Les déterminants des investissements en rénovation dans le résidentiel en France : une approche empirique Dorothée Charlier IREGE Journée OFCE Ville et Logement, 4 décembre 2012 1
Contexte Un objectif du gouvernement de division par 4 des émissions de gaz à effet de serre d ici à 2050 (source : Grenelle de l Environnement) MAIS Une consommation énergétique dans le secteur résidentiel importante (1 er secteur consommateur d énergie en France en 2009, source : Odyssée) et en constante augmentation Une solution envisageable Agir sur l adoption d investissements économiseurs d énergie OBJECTIFS Analyser les dépenses des ménages dans les travaux de rénovation Etudier l effet des gains énergétiques espérés, de la rentabilité espérée des rénovations et du statut d occupation 2
Revue de la littérature Peu d articles sur l étude des déterminants de la rénovation et sur le type de rénovation à entreprendre (Potepan, 1989 ; Bogdon, 1996 ; Diaz-Rainey et Ashton, 2009) Etudes sur le lien entre la décision d investir et la rentabilité de l investissement (Cameron, 1985 ; Grösche and Vance, 2009) modèles de choix discrets Etude sur les dépenses en rénovation (Mendelsohn, 1977 ; Rehdanz, 2007 ; Nair, Gustavsson et Mahapatra, 2010) non prise en compte des gains énergétiques espérés 3
Données Enquête Logement 2006 (INSEE) et données OPEN : -Le logement (surface, type, isolation, période de construction, double vitrage) -Le système de chauffage (énergie utilisée, type) -Le ménage (âge, statut d occupation, revenu, niveau de diplôme) -La situation géographique (zone climatique, rurale ou urbaine) -Les travaux (type et nombre de travaux, montant dépensé, coût des travaux) Distinction entre les travaux de réparation et les travaux en économie d énergie. 8 catégories de travaux en économie d énergie regroupées en 2 modalités : Isolation Double vitrage Isolation des murs Isolation du sol Isolation du toit Remplacement Insert VMC Eau chaude sanitaire Système de chauffage 4
Données Informations sur les caractéristiques économiques et financières? Gains énergétiques espérés (court terme) Analyse coût bénéfice (long terme) ESTIMATION DES CONSOMMATIONS À L AIDE DE PROMODUL Consommations théoriques 1/ Division du parc en plusieurs catégories (période de construction, type de logement, zone climatique, double vitrage, isolation du toit, vmc, combustible pour le chauffage) 2/ Simulation des consommations d énergie et des émissions de GES avant travaux 3/ Simulation de la consommation d énergie après travaux (8 types) 2160 catégories de logement ESTIMATION DES CONSOMMATIONS À PARTIR DES DÉPENSES Consommations effectives 1/ Dépenses déclarées par type de combustible 2/ Identification des prix de l énergie en 2006 3/ Estimation des consommations effectives avant travaux 5
2 COIntroduction 2 Données Modèle Résultats Conclusion Données ESTIMATION DES CONSOMMATIONS À L AIDE DE PROMODUL Consommations théoriques Consommation d énergie en Kwh/m² /an Emissions de GES en kg. CO2 Dépenses par m² et par an Sans Rénovation 747 48 33.8 Rénovations en EE Isolation Double vitrage 703* 45 32.3 Murs 661 42 30.7 Toit 622 38 29.1 Sol 667 42 30.9 Remplacement VMC 645 41 30.9 Système de chauffage 713 46 32.6 ECS 740 47 33.6 Insert 686 37 31.2 6
Données Informations sur les caractéristiques économiques et financières? Gains énergétiques espérés (court terme) Méthode 1 : Consommation théorique avant travaux Consommation théorique après travaux = Gains à la rénovation Méthode 2 : Consommation effective avant travaux - Consommation théorique après travaux = Gains à la rénovation Analyse coût bénéfice (long terme) Actualisation des gains à la rénovation (avec méthode 1 et 2) Si Gains actualisés > coût des travaux investissement rentable 7
Variables Caractéristiques socioéconomiques des ménages Revenu Statut d occupation Age Niveau de diplôme Caractéristiques des logements Période de construction Zone climatique Type de logement Surface Dépenses en travaux de rénovation Isolation Efficacité Remplacement Réparation Caractéristiques des travaux Nombre de travaux Gains énergétiques espérés Analyse coût bénéfice Prêt 8
Statistiques descriptives Etude sur les résidences principales : 17212 ménages 88% des ménages reportent des dépenses nulles en rénovation en 2006 4% des ménages ont réalisé des travaux en efficacité énergétique La dépense moyenne pour les travaux en efficacité est de 6169 euros Les dépenses en rénovation sont plus élevées pour les ménages diplômés Les dépenses en rénovation sont plus élevées pour les propriétaires occupants 9
Modèle On cherche à identifier les déterminants des dépenses en rénovation. 1/ Censure? 88% des ménages n ont reporté aucune dépense en rénovation en 2006. 2/ Interdépendance? Les dépenses de rénovation peuvent être liées entre elles Censure + Interdépendance Tobit multivarié (Amemiya, 1974 ; Maddala, 1983) 3/ Estimation par la méthode du maximum de vraisemblance 10
Résultats Procédures de Tests Test d indépendance des dépenses de rénovation : Test du ratio de vraisemblance d indépendance des erreurs rho12 = rho13 = rho23 = 0: chi2(3) = 488.991 Prob > chi2 = 0.0000 Test de Student de significativité des coefficients rho Test du ratio de vraisemblance modèle globalement explicatif Test des problèmes de multicolinearité pas de problème de multicolinéarité dans le modèle. Test de normalité variable expliquée en log Correction de l hétéroscédasticité 11
Résultats Dépenses en travaux de rénovation en isolation Caractéristiques socio-économiques des ménages Propriétaire (+) Niveau de diplôme (+) Caractéristiques des logements Période de construction (+) (avt 74) Zone climatique 1 (+) Maison individuelle (+) Surface (+) (effet non linéaire ) Caractéristiques des travaux Nombre de travaux (+) (effet non linéaire ) Gains énergétiques espérés (+) Analyse coût bénéfice pour travaux en isolation (+) 12
Résultats Dépenses en travaux de rénovation en remplacement Caractéristiques socio-économiques des ménages Niveau de diplôme (+) Caractéristiques des logements Zone climatique 1 et 2 (+) Maison individuelle (+) Surface (+) (effet non linéaire ) Caractéristiques des travaux Nombre de travaux (+) (effet non linéaire ) Gains énergétiques espérés (+) 13
Résultats Dépenses en travaux de rénovation en réparation Caractéristiques socio-économiques des ménages Propriétaire (+) Niveau de diplôme (+) Revenu (quintile 1et 2) (-) Age (entre 30 et 49 ans) (+) Caractéristiques des logements Période de construction (avt 2000) Maison individuelle (+) Surface (+) Caractéristiques des travaux Nombre de travaux (+) (effet non linéaire ) Prêt +) 14
Synthèse des résultats Variables clés de la décision de dépenser pour les travaux en efficacité : Gains énergétiques espérés Rentabilité de l investissement Surtout pour les travaux isolation Lien positif entre le montant dépensé et le statut d occupation Lien positif entre le fait de loger dans une maison individuelle et le montant dépensé problème dans les logements collectifs Lien positif entre les caractéristiques du logement et le montant dépensé Les dépenses dans les différentes rénovations pas caractérisées par les mêmes déterminants Effet des politiques? 15
Préconisations de politiques publiques MESURES INFORMATIONNELLES MESURES FINANCIÈRES MESURES RÉGLEMENTAIRES Communication sur les pertes subies par les ménages Bonus pour remplacer les équipements Mesures financières pour les logements collectifs Réglementation pour les propriétaires bailleurs 16
Conclusion Analyser les dépenses des ménages dans les travaux de rénovation Distinction entre les travaux de réparation, isolation et remplacement Création des variables de consommation avant et après travaux calcul des gains énergétiques espérés et analyse coût bénéfice Tobit multivarié (censure + interdépendance) Lien positif et significatif entre les gains énergétiques espérés et le montant des dépenses en équipements économiseurs d énergie Analyse de court terme des ménages Préconisations : communiquer sur les pertes subies 17