1 Discours 8 mai 2016 Montlouis sur Loire 71 ème anniversaire du 8 mai 1945 Monsieur le Sénateur, Mesdames, Messieurs les élus, Mesdames, Messieurs les représentants des différents corps d Etat, Mesdames, Messieurs les présidents d associations Mesdames, Messieurs les anciens combattants et leurs familles, Mesdames, Messieurs, Chers amis, Nous sommes réunis aujourd hui pour honorer la mémoire de nos combattants, morts pour la France, des civils, et de tous les déportés jamais revenus des nombreux camps de concentration durant cette 2ème guerre mondiale. A nouveau, par la folie d un homme et la lâcheté d un gouvernement choisissant la servitude à notre liberté, notre pays a basculé dans l horreur, alors qu il était à peine remis des blessures, des plaies non cicatrisées de celle qui devait être la Der des Der. A peine vingt ans plus tard, la France se retrouve occupée, d abord partiellement, puis totalement. Pourtant, au fil de cette occupation notre conscience républicaine se réveille, des voix s élèvent, d abord timides, puis s organisent en réseaux. La Résistance, enfin!
2 Résister face à l ennemi, Résister face à cette haine de l autre, Résister pour garder sa dignité. Ainsi au sacrifice de leur vie, pour défendre nos valeurs républicaines : liberté, égalité et fraternité, ils vont combattre dans l ombre. Non pas parce que c était juste ou généreux, mais parce que cet engagement porte une grandeur qui donne un sens, le sens de l engagement pour que la vie des autres soit libre. Des femmes et des hommes parfois très jeunes, combattent l ennemi. Par des actes minimes ou des actions d une grande bravoure. Rappelons-nous, ici, de leurs noms, mais surtout de leurs actes qui montrent combien, confrontés à la barbarie, des femmes et des hommes savent se dépasser, se rassembler ; Guy Moquet, fusillé en 1941 pour avoir distribué des tracts et collé des affiches, écrivait à sa mère : «Je vais mourir, certes j aurais voulu vivre, mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c est que ma mort serve à quelque chose. 17 ans et demi, ma vie a été courte, je n ai aucun regret, si ce n est que celui de vous quitter tous.» Résister, ce que firent les juifs parqués dans des ghettos, comme celui de Varsovie, où plus de 300 000 d entre eux furent peu à peu exterminés.
3 Quand vint le temps des derniers convois, les survivants se révoltent et luttent pendant plus de 10 jours, sans espoir de salut. Un combattant écrit : «nous ne voulons pas sauver notre vie. Personne ne sortira vivant d ici. Nous voulons sauver la dignité humaine». Ici, je voulais évoquer Maillé, ce village martyr qui au matin du 25 août 1944, tandis que Paris est sur le point d être libéré, est encerclée par des soldats allemands. En représailles, sur les 500 habitants, 124 seront tués, par balles, à la baïonnette ou par le feu. Maillé, où en octobre dernier, je me suis rendu, avec M. Dupont, de l UNC, accompagnés par des enfants de Montlouis. Ce fut une matinée intense en découverte, en émotions. Par le témoignage d un survivant, nos jeunes ont pris conscience de l horreur de la guerre et de sa violence, mais aussi de la reconstruction humaine nécessaire et difficile après un tel événement, tant il blesse profondément les esprits. Citer aussi lors de ce temps de mémoire, Beate et Serge Klarsfeld, symboles d un combat pour la réhabilitation des victimes de la barbarie nazie : un combat de toute une vie pour retrouver les responsables de ces exécutions massives. Ils sont à l origine de la publication du Mémorial de la déportation des Juifs de France 75 721 victimes y figurent à ce jour. Ce Mémorial, sépulture symbolique, a permis à des milliers de gens de pouvoir commencer à faire le deuil. Il a rendu à ces millions de disparus une dignité.
4 Rendre aux victimes leur dignité, restituer ces visages et ces parcours d'hommes, de femmes et d'enfants, permet de lutter contre ce que les nazis ont voulu faire : les effacer.» Que leurs actions servent d exemples aux jeunes générations, qu elles-y puisent les raisons d agir pour éviter le retour à la barbarie et pour construire un monde meilleur où la paix règnera entre les hommes. Car rien n est jamais acquis. Il faut se battre pour nos valeurs. Se battre contre ces idées pernicieuses, celles qui menacent notre humanisme : racisme, obscurantisme, extrémisme... Tous ces combattants, tous ceux qui ont participé à l épopée de la Libération, comme les 140 000 soldats tombés en 1940 que l histoire a trop longtemps méconnus, et même parfois méprisés ; tous ceux qui ont répondu à l appel de la France libre, de la résistance sont, par nos rassemblements réguliers, reconnus, réhabilités et respectés. Leur engagement secret et parfois douloureux, leur investissement ont permis à la France d être présente à Berlin le 8 mai 1945 pour que notre pays conserve le privilège d entamer le renouveau de l Europe dans la paix et la liberté. Nous saluons aujourd hui les rescapés de notre commune, eux sont rentrés un jour, ils restent des témoins : Messieurs Pierre BOSSERELLE, Serge DUPONT, François FERNANDEZ, Paul LECUREAU, Eugène MOTTIN.
5 J en terminerai par une certitude qu il nous faut inlassablement partager et faire partager : le sacrifice de ces femmes et de ces hommes ne doit pas être oublié. Si nous avons retrouvé la liberté, c est pour continuer la lutte pour laquelle ils se sont sacrifiés. Que leurs souffrances restent à jamais un exemple. Que leur courage nous accompagne aujourd hui et demain. Merci de votre attention. Vincent Morette