiers rtr/ Expérimentation régionale : 2 années atypiques La mise en place de la plateforme coïncide avec la succession de 2 années extrêmes. La campagne 2012 est marquée par un important développement végétatif à l automne puis par des dégâts de gel de grande ampleur. Alors que la campagne 2013 débute péniblement avec des levées tardives (fin septembre), un très faible développement végétatif ; et se poursuit par un printemps froid et très humide entrainant un retard de végétation de 15 à 20 jours. Les résultats obtenus sur la plateforme ne sont donc pas représentatifs «d années moyennes». Toutefois des enseignements peuvent être tirés. Implantation et développement végétatif L expérience nous a montré que la réussite de cette technique innovante est étroitement liée aux conditions d implantation (impact du travail du sol sur l humidité du lit de semences et la structure du sol, date de semis, climat). Lorsque les conditions sont favorables à l implantation du colza, elles le sont également pour le couvert associé. Il est donc impératif de maitriser au mieux cette étape. Modalité «colza + féverole + lentille», essais CETIOM 2012 et 2013. L automne 2011 est favorable à la croissance des couverts. L automne 2012 est défavorable à l implantation des colzas et des couverts associés. CETIOM Colza associé avec un couvert de légumineuses Résultats Lorrains 2012 2013 21 août 2013 Page 1/5
Le couvert associé limite parfois la croissance du colza à l automne (2 modalités en 2012) mais la biomasse totale produite (colza + association) est toujours supérieure à celle du colza seul. Cela signifie que les ressources du milieu à l automne sont mieux exploitées par un colza en association. Azote absorbé par les couverts Les résultats expérimentaux pour les 35 couverts testés montrent une bonne 30 relation entre la biomasse d un couvert et l azote qu il absorbe. En moyenne, un 25 20 15 couvert de 500 g/m² stocke 25 un dans sa 10 2012 partie aérienne. En 2013, compte tenu des 5 2013 levées tardives et des conditions peu 0 poussantes de l automne 2012, la quantité 0 200 400 600 800 d azote absorbée par les couverts est quasi Biomasse fraiche (g/m²) nulle ( 2 un). Seule l association féverole + lentille se développe relativement et capte 11 un. Azote absorbé (kg/ha) Azote absorbé par les couverts à l'entrée de l'hiver Actuellement, le CETIOM et l INRA poursuivent leurs recherche pour mieux comprendre les mécanismes en jeu autour de l interaction plantes compagnes légumineuses / colza, que ce soit sur la dynamique d absorption de l azote à l automne ou sur le devenir de l azote issu des légumineuses (biomasse aérienne et racinaire) au printemps. Des études récentes (INRA) démontrent en effet l intérêt de l augmentation de la densité racinaire, de l enchevêtrement racinaire et de la modification de la rhizosphère en présence de légumineuses. En première approche, l évaluation de l azote contenu dans les racines est à préciser. Car il semble que ce poste représente une part importante de la minéralisation puis de la fourniture d azote au colza au printemps. CETIOM Colza associé avec un couvert de légumineuses Résultats Lorrains 2012 2013 21 août 2013 Page 2/5
Productivité des colzas associés Un des objectifs visés par cette technique innovante d implantation est d améliorer la productivité de la culture en régularisant les rendements du colza, tout en diminuant si possible la dépendance aux intrants (herbicides et azote). Les rendements mesurés en 2012 et 2013 (résultats provisoires, essai récolté le 13/08/2013) doivent être replacés dans leur contexte de production particulier. Il faut également tenir compte du fait que les colzas associés à l automne ont reçu 30 unités d azote de moins que le colza seul ; et ce, quel que soit le développement végétatif du couvert associé (hypothèse de la fraction racinaire). L objectif de cet abattement est de voir si un ajustement de la dose d azote habituellement pratiquée est possible. En 2012, le rendement réalisé par le colza cultivé sans association et fertilisé avec 140 un est de 30 q/ha. L objectif de rendement de 35 q/ha n est pas atteint dans l essai probablement en raison des conditions climatiques particulières de 2012. Le colza associé avec un mélange «féverole + lentille» et avec le mélange commercial «vesce + vesce + trèfle» de Jouffray Drillaud atteint le même niveau de rendement que le témoin (colza seul) avec 30 un d azote en moins (110 un = dose adaptée au potentiel réel de la parcelle). Par contre les modalités «colza + lentille» et «colza +gesse + fenugrec + lentille» décrochent en rendement. En 2013, d après les résultats provisoires (chiffres susceptibles d évoluer à la marge après abattement des impuretés et ajustement aux normes), le colza seul avoisine les 30 q/ha ce qui correspond à l objectif de rendement fixé a priori pour le calcul de la dose d azote. Le potentiel de rendement n a pas été surestimé, d une part pour tenir compte des très faibles biomasses à l automne, et d autre part, pour ne pas surestimer la dose d azote nécessaire à la culture (140 un sur colza seul) et évaluer la pertinence de l abattement de 30 un sur les colzas associés. Il est intéressant de noter ici que tous les rendements des colzas associés à l automne avec des légumineuses sont équivalents voir légèrement supérieurs au rendement du témoin ; et ce, malgré le très faible développement végétatif des couverts à l automne et l abattement de 30 unités d azote. CETIOM Colza associé avec un couvert de légumineuses Résultats Lorrains 2012 2013 21 août 2013 Page 3/5
En 2014, une modalité colza seul dose X 30 un sera ajoutée pour juger de la pertinence de la dose d azote pratiquée. En effet, la dose X peut être surestimée, auquel cas l abattement de 30 un est sans incidence même pour un colza seul. Effet des couverts et de l herbicide sur le contrôle des adventices Que ce soit dans un contexte de développement végétatif fort (automne 2011), ou très faible (automne 2012), nous n avons pas noté d effet significatif du couvert associé sur la population adventice faible à modérée de ces essais. Une application en post levée précoce de Novall à 1l/ha a permis de gérer une flore simple (matricaire, myosotis, alchémille, 20 plantes/m²) sans trop impacter le couvert associé. En 2013, l enherbement fin avril est jugé très satisfaisant sur les modalités désherbées (note de 1/9) et moyennement satisfaisant sur les modalités non désherbées (note de 3/9). Effet des couverts sur les insectes d automne? Quelques essais dans d autres régions ont montré des effets perturbateurs sur certains insectes d automne, tels que la grosse altise et le charançon du bourgeon terminal. En 2011 en région Centre notamment, les associations à base de féveroles ont montré un certain intérêt vis à vis du charançon du bourgeon terminal. Mais il existe aussi beaucoup d essais où les résultats n ont pas été probants. La plateforme de Morville sur Seille où des cuvettes jaunes étaient positionnées dans chaque modalité de l essai sur un bloc, à l automne 2012, n a pas permis de mettre en évidence un effet des couverts sur le vol de charançon du bourgeon terminal. Le taux d attaque est par ailleurs très faible sur la parcelle. A titre d information, le suivi des Photo L. Jung vols de grosse altise et charançon du bourgeon terminal sur 2 sites de la région Centre à l automne 2012, avec des niveaux de captures beaucoup plus importants qu en Lorraine, n a pas montré de différence significative entre un colza seul et un colza associé. L expérience montre par ailleurs que la date de levée et la dynamique de croissance durant la phase de risque jouent un rôle déterminant pour limiter l impact de ces ravageurs que le colza soit seul ou associé. La question de l effet des couverts sur les insectes à l automne reste donc en suspens. Cependant, les quelques résultats qui nous interpellent nous incitent à poursuivre l étude de cet effet pour comprendre les mécanismes en jeu (interaction dynamique de développement / dégâts, perturbation du comportement des différents ravageurs, sachant que chacun indépendamment peut réagir de façon positive, neutre ou négative) ; et éventuellement, à terme, faire évoluer la stratégie de lutte contre les ravageurs. CETIOM Colza associé avec un couvert de légumineuses Résultats Lorrains 2012 2013 21 août 2013 Page 4/5
Destruction des couverts par le gel, les acquis de 2013 Photo A. Baillet Pied de vesce non gelé dans une parcelle de colza associé à l automne, essai CETIOM 2013. Les levées tardives et le faible développement végétatif à l automne ont limité la sensibilité au gel des légumineuses. Malgré une dizaine de jours sur janvier et février avec des températures minimales inférieures à 5 C, de nombreuses légumineuses disparaissent tardivement comme les lentilles, fenugrec, gesses, trèfle d Alexandrie (Tabor), féveroles alors que d autres sont toujours plus ou moins présentes en fin de cycle. Quelques pieds de vesces communes des mélanges Sem Partners et Soufflet sont présents à la récolte. La vesce commune Nacre de Jouffray Drillaud est également présente mais en quantité moindre et avec une croissance plus faible. La présence de quelques pieds de trèfle d Alexandrie du mélange Caussade semences est également relevée dans une microparcelle au printemps. Ce constat nous rappelle qu il est impératif de semer tôt en ayant conservé un état de fraicheur du sol suffisant (éviter l évaporation et l asséchement avec des travaux tardifs) et de choisir des variétés de vesce commune les plus précoces possibles. En dernier recours une intervention désherbage peut s avérer utile, en hiver avec du Callisto (0.15 l/ha maximum, sur colza développé), au printemps avec du Lontrel (0.3 à 0.4 l/ha). Contact : Aurore Baillet CETIOM Colza associé avec un couvert de légumineuses Résultats Lorrains 2012 2013 21 août 2013 Page 5/5