Ralentissement économique Des entreprises handicapées par la lenteur des réformes



Documents pareils
[ les éco_fiches ] Situation en France :

Les perspectives économiques

Croissance plus lente dans les pays émergents, accélération progressive dans les pays avancés

À Pékin (heure de Pékin) : 11h00, 20 janvier 2015 À Washington (heure de Washington) : 22h00, 19 janvier 2015 JUSQU À PUBLICATION. Courants contraires

Eco-Fiche BILAN DE L ANNEE 2012 QUELLES PERSPECTIVES POUR 2013? 1

Les perspectives mondiales, les déséquilibres internationaux et le Canada : un point de vue du FMI

LE COMMERCE EXTÉRIEUR CHINOIS DEPUIS LA CRISE: QUEL RÉÉQUILIBRAGE?

Enquête sur les perspectives des entreprises

mai COMMENTAIRE DE MARCHÉ

Les dépenses et la dette des ménages

à la Consommation dans le monde à fin 2012

Annexe - Balance des paiements et équilibre macro-économique

LES BRIC: AU DELÀ DES TURBULENCES. Françoise Lemoine, Deniz Ünal Conférence-débat CEPII, L économie mondiale 2014, Paris, 11 septembre 2013

Présentation Macro-économique. Mai 2013

Flash Stratégie n 2 Octobre 2014

LE DOLLAR. règne en maître, par défaut

Hausse du crédit bancaire aux entreprises au Canada

TABLE DES MATIERES. iii

Perspectives économiques régionales Afrique subsaharienne. FMI Département Afrique Mai 2010

Chapitre 4 Comment s opère le financement de l économie mondiale?

Le FMI et son rôle en Afrique

Le RMB chinois comme monnaie de mesure internationale : causes, conditions

Le FMI conclut les consultations de 2008 au titre de l article IV avec le Maroc

TD n 1 : la Balance des Paiements

L accumulation de réserves de change est-elle un indicateur d enrichissement d une nation?

Perspectives économiques régionales du Moyen-Orient et de l Afrique du Nord

Point d actualité. Conseil Economique, Social & Environnemental Régional. Séance plénière 2 février 2015

Les questions relatives aux finances publiques, longtemps réservées aux spécialistes, sont

Wali. Directeur général. commissaire Du gouvernement. conseil. M. Abdellatif JOUAHRI. M. Abdellatif FAOUZI. M. Le Wali. M. Le Directeur Général

Les difficultés économiques actuelles devraient demeurer contenues à moins que les tensions financières s amplifient

Comité monétaire et financier international

Les crédits nouveaux à l habitat des ménages : les tendances à mi 2014

Marchés émergents Misez sur le potentiel de croissance des économies émergentes avec la HSBC

Le Comité de Bâle vous souhaite une belle et heureuse année 2013 Adoption du ratio de liquidité LCR

PIERRE MOSCOVICI, MINISTRE DE L ÉCONOMIE ET DES FINANCES, PRÉSENTE SON PLAN POUR LE RENFORCEMENT DE LA TRÉSORERIE DES ENTREPRISES

Compte rendu Cogefi Rendement Conférence téléphonique du 13/03/15 avec Lucile Combe (gérant)

LA DYNAMIQUE DES PRIX AGRICOLES évolutions fondamentales, financiarisation, spéculation

Cinq ans après le début de la crise financière, l économie

2015 et l investissement en actions : la prise de risque est-elle justifiée?

INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES

MARCHÉ IMMOBILIER DE BUREAUX

CONFÉRENCE TÉLÉPHONIQUE SUR LES RÉSULTATS RÉSULTATS POUR LE TRIMESTRE CLOS LE 31 MARS mai 2015

La finance internationale : quel impact sur l'économie marocaine? 20 Novembre 2012

RAPPORT SUR LA STABILITÉ FINANCIÈRE DANS LE MONDE Avril 2015

Le présent chapitre porte sur l endettement des

LEADER MONDIAL DU PETIT ÉQUIPEMENT DOMESTIQUE

TD n 1 groupe 1 : Vendredi 30 novembre 2007 Bertrand Lapouge Stéphane Perot Joël Maynard

A PLUS FINANCE FONDS DE FONDS

Crises financières et de la dette

Approches macroéconomique et fiscale. Introduction à la première partie... 14

Annexe 1. Stratégie de gestion de la dette Objectif

Le poids de la consommation dans le Pib atteint des niveaux

Institut National de la Statistique - Annuaire Statistique du Cameroun Chapitre 26 : LE CAMEROUN DANS LA ZONE CEMAC

Retour à la croissance

AS Equities Opportunity Switzerland (CHF)

Une porte d entrée vers un nouveau monde. par Sergio Trigo-Paz

Le système bancaire dans la crise de la zone euro. par Michel Fried* (Synthèse de l exposé fait au CA de Lasaire du 21/06/2012)

Les réformes se poursuivent en faveur d une économie française plus compétitive et d un appui renforcé aux entreprises à l export

Le SMI. Chapitre Les origines historiques du SMI actuel Avant la première Guerre mondiale : l étalon or

Montpellier. 24 mai 2011

L Épargne des chinois

Rencontres économiques. Les performances de l économie polonaise, succès européen? 25 juin Synthèse

Raisons convaincantes d investir dans le Fonds de revenu élevé Excel

Info-commerce : Incertitude économique mondiale

Investissements des entreprises au Québec et en Ontario : amélioration en vue?

Les échanges Internationaux. L environnement monétaire international

AVANT-PROPOS. Fonds monétaire international Avril 2012 ii

Quel est le "bon" système de Bretton-Woods?

COMMENTAIRE LES CANADIENS SONT-ILS PRÉPARÉS À UNE HAUSSE DES TAUX D INTÉRÊT? Services économiques TD

UNE MEILLEURE CROISSANCE, UN MEILLEUR CLIMAT

Pourquoi la croissance du commerce international s est-elle essoufflée? Beaucoup d espoir repose sur la libéralisation des échanges commerciaux

Détention des crédits : que nous enseignent les évolutions récentes?

Zone euro Indicateur d impact du QE

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Bienvenue. Procure.ch. Jeudi 26 avril Haute école de gestion Fribourg Haute école de gestion Fribourg

Editorial. Chère lectrice, cher lecteur,

Investissements et R & D

Le marché de l assurance de protection juridique en Europe. Octobre 2013

QUELLE DOIT ÊTRE L AMPLEUR DE LA CONSOLIDATION BUDGÉTAIRE POUR RAMENER LA DETTE À UN NIVEAU PRUDENT?

RAPPORT ANNUEL DE LA BANQUE DE FRANCE

Réunions publiques janvier Présentation du Débat d Orientation Budgétaire

ECONOTE N 18. Société Générale Département des études économiques FRANCE : POURQUOI LE SOLDE DES PAIEMENTS

Études. Des effets de la réglementation des produits d épargne sur le comportement de placement des ménages

Commission des finances

Investir sur les marchés de taux au sein des pays émergents

Informations générales 1 er trimestre Inform La politique monétaire dans le piège des taux bas

Diversification obligataire et recherche de rendement : Un rôle stratégique pour la dette émergente. Insight + Process = Results

b ) La Banque Centrale Bilan de BC banques commerciales)

Perspectives économiques

Amundi Immobilier. Le marché de l immobilier en France 4 e trimestre Tendances. Le contexte macroéconomique

L incidence des hausses de prix des produits de base sur la balance commerciale du Canada 1

Mise à jour risque pays

3 ) Les limites de la création monétaire

Le nouvel indice de taux de change effectif du dollar canadien

Aperçu du rôle que tient EDC dans le succès canadien à Hong Kong et en Chine élargie

Présenté par Michel Sapin, Ministre des finances et des comptes publics. Christian Eckert, Secrétaire d État chargé du budget

ECONOMIE. DATE: 16 Juin 2011

Transcription:

PANORAMA RISQUE PAYS Les publications économiques de Coface Automne 212 FOCUS INDE Par Nina Delhomme et Constance Boublil - Achevé de rédiger le 18 octobre 212 Ralentissement économique Des entreprises handicapées par la lenteur des réformes Le moteur indien tousse mais continue de tourner : il pâtit de la persistance de goulets d étranglement auxquels le pays et ses entreprises doivent faire face pour reprendre leur envol. La croissance n a atteint que 5,3% au deuxième trimestre 212, soit son plus bas niveau depuis neuf ans. Mais la mise en place effective de réformes, qui pourraient faire entrer l dans un nouveau cycle de croissance dynamique, reste incertaine compte tenu du risque d immobilisme politique. Les entreprises pourraient être les victimes collatérales de ces blocages. En 1991, l a connu une crise de change à l origine d une vague de réformes structurelles ayant permis à son économie de croître de près de 7% par an en moyenne au cours des vingt dernières années (et même 9% entre 24 et 27). L fait aujourd hui face à des défis comparables : elle enregistre des déficits budgétaire (proche de 6% cette année contre plus de 8% en 1991) et courant (environ 3% dans les deux cas) élevés. Comme en 1991, le ralentissement de l activité actuel est révélateur de faiblesses structurelles de l économie. Pourtant, l bénéficie d un taux d ouverture peu élevé qui la rend moins vulnérable aux chocs extérieurs et d un secteur des services dynamique (55% du PIB). Le tassement de l activité est certes en partie expliqué par le resserrement de la politique monétaire indienne entre mars 21 et octobre 211 qui pénalise l investissement et le crédit. Mais il révèle également les goulets d étranglement dont l économie pâtit comme le manque d infrastructures et de main-d œuvre qualifiée ainsi que des lacunes persistantes en termes d environnement des affaires. La reprise de l activité, notamment de l investissement des entreprises, dépend de la mise en place de profondes réformes qu un fort immobilisme politique rend difficile et incertaine. Dans quelle mesure ce contexte peut-il affecter les entreprises? En quoi ces lacunes constituentelles des freins à leur croissance? Pour répondre à ces questions, nous nous appuyons notamment sur les résultats d une enquête réalisée par Coface India auprès d entreprises indiennes (1). Inquiétudes des entreprises en et en pour 212 5% 45% 4% 35% 3% 25% 2% % 1% 5% % 16 13 Hausse des salaires 3 17 Politique monétaire restrictive et manque d accès au crédit Concurrence vive Hausse du cours des matières premières et de l inflation (1) Enquête réalisée par Coface India en décembre 211 auprès de 988 entreprises pour éclairer leur comportement de paiement et répertorier leurs préoccupations pour l année 212. 2 27 27 43 RESERVE Le présent document reflète l opinion du département études économiques et risques pays de Coface, à la date de sa rédaction et en fonction des informations disponibles ; il pourra être modifié à tout moment. Les informations, analyses et opinions qu il contient ont été établies sur la base de multiples sources jugées fiables et sérieuses ; toutefois, Coface ne garantit en aucun cas l exactitude, l exhaustivité ou la réalité des données contenues dans le présent document. Les informations, analyses et opinions sont communiquées à titre d information et ne constituent qu un complément aux renseignements dont le lecteur dispose par ailleurs. Coface n a aucune obligation de résultat mais une obligation de moyens et n assumera aucune responsabilité pour les éventuelles pertes subies par le lecteur découlant de l utilisation des informations, analyses et opinions contenues dans le présent document. Ce document ainsi que les analyses et opinions qui y sont exprimées appartiennent exclusivement à Coface ; le lecteur est autorisé à les consulter ou les reproduire à des fins d utilisation interne uniquement sous réserve de porter la mention apparente de Coface et de ne pas altérer ou modifier les données. Toute utilisation, extraction, reproduction à des fins d utilisation publique ou commerciale est interdite sans l accord préalable de Coface. Le lecteur est invité à se reporter aux mentions légales présentes sur le site de Coface.

Les publications économiques de Coface Automne 212 2 Les inquiétudes des entreprises face à la hausse du cours des matières premières, l inflation, une vive concurrence domestique La dépendance énergétique de l explique une forte vulnérabilité des comptes extérieurs aux cours des matières premières notamment du pétrole et du charbon utilisés principalement pour la production d électricité. Le pays détient pourtant des gisements importants mais ils n ont pas suffi à satisfaire la hausse de la demande ces dernières années. Ainsi, l importe les trois-quarts de sa consommation de pétrole, ce qui représente 31% de ses importations en 21/11. Les cours élevés du pétrole (prix moyen du baril de brent de 113$ (2) attendu en 212 contre 18$ en 211 et 8$ en 21) et la dépréciation de la roupie indienne renchérissent les coûts énergétiques auxquels les entreprises doivent faire face. Cela affecte leurs marges et entraîne une hausse des incidents de paiement. répercute sur les prix des produits manufacturés et des services, leurs coûts de production étant renchéris par la hausse des salaires (elle-même induite par la progression de l inflation). L indice des prix de gros (3) (WPI) reste à un niveau relativement élevé (7,8% en septembre 212) et le nouvel indice des prix à la consommation a progressé de 9,7% sur un an en septembre. Cette situation pèse fortement sur les décisions d investissement des entreprises qui voient leurs coûts de production augmenter et leurs marges s amenuiser. Evolution de l inflation 25 2 1 Origine des difficultés financières des clients ayant fait défaut 5% 48 48 47 28 29 21 211 5-5 -1 - Produits manufacturés Produits énergétiques Indice des prix de gros (WPI) Produits alimentaires 4% 41 avr-5 oct-5 avr-6 oct-6 avr-7 oct-7 avr-8 oct-8 avr-9 oct-9 avr-1 oct-1 avr-11 oct-11 avr-12 3% 2% 1% % Manque de ressources financières 16 2 26 Prix des matières premières 27 35 32 Concurrence vive 12 Problèmes de trésorerie 9 1 1 1 Autres L enquête de Coface India rapporte que 27% des entreprises déclarent que leurs difficultés sont accentuées par une forte concurrence domestique. Néanmoins, la part des entreprises qui évoquent cette dernière comme origine des difficultés financières des clients ayant fait défaut a diminué passant de 32% en 21 à % en 211 contre 24,6% en. Mais en, la concurrence locale est rendue encore plus vive par les surcapacités existantes, ce qui ne semble pas être le cas de l. au resserrement de la politique monétaire et aux difficultés d accès au crédit Les prix élevés des matières premières contribuent à la hausse de l inflation importée. Mais l connaît également un problème d inflation structurelle qui est générée par une pénurie d offre sur le marché des produits alimentaires. En effet, l émergence d une classe moyenne a provoqué, et continue de provoquer, une hausse de la demande alors que la productivité agricole n augmente que très lentement. Cette situation est de plus renforcée par une faible efficacité du système de distribution alimentaire. L inflation élevée et volatile des prix des produits alimentaires qui en découle se Entre mars 21 et octobre 211, la banque centrale (Réserve Bank of India -RBI-) a effectué treize hausses successives de son taux directeur qui ont affecté l accès au crédit et ainsi déprimé l investissement des entreprises. Ces augmentations ont été réalisées dans un contexte d inflation élevée. En réponse au ralentissement marqué de la croissance, la RBI a ensuite pu légèrement desserrer sa politique monétaire en 212 : baisse de,5 point en avril 212 de son taux de refinancement principal (8%) et deux baisses successives en septembre et octobre de,25 point du taux de réserve obligatoire des banques (2) Estimation Coface. (3) En l inflation est mesurée par l indice des prix de gros ce qui n est pas remis en cause par la publication depuis début 211 d un nouvel indice des prix à la consommation (basé sur l année 21).

Les publications économiques de Coface Automne 212 3 à 4,25%. Malgré tout, les taux directeurs restent relativement élevés reflétant la prudence de la RBI face aux potentielles répercussions du nouvel assouplissement quantitatif (4) américain sur le prix des produits alimentaires et aux prévisions à la hausse du prix du baril de pétrole. Cela d autant que le prix du diesel a augmenté de % à la suite de la réduction des subventions annoncée par le gouvernement le septembre 212. Cette mesure constitue en effet une hausse de,7 point d inflation, le diesel représentant 4,7% du panier de consommation. Mais, outre ce resserrement de la politique monétaire, ce sont principalement des raisons structurelles qui expliquent les problèmes de financement persistants des entreprises en. En effet, le système des prêts dirigés contraint les banques domestiques et étrangères (5) à octroyer 4% des crédits à des secteurs jugés prioritaires par les autorités en raison de leur impact social et économique. Il s agit principalement du secteur agricole et des petites entreprises du secteur manufacturier. Ces dernières représentent la majorité des entreprises et concentrent l emploi (84% de l emploi manufacturier contre 25% en ), mais ne comptent que pour un tiers de la production totale. : Comparaison du ratio de dette sur fonds propres des entreprises (en %) 3 en devise locale. Cette situation explique donc la vulnérabilité des entreprises aux retraits de capitaux (investissements de portefeuille) dans un contexte de tensions économiques et financières en zone euro. Achats de titres par les banques indiennes (milliards de roupies) Obligations d État 2 18 16 12 1 8 6 4 2 déc. 97 déc. 99 déc. 1 déc. 3 déc. 5 à la hausse des salaires déc. 7 déc. 9 déc. 11 35 3 25 2 1 5 Obligations d entreprises 25 2 1 5 Source : FMI Brésil Russie Turquie Corée Indonésie Afrique du Sud En comme en, les salaires ont fortement augmenté ces dernières années, ce qui affecte les marges des entreprises et donc leurs décisions d investissement. Si ces hausses sont, en, pilotées par les autorités (volonté de soutenir le salarié-consommateur chinois), c est, en, une pénurie de main-d œuvre qualifiée qui tire les salaires des employés les plus éduqués vers le haut. Les lacunes dans le domaine de l éducation y sont en effet particulièrement marquées : le taux d alphabétisation atteint 63% en contre 9% en. Salaires dans les milieux ruraux et urbains (moyenne, en roupies par jour) De plus, l investissement des entreprises dépend fortement de leur accès aux marchés internationaux de capitaux, signe que le développement du marché financier domestique reste limité (6). De fait, ce sont principalement les grandes entreprises qui accèdent et lèvent de plus en plus de dette sur les marchés financiers internationaux, participant ainsi au fort accroissement de l endettement extérieur indien qui a augmenté de 27% en valeur absolue sur trois ans. Cette tendance est renforcée par le fait que les banques locales doivent détenir des obligations d Etat, à hauteur de 23% de l encours net d exigibilités à vue et à terme. Cette contrainte a pour conséquence de limiter le financement des entreprises indiennes 4 35 3 25 2 1 5 Dans les campagnes Dans les villes 2/1 24/5 28/9 21/11 (4) La Fed a annoncé son quatrième programme (avec l Opération Twist) de soutien à l économie (Quantitative easing 3) le 13 septembre 212 sans préciser la durée et donc la taille de celui-ci (jusqu à ce que les perspectives du marché du travail s améliore). (5) La RBI a annoncé en juillet 212 que les banques étrangères (ayant au moins 2 filiales présentes sur le territoire indien) devraient désormais également respecter cette règle. (6) Kiichi Tokuoka, «Does the business environment affect corporate investment in India?», FMI, mars 212

Les publications économiques de Coface Automne 212 4 Cependant, l possède l avantage d une croissance démographique dynamique alors même que les autorités chinoises s inquiètent d une population vieillissante. Ainsi, les hausses de salaires en devraient s intensifier au cours des années à venir du fait d une baisse attendue de la population active, ce qui n est pas le cas en. Expansion prévue de la population active entre 21 et 22 (en millions de personnes) Brésil Des impayés liés aux faiblesses de l environnement des affaires en 7% 6% 5% 4% 3% 2% 1% % 48 64 5 48 Difficultés financières 19 11 Problèmes de gestion 28 29 21 211 12 23 17 Litige commercial 8 7 Fraude et manque de moralité 1 1 3 Autres Source : United Nations Coût d une heure de travail dans l industrie ($) (en millions de personnes) 2 1,5 Russie 5 5 1 22 29 D abord, l pâtit d un manque d infrastructures qui pèse sur le fonctionnement des entreprises et dissuade à la fois les entreprises locales et les investisseurs étrangers potentiels d investir. De manière générale, la qualité des infrastructures en est largement inférieure à celle de la. Le secteur de l électricité est particulièrement défaillant : les coupures sont très fréquentes et parfois massives comme l a illustré la coupure générale de l été 212 (6 millions de personnes concernées). De plus, la pénurie de capacité à la fois dans le transport et la distribution de l électricité place l loin derrière les autres BRICs en termes de qualité de l offre. Classement des BRICs en fonction de la qualité de leurs infrastructures (plus l indice est élevé, plus la qualité est mauvaise) 1 4,5 17 11 11 136 123 Philippines Pakistan Bangladesh Sri Lanka Thaïlande Vietnam 69 87 84 68 59 54 86 7 à des infrastructures défaillantes et un environnement des affaires difficile. En 211, 26% des entreprises évoquent des «problèmes de gestion» et un «manque de moralité» comme origines des impayés qu elles subissent. Ces inquiétudes reflètent en réalité la présence de plusieurs goulets d étranglement propres à l. 1 Qualité des infrastructures Qualité de l offre d électricité Qualité des routes Russie Brésil Source : Global Competitiveness x, World Economic Forum

Les publications économiques de Coface Automne 212 5 Ensuite, certains indicateurs de gouvernance pointent du doigt des défaillances persistantes dans la qualité de la réglementation et un niveau de corruption très élevé au point que cela a généré un vaste mouvement de manifestations marqué par le recours à la grève de la faim de certains activistes comme Anna Hazare. Les investisseurs étrangers s inquiètent notamment d une dégradation de la qualité de la règlementation (7) et des contestations récentes provoquées par l annonce du gouvernement le septembre concernant l ouverture aux investisseurs étrangers des secteurs de l aviation et du commerce de détail. En effet, comme cela a été le cas l an dernier, le gouvernement pourrait repousser une nouvelle fois la mise en place de ces réformes. Or, la mise en œuvre de réformes structurelles favorisant un volume d investissements directs étrangers plus élevé est une condition nécessaire à la résorption des déséquilibres à la fois externes (balance des paiements) et internes (goulets d étranglement) de l. Enfin, le risque d immobilisme politique reste élevé. En effet, les manifestations de septembre ont été soutenues à la fois par les partis d opposition et certains membres de la coalition au pouvoir, soucieux de l effet de telles réformes sur l opinion publique alors que de nombreuses élections locales et législatives auront lieu respectivement en 213 et 2. Nous avons évoqué en ouverture de cet article la crise de change en 1991 qui avait poussé les autorités indiennes à réformer en profondeur leur économie. A l inverse, les inquiétudes des investisseurs internationaux quant au déséquilibre externe indien n ont cette année débouché que sur une dépréciation temporaire de la roupie et non pas sur une chute de la devise ouvrant sur une crise de change. Le taux de change s est en effet stabilisé au cours des quatre derniers mois. Indicateurs de gouvernance de la Banque mondiale (211) (plus l indice est élevé, plus la gouvernance est de mauvaise qualité) 2 24 88 Liberté politique 16 186 Stabilité politique Source : Banque mondiale 84 97 Efficacité du gouvernement Qualité de la réglementation 127 128 116 12 Respect des lois Corruption Si ces premières mesures semblent avoir permis d éviter une crise de change à court terme, elles devront être suivies de nombreuses autres afin que l économie indienne entre dans un nouveau cycle de croissance dynamique. 1 138 (7) Report des réformes sur les lois concernant l acquisition des terres ou encore la proposition concernant la mise en place rétroactive d une taxe sur les transactions offshore d actifs indiens.