Rapport d étude (décembre 2006)



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Transcription:

Identification, carthographie et caractérisation des habitats du Grand rhinolophe Rhinolophus ferrumequinum sur le site Natura 2000 FR53000041 «Vallée de l Aulne» L. Arthur Décembre 2006 Groupe Mammalogique Breton www.gmb.asso.fr Maison de la rivière, 29450 Sizun Tél. : 02 98 24 14 00 - Fax : 02 98 24 17 44 Email : gmbreton@aol.com

Groupe Mammalogique Breton Maison de la Rivière - 29450 Sizun tél. : 02 98 68 86 33 - fax : 02 98 24 14 00 e-mail : gmbreton@aol.com site : www.gmb.asso.fr Identification, cartographie et caractérisation des habitats du Grand rhinolophe Rhinolophus ferrumequinum sur le site Natura 2000 FR53000041 «Vallée de l Aulne» Josselin BOIREAU 1 Rapport d étude (décembre 2006) 1 Chargé de mission «chauves-souris» au G.M.B.. Identification des habitats du Grand rhinolophe sur le site Natura 2000 «Vallée de l Aulne» - 1

Sommaire Préambule... 4 I. Introduction :... 5 II. La Vallée de l aulne : une zone majeure pour le Grand rhinolophe... 6 II.1. Le Grand rhinolophe - Rhinolophus ferrumequinum...7 II.1.1. Présentation de l espèce... 7 II.1.2. Les causes de régression de l espèce... 8 II.1.3. Etat des connaissances sur l activité de chasse du Grand rhinolophe... 9 II.2. Les populations de Grands rhinolophes de la Vallée d l Aulne...11 III. Identification des gîtes à Grands rhinolophes sur la zone Natura 2000 «Vallée de l Aulne»... 13 III.1. Ensemble des anciennes mines de Pont Coblant...15 III.2. Château de Trévarez (Saint Gouézec)...16 III.3. Eglise de Landeleau...18 III.4. Ardoisière du Stang (Landeleau)...19 III.5. Les autres cavités...20 III.6. Les gîtes secondaires...20 III.7. Conclusion...21 IV. Identification des habitats de chasse du Grand rhinolophe sur la zone Natura 2000 «Vallée de l Aulne»... 22 IV.1. Méthodologie...24 IV.2. Résultats...25 IV.2.1. Pertinence du périmètre... 25 IV.2.2. Etat conservatoire général de la zone Natura 2000 «Vallée de l Aulne»... 26 IV.2.3. Etat conservatoire des habitats en périphérie des gîtes... 27 IV.3. Conclusion...28 Identification des habitats du Grand rhinolophe sur le site Natura 2000 «Vallée de l Aulne» - 2

V. Les autres espèces de chauves-souris sur la zone Natura 2000 «Vallée de l Aulne»... 29 V.1. Le Grand murin Myotis myotis...30 V.2. Le Murin à oreilles échancrées - Myotis emarginatus...31 V.3. Le Murin de Bechstein Myotis bechsteini...32 V.4. La Barbastelle d Europe Barbastella barbastellus...33 VI. Recommandations de gestion... 34 VI.1. Conservation des gîtes...35 VI.1.1. Les églises... 35 VI.1.2. Les sites d hivernage... 36 VI.1.3. Les autres bâtiments dont les gîtes secondaires... 36 VI.1.4. Les ponts... 36 VI.2. Conservation des zones de chasse du Grand rhinolophe...37 VI.2.1. Les boisements... 38 VI.2.2. Les haies... 38 VI.2.3. Les ripisylves... 39 VI.2.4. Les zones humides... 39 VI.2.5. Les pâtures... 39 VI.2.6. Les jardins et vergers... 40 VI.2.7. Les cultures... 41 VI.2.8. Les zones urbaines... 41 VI.3. Sensibilisation...42 VI.4. Etudes complémentaires...43 VII. Conclusion générale... 44 Bibliographie... 45 Annexes... 51 Identification des habitats du Grand rhinolophe sur le site Natura 2000 «Vallée de l Aulne» - 3

Préambule Les chauves-souris - ou chiroptères (du grec cheiro : "main" et ptère :"aile") - sont les seuls mammifères volants au monde. Animaux dépourvus de tout comportement constructeur, les chauves-souris dépendent entièrement des abris naturels ou construits par l'homme. En Europe, les 34 espèces de chauves-souris présentes se nourrissent uniquement d'insectes qu'elles chassent en les détectant par écholocation (émission et réception d'ultrasons). L'hiver, pour pallier le manque de nourriture, les chauves-souris hivernent en général dans des grottes ou des mines où elles trouvent un microclimat constant propice à leur léthargie (température constante aux environs de 10 C, taux d'humidité pro che de 100%). Quelques espèces moins frileuses préfèrent se réfugier dans les arbres creux. L'été, les chiroptères se regroupent dans des endroits chauds, sombres et calmes (combles de bâtiments, arbres creux, ponts ) pour mettre au monde leur unique petit de l'année. De tout temps, leurs mœurs nocturnes et leur mode de vie "à l'envers" en ont fait dans l'imagerie populaire des animaux sataniques à pourchasser. Depuis quarante ans, le développement de l'agriculture intensive, la destruction des terrains de chasse par uniformisation des paysages, l'usage des pesticides et la destruction des gîtes (démolition de ruines, modification de vieux bâtiments, fermeture de sites souterrains...) ont fait chuter les effectifs des populations de façon alarmante à travers toute l'europe. Ainsi, BEAUCOURNU & MATILE (1963) dénombraient 1000 Grands rhinolophes dans les mines de Glénac (56), site qui est actuellement fréquenté par environ 300 individus seulement. Cette même espèce a disparu d'alsace et d'ile-de-france, et sa situation est critique dans le nord du pays. En France, toutes les espèces de chauves-souris sont protégées par la loi depuis 1981. En Europe, 13 espèces de chauves-souris se trouvent citées dans les espèces prioritaires à protéger (annexe II) de la Directive européenne 92-43 CEE, dite Directive Habitats, visant à créer un réseau européen de milieux "d'intérêt communautaire". Rares et protégées, présentes dans de nombreux milieux, les 21 espèces de chauves-souris bretonnes sont des indicateurs de la qualité de notre environnement. Identification des habitats du Grand rhinolophe sur le site Natura 2000 «Vallée de l Aulne» - 4

I. Introduction : Le Grand rhinolophe est une espèce de chauve-souris rare et menacée, inscrite à l annexe II de la Directive Habitats-Faune-Flore, dont la survie dépend de la protection de ses gîtes estivaux, hivernaux et de ses territoires de chasse. La présence d une importante population de cette espèce le long de la Vallée de l Aulne est à l origine de la création du site Natura 2000 «Vallée de l Aulne» puis, en 2005, de son extension. Afin de pouvoir mettre en place les mesures conservatoires favorables au Grand rhinolophe, le Pays du Centre Ouest Bretagne, opérateur Natura 2000 sur le site, a sollicité le Groupe Mammalogique Breton (G.M.B.), association de protection de la nature, pour : 1. Identifier les gîtes à Grands rhinolophes (hivernage et reproduction), 2. Réaliser une cartographie des habitats de chasse utilisés par l espèce, 3. Identifier les menaces pouvant affecter les habitats du Grand rhinolophe, 4. Indiquer les autres espèces de chiroptères présentes sur le site. Pour mener cette étude, le G.M.B. s est appuyé sur les résultats du suivi chiroptérologique mené depuis plus de 20 ans sur la zone ainsi que sur les résultats d une étude des terrains de chasse et du régime alimentaire de la colonie de Grand rhinolophe de Landeleau (29) située sur le site Natura 2000 (BOIREAU & GREMILLET, 2005a). Le présent document présente donc : la biologie du Grand rhinolophe, l intérêt du site pour cette espèce, un bilan des sites occupés par l espèce sur la zone, la méthodologie et les résultats de la cartographie des habitats, ainsi qu une évaluation de l état de conservation de la zone pour l espèce, une synthèse sur les autres espèces de l Annexe II de la Directive Habitats présentes sur la zone et des recommandations de gestion. Ce document fait suite à une synthèse réalisée par NICOLAS & al. en 2003 qui portait sur le premier périmètre. Tous les éléments cartographiques présentés dans ce document ont été communiqués sous forme informatique (Arc View 9) à l opérateur. Identification des habitats du Grand rhinolophe sur le site Natura 2000 «Vallée de l Aulne» - 5

II. La Vallée de l aulne : une zone majeure pour le Grand rhinolophe La Vallée de l Aulne, de Châteaulin à Motreff (29), est un site tout à fait favorable aux chauvessouris. En effet, les animaux y trouvent un ensemble d éléments nécessaire à leur survie. Ainsi, sur les pentes impropres à la culture, le site a conservé ses boisements d origine, terrains de chasse idéale pour les Grands rhinolophes ou les Oreillards. Ces boisements offrent aussi de nombreux gîtes pour les espèces qui utilisent les arbres creux. Les carrières abandonnées ont fourni des sites d hibernation vitaux pour les chauves-souris cavernicoles. Enfin, les bâtiments, comme les églises ou le Château de Trévarez, hébergent des colonies de reproduction dans leur comble. Le travail d inventaire réalisé par le G.M.B. depuis près de 20 ans dans les anciennes ardoisières, les bâtiments et les boisements de la vallée a permis d identifier douze des quatorze espèce finistérienne et des vingt et une espèces de chauves-souris bretonnes : - Grand rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum)*, - Murin de Daubenton (Myotis daubentoni), - Murin de Natterer (Myotis nattereri), - Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus) *, - Murin de Bechstein (Myotis bechsteini)*, - Sérotine commune (Eptesicus serotinus), - Murin à moustaches (Myotis mystacinus), - Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus), - Grand murin (Myotis myotis)*, - Barbastelle d'europe (Barbastella barbastellus)*, - Oreillard roux (Plecotus auritus), - Oreillard gris (Plecotus austriacus). (*) espèces de l annexe II de la Directive Habitats. Si toutes ces espèces sont protégées par la loi et que quatre sont inscrites à l Annexe II de la Directive Habitat, c est la population de Grand rhinolophe qui apparaît comme l espèce phare de la zone. En effet, l ensemble des gîte à chauves-souris (ardoisières, combles, souterrains) identifié par le G.M.B. accueille en hiver environ 2000 individus de cette espèce rare et menacée (BOIREAU, 2006). Ceci correspond à près de 40% des effectifs bretons et près de 5% des effectifs nationaux (FAUVEL & al., sous presse). Avec plus de 1000 individus notés en hiver, le château de Trévarez est l une des plus importante concentration de l espèce connue en Europe. Identification des habitats du Grand rhinolophe sur le site Natura 2000 «Vallée de l Aulne» - 6

Figure 2.1. Nombre de Grands rhinolophes hivernants par région (d après FAUVEL & al., sous presse). Figure 2.2. Carte de densité du Grand rhinolophe en Bretagne (d après données G.M.B. et Bretagne Vivante, infographie LE HOUEDEC, 2005, non publié). Echelle de grosseurs des points: 1 à 24 / 25 à 49 / 50 à 99 / 100 et +

II.1. Le Grand rhinolophe - Rhinolophus ferrumequinum II.1.1. Présentation de l espèce Le Grand rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum - Schreber, 1774) est une chauve-souris qui appartient à la famille des Rhinolophidae. Cette famille compte cinq espèces en Europe, dont deux en Bretagne (Grand rhinolophe et Petit rhinolophe Rhinolophus hipposideros). Ce chiroptère de grande taille (envergure 350 400 millimètres, poids 17 34 grammes) possède une vaste aire de répartition. En Europe on le trouve au sud du Pays de Galles, de la Pologne à la Crète et à Gibraltar, de la façade atlantique au delta du Danube et aux îles de la mer Egée. En France on rencontre l espèce dans toutes les régions mais les populations les plus importantes se concentrent le long de la façade atlantique (Bretagne, Pays de la Loire, Poitou- Charentes, Aquitaine), en Midi-Pyrénées et Lorraine. On estime que la Bretagne abrite 11,4 % des effectifs hivernants et 19 % des effectifs reproducteurs de l hexagone (FAUVEL & al., sous presse, Figure 2.1.). Les Grands rhinolophes se regroupent à la mauvaise saison dans des vastes gîtes frais et calmes pour hiverner (caves, grottes ). L été, les femelles se concentrent dans des endroits volumineux, chauds et calmes pour mettre au monde et élever leur unique petit. Le Grand rhinolophe est une espèce sédentaire, ses gîtes estivaux et hivernaux sont éloignés au maximum de 20 km les uns des autres (FAIRON, 1997). Entre les années 1960 et 1975, l espèce a connu une forte régression, principalement au nord de son aire de répartition : Angleterre, Allemagne, Belgique, nord de la France, Luxembourg (RANSOM & HUTSON, 2000). Actuellement, le Grand rhinolophe est considéré comme vulnérable dans de nombreux pays européens. L espèce est inscrite sur la liste rouge des espèces menacées de l U.I.C.N. En Europe, le Grand rhinolophe figure aux Annexes II et IV de la Directive européenne Habitats-Faune-Flore, à l Annexe II de la Convention de Berne, et à l Annexe II de la Convention de Bonn. En France, il est intégralement protégé depuis 1981. Illustration 2.1. Grand rhinolophe en vol (Photo : Laurent ARTHUR). Identification des habitats du Grand rhinolophe sur le site Natura 2000 «Vallée de l Aulne» - 7

II.1.2. Les causes de régression de l espèce Les causes de la raréfaction du Grand rhinolophe sont multiples : - Depuis les années 1960, de nombreux gîtes utilisés en reproduction par l espèce, comme des combles de châteaux et d églises, ont été aménagés. De ce fait, les animaux ont régulièrement perdu l accès au site. Malgré les actions de sensibilisation, ce phénomène se poursuit aujourd hui. Ainsi, en 1999, une colonie de reproduction finistérienne a été partiellement détruite par la mise en place de grillage anti-pigeons pendant la période de reproduction (obs. pers.). - Le dérangement dans les sites d hibernation a certainement une importante responsabilité dans la régression des effectifs. D après BROSSET & al. (1988), le déclin important du Rhinolophe Euryale Rhinolophus euryalis, espèce voisine du Grand rhinolophe, serait directement lié au dérangement dans les cavités de parturition et d hivernage, et particulièrement aux activités de baguage intensif réalisé dans les années 1960. En Bretagne, des cas de vandalisme sur des colonies de Grands rhinolophes ont déjà été constatées : destruction directe, comme en Presqu île de Crozon (CADIOU, com. pers.) ou dégradation des grilles de protection dans des réserves (obs. pers.). - L utilisation de pesticides organochlorés, du D.D.T. et des P.C.B.s sur les zones de chasse du Grand rhinolophe est tout à fait néfaste à l espèce (BROSSET et al., op. cit.). Ces biocides font disparaître les insectes proies et s accumulent dans les organismes des individus. La rémanence de produits antiparasitaires comme l ivermectine est néfaste à la production d Aphodius, une des proies clés du Grand rhinolophe (CAROFF & al., 2003). Si l impact négatif des pesticides sur les Grands rhinolophes est indubitable dans les milieux naturels, il l est aussi dans les gîtes où le traitement des charpentes (notamment au lindane) est responsable de la disparition de colonies comme cela a été déjà observé en Angleterre (STREBBING, 1982). Sur le site Natura 2000 «Vallée de l Aulne», au Château de Trévarez (29), la colonie de reproduction de Grand rhinolophe connaît une importante mortalité juvénile liée à un empoisonnement au plomb, présent dans une peinture sur des charpentes métalliques, et au P.C.P., fongicide utilisé contre la mérule, présent sur les murs du bâtiment où les chauvessouris chassent (GREMILLET & BOIREAU, 2004). - Des travaux récents menés en France (NERI, 2004, CAPO & al., sous presse, CHOQUENE & BILHEUDE, sous presse) montrent que les collisions de chauves-souris avec les voitures sont nombreuses. Mais l impact sur la pérennité des colonies à l échelle d une région demeure inconnu, faute d étude globale. Parmi les espèces touchées on trouve le Grand rhinolophe parfois dans des proportions importantes. Ainsi, NERI (op. cit.) a trouvé 15 cadavres de Grands rhinolophes sur 44 cadavres de chauves-souris collectés au bord de l autoroute A20 dans le département du Lot. En Bretagne, CHOQUENE & BILHEUDE (op. cit.) ont collecté deux cadavres de Grand rhinolophe au bord d une route à quatre voies dans les Côtes d Armor. Un animal mort suite à une collision a été retrouvé à Châteaulin (29) à 35 km à l ouest du site d étude (obs. pers.). En Franche-Comté, une étude par la technique du radio-pistage est actuellement en cours pour préserver une colonie des risques de collision dans le cadre de l élargissement d une route (ROUÉ S.Y., com. pers.). - La prédation de la chouette effraie (Tyto Alba) sur les colonies de chauves-souris peut poser des problèmes importants (FAIRON & al., 1996). En Bretagne, plusieurs colonies ont ainsi déserté leur gîte suite à l installation de Tyto Alba (BOIREAU, 2003, BOIREAU, en prép.). Des études de radio-pistage sont alors nécessaires pour trouver le nouveau gîte et poursuivre les actions conservatoires (BOIREAU & GREMILLET, 2005). Parfois, la spécialisation d'une chouette peut entraîner la destruction partielle de la colonie (BOIREAU, op. cit.). Même si les Identification des habitats du Grand rhinolophe sur le site Natura 2000 «Vallée de l Aulne» - 8

colonies sont rarement détruites entièrement, les conséquences de la désertion d un site sont graves, car les possibilités pour les animaux de retrouver un gîte accueillant ne sont pas garanties, particulièrement dans des régions, comme la Bretagne, où la pression immobilière est forte. - Depuis les années 1960, la modification des paysages due à l agriculture intensive a engendré une diminution de la biomasse en insectes et a radicalement altéré les milieux favorables à l espèce : arasement des talus et des haies, disparition des pâtures et du bocage, extension de la culture du maïs, déboisement des berges, rectification et recalibrage des cours d eau (GREMILLET, 2002). A tous ces éléments s ajoute la mauvaise réputation, injustifiée, dont souffrent les chauvessouris en général. Ceci est très probablement à l origine de destructions volontaires de colonies, qui nous échappent le plus souvent. C est aussi un frein à la prise de conscience des menaces qui pèsent sur ces animaux, et à la mise en place d actions conservatoires. II.1.3. Etat des connaissances sur l activité de chasse du Grand rhinolophe Comme nous l avons vu, les causes de la disparition du Grand rhinolophe sont multiples, mais elle semble s expliquer aussi par les exigences écologiques strictes de l espèce en terme d habitats. En effet, une population de Grands rhinolophes ne peut se maintenir durablement dans une région que si cette dernière offre un réseau cohérent de terrains de chasse riches en proies et en gîtes d'hivernage, de reproduction et de transition reliés par des couloirs de circulation fonctionnels, c'est-à-dire sans aucune interruption physique. Les gîtes de reproduction et d hivernage, indemnes de toutes pollutions, doivent être situés au sein d'un paysage bocager riche en milieux diversifiés : principalement des prairies pâturées, zones boisées, zones humides et vergers (DUVERGÉ & JONES, 1994, PIR, 1994, LUGON, 1996, BONTADINA & al., 1997, DUVERGÉ, 1997). En 2003 et 2004, le G.M.B. a réalisé la première étude des terrains de chasse du Grand rhinolophe en Bretagne par la méthode du radiopistage (BOIREAU & GREMILLET, 2005a). Les informations collectées à cette occasion viennent compléter les travaux déjà réalisés à l étranger, en Angleterre (DUVERGÉ & JONES, 1994, LUGON, 1996, BONTADINA & al., 1997, DUVERGÉ, 1997, BILLINGTON, 2000, ROBINSON & al., 2000, BILLINGTON, 2001, BILLINGTON, 2002a, BILLINGTON, 2002b, BILLINGTON, 2003), au Luxembourg (PIR, 1994), en Italie (BONTADINA & al., 1999) et en Suisse (BECK et al., 1994, BONTADINA et al., 1995, LUGON, 1996, BONTADINA & al., 2002). L étude que nous avons réalisée à Landeleau (29), gîte situé sur la zone Natura 2000 «Vallée de l Aulne», a permis de démontrer que : - 70% des contacts en chasse ont été réalisés à moins de 3,5 km du gîte de reproduction, - lors de leurs déplacements, les Grands rhinolophes circulent le plus souvent le long des liens paysagers (haies, lisières ) mais sont aussi capables de franchir de vastes étendues de zones très ouvertes, comme les champs de maïs, - les milieux les plus utilisés pour la chasse sont les ripisylves et les boisements riverains, les boisements de feuillus, les prairies naturelles, les jardins et les vergers, - les milieux évités par les animaux sont les prairies temporaires, les landes, les boisements de résineux, les cultures et les zones urbaines, - les prairies permanentes et les friches ne sont sélectionnées ni positivement, ni négativement, Identification des habitats du Grand rhinolophe sur le site Natura 2000 «Vallée de l Aulne» - 9

- les gîtes secondaires, reposoirs nocturnes et gîtes diurnes secondaires, sont essentiellement d anciens bâtiments, souvent voués à disparaître, mais qui semblent vitaux pour les animaux. Ces premières conclusions ont été complétées et affinées par l analyse du régime alimentaire de quatre colonies finistériennes de reproduction de Grands rhinolophes dont celle de Landeleau (BOIREAU, sous presse, BOIREAU & LE JEUNE, en prép.). Les résultats de ces travaux confirment les observations réalisées en Angleterre et en Suisse (JONES, 1990, DUVERGÉ & JONES, 1994, PIR, 1994, JONES & al., 1995) et permet de montrer : - l importance de plusieurs proies clés pour l espèce : les Lépidoptères, les Aphodius, les Tipules, les Ichneumons et les Hannetons communs. L exploitation de ces proies connaît une variation importante au cours de l étude. Au moment de l élevage des jeunes, où la population est la plus sensible, se sont les Lépidoptères et les Aphodius qui constituent les proies principales. - l importance des proies secondaires (Scatophagidae, les Trichoptères, les Sphaeroceridae, les Harpalus, les Neuroptères et Serica brunnea) qui servent de palliatif transitoire, lors de la disparition ou de la raréfaction des proies principales. L importance vitale des boisements et des prairies riches en insectes est confirmée par l analyse du régime alimentaire puisque la plupart des proies observées sont liées à ces milieux. Il apparaît aussi que la diversité des milieux permet aux Grands rhinolophes de disposer de proies de remplacement. Le prospérité des Grands rhinolophes dépend donc de l existence autour des colonies d une mosaïque de boisements, prairies, cours d eau et jardins, où les animaux trouvent leurs proies tout au long de l année et quelles que soient les conditions météorologiques. Ces milieux doivent pouvoir fournir une biomasse importante. Il est donc nécessaire qu ils soient sains (indemnes de contamination par les biocides). Identification des habitats du Grand rhinolophe sur le site Natura 2000 «Vallée de l Aulne» - 10

Figure 2.3. Les gîtes à chauves-souris le long du Canal de Nantes à Brest, partie finistérienne.

II.2. Les populations de Grands rhinolophes de la Vallée de l Aulne Différents inventaires réalisés ces dernières années en Bretagne ont permis de définir le statut régional de l espèce. Les prospections menées localement dans les années 1980 (NICOLAS, com. pers.) dans les gîtes favorables aux chauves-souris (combles de bâtiments, mines, grottes...), et sur les terrains de chasse, ont donné suite à des études à grande échelle. Dans la mesure où ils étaient connus et accessibles, tous les sites potentiellement favorables aux chauves-souris ont été contrôlés dans le cadre de prospections menées entre 1999 et 2001. Ainsi, 504 églises, 147 châteaux et manoirs, 284 autres bâtiments (chapelles, maisons abandonnées ), 437 ponts et 130 cavités ont été prospectées (BOIREAU & al., 2001, FARCY & ROS, 2002). Ces recherches ont permis de recenser 30 colonies de reproduction de Grands rhinolophes, dont 20 situées en Basse-Bretagne à l ouest d une ligne Saint-Brieuc (22) - Vannes (56). Très probablement, quelques sites de parturition ou d hibernation ont dû échapper aux recherches. Mais, il est certain que de très nombreux gîtes de transition ont échappé aux recherches. Tous ces sites restent donc inconnus et sont potentiellement sous la menace de destruction ou de dérangement faute de protection et de sensibilisation du propriétaire. La plus forte concentration de l espèce se trouve le long du Canal de Nantes à Brest sur sa partie finistérienne (Figure 2.2.), où en février 2006, plus de 2000 Grands rhinolophes ont été observés. Il apparaît que les Grands rhinolophes trouvent le long de la Vallée de l Aulne et de ses affluents les 3 éléments indispensables à leur survie : - des sites d hivernage (anciennes ardoisières et souterrains de Trévarez), - des sites de parturition (combles d églises et combles du château de Trévarez), - des terrains de chasse (prairies humides, prairies pâturées, boisements de feuillus, zones humides, jardins ) riches en insectes et reliés entre eux par le corridor naturel que forme le Canal et par un réseau bocager localement relativement bien préservé. En hiver Les premiers sites du Canal de Nantes à Brest découverts par des chiroptérologues l ont été au milieu des années 1980. La première réserve à chauves-souris de Bretagne, la cavité de Gouézec protégée par une grille, est l un d entre eux. Mais la grande majorité des sites a été découverte entre 1996 et 1999, lors de prospections exhaustives réalisées par le G.M.B. sur la base de recensements effectués par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (D.R.I.R.E., 1999). Depuis 1999, la mise en place d une surveillance très pointue de l évolution des populations permet de noter une augmentation régulière des effectifs (Figure 2.4.). 2500 2000 1500 1000 500 0 94 5 Fév. 95 Nb Gds rhino 988 12041338 1079 975 997 1032 1889 2040 1632 1405 10 14 19 33 34 34 36 38 37 32 35 Fév. Fév. 96 97 Fév. 98 Fév. Fév. 99 00 Nb sites contrôlés Fév. 01 Fév. Fév. 02 03 Fév. 04 Fév. Fév. 05 06 180 160 140 120 100 80 60 40 20 0 Figure 2.4. Evolution des effectifs de Grands rhinolophes hivernant le long du Canal de Nantes à Brest. Identification des habitats du Grand rhinolophe sur le site Natura 2000 «Vallée de l Aulne» - 11

En été A ce jour, trois colonies de parturition sont connues le long de la Vallée de l Aulne (Châteaulin, Landeleau et Trévarez). Les deux dernières sont situées dans le périmètre Natura 2000 Vallée de l Aulne. Mais, l analyse attentive des données concernant les effectifs de Grands rhinolophes hivernant dans les cavités des ardoisières autour de Gouézec laissent penser qu une colonie de parturition de Grands rhinolophes, inconnue des chiroptérologues, pourrait exister à proximité. Seule une prospection systématique des bâtiments (granges, combles, manoirs ) permettrait de le confirmer. Pour les scientifiques du G.M.B., il ne fait aucun doute que les colonies plus éloignées du Faou, de Lopérec, de Rumengol et de St Herbot sont aussi en lien avec les populations du Canal. Le réseau hydrographique servant de corridor entre les gîtes. Une campagne de marquage spécifique dans les colonies de parturition permettrait de déterminer la nature des liens et des échanges existant entre ces colonies et ces différents sites. La technologie moderne offre désormais diverses solutions pour acquérir ces connaissances très utiles pour définir les mesures adéquates de protection. Des liens doivent aussi exister aussi avec les populations de la Presqu île de Crozon, beaucoup plus éloignées. Le marquage des individus permettrait là aussi de connaître l importance des échanges et des transferts entre ces deux noyaux de population. La principale caractéristique des colonies de Grands rhinolophes de la Vallée de l Aulne est l exceptionnelle importance des effectifs. Ainsi, les colonies de Landeleau et Trévarez font partie des trois seules colonies françaises, sur 105, à dépasser les 300 animaux (d après ROS, 2002). L évolution des effectifs de Grands rhinolophes sur la région étudiée est difficile à appréhende. En effet, il existe très peu de données antérieures au milieu des années 1980. Mais, la lecture des rares documents bibliographiques, mentionnant quelques observations ponctuelles, suggère que l espèce a connu une régression importante au cours des 50 dernières années. Aujourd hui, il semble que ce déclin soit stoppé et que les effectifs de l espèce soient en augmentation. Celle-ci serait certainement liée à l important travail de protection des gîtes entrepris par le G. M. B. et peut-être à un ralentissement de la dégradation des milieux naturels. Cette progression semble se vérifier au niveau national (ROS, com. pers.). (a) (b) Illustration 2.1. (a) Essaim de Grands rhinolophes en hivernage à Trévarez (Photo : J. BOIREAU). (b) Colonie de reproduction de Grands rhinolophes (Photo : L. ARTHUR). Identification des habitats du Grand rhinolophe sur le site Natura 2000 «Vallée de l Aulne» - 12

III. Identification des gîtes à Grands rhinolophes sur la zone Natura 2000 «Vallée de l Aulne» Depuis les années 1980, les naturalistes réalisent l inventaire et le suivi des gîtes à Grands rhinolophes dans le Finistère. Ce travail, réalisé d une manière ponctuelle dans les premières années, a abouti à la constitution d un réseau d observateurs qui assurent désormais une prospection et un suivi exhaustif des colonies de manière planifiée, tant en période d hibernation que de parturition, notamment tout le long de la Vallée de l Aulne. Ainsi de 1999 à 2001, le G.M.B. a réalisé des recherches chiroptérologique dans ce secteur en visitant l ensemble des combles d églises de la zone, les chapelles, les ponts et les ardoisières (BOIREAU & al., 2001). La recherche des ardoisières favorables aux chauves-souris a été réalisée en se basant sur les recensements du Bureau de Recherche Géologique et Minière (D.R.I.R.E. Bretagne, 1999). Dans le même moment, nous avons mis en place un suivi des sites prioritaires. Ainsi, depuis 1999, les colonies de reproduction font l objet d un comptage annuel au mois de juillet et les sites d hivernage sont contrôlés au cours du comptage National Grands rhinolophes, réalisé tous les premiers week-ends de février (BOIREAU, 2006). Ce travail de suivi des sites est complété par : - des opérations ponctuelles de captures chauves-souris, d écoutes d ultrasons ou de prospection de bâtiments menés d une manière aléatoires dans le cadre de l Atlas National des chiroptères, - la découverte ponctuelle de nouvelle colonie dans le cadre du service S.V.P. Chauvessouris (aide aux particuliers en cas de problèmes de cohabitation avec les chauvessouris), - les résultats du travail de radiopistage réalisé à Landeleau en 2003 et 2004 qui nous ont permis de découvrir plusieurs gîtes secondaires à Grands rhinolophes. La synthèse de toutes ces informations a permis l identification des gîtes à Grands rhinolophes de valeur européenne sur la zone Natura 2000 «Vallée de l Aulne». Ainsi, actuellement, 25 gîtes, accueillant au moins un Grand rhinolophe, ont été identifié sur la zone (Tableau 3.1.). A ces gîtes il faut ajouter les très nombreux gîtes temporaires, identifiés partiellement, utilisés par les animaux au cours de leur chasse ou en gîte diurne de manière régulière ou temporaire. Pour permettre la mise en place d action conservatoire et la localisation précise des gîtes, une synthèse avec la localisation exacte et les références parcellaires des cavités (Annexe 1) issues de l Annuaire des sites prioritaires à Grands rhinolophes le long du Canal de Nantes à Brest (LAVANANT & BOIREAU, 2003) a été communiquée sous forme informatique à l opérateur. Identification des habitats du Grand rhinolophe sur le site Natura 2000 «Vallée de l Aulne» - 13

Tableau 3.1. (1/3) Les vingt-cinq gîtes à Grands rhinolophes sur le périmètre Natura 2000 «Vallée de l Aulne». Bilan par site d amont en aval. H = hivernage, R = reproduction (effectifs maximum connus). Les espèces de l Annexe II de la Directive Habitats sont notées en gras. Nom du site Espèces présentes Type Effectif Protection de gîte max. Ardoisière du Ster Grand rhinolophe H 2 - (Spézet) Murin de Daubenton H 1 Galerie technique du Ster (Spézet) Grand rhinolophe H 5 - Murin à moustaches H 1 Murin à oreilles échancrées H 1 Murin de Daubenton H 1 Murin de Natterer H 1 Ardoisière du Stang (Landeleau) Barbastelle d Europe H 1 Grand rhinolophe H 330 Murin à moustaches H 1 Murin à oreilles échancrées H 1 Murin de Daubenton H 2 Grille et convention de gestion (1999) Eglise de Landeleau Grand rhinolophe R 350 Murin à oreilles échancrées R 35 Pipistrelle commune?? Arrêté Préfectoral de protection de biotope (2003) Mine du Rick (St Gouézec) Château de Trévarez (St Gouézec) Grand murin H 1 Grand rhinolophe H 127 Murin à moustaches H 1 Murin à oreilles échancrées H 3 Murin de Daubenton H 5 Murin de Natterer H 1 Barbastelle d Europe H 1 Grand murin H 3 Grand rhinolophe H 1000 Murin à moustaches H 1 Murin à oreilles échancrées H 3 Murin de Daubenton H 6 Murin de Bechstein H 1 Murin de Natterer H 1 Pipistrelle sp. H 1 Grand rhinolophe R 250-350 Murin à oreilles échancrées R 4 Murin de Daubenton R 39 Grille et convention de gestion (1997) Convention de gestion le Conseil Général du Finistère (1997) et mise en place d une gestion respectueuse de la biodiversité dans le Parc (2005). Ardoisière de Suliao Grand rhinolophe H 11 (Pleyben) Murin de Daubenton H 2 Grille et convention de gestion (1999) Ardoisière de Keriou (Gouézec) Grand rhinolophe H 1 -

Tableau 3.1. (2/3) Les vingt-cinq gîtes à Grands rhinolophes sur le périmètre Natura 2000 «Vallée de l Aulne». Bilan par site d amont en aval. H = hivernage, R = reproduction (effectifs maximum connus). Les espèces de l Annexe II de la Directive Habitats sont notées en gras. Nom du site Espèces présentes Type de gîte Effectif max. Protection (année) Ardoisière Feunteunigou (Pleyben) de Grand rhinolophe H 2 - Murin de Daubenton H 1 Ardoisière de Marroz Grand rhinolophe H 8 - Cozien (Pleyben) Murin de Daubenton H 1 Ardoisière de Roz Lescuz ou St Algon (Gouézec) Grand rhinolophe H 155 Murin à moustaches H 1 Grille et convention de gestion (1999) Ardoisière de la Baignoire (Gouézec) Ardoisière du terrier (Gouézec) Murin de Daubenton H 1 Convention de gestion (1999) Grand rhinolophe H 4 - Ardoisière Roz Lescuz / La Réserve (Gouézec) Puits de Men Gleuz Ar Pont (Gouézec) Grand murin H 1 Grand rhinolophe H 300 Murin à moustaches H 1 Murin à oreilles échancrées H 2 Murin de Daubenton H 6 Murin de Bechstein H 1 Grand rhinolophe H 264 Murin à oreilles échancrées H 1 Murin de Daubenton H 4 Murin de Natterer H 1 Grille et accord oral avec le propriétaire (1985) Achat du site par le G.M.B. et mise en place d un périmètre grillagé (1999) Abri de Men Gleuz Ar Pont (Gouézec) gîte associé au précédent Ardoisière de Stang Ar Coat (Gouézec) Ardoisière de Moguérou 1 (Gouézec) Grand rhinolophe H 1 Création de ce gîte alternatif sur la parcelle du G.M.B. en mars 2006 Grand rhinolophe H 14 - Murin à moustaches H 1 Murin de Daubenton H 2 Grand rhinolophe H 170 - Murin à moustaches H 1 Murin à oreilles échancrées H 1 Murin de Daubenton H 4 Identification des habitats du Grand rhinolophe sur le site Natura 2000 «Vallée de l Aulne» - 14

Tableau 3.1. (3/3) Les vingt-cinq gîtes à Grands rhinolophes sur le périmètre Natura 2000 «Vallée de l Aulne». Bilan par site d amont en aval. H = hivernage, R = reproduction (effectifs maximum connus). Les espèces de l Annexe II de la Directive Habitats sont notées en gras. Nom du site Espèces présentes Type Effectif Protection de gîte max. Ardoisière de Grand rhinolophe H 25 - Moguérou 2 (Gouézec) Murin à moustaches H 1 Murin de Daubenton H 1 Murin de Natterer H 1 Ardoisière de Coat Grand rhinolophe H 20 - Pont (Pleyben) Murin de Daubenton H 2 Ardoisière de Poulhazec 1 (Lothey) Ardoisière de Poulhazec 2 (Lothey) Grand rhinolophe H 189 Murin à oreilles échancrées H 1 Murin de Daubenton H 6 Murin de Bechstein H 1 Grand rhinolophe H 2 Murin à moustaches H 1 Murin de Daubenton H 1 Grille et convention de gestion (1999) Grille et convention de gestion (1999) Puits de Poulhazec (Lothey) Ardoisière de Kerstouben (Lothey) Ardoisière du Guily 1 (Lothey) Ardoisière du Guily 2 (Lothey) Grand rhinolophe H 250 Grille et convention de gestion (1999) Grand rhinolophe H 12 - Murin de Bechstein H 1 Murin de Daubenton H 2 Grand rhinolophe H 36 - Murin de Bechstein H 1 Murin de Daubenton H 2 Grand rhinolophe H 6 - Murin à moustaches H 1 Murin de Daubenton H 1

III.1. Ensemble des anciennes mines de Pont Coblant Actuellement, sept espèces de chauves-souris ont déjà été notées en hivernage dans les 19 cavités (17 ardoisières et 2 puits) du secteur de Pont Coblant (Figure 2.3.) : - Grand rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum)*, - Murin de Daubenton (Myotis daubentoni), - Grand murin (Myotis myotis)*. - Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus) *, - Murin de Bechstein (Myotis bechsteini)*, - Murin à moustaches (Myotis mystacinus), - Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus), (*) espèces de l annexe II de la Directive Habitats. Les anciennes mines et les anciens puits ardoisiers du secteur de Pont Coblant accueillent en hiver environ 400 Grands rhinolophes. Suivant les hivers, les animaux utilisent différents sites. Depuis 2005, on note une légère augmentation du nombre d individus. Pour assurer la protection des animaux, depuis 1999, le G.M.B. a mis en protection 8 sites à l aide de grilles à barreaux horizontaux et de périmètres grillagés. Le Puits de Men Gleuz Ar Pont, avec 250 Grands rhinolophes en hivernage, a été acquis par le G.M.B. et un gîte de reproduction alternatif y a été construit en mars 2006 (Illustration 3.1.) Avec plus de 400 Grands rhinolophes en hivernage, l ensemble des ardoisières de Pont Coblant accueille la deuxième plus grosse concentration de Grands rhinolophes le long de la Vallée de l Aulne et est l un des 9 sites d hivernage de l espèce les plus importants en France sur 1433 recensés (d après ROS, 2002). 500 400 313 318 10 300 224 208213212 151 5 6 200 120 104 131 4 2 3 1 94 67 31 2 1 2 2 100 2 2 0 31 0 Fév. Fév. Gds rhino Fév. Fév. Fév. Fév.90 Fév. Fév. Fév. Nb sites contrôlés Fév. Fév. Fév. Fév. Fév. 19 19 19 19 19 17 19 19 Fév. 192 197 113 Fév. Fév. Fév. 385 434 289 303 Fév. Fév. Fév. Fév. 20 15 10 5 0 Figure 3.1. Evolution des effectifs de Grands rhinolophes hivernant dans les 17 cavités du complexe de Pont Coblant depuis février 1985 (résultats des comptages nationaux Grand rhinolophe). Identification des habitats du Grand rhinolophe sur le site Natura 2000 «Vallée de l Aulne» - 15

(a) (b) Illustration 3.1. (a) Gîte alternatif de Men Gleuz du G. M. B. en fin de construction et avant aménagement des abords (Photo : N. NICOLAS). (b) Grille à chauves-souris sur l entrée de l ardoisière de Poulhazec 1 (Photo : J. BOIREAU).

III.2. Château de Trévarez (Saint Gouézec) Onze des vingt et une espèces bretonnes de chauves-souris ont déjà été observées dans le parc ou dans les bâtiments du Domaine du Château de Trévarez : - Grand rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum)*, - Murin de Daubenton (Myotis daubentoni), - Murin de Natterer (Myotis nattereri), - Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus) *, - Murin de Bechstein (Myotis bechsteini)*, - Sérotine commune (Eptesicus serotinus), - Murin à moustaches (Myotis mystacinus), - Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus), - Grand murin (Myotis myotis)*. - Barbastelle d'europe (Barbastella barbastellus)*, - Oreillard sp. (Plecotus sp.) (*) espèces de l annexe II de la Directive Habitats. Les combles, les parties souterraines et le parc du Château de Trévarez accueillent tout au long de l'année une remarquable population de chiroptères avec notamment d'importants effectifs de Grands rhinolophes. Ainsi, tous les hivers, c est environ 1000 individus qui se rassemblent dans le sous-sol et la nursery avec des effectifs en augmentation depuis l hiver 2001/2002 (Figure 3.2.). En été, environ 300 femelles se regroupent dans la nursery pour mettre bas. Ces effectifs place le site de Trévarez parmi les deux plus gros sites d hivernage de l espèce connus en France et parmi les 16 plus grosses colonies de reproduction (ROS, 2002). Malheureusement, cette colonie connaît un gros problème de mortalité des juvéniles du à un empoisonnement au plomb et aux P.C.P.s (GREMILLET & BOIREAU, 2004). La sauvegarde de la population de Grands rhinolophes de Trévarez est un enjeu européen du fait de ses effectifs exceptionnellement importants. De plus, la situation géographique, au centre du réseau d ardoisières du Canal, fait de ce site une zone refuge pour les Grands rhinolophes lors des coups de froid. La découverte de la richesse faunistique du Domaine de Trévarez s'est faite graduellement à partir des premières visites réalisées dès 1988 par les membres du G.M.B. L'importance européenne du site dans la conservation des populations de Grands rhinolophes n'est apparue clairement qu'avec la mise en place progressive d'un suivi scientifique plus régulier et rigoureux à partir de 1999. La mise en place de ce suivi, en partenariat avec le Conseil Général (dans le cadre d une convention avec celui-ci), la Direction du domaine et l ONF, a permis de mieux évaluer l'importance du site, de réaliser des aménagements et des propositions de gestion favorables aux chiroptères. Le suivi de la colonie, qui fait l objet d une remise annuelle de rapport au Conseil Général (BOIREAU & GREMILLET, 1999, BOIREAU & GREMILLET, 2003, BOIREAU & GREMILLET, 2004, BOIREAU & GREMILLET, 2005c, BOIREAU & GREMILLET, 2006), a permis de déceler et de diagnostiquer les causes de la mortalité juvénile dans la colonie de reproduction de Grands rhinolophes. Grâce au partenariat avec le Conseil Général du Finistère, en 2002, un gîte artificiel a été réalisé pour préserver cette colonie (Illustration 3.2.). Nos efforts ont été récompensées en 2004 : pour la première fois depuis 5 ans, des jeunes Grands rhinolophes ont survécu jusqu à l envol hors de la nursery. Malheureusement, en 2005 et 2006, nous avons à nouveau enregistré la mort massive de jeunes de l année. En 2007, si les travaux ad hoc sont réalisés, la fermeture totale des accès aux multiples sources d intoxication devrait garantir l arrêt de la mortalité juvénile. En 2001, le parc de Trévarez a fait l une expertise naturaliste par le G.M.B. (BOIREAU & GREMILLET, 2001). Ce travail a permis de proposer un ensemble de recommandation (élimination des biocides dans la gestion, conservation des arbres creux, lutte contre les Identification des habitats du Grand rhinolophe sur le site Natura 2000 «Vallée de l Aulne» - 16

espèces invasives ) pour favoriser les chauves-souris ainsi que l ensemble des espèces animales et végétales indigènes. Depuis 2005, ces recommandations commence à se mettre en place sur le site dans le cadre de la gestion différenciée des Domaines du Conseil Général du Finistère. Le G.M.B. a été missionné pour suivre l application de ces recommandations (BOIREAU & GREMILLET, sous presse). Enfin, suite au radio-pistage mené à Landeleau, une étude sur les terrains de chasse potentiels des Grands rhinolophes a été réalisé permettant de proposer des recommandations de gestion dans un rayon de 2 km autour du gîte (BOIREAU & al., 2005). 1200 1000 928 1000 800 600 610 706 525 560 665 726 724 400 313 377 200 0 95/96 96/97 97/98 98/99 99/00 00/01 01/02 02/03 03/04 04/05 05/06 Figure 3.2. Evolution des effectifs de Grands rhinolophes hivernant dans le Château de Trévarez depuis l hiver 1995/1996. Effectifs maximum enregistrés. (a) (b) Illustration 3.2. (a) Château de Trévarez (Photo : N. NICOLAS). (b) Vue extérieur de la nursery de Trévarez (Photo : J. BOIREAU). Identification des habitats du Grand rhinolophe sur le site Natura 2000 «Vallée de l Aulne» - 17

400 300 200 200 234 272 278 261 303 350 100 0 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Figure 3.3. Evolution des effectifs de Grands rhinolophes adultes dans les combles de l église de Landeleau depuis 1999. Illustration 3.3. Village de Landeleau avec l église de Saint-Télo au fond (Photo : J. BOIREAU).

III.3. Eglise de Landeleau La colonie de reproduction de Grands rhinolophes installée dans les combles de l église Saint- Télo à Landeleau est suivie depuis 1999, mais la présence des animaux est beaucoup plus ancienne. Ainsi, nous possédons le témoignage de l ancien curé qui utilisait dans les années 1980 le guano des chauves-souris pour fertiliser son potager (NICOLAS, com. pers.). Les Grands rhinolophes ont aussi occupé le «vieux presbytère», proche de l église, avant sa récente restauration (GREMILLET, com. pers.). La colonie semble en bonne santé, avec des effectifs en augmentation constante (à part une légère baisse notée en 2003), dépassant aujourd hui les 300 adultes (Figure 3.3.). Cet effectif place la colonie parmi les 16 principales colonies de reproduction de l espèce connues en France (ROS, 2002). Pour accéder aux combles, les chauves-souris rentrent dans le clocher au niveau de la salle des cloches, puis descendent l escalier du clocher pour s engouffrer dans un trou d homme donnant accès à un espace qui communique avec les combles où s installe la colonie. Du fait de la configuration du site, il nous est impossible d avoir une vue directe sur la colonie dans les combles, sauf lorsque celle-ci se place en haut de l escalier, lors de fortes chaleurs. Les comptages des animaux s effectuent donc lors de leur sortie en chasse. Pour la même raison, le taux de reproduction reste inconnu, tout comme l utilisation du site en hiver. Cependant, il est très probable que les Grands rhinolophes puissent hiverner dans les combles, tant que la température le permet. Ce phénomène est observé sur les autres colonies proches (Château de Trévarez, Chapelle de Saint-Herbot ). Mais le site d hivernage principalement utilisé par la colonie, lors des coups de froid, est très certainement l ardoisière du Stang située à environ 1 km. Les galeries souterraines de ce site accueillent chaque année environ 300 Grands rhinolophes. Deux autres espèces de chauves-souris sont présentes dans les combles : le Murin à oreilles échancrées Myotis emarginatus et la Pipistrelle commune Pipistrellus pipistrellus. Les Murins à oreilles échancrées qui se mélangent aux Grands rhinolophes sont en nombre réduit : 35 individus, adultes et jeunes, observés de jour en haut de l escalier durant l été 2005 (GREMILLET, com. pers.). Depuis mars 2003, la colonie est protégée par un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope, qui formalise les modalités d intervention sur le gîte lors de travaux. Les terrains de chasse et le régime alimentaire de la colonie de Landeleau ont fait l objet d études (BOIREAU & GREMILLET, 2005a, BOIREAU, sous presse) qui servent aujourd hui de base scientifique à la rédaction du présent document.. Identification des habitats du Grand rhinolophe sur le site Natura 2000 «Vallée de l Aulne» - 18

III.4. Ardoisière du Stang (Landeleau) Actuellement, cinq espèces de chauves-souris ont déjà été notées en hivernage dans l ardoisière du Stang : - Grand rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum)*, - Murin de Daubenton (Myotis daubentoni), - Murin à moustaches (Myotis mystacinus), - Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus) *, - Barbastelle d'europe (Barbastella barbastellus)*. (*) espèces de l annexe II de la Directive Habitats. Ce site est connu par le G.M.B. depuis 1985. Un suivi régulier des chauves-souris hivernantes a été mis en place depuis 1995. Nous observons ainsi une augmentation sensible des effectifs de Grands rhinolophes depuis 1985 avec la présence de 328 individus durant l hiver 1997/1998 et une stabilisation des effectifs depuis l hiver 2002/2003 aux environs de 220 à 230 individus. Afin d assurer la tranquillité du site, une grille a été mise en place en 1999. L église de Landeleau est située à 1 km environ de cette ardoisière. Le lien entre ces deux gîtes est évident. Avec plus de 300 Grands rhinolophes en hivernage, l ardoisière du Stang accueille la troisième plus grosse concentration de Grands rhinolophes le long de la Vallée de l Aulne et constitue l un des 30 sites d hivernage de l espèce les plus importants en France sur les 1433 recensés (d après ROS, 2002). 400 300 200 100 0 53 50 96 252 328 294 318 319 330 217 155 196 200 192 86/87 87/88 88/89 89/90 90/91 91/92 92/93 93/94 94/95 95/96 96/97 97/98 98/99 99/00 00/01 01/02 02/03 03/04 04/05 05/06 Figure 3.4. Evolution des effectifs de Grands rhinolophes hivernant dans l ardoisière du Stang depuis l hiver 1986/1987. Effectifs maximum enregistrés. Identification des habitats du Grand rhinolophe sur le site Natura 2000 «Vallée de l Aulne» - 19

Figure 3.5. Zone Natura 2000 «Vallée de l Aulne». Localisation des gîtes utilisés par les 12 Grands rhinolophes radiopistés. Tableau 3.2. Zone Natura 2000 «Vallée de l Aulne». Description des gîtes utilisés par les 12 Grands rhinolophes radiopistés. R.N. = Reposoir nocturne. R.D. = Reposoir diurne. Code Nom du Type de Milieux proches R.N. R.D. lieu dit bâtiment 01 Eglise de Eglise Jardin Landeleau 02 Kermorvan Longère Cultures intensives, à 100 m du Canal 03 Goastcot Hangar Cultures intensives 04 Ecluse Roz Combles Boisements de feuillus, Canal Gouenn 05 Moulin Pelaë 06 Moulin Lenn maison Ancien poulailler Longère 07 Combles Le Steir maison 08 La Gare Remise 09 Meilh Goff Cave sous bâtiment 10 Kerancoz Hangar 11 Kernort Penty Prairies naturelles, bocage Boisements de feuillus, prairies naturelles, prairies pâturées, jardins, bocage Prairies naturelles, bocage à 50 m du Canal Boisements de feuillus, prairies naturelles, bocage à 100 m du Canal Boisements de feuillus, prairies naturelles Boisements de feuillus, prairies naturelles, bocage, cultures intensives Boisements de feuillus, bocage, prairies permanentes, cultures intensives à 100 m du Canal

III.5. Les autres cavités Cinq autres sites utilisés par les Grands rhinolophes sont présents sur le site Natura 2000 «Vallée de l Aulne» : l ardoisière du Rick et les deux cavités du Ster. Ces sites ont des effectifs de Grands rhinolophes beaucoup plus modestes que les autres cavités avec environ de 1 à 15 Grands rhinolophes par site. Signalons toutefois que l ardoisière du Rick, dont la population hivernante semble en contact avec celle du Château de Trévarez, abritait 127 Grands rhinolophes en février 1988 (GREMILLET, com. pers.). Mais à la suite de très fortes perturbations sur le site, la colonie a disparu. Une convention, signée en 1997, entre le propriétaire et le G. M. B. a permis la pose d une grille. Depuis, les effectifs ne se sont jamais reconstitués malgré cette protection. III.6. Les gîtes secondaires Lors de nos travaux de radiopistage menés à Landeleau (BOIREAU & GREMILLET, 2005a), nous avons observé que les Grands rhinolophes utilisent régulièrement un réseau de reposoirs nocturnes pour faire une pause après une ou deux heures de chasse. La typologie de ces gîtes est bien définie et constante. Il s agît toujours d un bâtiment avec une toiture en ardoise, donc un comble chaud, à proximité des terrains de chasse favorables et utilisés (Illustration 3.4.). Ces gîtes secondaires sont parfois utilisés en gîtes diurnes temporaires. On peut supposer qu en dehors de la période d allaitement, les animaux qui partent en chasse à des grandes distances préfèrent gîter à proximité de leurs zones de chasse plutôt que de revenir au gîte principal, probablement pour économiser de l énergie en particulier lorsque les conditions météorologiques sont difficiles (l hypothèse nécessite néanmoins confirmation). Il semble que l utilisation des gîtes secondaires en tant que gîte diurne soit plus liée à l état physiologique des animaux qu à la distance qui les sépare du gîte principal. En effet, les chauves-souris gestantes sont revenues au gîte principal plus régulièrement que les autres chauves-souris suivies, très certainement pour se regrouper avec leurs congénères et ainsi se retrouver dans un microclimat chaud. Nous n avons pas observé de regroupement important de Grands rhinolophes dans ces gîtes secondaires, mais tous n ont pu être contrôlés. On peut supposer que dans ces gîtes les animaux développent également des comportements sociaux. La connaissance par la colonie de ces gîtes permet aux animaux de retrouver rapidement un site favorable, proche des zones de chasse exploitées, en cas de dérangement ou destruction d un site de reproduction (BOIREAU & GREMILLET, 2005b). Malheureusement, nous ne connaissons pas la totalité de ces gîtes secondaires. Dans le cadre du présent travail, nous n avons pas mené de recherches spécifiques sur ces gîtes. En effet, pour réaliser un tel inventaire, il aurait été nécessaire de radiopister un pourcentage important des colonies de Grands rhinolophes de Landeleau et Trévarez pour identifier les gîtes. Ceci est totalement exclu pour diverses raisons : forte perturbation de la colonie, coûts financiers et humains trop grands. La liste des gîtes secondaires (Tableau 3.2. et Figure 3.5.) est donc limitée aux sites que nous avons identifiés lors de notre étude de radiopistage. La typologie de ces gîtes étant clairement identifiée, il est possible d imaginer un travail d inventaire complémentaire sur la zone par une prospection systématique couplée à une campagne de presse. Identification des habitats du Grand rhinolophe sur le site Natura 2000 «Vallée de l Aulne» - 20