Eclairer le débat sur les pensions : une urgence



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Transcription:

INSTITUT POUR UN DÉVELOPPEMENT DURABLE Institut pour un Développement Durable Rue des Fusillés, 7 B-1340 Ottignies Tél : 010.41.73.01 E-mail : idd@iddweb.be Eclairer le débat sur les pensions : une urgence par Philippe DEFEYT avril 2010 RESUME ET CONCLUSIONS Le débat sur les pensions est incontestablement le débat socioéconomique phare de l'année 2010. Comme d'autres débats, il faut l'alimenter de données pertinentes. Or, à cet égard, on doit bien constater que toutes les données ne sont pas exploitées ou connues et que certaines évolutions sont plus rapides qu'on ne l'estime en général. Sans prétendre faire le tour des informations disponibles, cette note a pour ambition de présenter et commenter quelques données et évolutions moins connues pour préparer au mieux les décisions qu'il faudra bien prendre. Voici les principales informations et conclusions contenues dans cette note. 1. La pension moyenne, si on tient compte des avantages extra-légaux et des cumuls non enregistrés par ailleurs, est aujourd'hui d'environ 1.200 /mois (plus donc que le montant de 1.000 /mois que beaucoup ont en tête). Le pouvoir d'achat de la pension moyenne a augmenté tendanciellement d'un pourcent par an depuis 1990. 2. Le montant moyen ne dit pas tout bien sûr. Il y a de grandes inégalités en matière de pensions (entre hommes et femmes, entre pensionnés du secteur public et les autres...). Environ 20% des pensionnés sont sous le seuil de pauvreté (plus de femmes que d'hommes, proportionnellement plus de pensionnés isolés que des ménages). La problématique des inégalités devrait prendre le pas sur le question de la pension moyenne. 3. Le temps de travail est mal distribué sur le cycle de vie. Un individu représentatif du comportement moyen consacre au travail entre 18 et 75 ans 11,0% de son temps total et 17,4% de son temps hors sommeil. Mais près de 85% du travail total est assuré par les 25-55 ans. Les 25-39 ans et les 40-55 ans consacrent donc proportionnellement beaucoup plus de leur temps au travail que les plus jeunes et les plus âgés. 4. Des tendances favorables apparaissent clairement sur le marché du travail des 55-65 ans : l'âge moyen de retrait de la vie active se situe désormais au niveau de la moyenne européenne (plus de 61 ans), le taux d'emploi des séniors est proche de 35%, venant de 22% en 1997... Ces évolutions n'ont pas grand chose à voir avec le pacte des générations : elles résultent pour l'essentiel de dynamiques sociodémographiques à l'œuvre depuis longtemps. 5. Dans les années à venir, le vieillissement démographique ne sera pas d'un grand secours 1/12

pour réduire le chômage. L'augmentation tendancielle de l'offre de travail exprimée en heures de travail des 55-64 ans suffira à faire correspondre la croissance de l'offre de travail (exprimée en heures) avec celle de la demande jusqu'en 2020 environ, sans pour autant faire travailler tous les travailleurs âgés jusqu'à 65 ans et en tenant compte de la plus grande proportion de travailleurs à temps partiel. Ces évolutions annoncent donc le maintien d'un chômage massif pour de nombreuses années encore. 6. Les évolutions et perspectives sur le marché du travail laissent supposer que la question des périodes assimilées (principalement en matière de chômage) et des périodes non ou insuffisamment assimilées (principalement en matière de prestations réduites) restera centrale dans la dynamique des pensions (en particulier en ce qui concerne les évolutions de la pension moyenne et des écarts entre les pensions des hommes et des femmes). 7. D'autres questions sont peu abordées. On pense en particulier à la question du mode de calcul de la pension et/ou des mécanismes fiscaux "correctifs" (éventuels) en fonction de la composition des ménages et des revenus. 8. Pour éclairer les décisions en prendre en matière de pensions, il importe de clarifier les champs d'analyse (parle-t-on des pensionnés en général ou des plus de 65 ans, des seules pensions publiques ou de l'ensemble des revenus des pensionnés, des personnes ou des ménages, etc.?) ; mobiliser et exploiter plus et mieux les informations existantes ; suivre plus attentivement les dynamiques rapides qui se déploient sur le marché du travail des plus des 55 ans et essayer de les imaginer pour les années à venir (vontelles se stabiliser, s'accélérer ou ralentir? faut-il les encourager ou les décourager?) ; par exemple : on constate une augmentation rapide de la proportion des 55-64 ans qui travaillent à temps partiel (les séniors sont aujourd'hui plus de 30% à travailler à temps partiel contre 23% dans l'ensemble de la population au travail) ; cette tendance va-t-elle se maintenir? doit-elle être encouragée et, si oui, comment? PLAN Introduction p. 3 Les revenus p. 3 La hauteur des pensions p. 3 Le taux de pauvreté p. 7 Quelques indicateurs socioeconomiques et sociodemographiques p. 8 La répartition du travail entre les catégories d'âges p. 8 De plus en plus de travailleurs âgés, qui travaillent de plus en plus longtemps p. 8 Pas de crainte de manquer de main-d'oeuvre p.11 Résumé et conclusions p. 1 2/12

INTRODUCTION Le débat sur les pensions est incontestablement le débat socioéconomique phare de l'année 2010. Comme d'autres débats, il faut l'alimenter de données pertinentes. Or, à cet égard, on doit bien constater que toutes les données ne sont pas exploitées ou connues et que certaines évolutions sont plus rapides qu'on ne l'estime en général. Cette note a pour ambition de présenter et commenter quelques données et évolutions pour mieux préparer au mieux les décisions qu'il faudra bien prendre. LES REVENUS La hauteur des pensions C'est le montant d'environ 1.000 /mois qui est le plus souvent cité comme pension moyenne. C'est le cas si on réduit le champ d'observation aux pensions dites publiques (à savoir celles versées par l'onp, le Ministère des Finances...). Si on tient compte des avantages extra-légaux versés par exemple par des assureurs ou des caisses de pensions d'entreprises et des cumuls non enregistrés par ailleurs, la pension moyenne est aujourd'hui d'environ 1.200 /mois (estimation sur base du Cadastre des pensions voir note méthodologique ci-dessous) et même d'environ 1.300 /mois si on ne tient pas compte des quelque 300.000 pensionné(e)s qui ne touchent que des avantages complémentaires. Note méthodologique Le Cadastre des pensions Le cadastre des pensions est basé sur les données collectées pour prélever la cotisation A.M.I. La retenue s'élève à 3,55 %. Elle ne peut avoir pour effet de réduire le montant mensuel global des pensions à un montant inférieur aux minima ci-dessous (au 01.06.2009) : 1.517,60 /mois pour un ménage 1.280,53 /mois pour un isolé. C'est encore pour le moment l'inami qui exploite ces données et publie, chaque année (avec 3 ans de retard), une note intitulée «Statistiques de l'année XXXX en matière de pensions et/ou avantages complémentaires». La dernière note publiée (12 juin 2009) porte sur l'année 2006. Sur le site de la SMALS Le Cadastre des pensions sur le site portail de la sécurité sociale. Quelque 7.000 institutions déclarent périodiquement des "pensions et avantages assimilés" qu'elles paient aux citoyens individuels. Smals traite ces déclarations et gère le Cadastre des pensions pour le compte de l INAMI et de l ONP. Voir : http://www.smals.be/site_fr/content/realisations/smals_realisations_generic_0066.html Le graphique du haut de la page 4 montre l'évolution de la pension moyenne aux prix de 2010. Comme l'indique le graphique suivant (bas de la page 4), il y un gain de pouvoir d'achat d'environ 22% sur la période 1990-2010, soit un taux de croissance annuel moyen d'un pourcent environ. Cependant on observe que la pension moyenne en termes réels a augmenté tendanciellement moins vite que le revenu national brut réel par tête. La mise en place de la liaison au bien-être au cours des années 2000 a permis à la pension moyenne de rattraper une partie du "retard" qu'elle avait enregistré dans les années 90. 3/12

Pension moyenne en /mois aux prix de 2010 1.200 1.150 1.100 1.050 1.000 950 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 Sources : Belgostat et INAMI - Calculs et estimations : IDD Revenu national brut par tête, pension moyenne et rapport entre les deux évolutions à prix constants indices 1990=100 140 130 120 110 100 90 80 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 Pension moyenne RNB par tête Rapport Sources : Belgostat, Bureau fédéral du Plan et INAMI - Calculs et estimations : IDD 4/12

Ce "rattrapage" relativement modeste au cours des dernières années se manifeste aussi au travers d'une autre statistique d'eurostat (voir tableau suivant). Rapport des revenus de pensions de personnes âgées entre 65 et 74 ans et des revenus provenant du travail de personnes âgées entre 50 et 59 ans 2003 2004 2005 2006 2007 2008 F 44% 42% 46% 40% 45% 47% H 41% 45% 45% 46% 46% 44% H+F 40% 41% 42% 42% 44% 45% Source : EUROSTAT Pour le surplus, les statistiques de l'inami (dernière année disponible 2006) confirment : 1. La relation inverse entre l'âge et le montant moyen de la pension (sauf pour une partie des femmes) Evolution de la pension en fonction de la période de naissance 2006 /mois 1.500 1.400 1.300 1.200 1.100 1.000 900 800 1905-09 1910-14 1915-19 1920-24 1925-29 1930-34 1935-39 1940-44 Hommes Femmes Moyenne Source : INAMI - Calculs : IDD 2. Les inégalités entre les hommes et les femmes Montant moyen de la pension en /mois 2006 Source : INAMI 3. Les inégalités entre le secteur privé et le secteur public 5/12

Montant moyen de la pension en /mois 2006 (avant prise en compte des avantages extra-légaux) Source : INAMI - Calculs : IDD 4. Les inégalités dans la distribution verticale des pensions Distribution des pensionnés en fonction de leur pension moyenne en /mois 2006 Source : INAMI - Calculs : IDD Attention : ces données sont insuffisantes pour évaluer la répartition des niveaux de vie des ménages de plus de 65 ans. Pour trois raisons essentielles : environ ¼ des pensionnés enregistrés par l'inami en 2006 avaient moins de 65 ans ; on ne connaît pas les revenus non pris en compte par l'inami pour le calcul de la cotisation de 3,55% (par exemple : les loyers reçus par un pensionné qui met en location un logement ou les revenus du travail pour quelques dizaines de milliers de travailleurs de 65 ans et plus) ; on connaît mal l'articulation entre la composition des ménages et leurs revenus (ménages d'isolés, ménages de deux adultes avec un ou deux revenus) ; à toute fin utile, le tableau du haut de la page suivante indique la composition des ménages des personnes de plus de 65 ans. On peut néanmoins supposer que le niveau de vie des ménages de deux personnes composées d'une seule pension est, toutes choses égales par ailleurs, inférieur à celui des pensionnés isolés dans la mesure où le rapport [pension taux ménage / pension taux isolé] (1,25) est inférieur à l'échelle d'équivalence recommandée par l'ocde (1,5). La question du mode de calcul de la pension et/ou des mécanismes fiscaux "correctifs" (éventuels) en fonction de la composition des ménages et des revenus est peu abordée dans les débats actuels. 6/12

Répartition des plus de 65 ans par type de ménage 2008 Source : EUROSTAT Le taux de pauvreté L'augmentation tendancielle de la pension moyenne n'empêche évidemment pas une partie des pensionnés de vivre sous le seuil de pauvreté. Le tableau ci-après confirme que les femmes âgées ont un taux de risque de pauvreté supérieur à celui des hommes âgés et les personnes seules un taux de risque supérieur à celui des ménages de deux adultes dont l'un au moins est une personne âgée. Les personnes âgées ont donc en matière de taux de pauvreté un profil semblable à celui de la population moyenne mais à un niveau supérieur. Taux de pauvreté des personnes âgées divers indicateurs Source : EUROSTAT L'allure et le vécu de la pauvreté chez les personnes âgées ne sont plus les mêmes quand on compare pauvreté objective et pauvreté subjective, comme l'indique le tableau ci-dessous. Pauvreté objective et pauvreté subjective en % - 2008 Pauvreté Objective Subjective 65 et plus 21,3 21,8 Deux adultes dont l'un au moins a 65 ans et plus 20,9 18,3 Homme seul de 65 ans et plus 20,9 28,0 Femme seule de 65 ans et plus 27,0 27,7 Total 14,6 21,6 Source : INS 7/12

QUELQUES INDICATEURS SOCIOECONOMIQUES ET SOCIODEMOGRAPHIQUES La répartition du travail entre les catégories d'âges Sur base de l'enquête 2005 sur «Le temps des belges», on peut calculer qu'un individu représentatif du comportement moyen consacre au travail entre 18 et 75 ans 11,0% de son temps total et 17,4% de son temps hors sommeil. Mais on ne répétera jamais assez que le travail est mal réparti sur le cycle de vie. En témoignent les deux graphiques suivants (bas de la page 8 et haut de la page 9). De plus en plus de travailleurs âgés, qui travaillent de plus en plus longtemps Comme l'indiquent les 3 graphiques du bas de la page 9 et de la page 10, le taux d'emploi des travailleurs de 55 à 64 ans augmente très régulièrement mais reste encore, en 2008, éloigné de la moyenne européenne (35% contre 45%) ; l'âge moyen de retrait du marché du travail des actifs a lui, en quelques années, rattrapé la moyenne européenne pour se situer, en 2007, au-delà de 61 ans ; on observe une augmentation rapide de la proportion des 55-64 ans qui travaillent à temps partiel ; les séniors sont aujourd'hui plus de 30% à travailler à temps partiel contre 23% en moyenne. Répartition du travail entre les catégories d'âges la somme est égale à 100% 50% 45% 40% 35% 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0% 18-24 25-39 39-54 55-64 66-74 Source : INS (Le temps des belges) - Calculs : IDD 8/12

Temps moyen consacré au travail par catégorie d'âge en % 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0% 18-24 25-39 40-54 55-64 65-74 En % du temps total En % du temps hors sommeil Source : INS (Le temps des belges) - Calculs : IDD Taux d'emploi des 55-64 ans en % 50% 45% 40% 35% 30% 25% 20% 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 UE (27 pays) UE (15 pays) Belgique Source : EUROSTAT 9/12

Age moyen de retrait 2001-2007 62 61 60 59 58 57 56 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 UE (27 pays) UE (15 pays) Belgique Source : EUROSTAT 35% Pourcentage de travailleurs à temps partiel (population totale et les 55-64 ans) 30% 25% 20% 15% 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 15-74 ans 55-64 ans Source : EUROSTAT - Calculs et estimations : IDD 10/12

Pas de crainte de manquer de main-d'oeuvre Certains peu au courant des dynamiques sociodémographiques craignent que le vieillissement démographique se traduise par une diminution de l'offre de travail. Comme l'indique le graphique suivant, on peut craindre une stagnation de l'offre de travail si et seulement si les belges ne changent pas leurs comportements tels qu'observés aujourd'hui en matière d'offre de travail par catégorie d'âge. Si, par contre, les travailleurs de 55-64 ans augmentaient leur offre de travail en prolongeant les tendances observées au cours de dernières années, sans que les autres catégories d'âges ne changent leurs comportements actuels, cela suffirait à augmenter l'offre de travail exprimée en heures de plus de 10% d'ici 2030 (graphique ci-dessous). Si les 55-64 ans augmentent leur offre de travail comme supposé ci-dessus, l'offre totale de travail exprimée en heures de travail devrait être suffisante pour satisfaire la demande de travail jusqu'en 2020 environ, pour autant que cette dernière augmente tendanciellement comme au cours des 25 dernières années (courbe en pointillés bleus sur le graphique en haut de la page suivante). Deux scénarios d'évolution de l'offre de travail exprimée en heures en indices 2010=100 2010/2030 112 110 108 106 104 102 100 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 Comportement constant Comportement évolutif Source : INS (Le temps des belges) et Bureau fédéral du Plan - Calculs et projections : IDD 11/12

Offre et demande de travail exprimée en heures de travail un scénario "rassurant" en indices 2010=100 2010/2030 116 114 112 110 108 106 104 102 100 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 Offre Demande Source : INS (Le temps des belges) et Bureau fédéral du Plan - Calculs et projections : IDD Rappelons qu'une enquête de 2006 (Module spécifique de l'enquête sur les forces de travail) indiquait qu'environ 13% des travailleurs de 50-59 ans avaient réduit leurs heures de travail préalablement à une retraite complète et environ 26% des 60-74 ans. Cette même enquête disait qu'environ 14% des travailleurs de 50 ans et plus resteraient au travail plus longtemps si une organisation plus flexible de leur temps de travail était disponible. 12/12