Le domaine de l Audronnière



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Transcription:

SOMMAIRE Le domaine de l Audronnière pages 26 à 33 Rencontre avec Monsieur et Madame Bourdain pages 34 & 35 Y a t il eu un meurtre à l Audronnière? page 36 25

«LE DOMAINE DE L AUDRONNIÈRE» (SON HISTOIRE AU FIL DES SIECLES) Au début, connu tout du moins, est cité «le Port de l Audronnière». Vers 1645 a lieu un procès opposant le sieur GUERIN et le Seigneur de la Pinonnerie à propos d un fossé intentionnellement mal placé sur un chemin menant d une métairie de l abbaye d Aigues Vives au Port de l Audronnière. Ce port était reconnu à cette époque le plus commode du Cher, à l activité considérable, lieu d embarquement de blés, vins, fruits et bois par un chemin de cinq toises de large (environ 10 m). C est dire l importance stratégique de ce chemin menant à l Audronnière pour la paroisse de Faverolles. Témoin, ce procès-verbal au 16 février 1649 relatant l assignation faite par un nommé Julien Bisson, laboureur de la paroisse de Faverolles, devant le Procureur du Roy, contre les religieux d Aigues Vives. Ceux-ci qui menaient en charrette leurs bois destinés à la marine (futurs mâts de bateaux) jusqu au port de «L Audronnière», étaient accusés d avoir défoncé le chemin entre leurs terres et celles de Monsieur Le Vayer, Seigneur de Faverolles, le seul chemin qui existait pour mener des bourgs et paroisse de Faverolles à St Georges, «Séré Peigné» et qui était devenu impraticable à cause d une forte pente et de profondes ornières (causées par le passage des lourdes charrettes) remplies d eau après quatre mois de pluie. Aussi «les religieux s étaient mis à traverser les terres dudit Bisson, pour voiturer des bois d une certaine longueur qui ne peuvent se replier à chaque détour et repli que le chemin fait». Se faisant «le nouveau chemin passant sur la pièce du laboureur formait un tort considérable aux blés, et à l orge qui y étaient ensemencés». Au cours du procès, il est répondu au sieur Bisson «qu il a d autant plus mauvaise grâce de se plaindre de ce que les charretiers qui mènent les bois de marine passent dans ses terres vu que c est lui-même qui y a tracé le chemin et ce, dans l aveu de faire amener tout le bois dans un chantier qu il a et qu il comptait louer mais il a été trompé dans ses espérances parce que les commissaires de la marine mettent leurs bois où bon leur semble sans rien payer, voilà ce qui a mis ledit Bisson de mauvaise humeur». Finalement, «les sieurs abbés et religieux de l abbaye seront tenus de remettre le chemin en état et de rendre praticable à leurs risques périls et fortunes, ainsi qu à apporter réparations, dommages et intérêts du dit Bisson». Toujours est il que la Révolution en 1789 dans la grande histoire en marche étant passée aussi sur Faverolles, il n est plus question des activités des religieux d Aigues Vives et du Port de l Audronnière, mais on retrouve par une lettre du 15 Fructidor An 9 une nouvelle affaire entre les citoyens Levayer de Vendoeuvre (autrefois Marquis de Faverolles) et Bisson acquéreur de domaines provenant de l Abbaye d Aigues Vives, tous les biens religieux et seigneuriaux étant devenus biens nationaux et vendus comme tels à des particuliers. Dans une correspondance adressée par le Préfet de Loir et Cher au «citoyen maire» de Montrichard, ( ) il est 26

reproché à celui-ci sa négligence et son peu d empressement à transmettre le procès-verbal d une «estimation faite fin 1790, début 1791, des domaines de l Audronnière et ses dépendances». Ainsi quarante années plus tard la contestation revendiquant est toujours de mise dans la famille Bisson! Est ce toujours le même Bisson de 1749, ou bien s agit il de son descendant? Quant au citoyen Levayer, il s agit de Jean Michel Christophe le Vayer, dernier descendant de cette famille seigneuriale très ancienne, marquis de Faverolles, grand sénéchal du Maine Seigneur de la Mothe à Faverolles. Est il question de départager des terres entre celles provenant de l Abbaye et celles de l ancien domaine seigneurial du citoyen Levayer? De quel domaine provenaient les terres de l Audronnière? A cette époque, Faverolles compte trois cent paroissiens et nous ne savons pas grand chose de ce qu il advint de ces terres de l Audronnière, pendant la restauration sous le règne de Louis XVIII et de Charles X. C est en 1835 que nous retrouvons la trace du domaine de l Audronnière, en l étude de Monsieur Lucien Baudier notaire à Montrichard, par un acte datant de 1842 où l on apprend que les époux Charlonnier vendent des terres et des vignes à Monsieur de l Isle : «Silvain Charlonnier et son épouse Silvine Marie Victoire Hugues, demeurant aux caves à Faverolles, vendent des terres et de la vigne au sieur Alfred Pierre Amédée de l Isle, propriétaire demeurant à l Audronnière» en un seul tenant «Monsieur de l Isle avait acquis le 15 mars 1835 ses propres terres à l Audronnière par la succession vacante de Monsieur Philippe Etienne Heme, négociant à Montrichard et sa femme Hélène Perpétue CLIVOT, le tout, en trois hectares, vingt ares, vingt-trois centiares, consistant en pré sur rivière, friche, pente au milieu, vignes au couchant, Ouest et Nord entre le Cher et le chemin de Montrichard à St Georges». Probablement, il s agit là du site actuel d implantation du Château de l Audronnière mais on ne sait pas si le château se bâtit à cette époque ou s il existait déjà. On comprend cependant que Monsieur de l Isle est en train d agrandir sa propriété, côté Est vers Boston, car suivent dans cette vente, certaines dispositions faisant obligation à Monsieur de l Isle de construire un mur de séparation à l Est, d avec la propriété des Charlonnier (mur qui existe toujours) et d autres dispositions concernant l utilisation et la jouissance du ruisseau de Faverolles qui traverse les deux propriétés. En 1868, au Second Empire, le propriétaire successeur de Monsieur de l Isle est Monsieur Philippe CHAUVI- TAUX, marié à Marie Thérèse Aglaé Demotier, dont nous ne savons pas grand chose, sinon qu il fut adjoint à la Mairie de Faverolles. Nous en connaissons beaucoup plus sur le propriétaire suivant de 1877 à 1884, Monsieur Pierre Parceint qui sera Maire de Faverolles, sous la Troisième République. La population à cette époque y est de 800 habitants. Ce monsieur Parceint négociant en grains, également conseiller général, avait défrayé la chronique locale et même au delà en s opposant violemment au président Mac Mahon, en plein déroulement des comices agricoles à Montrichard du 10 août 1877, ce qui lui valut de sérieux démêlés avec le Préfet par la suite. Sur le climat politique et les enjeux économiques et ruraux, à propos de cet épisode «Parceint», on lira avec intérêt dans le bulletin n 24 année 1991 des «Amis du Vieux Montrichard» un article consacré aux choix politiques des Montrichardais, de l avènement du suffrage universel au début de la première guerre mondiale et aussi dans le livre de Madame J.Suraud «Regard sur Faverolles» le chapitre «Des personnes ayant marqué leur passage». En 1885, la propriété de Monsieur Parceint est saisie, à la requête de Monsieur Simon Eugène Courtellement, propriétaire à Blandy les Tours - Seine et Marne. Pour quelles raisons? Nous n en savons rien. C est dans l acte de vente en 1918 du domaine de l Audronnière par Madame Bourard veuve Chevallier à la Syndicale des Cochers et Chauffeurs de la Seine en l étude de Maître Lucien Bézard, notaire à Montrichard, que nous apprenons cette mésaventure survenue à Monsieur Parceint et l évolution du domaine de l Audronnière. «Cette Madame Marie Louise Baurard, propriétaire rentière, épouse divorcée en premier mariage de Monsieur Albert Chevallier et veuve en secondes noces de Monsieur Edouard François Chevallier décédé en 1913 sans laisser d héritier, tenait cette propriété (domaine de l Audronnière de Monsieur Pierre dit Prosper Parceint et Madame Aurélie Bruyère, son épouse, propriété qui avait été saisie en 1885». Ensuite, suit une longue description des biens acquis pendant la communauté des époux Chevallier : 25 ares aux Courlis à St-Georges achetés à Lebreton André François, vigneron, et son épouse Marie Jeanne Floride Bauges, 74 ares de sapins aux Courlis à Monsieur Ernest Archambaux et Madame Marie Josèphe Bigot à St-Georges, 25 ares à Madame Geneviève Bonroy, veuve de Monsieur Joseph Victor Dangé à St-Georges, 25 ares à Madame Louise Ouvray sur Faverolles veuve de Monsieur André Crespou (ou Crespau), 14 ares à Madame Amélie Peltier, épouse de Monsieur Jean Bauchet à St-Georges, 22 ares à Madame Ester Marie Dugué, épouse de Monsieur Armand Alfred Delannoy, vigneron 27

au Domaine de la Rochette à Pouillé, qui appartient aujourd hui à François LECLAIR, médaillé régulièrement au Touraine Primeur, et enfin 36 ares à la Clémencerie, sur Faverolles aux héritiers de Madame Henriette Victoire Charbonnier, veuve de Monsieur Paul Alexandre Alliot. Nous avons là toute une liste de familles, qui pour certaines sont toujours présentes à Faverolles ou à St- Georges, ou dans le canton par leurs descendants. Qu est ce qui a poussé toutes ces familles à vendre leurs terres, en ces dernières années du 19ème siècle aux plus gros propriétaires terriens? En 1896, l Annuaire Almanach du Commerce de l Industrie de la Magistrature et de l Administration, répertorie l Audronnière comme grosse propriété appartenant à Monsieur Edouard Chevallier, lequel fut aussi maire de Faverolles de 1892 à 1904, aux côtés des propriétés d Aigues Vives de l Hermitage et de «la Milletière». C est en 1918 que bifurque la vocation du domaine de l Audronnière, à l instar d autres grands domaines terriens particuliers qui tombent dans l escarcelle enthousiaste de ces nouvelles sociétés à vocation d entraide et de solidarité : les syndicats, les coopératives et les mutuelles c est la Syndicale des Cochers et Chauffeurs de la Seine, société coopérative anonyme au capital et personnel variable qui fait l acquisition de ce «superbe domaine». On ne peut mieux illustrer notre propos à cet endroit qu avec ce numéro de l Illustration paru le 29 juin 1918. Voir l article extrait de l Illustration du 29 juin 1918 en page 32 28

A partir de cette période jusqu en 1935, nous connaissons quelques détails grâce à des photos anciennes et aussi à des histoires rapportées, par Monsieur Georges Marche, bien connu à Montrichard fils de Monsieur Marche, Régisseur intendant du Domaine pour la syndicale des cochets, né à l Audronnière et y ayant passé son enfance, se souvenait que le château et son domaine était réservé aux enfants et familles des cochers et chauffeurs syndiqués pour leurs vacances, loisirs, partie de pêche et même courses de taxis! Cette belle aventure prit fin en 1936 par la saisie du domaine pour des raisons que nous ignorons devant le Tribunal de première instance de Blois, puis par la vente, après bien des péripéties de surenchère à l Union des Syndicats ouvriers confédérés de la Région Parisienne siégeant rue de Châteaudun à Paris. En février 1937, le domaine dont prend possession l Union des Syndicats, s agrandit encore sur la commune de St-Georges par un petit bois de sapins et d acacias vendu par Monsieur et Madame Bouges Berthias, portant l ensemble du domaine, bâtiments compris à 34 hectares environ. A partir de cette année 1937, où l Union des Syndicats Ouvriers Confédérés fusionne avec l Union des Syndicats Unitaires pour former l Union des Syndicats Ouvriers de la Région Parisienne (U.S.O.R.P.) c est le personnage de Gaston Monmousseau ( ) né en 1883 à Azay sur Cher, secrétaire national de la CGT et directeur du Journal «La Vie Ouvrière» qui est fondamentalement attaché au domaine de l Audronnière. Il appréciait particulièrement les parties de pêche à l Audronnière, au bord du Cher, et tenait une chronique dans le journal de la «VO» «la musette de Jean Brécot» la dite musette renfermait plus d une histoire sorte de petit conte moral et politique dont le héros principal, un personnage imaginaire nommé Jean Brécot était planté dans un décor naturel et social bien réel celui-là, les bords du Cher et le domaine de l Audronnière. Cependant, malgré les espoirs immenses soulevés en 1936 pour ceux qui vivent de leur travail, c est la deuxième guerre mondiale qui s avance avec ses dramatiques prémices de la guerre d Espagne. «Fidèle à sa tradition de solidarité, de soutien aux peuples en souffrance dans leur combat antifasciste», l Audronnière accueillera des réfugiés espagnols avant que ceux-ci ne soient «parqués» dans un camp à Pontlevoy par décision préfectorale. En 1939 la CGT est dissoute ainsi que tous ses biens dévolus. Au début de la guerre, le Cher qui borde le domaine de l Audronnière est la ligne de démarcation, mais les bâtiments et les terres seront confisqués par le gouvernement de Vichy. Pour quelle utilisation pendant les années de guerre? Nous ne le savons pas. En 1940, une très grosse crue du Cher met le château les pieds dans l eau jusqu à un mètre environ de hauteur. Depuis à ce jour, il n a jamais connu d inondation aussi importante. A la libération, l USORP récupère ses biens, et c est pour accueillir des enfants de déportés disparus ou revenus de déportation, et des enfants des familles de militants syndicaux, résistants, éprouvés par la guerre. C est en 1947 qu y est crée un aérium, pour les enfants victimes de la tuberculose et plus généralement, de mauvaises conditions sanitaires et sociales, séquelles de la guerre. Cet aérium voit le jour grâce à la création des caisses de sécurité sociale issues du programme du Conseil National de la Résistance, tout naturellement, il prend le nom de Gaston Monmousseau, et des constructions nouvelles sont ajoutées au château. 29

Il s adresse à tous les enfants des familles relevant de ces régimes tout neufs d assurance sociale et non plus seulement aux enfants de syndiqués. Il aura un «frère jumeau» dans le Cher, près de Vouzeron crée par le Syndicat des Métallurgistes, qui prendra le nom de Jean Pierre Timbault, en mémoire de ce responsable syndical fusillé à la carrière de Chateaubriant avec le jeune Guy Mocquet et les vingt cinq autres otages. La première signature du Livre d Or de l aérium de l Audronnière, qui date du 10 août 1949, est celle de Gaston Monmousseau, suivie de celle de Benoit Frachon, éminent dirigeant de la Résistance et Secrétaire général de la CGT et de Marcel Cachin en mai 1950, directeur du journal l Humanité, puis d autres signatures célèbres au gré de la vie de l aérium et des ses transformations successives, toujours au service de la solidarité envers les enfants et leurs familles, celle de Jack Ralite le 24 avril 1982, ministre de la Santé accompagné ce jour de Madame Yvette Chassagne, première femme préfet en France, Préfet de Loir et Cher, et puis celles de Cécile et Henri Rol Tanguy demeurant non loin à Monteaux, répondant le 7 juillet 1987 à une invitation amicale à l Audronnière. On y trouve aussi les signatures de Marcelle et André Faraud parmi les premiers directeurs de l Audronnière, remerciant les 1710 enfants qu ils ont connu entre janvier 1948 et décembre 1951 ainsi que celles de jeunes instituteurs stagiaires de l Ecole Normale qui rendent hommage avec enthousiasme à la «véritable pédagogie nouvelle». Cette école du peuple où des méthodes nouvelles permettent à des enfants «d apprendre à connaître et à comprendre et grâce à quoi, se forment de futurs bâtisseurs du socialisme». On trouve aussi «Ici pas d écoliers, mais des modeleurs, des sculpteurs, des arpenteurs, des journalistes qui poussent et vivent». L inspiration éclairée par Freinet et sa nouvelle pédagogie n est pas étrangère à cette «éducation intelligente et démocratique» dispensée à l aérium et qui, en passant par les conifères, le plâtre, et les marionnettes, s adresse à des «enfants heureux dans la fraternité, la joie et la confiance en l avenir». Solidarité et Entraide sont les mots qui reviennent le plus souvent dans le Livre d Or avec la mémoire de ceux qui ont consacré et aussi sacrifié leur vie pour que perdure, cette belle invention humaine qu est la solidarité. A méditer aujourd hui sans restriction et sans modération, non plus à l ombre du grand cèdre plus que centenaire du parc, planté par les premiers propriétaires du domaine, malheureusement terrassé par la tornade de juillet 1988, mais au pied de l Arbre de Vie, fresque murale réalisée par Jacques Bardet que l on peut encore regarder à loisir en entrant au château de l Audronnière. 30

Le grand cèdre centenaire L Arbre de Vie 31

Le château des chauffeurs de taxis Article extrait de l Illustration du 29 juin 1918 Ils avaient déjà, à Levallois, leur maison de ville, maison commune comportant salles de réunion, de restaurant, de spectacle, coopérative et bureau d administration ; ils avaient aussi, à Bezons, une usine de benzol. Aces importantes propriétés, les chauffeurs de taxi-autos viennent d ajouter un superbe château situé dans une des plus belles régions de France, à dix lieues à peine de Tours. Et voilà qui prouve une fois de plus que, à côté des défauts qu on leur attribue, les syndicats ont au moins le mérite, quand ils sont bien administrés, de savoir réaliser des économies st de faire de bonnes affaires. Car c est une bonne, une excellente affaire que vient de conclure le syndicat des cochers-chauffeurs parisiens, si nous en croyons ce que disent les habitants de Montrichard, la coquette ville du département de Loir-et-Cher, de qui dépend l «Audronnière», la propriété en question. Ce domaine, dont les syndiqués ne prendront d ailleurs possession que le 1er novembre prochain, ne mesure pas moins de 32 hectares, dont 12 ou 13 plantés de vigne. Il aurait été cédé par ses propriétaires actuels pour la somme de150.000 francs. La guerre et son cortège de deuils étant venu briser le lien qui attachait la famille à la vieille demeure, on a voulu fuir les lieux témoins de la quiétude et des joies à jamais perdues... et les chauffeurs ont profité de l occasion. Sur la rive gauche du Cher qui, pendant 600 mètres environ, borde la propriété, l Audronnière est admirablement située, au flanc d un côteau où s étale le vignoble, ayant en face d elle, au delà de la rivière, les hauteurs mamelonnées que couronnent d un bourrelet sombre les lisières de la superbe forêt d Amboise. Massifs d arbres séculaires, prairies grasses, pièces d eau, ombrages touffus, perspectives lointaines forment le premier plan du parc qui s étend devant la maison d habitation composée d un principal corps de bâtiment auquel sont venus s ajouter successivement différents pavillons, groupant, sans se nuire entre eux, leurs architectures différentes. Et cet ensemble se prêtera magnifiquement car la place n y manque pas aux projets que l on prête aux syndiqués, d y installer une colonie scolaire pour les enfants de leurs adhérents, un sanatorium pour convalescents, un lieu de retraite pour les invalides du volant. Mais on ne les réalisera qu après la guerre alors que les temps normaux auront rendu leur valeur réelle aux objets usuels ; car, qu elles que puissent être les économies de la coopérative, l achat du château y a fait une large brèche et l on attendra de prochains bénéfices pour acquérir le mobilier nécessaire aux installations projetées. Ces premiers bénéfices on les devra sans doute au vignoble lui-même dont le vin doré rivaliserait volontiers avec le célèbre Vouvray, son proche voisin ; et nous verrons peut-être, quelques jours, sur les cartes de nos meilleurs restaurants, le «clos-taxi» en bonne place. Pour loger la récolte, les communs sont vastes et, suivant l usage des bords du Cher et de la Loire, caves et celliers sont creusés dans le côteau ; certains ont jusqu à 45 mètres de profondeur. N oublions pas d ajouter qu il sera loisible aux nouveaux propriétaires de tirer, dans les vignes, grives et merles friands de leurs raisins, ou, encore, préférant un sport plus paisible, de pêcher de savoureuses fritures dans le Cher poissonneux. 32

A partir de la création de l aérium en 1947, comme on le voit au fil du Livre d Or, le domaine et le château de l Audronnière n a pas cessé de connaître de riches heures et de riches activités pendant un demisiècle, jusqu à ce jour. du Cher par l acquisition de deux immeubles en ville à Montrichard. Cette richesse, essentiellement humaine, lui provient des générations d enfants et d accompagnants qui se sont succédés sans interruption, animant les vieux murs, les vignes, les champs et les bois, les bords du Cher, de leurs jeux, de leurs rires, de leurs aventures, quelques fois de leurs larmes, et aussi de leur travail et de leur imagination. Beaucoup d enfants devenus adultes, conservent un souvenir enchanteur ou simplement nostalgique de leur séjour dans ce petit coin de Faverolles au bord du Cher et il n est pas rare de recevoir leurs visites pendant l été. Ce sont les engagements personnels dans la volonté collective, qui font perdurer l œuvre au service des enfants malades, puis handicapés, venus au monde avec leur petite musette pour la vie au contenu plus ou moins inégal, pour reprendre l image du Ministre Jack Ralite, qui ont imprimé la vocation historique de l Audronnière devant ce demi-siècle. Avec les syndicats CGT de l Ile de France, l aérium s est reconverti en maison d enfants à caractère sanitaire pour troubles tromato-psychologiques, puis en 1984 en Institut de Rééducation pour enfants souffrant de troubles du comportement. Puis ce sont les Mutuelles d Ile de France qui ont, à leur tour, succédé vers les années 1990 au syndicat CGT, en devenant propriétaires et gestionnaires de l établissement, toujours dans son château et son domaine, et même un peu au-delà, de l autre côté Quant au domaine agricole, surtout planté de vignes, agrémenté du petit bois sur Saint-Georges-sur-Cher, «La Sapinnière» et d un potager avec des serres à l ancienne, il se contentera de produire Côt ou Merlot, un petit vin local, Gamay, Cabernet, Sauvignon, d élever quelques cochons, d aligner de belles rangées de légumes pour le plus grand bénéfice de la santé dans l assiette des petits pensionnaires. Si les vignes, trop vieilles, ont disparu du paysage de l Audronnière vers les années 1980, les terres ne furent pas pour autant mises en jachère. Elles continueront de vivre leur vie avec les bons soins de la famille Mahoudeau Gérard et Patrick, voisins à la Haute- Clémencerie. Tout dernièrement, une petite parcelle du domaine de l Audronnière vient d être vendue le long de la route de la Clémencerie et permet l installation de quatre nouvelles familles sur notre commune de Faverolles. Et la vie continue... Recherches réalisées par Madame Annick MENWEG, Directrice de l Audronnière. 33

RENCONTRE AVEC MONSIEUR ET MADAME BOURDAIN L Aérium c était un établissement de repos au grand air pour les enfants qui étaient très disposés à la tuberculose. Il fallait les réalimenter, les soigner et les sortir de leur milieu social qui était bien souvent très difficile. Et vous Monsieur Bourdain, quand êtes vous arrivé à l Audronnière et avez vous connu l Aérium? Oui, quand je suis arrivé, l établissement était toujours un Aérium, mais je suis d abord arrivé comme comptable en 1951. A cette époque il y avait des classes mais elles dépendaient de l Académie de Paris. Tous ces enfants qui arrivaient à Faverolles, comment ont ils été orientés sur l Audronnière? Monsieur Bourdain ayant été Directeur de l Audronnière et Madame Bourdain ayant occupé plusieurs fonctions au sein de cet établissement (monitrice, éducatrice, responsable infirmerie ). Merci de nous recevoir afin de nous faire part de vos souvenirs en tant qu acteurs principaux durant de nombreuses années au sein de ce lieu qu est «l Audronnière». Avant d évoquer une période qui n est pas si ancienne, avez vous des informations sur ces locaux? Le corps principal de ce bâtiment était un ancien relais de chasse qui se situe entre Amboise et Montpoupon. Il a été acheté aux alentours de 1923 par le Syndicat des Cochers de Paris qui est devenu beaucoup plus tard le Syndicat des Cochers et Chauffeurs de Taxis Parisiens. Il a été acquis afin de réaliser une maison de vacances pour les adhérents et leurs familles. Ensuite, nous pensons qu ils n avaient pas les moyens de garder le château, il a donc été repris par l Union des Syndicats de la Seine CGT, pour réaliser une colonie de vacances. Nous n avons pas d information sur la date, mais nous pensons que cela s est fait avant guerre, puisque de 1935 à 1938, les locaux ont servi à accueillir des réfugiés espagnols. Sous Vichy, les locaux ont été réquisitionnés il y a même eu la milice qui a occupé le château sous le régime de Pétain. Ce bâtiment a été rendu à la CGT à la libération et juste après, en 1948, cette institution a été agréée par la Sécurité Sociale. C était l époque de l Aérium. Pourriez vous nous expliquer quel était le rôle de l Aérium que l on ne rencontre plus à notre époque? Il y avait des demandes qui étaient formulées auprès des Caisses d Assurance Sociale, elles étaient ensuite examinées par un médecin conseil qui déterminait si l enfant avait besoin de sortir de son milieu, la plupart des enfants arrivaient pour trois mois, quelquefois cela était prolongé. Le choix appartenait au médecin de la Sécurité Sociale qui venait tous les mois et décidait de la poursuite ou non du séjour. Au fur et à mesure des années, la tuberculose a reculé, nous nous sommes donc retrouvés avec des enfants en grande difficulté sociale, ce qui était complètement différent. C est là qu il a fallu faire tous ces travaux, nous sommes passés de deux classes à cinq classes assez rapidement. Vous avez donc réalisé d importantes transformations? Oui, à cette époque, il a fallu réaliser plus de quatre cent millions de travaux durant quatre ans, mais cela a mis de nombreuses années à voir le jour, nos premières réflexions se situant juste après l élection de Monsieur POMPIDOU, en 1969. Cela n a pas été facile, il a fallu à plusieurs reprises se déplacer dans les ministères pour faire avancer ces gros dossiers, qui ont même été perdus à une certaine époque. Vous savez, à cette période nous avons du nous battre pour sauvegarder l emploi, nous devions recevoir énormément d enfants l été pour compenser la défection tout au long de l année et cela posait de gros problèmes de sécurité. Nous avons à cette époque, rencontré tous les maires du canton, les députés, les sénateurs, pour défendre cette maison et éviter qu elle ne soit transformée en centre de vacances ouvert seulement deux mois en juillet et août. 34

Dans les années 1970, nous avons eu beaucoup de mal à expliquer notre situation. Et comment avez vous eu l idée de transformer cela en école spécialisée ou centre d accueil? Cela ne s est pas fait du jour au lendemain, il a fallu réfléchir à un vrai projet d aménagement et aussi à un projet éducatif. Nous avons dû faire appel à un éducateur d Orléans qui a structuré notre projet, que nous avons pu mener au bout, les bâtiments ayant été inaugurés en 1981 et c est à cette période que j ai pris ma retraite. Avant toutes ces transformations, vous accueilliez beaucoup d enfants? L hiver nous pouvions accueillir quinze enfants et passer à plus de deux cent durant les mois d été. C était une époque très dure où nous avions beaucoup de mal à boucler nos budgets et surtout à payer nos factures, il n était pas rare que les commerçants de Montrichard nous fassent crédit plusieurs mois. J ai même payé le fioul un hiver avec mon argent, je ne pouvais laisser les enfants dans le froid et quelquefois les soucis de gestion financière m empêchaient de dormir. Mais quand je suis parti, tout marchait bien. Et après tous ces travaux qui clôturent l ère de l Aérium, comment était défini cet établissement? On appelait cela maison à caractère somato-psychologique, cela regroupait les malades dits «imaginaires», comme on disait dans le temps et les vrais malades, mais nous n accueillions que des enfants de moins de quatorze ans. Vous habitiez donc sur place? Nous étions durant de nombreuses années pratiquement vingt-quatre heures sur vingt-quatre à la disposition de nos pensionnaires. Il fallait toujours être là pour accompagner un enfant malade, ou pour autre chose. En fin de carrière, nous étions fatigués, nous avions besoin de partir le dimanche pour faire une coupure. Et avez vous revu d anciens pensionnaires? Oui, nous en avons revu, l un d eux quelques années après son passage qui s était installé comme plombier. Ah celui-là c était mon chouchou, il était arrivé entre deux gendarmes, il volait dans les étalages. Ses parents étaient partis, il ne savait pas où ils étaient, c étaient les grands-parents qui l avait recueilli. Sa grand-mère était infirme et en permanence sur un lit et son grand-père tout le temps ivre mort. Il volait car il avait faim. Et tu te rappelles pour le faire manger on l avait fait monter chez nous dans le couloir, il ne voulait pas manger. Il n avait jamais couché dans des draps, et bien on l a sauvé et quand il est revenu avec sa femme et ses enfants nous étions drôlement contents. Nous avons même eu une fille d un cadre supérieur de la SNCF, ses parents lui cédaient tout. Il me l ont amené et j ai été dur avec les parents je leur ai demandé de ne pas la revoir durant un mois. Cela a été dur pour tout le monde, mais nous avons pu la remettre sur de «bons rails»! Heureusement qu il y a de très bons souvenirs. Nous avions quelquefois des enfants qui étaient mêlés à des meurtres. Et nous avons même été embêtés avec Mesrine, j ai eu la P.J. durant deux jours à l Audronnière, qui faisait des recherches sur son adjoint qui était venu enfant à l Audronnière. Mesrine avait volé un bateau pour traverser le Cher et les gendarmes le recherchait activement, ils croyaient qu il allait passer à l Audronnière. Ils ont fouillé tous les bâtiments. Ils pensaient que son adjoint l avait renseigné sur les lieux. Nous n y pouvions rien, mais nous avons quand même été embêtés. Vous aviez des moments de joie et quelquefois de nombreux soucis? Je me souviens, nous avons eu deux enfants qui fuguaient nous devions bien sûr prévenir sans tarder la gendarmerie. Mais ces deux enfants étaient perchés dans un arbre au-dessus du chenil et durant toute la journée, ils se sont bien marrés à regarder les gendarmes les rechercher avec l hélicoptère. La plupart du temps je me suis aperçu que ce qui manquait à ces enfants c était un point de repère et surtout quelqu un en qui ils puissent avoir confiance dans leur famille. La plupart du temps leurs parents avaient démissionné et les avaient abandonnés à eux-mêmes. Merci à vous Monsieur et Madame Bourdain de votre témoignage riche en souvenirs et plein de passion. Vous venez de découvrir ou de redécouvrir une partie de l histoire du patrimoine Faverollais, grâce à la collaboration spontanée de Monsieur Louis BOURDAIN, de son épouse, et de Madame Annick MENWEG, directrice de l Audronnière depuis 1982, qui nous a fait une rétrospective de l histoire de cette propriété, à partir de documents d archives et d anecdotes. Nous les remercions vivement. Le montage de ce document a été réalisé par : Olivier RACAULT et Marie-France MAURY 35

Y A T IL EU UN MEURTRE A L AUDRONNIERE? Très souvent, lorsque l on se documente sur un lieu, nous nous prenons de passion et l envie de découverte est très forte, elle devient le moteur de notre enquête. Mais dans le cas présent, ce que nous allons vous conter constitue une véritable «énigme», qui nous l espérons, passionnera nos habitants et nous permettra sans aucun doute de vous apporter dans un prochain bulletin, des réponses aux multiples questions auxquelles nous avons été confrontés. Introduction : Il y a à peu près cinq mois, alors que nous débutions nos recherches sur l Audronnière, Madame SURAUD, membre des Amis du Vieux Montrichard et historienne de notre commune, nous fait part de l existence d un document surprenant et plein de promesses. En effet, la «chance» existe lorsque l on lit les quelques lignes qui suivent. L ami du fils d un habitant de Montrichard a fait l acquisition d un ensemble de vieux documents lors d une brocante à Orléans. Celui-ci découvre un plan dans lequel il relève la Commune de Faverolles sur Cher, proche de Montrichard, sans tarder, le document se retrouve à Montrichard où il est remis à l association des Amis du Vieux Montrichard et c est avec beaucoup de plaisir qu une copie de ce document nous est confiée par Madame SURAUD, qui va naturellement, nous aider à réaliser sa lecture. Les faits : Sur ce document dont l original a été réalisé à l encre et en couleur, nous découvrons un relevé d enquête suite à la disparition du Père Richard. C est avec une précision exceptionnelle et à l échelle que l ensemble du relevé a été minutieusement décrit et expliqué point par point. Nous découvrons sur les terres de l Audronnière, qu en ce lundi 26 janvier les plaintes du Père Richard ont été entendues à la Clémenserie. Dans la pièce de terre, proche de l Audronnière ont été découverts des pas d homme et de chien ainsi que le sabot du Père Richard. Sur une autre pièce de terre, appartenant à Monsieur PECOUL, on a reconnu une place foulée sur laquelle étaient imprimées l empreinte de genou et d un coude, à quelques pas de là, le chapeau du Père Richard a été trouvé au bord de l eau à environ vingt pas de la place foulée. L enquête : A la lecture de ce document, de multiples questions se posent : A t on retrouvé le Père Richard, a t il été jeté à l eau? Sans tarder, nous consultons les tables de la Commune, mais aucun décès n est enregistré au nom du Père Richard, nous décidons de poursuivre et grâce aux précieux indices de Madame SURAUD, nous découvrons que l Audronnière était habitée par les closiers de Monsieur PECOUL de l Audronnière ce qui nous permet d en déduire que cet événement s est déroulé avant que Monsieur PARCEINT ne devienne propriétaire. En recherchant tous les lundi 26 janvier, nous supposons que cet événement s est produit en 1876. A cette époque, pas question de réaliser des photos, il était coutume et d usage qu un enquêteur du tribunal ou de toute autre juridiction constitue un relevé minutieux afin de poursuivre les investigations. On pourra bien sûr remarquer à la lecture des relevés que les terres n étaient pas gelées, au vu des marques dans le sol et qu à cette époque la traversée du ruisseau de Faverolles sur le chemin de Montrichard à St-Georges (actuelle N le 76) se faisait sur une planche. Epilogue : Beaucoup de questions restent en suspens et de nombreux passionnés à l heure de cette publication recherchent aux archives départementales un indice qui pourrait élucider la disparition du Père Richard sur les terres de l Audronnière. N hésitez surtout pas à nous adresser le résultat de vos enquêtes. 36