DOSSIER DE PRESSE 4 octobre 2010 L ARC ET LA RECHERCHE SUR LES TRAITEMENTS DES CANCERS DU SEIN
SOMMAIRE Communiqué de presse...p.3 Mettre au point des traitements pour les cancers du sein insensibles aux thérapies existantes....p.5 Identifier de nouvelles cibles thérapeutiques pour les cancers du sein agressifs métastatiques.... p.7 Trouver des moyens de contrer la résistance des patients aux traitements existants...p.9 2
>> Communiqué de presse 4 octobre 2010 L ARC ET LA RECHERCHE SUR LES TRAITEMENTS DES CANCERS DU SEIN Aujourd hui, le cancer du sein est l un des cancers pour lequel le taux de survie est le plus élevé, on guérit plus de 70% des cancers du sein 1. Ceci est dû en grande partie au dépistage précoce et aux importants progrès thérapeutiques issus de la recherche en cancérologie. Néanmoins, c est le cancer féminin le plus fréquent. Avec 50 000 nouveaux cas par an, il se situe au 1 er rang des décès par cancer chez la femme. Il s agit d un véritable problème de santé publique dont l ARC fait l une de ses priorités. L association a consacré près de 46 millions d euros ces 10 dernières années en finançant 1 219 projets liés à cette thématique, soit 1 projet sur 6 sur l ensemble des projets de recherche soutenus par l ARC. Les enjeux de la recherche pour les cancers du sein Les attentes des malades en matière de recherche sont d autant plus fortes qu il s agit de cancers du sein de mauvais pronostic. Le mauvais pronostic d un cancer du sein peut être associé notamment au «type» de cancer du sein puisqu il existe aujourd hui une catégorie de cancer du sein dit «triple négatif» que l on ne sait pas soigner. Le mauvais pronostic d un cancer du sein peut aussi être associé au fait que ce cancer du sein est agressif et qu il métastase. De même, lorsque la tumeur du patient «résiste» au traitement, l efficacité de ce dernier est remis en cause et le pronostic du cancer est assombri. Améliorer et découvrir de nouveaux traitements Des progrès sont donc encore à réaliser afin de réduire la mortalité due à cette maladie. C est pourquoi l ARC, animée depuis toujours par la volonté de sauver des vies, finance des projets de recherche porteurs d espoirs dans ces domaines. L association soutient des travaux visant à mettre au point des traitements pour les cancers du sein insensibles aux thérapies existantes. C est le cas 1 Source : Eurocare 4 3
du projet de Serge Roche et de son équipe, au Centre de Recherche en Biochimie Macromoléculaire (CRBM) de Montpellier. L équipe a identifié deux molécules impliquées dans le développement des cancers du sein «triple négatifs». Il existe aujourd hui des médicaments, bloquant l activité de ces deux molécules, qui sont déjà utilisés pour traiter certains cancers du sang et qui pourraient être efficaces pour traiter les patientes atteintes de cancers du sein insensibles aux traitements classiques. L ARC finance également des travaux pour traiter les cancers du sein agressifs métastatiques, telles que les recherches de l équipe de Gwendal Lazennec au sein de l unité INSERM 844 à Hôpital Saint-Eloi de Montpellier. Les chercheurs ont découvert qu une petite protéine, une «chimiokine», présente en quantité anormalement élevée dans les cellules cancéreuses, augmentait la vitesse de la prolifération des cellules et leur capacité d invasion. L équipe a prouvé que l élimination du récepteur de cette protéine ralentit le développement de la tumeur. Ces découvertes permettent d envisager à long terme l'utilisation d'anticorps bloquant cette chimiokine dans le traitement des cancers du sein agressifs. L ARC soutient enfin des projets pour améliorer les traitements existants. Ainsi l association finance les travaux de Pascale Cohen et son équipe, au sein de l Unité INSERM U590 à la Faculté de Pharmacie de Lyon, qui cherchent à contrer la résistance des patientes aux traitements d hormonothérapie. L équipe a prouvé que l utilisation de molécules bloquant spécifiquement les mécanismes cellulaires impliqués dans la résistance, en complément d hormonothérapie, rendrait plus efficace ces traitements. L essentiel sur l Association pour la Recherche sur le Cancer (ARC) L Association pour la Recherche sur le Cancer participe activement à la lutte contre le cancer en France en finançant les projets de recherche en cancérologie les plus porteurs et les plus innovants. Elle a récemment intensifié son action d information au service de la prévention et du traitement des cancers en développant les supports grand public et en offrant, sur son site Internet, une information sur la maladie et sur les travaux de recherche scientifique. Pour donner aux chercheurs les moyens de conduire leurs projets et couvrir l ensemble des champs de la cancérologie, l association qui ne bénéficie d aucune subvention publique, met en œuvre grâce au soutien exclusif de ses donateurs et testateurs, une politique dynamique de la recherche qui privilégie l innovation et l action à long terme. L ARC a consacré, en 2009, 31,5 millions d euros à la recherche en cancérologie et à la diffusion de l information sur les avancées des connaissances, soit près de 78 % de ses ressources, pour soutenir 506 projets de recherche. Tous les communiqués et dossiers de presse sur le site Internet de l ARC : http://www.arc-cancer.net/presse/ 4
METTRE AU POINT DES TRAITEMENTS POUR LES CANCERS DU SEIN INSENSIBLES AUX THERAPIES EXISTANTES Les traitements des cancers du sein Aujourd hui, il existe deux types de traitements des cancers du sein. Le premier est l hormonothérapie. Il consiste à empêcher les hormones féminines (œstrogènes et progestérone) de se fixer sur les récepteurs présents à la surface des cellules mammaires afin d éviter la prolifération des cellules cancéreuses. Le deuxième traitement est utilisé lorsque le cancer du sein est lié à une anomalie génétique qui touche le gène HER2. Cette anomalie augmente la capacité des cellules à proliférer. Ces cancers sont sensibles à un médicament «anti-her2» qui combat l effet de cette anomalie génétique. Hélas, dans 15% des cas, les cancers du sein ne répondent ni aux hormonothérapies, ni au traitement anti-her2. Ces cancers sont souvent agressifs et insensibles aux thérapies actuelles. L ARC finance donc des travaux de recherche visant à trouver de nouveaux traitements pour ces cancers du sein. C est le cas du projet de l équipe «Tyrosine kinase et cancer», dirigée par le Docteur Serge Roche au sein du Centre de Recherche en Biochimie Macromoléculaire (CRBM) à Montpellier, que l association soutient à hauteur de 100 000 euros depuis 2006. Traiter les cancers du sein insensibles aux traitements existants Les travaux de l équipe de Serge Roche s appuient sur certaines données suggérant que les cancers du sein agressifs, dits «triple négatifs» 1, pourraient avoir des origines semblables à celles des leucémies myéloïdes chroniques, qui sont des cancers du sang que l on sait aujourd hui traiter. Si cette hypothèse est juste, les cancers du sein ne répondant ni aux hormonothérapies, ni au traitement anti-her2, pourraient répondre aux molécules utilisées dans le traitement des leucémies myéloïdes chroniques. Ces traitements agissent en bloquant l activité de protéines nommées SRC et ABL. Le but du projet de l équipe de chercheurs est de confirmer l implication de SRC et ABL dans ces cancers du sein et de comprendre leur mécanisme d action dans la croissance des tumeurs et le développement de métastases. 1 Cancers du sein qui ne répondent ni aux hormonothérapies (œstrogènes et progestérone), ni au traitement anti-her2. 5
Les chercheurs vérifient que ces deux protéines peuvent être des «cibles» dans le traitement des cancers du sein «triple négatifs». Il serait ainsi possible de proposer des médicaments, bloquant l activité de SRC et ABL, qui seraient efficaces pour traiter les patientes atteintes de cancers du sein insensibles aux traitements classiques. De plus, étant donné que plusieurs molécules bloquant l activité de ces protéines sont déjà commercialisées actuellement, les résultats des travaux de l équipe de Serge Roche permettent d'envisager une utilisation rapide de ces traitements pour les cancers du sein «triple négatifs». 6
IDENTIFIER DE NOUVELLES CIBLES THERAPEUTIQUES POUR LES CANCERS DU SEIN AGRESSIFS METASTATIQUES Les métastases facteur de mauvais pronostic pour les cancers En France, on recense que 90 % des décès sont associés aux cancers liés à la formation de métastases. La capacité d une tumeur à s étendre à d autres organes est un facteur de mauvais pronostic. Il y a donc un grand intérêt à comprendre comment les métastases se forment, pour savoir comment les combattre. L ARC soutient des projets visant à trouver de nouveaux traitements pour ces cancers du sein métastatiques. C est le cas des travaux de l équipe du Docteur Gwendal Lazennec, au sein de l unité INSERM 844 à l Hôpital Saint-Eloi de Montpellier, que l association a financé à hauteur de 100 000 euros depuis 2004. A la recherche d un traitement des cancers du sein agressifs métastatiques Les raisons de l'agressivité de certains cancers du sein, notamment celles liées à la formation de métastases, restent mal comprises et c est ce qu essaye d élucider, en partie, le Docteur Gwendal Lazennec et son équipe. Une des hypothèses pouvant expliquer l agressivité de certains cancers serait la production de protéines libérées par les cellules cancéreuses dans leur environnement. En analysant des biopsies de patientes atteintes de cancer du sein 1,2, les chercheurs ont observé qu'une petite protéine ayant des capacités d'attraction de cellules, une "chimiokine", était secrétée en plus grande quantité par les cellules dans les cancers du sein les plus agressifs. Ces premiers résultats ont conduit cette équipe à analyser les effets de cette protéine et de son récepteur sur les cellules de cancer du sein. Ils ont ainsi pu montrer que cette chimiokine augmente la capacité des cellules de cancer du sein à se multiplier et accélère aussi leur migration et l invasion. En exposant des cellules de cancer du sein à cette chimiokine, ou en augmentant artificiellement sa production par la cellule, l'équipe a ainsi observé une augmentation de la vitesse de prolifération des cellules. La 1 Chavey C., Bibeau F., Gourgou-Bourgade S., Burlinchon S., Boissiere F., Laune D., Roques S. and G. Lazennec (2007). "Estrogen-receptor negative breast cancers exhibit a high cytokine content." Breast Cancer Res. 9: R15. 2 Bièche I., Chavey C., Andrieu C., Busson M., Vacher S., Le Corre L., Guinebretière J.M., Burlinchon S.,Lidereau R. and G. Lazennec (2007) "CXC chemokines located in 4q21 region are differentially expressed in breast cancer". Endocr Rel Cancer. 14: 1039-1052. 7
surexpression de cette protéine fait également croître la capacité métastatique des cellules cancéreuses et leur mobilité. Gwendal Lazennec et son équipe veulent confirmer l'effet de cette chimiokine sur la croissance tumorale et la formation de métastases. Des premiers résultats suggèrent que l'élimination du récepteur sur lequel se fixe normalement la chimiokine a pour effet de ralentir le développement de la tumeur mammaire. Ces résultats doivent être confirmés par d autres expériences afin d envisager l utilisation de cette protéine ou de son récepteur comme cible thérapeutique en clinique. L'équipe de Gwendal Lazennec, poursuit aujourd'hui la démonstration que cette chimiokine est importante pour le développement cancéreux mammaire et le processus métastatique. Il étudie notamment les signaux conduisant à la surexpression de cette protéine par les cellules cancéreuses. Ces découvertes permettent d envisager à long terme l'utilisation d'anticorps bloquant cette chimiokine dans le traitement des cancers du sein agressifs. 8
TROUVER DES MOYENS DE CONTRER LA RESISTANCE DES PATIENTS AUX TRAITEMENTS EXISTANTS La résistance au traitement, un problème clinique majeur 70 % des cancers du sein sont hormonodépendants et sont traités par hormonothérapie 1. Parmi les molécules utilisées dans ce traitement on trouve le tamoxifène, qui est un anti-œstrogène utilisé depuis environ 30 ans avec succès pour ces cancers du sein. Malheureusement 30 à 40 % des patientes ne répondent pas du tout à ce traitement et 40 à 50% des patientes pour lesquelles le traitement fonctionnait finissent par devenir résistantes au tamoxifène. Une autre molécule est utilisée en hormonothérapie, il s agit du fulvestrant qui peut, elle aussi, donner lieu à une résistance au traitement. La résistance des patientes à ces traitements constitue un frein majeur à leur guérison. C est pourquoi l ARC soutient des projets de recherche visant à combattre la résistance aux traitements existants des patientes atteintes de cancer du sein. L association finance notamment les travaux du Professeur Pascale Cohen et de son équipe au sein de l Unité INSERM U590 à la Faculté de Pharmacie de Lyon. Les chercheurs, soutenus à hauteur de 50 000 euros par l ARC, ont pour objectif d identifier des stratégies permettant de contrer les mécanismes à l origine de la résistance à deux hormonothérapies afin de resensibiliser les patientes au traitement. Contrer la résistance à l hormonothérapie pour améliorer l efficacité des traitements des cancers du sein Pascale Cohen et son équipe s intéressent à la résistance à deux molécules utilisées en hormonothérapie : le tamoxifène et le fulvestrant. Cette équipe a recherché dans les cellules de cancer du sein qui présentaient une résistance à l hormonothérapie quels étaient les mécanismes moléculaires impliqués dans cette résistance. En utilisant, en complément de l hormonothérapie, d autres molécules qui bloquent spécifiquement les mécanismes cellulaires impliqués dans la résistance, les chercheurs ont pu observer deux phénomènes. D une part, les cellules qui répondent favorablement à l hormonothérapie sont encore plus sensibles au traitement. Celui-ci devient potentiellement plus efficace. D autre part les cellules qui étaient résistantes au traitement y deviennent sensibles. 1 Ce traitement consiste à empêcher les hormones féminines (œstrogènes et progestérone) de se fixer sur les récepteurs présents à la surface des cellules mammaires afin d éviter la prolifération des cellules cancéreuses. 9
Les molécules bloquantes utilisées par les chercheurs étant actuellement en développement clinique pour d autres pathologies que le cancer du sein, les résultats de cette étude devraient donc permettre de fournir rapidement de nouvelles solutions pour potentialiser l effet de l hormonothérapie. L utilisation de ces molécules bloquantes, en complément du tamoxifène et du fulvestrant, rendrait efficace ces traitements pour les patientes qui y sont résistantes dès le départ ou qui développent ultérieurement cette résistance. Cette stratégie de traitements combinés permettrait d améliorer la réponse au traitement et de sauver des vies. Parallèlement à ces travaux, l équipe de Pascale Cohen a également recherché de nouveaux biomarqueurs permettant de prédire la résistance aux traitements d hormonothérapie. L objectif est de pouvoir adapter au plus tôt le traitement des patientes atteintes d un cancer du sein hormonodépendant. A partir d échantillons de tumeurs issus de patientes, l équipe a identifié de nouveaux gènes associés à la résistance à l hormonothérapie. Elle a pu établir la valeur pronostique de l utilisation de deux ensembles de gènes pour prédire la résistance aux traitements d'hormonothérapie, de type tamoxifène ou fulvestrant. Ainsi si cette combinaison de gènes est détectée chez la patiente, il sera possible de déterminer à l avance qu elle risque de ne pas être réceptive à l hormonothérapie. Ces travaux devraient fournir aux cliniciens des nouveaux outils pour ajuster le traitement des patientes. D'autres Dossiers et infos sur www.paulbecquart.fr - Journaliste Santé et Environnement 10