ANALYSE GRAPHIQUE DE DONNÉES PROVENANT D ENQUÊTES À PLAN COMPLEXE



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Assemblée annuelle de la SSC, mai 2004 Recueil de la Section des méthodes d enquête ANALYSE GRAPHIQUE DE DONNÉES PROVENANT D ENQUÊTES À PLAN COMPLEXE Yves Lafortune et Martin Pantel 1 RÉSUMÉ L analyse exploratoire de données à l aide de représentations graphiques est bien implantée dans plusieurs domaines de la statistique. Son utilisation est parfois négligée dans le cadre d enquêtes à plan complexe à cause des difficultés apportées par le nombre élevé de données et, dans le cas des sondages, du nombre différent d éléments représentés par chaque observation. Le présent article donnera un aperçu de quelques méthodes permettant d utiliser les méthodes graphiques populaires malgré ces difficultés. Quelques modifications à des méthodes bien connues seront également proposées afin de les rendre mieux adaptées au monde des enquêtes. MOTS CLÉS : Analyse graphique; graphique à barres; nuage de points; plan complexe. ABSTRACT Graphical representation has long been recognized as an essential tool for exploratory data analysis in many fields of statistics. This tool is often neglected when applied to surveys with complex designs due to complications brought about by the large number of observations and by the differing number of units represented by each observation. This article will provide an overview of some graphical methods that can be used despite these complications. Some modifications to well-known methods, to further adapt them to survey data, will also be proposed. KEY WORDS: Bar chart; Complex plan; Graphical analysis; Scatterplot. 1.1 Pourquoi faire des graphiques? 1. INTRODUCTION La représentation graphique de données offre plusieurs avantages. Elle permet, entre autres, la détection de relations entre variables, l identification de valeurs aberrantes et la détermination de la forme de la distribution d une variable. De plus, elle est très utile pour complémenter ou résumer les discussions dans les rapports; on dit souvent qu une image vaut mille mots. Enfin, elle peut servir d appui à la construction d un modèle décrivant les données. Seul l analyse numérique peut produire des résultats concluants (on pense, par exemple, à des mesures de différences significatives); par contre, l analyse graphique peut être très utile comme outil exploratoire qui aidera à orienter les analyses numériques. L analyse graphique est souvent négligée; elle requiert une certaine expertise, elle ne se déroule pas selon des étapes spécifiques, et elle n offre pas de conclusions formelles. Cependant, une analyse purement numérique peut facilement induire l analyste en erreur. Le quatuor d Anscombe donne un bon exemple d une relation entre variables qui peut être «cachée» par les données : Pour chacune des paires de variables: Moyenne des X = 9 Moyenne des Y = 7.5 Régression par moindres carrés : E[Y] = 3 + 0.5 X Coéfficient de corrélation = 0.82 Plusieurs des sommes de carrés sont également identiques. 1 Yves Lafortune(yves.lafortune@statcan.ca) et Martin Pantel (martin.pantel@statcan.ca), Statistique Canada, 17 ième étage Édifice R.- H. Coats, Ottawa, Ontario, Canada, K1A 0T6,, 85

Si on examine uniquement les résultats numériques, on pourrait croire qu une régression linéaire par moindres carrés est tout à fait adéquate. L analyse graphique révèle 4 situations distinctes : dans le premier cas, une régression linéaire par moindres carrés semble effectivement être appropriée. Dans le deuxième, la relation prend plutôt une forme quadratique. Dans le troisième cas, on a peut-être une donnée aberrante qui nuit à une relation autrement parfaite. Enfin dans le quatrième cas, il se pourrait que X4 soit une variable binaire, ou qu il y ait eu une erreur de mesure. Le tout démontre que l œil humain peut parfois être plus habile que toute stratégie numérique, il s agit d en profiter! 1.2 L impact des caractéristiques du plan de sondage Les méthodes graphiques «classiques», qui sont implantées dans les logiciels les plus populaires, s appliquent lorsque les observations possèdent toutes la même importance. Cette situation se présente, par exemple, lorsqu il s agit d un recensement (toutes les observations ont un poids unitaire) ou d un échantillonnage aléatoire simple (toutes les observations possèdent le même poids). Il existe plusieurs raisons pour lesquelles une telle situation survient rarement dans le monde des enquêtes : la distance géographique, l efficacité méthodologique, et les contraintes de précision, de temps et d argent mènent souvent à une stratégie où les unités échantillonnées sont sélectionnées avec des probabilités inégales; par conséquent les poids sont aussi différents. De plus, les poids sont généralement ajustés pour tenir compte, par exemple, de la non-réponse et du calage vers des totaux connus. La pondération inégale présente un premier défi lors de la représentation graphique des données d enquête. Ce n est pas le seul : souvent, les sondages sont effectués auprès de quelques milliers de personnes. Si on cherche à produire un graphique sur lequel chaque observation individuelle est représentée, le chevauchement de points risque d avoir un impact important sur la lisibilité. Même si on cherche plutôt à produire un graphique de sommaire (comme un histogramme), on n échappe pas aux complications apportées par un plan complexe de sondage. Les estimations ponctuelles et les estimations de variance doivent tenir compte du plan afin d être valides. La plupart des procédures graphiques disponibles dans les logiciels populaires actuels ignorent soit la pondération, soit le plan de sondage, ou même les deux. Il existe des techniques assez bien connues pour tenir compte de ces défis dans les calculs, mais comment incorporer cette information dans les graphiques? Le présent document propose quelques méthodes. Dans la section 2, la discussion portera sur l analyse exploratoire, tandis que la section 3 portera plutôt sur la présentation des résultats. 2.1 Pondération inégale 2. ANALYSES EXPLORATOIRES Une façon pratique d examiner la relation entre deux variables est de les représenter avec un nuage de points, tel que démontré dans l exemple du quatuor d Anscombe. S il semble y avoir une relation linéaire entre les deux variables, on pourrait calculer la droite de régression par moindres carrés. Si on calcule les paramètres de la droite en tenant compte des poids, les résultats ne correspondront peut-être pas bien avec le graphique, surtout s il existe une grande variété entre les poids. Pour contourner ce problème, il est possible d utiliser des bulles plutôt que des points sur le graphique, où la taille de la bulle dépend de la valeur d une troisième variable. Dans le monde des enquêtes, l utilisation du poids d échantillonnage comme cette troisième variable peut faire ressortir des relations qui auparavant auraient été cachées. L emphase sera alors mise sur les points qui ont une influence plus puissante sur les calculs numériques. Examinons un exemple : dans la Figure 2a, la pondération est ignorée dans le calcul ainsi que dans le graphique. Dans la Figure 2b, on tient compte des poids dans le calcul et, bien sûr, dans le graphique par l entremise des bulles. 86

Figure 2a : Diagramme en bulles sans pondération : Y = 9.7 + 0.4X Figure 2b : Diagramme en bulles avec pondération : Y = -3.8 + 1.0X Une grande utilité d un tel graphique est alors la confirmation visuelle d un modèle de régression en fonction d un plan de sondage. Supposons qu on avait tenu compte de la pondération lors des calculs, et que la droite correcte aurait été tracée, mais sans les bulles (ce serait donc la droite de la Figure 2b sur le graphique de la Figure 2a). Même si toute l information est valide, le graphique aurait l apparence d être un peu croche; la droite ne semblerait pas être celle des moindres carrés. On peut constater l impact qu a la pondération en observant trois points particuliers : le point le plus haut (Y 35) a un poids très élevé, tandis que les deux points les plus à droite (X 33) ont un petit poids. Par conséquent, quand on tient compte de la pondération, la droite est tirée (ou, dans ce cas, pivotée) vers le point avec le plus grand poids. Produire un tel graphique avec SAS est assez facile avec la procédure gplot. Supposons que les deux variables d intérêt sont var1 et var2, et que la variable avec le poids est appelée poids. Un nuage de points «classique» pourrait être produit à l aide de l instruction plot var1*var2. Si on veut que le graphique utilise des bulles, dont la taille dépend de poids, on remplacerait l instruction plot par la suivante : bubble var1*var2=poids. 2.2 Nombre élevé de données Les diagrammes en bulles sont utiles lorsque les données proviennent d un petit échantillon ou d un petit domaine. Une enquête typique de Statistique Canada, comme pour la majorité des enquêtes auprès d une population, est composée d un très grand échantillon, peut-être même plusieurs milliers de personnes. On peut s imaginer qu un nuage de points, même sans bulles, risque d être difficile à interpréter! L ajout de bulles ne fait qu empirer la situation. On aimerait donc une méthode qui permette d accroître la lisibilité du graphique, tout en préservant sa représentativité. Une technique qui peut être utilisée à cette fin est un nuage de points sous-échantillonnés. Le but de ce genre de graphique est de produire un diagramme avec un sous-ensemble des données, sans perdre ni cacher la relation qui existe entre les variables. Pour ce faire, la probabilité de sélection d une observation dans le sous-ensemble est proportionnelle à son poids d échantillonnage. La grandeur du sous-échantillon doit être assez grande pour toujours être représentative, tout en étant assez petite pour qu il y ait une amélioration dans la lisibilité du diagramme. Comme principe de base, une taille de 100 ou 200 observations est souvent adéquate mais la décision devrait prendre en considération l étalement des données. On peut alors créer un nuage de points «classique», c est-à-dire en ignorant les poids de sondage, puisque ceux-ci auront été utilisés dans la sélection du sous-échantillon. Malgré que cette méthode crée une perte d information en laissant tomber des données, elle peut améliorer la compréhension de la relation entre les variables. Il existe quelques façons de tirer un tel sous-échantillon; en voici une à titre d exemple. On génère un nombre aléatoire d une distribution uniforme, appelons-le u k, pour chacune des n observations. On sélectionne ensuite la k ième observation dans notre sous-échantillon si : u k n mw j= 1 k w j (1) où w k est le poids associé à la k ième observation, et m est la taille espérée du sous-échantillon. Remarquons que l équation (1) profite de la pondération pour tirer un sous-échantillon qui sera aussi représentatif de la population que l échantillon original. Bien sûr, il y a une perte d information puisqu on omet plusieurs observations; on ne voudrait donc pas utiliser 87

le sous-échantillon pour effectuer les calculs numériques. Les résultats obtenus par cette technique ne sont pas destinés à être utilisés dans des tests formels, mais bien à faciliter l analyse graphique exploratoire. De plus, il est recommandé de tirer quelques sous-échantillons de cette manière, afin de se protéger contre un tirage «malchanceux». Voici un exemple de cette technique en pratique : Nuage de points avec l échantillon complet Nuage de points sous-échantillonnés Figure 3a : nuage de points, n=17 244 Figure 3b : nuage de points, n=250 La relation entre les deux variables est difficile à repérer dans la Figure 3a. Il n est pas surprenant de constater que jusqu à l âge d environ 18 ans, il y a une relation assez forte entre l âge et le poids. Cependant la relation n est pas évidente pour les adultes; la superposition des points masque de l information qui pourrait être utile. De plus, on constate que le poids de la majorité des adultes varie entre 40 et 110 kg. n coup d œil à la Figure 3b aide à clarifier la situation. On constate d abord que la relation puissante pour ceux qui ont moins de 18 ans est toujours bien évidente, mais la relation «globale» ne semble pas être quadratique. On dirait plutôt qu une droite presque horizontale serait adéquate pour représenter ceux qui ont plus de 18 ans. Notons encore que ce n est pas une conclusion, mais une étape dans la construction d un modèle; il serait bon d essayer d ajuster un modèle qui permet une distinction pour ceux qui ont moins de 18 ans. Quant à l étendue des données, le sous-échantillon démontre une plus petite variation des poids observés chez les adultes (à peu près entre 50 et 90 kg plutôt qu entre 40 et 110 kg). Rappelons-nous que c est justement un souséchantillon, donc il renferme moins d information que l échantillon complet. En contrepartie, le sous-échantillon nous renseigne sur les régions du nuage qui représentent les profils les plus typiques dans la population, une information relativement cachée dans le graphique original par la superposition. On peut tirer un sous-échantillon en SAS avec la procédure SURVEYSELECT; si on veut que les probabilités de sélection dépendent du poids on mettrait method=pps, et la variable poids dans l instruction size. 3.1 Que veut-on démontrer avec le graphique? 3. PRÉSENTATION DES RÉSULTATS Les caractéristiques du plan d échantillonnage peuvent aussi avoir un impact direct sur les graphiques de sommaire. Une image est beaucoup plus facile à retenir que la discussion qui l accompagne. L analyste a donc la responsabilité de s assurer que les graphiques correspondent bien au texte. La première étape, bien sûr, est d établir l objectif avant de choisir le graphique. Veut-on décrire ce qu on a observé dans l échantillon? Ou plutôt tenter d inférer des résultats à la population représentée par l échantillon? Si l objectif est ce dernier, veut-on donner une indication de la variabilité de nos estimations? L exemple qui suit utilise des données synthétiques basées sur l Enquête Nationale sur la Santé de la Population canadienne de 1998. Le but est de comparer la proportion de la population ayant une certaine caractéristique pour chacune des dix provinces. Tout d abord, on considère une description de l échantillon : la Figure 4a omet la pondération, et bien sûr on n a pas de variabilité donc aucune mesure d elle n est donnée. Notons, pour commencer, que la proportion d intérêt en Saskatchewan semble être un peu plus élevée que celle en Alberta. 88

Proportion par province avec caractéristique X Figure 4a : proportions sans pondération, sans variabilité Essayons maintenant de décrire la population en tenant compte de la pondération. Pour l instant, on ne met pas d indication de variabilité. Proportion par province avec caractéristique X Figure 4b : proportions avec pondération, sans variabilité Notons qu avec la pondération, il semble que la proportion d intérêt en Saskatchewan est maintenant plus petite que celle en Alberta. Même si le texte qui accompagne le graphique donne des résultats numériques qui révèlent que la différence entre les deux n est pas significative, c est probablement le graphique qui restera plus longtemps dans la mémoire du lecteur; il est possible que le texte ne soit même pas lu! Dans ce cas particulier, il est probable que le lecteur aurait des soupçons que la différence n est pas significative. Cependant, que dire de la différence entre l Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve? À première vue, il semble y avoir une différence significative. Même si l analyse numérique pourrait en conclure autrement, il est possible que le lecteur ne garde en tête que le portrait présenté par le graphique. Qu arrive-il si on met une indication de la variabilité, sous forme d intervalles de confiance autour de chaque barre du graphique? Proportion par province avec caractéristique X Figure 4c : proportions avec pondération, avec intervalles ponctuelles à 95%. 89

Cette dernière version nous donne beaucoup d information utile. (Les barres sont d une couleur moins foncée pour mettre l emphase sur les intervalles.) Tout d abord, les estimations ponctuelles sont les mêmes que dans la Figure 4b, donc elles représentent une inférence pour la proportion avec la caractéristique dans la population de chacune des provinces. De plus, le graphique offre une mesure de l incertitude des résultats, sous forme d intervalles de confiance ponctuelles à 95%. Étant donné que l échantillonnage est fait de façon indépendante dans chaque province, on peut comparer n importe quelle paire d estimations en utilisant la technique du chevauchement des intervalles respectifs. Notons qu il s agit d une méthode conservatrice pour faire une comparaison; si on détecte une différence, elle est valide, mais deux intervalles qui se chevauchent n indiquent pas nécessairement que la différence n est pas significative. Schenker et Gentleman (2001) offrent une discussion détaillée et compréhensible du sujet. Le graphique démontre que, tel que soupçonné, il est fort probable qu il n existe pas de différence significative entre l Alberta et la Saskatchewan. Aussi, la différence entre l Îledu-Prince-Édouard et Terre-Neuve ne semble pas être significative, même si une étude plus approfondie serait préférable ici. Par contre, il existe une différence significative entre l Île-du-Prince-Édouard et la Nouvelle-Écosse, puisque les deux intervalles ne se chevauchent pas. Ce graphique ne nous permet pas de déclarer que la proportion en Nouvelle-Écosse est plus grande que celles observées dans toutes les autres provinces à un niveau de confiance de 95%. Une telle comparaison multiple exigerait un ajustement aux intervalles pour tenir compte du nombre de comparaisons réalisées. Notons aussi qu un tel graphique ne peut malheureusement pas être produit directement avec les versions courantes des logiciels populaires. Pour les dessiner, un programme a été créé, utilisant les capacités analytiques de SUDAAN et les capacités graphiques de SAS. 3.2 Attention aux logiciels! Le but du présent document était d abord de démontrer que les représentations graphiques sont très utiles pour l analyse exploratoire ainsi que pour des fins de publication. Un plan complexe de sondage apporte avec lui quelques difficultés au niveau de l analyse; quelques méthodes existent déjà qui permettent d en tenir compte. Il faut toutefois faire attention lorsqu on utilise les logiciels : un peu de programmation peut être nécessaire afin de s assurer que l information présentée est valide. La plupart des logiciels qui sont dédiés à l analyse de données complexes n ont aucune interface graphique, tandis que ceux avec une interface graphique ne sont pas nécessairement bien adaptés à l analyse de données complexes. L important avant tout, c est de comprendre ce que fait le logiciel! RÉFÉRENCES Korn, E.I., Graubard, B.I. (1999). Analysis of Health Surveys. New York: Wiley. Lohr, S.L. (1999). Sampling : Design and Analysis. London: International Thomson Publishing. Lafortune, Y. (2002) (1976). Exploring and Describing Survey Data. Statistics Canada SSMD Branch Working Paper, SSMD-2002-003E, 73p. Research Triangle Institute (2001). SUDAAN User s Manual, Release 8.0. Research Triangle Park, NC: Research Triangle Institute. SAS Institute Inc. (1999). SAS OnlineDoc, V8, Cary, NC, USA. Schenker, N., Gentleman, J.F. (2001). On Judging the Significance of Differences by Examining the Overlap Between Confidence Intervals, The American Statistician, Vol. 55, No. 3, 182-186. 90