Le monde de l agroalimentaire : pouvons-nous travailler ensemble? La sélection naturelle selon Darwin



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Transcription:

Claude Lafleur Coopérative fédérée de Québec JASP, le 29 novembre 2004 Le monde de l agroalimentaire : pouvons-nous travailler ensemble? La sélection naturelle selon Darwin 1

Quelles sont les causes de l obésité? Causes multiples Mode de vie Manque d exercice Habitudes alimentaires L industrie agro-alimentaire est-elle en cause? Les politiques agricoles le sont-elles aussi? Des collaborations sont-elles possibles? Partie I : Les fondements de la politique agricole au Québec 2

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Les objectifs traditionnels de la politique agricole I. Aliments en quantité! Un immense succès! La pénurie? Quelle pénurie? Problèmes politique et de partage des richesses plutôt que de production Des cycles de 10 ans : la Chine et le syndrome Lester Brown Au diable Malthus et le Club de Rome! 10

Brésil : le choc! II. En quantité et pas cher! Revenus disponibles des citoyens et coût de l alimentation Amérique du Nord : autour de 12-14 % Europe : 18-20 % Asie : 25 30 % Afrique : 85 90 % Comparaison avantageuse avec les américains 11

III. Soutien du revenu agricole Programmes de soutien importants Environ 450 m$ par année, en paiements directs, pour le Québec seulement Secteur fortement régulé : un modèle très différent du reste du monde Un bémol : effritement observable depuis 10 ans IV. Statut sanitaire Statut très élevé Une préoccupation presque phobique Débat sur le lait cru Propreté maniaque des fermes La «tourista» facile pour les canadiens Espérance de vie en hausse : 3 mois chaque année depuis 25 ans, mais 12

Taux de mortalité par 100 000 habitants 140 120 100 Nbre de cas 80 60 40 20 0 1900 1920 1940 1960 1980 2000 année V. Libérer des ressources productives Productivité impressionnante : 2,2% La révolution verte Les centres de recherche Les écoles de formation Adoption rapide des nouvelles technologies Matériel génétique (le clone Starbuck) Révolution informatique et automatisation GPS et agriculture de précision OGM : principe de précaution 13

VI. Occupation du territoire et développement régional «Sécurité» alimentaire, i.e. sécuriser l approvisionnement La politique d autosuffisance de Jean Garon Exploiter les ressources locales et créer de l emploi Résistance farouche à l ouverture des marchés Mondialisation? Vous avez bien dit mondialisation? De 5 à 7 % de la production agricole mondiale est exportée Très peu d ouverture depuis 20 ans L agriculture : un sujet très émotif Peu de délocalisation Encore un secteur national en amont Mais une industrie mondialisée en aval La progression des Carrefour et des Wal-Mart 14

Partie II : Les grandes tendances 1. Le renversement de la «chaîne de valeurs» Un changement majeur Hier Produire avant vendre Stratégie court terme Gestion de l offre Aujourd hui Vendre avant produire Stratégie de long terme Gestion de la demande 15

2. La révolution informatique Les banques de données sur les habitudes de consommation Outils de marketing très puissants L espace tablette et les frais de listing Le taux de roulement et le «just-in-time» Ce qui est populaire aura droit à de la visibilité Les autres devront payer! 0,15 $ à 0,20 $ le litre 3. Rapport de force se déplace vers le consommateur Déplacement du pouvoir 500 vs 40 000 produits sur les tablettes Rôle des chaînes d alimentation Concentration du pouvoir : Wal-Mart et Carrefour Le plus grand vendeur de produits «bio» Rôle des restaurateurs Ex : les Rôtisseries St- Hubert 16

4. La coordination verticale Une réponse au renversement de la chaîne de valeurs Le Danemark Smithfield et la «traçabalité» Maple Leaf Canada et l ADN L Angleterre : a lot of ambition, indeed! 135 morts attribués à la vache folle Des autorités gouvernementales en déroute Les quatre chevaliers de l alimentation : Tesco, Sainsbury s, Safeway, Asda Une filière très intégrée 5. L effet de levier : des fermes familiales en déroute Prix payé par les consommateurs : 10.00$ Prix reçu par les autres intervenants de la filière (Transport, emballage, transformation, distribution) : 8.00 $ Prix reçu par les producteurs : 2.00$ Prix payé par les consommateurs : 10.00$ Prix reçu par les producteurs : 0.50 $ Diminution de 1,50$ ou -75% Prix reçu par les autres intervenants : 9.50$ Augmentation de 1,50$ ou 20% 17

6. Signaux confus La montée de lait de Pierre Foglia Sondage classique Des consommateurs «guidounes» Les connaissances évoluent : exemple du lait Montignac : un poison responsable de l obésité! Symposium sur l obésité à Montréal : le lait pour contrer l obésité?! Le beurre et la margarine : entre les deux, mon cœur balance Partie III : quelques réflexions pour conclure 18

Des sensibilités, quand même Le chocolat Cadbury : des Quakers bien intentionnés John Kellogg : un végétarien passionné Henri Nestlé : substituts pour l allaitement naturel Coop fédérée : les valeurs coopératives Certains efforts louables : Elimination des gras trans Étiquetage (un espoir déçu) Les menus légers de McDo et de Burger King Réduction des portions Elimination des publicités aux enfants Ce sont surtout des efforts tactiques Et le rôle des gouvernements? Ponce Pilate ou Big Brother? Responsabilité individuelle (90% de la population) La ligne de démarcation est mince Changer des habitudes de vie prend du temps et des ressources Assurance-maladie payée par tous Responsabilité de contrôler les coûts et d utiliser optimalement les ressources 19

Une évolution inquiétante Avant 1960 : éliminer les carences alimentaires et augmenter la consommation per capita (convergence) Entre 1960 et 1990 : très axée sur la réduction des maladies cardio-vasculaires (une certaine complémentarité) Après 1990 : équilibrer et manger sain (divergence) Une chose certaine : les conglomérats auront une plus grande influence sur le comportement des consommateurs que les gouvernements Ressources financières, intellectuelles et techniques Des zones de collaboration Santé publique L état des recherches sur la nutrition et sur la santé des populations Vigie sur les grandes tendances L éducation et la sensibilisation L agroalimentaire Santé publique : une voix parmi d autres mais importante Une fenêtre sur des nouveaux marchés? La crainte : tactique p/r stratégique Les consommateurs (les détaillants) auront le dernier mot 20

Un peu de philosophie, pour conclure Jacques Dufresne de l Agora «Nous ne savons plus par nous même trouver l alimentation qui convient à notre mode de vie» Du temps des chasseurs-cueilleurs : 30 000 espèces comestibles! De l autonomie vers l hétéronomie : prise en charge par les spécialistes, par les experts du marketing, par le gouvernement 21