L'évaluation du patient lombalgique



Documents pareils
Guide de pratique. Clinique. des Lombalgies. Interdisciplinaire. en Première ligne

LA LOMBALGIE CHRONIQUE : Facteurs de risque, diagnostic, prise en charge thérapeutique

Vertiges et étourdissements :

LES DOULEURS LOMBAIRES D R D U F A U R E T - L O M B A R D C A R I N E S E R V I C E R H U M A T O L O G I E, C H U L I M O G E S

L usage du questionnaire ÖMPQ afin de réduire le risque d invalidité prolongée chez les travailleurs blessés

Qu avez-vous appris pendant cet exposé?

o Anxiété o Dépression o Trouble de stress post-traumatique (TSPT) o Autre

I. EXERCICES POUR LA CERVICALGIE CHRONIQUE. Exercice 1 : Posture

MON DOS AU QUOTIDIEN COMPRENDRE, ÉVITER ET SOULAGER LE MAL DE DOS

PROTEGER SON DOS ex. Cliniques St Luc

Lombosciatalgie aigue et chronique Quelle prise en charge? Dr Azizi Fatima Rabat

La réadaptation professionnelle des travailleurs lombalgiques : Présentation d'un modèle canadien

Quatre patients différents une même approche

Inventaire Symptomatique de la Dépression et du Trouble Affectif Saisonnier Auto-évaluation (IDTAS-AE)

Programme d assurance-invalidité de courte durée

La hernie discale Votre dos au jour le jour...

admission aux urgences

L'AN DEUX MIL QUATRE et le 21 Avril. LE TRIBUNAL D'INSTANCE DE SENLIS Siègeant à Senlis, Cité Judiciaire. a, dans la cause entre: DEMANDEUR:

N oubliez pas de sauvegarder après avoir intégré ce fichier dans votre espace extranet!

Accidents des anticoagulants

Qu est-ce que la maladie de Huntington?

Travailleur ou simulateur

Le dépistage du cancer de la prostate. une décision qui VOUS appartient!

Insuffisance cardiaque

Les lésions musculosquelettiques chez les éboueurs : des pistes de prévention à la gestion du retour au travail

DENSITOMÉTRIE OSSEUSE : CE QUE LE RADIOLOGUE DOIT SAVOIR

Maîtriser le risque de TMS du membre supérieur lies au travail

Prenez soin de votre dos. Informations et astuces contre les douleurs lombaires

Trucs du métier. L arthrite psoriasique en l absence du psoriasis. clinicien@sta.ca. Avez-vous un truc? Son épidémiologie et son expression

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

Hospital Anxiety and Depression Scale (HADS)

Démarche d évaluation médicale et histoire professionnelle

PAPPAAL 34. Protocole

LE RACHIS : UNE ENTITE COMPLEXE IMPORTANTE A PRESERVER

admission directe du patient en UNV ou en USINV

La reprise de la vie active

Les limitations fonctionnelles une porte ouverte (ou fermée) vers la réadaptation et le retour au travail

Manuel de l ergonomie au bureau

de hanche Votre chirurgien vous a posé une prothèse de hanche...

Spondylarthropathies : diagnostic, place des anti-tnf et surveillance par le généraliste. Pr P. Claudepierre CHU Henri Mondor - Créteil

Le bilan comparatif des médicaments (BCM): où en sommes-nous?

HERNIE DISCALE LOMBAIRE

Cohorte Observatoire Musculosquelettique (COMETT) Pénibilité et Vieillissement

Appareil Thérapeutique pour le Soin du Dos

NOUVEAUX REPRÉSENTANTS DES RETRAITÉS AU CIRR

Vivre avec une prothèse de hanche: mode d emploi. Information destinée aux patients

squelettique Importance pressentie des troubles de santé psychologique Sollicitation par les centres d urgence d

Demande de règlement invalidité Demande initiale

TMS les données belges relatives à la lombalgie

FICHE D INFORMATION AVANT UNE TRANSFUSION

Demande de règlement au titre de l assurance invalidité hypothécaire Assurance-crédit Contrat n o 51007

prise en charge paramédicale dans une unité de soins

dos La qualité au service de votre santé Avenue Vinet Lausanne - Suisse p r e n d r e s o i n d e s o n

TEST D'APTITUDES PHYSIQUES POUR LES TECHNIQUES AMBULANCIÈRES ( TAPTA )

w w w. m e d i c u s. c a

Traumatisme crânien ou traumatisme cranio-cérébral Trouble de santé neurologique Aide-mémoire

Prise en charge des fractures du fémur par enclouage intra-médullaire

SURVEILLANCE EPIDEMIOLOGIQUE DES TMS EN ENTREPRISES : LES RESULTATS DU SUIVI A TROIS ANS DE LA COHORTE COSALI

Athénée Royal d Evere

Questions / Réponses. Troubles du sommeil : stop à la prescription systématique de somnifères chez les personnes âgées

Item 169 : Évaluation thérapeutique et niveau de preuve

L analyse documentaire : Comment faire des recherches, évaluer, synthétiser et présenter les preuves

Pour l'instant, les connaissances actuelles ne permettent pas d'empêcher un cancer du sein de survenir.

AMÉNAGER UN COMPTOIR DE SERVICE POUR PERMETTRE LA POSITION ASSISE

HERNIE DISCALE LOMBAIRE

DEMANDE DE PRESTATIONS D'ASSURANCE SALAIRE DE COURTE DURÉE Marche à suivre pour déposer une demande

Examen d une épaule en relation avec le travail. Docteur Virginie Fraselle Médecin Physique et Réadaptateur Cliniques Universitaires Saint-Luc

Décembre P age

CONTRAINTES PSYCHOLOGIQUES ET ORGANISATIONNELLES AU TRAVAIL ET SANTE CHEZ LE PERSONNEL SOIGNANT DES CENTRES HOSPITALIERS:

Définition, finalités et organisation

ÉVALUATION DE LA PERSONNE ATTEINTE D HYPERTENSION ARTÉRIELLE

LES TROUBLES MUSCULOSQUELETTIQUES. Le 2 décembre 2008

QUESTIONNAIRE SUR LE TROUBLE DE L ACQUISITION DE LA COORDINATION (QTAC) Martini, R et Wilson, BN

APPUIS-COUDES MOBILES POUR RÉDUIRE LE TRAVAIL STATIQUE DE LA CEINTURE SCAPULAIRE DU PERSONNEL DENTAIRE

L évolution des indicateurs sur l enfance Identifier des indicateurs centrés sur l enfant pour élaborer les politiques de l enfance¹

Lombalgie inflammatoire. François Couture Rhumatologue Hôpital Maisonneuve Rosemont Avril 2010

AU VOLANT DE MA SANTÉ

Réflexions sur les possibilités de réponse aux demandes des chirurgiens orthopédistes avant arthroplastie

Ergonomie au bureau. Votre santé avant tout

Guide de référence rapide Prise en charge des douleurs cervicales et des troubles concomitants de stade I et II

Qui et quand opérer. au cours du traitement de l EI?

La prévention c est pour la vie! LES MAUX DE DOS. La colonne vertébrale : un assemblage bien pensé

CEPHALEES POST-BRECHE DURALE. Post Dural Puncture Headache (PDPH)

Document adopté à la 351e séance de la Commission, tenue le, 30 novembre 1990, par sa résolution COM

De meilleurs soins :

Critères de Choix d une Echelle de Qualité De Vie. Etudes cliniques dans l autisme. Introduction

PREUVE D ASSURABILITÉ DESCRIPTION DE LA PROTECTION

TDAH ET LA CONDUITE AUTOMOBILE

Danielle D Amour, inf. Ph.D. IUFRS 24 février 2011

Cette intervention aura donc été décidée par votre chirurgien pour une indication bien précise.

Le Kin-AP Évaluation des Aptitudes paramédicales

Respiration abdominale d effort encore appelée respiration abdominale inversée

Liste de vérification de la mise en œuvre d une équipe de santé familiale

Vivre avec une prothèse du genou. Conseils pratiques

Marche à suivre pour une demande de règlement en cas d'invalidité

a) La déconnexion professionnelle peut nuire à la santé

Échographie normale et pathologique du grand pectoral

Information sur le sujet. Tests-assignés

Comment utiliser vos béquilles

Allégez la charge! Dossier d enseignement: Soulever et porter des charges Exercices de consolidation niveau 2

Transcription:

p r o j e t Module Clinique des Lombalgies Interdisciplinaire en Première ligne 1 L'évaluation du patient lombalgique Les principes de prise en charge du module 1 «Évaluation» 1.1 Sur le type de lombalgie. 1.2 Sur l'imagerie de la colonne. 1.3 Sur les stades de la lombalgie. 1.4 Sur le travail. 1.5 Sur le pronostic. Les principes de prise en charge sont traduits et adaptés du guide de pratique clinique de la faculté de médecine du travail de Londres, Royaume-Uni (Carter et al., 2000). La mise à jour de ces recommandations est prévue pour 2005. Des références ont été ajoutées afin de tenir compte des plus récentes connaissances dans les différents domaines couverts. Les niveaux de preuve Les recommandations sont basées sur quatre niveaux de preuve scientifique en fonction des études qui les soutiennent. Niveau de preuve élevé: basé sur les résultats de plusieurs études de bonne qualité qui sont cohérents entre eux. Niveau de preuve moyen: basé sur les résultats d'études de moins bonne qualité et notamment à effectifs faibles qui sont cohérents entre eux. Niveau de preuve faible: basé sur les résultats d'une seule étude ou des résultats de plusieurs études incohérents entre eux. Niveau absence de preuve: basé sur des études sans groupe de comparaison, des considérations théoriques ou un consensus d'experts. Référence: Carter JT, Birrell LN (Ed.). Occupational health guidelines for the management of low back pain at work - principal recommendations. London: Faculty of Occupational Medicine. 2000. http://www.facoccmed.ac.uk/content/backpain.htm WE 720 P964 2004 V.I de développement de réseaux locaux de services de santé et de services sociaux ^ g Québec es a Montrédl Santé publique AQEPP NSPQ - Montréal 3 5567 00004 9772 [fédè ratio ' v u Fédération des physiothérapeutes en pratique privée du Québec OEQ Onlrc do ergnihtrjpcuies Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec

Principe 1.1 Triage: établir le type de lombalgie pour dépister les cas graves et urgents. Tableau 1.1 Les trois catégories de patients lombalgiques Lombalgie simple Caractéristiques générales: Age entre 20 et 55 ans. Douleur lombaire ou lombo-sacrée ne s'étendant pas en bas du genou. Douleur «mécanique» c'est-à-dire varie dans le temps et selon l'activité. L'état général du patient est bon. Lombalgie avec symptôme ou signe neurologique Caractéristiques générales: Énoncé du principe 1.1 Lors de du patient le clinicien procéder au l'évaluation doit lombalgigue, triage selon les trois types de lombalgie (tableau 1.1) afin notamment dépister un grave requérant intervention ou spécialisée. de problème une urgente Douleur unilatérale à la jambe plus intense que la lombalgie. Douleur irradie souvent au pied ou aux orteils. Engourdissements ou paresthésies dans le même territoire douloureux. Signe d'irritation radiculaire positif comme le test d'élévation de la jambe tendue Signes moteurs, sensitifs ou réflexes cohérents à une racine nerveuse. Lombalgie avec pathologie rachidienne grave suspectée (red flags) Caractéristiques générales : Début de la lombalgie avant 20 ans ou après 55 ans. Traumatisme violent comme une chute de hauteur ou accident de la route. Douleur constante, progressive, non mécanique. Douleur thoracique ou abdominale. Douleur nocturne non soulagée par la position en décubitus dorsal. Histoire de cancer, infection au VIH, prise de corticostéroïdes, toxicomanie. Perte de poids inexpliquée, frissons, fièvre Restriction importante et persistante de la flexion lombaire Atteinte sensitive de la région périnéale (anesthésie en selle), incontinence urinaire d'apparition récente. V 1 â*. 2

Niveau de preuve à l'appui 1.1: niveau de preuve: moyen Le triage initial des patients est la recommandation la plus constante dans les différents guides de pratique clinique publiés dans le monde (Koes et al., 2001 ). L'objectif principal visé est d'identifier la présence de «red flags» (catégorie «C») requérant une investigation médicale ou chirurgicale urgente. Quant aux patients avec signes ou symptômes neurologiques (catégorie «B») ils ont globalement une évolution qui est statistiquement deux fois plus lente que les patients avec lombalgie simple (catégorie «A»). Interprétation Les «red flags» sont des indices qui doivent amener le clinicien à orienter l'évaluation du patient vers la recherche d'une pathologie grave et qui doit être diagnostiquée sans attendre (catégorie «C»). Il s'agit principalement de complications lombaires d'un traumatisme grave ou d'une maladie comme le cancer. En pratique ces complications sont rares mais il est essentiel que le clinicien soit systématique dans son questionnaire et examen afin de les détecter. Les signes et symptômes neurologiques chez un patient lombalgique chez qui il n'y a pas de «red flags» (catégorie «B») se résorbent le plus souvent sans intervention chirurgicale. Le recours à une consultation spécialisée ne devraient pas se faire avant que le clinicien ait pu constater un déficit fonctionnel persistant ou qui s'aggrave après une période de quatre semaines. Par conséquent, en dehors de l'observation de l'évolution des signes et symptômes neurologiques, la prise en charge de ces patients est identique à celle des lombalgies simples (catégorie «A»). Bibliographie Koes, B. W., M. W. van Tulder, et al. (2001 ). Clinical guidelines for the management of low back pain in primary care: an international comparison. Spine 2001;26:2504-13. discussion 2513-4 Soumettez vos commentaires www.santepub-mtl.qc.ca/clip Deux façons de vous exprimer : 1. Utiliser le formulaire en ligne pour soumettre vos commentaires et réflexions sur le principe 1.1 de prise en charge du patient lombalgique. Ceux-ci seront ajoutés à une synthèse générale qui sera envoyée à tous les participants. 2. Partagez en ligne vos réflexions avec le groupe. Affichez vos commentaires et répondez aux commentaires déjà affichés dans le groupe de discussion INSTITUT NATIONAL DE SAVrf?UBLI01T DU QUÉBEC CINTRJE D DOCUMENTATION MONTRÉAL 3

Principe 1.2 sur l'imagerie de la colonne. Énoncé du principe 1.2 Pour le patient de lombalgie qui souffre simple, les examens radiologiques, tomodensitométriques ou par résonance magnétique ne sont pas indiqués. Niveau de preuve à l'appui 1.2: niveau de preuve: élevé Chez les patients qui souffrent de lombalgie simple, les résultats des tests radiologiques, tomodensitométriques ou par résonance magnétique ne sont pas corrélés avec les symptômes exprimés par le patient ou sa capacité fonctionnelle au travail van Tulder et collaborateurs ont réalisé une revue de littérature d'articles publiés avant 1996 concernant la relation entre la lombalgie simple et le résultat radiographique. Ils ont conclu qu'il n'y a pas d'évidence d'une relation causale entre les trouvailles radiographiques, notamment les changements dégénératifs, et la lombalgie simple. Pour les deux autres types de lombalgie, et notamment les patients qui ont plus de 50 ou 55 ans, une revue de littérature récente conclue qu'une radiographie simple suffit pour exclure une pathologie vertébrale (larvik et al.. 2003). Les tests d'imagerie spécialisés (comme le scan et l'imagerie par résonance magnétique) devraient être réservés aux cas chez qui une chirurgie est envisagée ou une maladie systémique est fortement suspectée. Interprétation Une anamnèse et un examen physique qui ne révèlent pas de «red flags» permettent de poser un diagnostic clinique fiable sans qu'il soit nécessaire de recourir à des techniques d'imagerie médicale. Lorsque des examens diagnostiques d'imagerie spécialisés comme le scan et l'imagerie par résonance magnétique sont effectués, leurs résultats doivent toujours être interprétés à la lumière des données cliniques. L'utilisation inutile de ces examens très sensibles va produire beaucoup de résultats faussement positifs, créant chez le clinicien et son patient un effet d'étiquetage qui peut en soi contribuer à un moins bon pronostic. 4

Bibliographie Jarvik G. Deyo RA. Diagnostic evaluation of low back pain with emphasis on imaging. Ann Int Med 2003,137:586-597 van Tulder MW, Assendelft W, Koes BW, Bouter LM. Spinal radiographic findings and nonspecific low back pain A systematic review of observational studies. Spine 1997;22:427-34. Soumettez vos commentaires www.santepub-mtl.qc.ca/clip Deux façons de vous exprimer : 1. Utiliser le formulaire en ligne pour soumettre vos commentaires et réflexions sur le principe 1.2 de prise en charge du patient lombalgique. Ceux-ci seront ajoutés à une synthèse générale qui sera envoyée à tous les participants 2. Partagez en ligne vos réflexions avec le groupe. Affichez vos commentaires et répondez aux commentaires déjà affichés dans le groupe de discussion 5

Principe 1.3 sur les stades de la lombalgie Tableau 1.3.1 Les trois catégories de duree de la lombalgie lors de la présentation initiale Durée Probabilité de retour Lombalgie aiguë : Lombalgie subaiguë : Lombalgie chronique : 0 à 4 semaines 4 à 12 semaines au-delà de 12 semaines 80% à 100% 60% à 80% moins de 60% Niveau de preuve à l'appui 1.3: niveau de preuve: élevé Énoncé du principe 1.3 La probabilité de au travail décroît avec retourner La durée de la lombalgie d'où se distinguent trois stades (tableau 1.3.1). Le clinicien devrait procéder à l'évaluation systématique da d'incapacité, soit à la quatrième semaine niveau si la lombalgie persiste, soit dès la première consultation si le patient L'étude de la relation entre une durée plus longue de l'absence du travail et une plus faible probabilité de retourner au travail (régulier ou autre), a donné des résultats reproductibles dans plusieurs états y compris le Québec. D'après la synthèse réalisée par Pengel et al., 2003, l'évolution du pronostic en fonction de la durée de la lombalgie n'est pas seulement vérifiée pour le retour au travail mais aussi pour le niveau général d'incapacité fonctionnelle. Interprétation La classification de la lombalgie simple en trois stades, permet d'identifier deux points charnière (4 et 12 semaines) où le clinicien devrait adapter sa prise en charge en fonction d'un pronostic qui se détériore. Cette adaptation de la prise en charge repose en partie sur l'évaluation de l'état fonctionnel du patient à l'aide d'un questionnaire standardisé tel que celui proposé au tableau 1.3.2 qui a été développé et validé au Québec (Davidson et al., 2002). Dans cette «échelle d'incapacité du dos du Québec» qui est donnée en exemple, on s'attend à ce que le score du patient s'améliore d'au moins 10 à 20 points sur cent dans les 8 premières semaines de prise en charge, mais beaucoup plus lentement par la suite. Dans la situation où le score s'améliore peu ou pas (moins de 10 points sur une période de quatre semaines), il s'agit d'un signal objectif pour le clinicien pour intensifier sa recherche des barrières au retour au travail (principe 1.4) ou de facteurs psychosociaux (principe 1.5). Par ailleurs, il est possible qu'un patient démontre une évolution lente mais régulière de sa lombalgie et de son niveau d'incapacité. Ce patient peut être dirigé vers une clinique de physiothérapie où un programme d'activation sera entrepris. a des antécédents de lombalgie de longue durée. 6

Tableau 1.3.2 Échelle d'incapacité du dos du Québec Note au clinicien: ce questionnaire a une valeur comparative, c'est-à-dire que le pointage obtenu au cours d'une consultation doit être comparé à celui de la consultation précédente afin d'observer l'évolution de l'incapacité. Ce questionnaire porte sur la façon dont votre douleur au dos affecte votre vie de tous les jours. Les personnes souffrant de maux de dos trouvent parfois difficile d'entreprendre certaines activités quotidiennes. AUJOURD'HUI, éprouvez de la difficulté à accomplir les tâches énumérées ci-dessous en raison de votre dos. Encerclez un chiffre de 0 à 5 qui correspond le mieux à chacune des activités. - Aucune difficulté Très peu difficile Un peu difficile Difficile Très difficile Incapable 1. Sortir du lit. 0 1 2 3 4 5 2. Dormir toute la nuit. 0 1 2 3 4 5 3. Vous retourner dans le lit. 0 1 2 3 4 5 4. Vous promener en voiture. 0 1 2 3 4 5 5. Rester debout pendant 20 à 30 minutes. 0 1 2 3 4 5 6. Rester assis sur une chaise n o o A u i z c J t 0 pendant plusieurs heures. 7. Monter un étage d'escalier. 0 1 2 3 4 5 8. Marcher quelques coins de rue. 0 1 2 3 4 5 9. Marcher plusieurs milles. 0 1 2 3 4 5 10. Atteindre un objet sur une tablette élevée. 0 1 2 3 4 5 11. Lancer une balle. 0 1 2 3 4 5 12. Courir un coin de rue. 0 1 2 3 4 5 13. Sortir des aliments du réfrigérateur. 0 1 2 3 4 5 14. Faire votre lit. 0 1 2 3 4 5 15. Mettre vos chaussettes ou vos bas. 0 1 2 3 4 5 16. Vous pencher pour laver le bain. 0 1 2 3 4 5 17. Déplacer une chaise. 0 1 2 3 4 5 18. Tirer ou pousser des portes lourdes. 0 1 2 3 4 5 19. Transporter deux sacs d'épicerie. 0 1 2 3 4 5 20. Soulever et transporter une grosse valise. 0 1 2 3 4 5 Calcul du pointage: additionner toutes les lignes. Total possible sur 100: Traduit et adapté de: Kopec JA et coll. The Quebec back pain disability scale: measurement properties. Spine 1995;20:341-352. Bibliographie Davidson M, Keating L. A comparison of five low back disability questionnaires: reliability and responsiveness. Phys Ther 2002;82:8-24. Pengel LHM, Herbert RD, Maher CG, Refshauge KM. Acute low back pain : systematic review of its prognosis. Br Med I 2003;327:323. Soumettez vos commentaires www.santepub-mtl.qc.ca/clip Deux façons de vous exprimer: 1. Utiliser le formulaire en ligne pour soumettre vos commentaires et réflexions sur le principe 1.3 de prise en charge du patient lombalgique. Ceux-ci seront ajoutés à une synthèse générale qui sera envoyée à tous les participants. 2. Partagez en ligne vos réflexions avec le groupe. Affichez vos commentaires et répondez aux commentaires déjà affichés dans le groupe de discussion. 7

Principe 1.4 sur le travai Niveau de preuve à l'appui 1.4: niveau de preuve: moyen Une histoire d'épisodes longs de lombalgie (plusieurs mois) est associé statistiquement à un risque de récupération lente par rapport à une histoire de lombalgies ponctuelles à durée courte (quelques jours ou semaines). L'historique de la reprise des activités normales de travail lors d'épisodes antérieurs, est utile pour prévoir des difficultés à ce niveau. Une histoire professionnelle même sommaire est utile pour planifier le retour au travail. Les tâches et les activités de travail qui sont associées par le patient à la cause ou l'aggravation des symptômes aideront à planifier une assignation temporaire si la lombalgie se prolonge au-delà de 8 à 12 semaines. L'identification de barrières au retour au travail est une des recommandations les plus constantes dans tous les guides de pratique clinique publiés internationalement (Staal et al., 2003). Interprétation Énoncé du principe 1.4 Lors de ianamnèse patient lombalgique, faire l'histoire des d un antécédents de lombalgie et 1'kistoire professionnelle afin de faire ressortir l'impact sur les activités quotidiennes et d'identifier des symptômes et de travail, des barrières au retoar aux activités normales. Des antécédents de lombalgie qui ont résulté dans des absences longues du travail alertent le clinicien du risque de récupération lente. Dans un tel cas, ou dans l'éventualité où le clinicien identifie une évolution lente du statut fonctionnel (principe l.3), ou encore lorsque le patient exprime lui-même des barrières au retour au travail, le clinicien peut identifier les limitations de travail par un questionnaires tel que celui proposé par J. Kopec au Québec (tableau 1.4). Cette évaluation est particulièrement utile si une assignation temporaire est envisagée. Bibliographie Staal IB, Hlobil H, van Tulder MW. Waddell G, Burton AK, Koes BW, van Mechelen W. Occupational health guidelines for the management of low back pain: an international comparison. Occup Environ Med 2003;60:618-626. 8

o Tableau 1.4 Échelle d'incapacité du dos du Québec: capacité de travail Note au clinicien : ce questionnaire a une valeur comparative, c'est-à-dire que le pointage obtenu au cours d'une consultation doit être comparé à celui de la consultation précédente afin d'observer l'évolution de l'incapacité. Ce questionnaire porte sur la façon dont votre douleur au dos nuit à votre capacité d'accomplir différentes tâches. Supposons que votre emploi demande que vous accomplissiez une des activités énumérées ci-dessous. Dites-moi pour chacune si vous vous sentiriez capable ou incapable AUJOURD'HUI d'accomplir ces activités au travail avec votre mal de dos. Capable Probablement capable Probablement incapable Incapable 1. Soulever ou transporter fréquemment des objets légers (5 à 10 lbs.). 2. Tirer ou pousser fréquemment sans trop forcer. 3. Soulever ou transporter fréquemment des objets lourds (plus de 40 lbs.) 4. Avoir à tourner le dos et les épaules de côté fréquemment. 5. S'accroupir ou s'agenouiller fréquemment. o 6. Se pencher ou courber le dos fréquemment. 7. Rester debout pendant des périodes de 20 à 30 minutes. 8. Rester debout ou marcher plusieurs heures consécutives. 9. Monter et descendre fréquemment des escaliers. 10. Rester assis plusieurs heures consécutives. Calcul du pointage: additionner toutes les lignes. Total possible sur 30: Traduit et adapté de: Kopec JA et coll. Thèse doctorale, Université McGill 1995. Soumettez vos commentaires www.santepub-mtl.qc.ca/clip Deux façons de vous exprimer: 1. Utiliser le formulaire en ligne pour soumettre vos commentaires et réflexions sur le principe 1.4 de prise en charge du patient lombalgique. Ceux-ci seront ajoutés à une synthèse générale qui sera envoyée à tous les participants. 2. Partagez en ligne vos réflexions avec le groupe Affichez vos commentaires et répondez aux commentaires déjà affichés dans le groupe de discussion o 9

Principe 1.5 sur le pronostic. Niveau de preuve à l'appui 1.5: niveau de preuve: élevé Le niveau de preuve est élevé quant à l'implication des facteurs psychologiques et psychosociaux dans le pronostic. De nombreuses études ont démontré l'importance des facteurs psychologiques et psychosociaux comme déterminants et facteurs pronostiques des maux de dos. Une revue de littérature effectuée sur le sujet par Pincus en 2002 concluait à l'implication de certains de ces facteurs dans la transition vers les maux de dos chroniques. Ferguson et Marras ont distingué dans leur synthèse de 57 études, les facteurs psychosociaux comme étant principalement associés au contexte de travail et de retour au travail alors que les facteurs psychologiques s'intéressent surtout à l'entourage immédiat du travailleur, famille et amis. Interprétation Énoncé du principe 1.5 II est d'identifier, important tôt dans Le processus de prise en charge, Les sujets les plus à risque d'incapacité persistante au travail. À cette fin, le clinicien doit tenir compte facteurs des psychologiques et psyckosociaux (yellow_flags) qui peuvent contribuer au pronostic. Le clinicien doit être à l'affût de l'influence des facteurs psychosociaux et psychologiques qui déterminent ou prédisent l'incapacité persistante au travail, particulièrement au cours des 12 premières semaines. Ces facteurs doivent être considérés comme des signes qui informent le clinicien du pronostic de son patient. Lorsque le clinicien identifie chez un patient des signes de mauvais pronostic, il pourra adapter sa prise en charge, voire référer son patient à d'autres ressources rapidement si il le juge utile pour éviter la chronicité Des instruments cliniques sont disponibles pour identifier les facteurs psychosociaux chez les travailleurs lombalgiques. Linton et al. (1997) par exemple, recommandent un dépistage en deux étapes aussi tôt que deux à quatre semaines après le début des symptômes, à l'aide de deux questionnaires, un court et un long Plus près de nous, Dionne et al. (2004) viennent de valider auprès de patients québécois, un outil de pronostic qui intègre des éléments cliniques et psychologiques. Cet outil, qui comporte sept questions, permet de prédire le statut de retour au travail à long terme dès la première visite, peu importe si la lombalgie est aiguë, récurrente ou chronique. Les questions sont ordonnées hiérarchiquement et les réponses mènent à des probabilités de succès, de succès mitigé ou d'échec de retour au travail, comme le montre la clé d'interprétation au tableau suivant 10

Questionnaire RAMS pour le pronostic des maux de dos 1 Instructions au clinicien: Posez les questions suivantes en suivant la clé d'interprétation. Cessez le questionnaire au moment où vous entrez dans le tableau de probabilité de retour au travail. Q1 : Êtes-vous plutôt en accord ou plutôt en désaccord avec l'affirmation suivante: «Vous pensez que vous ne retournerez pas à votre travail régulier d'ici 3 mois». Q2: La douleur irradie-t-elle dans les membres? Q3: Y a-t-il des antécédents de chirurgie à la colonne? Q4: Sur une échelle de 0 à 10, quel a été le niveau moyen de la douleur au dos au cours des 6 derniers mois? Pour les trois affirmations suivantes, répondez par oui ou non: Q5: «Aujourd'hui, je bouge fréquemment pour essayer de trouver une position confortable pour mon dos». Q6: «Aujourd'hui, parce que j'ai mal au dos, je suis plus irritable et de mauvaise humeur que d'habitude». Q7 : «Aujourd'hui, je dors moins bien à cause de mon dos». Clé d'interprétation Cql> I désaccord EM3- r- indécis - accord - Q4 0-3 i 4-10 4 i oui Q6 I oui I Q2 }- Échec/ÉAE 4 Les pourcentages sur fond blanc identifient la ou les issues les plus probables pour un patient. 2 Succès: probabilité de retour au travail régulier avec peu d'incapacité fonctionnelle et de risque de récurrence d'absentéisme. 1 Source: Dionne C et al. 2004 3 Succès mitigé: probabilité de retour au travail régulier mais niveau élevé d'incapacité fonctionnelle ou risque de récurrence d'absentéisme. 4 ÉAE (échec après essai): probabilité d'être absent du travail régulier après une ou plusieurs tentative(s) de retour. 4 Échec: probabilité de demeurer absent du travail régulier sans tentative de retour. 9 11

Cet outil est validé pour utilisation en pratique clinique générale. A titre d'exemples, voici deux illustrations de son utilisation. S5S* \0C au* Clinique des Lombalgies Interdisciplinaire en Première ligne Un projet soutenu par l'institut de recherche Robert Sauvé en santé et sécurité du travail et par les partenaires suivants : Direction de santé publique de Montréal Fédération des médecins omnipraticiens du Québec Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec Fédération des physiothérapeutes en pratique privée du Québec Ordre des ergothérapeutes du Québec Association québécoise des ergothérapeutes en pratique privée Pour toute information sur le projet, contacter : Michel Rossignol mrossign@santepub-mtl.qc.ca Exemple 1. Monsieur Tremblay est en désaccord avec la question no. I, n'a jamais eu de chirurgie au dos (question no. 3), a un niveau de douleur élevé (4-10) (question no. 4), et a répondu «oui» à la question no. 5, «oui» à la question no. 6 et «non» à la question no. 7. Le clinicien identifie dans le tableau d'interprétation la probabilité de succès mitigé à 45% et s'assure de revoir monsieur Tremblay à intervalles réguliers pour lui offrir un suivi plus étroit. Notez que comme le patient était en désaccord avec l'énoncé de la question no. I. la question no. 2 n'était pas pertinente. Exemple 2. Madame Côté est indécise en ce qui concerne la question no. I et présente une douleur qui irradie au membre inférieur (question no. 2). Dans le tableau d'interprétation, sa probabilité d'échec est estimée à 46%. Le clinicien adoptera une approche qui s'apparentera en partie aux lombalgies de type «B» (module 11). Notez que le questionnaire s'est arrêté à la question 2 et que les autres questions n'étaient pas pertinentes à l'établissement du pronostic de cette patiente. Bibliographie: Dionne C, Bourbonnais R, Frémont P, Rossignol M, Stock SR. Le pronostic occupationnel des travailleurs aux prises avec des affections vertébrales. Études et recherches / Rapport R-356, 2004, 148 pages. Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail. http://www.irsst.qc.ca/fr/_publicationirsst_l0001 7.htm Ferguson SS, Marras WS. A literature review of low back disorder surveillance measures and risk factors. Clin Biomechanics 1997; 12:211-226. Linton SI et Hallden K, dans Kendall NAS, Linton SI and Main C. Guide to Assessing Psychosocial Yellow Flags in Acute Low Back Pain Risfc Factors for Long-Term Disability and Work Loss. Accident Rehabilitation & Compensation Insurance Corporation of New Zealand and the National health Committee Wellington, NZ I997 Document original disponible: New- Zealand Guidelines Group: http://www.nzgg.org.nz/index.cfm : aller à Guidelines, Musculoskeletal diseases (section 6), Low back pain guide et le questionnaire se trouve dans la section Guide to assessing yellow flags et Acute low back pain screening and scoring instructions. Pincus T, Burton AK, Vogel S. Field AP. A systematic review of psychological factors as predictors of chronicity/disability in prospective cohorts of low back pain. Spine 2002 ; 27(5):El09-20. Soumettez vos commentaires www.santepub-mtl.qc.ca/clip Deux façons de vous exprimer: l Utiliser le formulaire en ligne pour soumettre vos commentaires et réflexions sur le principe 1.5 de prise en charge du patient lombalgique. Ceux-ci seront ajoutés à une synthèse générale qui sera envoyée à tous les participants. 2. Partagez en ligne vos réflexions avec le groupe. Affichez vos commentaires et répondez aux commentaires déjà affichés dans le groupe de discussion.