Interview: Nikola Hajdin, président de l Académie serbe des sciences et des arts Investir dans la science représente l avenir de la société Le fait qui témoigne de la réputation de nos académiciens, c est que, des 10 projets destinés aux Balkans de l Ouest, notre pays en a obtenu huit Une affectation insuffisante des fonds pour la science aura de lourdes conséquences sur le développement de la Serbie. C est l Etat qui est censé stimuler la science et lui apporter un soutien d ordre financier, et ce avec un objectif précis pour que, par là, il fasse avancer la technologie et, en fin de compte, l économie et le niveau de vie. L Académie ne peut pas donner des réponses à toutes les questions qui se posent dans la vie, mais en tant qu institution qui lutte pour la science et la vérité de l art, nous tâchons d aller dans le sens du progrès de ce pays dit, dans l interview donnée à "Blic", Nikola Hajdin, président de l Académie serbe des sciences et des arts. Sonja Šulović La loi sur l ASSA et ses instituts n a pas été adoptée, et le taux des fonds attribués à la science n est que de 0,3 pour cent du revenu national brut. Une influence plus importante exercée par les académiciens sur certains organismes du Gouvernement et de l Assemblée dans la période écoulée, de même qu une bonne coopération avec les ministères de la science, de l éducation et de la culture, font voir que, malgré tout, les relations entre les plus hautes institutions scientifiques et culturelles du pays et l Etat changent. - Les relations avec ces ministères n ont jamais été aussi bonnes. Nous avons de même une excellente coopération avec le Ministère de la jeunesse et du sport, car nous sommes engagés dans le Fonds pour l attribution des bourses aux jeunes. La coopération va, certainement, se développer, et ce au profit et à la satisfaction de tous. Lorsqu il s agit de l argent et des moyens financiers, les fonds pour la science, dans leur ensemble, sont minimes et la situation est très mauvaise. Pourtant, je crois qu à tous les niveaux on réfléchit comment faire pour que la science puisse contribuer au développement de l économie, de la production et du niveau de vie. Quel modèle de coopération entre l Etat et la science serait réalisable en vue de faire progresser la société? Y a-t-il des exemples d une telle coopération dans la région ou en Europe? - Beaucoup de pays ont fait un énorme progrès dans leur développement économique grâce à l apport de la science. Citons l exemple de l Espagne, du Portugal ou de l Irlande. Aujourd hui, on voit que des choses semblables se produisent dans d autres pays aussi, comme en République tchèque et en Pologne. Cependant, chaque pays a des
Interview: Nikola Hajdin, président de l Académie serbe des sciences et des arts 2 possibilités particulières et de différentes ressources naturelles. Je ne suis pas sûr que, dans l ensemble de notre Gouvernement, il y ait une idée nette qu il faut affecter plus de fonds pour la science et plus particulièrement à quoi donner la priorité qui mènera vers de bons résultats. Il n est pas question uniquement de l argent, mais de la sagesse dans quelle direction l orienter, et sur ce point-là, les opinions sont assez partagées. Une chose est sure, c est que, sans la science, il n y aura pas de progrès. Nous ne pouvons pas seulement acheter sur la base des licences étrangères, nous devons, tout aussi bien, créer quelque chose nous-mêmes. Sinon, notre importation l emporterait sur l exportation et, dans l avenir, on ne pourrait pas s attendre, non plus, à une augmentation du niveau de vie de la population. Quels sont les projets en train d être réalisés, et quels sont les projets envisagés? A quoi peut-on s attendre lorsque nous nous confrontons aussi au problème global celui de la crise économique? - Il est évident, pour tout le monde, que le fait d être confronté à la crise économique aura des conséquences négatives, mais ces conséquences, ce n est pas demain la veille qu il faut s y attendre. Ce qu on attend de la science, spécialement des sciences fondamentales et appliquées, c est de faire avancer la technologie qui permettra à faire augmenter l ensemble de la production du pays ainsi que le niveau de vie. Bien que les fonds, réservés par l Etat même pour chacune de nos sections, soient modestes, les académiciens réalisent des résultats considérables, et il existe des projets importants sur lesquels travaillent des académiciens en coopération avec des universités et instituts. D une année à l autre, nous sommes de plus en plus inclus, notamment les académiciens des sciences exactes, dans les projets de l UE pour lesquels il est difficile d obtenir des fonds. Le fait qui témoigne de la réputation de nos académiciens, c est que, des 10 projets destinés aux Balkans de l Ouest, notre pays en a obtenu huit. Et puis, nous participons de manière active dans les recherches du domaine des sciences politiques dont les résultats sont très importants pour élever le niveau de conscience, de culture et de développement scientifique de chaque pays. Est-ce que l Académie serbe des sciences et des arts s autofinance, et comment le fait-elle? - Malheureusement, les fonds que l Académie reçoit, et qui ne proviennent pas du budget, sont minimes et viennent des donations ou bien du bail des locaux. Avant la Deuxième guerre mondiale, il y avait un grand nombre de donateurs et de bienfaiteurs qui offraient d importants moyens financiers. Je crois qu il y aura, de nouveau, un temps où l Académie, en tant qu une haute institution des sciences et des arts, aura de grands mécènes. Ces fonds permettraient à l institution même d exercer une influence d une plus grande importance, de créer des fonds pour les jeunes cadres et des prix de différents domaines de la science. Dans le monde, de tels prix sont prestigieux il est connu que les moyens financiers viennent des donateurs, et que la décision porte le sceau de la plus grande institution de la science et de la culture. Pour le moment, il n'y a pas eu de volonté déclarée pour établir, chez nous aussi, la même pratique. Quel est le statut de l académicien dans notre pays? -Chacun est apprécié à sa valeur. Le fait que quelqu un est un académicien ne veut pas dire grand chose par soi-même s il ne s agit pas d un expert d une forte personnalité que les gens apprécient et demandent, il n a pas une image définie... Les fonds que les
Interview: Nikola Hajdin, président de l Académie serbe des sciences et des arts 3 académiciens reçoivent sont minimes et nous espérons que la situation changera avec la nouvelle Loi. L influence peut, absolument, être plus grande. Il est nécessaire de promouvoir la coopération avec les établissements d enseignement supérieur, car la science émane des jeunes gens qui, eux-mêmes, émanent justement des facultés, et c est pour cela qu il faut profiter au maximum du potentiel autant des cadres que des talents. La coopération avec les institutions scientifiques étrangères, comment est-elle? - Après une longue période d isolation, nous avons, relativement assez vite, établi la coopération avec les associations des académies d Europe et du monde, mais aussi des Balkans. Nous avons signé des protocoles avec plus de 30 académies, nous collaborons avec 18 académies sur des projets communs (aux thèmes d ethnologie, de géologie, de langue, de culture...), Nous participons aux conférences communes... La circulation des scientifiques est grande, et la science est universelle et elle permet de communiquer et de travailler. Il y a toujours une certaine précaution de la part des académies anglaises, mais cela aussi s efface petit à petit. Les relations dépendent de la politique si une orientation politique positive se fait sentir, alors la communication devient plus vive. Maintenant, la situation est défavorable, autant à cause de la crise que de la diminution des fonds pour la science. Un problème se pose, en partie, du fait que nous n avons pas développé les secteurs qui sont intéressants pour la coopération internationale. Les académies s occupent de certains problèmes scientifiques généraux, tel que le problème des changements du climat ou bien du problème des cadres intellectuels, qui ont un caractère interdisciplinaire et qui n appartiennent pas strictement aux disciplines scientifiques. Ces thèmes exigent une autre sorte de culture de communication et de débat à l occasion de certaines réunions des associations. Quel est le rôle de l ASSA dans la société et quelles sont les valeurs qu elle soutient? Quand, dans ce contexte politique et système de valeurs sociales, l Académie se manifeste-t-elle et avec quelle force? - L Académie est, selon la loi et de par sa nature fondamentale, une institution de la science, de l art et de la culture et tout ce qui appartient à ce domaine-là représente notre devoir et le contact avec le monde, notre interprétation de la vie. Lorsqu un académicien entre dans l édifice, il faudrait qu il laisse derrière lui politique et idéologie, et que son devoir principal soit de s occuper de la science et que toute activité soit fondée sur la science. Les problèmes et les malentendus entre la société et l Académie surviennent lorsque certaines déclarations d ordre politique de la part d un des académiciens sont interprétées comme position de l Académie. Alors, il y a, en partie, erreur malintentionnée lorsqu une certaine presse attaque l Académie comme étant une institution réactionnaire, rétrograde et ennemie, qui empêche ou ralentit le progrès. Il n appartient pas à l Académie de s occuper de la politique quotidienne, cela ne l intéresse pas. S il y a des problèmes d une portée nationale, c est une autre chose et ce sont de graves problèmes qui dépassent la pratique politique du jour. Le système de valeurs de l Académie, c est ce qui représente le résultat de la recherche scientifique, quant aux questions particulières, ce sont les sections et les spécialistes du domaine en question qui s en occupent. Le fait de ne pas être renseigné ne vous protège, d aucune manière, de l erreur.
Interview: Nikola Hajdin, président de l Académie serbe des sciences et des arts 4 Existe-t-il des conflits et des controverses entre les académiciens de différents domaines, qui amènent à la paralysie de l Académie même? - Il n en existe pas. S il y en a eu auparavant, c est quelque chose dont je ne peux pas m occuper, mais ici personne n empêche personne de s exprimer librement ni d exprimer ses points de vue scientifiques. Nous sommes plus unis que n importe quelle organisation en Serbie, il n y a pas d organisation dans laquelle plus de 80 pour cent des membres aient voté pour le conseil exécutif. Les controverses qui intéressent le public sont du passé et elles avaient une connotation politique. Il est dangereux de passer la ligne rouge qui sépare la science de la politique et d autres choses, et chez nous elle peut être très délicate. Nous sommes une institution qui lutte pour la vérité de la science et de l art et nous tâcherons d aller dans cette direction-là.
Interview: Nikola Hajdin, président de l Académie serbe des sciences et des arts 5 Historique de la plus haute institution scientifique La Société serbe des gens de lettres et la Société savante serbe ont précédé à la création, en 1886, de l Académie royale serbe qui fut depuis la plus haute institution scientifique et culturelle dans le pays, et à partir de 1960 jusqu à nos jours, elle porte le nom de Académie serbe des sciences et des arts ASSA. La structure et les statuts de l Académie sont réglés par la loi, et le travail scientifique se déroule depuis 1998 dans le cadre de plus de huit départements spécialisés. Les organes de l ASSA représentent: le Conseil exécutif avec le président, la Présidence et l Assemblée. L académicien Nikola Hajdin, professeur d université, est le 22e président de l ASSA. L Académie compte 139 membres. Création de l Académie des jeunes - L Académie des jeunes serait d une grande importance pour l élargissement de la science en tant que telle et de l activité scientifique en tant que profession. Il y aurait un meilleur aperçu de quels jeunes gens il s agit et de quoi, en tout, nous disposons dans le domaine de la science, le travail des meilleurs d entre nous serait entouré de jeunes gens talentueux qui ont de fortes capacités, et ils profiteraient des savoirs de la manière la plus efficace. En Autriche, il y a une Académie des jeunes dont les membres sont des jeunes savants jusqu à l âge de 45 ans dit l académicien Nikola Hajdin et ajoute que cette idée ne sera pas si facile à réaliser, et qu il est à se demander quels sont en réalité les sentiments de l opinion scientifique de chez nous.