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Bulletin mensuel d information sur le Caucase du nord nouvellesdetche@orange.fr N 32 octobre 2010 E u r o p e : L E S T U E U R S D E K A D Y R O V S O N T C H E Z E U X! «Les tueurs tchétchènes agissent en Europe sur ordre de Kadyrov et sous couverture de l'ambassade russe» (Novaïa Gazeta N 36) e 2 septembre dernier, le journal français L «L'Express» annonce que la procurature autrichienne s'apprête à agir en justice contre Ramzan Kadyrov. D'après le correspondant Blaise Gauquelin, Kadyrov fut le commanditaire de l'assassinat de Oumar Israïlov à Vienne en janvier 2009. (*) De plus, la police autrichienne soupçonne des «diplomates» russes de participation à des exécutions extrajudiciaires de Tchétchènes réfugiés en Autriche jugés nuisibles. Si cela se confirme, l'affaire deviendrait politique et nuirait aux relations entre la Russie et l'union européenne. Dans un rapport du 4 juin, le Conseil européen a déjà comparé les émissaires de Kadyrov aux «escadrons de la mort» de jadis en Amérique latine. D'après le rapport des enquêteurs autrichiens, pas de doute, le régime de Ramzan Kadyrov tue en collaboration active avec Moscou. D'après les aveux du tueur tchétchène Artour Kourmakaev, membre d'une structure commando en Autriche, sa mission consistait à «piocher» les opposants au régime réfugiés en Autriche afin de les ramener en Tchétchénie et de les liquider. Lui-même a probablement subi ce sort suite à ses aveux... L'enquêteur parlementaire autrichien Peter Pilz a désigné Saïd Selim Plechkaev comme le responsable de cette structure. Il a été arrêté en 2005 alors qu'il était conseiller à l'ambassade de Russie après avoir dirigé le Ministère des affaires intérieures en Tchétchénie. ALERTEZ LES TCHETCHENES! Ramzan Kadyrov a installé ses bureaux à Paris, dans les locaux de l ambassade de Russie. Ses «diplomates» seraient déjà à pied d œuvre Grozny se rapproche de Paris! (*) Oumar Israïlov a été tué le 13/01/09 à Vienne. Ce jeune Tchétchène (27 ans) avait été garde du corps de Kadyrov, puis s'était enfui en 2004 en accusant son ex employeur. Réfugié en Autriche, il témoignait que Kadyrov torturait personnellement des opposants dans son fief Tsentoroï. En 2006, il a porté plainte devant le Tribunal européen des droits de l'homme. Depuis son exécution, tous ses proches craignent pour leur vie. Sa femme et ses enfants sont restés à Vienne. D'autres sont en Norvège. Son père, caché dans un endroit secret, porte plainte contre la Russie et contre la police autrichienne qui a refusé de protéger son fils. Le 24 août, trois suspects de l'assassinat de O. Israïlov ont été inculpés. Certains auraient rencontré Chaa Tourlaev, proche collaborateur de R. Kadyrov. Un quatrième, celui qui aurait tiré, s'est enfui en Russie. P R I S O N S R U S S E S : L E N F E R P O U R L E S T C H E T C H E N E S Les Tchétchènes dans les lieux de privation de liberté en Russie (*) uotidiennement, je reçois des appels Q de prisonniers tchétchènes ou de familles demandant de l'aide: sévices, problèmes de santé... J'appelle l'administration locale, me présentant comme proche de la présidence, au bluff. Cela marche parfois... Nous sommes très peu. C'est une aide ponctuelle, concrète. Les Tchétchènes détenus en Russie sont les plus à plaindre: violences sexuelles, actes barbares. La guerre, depuis 1994, est passée par là: pour les surveillants (dont la plupart l'ont faite), chaque Tchétchène est un ennemi. Citation du sinistre général Boudanov: «On nous a dit que ce sont des ennemis et qu'il faut les tuer.» On les exile loin de chez eux, dans le nord, en Sibérie. Les gardiens entretiennent leur haine en se passant des films sur la guerre en Tchétchénie où l'on voit des Russes décapités. Or, la majorité des Tchétchènes en prison sont innocents. D'emblée, en arrivant en prison, la torture est la norme. Pouchkine évoquait les temps barbares où, aux XVIè et XVIIèmes siècles, un aveu sous la torture marquait la culpabilité du détenu. Sous Poutine, on est revenu à cette époque barbare. En février dernier, deux jeunes Tchétchènes ont été arrêtés puis torturés... pour avoir été chercher de l'eau sous le menace de boéviki en 2005. Ils étaient mineurs. Ils ont été relâchés en mai après tortures à l'électricité et privation de soins. Les prisons secrètes en Tchétchénie. A Tsentoroï, le fief de Kadyrov, c'est le pire. Ici, aucune loi ne fonctionne! On y torture des centaines de gens. Pour obtenir des aveux, mais même par pur sadisme. Des Svetlana Gannouchkina témoins ont vu Ramzan Kadyrov en personne battre un prisonnier jusqu'à ce que ses mains soient rouges de sang. Et le pouvoir russe encourage cette situation. Les gouverneurs lui rapportent ce qu'il veut entendre. Un cas type: après avoir battu un détenu, on le nourrit tout en le privant de rasoir... Après un temps, on le transforme en cadavre barbu, présenté comme un terroriste abattu par les forces de l'ordre. La situation gagne la Russie. C'est ce qu'on appelle la «tchétchénisation». A Moscou, aujourd'hui, les gens de Kadyrov peuvent tuer impunément un milicien russe Mais, même à l'étranger, les Tchétchènes réfugiés ont peur. En Autriche, en Pologne, en Norvège, en France... (*) Conférence du 28 septembre à Paris sur les violences carcérales en Russie. Lire page 8

Tsentoroï: les boéviki s invitent chez Ramzan La Tchétchénie, royaume de Kadyrov (*) L es autorités tchétchènes promettent 10 millions de roubles pour toute information sur les organisateurs de l'attaque sur le village natal de Kadyrov. Le 2 septembre, celui-ci a déclaré à la télévision qu'il récompenserait les citoyens lui permettant de «châtier les bandits qui apportent le chagrin et la souffrance à nos compatriotes, tuant des innocents»... Cet appel indique l'impuissance actuelle du pouvoir, estiment les observateurs. De fait, l'attaque du 29 août contre le fief de Kadyrov, véritable forteresse gardée par des forces impressionnantes, a complètement pris au dépourvu le régime. Selon un dirigeant d'une ONG locale souhaitant garder l'anonymat, l'attaque sur Tsentoroï (Khossi-Yourt, pour les Tchétchènes) est une humiliation pour le président tchétchène, après qu'il ait récemment réaffirmé la «victoire définitive» sur les boéviki. D'après certains, les boéviki auraient même pris le contrôle du village pendant plusieurs heures, n'étant délogés qu'avec l aide des hélicoptères et de l'artillerie. Depuis, le village est bouclé. «Probablement pour effacer les traces des combats». Les habitants se voient menacés de mort s'ils racontent ce qui s'est réellement passé. De leur côté, les sites rebelles affirment que 15 membres de la garde de Kadyrov auraient péri, dont 5 proches collaborateurs. Plusieurs maisons auraient été incendiées, de nombreux véhicules détruits, etc.. Pour Kadyrov, c'est Aslambek Vadalov qui aurait mené l'opération. Ce chef avait fait récemment dissidence vis à vis de Dokou Oumarov, «l'émir du Caucase». Certains pensent que le raid sur Tsentoroï visait à démontrer la capacité des boéviki à mener des opérations d'envergure. Le site indépendantiste chechenia.net rapporte qu'au moment du raid, dans les villages voisins, les militaires de Kadyrov se débarrassaient de leurs uniformes en prévision de l'arrivée des boéviki... La bataille de Tchermoï Lam Après l'affront subi par Kadyrov dans son village natal, il veut se venger et ordonne à ses troupes d'attraper «tous les émirs» (de la résistance armée). Du 24 au 30 septembre, aux environs de Vedeno, près de Tchermoî Lam,vont se dérouler une série d'affrontements avec les boéviki. Bilan, 5 militaires tués, 9 blessés. Du côté des boéviki, zéro pertes. our le Kremlin, les P caprices traditionalistes et autocratiques du leader de 33 ans sont le prix à payer pour assurer la stabilité après deux guerres sanglant es (1994-1996 et 1999-2000) déclenchées par l armée russe pour écraser les velléités d indépendance tchétchènes. Même si le président russe Dmitri Medvedev a le pouvoir de r e n v o y e r l h o m m e f o r t de la république à tout moment, il est ainsi peu probable qu il le fasse dans un avenir rapproché. Sous la gouverne arbitraire du jeune potentat, la Tchétchénie dévastée a été presque entièrement reconstruite grâce aux subsides de Moscou. Si quelques jeunes continuent à rejoindre la guérilla, désormais tournée vers l islam radical, la plupart des anciens combattants se sont ralliés au pouvoir tchétchène prorusse. Le Kremlin ayant de fait donné carte blanche aux autorités tchétchènes avec sa politique de «tchétchénisation» du conflit, la république est ainsi devenue le royaume personnel de Ramzan Kadyrov. Selon les organisations de défense des droits humains, ses milliers d hommes armés continuent en toute impunité les exactions, auparavant commises par les soldats russes, contre ceux qui sont soupçonnés d appartenir à la guérilla ou de l aider. Ramzan Kadyrov a toujours affirmé que les lois russes seraient respectées en Tchétchénie, ajoutant toutefois qu en tant que musulman, «il n y a rien qui prévaut sur la religion». Devant cette charia officieuse, Moscou est impuissant. Comme l était en son temps le pouvoir soviétique, qui n a jamais réussi à réellement imposer ses lois en Tchétchénie, dépassé par la force des traditions locales comme la vengeance du sang (loi du talion) et la polygamie, à nouveau encouragées par le chef de l État. (*) Article de «L Express» B R U I T S D E B O T T E S S U R L E C A U C A S E D U N O R D Campagne d'hiver? De nombreux témoignages convergent pour décrire une grosse activité des militaires russes au Daghestan, en Tchétchénie, en Ingouchie et en Kabardino-Balkarie: blindés, canons, hélicoptères... Toutes les bases de la région sont en effervescence: Mozdok, Khankala, Khassaviourt, Kizliar, Vladikavkaz... Dans les médias russes, silence radio. Même scénario qu'avant les guerres en Tchétchénie et en Géorgie. Rebelote? Repeuplement russe en vue? Les rumeurs vont bon train. Les commandants des unités ont annoncé aux familles des soldats qu'il s'agit de protéger les circuits d'approvisionnement vers Sotchi en vue des JO de 2014... ((chechenia.net) Puis qu'il s'agissait de sécuriser les élections au Daghestan, le 10 octobre. Plus probablement, ce déploiement de forces armées viserait à provoquer les combattants de la résistance et à les obliger à sortir de la forêt. Khloponine, l'envoyé de Medvedev dans la région, n'aurait plus confiance dans les forces daghestanaises, ce qui expliquerait l'effort de celles-ci ces derniers jours: de nombreux combattants ou suspects ont été tués. Les militaires auraient même utilisé des civils comme boucliers. «Le Daghestan est au bord de la guerre civile», déclarait la 13 septembre, Rouslan Kourbanov, expert de la commission à la Douma chargé du Caucase. Le Caucase du nord et l'islam 04/IX: La directrice d'une école de Karaboulak (Ingouchie) a refoulé une écolière portant le hidjab: «c'est une école laïque» Des parents ont protesté contre cette atteinte à la vie privée. Trois jours après, une grenade était lancée dans la cour de la directrice, sans faire de victime. 24/IX: La directrice d'une école au Daghestan est tuée. Soupçons d'une représaille de fanatiques islamistes: la victime avait interdit le port du hidjab aux élèves. Répondant à des parents l'année dernière, elle avait argué que le hidjab ne s'inscrivait ni dans la tradition daghestanaise ni dans la musulmane. «On n'est pas en Arabie ou en Iran», avait-elle tranché. 24/IX: Vladimir Loukine, responsable des droits de l'homme en Russie, demande de vérifier l'information faisant état de femmes aspergées de peinture à Grozny. Il y a quatre ans, Anna... Tandis que se fêtait l anniversaire de Vladimir Poutine, le même jour, des milliers de gens en Russie et en Europe commémoraient la disparition d Anna, assassinée il y a quatre ans

L e s t u e u r s d e K a d y r o v b i e n v e n u s e n E u r o p e o c c i d e n t a l e? u fil des guerres, des bombardements aveugles et des exécutions A arbitraires, la Tchétchénie s'est vidée d'une partie de sa population: une diaspora de quelque 100 000 personnes, souvent jeunes, s'est installée principalement en Allemagne, en Pologne et en Autriche, où les 20 000 membres de la communauté travaillent dans le bâtiment ou dans l'"import-export". Quelques-uns ont lancé de petites affaires. Mais la plupart vivent en vase clos, ressassent les humiliations, fomentent une revanche ou tentent, pour certains, de faire oublier leurs propres crimes. La presse, le gouvernement et de nombreux Autrichiens soupçonnent ces nouveaux venus de "délinquance généralisée". Les diplomates russes en poste à Vienne ne suscitent pas la même méfiance. A tort, selon les confessions à la police autrichienne d'artour Kourmakaev, un tueur tchétchène repenti. La lecture du rapport d'enquête du Bureau de la sécurité et du contre-terrorisme (LVT) sur le meurtre d'oumar Israïlov, très fouillé, auquel L'Express a eu accès, ne laisse guère de doute: c'est avec l'aide active de Moscou que le régime de Kadyrov effectue ses basses besognes. Jusque sur le territoire d'un pays membre de l'union européenne. Aux enquêteurs, en effet, Kourmakaev - aujourd'hui introuvable - explique qu'il appartenait à une agence au nom sans équivoque, Kommandotruppe Österreich, mise sur pied au sein même de l'ambassade russe. L'unique mission de cette curieuse annexe de la présidence tchétchène serait de localiser les opposants réfugiés et de les rapatrier par la force, avant de les liquider. Une liste de 5000 "gêneurs" dont 500 seraient à éliminer Le baiser de la Mort Mikhaïl Chemiakine Ces accusations sont reprises par Peter Pilz, un député autrichien. Spécialiste des questions de sécurité, il n'hésite pas à préciser le nom du responsable de la structure: "Said-Selim Plechkaev est officiellement en poste depuis le 6 octobre 2005, souligne l'élu. Or cet homme est un "gros bonnet". Il a été chef de la police en Tchétchénie, plénipotentiaire présidentiel du district fédéral du Nord Caucase, favori du Kremlin pour la présidence de la République... Et aujourd'hui, il serait un simple conseiller d'ambassade? Évidemment, c'est une couverture!" Dans une question écrite, le 9 juillet dernier, Pilz a demandé au gouvernement de Vienne de révéler l'accréditation exacte du diplomate russe auprès du ministère autrichien des Affaires étrangères. Car, le député en est convaincu, "Plechkaev est là pour s'occuper de la liste". Ce document, que personne n'a vu mais dont tout le monde a entendu parler, se situe au coeur des préoccupations des défenseurs des droits de l'homme, car il regrouperait tous les patronymes de ceux que Ramzan Kadyrov cherche à retrouver: environ 5000 "gêneurs", dont 500 seraient à éliminer. Rien qu'en Autriche, une cinquantaine de réfugiés seraient menacés. Mais ceux qui ont demandé une protection rapprochée aux autorités se la sont vu refuser par Vienne, selon Peter Pilz. La menace, toujours, serait trop floue. En France Article tiré de «L Express» Les individus originaires de la petite république caucasienne sont peu nombreux dans l'hexagone: 8000 personnes environ, installées principalement en Alsace et dans la banlieue de Lyon. Depuis deux ans, cependant, les demandes d'asile venues de cette communauté ont explosé. Une cellule d'enquête consacrée aux jeux d'influences tchétchènes sur le continent a donc été mise en place par les services français de renseignement. Un récent document confidentiel révèle la présence d'une "équipe de tueurs tchétchènes sévissant dans plusieurs pays européens". Des projets d'assassinat visant des opposants tchétchènes en France font l'objet de discrètes investigations. La France observe aussi la pression qu'exerce le FSB (Service fédéral russe de sécurité) pour obtenir la collaboration des pays d'europe dans sa "lutte contre le terrorisme", aux méthodes contestables. Le cabinet de Vladimir Poutine est ainsi intervenu directement auprès du ministère autrichien de l'intérieur. En 2004, ce dernier et le FSB ont signé un contrat de coopération concernant les réfugiés originaires de Russie. Dmitri Medvedev lors de sa rencontre avec le directeur du FSB: «En ce qui concerne les bandits, notre politique reste inchangée. Il faut tout simplement les anéantir, le faire durement et le faire systématiquement, c'est-à-dire régulièrement, parce que, hélas, la résistance clandestine existe toujours. Il faut agir méthodiquement et «tous azimuts», là où on trouve un indice, il faut faire des recherches et les liquider.» Cette manière de voir entraîne les enlèvements de civils paisibles, dont les corps revêtus d'une tenue de camouflage et comportant souvent des traces de torture, sont plus tard exhibés comme des corps de combattants illégaux venant d'être abattus. (Viktoria Poupko) Brèves 07/IX: Un hélicoptère russe de transport Mi-8 essuie des tirs près du village de Chalaji, dans le sud ouest de la république. 08/IX: Trois cas de polio ont été découverts en Tchétchénie. «Cela peut venir du Tadjikistan», estiment des médecins locaux. Une campagne systématique de vaccination est programmée pour tous les enfants en octobre. 26/IX: Depuis 2 jours, la région de Vedeno (sud-est) résonne de bruits d'artillerie, d'explosions et de rafales de tirs. Des dizaines de blessés affluent dans les hôpitaux de Vedeno et Chali. (Chechenews) 28/IX: «L' enquête sur l'assassinat de Natalia Estemirova progresse: son meurtrier est connu, vivant, il vit en Russie, est recherché par la police», a annoncé Bastyrkine, ex directeur du FSB. 05/X: Les enlèvements traditionnels en vue de mariage sont désormais considérés comme non conforme à l'islam. Ils seront désormais sanctionnés d'une lourde amende. 22/IX: Dokou Oumarov vire les commandants du front Tchétchénie: Aslambek Vadalov, Hussein Gakaev, Talkhan Gaziev, qui refusent de lui obéir. 26/IX: Il accuse un émissaire arabe (Moukhammad, représentant d'al Qaida dans le Caucase)d'avoir tenté de prendre le contrôle de la résistance armée et d'avoir cherché à semer la zizanie en incitant les autres chefs de sortir de l'autorité de l'emirat. Selon lui, Moukhammad disait que le djihad en Irak et en Afghanistan était dans l'impasse et il traitait «Magas», le chef du front ingouche, de «mauvais frère».

P o l o g n e : L E C O N G R E S M O N D I A L D E Z A K A E V u 16 au 18 septembre 2010, se tenait en Pologne le D Congrès mondial tchétchène. Mondial?.. Sur 300 invités du monde entier (Gorbatchev, Nemtsov, Kasparov, Boukovski, etc..), une vingtaine de participants se sont réunis. Un fiasco largement occulté par la très médiatisée arrestation de l'exilé de Londres le 17 septembre par la police polonaise, à la demande pressante des autorités russes. Akhmed Zakaev est toujours considéré comme un terroriste criminel par le Kremlin et par Kadyrov. Encore que ce dernier montre une relative modération dans sa formulation: «Il y a des lois, une justice, Zakaev doit nous être rendu afin d'être jugé et condamné.» Ses opposants en exil (Alla Doudaeva, Akhyad Idigov, invités au Congrès pour la forme) ne l'épargnent pas non plus, sous un angle différent: «Tout ça, c'est un coup de Moscou, Zakaev est prêt à remplacer Kadyrov quand le Kremlin le décidera, etc..» Zakaev lui-même en dit tout autant d'oumarov, l' «émir du Caucase», «produit des services spéciaux russes»... D'où une certaine difficulté à s'y retrouver pour l'observateur de base à l'extérieur! En attendant, cette interview post Congrès «mondial» de la principale vedette... Interview d Akhmed Zakaev (traduction succincte de DK. Se reporter au texte original sur RFI-Russie) Roza Malsagova, (pour RFI): Bonjour, Akhmed. Votre arrestation en Pologne la veille du Congrès Mondial Tchétchène a connu une résonance médiatique au moins comparable à celle de Copenhague (en 2002). Comment expliquez-vous que cela fait 3 semaines que vous séjournez en Pologne et que votre arrestation intervient juste le jour de l'ouverture du Congrès? Akhmed Zakaev: Il n'y a pas eu réellement arrestation. La veille du Congrès, la Russie a transmis par Interpol à la Pologne des matériaux visant à faire pression pour mon extradition. Il est absolument clair que cette démarche politique visait à empêcher la tenue du Congrès. RM: Vous affirmez que votre arrestation faisait suite à l'initiative de Moscou? AZ: C'est tellement évident! Cette année, je suis allé à trois quatre reprises en Pologne. C'est mon intention de me rendre à ce congrès qui a provoqué l'initiative russe. RM: Votre relation avec la procurature polonaise, comment la situez-vous après votre arrestation? AZ: Les relations sont tout à fait normales. Les Polonais ont normalement examiné la demande russe, puis m'ont libéré afin que je puisse participer au Congrès. RM: Akhmed, sur Internet on vous accuse, notamment au sujet de la préparation et du déroulement du Congrès. Ceux-ci auraient baigné dans une ambiance de secret... Ces appréciations indiquent-elles une scission dans la diaspora tchétchène en Europe? Dites-nous un peu plus comment s'est déroulé le Congrès. AZ: La scission au sein de la diaspora est incontestable. Au Congrès, les délégués sont venus de partout. Seules les personnalités invitées se sont désistées: A. Idigov, A. Doudaeva, A. Bissoultanov, S. H. Abdoumouslimov. Il y a un désaccord, et aussi la crainte de s'afficher en photo sous les couleurs de l'indépendantisme. Ces désaccords, le Congrès est fait justement pour rechercher une plateforme commune. Mais certains ne veulent pas d'une unification de la société tchétchène. Cependant, je reste confiant: tôt ou tard ces différences ou ces incompréhensions seront résolues et notre souveraineté finira par être rétablie. J'y oeuvrerai jusqu'à la fin de mes jours. RM: Malgré l'opposition de Moscou à ce congrès, celui-ci était présidé par un conseiller de Poutine, le général russe Denis Teps. Comment cela a-t-il été possible? AZ: Tout dans votre formulation est faux, entièrement. Il n'est nullement un conseiller de Poutine, ni un général, ni du MVD (Ministère de l'intérieur), ni du FSB. Il est professeur à l'académie, il est indépendant, libre. Il défend les principes de l'indépendance et de la souveraineté de la Tchétchénie. (...) Pour moi, c'est un patriote. Je pense qu'il est utile au peuple tchétchène. RM: Qui parmi les personnalités politiques occidentales a participé aux travaux du Congrès? AZ: Mon arrestation a perturbé le Congrès. Landsberghis est arrivé plus tard, H. Hautala est repartie après avoir appris mon arrestation. Les Russes sont parvenus à leurs fins. La résolution finale stipulant la nécessité de créer un Conseil politique du congrès a été cosignée par: Landsberghis, Hautala, V. Boukovski, Vart Stass, quelques politiciens à l'onu, des militants des droits de l'homme en Russie et en Tchétchénie, des Russes dans l'opposition. Des discussions sont en cours avec Nemtsov et Kasparov. (...) RM: L'un des principaux points à l'ordre du jour du Congrès était la création d'un Tribunal international afin d'inculper les responsables de crimes de guerre contre la population tchétchène. Akhmed, ne pensez-vous pas que vous vous faites des illusions sur les chances de voir les Occidentaux adhérer à votre proposition? AZ: La véritable question, c'est que la Russie dispose au Conseil de Sécurité du pouvoir de veto. Et c'est cette instance qui doit traiter cette demande. Aujourd'hui, il n'y a pas de possibilité (d'aboutir par cette voie-là). Mais il y a l'idée de passer par un tribunal national militaire. Nous devons travailler là-dessus. RM: Il y a un mois, on apprenait qu'il était envisagé (par les Russes) de remplacer Kadyrov par Zakaev. Dans quelle mesure estce réaliste? Ce bruit est-il fondé? AZ: Bien sûr que non! Zakaev remplace Kadyrov, cela ne change rien. Il faut qu'en Tchétchénie se tiennent des élections libres, dans le cadre de la Constitution de 1992. C'est la seule voie qui permettrait d'avancer. C'est cette variante qui m'a été proposée. RM: Pardon, qui vous a proposé cela? AZ: Cela émanait de Poutine, des dirigeants russes. RM: Il faut vous domestiquer, comme Kadyrov? AZ: C'est là leur problème, et je les comprends: tant qu'existera une force indépendantiste qui le proclame au monde entier, ils ne pourrons nous vaincre. Il leur faut en finir une fois pour toutes avec la question tchétchène, afin de se défaire de leur responsabilité pour les crimes commis sur le territoire tchétchène, crimes qui se poursuivent. Rappelez-vous nos pourparlers de l'été 2009 avec Abdourakhmanov et des émissaires de Moscou. Ils disaient: «Nous n'avons rien contre Zakaev, nous sommes prêts à l'amnistier, à lui pardonner, à clore toutes les affaires le concernant... à condition qu'il revienne au pays et contribue à la stabilisation politique de la république. RM: Vous croyez qu'une Itchkérie libre a un avenir? AZ: Je n'en doute pas une minute! La Tchétchénie sera libre un jour! Je sais que la jeune génération vivant en Europe, fréquentant les universités du monde entier, cette jeunesse, constitue notre potentiel pour l'avenir. C'est elle qui bâtira le futur État tchétchène indépendant. Et elle sait que ce n'est pas uniquement une question de prestige, mais une question de responsabilité.

R é f u g i é s t c h é t c h è n e s e n P o l o g n e, l a l i s t e d e K a dy r ov u 13 au 17 septembre, une commission européenne s'est rendue en D Pologne afin d'examiner la situation des réfugiés tchétchènes. Un Tchétchène, Imran Ejiev, membre de cette commission, rapporte quelques cas. Fin 2009, Oumar est arrivé avec sa famille suite à une détention illégale avec tortures en Tchétchénie. Quelques jours après avoir remis le récit de ses malheurs, «des gens venant de Russie» l'ont menacé. Visiblement, ils connaissaient le contenu de son récit qu'il avait remis aux autorités polonaises. Oumar décida d'expédier sa famille en France. Lui-même se préparait à les rejoindre et en fit la demande aux autorités polonaises. Le lendemain, Oumar était tué. Son corps, criblé de coups de couteau repose à la morgue de Varsovie. Un autre réfugié tchétchène, Zelimkhan Terloev, est un jour convoqué à la police de Varsovie. Sommé d'identifier quatre personnes, soi-disant criminelles, d'après leur photo, puis de signer des documents, il refuse. On le frappe à coups de matraques et à coups de pieds, on le torture à l'électricité. Relâché une heure plus tard, on le menace. Depuis, il craint de connaître le même sort qu Oumar. Finlande. Le FSB menace les réfugiés tchétchènes et ingouches. (chechenia.net) Les représentants de la diaspora en Finlande (4 à 500 réfugiés) ont adressé une lettre ouverte à l'ombudsman, où ils s'insurgent contre la campagne par un «Comité finlandais antifasciste» qui les accuse d'être «tous liés au terrorisme». Ce qui est la rhétorique habituelle des services russes 05/X: manifestation devant le Parlement européen à Strasbourg. A l'appel de Tchétchènes de la diaspora et de défenseurs des droits de l'homme, les manifestants ont scandé: «Donnez-nous le droit de vivre!», «Non à Dublin 2!» Une vingtaine de familles de demandeurs d'asile s'étaient retrouvés à la rue avec de nombreux enfants. Lettre ouverte à Dmitri Medvedev et aux officiels russes. L'Observatoire pour la protection des droits de l'homme de la Fédération internationnale des droits de l'homme (FIDH) et l'organisation mondiale contre la torture (OMCT) ont reçu de nouvelles informations et sollicitent votre intervention urgente en ce qui concerne la situation suivante dans la Fédération de Russie. Aleksei Sokolov, dirigeant de l'ong Legal Basis, a été condamné à 3 ans de détention en colonie de haute sécurité et à un an et demi de prison. Il a fait appel pour la deuxième fois. Le 26 août 2010, il a été transféré dans un centre de détention à Novossibirsk (Sibérie occidentale). A l'arrivée, il est tabassé par les surveillants et mis au mitard plusieurs heures. D'après ses avocats, il sera envoyé dans la région de Krasnoïarsk, à 2000 km d'ekaterinbourg où il était détenu jusque là et où vit sa famille, afin de le couper de celle-ci et de ses avocats. Il est à craindre d'autres tortures... L'Observatoire appelle les autorités russes à le relâcher immédiatement et sans condition. Rappel. Le 13 mai 2009, Aleksei Sokolov est brutalement arrêté et tabassé chez lui à Ekaterinbourg. Il était avec sa fille de 2 ans. Accourue, sa femme est bousculée. Puis, Aleksei est emmené. Accusé pour participation à un vol d'équipement en 2004, pour la somme de 1,5 M. de roubles. Ceci suite à des «aveux», le 23 avril 2009, d'un détenu compromettant Sokolov... Le 14 mai, il est condamné à 10 jours de détention, lors desquels il est torturé. Le 31 juillet, il est de nouveau arrêté pour «un vol de 2 M. de roubles auquel aurait participé son frère condamné en 2008 à 10 ans1/2 de prison. Le 4 août, il est condamné lors d'une séance à huis clos. En détention, il subit diverses brimades. Tous ses droits à la défense sont bafoués systématiquement. Sa détention est prolongée. En janvier 2010, il est agressé par son «compagnon» de cellule, sans intervention des surveillants, au contraire. On l'accuse d'avoir lui-même agressé. Même chose dans un autre lieu de détention le 18 janvier. Son codétenu est celui qui l'avait impliqué au début! «Nous t'avons déjà prévenu, mais tu ne comprends toujours pas!», lui diton. Le 13 mai 2010, il est condamné à 5 ans de détention pour vol et recel. Ibraguim Gaziev demande, en novembre 2009, à obtenir le droit d'asile en Pologne. Sa demande est rejetée par les autorités. En janvier 2010, il est expulsé de force par les autorités vers la Russie. Une fois en Tchétchénie, en février, il est abattu sans jugement ni enquête. Roustam Oumarov avec sa famille (quatre enfants dont un nourrisson) a également déposé une demande d'asile. On lui a donné l'assurance qu'il l'obtiendra. Cependant, en février 2010, les policiers sont venus et, devant sa femme et d'autres réfugiés, il a été menotté et emmené. On est sans nouvelles depuis... (ichkeria.infos) ela fait plus de deux ans que Kadyrov, C avec le soutien du FSB de Poutine, mène une propagande active sur la «normalisation» de la vie en Tchétchénie, la paix retrouvée et la situation satisfaisante, cela en vue de convaincre les exilés en Europe à rentrer à la maison. Elle est fondée sur le sombre mensonge d'une totale sécurité et un encouragement pour revenir au pays. Malheureusement, ce mensonge a été entretenu par certains fonctionnaires et institutions occidentaux, détournant une partie certes infime (0,3%) des réfugiés en les incitant à revenir en Tchétchénie, en particulier ceux à qui sont restés des parents vieux et malades, ou bien ceux qui ont rencontré des problèmes d'adaptation au monde occidental. Voilà, par exemple, ce qu'écrit Vakha: «Ceux qui sont retournés chez Ramzan Kadyrov me demandent de faire un article dans une revue ou un journal ou sur internet, disant que c'est l'enfer qui attend celui qui rentre chez lui. Que celui qui n'est pas encore parti se reprenne et ne se détruise pas lui-même et sa famille.» Il dit que s'il survit, il racontera tout lors d'une conférence de presse. Il se trouve actuellement en fuite, mais sa famille est entre les mains de Kadyrov. Je lui ai répondu qu'il s'est fourré dans une grosse histoire. Mais, en ce moment, des journalistes et des membres du parti «Les Verts» ont l'intention de le sortir de là. Ils se retiennent tant que sa famille n'est pas libérée. Je comprends qu'on puisse faire des erreurs, mais pas celle-là! (c à d. de revenir chez Kadyrov.) ls ont faim, ils ont des difficultés à se loger, I à parler la langue du pays d'accueil, ils traînent une grande nostalgie de la Russie, ils se heurtent à des mentalités, des traditions et des cultures inhabituelles......mais le plus terrible reste la peur d'être déporté en Russie! Tous sont au courant du drame d'arslan Doujiev, réfugié en Autriche et qui s'est suicidé car il se trouvait sous la menace imminente d'être extradé en Russie. En cas d'extradition, le réfugié tombe presque toujours dans la catégorie évoquée ci-dessus, ou bien dans celle des détenus en prisons ou dans des camps russes. La situation des Tchétchènes en détention est devenue pratiquement le thème principal de nombreux rapp o r t s, a r t i c l e s, e n q u ê t e s. (Viktoria Poupko)

L E S T C H E T C H E N E S, U N P E U P L E E N S U R S I S (IV) E n quelques semaines, les Tchétchènes et leurs frères ingouches ont pris corps: plus personne n'ignore qui ils sont, combien ils sont, où ils vivent et où ils meurent. Sans doute retourneront-ils un jour à la nuit et au silence des nations oubliées. Mais quelques mois de combats dans la lumière de l'histoire auront suffit à les rendre exemplaires. Pour deux raisons tout à fait différentes. En premier lieu, ils incarnent maintenant le type même d'un peuple condamné à disparaître par un autre plus puissant, mais qui se refuse à s'effacer ou à mourir. En dépit de la sentence de mort inlassablement proclamée et renouvelée, ils s'obstinent au contraire à survivre et à maintenir leur identité. Ensuite, le sort que leur impartit l'écho international est lui aussi exemplaire: les nations, au lieu de les sauver ou de s'y efforcer, prennent part à la condamnation. Conduite remarquable, en effet: car à l'inverse de ce que croient ou prétendent les bons apôtres du monde occidental, loin de se plier à la realpolitik annoncée, donnent la pantomime des bons sentiments: projection et simulation psychologiques tiennent lieu d'analyse politique et rendent impossible toute mesure de la réalité. (...) urieusement, la Russie a attendu C trois ans pour entreprendre la mise au pas des Tchétchènes. Mais en fait, si elle avait patienté quelques mois encore, le régime de Doudaev, devenu dictatorial, se serait effondré de lui-même. C'est probablement pour des raisons de politique intérieure que Moscou a déclenché la reconquête. Car c'est bien de cela qu'il s'agit: pour la troisième fois en deux siècles, les troupes russes s'en prennent à l'indépendance du même peuple. Il est certain qu'eltsine ou ses inspirateurs n'avaient pas pesé les risques, n'ayant su prévoir ni la capacité de résistance des Tchétchènes, ni les réticences et l'insoumission d'une partie de l'armée, ni surtout les réactions du peuple russe, en majorité hostile à l'invasion. C'est une des grandes leçons de cette guerre: il existe maintenant en Russie une opinion publique, ce qui est une sorte de révolution. La brutalité de la reconquête est délibérée: il s'agit de montrer aux «nations» et aux «nationalités» de l'ex-empire soviétique que Moscou n'a rien perdu de sa capacité d'oppression et d'extermination. Démonstration destinée à consolider l'empire «recollé». Sauf les républiques Georges Charachidzé. (*) Octobre 1994: les troupes russes entrent en Tchétchénie. baltes, toutes les anciennes composantes de l'ex-urss ont été peu à peu ramenées dans la CEI; la dernière étant la Géorgie, réintégrée presque à la sauvette en 1993, grâce à l'active entremise de son nouveau président, Chevarnadzé. (Ces lignes sont écrites en janvier 1995) A l'intérieur de la Fédération russe, seule manquait à l'appel la Tchétchénie: Moscou a entrepris de la «recoller», elle aussi. (...) omme du temps de «Monsieur Hitler» (G. Charachidzé renvoie là aux C années 1938-39, où il ne fallait «surtout pas gêner Monsieur Hitler»), les actes ne sont rien, ni les actes récents, ni les actes en cours, ni les actes qui viennent. Seule compte l'image, l'illusion. D'où des slogans aberrants, tels que: «La guerre en Tchétchénie est une affaire intérieure russe»; beaucoup plus étonnant encore, et résolument surréaliste: «La Russie doit défendre ses frontières.» Défendre ses frontières? Alors que la guerre est censée se dérouler à l'intérieur de la fédération («affaire intérieure» oblige!)! Protéger des frontières à l'intérieur de Ce ne sont pas eux les tueurs, mais nos «bons sentiments». (*) Georges Charachidzé, professeur émérite à l Institut des langues et civilisations orientales, et grand spécialiste du Caucase. Aujourd hui décédé son propre pays? Où est donc la Tchétchénie? Dehors? Dedans? Nulle part si cela continue et si on laisse faire «Monsieur Eltsine». Défendre ses frontières! Alors qu'on assiste à un événement peu commun, peut-être même sans précédent. Car, en général, c'est le peuple colonisé qui s'insurge contre le pouvoir central et se lance dans un combat pour gagner son indépendance. Or, ici, c'est juste l'inverse. La Tchétchénie était indépendante de la Russie depuis trois ans (*), hommes et biens circulaient sans grande entrave d'un pays à l'autre, quand, soudain, Moscou attaque son ancienne colonie, entreprenant une sorte de guerre d'indépendance à l'envers. Alors intervient le mécanisme de l'imago et de sa projection, pour aboutir, c'était prévu, à un non-sens: «la Russie protège ses frontières», hypothèse qui, on l'a vu, ne trouve place dans aucune case de la réalité. (...) n ne saurait concevoir violation du O droit hors du cercle des États: tout événement qui s'en écarte, quel qu'il soit, ne relève plus des principes juridiques. Ainsi, c'est en toute légitimité que la Russie use de la force pour faire rentrer la Tchétchénie dans la fédération. La nature et l'ampleur des moyens déployés n'ont rien à voir en l affaire. Même si les blindés et les avions lancés par Moscou exterminent la moitié de la population et davantage encore, le droit ne saurait être mis en cause, puisqu'il ne s'applique qu'aux États, et que la Tchétchénie n'en est pas un. C'est à bon droit, dans l'intérêt de tous et pour le bien de l'humanité, que les Tchétchènes se voient physiquement liquidés, pour la troisième fois de leur histoire. Voilà ce qu'enseigne, clairement et fermement, le droit des nations. Les politiques proclament à tous vents: c'est à bon droit, dans l'intérêt de la démocratie russe et de son avenir, que le peuple tchétchène est condamné à disparaître. Le fait même du massacre est indispensable au progrès du régime libéral en Russie. Simplement, la décence inclinerait à recommander une certaine mesure dans l'extermination: qu'on s'arrête peut-être, au million, ou même un peu au-dessous. e concert, la simulation éthique propre au droit, la projection sentimen- D tale propre au politique ont absous à l'avance l'assassinat du peuple tchétchène. On voit mal au nom de quoi «Monsieur Eltsine» et les siens se gêneraient le moins du monde. De toute façon, ce ne sont pas eux les tueurs, mais nos «bons sentiments». (*) Si les trois républiques du Caucase du sud Géorgie, Azerbaïdjan et Arménie devinrent indépendantes à la suite du putsch d'août 1991 contre Mikhaïl Gorbatchev qui sonna le glas de l'union soviétique, celles du nord étaient destinées à demeurer au sein de la Fédération de Russie. Néanmoins la Tchétchénie proclama son indépendance dès novembre 1991.

V l a d i k a v k a z, 9 s e p t e m b r e : l e c a r n a g e Vers onze heure du matin, une voiture piégée a explosé à l'entrée du marché central, faisant 19 morts et plus de 200 blessés. Le bilan aurait pu être bien plus lourd si le véhicule n'avait pas été bloqué au contrôle de l'accès au marché de Vladikavkaz, en Ossétie du nord. Les enquêteurs s'interrogent: comment la voiture a-t-elle franchi le poste frontière entre l'ossétie du nord et l'ingouchie d'où elle venait? Le coffre contenait environ 40 kg d'explosif. Le véhicule et le kamikaze qui était à bord étaient d'origine ingouche. Les autorités ont accusé une djaamat, celle d'ekajevo: ils auraient, prétendent-elles, cherché à venger la mort de leur chef. Mais les autorités ingouches démentent cette hypothèse: la djaamat en question n'existe pas, elle a été liquidée en mars. Par ailleurs, certains disent que des rumeurs d'attentat couraient déjà juste avant, ce que nient les forces de l'ordre... En 11 ans, c'est le quatrième acte de terrorisme ayant lieu sur le marché de Vladikavkaz. Des mesures de sécurité ont été prises afin d'empêcher les heurts dans les zones où cohabitent Ingouches et Ossètes, suite à l'attentat. Le 10 septembre est, chez les musulmans, un jour sacré, celui de la rupture du jeûn du ramadan; Ce jour-là, les Ingouches se rendaient par centaines en Ossétie du nord auprès des tombes de leurs proches ou dans leurs familles. Du fait de l'attentat, ils ont été bloqués plusieurs heures à la frontière, la plupart manquant l'heure de la prière et faisant demi-tour. Novaîa Gazeta N 37) Beslan: six ans après, tout reste verrouillé L'ONG «la Voix de Beslan»: «Le président Medvedev ignore les victimes de la prise d'otages de Beslan (en 2004) et ne leur a même pas exprimé sa compassion lors de l'anniversaire de la tragédie.» e 5 septembre, l'organisation a entamé L un «piquet» au centre de Vladikavkaz afin de réclamer une enquête objective. (35 personnes y ont participé) «Ils veulent que Beslan se taise, nous ne l'accepterons pas!» Ella Kessaeva, la présidente: «Nous tiendrons notre rassemblement tant que les autorités nous ignoreront.» Les proches des victimes de Beslan (334 personnes périrent) ont publié une lettre ouverte adressée à D. Medvedev, demandant à être reçus à ce sujet. Lors de la visite des députés européens à Beslan à l'occasion de l'anniversaire de la tragédie (1-3 septembre), les plaignants leur ont demandé de réactiver leur plainte au Tribunal de Strasbourg. Le représentant du Parlement européen pour le Caucase du nord, Israïl Totoonti, a, quant à lui, exprimé ses réserves au sujet de l'enquête officielle. Notamment, 1) Les boéviki preneurs d'otages ne se connaissaient pas entre eux (!) et étaient déjà recherchés, la plupart relâchés de prison juste avant... 2) Les deux explosions déclenchant (?) l'assaut ne pouvaient provenir des preneurs d'otages, lesquels n'avaient pas miné la salle, mais venaient de tirs (russes) extérieurs. 3) Les tentatives de négociation ont été ruinées par les forces russes, alors que le président tchétchène Aslan Maskhadov s'était déclaré prêt à venir en personne afin d'essayer d'infléchir les preneurs d'otages. Depuis 5 ans, rien n'a pu faire dévier les autorités russes d'une version officielle qui nie toute faute du côté des forces de l'ordre et du pouvoir politique russes. D a g h e s t a n : l a p o p u l a t i o n r é a g i t e 21 septembre à Makhatchkala, la capitale, se tient, à l'initiative L de militants des droits de l'homme, de juristes et de journalistes, un rassemblement de protestation contre les enlèvements et les exactions des forces de l'ordre. Près d'une centaine de personnes y participent, dont des représentants de la ville de Kaspiisk, incendiée le 22 juillet dernier: ils rapportent qu'ils n'ont reçu aucune aide et qu'ils vivent depuis sous des tentes. Ils s'inquiètent du lendemain. (Poutine avait promis... Mais le Daghestan, est-ce la Russie?) Les intervenants ont fait état de faits illégaux, d'exactions de la milice (qui va bientôt s'appeler «police», ce qui va tout changer...), d'enlèvements et d'assassinats. Svetlana Issaeva, présidente de l'ong «Les Mères du Daghestan pour les droits de l'homme» a lu la lettre d'une femme dont le fils militaire est accusé sans preuves d'avoir participé à l'assassinat du ministre de l'intérieur le 5 juin 2005. Les participants ont exigé l'arrêt des violations des droits humains, le contrôle des forces de l'ordre (par qui?) et des procédures judiciaires objectives. Alors que le gouvernement dit partager leur inquiétude et agir le plus efficacement possible, les responsables du meeting n'en sont nullement convaincus: «Le pouvoir n'empêche en rien les exactions de la milice. Aucune sanction n'est prise lorsque celle-ci tire sur des civils pacifiques.» Est cité le cas d'une femme enceinte abattue à Khassaviourt: son meurtrier a même reçu une promotion... «Aujourd'hui, les gens ont peur. Demain, cette peur disparaîtra», déclare Zarema Gassanova, journaliste. Un espoir pour le Daghestan... Ou une menace? BREVES CAUCASE du NORD Ossétie du nord 09/IX: Aussitôt après l'attentat qui a ravagé le marché de Vladikavkaz (voir ci-contre), 200 personnes ont manifesté «contre la terreur» dans le centre-ville en conspuant le président ossète. 13/IX: Un pogrome a été évité à Kartsa, village peuplé par des Ingouches. Des centaines d'ossètes voulaient venger les victimes du 9 septembre. Ils ont été stoppés par les OMON. (Grani.ru) 16/IX: Les boéviki ingouches revendiquent l'attentat de Vladikavkaz sur leur site: «Nous déclarons que l'opération menée le 30 ramadan 1431 (9 sept.) par les combattants du bataillon «Riyadou» - S. Salikhine» à Bouro (Vladikavkaz) fait suite à notre djihad contre les kafir (infidèles) ossètes sur le territoire ingouche occupé. Notre objectif premier est de chasser l'occupant, de faire restituer les terres musulmanes du Caucase et d'y instaurer la loi islamique.» (voinenet.ru) En Ossétie du nord, on crie «Mort aux Ingouches!», entre autres provocations. (chechenews) 03/IX: Commémoration de la prise d'otages à Beslan en 2004. A Paris, à Moscou... 30/IX: L'école N 4 à Beslan a été évacuée suite à une alerte à la bombe. Ingouchie Sur une vidéo, les rebelles ingouches annoncent leur intention de cesser pendant quelque temps leurs attaques contre les forces de l'ordre gouvernementales. Leur cible sera désormais le peuple ossète, «responsable des problèmes des Ingouches». Ce message marque un virage idéologique de taille dans les objectifs de la résistance locale, laquelle adopte ainsi des positions nationalistes. Quelques jours avant, le président ingouche annonçait que la rébellion en Ingouchie était vaincue, ce, grace aux services spéciaux russes. Le bilan officiel depuis le début de l'année s'établit à: 49 boéviki tués, 32 arrêtés, contre 21 miliciens tués et 108 blessés. Le 9 juin, le commandant «Magas» avait été arrêté. D'habitude, le FSB tue... 2/X: Manifestation contre le terrorisme. 3OOO personnes dans 4 villes d'ingouchie. Le président Evkourov qui y participait à Nazran, a déclaré que depuis 5 ans, 700 civils sont morts, pour un total de plus de 3000 victimes. Logiquement, maintenant, faute de terroristes... 03/IX: A. Khazbiev, responsable du «Parlement alternatif» ingouche, déclare que l'actuel président Younous Bek Evkourov «mène la même politique (catastrophique)que son prédécesseur Ziazikov». 07/IX: Le père de Makcharip Aouchev, leader de l'opposition assassiné l'année dernière: «Je connais le nom des assassins.» Daghestan 05/IX: Bouinatsk. Un kamikaze fait sauter une voiture à l'entrée d'un camp militaire. La charge d'environ 100kg de TNT cause la mort de 4 personnes. 35 autres sont blessées. 24/IX: Attentat kamikaze à Chamilkalé: 26 à 42 victimes, est-il annoncé. 26/IX: A Makhatchkala, la capitale, un boévik encerclé par la milice fait sauter une charge explosive: une trentaine de blessés, dont 20 miliciens. (voinenet.ru) 29/IX: Les autorités annoncent que «des dizaines de boéviki ont été liquidés» lors d'une récente opération. Sources: kavkaz uzel (sauf autre mention)

V I O L E N C E S C A R C E R A L E S E N R U S S I E avec: Svetlana Gannouchkina, présidente du Comité Assistance civique, membre du conseil d'administration de Memorial, A. V. Babouchkine, président du Comité pour les droits civiques, membre du conseil d'experts pour les droits de l'homme près le gouvernement russe, Moscou, Liudmila Alpern, directrice adjointe du Centre pour la réforme de la justice pénale, Moscou. (Journée d'étude sur les violences carcérales en Russie. 28 septembre 2010 au CERCEC à Paris) L es conditions de vie des détenus en Russie sont jugées catastrophiques par tous les experts indépendants. Dans les années 90, les prisons ont été oubliées dans le processus démocratique: absence de moyens, pas de changement fondamental de la politique pénale. En 2000, la population pénitentiaire en Russie était évaluée à 1million de détenus et elle augmentait. L'arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir a vu une évolution positive lors de son premier mandat. Il fallait désengorger! Amnisties, grâces... Puis, une fois son pouvoir consolidé, Poutine a supprimé toutes ces améliorations. Actuellement, le taux de détenus est comparable à celui des États unis: 6 pour 1000 (contre 1 pour 1000 en France) Le tableau de la situation carcérale est difficile à établir: presque pas de recherches, difficulté d'accès... La violence y est inégale selon les régions et souvent selon tel directeur de prison. L'accès aux centres de détention dépend surtout des ONG, mais aussi de la pression des familles. La reprise en main actuelle par le pouvoir menace cette ouverture relative. D'autant que les visiteurs associatifs sont de moins en moins nombreux. Globalement, une personne sur dix se voit torturée, cinq subissent des humiliations de toutes sortes. Exemple récent: lors de la canicule de cet été en Russie, dans la prison de Lefortovo à Moscou, les détenus ont été sciemment transférés dans la zone ensoleillée, avec une température de 50 C... En cas de critique de l'administration de la prison, c'est la torture, ou bien le cachot, un carré de 2 m. de côté pour deux personnes, avec un trou au centre. 3 mois dans des chiottes! Il s'agit de briser toute velléité de se défendre chez le détenu. Pour L. Alpern, visiteuse de prisons, c'est une société de vengeance, de barbarie, où 10 à 20% des détenus sont innocents! On assiste à un clivage au sein de la prison entre les Gustave Doré costauds et les faibles. Ceuxci subissent de ceux-là: vols, viols, voire assassinats... Les centres de détention sont en fin de compte gérés par ces caïds. On assiste même à une compétition entre centres pour obtenir le plus d'aveux... La prison d'ekaterinbourg, une des plus «performantes», voyait ainsi affluer du reste du pays de nombreux détenus... Il y a cinq ans, 300 détenus se tranchèrent les veines pour protester contre ce qu'ils subissaient. Rien n'a filtré dehors. Ailleurs qu'en Russie, cela aurait fait scandale... Les prisons et camps pour femmes. Les conditions y sont très difficiles, mais elles ne connaissent pas certaines caractéristiques des prisons pour hommes: ici, pas de castes, pas de violence entre femmes, pas de révolte. Actuellement, la population y est de 70 000 détenues, en hausse. Les femmes sont séparées de leurs enfants, lesquels se trouvent dans un centre à proximité. Un droit de visite d'une heure par jour, sans possibilité de relation maternelle. Elles entrent en prison généralement pour vol. Puis y retournent rapidement... pour meurtre: après le premier séjour en prison, elles ne supportent pas d'être battues par leur conjoint mâle... Et l'église? Elle est omniprésente. L'Église orthodoxe seule: l'islam est généralement brimé, le coran confisqué, piétiné. Les popes ferment yeux et oreilles sur les tortures. Sauf une minorité, plus chrétienne. Un détenu sur dix fréquente les offices religieux. Que faire? Selon V. Babouchkine, - Mener des campagnes de solidarité, - Informer le Parlement européen, - Soutenir les défenseurs des droits, - Réclamer des sanctions plus sévères contre la Russie. S. Gannouchkina ajoutera, en point d'exclamation final: «Il faut aussi une volonté politique! Chez nous, mais aussi chez vous (Occidentaux)!» Libérez Maxim Solopov et Alexei Gaskarov, les otages de Khimki! Cet été à Khimki, un large mouvement d opposition s est élevé contre un projet d autoroute entaché de corruption, auquel une entreprise française, Vinci, s est associée : pour construire cette autoroute, il fallait détruire la forêt de Khimki. Des écologistes et des antifascistes sont allés s installer dans la forêt au mois de juillet pour s opposer à l abattage des arbres. Ils ont été attaqués par des néonazis engagés par l entreprise chargée d abattre les arbres. La police a regardé les néonazis tabasser les opposants au projet, sans intervenir, puis elle a interpellé les opposants. Face à cela, une manifestation a dénoncé symboliquement la collusion entre les autorités locales, les néonazis et la police. À la fin du mois d août, le gouvernement russe a gelé le projet face au tollé général qu il a provoqué et face aux remous qu il a suscités, y compris à l ét r a n g e r. Mais l histoire ne s arrête pas là : depuis la fin du mois de juillet, deux jeunes militants antifascistes ont été arrêtés en représailles par la police russe, non pour ce qu ils auraient fait mais pour ce qu ils sont : des antifascistes qui assument leur engagement et refusent de nier que c est le nationalisme du gouvern e m e n t r u s s e q u i d o n n e d e s a i l e s à l e x t r ê m e d r o i t e. Voilà pourquoi aujourd hui, nous avons envoyé, à l instar de tous ceux et toutes celles qui se sont mobilisés en Russie, en Europe ou ailleurs, ce message au gouvernement russe : Libérez les otages de Khimki! Liberté pour Maxim et Alexeï Isa (SCALP-REFLEX) Carine Clément, à Moscou: «La campagne se poursuit. Le bras de fer doit se terminer par la libération d Alexey et Maxim, il en va de l avenir des mouvements sociaux en Russie. En cas contraire, exprimer publiquement ses convictions et s engager pour une quelconque cause deviendra criminel.» Solidarité avec les otages de Khimki. Le 29 septembre, à Paris, intervention de militants au Forum des images, dans le cadre du festival sur le cinéma russe. Distribution de tracts «En Russie, la répression, c'est pas du cinéma», explication au public. (150 personnes) Le même jour, 500 personnes manifestaient à Moscou, avec la présence des parents des otages. Le lendemain, 40 personnes se sont rassemblées à Paris, devant l'ambassade de Russie.