Politique. prévention. de l usage nocif. de l. alcool. Mars 2012



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Transcription:

Politique de prévention de l usage nocif de l alcool REPÈRES PROPOSITIONS Mars 2012

3 PRINCIPES pour une politique alcool en France 1. Lutter contre l abus 3. et non l usage La politique alcool de la France doit prendre en compte une caractéristique fondamentale : nous sommes un pays producteur (vins, cidres, bières, spiritueux...) où l usage convivial et modéré des boissons alcoolisées représente le modèle dominant. Une politique alcool doit donc se concentrer sur la lutte contre l usage nocif et le risque de dépendance, qui concerne environ 10 % des consommateurs dont la consommation dépasse les seuils de consommation définis par les autorités sanitaires. C est le sens de la politique générale de santé conduite à l échelle de l Europe ainsi que par l OMS au niveau mondial. Cette politique conduit notamment à privilégier l éducation et la prévention, dans le cadre d un dispositif législatif et réglementaire qui, en France, compte déjà parmi les plus stricts en Europe. Aucune donnée ni évolution récente n indique que la baisse de moitié de la consommation d alcool en France depuis 50 ans a eu un impact sur l usage nocif ou la dépendance. Il semble que la proportion de buveurs à risques ponctuels ou chroniques reste stable alors que la consommation ne cesse de baisser. Ceci doit continuer d orienter l action publique vers une politique ciblée sur les populations et les usages à risques. Dans de nombreux domaines, des solutions existent pour aller au-delà de la prévention globale (nécessaire) et cibler des groupes spécifiques, qu il s agisse de jeunes adultes, de conducteurs infractionnistes, de femmes à risque d alcoolisation pendant la grossesse, etc. La prévention ciblée relative à l alcool, qui ne bénéficie en rien du produit important de la fiscalité des boissons alcoolisées, reste malheureusement le parent pauvre de la prévention en France 1. Impliquer tous les acteurs Les producteurs de boissons alcoolisées veulent lutter contre l usage nocif et la dépendance via une politique de prévention ciblée, de plus en plus nécessaire dans un contexte où de moins en moins de Français consomment régulièrement des boissons alcoolisées. Ils souhaitent y être impliqués, à leur juste place, avec l ensemble des parties prenantes concernées : acteurs économiques de la distribution, autorités de santé, milieux éducatifs et associatifs (parents, étudiants, anciens buveurs...). Les Français et la consommation d alcool 2. Développer la prévention ciblée Une France de petits buveurs occasionnels qui privilégient de plus en plus la qualité à la quantité et qui consomment surtout à la maison : > La consommation moyenne d alcool des Français de 15 ans et plus a diminué de moitié depuis 50 ans (de 26 litres d alcool pur en 1961 à 12 litres en 2010). > 80% des Français de plus de 18 ans consomment des boissons alcoolisées ; une majorité d entre eux consomme moins d une fois par semaine. Sources : Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT), Baromètre de la consommation d alcool des Français (Entreprise & Prévention) > Le volume acheté par les ménages français a baissé de plus de 6 litres (toutes boissons alcoolisées confondues) au cours des quatre dernières années ; en revanche, le prix moyen du litre acheté et le budget annuel a légèrement augmenté, signe d une consommation évoluant vers des produits de plus grande qualité. > 8 occasions de consommer sur 10 ont lieu à la maison (chez soi ou chez des amis). 1. L Inspection Générale des Affaires Sociales soulignait ainsi en 2009 des déséquilibres entre les moyens consacrés à la prévention du sida et des maladies sexuellement transmissibles et ceux consacrés à d autres problématiques de santé : le budget primitif 2009 lui alloue ainsi plus de 25 millions d euros, soit plus du quart des dépenses d intervention (97 millions d euros). La prévention relative à l alcool bénéficie de cinq fois moins de crédits (5,3 millions d euros).

> Des propositions sur 1 4 terrains d action prioritaires La connaissance par tous des seuils de consommation à moindre risque Les repères de consommation sont un élément essentiel de prévention de l abus d alcool, notamment des consommations excessives ponctuelles. Les seuils de consommation à moindre risque, initialement définis par l Organisation Mondiale de la Santé (OMS), sont régulièrement communiqués dans les campagnes publiques de prévention et cités dans le Programme National Nutrition Santé (PNNS) 2. Il existe un consensus entre les milieux de la production et les milieux scientifiques sur ce sujet, qui s est notamment fait jour au sein du Conseil de la Modération et de la Prévention (CMP). Pourtant ces seuils restent ignorés par une grande majorité de consommateurs de boissons alcoolisées en France : en effet, 85% des Français ne connaissent aucun des repères de consommation à moindre risque. La nécessité de les faire connaître au plus grand nombre est encore renforcée par le projet d affichage du nombre d unités d alcool sur les conditionnements, inscrit au Plan cancer 2099-2013. Cet affichage, s il n est pas accompagné d une information pratique, sera sans utilité pour le consommateur. 1. L engagement des producteurs Entreprise & Prévention conduit depuis plusieurs années une campagne intitulée 2340. Sur la base d'une unité d'alcool correspondant à 10 grammes d'alcool pur, elle rappelle qu il est recommandé de ne pas consommer plus de : > 2 unités d'alcool par jour pour les femmes > 3 unités d'alcool par jour pour les hommes > 4 unités d'alcool pour les consommations occasionnelles > 0 unité d'alcool au moins un jour par semaine et dans le cadre de situations à risque (grossesse, avant l'âge légal, conduite d'un véhicule, utilisation de machine dangereuse...) 2. Repères de consommation du PNNS pour l amélioration de l état de santé de la population générale (2001) : La recommandation concernant les boissons alcoolisées destinées aux adultes (hors consommateurs excessifs) est de ne pas dépasser 2 verres de vin de 10 cl/jour pour les femmes et 3 verres de vin/jour chez les hommes. (2 verres de vin présentent une quantité d alcool équivalent à 2 demis de bière ou 6 cl de spiritueux). 2. Cette campagne s est développée à travers un site internet d information sur les seuils, les unités d alcool, les conséquences d une consommation excessive et les situations à risque, www.2340.fr. Ce site est mentionné sur un nombre croissant de conditionnements. Par ailleurs, toutes boissons alcoolisées confondues, 36% des volumes commercialisés en France intègrent déjà une indication unités alcool. L importance des campagnes publiques sur les seuils de consommation à moindre risque Si les milieux de la production et de la distribution doivent y prendre leur part, l information sur les seuils de consommation d alcool à moindre risque relève en priorité des autorités sanitaires. Pourtant, cette information est peu mise en avant aujourd hui dans les campagnes publiques de prévention de l abus d alcool. Entreprise & Prévention propose que le projet d affichage des unités d alcool sur les conditionnements soit l occasion de : > Lancer une campagne publique d information sur les unités d alcool et les seuils de consommation à moindre risque (à laquelle les producteurs et les distributeurs devraient être associés) ; > D évaluer la compréhension de l affichage des unités d alcool sur les conditionnements et son effet sur les comportements à l issue d une période test de deux ans et avant généralisation. > En 2010, les consommateurs à risque (dépendants ou non) représenteraient 3,8 millions de personnes selon l OFDT (soit environ 10% de l ensemble des consommateurs). Source : OFDT, INPES, Etude 2009 de TNS Sofres pour Entreprise & Prévention Un exemple d action commune producteurs/ distributeurs A l occasion des fêtes de fin d année 2011, Entreprise & Prévention et Système U se sont associés autour d une opération de sensibilisation sur les seuils de consommation d alcool à moindre risque pour la santé, basée sur la campagne 2340. Les 900 magasins Hyper U, Super U et Marché U participant à l opération sur l ensemble du territoire français ont ainsi déployé dans leurs rayons alcool 2 000 kakémonos ainsi que 900 000 dépliants sur présentoirs pendant 15 jours. > Parmi les consommateurs de 18 à 75 ans, le dernier baromètre de l INPES (2010) indique que 37% sont des buveurs sans risque occasionnel, 12% des buveurs sans risque régulier, 28% des buveurs à risque ponctuel et 9% à risque chronique. > 85% des Français ne connaissent aucun des seuils de consommation à moindre risque.

2 L alcool et les jeunes Il est difficile d affirmer que les jeunes boivent plus aujourd hui qu hier, du fait de l absence d études réalisées dans les années 70 ou 80. Toutefois, il semble que, depuis une dizaine d années, la consommation (expérimentation et consommation régulière) soit plutôt en baisse alors que les ivresses progressent, même si être ivre régulièrement ne concerne qu une minorité de jeunes (et essentiellement les garçons). Les jeunes Français sont par ailleurs globalement plutôt moins enclins à l ivresse que leurs homologues européens. NOS PROPOSITIONS 1. Commencer la prévention globale dès l école Plusieurs expériences récentes, en Europe et dans le monde, ont montré l efficacité des programmes de prévention à l école, axés sur le développement des compétences psychosociales et l enseignement interactif. Le ministère de l Education nationale a engagé, avec le concours d Entreprise & Prévention, une opération pilote de cette nature dans quinze collèges du Limousin, soit auprès de 1 200 élèves. Pilotée par le Rectorat, cette expérience a fourni des résultats intermédiaires encourageants, laissant présager un impact positif sur les comportements d alcoolisation. A noter que ce renforcement des compétences psychosociales est également favorable à la prévention d un grand nombre de conduites à risque ultérieures (addictions, violence, suicide, etc.). Une étude réalisée en juin 2010 auprès de 267 associations étudiantes organisatrices de soirées (par le Crédoc pour la Prévention Routière et les Assureurs Prévention) indique que la majorité des associations ont des partenariats avec (des) sponsors n ayant rien à voir avec l alcool (98% des associations ayant un partenariat) et que 95% des associations étudiantes se déclarent jamais (76%) ou rarement (19%) démarchées par des marques ou des distributeurs d alcool. 2. Renforcer les programmes ciblés sur les situations à risque, notamment la route Les jeunes et la route : Entreprise & Prévention, en partenariat avec la Sécurité Routière a développé depuis 1999 de nombreuses campagnes de promotion du conducteur désigné autour du slogan Celui qui conduit, c est celui qui ne boit pas. Des opérations-pilotes, conduites notamment dans le département de la Seine-et-Marne, ont montré une efficacité sur l accidentologie grâce à la mobilisation, sous l autorité du Préfet, de l ensemble des acteurs concernés. Enfin, le développement du reflexe éthylotest doit beaucoup à la mise en place de dispositifs dans les établissements de nuit (cf. Alcool et route). Les soirées étudiantes : en partenariat avec la FAGE (Fédération des Associations Générales Etudiantes), Entreprise & Prévention travaille depuis 5 ans à la sensibilisation et la formation au risque alcool des organisateurs de soirées, via notamment la mise à disposition de kits de prévention. Une opération pilote à Chartres en 2009 a permis de tester des modes d action pour sensibiliser les étudiants, notamment aux seuils de consommation à moindre risque (après l opération, trois fois plus d étudiants connaissaient la limite à ne pas dépasser au cours d une soirée, soit 4 unités d alcool maximum). Entreprise & Prévention s est par ailleurs positionnée en faveur des mesures proposées dans le rapport Daoust sur la sécurité des événements étudiants, remis au ministre de l Enseignement supérieur et de la Recherche. Ce rapport axe ses préconisations sur la responsabilisation des organisateurs de soirées, leur formation et la mise en place de dispositifs de prévention. Enfin, en 2011, Entreprise & Prévention a lancé sur Internet le serious game Ce soir il conclut auquel ont déjà joué près de 60 000 jeunes de 18-25 ans et qui valorise de manière ludique une consommation d alcool maîtrisée lors des soirées.

3 L alcool et 3. Impliquer tous les acteurs, notamment les parents L importance des parents : la littérature scientifique montre que la consommation des parents ou leurs attitudes à l égard de la consommation sont autant de facteurs qui influencent la consommation des jeunes. En matière de prévention, il est montré également que l implication des parents est un facteur de succès. Entreprise & Prévention a ouvert en 2009 un site Internet dédié aux parents : www.alcooletparents.com, sur lequel ils peuvent trouver des informations, des conseils et dialoguer avec un pédopsychiatre. Les jeunes Français et l alcool Une consommation plutôt en baisse des adolescents mais la persistance, voire l aggravation des comportements à risque chez 10% des jeunes, notamment les garçons : > L expérimentation de l alcool (91%) et la consommation régulière (10,5%), sont en baisse ou stables entre 2000 et 2011 chez les jeunes de 17 ans. > Les ivresses régulières (10 fois et plus dans l année) progressent à 17 ans (de 6,5% en 2000 à 10,5% en 2011) et dans la tranche des 18 à 25 ans (de 5,9% en 2005 à 11% en 2010). > En 2007, comparativement aux autres Européens, les jeunes Français âgés de 16 ans faisaient partie de ceux qui déclaraient le moins souvent avoir été ivres au cours des douze derniers mois (22e position sur 35 pays). Sources : Etudes ESCAPAD 2011, Baromètre Santé INPES 2010, ESPAD 2007, La politique en matière de sécurité routière a permis d obtenir des succès incontestables. En 10 ans, la mortalité sur les routes de France a chuté de moitié, passant 8 029 tués en 1999 à 3970 en 2011. Derrière ces chiffres encourageants, il semble que l on ait atteint un quasi-palier de la mortalité routière : le nombre d accidents mortels est quasiment stable depuis 3 ans. Si la mortalité routière imputable à l alcool a baissé en valeur absolue, la conduite sous l emprise de l alcool est devenue la première cause de mortalité au volant. En 2010, plus de 30% des personnes tuées sur la route le sont dans un accident impliquant l alcool. NOS PROPOSITIONS 1. Développer l autocontrôle Promouvoir la responsabilité individuelle. Convaincue que l usage systématique de l éthylotest est une solution incontournable pour prévenir les risques d accidents liés à l alcool, Entreprise & Prévention est engagée depuis plusieurs années dans la promotion de l autocontrôle de l alcoolémie. L association participe depuis fin 2007 à la campagne Soufflez, vous saurez initiée par la Sécurité routière. Cette campagne de promotion de l autocontrôle de l alcoolémie rappelle directement et simplement la solution permettant de savoir si l on peut conduire après avoir consommé des boissons alcoolisées. Entreprise & Prévention diffuse pour sa part plus d un demi-million d éthylotests chaque année dans le cadre de ses actions.

la route 2. Déployer les bornes éthylotests dans les lieux de consommation. Au moment où le Parlement vient de rendre obligatoires les éthylotests dans les établissements de nuit, la borne éthylotest électronique se présente comme un dispositif de prévention visible, permanent et efficace. Entreprise & Prévention s est engagée dans cette voie en développant, avec la société Dräger, la borne éthylotest électronique C KI KI CONDUIT?. L utilité des quelque 600 bornes éthylotests déjà installées en France est soulignée dans l enquête menée auprès des professionnels de la nuit déjà équipés : 86% d entre eux recommanderaient à leurs confrères de s équiper et 73% estiment que la borne a un effet dissuasif sur les conducteurs ayant un taux d alcoolémie positif. Agir auprès des délinquants primaires Depuis sa création, Entreprise & Prévention milite en faveur de mesures ciblées sur les populations et les situations à risque. Aussi, l association s intéresse tout particulièrement à une expérimentation lancée en Haute- Savoie en 2004 par le parquet d Annecy concernant les délinquants ayant été arrêtés pour la première fois avec un taux d alcool délictuel compris entre 0,8 g et 2 g d alcool par litre de sang. Sur la base du volontariat, un stage de six mois qui prévoit la pose d un éthylotest antidémarrage sur leur véhicule leur permet de ne pas comparaître devant le tribunal, d échapper à l amende et de garder leur permis. En contrepartie, les personnes doivent financer le dispositif (1 260 euros) et suivre plusieurs journées de sensibilisation aux dangers de l alcool au volant auprès de la Prévention routière. Depuis avril 2006, cette expérience a été de nouveau mise en place et étendue aux trois parquets de la Haute-Savoie (Annecy, Bonneville et Thonon-les-Bains). 114 conducteurs y ont été soumis et aucune récidive n a été notée au-delà des six mois. Alcool et route > Après être resté stable entre 1995 et 2001, le nombre total d accidents mortels de la route s oriente nettement à la baisse, passant de 8 029 en 1999 à 3 970 en 2011. > La part des accidents mortels impliquant l alcool est de 30,4% en 2010. Ce taux n a pas baissé depuis 10 ans même si le nombre de tués dans des accidents avec alcool est passé de 1 615 en 2000 à 963 en 2010. > Près d un accident corporel avec alcool sur trois met en présence un conducteur ayant un taux d alcoolémie supérieur à 2g/l ; plus d un accident sur deux met en présence un conducteur ayant un taux d alcoolémie supérieur à 1,5g/l, et 88% un taux supérieur à 0,8g/l. > Le nombre de dépistages d alcoolémie réalisés par les forces de l ordre est passé de 6,4 à plus de 11,2 millions entre 1991 et 2009. > Les jeunes de 18-24 ans forment une catégorie à risque pour les accidents de la route : alors qu'ils comptent pour 9% de la population, ils représentent 21% des tués. > Près de 6 personnes sur 10 tuées lors d un accident avec taux d alcool positif le sont pendant une nuit de weekend ou de jour férié. Sources : INSEE, ONISR, fichier des accidents

4 L alcool et la grossesse La consommation d alcool pendant la grossesse représente la première cause évitable de retard mental d origine non génétique, ainsi que d inadaptation sociale de l enfant. L exposition prénatale à l alcool peut provoquer des lésions cérébrales visibles à l IRM (pour environ 3 personnes sur 1 000) mais également des séquelles sans lésion cérébrale visible (pour environ 1% de la population) comme le syndrome dysexécutif, les troubles de la mémoire, l inattention, l impulsivité, etc. Soit les séquelles psychomotrices sont majeures et leur origine connue, auquel cas le dispositif handicap prend en charge les individus concernés ; soit les séquelles sont plus discrètes et leur origine n est pas évaluée, d où l intervention des dispositifs social, judiciaire et addictologique pour prendre en charge ces personnes. NOS PROPOSITIONS 1. 2. Développer l information à destination des femmes Depuis plusieurs années, Entreprise & Prévention se positionne en faveur d une politique de prévention recommandant aux femmes enceintes d'arrêter toute consommation de boisson alcoolisée pendant la durée de leur grossesse et pendant l'allaitement. Si la connaissance du message zéro alcool pendant la grossesse progresse, il est nécessaire de poursuivre des efforts de communication à ce sujet. Favoriser le dialogue en impliquant le corps médical La plupart des pédiatres, des gynéco-obstétriciens et des sages-femmes sont insuffisamment formés à ce dépistage particulier, et parler alcool avec les futurs parents est un exercice délicat. Par ailleurs, une voie de prévention ciblée consisterait à organiser une prise en charge préconceptionnelle auprès des femmes à risque (issues notamment de familles exposées à l alcool de manière transgénérationnelle). Entreprise & Prévention agit activement depuis plusieurs années, notamment pour sensibiliser l ensemble des professionnels de santé intervenant au contact des futures mères. > D après l Expertise collective de l Inserm intitulée Alcool, effets sur la santé (2001), 700 à 3 000 enfants, sur les 750 000 naissances annuelles, seraient concernés par un SAF grave, avec une incidence observée plus élevée sur l île de la Réunion, dans le Nord-Pas-de-Calais et en Bretagne. > 27% des Français pensent qu une femme enceinte peut boire un verre de temps en temps (mais plus de 80% des femmes de 18 à 34 ans savent qu il ne faut pas boire d alcool du tout). > Seuls 19% des Français ont appris par leur médecin ce qu ils savent sur les précautions à prendre pour les femmes enceintes. 2actions efficaces La Communauté de l Agglomération Havraise (CODAH) et Entreprise & Prévention se sont associées en 2006 pour mener une campagne d information pilote afin de favoriser le dialogue entre les professionnels de santé et leurs patientes sur la base d une recommandation simple : zéro alcool pendant la grossesse. Une évaluation de cette campagne, dont les résultats ont été synthétisés dans un livret publié en 2007, a montré que, pour environ 1/3 des professionnels interrogés, l opération a permis de prévenir les grossesses à risque et que, pour environ 2/3 d entre eux, elle a facilité le dialogue avec leurs patientes. > Depuis 2006, tous les conditionnements de boissons alcoolisées comportent un pictogramme indiquant la recommandation zéro alcool pendant la grossesse. > Une série de dispositions adoptées dans le cadre de la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique rendent obligatoires : - des campagnes d'information sur la prévention du syndrome d'alcoolisation fœtale ; - une information, au collège et au lycée, sur les risques sanitaires de la consommation d'alcool pendant la grossesse ; - la formation de tous les professionnels de santé et des professionnels du secteur médico-social aux effets de l'alcool sur le fœtus. Sources : Inpes, Ireb Entreprise & Prévention a lancé en 2007 une campagne nationale en partenariat avec le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF). 2 000 membres du réseau CNGOF ont ainsi reçu les supports d information (affichette, dépliant Puis-je boire un verre à sa santé? et dépliant Alcool et grossesse, si on en parlait? ). Ces outils ont été jugés pertinents, informatifs et adaptés aux patientes, qu elles soient ou non en difficulté avec l alcool. La médiatisation de cette campagne a en outre permis à de nombreux professionnels de santé de commander les outils relatifs au risque alcool et grossesse.

Entreprise & Prévention 13, rue Monsigny 75002 Paris Tél. : 33 (0)1 53 43 80 75 Fax : 33 (0)1 53 43 80 20 E-mail : info@preventionalcool.com Internet : www.preventionalcool.com www.2340.fr Depuis plus de 20 ans, les vingt entreprises du secteur des boissons alcoolisées réunies au sein de l association Entreprise & Prévention agissent concrètement pour lutter contre la consommation excessive ou inappropriée de boissons alcoolisées. Leur engagement s inscrit dans la durée à travers des programmes de prévention ciblée sur les populations et situations à risque. Ces programmes visent à faire progresser la connaissance du risque alcool et à développer une consommation maîtrisée, seule synonyme de plaisir et de convivialité, appréciée par une large majorité des Français. cohn&wolfe 2012