Présentation vidéo d'un campus d'apprentissage ouvert Présenté par Banque mondiale Climat de la science à l action Atténuation : l Asie de l Est et le Pacifique Avec Johannes Heister (Spécialiste principal de l'environnement, Groupe de la Banque mondiale, Washington D.C., États-Unis)
La région Asie de l Est et Pacifique ou AEP est un mélange de grands pays à l économie croissante dans le Sud-Est asiatique et, dans le Pacifique, de petits pays insulaires isolés aux ressources naturelles limitées et à l économie peu diversifiée. Dans cette région, les pays du Sud-Est asiatique sont généralement confrontés à la rapidité de la croissance démographique et de l urbanisation. Douze pays devraient voir leur population cumulée passer de 590 millions en 2010 à 760 millions en 2050. L urbanisation rapide s accompagne souvent de la menace du développement de bidonvilles, de pollution et de dégradation de l environnement, et nécessite d énormes projets d infrastructures pour veiller à ce que la population dispose de services de base. En outre, dans les pays en développement de l AEP, plus de 140 millions de personnes n ont pas accès à l électricité et plus de 600 millions de personnes sont privées d installations sanitaires adéquates. Même sans tenir compte des émissions dues au changement d utilisation des terres et à la déforestation, la région Asie de l Est et Pacifique contribue pour un tiers aux émissions mondiales de CO 2. La Chine est à elle seule le plus grand émetteur de gaz à effet de serre au monde. Si l on exclut la Chine, l Indonésie est le plus grand émetteur de gaz à effet de serre parmi les autres pays en développement de la région AEP. Et pris ensemble, la Thaïlande, la Malaisie et le Vietnam représentent 30% des émissions de gaz à effet de serre sans compter la Chine. Les autres pays de la région, en particulier les petites îles du Pacifique, ont des émissions très faibles. Les forêts et l utilisation des terres sont les principales cibles des mesures d atténuation et représentent un élément majeur des politiques climatiques de nombreux pays de la région. D une part, les zones forestières peuvent agir comme des puits de carbone, car les forêts saines absorbent des quantités massives de dioxyde de carbone. D autre part, la déforestation peut libérer dans l atmosphère des gaz à effet de serre nocifs dès lors que les arbres disparaissent à travers l abattage illégal, le déboisement pour l agriculture ou pour servir de combustible. En Indonésie, le problème des feux de forêt se pose chaque année pendant la saison sèche où des feux sont allumés pour préparer la tourbière à l agriculture. Une fois qu un feu a pris sur la tourbe, il est difficile de l éteindre. De fait, en Indonésie, les émissions de CO 2 dues à la destruction des tourbières représentent un fort pourcentage des émissions dues aux changements d utilisation des terres. Pour gérer les risques forestiers et la pollution de l air due à la combustion, l Indonésie a imposé un moratoire temporaire sur le déboisement des forêts primaires et s efforce de reconstruire les tourbières dégradées. De même, d autres pays de la région, tels que le Page 2 of 5
Cambodge, le Laos, les Philippines et la Papouasie-Nouvelle-Guinée ont tous adopté des stratégies d aménagement forestier et foncier pour atténuer les effets du changement climatique. Des efforts sont entrepris pour lutter contre les principaux facteurs de déforestation notamment l abattage incontrôlé, l agriculture commerciale, les nouvelles infrastructures et les questions foncières et contre leur impact sur la disparition de la forêt. Dans le secteur de l énergie, la plupart des mesures d atténuation du changement climatique prises par les plus grands pays de la région Asie de l Est et Pacifique portent sur le remplacement des énergies fossiles par les énergies renouvelables, et sur l augmentation de l efficacité énergétique. Cela contribue également à la sécurité énergétique. La région devrait voir sa capacité de production d électricité doubler d ici 2030. Les émissions dues à l utilisation du charbon sont importantes dans la région et proviennent principalement de la Chine, où le charbon est à l origine de plus de 70% de l électricité actuellement produite. Bien que la part du charbon ait relativement baissé dans la capacité globale de production électrique de la région, la production d électricité à partir du charbon devrait augmenter de plus de 400 gigawatts (GW) d ici 2030 pour répondre à la demande croissante et à l expansion de la population urbaine. Pour respecter ses engagements d atténuation, la Chine prévoit d atteindre une capacité de 200 GW d énergie éolienne et de 100 GW d énergie solaire d ici 2020. D autres pays développent également les énergies à faible teneur en carbone comme l énergie éolienne et d autres énergies renouvelables. Par exemple, la Thaïlande a élargi sa capacité en énergie solaire, en débloquant des financements privés et en déployant des centrales solaires à des fins commerciales. L Indonésie et les Philippines figurent parmi les trois premiers producteurs mondiaux d énergie géothermique et disposent encore d un potentiel géothermique important à développer. Les pays insulaires du Pacifique se construisent également une capacité de production autonome d énergie renouvelable qui pourra améliorer leur sécurité énergétique et réduire leur dépendance à l égard du pétrole importé, tout en contribuant à un développement à faibles émissions de carbone. Par exemple, Tuvalu ambitionne d être le premier pays à utiliser 100 % d énergie renouvelable pour la production d électricité d ici 2020. Tuvalu entend également améliorer de 30 % l efficacité énergétique. Les possibilités d économiser l énergie et les émissions de CO 2 grâce à des mesures d efficacité énergétique sont immenses. Aux Philippines, les bâtiments commerciaux et résidentiels sont les plus gros consommateurs d électricité. En 2013, les bâtiments utilisaient plus de 60 % de la fourniture totale d électricité, pour la climatisation, l éclairage et autres usages. L introduction d un code de construction et le développement de bâtiments économes en ressources peuvent Page 3 of 5
réduire les émissions de gaz à effet de serre, et les Philippines ont lancé un code de construction écologique en 2015. La Chine a déjà un tissu dynamique d entreprises de services énergétiques (ESCO Energy Service Companies), qui favorisent les investissements dans l efficacité énergétique en offrant des services techniques et financiers spécialisés dans la conception et la mise en œuvre de projets. Ce type d entreprises commence tout doucement à être encouragé également dans des pays comme les Philippines et la Thaïlande. Même si, dans bien des cas, les investissements en efficacité énergétique sont rentables en eux-mêmes par exemple dans les refroidisseurs industriels et les équipements de climatisation un soutien est nécessaire pour éliminer les obstacles qui empêchent ces investissements de se concrétiser. Les transports urbains à faibles émissions de carbone sont une autre priorité de la région et sont en train de se concrétiser grâce à l amélioration des systèmes de transport en commun, métros, et bus à haut niveau de service (BHNS) ou service rapide par bus (SRB), ainsi que grâce à l amélioration des aménagements pour les piétons et les cyclistes. De telles initiatives sont en cours dans de nombreuses villes, par exemple à Urumqi et à Tianjin, en Chine. La gestion des déchets est une cible de la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans plusieurs pays d Asie de l Est. Elle s accompagne d avantages importants pour l environnement et la santé publique liés à une utilisation efficace des ressources et à la réduction de la pollution des terres et de l eau. Aux Philippines, par exemple, la Banque mondiale encourage la récupération et l utilisation des émissions de méthane provenant des élevages porcins et des décharges. Et le gouvernement indonésien prévoit d augmenter la collecte des déchets ménagers et de construire des installations de valorisation énergétique des déchets. Dans la région AEP, la Banque mondiale travaille avec cinq pays pour introduire des produits chimiques de remplacement dans les secteurs de la climatisation, de la réfrigération, de la production de mousse, et autres, tout en évitant les hydrofluorocarbures (HFC) en guise de produits chimiques de substitution, car ce sont de puissants gaz à effet de serre. Les politiques de tarification du carbone peuvent jouer un rôle important dans le contrôle des émissions de CO 2, car elles découragent les activités polluantes pour le climat dans la chaîne de valeur industrielle et dans la consommation des ménages. La Chine est en train de mettre en place le plus grand système d échange de quotas d émission au monde, un système de tarification du carbone basé sur un mécanisme de marché. Page 4 of 5
Enfin, il est également essentiel de réduire les subventions sur les combustibles fossiles, qui compromettent les revenus dont disposent les gouvernements pour investir dans les technologies à faibles émissions de carbone. Par exemple, dans les pays du Sud-Est asiatique, les subventions aux combustibles fossiles se sont élevées à plus de 36 milliards de dollars en 2014, avec des conséquences en matière de gaspillage d énergie, et ont découragé les investissements dans les infrastructures efficaces énergétiquement. Les pays de la région Asie de l Est et Pacifique ont commencé à s attaquer aux subventions aux carburants. La baisse des cours du pétrole offre actuellement aux pays une occasion de réformer les subventions aux carburants avec une incidence minimale sur les consommateurs et sur les prix au détail. Comme vous pouvez le constater, la région Asie de l Est et Pacifique est une région très diversifiée et qui connaît une croissance rapide. Elle joue un rôle clé pour contenir les tendances à la fois régionales et mondiales en matière d émissions. Page 5 of 5