Comment et pour quoi activer les inactifs?



Documents pareils
L allocataire dans un couple : l homme ou la femme?

Réformes socio-économiques

Document d études. direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques

Demandeurs d'emploi inscrits et offres collectées par Pôle emploi en Guyane en janvier 2015

Demandeurs d'emploi inscrits et offres collectées par Pôle emploi en Guadeloupe en février 2015

Une décomposition du non-emploi en France

Revendiquons une véritable liaison au bien-être! Des pensions décentes, ce n est que justice. Revendiquons une véritable liaison au bien-être!

Accompagnement renforcé du public PLIE Cadre de référence de Plaine Commune, Le PLIE

éclairages QUI SONT LES ALLOCATAIRES INDEMNISÉS PAR L ASSURANCE CHÔMAGE? Près de 3 demandeurs d emploi sur 5 sont couverts par l Assurance chômage

Avertissement. Signes conventionnels utilisés

L état de la pauvreté en France

REUNION PARITAIRE DU 12 OCTOBRE 2007 SUR LA MODERNISATION DU MARCHE DU TRAVAIL LE RETOUR A L'EMPLOI. Note de problématiques

LES RETRAITES. Dossier d information. Avril 2010

Simulation d impact de l augmentation des salaires du personnel de l administration publique et du SMIG et du SMAG dans le secteur privé

JAPON. Nomenclature. nationale (prestations de maladie) Pension nationale Assurance pension des salariés. Assurance maladie gérée par des sociétés

Le rôle de l état de santé chez les seniors de plus de 50 ans

Bénéficiaire de l'allocation de solidarité spécifique. Vos droits en cas de reprise d'activité

SITUATION FINANCIÈRE DE L ASSURANCE CHÔMAGE

Sommaire. L entrée en vigueur de l avenant n 21 sur les salaires minima au 1 er novembre 2013

Évaluation et recommandations

ENSAE, 1A Maths. Roland Rathelot Septembre 2010

Les personnes handicapées ont les mêmes droits

Note de présentation générale. Secrétariat général du Conseil d orientation des retraites

Baromètre PME Wallonie Bruxelles : Quatrième trimestre 2013

BELGIQUE. 1. Principes généraux.

1. Les comptes de dépôt et d épargne

Royaume-Uni. Conditions d ouverture des droits. Indicateurs essentiels. Royaume-Uni : le système de retraite en 2012

Le RSA, une voie d insertion dans le monde salarial?

UNE AMBITION TRIPARTITE POUR L EGALITE ENTRE LES FEMMES ET LES HOMMES DANS L ENTREPRISE

France. Conditions d ouverture des droits. Calcul des prestations. Indicateurs essentiels. France : le système de retraite en 2012

Ensemble des mécanismes de prévoyance collective pour faire face aux conséquences financières des risques sociaux.

L allocation d aide au retour à l emploi (ARE)

CCBMAD - FICHE PRATIQUE N 1

TRAVAIL ET GESTION DE L EMPLOI?

«La réforme des retraites en France» Présentation de Gérard Rivière Rencontres de l AFERP1, 18 février 2014, GIE AGIRC-ARRCO

Tableau comparatif des contrats d apprentissage et de professionnalisation

Comment va la vie en France?

La mobilité professionnelle revêt

RENCONTRE TRIPARTITE DU 18 FEVRIER 2009 : 30 MESURES URGENTES POUR FAIRE FACE A LA CRISE

Résumé de la réforme des pensions février 2012

La réforme des pensions expliquée

Santé publique - Protection sociale -

La jeunesse française a-t-elle encore un avenir?

AVIS N 68 DU BUREAU DU CONSEIL DE L EGALITE DES CHANCES ENTRE HOMMES ET FEMMES DU 14 FEVRIER 2003, RELATIF AU TRAVAIL AUTORISÉ POUR LES PENSIONNÉS :

Notre système de retraite par répartition est au cœur du pacte républicain qui lie les différentes générations.

NOUVELLE CONVENTION D ASSURANCE CHÔMAGE

Face au constat de la pauvreté croissante des

Appel à candidature. Portage d une plateforme mobilité sur le territoire de la Communauté d agglomération d Angers

Aujourd hui, il est consultant dans les domaines de Paie, Déclarations et Ressources Humaines.

CDAJE 16 mai 2014 COMMISSION DÉPARTEMENTALE D ACCUEIL DES JEUNES ENFANTS. MICRO CRECHE - CDAJE 16 mai 2014

REGIME DE PREVOYANCE CONVENTIONNEL OBLIGATOIRE

Pacte de responsabilité et de solidarité. Réunion du 6 juin 2014 AGEN

IV. Les nécessités d une grande réforme : propositions pour une assurance générale de revenu. Ruth Gurny, Denknetz Traduction : Sabine Dormond

Part des salaires dans la valeur ajoutée

REVOIR LE FINANCEMENT DE L ASSURANCE MALADIE EN BASCULANT DES COTISATIONS SOCIALES VERS D AUTRES SOURCES DE FINANCEMENT

Les allocataires des minima sociaux: CMU, état de santé et recours aux soins

La protection sociale des professions indépendantes

Recruter et intégrer des seniors

OPAH - RU de CASTELNAUDARY DOSSIER D'INFORMATION PROPRIETAIRES OCCUPANTS

Population active et pauvreté en région Centre

Accompagnement amont court en parallèle de l étude du dossier. Proposer une solution d assurance adaptée aux besoins du chef d entreprise financé

L allocation d aide au retour à l emploi (ARE)

L ACTIVITÉ RÉDUITE. La croissance continue de l activité réduite recouvre des réalités et des publics différents. Une étude de l Unédic - Octobre 2013

CONSTAT N 2 : PLUS MAIGRE LA PENSION!

ACCORD NATIONAL INTERPROFESSIONNEL DU 22 MARS 2014 RELATIF A L INDEMNISATION DU CHOMAGE

ALLOCATIONS CHOMAGE. Effet au 01/07/2014

L évolution des formes

L'insertion professionnelle des bénéficiaires du RSA en outre-mer

Document N 09 Document de travail, n engage pas le Conseil Les allocataires du minimum vieillesse : parcours et conditions de vie

La pension de vieillesse au Luxembourg: réglementation et modalités de calcul. Florence Navarro

Le point de vue de l UNSA

Les politiques de réduction du coût salarial en Belgique

CHARTE EGALITE HOMME FEMME

12.1. Le cumul emploi-retraite

Assurance maladie publique et «Opting out» - Réflexions théoriques

LE PASS-GRL du 1 % Logement

Comité national d évaluation du rsa Annexes

Investissements et R & D

En application de l accord de gouvernement fédéral du , la législation du crédit-temps sera modifiée à partir du

Les chiffres essentiels des retraites Mis en ligne en mars 2011

contre la pauvreté et pour l inclusion sociale

Berne, mai Questions fréquentes au sujet de l aide sociale

LES TYPOLOGIES DE LOCATAIRES ELIGIBLES AUX OFFRES LOGIS-ZEN GRL & LOGIS ZEN GRL PLUS

Baromètre de la diversité > Logement. Chapitre 2. Recommandations

Au début des années 1990, les emplois

Programme «financement» - Partie I Données de cadrage

Sommaire. Recruter et intégrer des seniors

Les étudiants dans le rouge : l impact de l endettement étudiant

Quelle est l influence d une réduction des prestations d 1/5, via le crédit-temps et l interruption de carrière, sur le revenu du ménage?

Principes de gestion et leadership. Kaoutar Mdarhri Alaoui Chef de division de l observatoire de l emploi public MFPMA

Notice d information. Prévoyance. Convention collective nationale des Distributeurs conseils hors domicile [brochure n IDCC 1536]

LES REVENUS DE REMPLACEMENT VERSÉS AUX SENIORS SANS EMPLOI

Le contrat de professionnalisation à l Université Paul Sabatier GUIDE DES STAGIAIRES DE LA FORMATION CONTINUE MISSION FORMATION «POLE ALTERNANCE»

1. STRUCTURATION FEDERALE BI POLAIRE

Focus. Lien entre rémunération du travail et allocation de chômage

Le RMI et son successeur le RSA découragent ils certains jeunes de travailler? Une analyse sur les jeunes autour de 25 ans

Dossier retraite. Profil 1B. Année de naissance. Profil 1A

L intergénérationnel, un enjeu pour tous

Comité sectoriel de la sécurité sociale et de la santé Section sécurité sociale

Royaume du Maroc. La masse salariale et ses impacts sur les équilibres économiques et financiers

Transcription:

La réér éévaluation de la stratégie de l OCDE l pour l emploi l : diagnostic, limites et enseignements pour la France Hélène Zajdela Université Paris 13 et CEE Comment et pour quoi activer les inactifs?

La Stratégie de l OCDE pour l emploi revisitée Le rapport Perspectives de l emploi 2006 fournit un bilan très riche de l évolution des performances des pays de l OCDE en termes d emploi. Il s appuie sur de nombreux travaux empiriques de très bonne qualité qui permettent également d évaluer les prescriptions de la Stratégie de 1994 Conclusion globale : la Stratégie a été efficace et les prescriptions restent pertinentes. Mais elles sont à compléter compte tenu des nouveaux enjeux. Nouveautés principales : Plusieurs modèles de réussite sont possibles Interaction nécessaire des politiques des quatre piliers Diversité des modèles : dosages différents Ciblage sur certains groupes

La Stratégie de l OCDE pour l emploi revisitée Tendance à valider un modèle structurel spécifique : Certaines corrélations sont trop vite interprétées dans un sens causal De nombreux résultats des travaux disparaissent des prescriptions (des choix sont faits) Insuffisance de l analyse de la politique macro-économique menée (et si toutes les success stories résultaient aussi d un policy mix astucieux?) Une priorité sur les politiques d action sur l offre de travail (piliers implicitement hiérarchisés)

Pourquoi activer les inactifs? Élargissement de l objectif de la stratégie dans un contexte de vieillissement démographique Accroissement du taux d emploi et pas seulement diminution du taux de chômage : il faut lutter contre le «non-emploi» global. Causes de l inactivité? Choix légitime mais L articulation peut contraindre le choix des mères de jeunes enfants Incapacité Prestations légitimes mais De plus en plus de personnes capables de travailler vivant de prestations

Comment réduire le «non-emploi»? Étendre les mesures d activation conçues pour les chômeurs Réformes pour rendre le travail payant Accompagnement en les adaptant aux inactifs : pour les bénéficiaires de prestations de «non-emploi» veiller à assurer une protection sociale aux personnes dans l incapacité de travailler (problème de tri) pour les mères favoriser une meilleure articulation entre vie familiale et vie professionnelle

Comment accroître le taux d emploi? Même si ces mesures permettaient d augmenter la participation, elles ne garantiraient pas un accroissement de l emploi C est pourquoi le rapport insiste sur l interaction des piliers. Il faut aussi : agir sur la demande de travail pour augmenter l emploi accroître la formation tout au long de la vie compléter par des politiques macro-économiques appropriées Malheureusement, cadre d intervention ici limité au premier pilier (mais des incursions dans les autres)

Un problème d anti-sélection qui risque de se reproduire Objectif de l allocation chômage : maintenir le niveau de consommation après une perte d emploi. Deux types de risques : - risque de première espèce : ne pas couvrir suffisamment les chômeurs qui en ont besoin - risque de seconde espèce : assurer une couverture superflue à d autres Les politiques d activation menées depuis les années 90 ont privilégié la diminution du risque de seconde espèce et ont durci les conditions de l allocation chômage. Anti-sélection : on veut faire le tri entre les «bons» chômeurs et les «mauvais» chômeurs, mais le durcissement du système peut conduire à ne conserver en son sein que les «mauvais» chômeurs, les plus faciles à activer.

L exemple du Royaume-Uni Variation du nombre de demandeurs de l Incapacity Benefit d âge actif 1995-1997 1997-2001 2001-2005 Total 52 600 138 000 68 600 Hommes 5 700 25 400-16 900 Hommes < 50 7 300 40 700 52 400 Femmes 46 900 112 600 85 500 Source: DWP, 2006 2,7 millions de bénéficiaires de prestations de «non emploi» d âge actif au titre du handicap en 2005: Les trois quart ont des problèmes de santé courants et sont capables de travailler Un tiers déclare vouloir travailler 200 000 bénéficiaires en plus depuis l arrivée du New Labour (source Cazenave et Zajdela, 2006)

Pourquoi cet accroissement des allocataires de non emploi? Des problèmes d incitation, du point de vue de l offre Les prestations d invalidité sont trop généreuses comparées aux allocations chômage: Solution : Refaire un tri entre ceux qui sont capables et ceux qui sont dans l incapacité de travailler Une conséquence des politiques d activation, si insuffisance de la demande de travail Arbitrage n est pas entre chômage et emploi Le nouveau tri, s il passe uniquement par des incitations financières, risque dans ce cadre de conduire à un accroissement de la pauvreté des personnes en non-emploi.

Champ de notre réflexion Il s agira d étudier la pertinence des mesures d incitations financières pour accroître l offre de travail en France. En ce concentrant sur deux publics spécifiques les allocataires du Revenu Minimum d Insertion (RMI) les mères d enfants en bas âge Nous ne traiterons donc ni de l indemnisation et l accompagnement des chômeurs ni du non-emploi des seniors

Les bénéficiaires de minima sociaux Le RMI a un statut particulier Le RMI peut être considéré comme le dernier pilier de l indemnisation du chômage Les allocataires sont censés être disponibles pour travailler mais le public est hétérogène Il est plus simple (que dans le cas des personnes handicapées) d identifier ceux qui sont en mesure de travailler (contrat d insertion) Trappes à chômage «théoriques» (TMI) révélées mais seulement pour des emplois à temps partiel et certaines configurations familiales

En pratique, les bénéficiaires de RMI ne tombent pas toujours dans les trappes Les chômeurs allocataires du RMI cherchent aussi activement un emploi que les autres mais leurs démarches n aboutissent pas insuffisance de la demande de travail pour cette catégorie. Certains allocataires travaillent en restant dans le dispositif (temps très partiel) sans intéressement : ils travaillent et pourtant ils ont exactement le même revenu qu en ne travaillant pas. Un tiers des allocataires qui sortent du dispositif en reprenant un emploi n y trouvent aucune amélioration de leur revenu et certains perçoivent même une dégradation. (Source: Guillemot et alii, 2002)

Pourquoi travailler sans gain financier? L acceptation d une perte ou d une stagnation du revenu s explique dans une approche dynamique par les perspectives de revenus futurs qu ouvre la reprise d un emploi. discutable car les anciens allocataires occupent surtout des emplois précaires L horty et Ouvrard (2006) montrent que les gains intertemporels dépendent moins des gains financiers immédiats que de l accessibilité des bons emplois (en termes de sécurité et de carrières salariales)

Pourquoi travailler sans gain financier? Pour les allocataires du RMI, l emploi apporte davantage un statut qu un revenu La majorité des allocataires qui sortent du RMI par l emploi se sentent mieux, y compris ceux qui y perdent financièrement (Guillemot et alii, 2002). Le travail est source de bonheur (Layard, 2005), surtout quand on en est privé (le loisir est un bien inférieur quand il constitue la totalité du temps non travaillé, Pucci et Zajdela, 2006)

En théorie, les trappes ont diminué Différentes réformes ont réduit les TMI (allocations logement, intéressement, Prime pour l Emploi) mais ils restent élevés pour certaines configurations familiales. Faible impact de la PPE sur l offre de travail malgré ses extensions (Cahuc, 2002; Laroque et Salanié, 2003 ) mais déplacement de TMI élevés. Mais le nombre d allocataires n a pas diminué et les sorties du RMI vers l emploi n ont pas progressé Les allocataires du RMI sont surtout confrontés à une insuffisance de la demande de travail (problème de qualification)

Sorties du RMI Situation en janvier 1998 des allocataires du RMI de décembre 1996 Pour 100 allocataires 26 en emploi, 57 au chômage, 17 inactifs Sortis du RMI 29 Toujours au RMI 71 Emploi 15 Chômage 9 Inactivité 5 Emploi 11 Chômage 48 Inactivité 12 Situation au 1 er trimestre 2003 des allocataires du RMI de décembre 2001 Emploi 13 Sortis du RMI 30 Pour 100 allocataires 12 en emploi, 62 au chômage, 26 inactifs Chômage 9 Inactivité 8 Emploi 12 Toujours au RMI 70 Chômage 38 Inactivité 20

Faut-il rendre le travail payant? Un consensus semble se dégager autour du faible impact des TMI sur l emploi ce qui rend étonnant cette persistance à se concentrer sur les incitations financières. Sauf pour les ménages avec enfants. Cela s explique par un autre consensus : celui d une forte élasticité de l offre de travail des femmes Plus pertinent a priori de mener ce type de politique sur les femmes

Mesures préconisées par l OCDE pour augmenter l activité des femmes Mêmes réformes pour rendre le travail payant (à part les réformes fiscales favorisant les seconds apporteurs de revenu) Favoriser la conciliation vie familiale et vie professionnelle (congés parentaux, incitations fiscales au temps partiel, subvention à la garde des enfants)

Complexité de l activité des femmes en France Les femmes sont présentes dans les différents groupes et segments du marché ciblés par le rapport : chômage, inactivité, emploi non qualifié Femmes Hommes Taux d activité 63,8% 74,5% Taux d emploi 56,9% 67,8% Taux de chômage 10,9% 9% Part des femmes et des hommes représentée dans l emploi non qualifié Source : OCDE (2006) Champ : femmes et hommes âgés de 15 à 64 ans. 61% 39% Mais spécificité supplémentaire des femmes : être mères (charge de la conciliation)

Complexité de l inactivité des femmes en France : le cas de l APE Complément «libre choix d activité» (ex Allocation Parentale d Éducation) (environ 500 euros par mois pendant 3 ans pour un retrait total d activité) dissocié d un congé parental qui assurerait le maintien dans l emploi désactivation Prescriptions de l OCDE seraient validées a contrario par le succès de l extension de l APE à taux plein aux mères de 2 enfants en 1994 (chute de leur taux d activité d au moins 15 points)

Autres causes du succès de l APE Le fort taux de chômage des femmes (les conditions d éligibilité incluent les chômeuses) Les «mauvais emplois» contribuent au succès de l APE à taux plein (80%) (statut d emploi, flexibilité des horaires, temps partiel subi, etc.) 30% des femmes occupent des emplois non qualifiés En 2002, moins d un quart des femmes avaient un statut d emploi «typique» (CDI à temps plein) associé à des aménagements horaires «typiques» (réguliers, de semaine) et presque 20% des femmes cumulent des statuts atypiques et des aménagements horaires atypiques.

Taux d activité des femmes éligibles à l APE par niveau de qualification (Bonnet et Labbé, 2000)

Des études confirment que le chômage et les conditions d emploi relativisent les incitations financières Les déterminants du retrait d activité pour bénéficier de l APE en contrôlant les variables usuelles (salaire, âge, diplôme, revenu du conjoint) Variables Modalités CHÔMAGE Période de chômage antérieur + + + SECTEUR D ACTIVITÉ commerce + + + + STATUT DE L EMPLOI Contrats à durée déterminée + + + + SECTEUR CDI du secteur privé + + STATUT DE L EMPLOI DU CONJOINT Contrats précaires, chômeurs - - - HORAIRES DE TRAVAIL Alternés ou variables + + ANCIENNETE (en années) > 5 - - Source : Echantillon national des allocataires CNAF et enquêtes Emploi 1996-2001 (cf. Afsa, 1996 et Marc, 2004) Champs : Femmes éligibles à l APE de rang 2

Les mesures de conciliation entre vie familiale et vie professionnelle Doute de l efficacité des incitations financières compte tenu de la situation des femmes françaises sur le marché du travail Si on prend comme axe principal la conciliation, les trois solutions proposées présentent des risques: Temps partiel risque de limiter les carrières si choisi et risque de trappes à bas salaires si contraint Congé parental risque si trop long ou mal articulé à l accès aux modes de garde Subvention des modes de garde des jeunes enfants risque de renforcer le dualisme entre les mères (Source Marc et Zajdela, 2005)

Des problématiques imbriquées pour l activité des femmes Revoir la cohérence de la politique familiale française : «libre choix» de travailler ou de ne pas travailler? Une imbrication complexe entre situation des femmes sur le marché du travail et les modes de garde privilégiés par la politique publique nécessité de développer les modes publics de garde Illustration : une classification en six classes des mères d enfants de moins de 3 ans croisant leur statut d activité et leur mode de garde Une classe (1/4 des mères) qui regroupe près de la moitié des mères travaillant à temps partiel et qui est caractérisée par le recours à de nombreux modes de gardes simultanés, cumule toutes les difficultés : temps partiel contraint, conditions d'emplois difficiles, salaires plus faibles. (Source : Perraudin et Pucci, 2006)

Quels emplois pour les inactifs? Problèmes d incompatibilité des politiques de MWP avec un objectif de qualité des emplois (absent des prescriptions de la stratégie) Arbitrage en faveur de la lutte contre les trappes à inactivité (dont l effectivité n est pas révélée) au détriment des trappes à pauvreté (qui s accroissent) Un «mauvais» emploi vaut-il mieux que pas d emploi du tout? (Layard, 2003) Au-delà de l aspect financier du travail (qui peut se résoudre par des subventions aux «mauvais» emplois), les détériorations des conditions et horaires de travail et de la santé au travail compromettent au moins autant le bien-être social que l accroissement des taux de dépendance.