CONCOURS D ADMISSION Pour le double diplôme Bac+5 Sciences Po Bordeaux - Université Mundiapolis COMPOSITION EN FRANÇAIS SUR UN THEME D ACTUALITE A PARTIR D UN DOSSIER Durée de l épreuve : 3h Le dossier comporte 5 documents Sujet : Au vu des documents du dossier et en vous aidant de vos connaissances personnelles, vous indiquerez et analyserez, sous forme d'un devoir organisé et rédigé, le rôle et les enjeux des réseaux sociaux dans nos sociétés contemporaines. 1/6 1
Document 1 Amitiés virtuelles et nouveau narcissisme Bien que les sites de réseaux sociaux n en soient encore qu à leurs débuts, on constate leur impact culturel : dans nos langues (les amis "s ajoutent" désormais), chez nos politiques (il est maintenant de rigueur pour un candidat de cataloguer ses vertus sur MySpace), sur les campus universitaires (où ne pas être sur Facebook est un handicap social). Mais nous commençons à peine à saisir les conséquences que nos pratiques sur ces sites ont sur nos relations, et sur nos conceptions de la vie privée, de l authenticité, de la communauté, de l identité. Comme devant toute avancée technologique, nous devons prendre en considération le type de comportement social que les réseaux sociaux sur internet encouragent. Cette technologie et son incessante injonction à la collection (d amis et de prestige), à la performance (par le "marketing" de soi-même) ne va-t-elle pas d une certaine façon à l encontre de ce qu elle nous promet : un sentiment plus solide d identité et d appartenance? L oracle de Delphes nous disait "connais-toi toi-même". Aujourd hui, dans le monde des réseaux en ligne, son conseil pourrait être "fais-toi connaître toi-même". Extrait de «Amitiés virtuelles et nouveau narcissisme» par Christine Rosen sur nonfiction.fr. 2/6 2
Document 2 Le rôle des nouveaux médias Une blague circule actuellement au Moyen-Orient. Hosni Moubarak arrive au paradis. Il est accueilli par Gamal Nasser et Anouar Al-Sadate. Tous deux lui demandent : «Poison ou coup de revolver?» «Non. Facebook!» Facebook et Twitter ont-ils véritablement fait tomber des dictateurs, comme le voudrait une lecture high-tech des soulèvements récents? Smaïn Laacher et Cédric Terzi tempèrent cette vision des événements lorsqu ils rappellent que les nouveaux médias «ne sont pas le processus révolutionnaire ( ) mais un facteur parmi d autres processus politiques qui ne prennent tout leur sens qu une fois replacés dans leurs environnements historiques, politiques et sociaux». Le monde arabe n a pas attendu Facebook pour connaître «des formes de diffusion des idées et des informations non contrôlées par les pouvoirs, ainsi que des modes de désobéissance civile». C était déjà le cas en Égypte ou ailleurs pendant les luttes anticoloniales. Inversement, les médias sociaux ne riment pas nécessairement avec avancée de la démocratie. Le spécialiste des nouveaux médias Evgueny Morosov observe que Twitter et Facebook satisfont un immense appétit de distraction, bien avant d être des outils d émancipation politique. Sans compter que les nouveaux médias peuvent aussi prêter main-forte aux dictateurs, qui ont par exemple accès aux listes d amis des dissidents Toutefois, dans les soulèvements arabes, les nouveaux médias ont contribué à «mettre en intrigue» le mécontentement social, selon S. Laacher et C. Terzi, permettant aux insurgés d échanger des émotions, mais aussi des informations. Ils ont aussi permis aux manifestants de se coordonner, afin de converger rapidement vers des points de manifestation. Xavier de la Vega Extrait de Sciences humaines Mensuel N 226 - Mai 2011 «Focus : les révolutions arabes» 3/6 3
Document 3 «Cyberpolitique et démocratie virtuelle» Internet a changé les rapports sociaux, les méthodes de travail et les canaux par lesquels les hommes se parlent et se comprennent. Il change également chaque jour davantage l art de faire de la politique. Le 15 avril, le premier débat opposant Gordon Brown, David Cameron et Nick Clegg, les trois candidats à la primature britannique, a été organisé suivant la formule du «débat politique augmenté». Ce tout nouveau concept amène des spectateurs à s impliquer en temps réel dans les discussions via des réseaux sociaux comme Twitter et Facebook. ITV, la chaîne de télévision qui a diffusé la confrontation entre les trois concurrents, a mis en place une plate-forme web permettant à chaque internaute de suivre en direct le débat sur son ordinateur, de le commenter en interagissant avec les autres internautes, et de disposer d outils synthétiques et d analyse des réactions en temps réel Conçu à la base comme un véhicule de l information, internet est devenu l instrument d une participation citoyenne à la vie démocratique. Avec lui, écrit Alexandre Emch, expert en e- communication, «les électeurs se sentent mieux écoutés, mieux compris, et ont, pour la première fois, la possibilité de donner leur opinion sur des forums et à travers des groupes communautaires thématiques. En effet, grâce à des supports innovants comme les communautés de type Facebook, la WebTV ou les podcasts, vecteurs d une communication dynamique, les hommes politiques ont vu leur visibilité croître, ces médias leur permettant de véhiculer leurs idées et programmes plus facilement et d entrer en relation one-to-one avec chacun de leurs électeurs». Le Net est devenu l outil par lequel les plus jeunes s initient à la politique. Également la porte d entrée pour tous ceux qui s intéressent à la vie publique de leur pays et que les partis rebutent. Barack Obama est l un des premiers hommes politiques à l avoir compris, qui a amassé plusieurs millions de dollars en faisant contribuer les internautes à sa campagne victorieuse de 2008 et conquis via la Toile la majorité des suffrages des plus jeunes. ( ) Internet ne fait pas qu aider à faire élire. Il contribue à amplifier les causes de la société civile et des sans-voix. En dépit de la «fracture numérique», l Afrique n est pas en marge de ce mouvement universel. Ses militants altermondialistes, écologistes, droits-de-l hommistes s indignent et dénoncent sur leurs sites respectifs et sur les réseaux sociaux. Ses chefs d État et ceux qui cherchent à leur ravir la place tissent leur toile sur Facebook, Hi-5, Netlog En attendant que l ordinateur, l électricité et la connexion au réseau deviennent accessibles au bachelier de Siguiri ou à l ouvrier de Bobo-Dioulasso Jeune Afrique 29 avril 2010, Par Cheikh Yérim Seck 4/6 4
Document 4 Crainte de «rater quelque chose» Twitter fait courir le risque de se retrouver enchaîné à l actualité immédiate, tel un papillon collé à une fenêtre éclairée, et de vivre dans un temps qui n aurait plus ni densité ni profondeur. Le site se prêtant mal aux recherches thématiques dans ses archives, les plus mordus sont hantés par la crainte de «rater quelque chose» lorsqu ils se déconnectent. «Regardez-vous, regardez-nous, hypnotisés par la rivière de mots, d infos, de pensées et d émotions qui défile sur nos écrans tactiles», s alarmait passagèrement le journaliste Jean-Christophe Féraud. Tout l enjeu consiste donc à trouver comment puiser dans le courant numérique sans s y noyer. Confronté à ce défi, on ne pourra s empêcher d envier ceux qui, il y a vingt ans, dénonçaient déjà l invasion tyrannique d une nouvelle technologie, s estimant condamnés par la folie de l époque à «faxer ou périr» Extrait de «Twitter jusqu au vertige», Monde Diplomatique, octobre 2011, par Mona Chollet 5/6 5
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